Documents présentés :
- Accensement à Périgueux en faveur de l’abbé de Peyrouse (1474)
- Lettres de Marguerite de Navarre
- Jean V Martin, évêque de Périgueux
- Sur quelques manuscrits provençaux perdus ou égarés
- Montre des nobles de la baronnie de Bourdeilles vers 1470
- Inventaire de Jeanne de Narbonne Talairan, dame de La Douze
- Détresse des habitants de Périgueux en 1527
- Documents divers relatifs aux guerres de religion en Périgord
____________________
Source: Bulletin SHAP, tome XI (1884), pp. 374-376.
M. le marquis d'Abzac de La Douze a découvert dans ses archives de
famille un document du 19 juillet 1474, et contenant des détails intéressants
sur la topographie du vieux Périgueux. Il s'agit d'un acensement par l'abbaye
de Peyrouse à Me Jean de Parier, licencie ès-decrets et chanoine de Saint
Front, d'un vieux logis noble avec ses dépendances, attenant aux murailles de
la ville et mouvant de ladite abbaye.
Le titre nous
représente les autorités conventuelles rassemblées en chapitre et nous les
nomme :
Personaliter
constitutis reverendo in Christo Patre fratre Bernardo de Mayaco, abbate
abbacie Beate Marie de Petrosa ordinis cisterciensis et jam dicte diocesis
petragoricensis, nec non religiosis viris fratribus Bernardo de Borneilh,
priore claustrali, Leonardo Salomonio, sacrista, Ludovico Belard et Ademaro de
Mayaco, religiosis et monachis dicti monasterii, omnibus insimul congregatis ad sonum capitularis campane capitulantibus
et capitulum seu conventum suum, ut moris est, loco consueto tenentibus ac de
negociis infra scriptis, tanquam maior et sanior pars totius capituli capitulariter
tretantibus.
On ne peut accuser les bons
religieux de faire un éloge exagéré de leur immeuble :
Quoniam centum
anni effluxi sunt et ultra fuerant, prout adhuc sunt inhabitate (res accensate),
nec est homo in rerum natura qui viderit quemquam in iisdem morari seu habitare,
ymo fuerunt hucusque dicto monasterio inutiles et sine ullo valore magnamque
minantur ruinam et multis ac sumptuosis egent reparacionibus.
Voici maintenant
la description de l'objet donné en assence, et ses confrontations :
Videlicet
quoddam hospicium nnbile, olim domum et nunc parietes, vocatum d'Engolesme, nec
non quamdam turrim collapsam et pro maiori parte ad terram prostratam eidem
hospicio contiguam et quamdam pleyduram sive eyrale ab alia parte eidem
hospicio sirniliter contiguam, atque quemdam ortum seu ortos etiam eidem
predicto hospicio contiguos et adiacentes, una cum suis introitibus, exitibus,
pertenenciis et appendenciis universis, situm in civitate Petragorarum, confrontantem
cum fossato eiusdam civitatis, ex una, et cum porta vocata la porte Bourelle
cum qua dictum eyrale jungitur et facit murum, ex alia, et cum orto et
pleyduris nobilis viri Guidonis de Abzaco, domini hospicii nobilis vocati de
Barrière, eidem orto seu ortis superius confrontatis et accensatis contiguis,
ex altera. Et cum carreria publica qua itur de dicto hospicio de Barriere ad
dictam portant Bourelle partibus ex reliqua. Quequidem domus sive hospicium
d'Engolesme ortus et pleydura sive eyrale faciunt pro parte murum civitatis
predicte. Et premissa superius confrontata movent de feodo et directo dominio
dicte abbacie de Petrosa.
Les conditions
principales à la charge de l'accensitaire sont les suivantes :
Sub censu onere servitio, etc., triginta solidorum
turonensis monete rendualium et unius boveti de accaptamento.
Un des côtés originaux de cette
charte est le désintéressement de l'accensitaire qui ne songe nullement à faire
une opération avantageuse :
Non intuitu benefficiorum suorum.
Un peut y
remarquer aussi la convention spéciale qui permet aux parties de transporter le
domaine direct de l'abbaye sur des terres plus facilement exploitables et moins
exposées à toutes sortes de déprédations et d'usurpations :
Et nichilominus fuit appunctatum et
accordatum inter ipsas partes quod ipse magister Johannes vel sui possint
assignare et assetiare in bonis et competentibus locis eisdem Domiuis
capitulantibus et suis, tempore futuro, predictos triginta solidos censuales et
accaptamentum superius declaratum, cum omni fundalitate et dominio directo, et
ipsi Domini accensatores vel sui predicti possintet valeant ipsam assignationem
acceptare casu quo sibi videatur acceptanda et non aliter nec alias.
L'acte est donné
sous les sceaux de la vicomté de Limoges et de l'officialité de Périgueux et
portait appendu le sceau de l'abbaye de Peyrouse.
Témoins : Nobilis vir Henricus de
Vallecucurii et Stephanus Bonneau.
Source: Bulletin SHAP, tome XI (1884), pp. 155-156.
LETTRES DE MARGUERIT DE
NAVARRE
1° Lettre de la reine Marguerite,
épouse d'Henri, roi de Navarre, à Jean II, seigneur de Losse.
M. de Losse, j'ay esté bien fort marie que la
douleur à mon bras m'est empeschée si longtemps de vous faire réponse, ce que
j'eusse bien désiré pour vous pouvoir remercier du soin que vous prenez auprès
du roy, mon mary, à quoi je me sens tant tenue à vous que je crains infiniment
qu'il ne se présente asses d'occasions où j'ay moyen de le reconnaître, et vous
prie de continuer et aussi à me tenir en sa bonne grâce qui est la chose du
monde que je désyre le plus ; je vous prie, s'il vous plait, ne vous lassez pas
de me mander souvent de ses nouvelles, vous me ferez fort grand plaisir,
m'assurant qu'elles seront toujours bonnes, tant que serez auprès de lui, ayant
ouï dire que depuis peu de temps vous l'avez garanti d'un coup de canon, de
quoi, je loue Dieu, lui fais de continuelles prières que vous ne le puissiez
abandonner d'un pas jusqu'à la fin, priant notre Seigneur qu'il vous veuille
donner longue et heureuse vie.
Votre meilleure amye,
Marguerite.
Cette lettre, sans date, a été
écrite de la main de la reine de Navarre.
2° - En 1588, Messieurs les
chanoines de la cathédrale de Verdun érigèrent un monument à la mémoire de Jean
II, seigneur de Losse et de son fils Jean III, ancien gouverneur de Verdun. Un
tableau attaché à un pilier de la chapelle Saint-Joseph, de l'église cathédrale
de Verdun, contenait le portrait du père et du fils avec cet exergue :
Cum sudore, sanguine et
carcere.
Et
l'inscription qui suit :
« Ayant Mess, les chanoines céans souvenance
perpétuelle des vertus rares de feu très honoré messire Jean de Losse, en son
vivant seigneur, marquis dudit lieu et autres places, lequel, sous le règne des
feu Roys François I, Henri II, François II, Charles IX et Henri III, mérita
avec sueur, sang et prison, d'être honoré premièrement d'une compagnie de
chevau-légers; depuis, successivement gouverneur, lieutenant-général des places
Maubert-Fontaine, Rocroy, Thérouanne, Marienbourg et châtellenie des Couis,
pays de Liège et confins des Ardennes, gouverneur du roi de Navarre (depuis
Henri IV) et surintendant de sa maison et affaires : capitaine de la compagnie
de cent hommes d'armes, chevalier de l'ordre du roy, gouverneur et
lieutenant-général de cette ville, maréchal de camp de l'armée du roy,
gouverneur et lieutenant-général du pays de Bourges, de Beauce et duché de
Valentinois, premier capitaine des gardes du corps du roy, gouverneur de la
ville de Lyon, Beaujolais et Forez,
gouverneur et lieutenant-général de la Guienne de ça Garonne et
capitaine du Louvre, conseiller au conseil privé du roy ; ayant, outre cela,
été employé à plusieurs charges dont il s'est très bien et vaillamment
acquitté, chevalier de l'ordre du Saint-Esprit, dès sa fondation. En raison de
quoi et que durant sa vie, il s'est montré zélateur du nom de Dieu et défenseur
de son Eglise, protecteur tant de notre Sainte Foi catholique et romaine que
des personnes ecclésiastiques.
Pour ces causes,
les dits sieurs de céans, après avoir reçu la triste nouvelle de sa mort,
désirent que chacun voye perpétuellement sa mémoire et prient Dieu pour lui et
son fils, lequel, estant sorti enfant d'honneur du feu roy Charles IX, fit le
voyage en Hongrie contre les infidèles lorsque les Turcs prirent Ligno, et
depuis fut gentilhomme de la chambre de Sa Majesté, gouverneur de Verdun et de
sa citadelle, guide de cent hommes d'armes de M. le duc de Longueville, et puis
gouverneur et lieutenant-général en ce lieu et pays Verdunois, ils leur ont
érigé ce tableau, l'an 1582. »[1]
(Copie et vidimus de deux notaires de Verdun,
10 mai 1672.)
(Archives de
Losse.)
Source: Bulletin SHAP, tome XI (1884), pp. 157-164.
JEAN V MARTIN, EVEQUE DE
PERIGUEUX (1601-1612).
Lettre inédite de ce prélat[2].
Jean Martin était issu d'une
famille noble du Limousin. Il était official-chantre, chanoine des deux églises
de St-Front et de St-Etienne de Périgueux. Par confidence passée devant notaire
le 15 novembre 1599, François Ier de Bourdeille résigna la charge d'évêque en
sa faveur. En vertu de cet acte, Jean Martin devint le coadjuteur de François
de Bourdeille[3] . Ce dernier mourut le 24 octobre
1600, et fut enseveli dans l'église de Saint-Front[4] .
Le 24 mai
1600, Jean Martin fut nommé évêque titulaire[5] ; ce fut seulement l'année
suivante qu'eut lieu la prise de possession de son siège.
« Le
vendredi 9 février 1601, dans l'église collégiale de St-Front, où huit chanoines de la cathédrale seulement
faisaient le service divin, à cause de la démolition de l'église cathédrale, à la
Cité, ez derniers troubles, M. Bertrand Gérard de Langlade, chanoine de
l'église de St-Front, comme procureur de messire Jean Martin, évêque, par
procuration donnée le 7 de ce mois, prend possession de cet évêché, en présence
des chanoines, juge-mage, lieutenant-général, M. de Marquessac, des Maures,
consuls, etc. »[6] .
L'épiscopat de Jean Martin,
succédant à une époque profondément troublée par les guerres de religion, fut
surtout réparateur. On en jugera par les faits suivants :
Malgré la faculté accordée par
l'édit de Nantes (1598), l'exercice public et solennel du culte catholique
était demeuré suspendu à Bergerac, où dominait le protestantisme ; les
catholiques, en assez petit nombre, n'avaient qu'une maison particulière pour
la célébration de leurs offices. Les commissaires, chargés d'assurer
l'exécution de l'édit, avaient cependant imposé à la communauté l'obligation de
donner une certaine somme en vue de restaurer la chapelle de Notre-Dame du
Château, l'église St-Jacques demeurant en la possession des protestants. Cette
situation irrégulière fut l'objet de représentations de la part du maréchal
d'Ornano :
« Il est bien raisonnable, écrivait-il de Bordeaux, le 2 octobre 1601, aux
maire et consuls, que l'exercice de la relligion catholique, apostolique et
romaine soit restablie en vostre ville suyvant la volonté du Roy, puisqu'on a
remis l'exercice de la vostre par toutes les villes catholiques. »
Sur ces entrefaites, l'évêque de
Périgueux et le curé de la ville adressèrent, dans le même but, une requête au
maréchal d'Ornano. Mis en demeure de satisfaire à cette réclamation, les maire
et consuls de Bergerac répondirent au maréchal, après une jurade tenue le 20
octobre 1601, par une lettre où ils expliquaient l'état de choses qui existait
dans la ville au point de vue du culte catholique et où ils manifestaient
l'intention de composer :
« Il n'a point tenu à nous, écrivaient-ils, que l'exercice de la religion
catholique roumaine ne soict été exercée en lieu public en ceste ville, comme
il y a esté restably d'un commun consentemen par Messieurs de La Force et du
Refuge, commissaires députés par Sa Majesté pour l'exécution de son édict,
lesquels ordonnèrent un lieu pour l'exercice de la dite religion catholique
roumaine, et d'autant que ceux de la dite religion sont en petit nombre en
ceste ville et qu'ils n'auraient moyen, suivant l'édict, d'achepter les lieux
qui estaient par nous occupés et que nous avons faict bastir, il fust ordonné
par lesdits sieurs commissaires, que nous payeryons les lieux par nous occupés
à regard d'arbitres, et que l'argent qui en proviendrait serait employé à la
rédification du lieu par eux ordonné. De quoy ceux de ladite religion
catholique roumaine de ceste ville s'en sont sy peu noscyes, que se contentant
de faire l'exercice de ladite religion en une maison particulière, ils n'ont
daigné faire rechercher la valleur desdicts lieux occuppés ou se contenter des
offres que nous leur avons faict de leur bailher argent, pour lesdicts lieux
par nous occupés, telleman que sy le lieu ordonné pour eux n'a esté rédifyé, ce
n'a pas esté nostre faute, il y a plutost la leur qui estoient chargés de faire
le susdict édifice et nous de bailher argent. A quoy nous avons esté toujours
prestz et les avons priés de sacorder d'arbitres, offrant de nostre part en
nommer et de bailher tout ce que pareux sera arbitré, et de faict nous avons
ces jours passés despéché à Messieurs du clergé de Périgueux pour les prier de
nommer arbitres ou accepter l'offre que nous leur avons faicte de bailher une
somme de deniers que nous estimons que les lieux par nous occuppés valent; de
quoy nous n'avons encore eu de response, à cause du décès de feu Monseigneur
l'evesque de Périgueux ; mais après leur responce et ayant mis cest affaire en
train et en estât, nous vous ferons voir que nous sommes tous disposés à l'obeyssance et exécution des edicts de Sa Majesté. »[7] .
Finalement,
le maréchal d'Ornano, faisant droit à la requête de « Jean Martin, évêque de
Périgueux, et Bertrand Gérard de Langlade, chanoine des deux églises de
Périgueux et encore de l'église paroissiale de St-Jacques de Bergerac et son
annexe de St-Martin au faubourg d'icelle, » accorda, par son ordonnance du 22
octobre 1601, une somme de trois cents livres offerte à la communauté[8]. Cette somme était destinée à
indemniser les catholiques des places, cimetières et autres lieux sacrés dont
s'étaient emparés les protestants; elle fut acquittée le 17 avril 1603, par
l'entremise du sieur de Redon, lieutenant criminel, pour servir à la
réédification de l'église de Notre-Dame du Château[9] .
Ce premier résultat obtenu, grâce
au règne modérateur d'Henri IV, Jean Martin poursuivit la noble tâche qu'il
s'était donnée.
On vit, durant son épiscopat, un
certain nombre de communautés sortir des ruines de leurs couvents saccagés par
les huguenots ; les bâtiments détruits furent relevés avec les faibles
ressources dont on disposait. Suzanne de Beaupoil de Ste-Aulaire, abbesse de
Ligueux, avait réuni quelques religieuses dans le monastère de Ste-Marie ; ses
efforts en vue de reconstituer son troupeau furent dignement continués par une
nièce qui s'était formée sous sa direction, et qui fut pourvue de l'abbaye en
1607.
Les abbesses du Bugue[10], de St-Pardoux-la-Rivière et de Fontaine
apportèrent le même zèle au rétablissement de leurs couvents et n'y obtinrent
pas moins de succès.
En même temps, les PP. Récollets
s'établissaient dans la ville de Thiviers ; les libéralités de M. Raynier et de
la noblesse des environs leur permirent d'y ériger les bâtiments nécessaires au
service de leur communauté qui avait pour règle la plus étroite pauvreté. « Ce
couvent[11], ajoute le P. Dupuy, à qui nous
empruntons ces renseignements, est le dixième en rang dans leur province
d'Aquitaine. Quelque temps après, M. de La Marthonie, évêque d'Amiens, par le
congé du sieur évêque Martin, sacra leur petite, mais dévote église ; il ne me
serait difficile de publier les fruits que Dieu a opérés par leur zèle en tous
ces quartiers, où l'indévotion et la barbarie régnaient auparavant leur saint
travail ; mais les effets ne demeurent muets dans mon silence. Seulement
dirai-je que ce petit et dévot couvent, par quelque bon encontre, a servi de
pépinière pour peupler ce saint ordre dans les deux villes épiscopales du
Perigord. »
« Au mois de mars de l'an 1605, dit encore le P. Dupuy, dans le collège
des PP. Jésuites, fut posée la première pierre du grand bâtiment par les maire
et consuls... Ainsi tous les ordres, par une sainte émulation, travaillent à
leurs bâtiments; le sieur évêque ne s'épargne en rien pour le travail des
édifices qu'il rit dresser en divers lieux. »
Le prélat s'attachait aussi à
remettre en vigueur la discipline ecclésiastique qui s'était grandement
relâchée au milieu des désordres de l'époque antérieure. Il convoqua dans cet
objet un synode qu'il tint dans l'église de St-Front, le 18 avril 1602.
Mgr Martin mourut le 5
janvier 1612
et fut enseveli
sous le porche de St-Front ; il avait exercé les fonctions épiscopales pendant
une période de onze années.
Si, comme le fait observer M.
l'abbé Audierne dans ses notes ajoutées à l'ouvrage du P. Dupuy, l'épiscopat de
Jean Martin n'offre par lui-même rien de très remarquable, on ne peut néanmoins
s'empêcher de reconnaître que cet évêque eut un rôle utile : car il provoqua ou
favorisa un ensemble de mesures propres à assurer la paix des âmes et à faire
refleurir la religion catholique dans le diocèse de Périgueux.
Nous avons découvert une lettre
intéressante de Jean Martin « qui travaillait beaucoup, dit Lespine, pour faire
observer la résidence à ses curés[12] ». Nous donnons ci-après cette
pièce : elle prouve avec quelle fermeté de caractère le prélat dont nous avons
esquissé la biographie exigeait de son clergé le respect de la règle.
Lettre de Jean Martin à metsire
Jean Flameng, vicaire de Saint-Pol[13]
.
Jehan Martin, par permission divine, evesque
de Périgueux, à messire Jehan Flamaing, prêtre de notre diocèse, salut. Nous
ayant esté adverti que le curé de St-Paul la Roche en cestuy nostre diocèse,
contre son debvoir et les constitutions canoniques, soit absent de son bénéfice
où il ne fait aucune résidence, à quoi nous ayons, avec l'ayde de Dieu,
intention de pourvoir comme est de nostre charge et déjà fait assigner le dit
curé à être présent devant nous ; mais afin que cependant ladite paroisse ne
demeure de personne qui leur administre les sacremens, assuré de votre capacité
et bonne vie, vous commettons vicaire en la dite paroisse de St-Paul la Roche,
pour administrer aux paroissiens les dits sacremens de l'Eglise de Dieu et tout
autre debvoir, et le curé est tenu, jusques au synode prochain d'après Pasques,
seulement au quel il est tenu assister pour répondre des dites charges, et
néanmoins à la charge que vous ne pouvez comme vous avez prorais et juré de ne
départir de la dite paroisse sans exprès congé de nous et de notre consentement
; ainsi et ferez actuelle résidence devant le dit temps, enjoignant aux dits
paroissiens de vous recognoistre et obéir comme à leur vicaire envoyé de nous.
Donné à la Cité de Périgueux sous notre seing et scel, le 17e julhiet mil six
cent ung.
Signé : Martin, ev. de P.
Par mandement de Monseigneur : Signé : Dedesia, secrétaire.
Élie DE BIRAN.
Source: Bulletin SHAP, tome XI (1884), pp. 419
SUR QUELQUES MANUSCRITS
PROVENÇAUX PERDUS OU
ÉGARÉS.
Je rassemble ici, un peu au hasard,
quelques notes que j'ai recueillies au cours de mes lectures, depuis plusieurs
années, concernant divers manuscrits provençaux que nous n'avons plus ou dont
la trace, à ma connaissance du moins, est perdue. Peut-être ces notes
pourront-elles servir à en faire retrouver quelques-uns.
VIII. — Vie de saint Sacerdos.
On lit dans Faunel (Hist. de la
poésie provençale, I, 253) : « On cite une Vie
de saint Sacerdos, évêque de Limoges au IXe siècle[14], écrite
dans la langue du pays, aussitôt après la mort du saint. »
Il n'est pas impossible qu'il ait existé une vie de saint Sacerdos
composée ou traduite en limousin, au IXe siècle, puisque nous
possédons dans la Cantilène de
sainte Eulalie et dans les poèmes de Clermont (la Vie de saint Léger et la Passion) des monuments certains de la
langue romane au Xe siècle. Quoi qu'il en soit, il y a peu d'espoir,
si un pareil ouvrage a existé, de le retrouver aujourd'hui. Mais on pourrait
peut-être rechercher encore avec fruit une autre Vie de saint Sacerdos, dont on sait qu'il y avait au XVIIe siècle
un ms. à Sarlat, en la possession du chanoine Armand Gérard. Voici ce qu'on lit
sur ce ms. et sur les deux vies en question de saint Sacerdos dans les Acta Sanctorum, mai, t. II, p. 11, où est publiée
la vie latine de ce saint par Hugue, moine de Fleury, qui vivait sous Louis le
Gros.
Les
éditeurs donnent d'abord un extrait de la Chronique du même Hugue :
« Ecdicius,
Aviti quondam imperatoris filius, in libro vitae cujusdam sancti confessoris,
nomine et officio Sacerdotis, Lemovicinae civitatis, corrupto nomine (sicut
opinor) nominatur Altitius, et hic illum creditur a baptismatis lavacro
suscepisse. Cujus pretiosissimi confessoris vitae seriem, partim in occulta sermone compositam, partim vero scriptorum indicio
(lis. judicio ou incuria ?) depravatam conspiciens, nuper corrigere statui,
et tempore quo floruit, post multorum annorum curricula moderno tempore designavi
….. Hoc tamen antiquus ille liber, qui praefati confessoris actus continet mihi
videtur innuere, quod circa hoc tempus de quo nunc loquimur, memoratus Sacerdos
esse potuit infantulus ».
Les éditeurs ajoutent :
« Hugo,
dum antiquum actuum sancti confessoris librum ait fuisse in occulto sermone
compositum, videtur mihi intelligere vulgarem Petracoricensium saeculi IX sermonem
; ideo occultum quia saeculo in quo florebat Hugo, valde immutatum a forma
priori, aut potius quia minime communem, id est ubique terrarum intelligendum,
ut erant ea quae conscribebantur sermone latino. Sic Regino Prumiensis, Hugo
floriacensi saeculis duobus antiquior, in Chronica ad annum 814 dicit se
reperisse eatenus scripta « in quodam libelle plebeio et rusticano sermone
composita, quae ex parte ad latinam regulam correxi, inquit (plane ut Hugo ait
de vita Sacerdotis), quaedam etiam addidi quae ex narratione seniorum audivi. »
...................... « Hanc autem S.
Sacerdotis vitam, ab Hugone Floriacensi sic exornatam, damus hactenus ineditam
; qualem nobis submisit vir in antiquitate historica eruditus, Armandus Gerard,
canonicus Sarlatensis, cujus beneficio Sammarthani ediderunt abbatum et
episcoporum Sarlatensium seriem. Vitam istam ipse descripsit ex veteri codice
ms. de Vitis SS. qui penes eum erat, ubi illa continebatur a pagina versa 88 ad
paginam versam 95. Idem penes se habuit eandem legendam, veteri sermone petragorico, nonquidem ex vetusto illo contextu
transcriptam quo usus Hugo est, sed ex latino Hugonis, cui praecise inhaeret,
in romanum, id est vulgare idioma, redditam. »
Il est bien à souhaiter que celle traduction en vieux périgourdin, de l'ouvrage de Hugue de Fleury,
se retrouve. Je me permets d'en recommander la recherche à mes savants et zélés
confrères de la Société archéologique du Périgord.
C. Chabaneau.
(A suivre.) (Revue des langues romanes,
mai 1882.)
Source: Bulletin SHAP, tome XI (1884), pp. 381-383.
MONTRE DES NOBLES DE LA BARONNIE DE BOURDEILLE (vers 1470).
Extrait du
volume cotté au dos : Titres concernans les comtes de Périgord et vicomtes de
Limoges, tome V, depuis l'an 1490 jusqu'en 1574, num. 246. Bibliotèque du Roy.
Extrait dudit
volume depuis le feuillet 119 jusqu'au feuillet 124.
rolles
des nobles de périgord qui ont comparus aux montres de monsieur d'alBret, comte
de périgord et de ceux qui se sont excusés.
« Et
premièrement, par le rolle de la montre de la baronie de Nontron :
Jean Flamenc, seigneur de Condat et de Puy-Guillem, homme darmes à quatre
chevaux, etc. Autres non reçus et excusés par le rolle de mondit seigneur le
comte, signé par Sallaignac, receus à la montre, etc.
Messire Antoine de Sallaignac, homme d'armes, etc.
Jean Chat, brigantinier, etc.
Autres par le rolle dudit comte, de sa montre receüe à Bourdeille, receus
et excusés ainsi qu'il s'ensuit ; ledit rolle signé par Antoine de
Charbonnières et Pierre Durand.
Messire Arnon, baron et seigneur de Bourdeille, en deffaut.
Antoine de Broilbac, archier en point.
Amemon del Laux, archier en point.
Le sieur d'Estornel, en défaut.
André Giro pour ce qu'il est de l'hôtel de Monseigneur.
Guinot Saunier, en défaut, mais il a été reçu en la monstre de
Monseigneur.
Le sieur de Cogans, en défaut.
Nicolas de Seguy, en défaut.
P. de Plas, receu archier.
Jean de Montardit de las Coutz, archier.
Arnaud du Laux, homme darmes.
Helies Fourien, en défaut.
Le sieur de Marrafin, archier en peint.
Archambaut de Bourdeille, seigneur de Montance, homme darmes.
Guillonet de La Porte, homme darmes.
Mondot de La Porte de Leysle, homme darmes.
Pierre de La Place, homme darmes.
Arnaud seigneur de Fayolle, pour son fils brigantier en point.
Tristan de Turenne, archier.
Bertrand Grimaud, en deftaut.
Thomas Vessac, espée et dague.
Le sieur de Caussade
et Jean de Laville, brigantinier.
Giraud Arnaud dit Golce, brigantinier.
Jean de La Vanoue de Grignols, en cuirasse et salade.
Le sieur de Fressinet, demeurant en Limosin.
Le sieur de Sufferte, homme darmes.
Arnaud de Fayolle, seigneur du Dohet, homme darmes.
Hébas Jaubert, archer.
Rogier Jaubert, en défaut.
Jean Audot de fa Ferrière, archier.
Le Vigier de Suirac, archier.
Massin d'Espeluche, excusé par mort.
Le sieur des Roches, arbalestrier.
Rogier Vispont, en deffaut.
Le sieur de la Rigaudie, arbaleste, espée et dague.
Le sieur de Villedieu, en deffaut.
Le sieur de la Rigalle, en deffaut.
Jean de la Bonnine, excuse par pauvreté.
Le sieur du Temple, arbalestrier, espée et dague.
Jean de Laudrie, archier en point.
Jean de Sinhac, en défaut.
Messire Ramond de Sallaignac, seigneur du Chapduel, de la maison de
Monseigneur.
Pierre Brianso, en deffaut.
P. Nadau de la Chillonie, brigantinier.
Messire Pierre de Saint-Gelais, seigneur de Chassaigne, en deffaut.
Receus et
excusés par rolle dudit comte à la montre faitte à Exidueil :
Audoy Jaubert, seigneur de Nantiac, brigantinier.
Leonet de Prcmillac, brigantinier.
Jean Jaubert pour Pierre, son fils, et pour Lestrade, brigantinier, etc.
»
« Le 17 mars mil
six cens soixante-six, la présente copie a été collationnée sur autre copie qui
est au Trésor des archives du Roy au château de Pau, inventoriée en
l'inventaire de Perigord et Limosin, chapitre seizième des mémoires, articles,
instructions, advertissemens, remontrances et rolles, cotté C x. 111, par moy, conseiller et secrétaire du roy
en la Chambre des comptes de Navarre, soubsigné, de l'ordonnance de laditte
chambre, (signé) Dusom...
« Je, soussigné,
garde de la bibliotêque du Roy, certifie que la présente copie est conforme à
son original étant au volume et feuillets cittés en tête. A Paris, le 31
janvier 1756. (signé) Sallier. »
Pour copie conforme : A
DUJARRIC-DESCOMBES.
(Archives de M. le marquis Du Lau d'Allemans.)
Source: Bulletin SHAP, tome XI (1884), pp. 384-386.
INVENTAIRE DE JEANNE DE NARBONNE TALAIRAN DAME
DE LA DOUZE,
Fille de noble et puissant homme Jean de Narbonne,
chevalier, baron de Talairan en Languedoc, et de Sibylle de Carmain.
1505.
L'an mil cinq cens cinq et le septiesme du moys de jullet, au lieu de la
Douze, à la sommation et requeste de noble et puissant seigneur Jehan de Abzac,
escuyer, seigneur de Ladouze, de Relhac et de Vernh, présent et requérant, a
esté faict inventoyre des biens meubles et tout ce qui a esté trouve en la
garde et coffres de feue noble Jehanne de Nerbone lors défuncte, quant vivoit
damoiselle femme dudict seigneur de Ladouze, par moy notere dessoubz escript
avec les tesmoings dessoubz nomes illec et ad ce fere présens et appelles. Et
premièrement après que ledict seigneur nous a baillé de sa main les clefs des
coffres de ladicte défuncte sa fame, avons trouvé et ouvert lesdicts coffres
estans en larier chambre ou couchet le dict seigneur, lesquelz estoyent de
boys, couvers de cuir noir, ferrés de fer blanc en fermure a clef dans lum des
quelz coffres estoit ce que sen suyt, scavoir, est ung coffret divoyre blanc a
forme ronde, faict a ymages. Item plus une boyte longue de boys sans fer ne
fermure, dans laquelle estoient certaines petites pomes de senteur et petis
sacquetz de cuir ou alude[15] pleins de
poudre de senteur, et ung demy seing[16] de
velours noer, garny de boucle et boupt et troys boulhons dor en malhe et une
petite pierre de cristal de petite valeur. Item plus une petite boyte de boys
couverte de cuir, ferrée de fer blanc en fermure et clefs, dans laquelle estoyt
une bource de satins a petis boutons brodes de fillet doure, dans laquelle
avoit six aneaulx dor, et dans lum estoit une petite turquoyse enchâssée et
aultres troys de petites pierres appelées schoyns ou doublez de petite valeur,
et plus treze pièces d'or, scavoir : six ducas, deux salus, deux ecus a la
courone, deux aglons, un tiers de noble de Alamagne, et de monnaye blanche en
plusieurs espèces, dix sept livres tournoises, lesquelles pièces et sommes dor
et dargent ledict seigneur de Ladouze nous a dict et assure luy appartenir et
estre siennes, car ladicte feue sa femme avoit, quam vivoit, tout son argent et
aultres biens en ses mains et administracion. Item plus dans ledict coffre
estoient sept toilles de teste a usaige de femme, de toille commune et une de toille
de Constance quasi useez. Item plus troys peignes, un dyvoire et deux de boys
et ung sac de cuyr plein de senteur, ung chapelet de patenostres de Jayet et certaines lettres missoires des
espilles et du couton petite quantité. Item plus une chayne dor en quarante
troys chenons, laquelle ledict seigneur nous a dict estre siene. Bien estoit
vray que lavoit bailhée a sa dicte fame pour sen parer et orner, quand besoin
seroit et sa vie durant ou tant que plairait au dict seigneur. Item plus une
bource de velours noer usée brodée de fillet doures ou est ung B. dargent en
chascun cousté escript avec trente boullons doures, laquelle nous a dict et
assure estre et appartenir a son fiz Jehan de la Douze, chevalier, comme
heretier de sa mère noble Jehanne de Sainct-Astier, sa première fame, a
laquelle ladicte bource appartenoit et estoit sienne quam vivoit. Item dans laultre
des coffres, estoient quatre tissus ou sainctures larges a la mode antique, les
deux de velours carmoisin figuré et lum broché dor en boucle et bout dargent
douré, lequel entre brouché dor ledict seigneur a dict et assure estre sien et
luy appartenir, car lavoit achapté de ses deniers, et laultre estoit de velours
noer figuré aussi en fermure et boupt dargent douré chascun et a quatre
boulions dargent douré. Et laultre ung des quatre estoit moins large, faict de
brocart de fillet dargent et or asses usé en boucle et boupt dargent douré avec
sept boullons de mesme. Item plus ung frontal de velours cramoisin a douze boullons
dargent douré, qui estoit de la garniture de larmet de mon dict seigneur de la
Douze, ainsi que nous a dict et assuré. Item plus un signet ou cachet de cuyvre
pourtant les armez et escusson planiers de la Douze, et plus six solz de
monnoye et une chemise de homme et quelques petites frapperie et louppyns de
drapt et de toille de petite valeur. Item plus deux chapperons de famés et
troys cournetes de taffatas quasi usées. Item plus avoir veu et treuvé dans ung
grant coffre appartenant a mon dict seigneur estant en la aulte salle ce que
sen suyt : Item primo une robbe de velours noer de ladicte feue damoiselle
Jehanne de Narbone. Item plus une aultre robbe de velours cramoisin a la vielhe
guyse manches estroittes. Item plus deux costes de écarlate asses usées et une
aultre robbe de noer forree de menu vert[17] vieulx
et une aultre robbe de gris moure, foulrée de grosses panes noeres. Item plus
une aultre robbe noyre, foulrée de grosses panes noeres. Et une aultre robbe de
lané doublée de boucquaran ou toille noyre assez useez, lesquelles robbes
ledict seigneur a dict et reffere que ladicte feue en avoit donné quant vivoit,
une, scavoir, ladicte robbe noere a sa niepce Jehanne de Jaubert, fille du
seigneur et dame d'Alamans et de Montardit. Lesquelles chouses et pièces ainsi
veues et inventorisécs, avons laissées et remises chascune en son lieu comme
peravant estoyent, et refermez lesdicts coffres et tornés les clefz audict
seigneur de la Douze, lequel a requis instrument et mémorial de tout ce que
avoit esté faict et que luy a esté oultroyé.
Faict a esté en la forme que dict est au chasteau de la Douze les jour,
moy et an que dessus, présens ad ce honorables et discrètes personnes, Messire
Anthoyne de Costa, presbtre, bachelier en décret, recteur de Gratens et de
Robia, messire Martial de Costa, aussi presbtre et bachelier en décret, recteur
de Claramont et du Pizou, messire Menauld de la Deulh, presbtre, recteur de
St-Front de Colubre, et maistre Anthoyne la Sanhe, notter real, habitant de la
Douze, tesmoings adsistens, presens el appelles.
N. Descoutures, not.,
qui recepit.
Pour copie conforme : M. d'Abzac de la Douze.
Source: Bulletin SHAP, tome XI (1884), pp. 386-391.
DÉTRESSE DES HABITANTS DE PÉRIGUEUX, en 1527.
Dans les
premiers jours de juillet de l'année 1527, arrivait à Périgueux un commissaire
du roi, chargé de réclamer aux habitants la moitié des dons et octrois qu'ils
pouvaient tenir de la couronne. L'arrivée de ce personnage causa dans la ville
une très vive émotion. De lourdes charges incombaient, en effet, au trésor
royal, et que la demande du roi fût ou non justifiée, il n'était que trop
certain que la ville allait être appelée à fournir un subside onéreux.
Le conseil
s'assembla tout aussitôt (le 4 juillet) pour délibérer sur une aussi grave
affaire. Dans ses lettres missives, le roi François Ier mandait aux
habitants que s'ils ne pouvaient lui fournir la contribution demandée, ils
eussent à lui envoyer le dénombrement de leurs émoluments communaux et à
remettre au contrôleur[18] le double des affermes desdits
émoluments. Ces dernières réclamations devaient autant que possible être
écartées ; car si le roi ou ses officiers venaient à connaître les ressources
réelles quoique fort modiques de la communauté, ne pouvait-on pas craindre que
les demandes de subsides se répétassent à de plus courts intervalles? Ces
préoccupations se laissent apercevoir dans le procès-verbal qui nous a été
conservé[19] de cette assemblée de ville du 4
juillet 1527. Me Pierre Bourgoing, appelé à opiner le premier, est d'avis de «
remonstrer les afferes urgens de la ville qu'est de frontière et la
principalle. » Il ne sait pas que la communauté tienne de la couronne de dons
ou d'octrois ; l'on doit cependant, suivant lui, répondre que les habitants
sont prêts à obéir au roi, mais ne pas bailler de déclaration. M. Saint-Angel
est d'avis « d'écryre à Monsr le mere qu'est en cour, lequel y
porroye s'adresser à Monsr le séneschal, délayer, sans déclairer
encore. » Délayer « sans bailher aulcun dénombrement, » telle est aussi
l'opinion de M. Durand. M. Chalup dit qu'il faut « fere responce honneste, que
l'on est hobéissant au roy et cependent écryre pour cela à Monsr le
mere. » M. Bruni est d'avis de faire « responce humble comme celle de Tholoze ;
[au regard] de la lettre du contrerolle, fere responce que l'on ne sçavoit pour
le présent, parce que le mere est à Paris et que l'on y envoyera le plus bref
que fere se porra... » Les autres membres se rangent à ces différents avis. « Veues
lesd. oppinions, poursuit le greffier de la ville, Me Pierre Régis, a esté
conclud et arresté que sera faicte responce que sommes bons et vrays au roy,
prestz obeyr à son bon voloir et commandement. »..
Non contents toutefois d'assurer le
roi de la fidélité des habitants, les consuls dépêchèrent à Paris Me
Guyon Durand « qui pourta déclaration de pardellà ne entendre tenir aulcuns
émolumens que fussent dons ne octroys faictz par ledit seigneur [roy] ne ses
prédécesseurs; ains tenoit ladicte présent ville ses émolumens par acquisitions
par eulx faictes et leurs prédécesseurs des feuz comte de Périgort, des
esglizes et chappitres dudit Périgueuxet autres seigneurs ausquelz lesd.
émolumens ont esté le temps passé[20]. » Puis, pour donner à leur
message une plus grande autorité, les consuls, par l'entremise du procureur de
la ville, Me Robert Besse, demandèrent au sénéchal un acte constatant les
dépenses considérables, faites par eux depuis quelques années pour le service
du roi, et la détresse à laquelle les habitants se trouvaient réduits, tant par
suite de ces dépenses que pour la peste et la disette qui avaient désolé la
contrée. C'est cet acte navrant dans sa forme sévère, et malheureusement de la
plus parfaite exactitude, comme nous avons pu le vérifier par nos recherches
dans les archives de la ville, que nous avons cru devoir publier.
Nous ajouterons
que sa lecture, plus peut-être que les déclarations de Me Guyon Durand, fléchit
les officiers du trésor royal. Le Livre
jaune que nous
venons de citer nous apprend, en effet, que depuis le retour du député de la
ville, plus n'a été parlé de la demande de subside, « ne personne qui despuis
ait sollicité led. poyement ; et est tenu led. affere, comme l'on dict, mys à
néant ou bien en obly. »
Michel Hardy.
Acte du sénéchal
attestant la détresse à laquelle sont réduits les habitants de Périgueux[21].
(6 juillet
1527.)
Aujourdhuy
sixiesme du raoys de juillet lan mil cinq cens vingt sept, judiciellement, en
la court de la senneschaucée de Périgort, s'est compareu maistre Robbert Besse,
procureur ou scindic dez mere, consulz, manens et habitans dez ville et cité de
Périgueux, à la réquisition duquel noble Françoys de Bourdeille, seigneur de
Montanceys, eaigé de quarante cinq ans, vénérables personnes, maistres Pierre
Daytz, curé de Lencays, eaigé de cinquante cinq ans, Pierre Berlin, cure de
Sainct-Jehan de Vern, eaigé de quarante ans, Anthoine du Rouchailh, curé de
Champsevinel, eaigé de cinquante ans, Jehan Tortel, curé de Creyssensac, eaigé
de quarante ans, Guillem La Ville, eaigé de quarante ans, Jehan Geneste, eaigé
de cinquante ans, Jehan Deyzurac, eaigé de quarante cinq ans, Pierre Boyer,
eaigé de quarante troys ans, et Pierre Redon, eaigé de quarante ans, pbres
(prebstres) manens et habitans de lad. ville de Périgueux ; maistres Pierre de
Solminhac, escuyer, licencié, sieur de Belet, eaigé de cinquante ans, Pierre
Dumas, licencié enquesleur pour le roy en Périgort, eaigé de quaranlc ans,
Pierre Adémar. eaigé de trente huict ans, Pierre Cabrol, eaigé de trente sept
ans, licenciés et advocatz en lad. présent court ; Pierre Jay, commis du recepveur
dez tailles en Périgort ; Raymond Dupuy, eaigé de cinquante ans, Jehan
Valbrune, eaigé de cinquante ans, Jehan Albert, eaigé de quarante cinq ans, Mathurin
Laborie, eaigé de quarante ans, Jehan Brugiere, eaigé de cinquante ans, Jehan
Veyrel, eaigé de cinquante ans, Léonard Izalbert, eaigé de quarante ans,
bourgeoys et marchans de lad. ville de Périgueux ; ensemble maistres Jacques
Parat, eaigé de soixante ans, et Nicolas Brugière, eaigé de cinquante troys
ans, procureurs et practiciens en lad. pnt court, et ung chescun
d'eulx, moyennant foy et screment prestez au sainctz Dieu évangiles par ung
chescun d'eulx, le livre touché, Ont dict, depposé et actesté, que sont dix ou
doze ans derrain passez que feu messire Loys de Pouchier, chevalier, trésaurier
de France, en passant par le pays de Guyenne et jcelluy visilant, veist et visita
lad. ville de Périgueux, tours et murailhes dicelle et commenda plusieurs
réparations y estre faictes en plusieurs endroictz, et deppuis les mere et
consulz que ont esté chescune année, ont faict et continué faire jusques à
présent plusieurs réparations et forteresses en lad. ville, tant de tours,
murailhes que ballouhars[22], et faict fere plusieurs pièces d'artillerie
et tellement que le revenu dicelle ville n'y a esté souffizant, a convenu par
aulcunes années vendre ou engaiger aulcuns dez émolumens de lad. ville, en
laquelle de présent lesd. mere et consulz font fere ung ballouhart audavant la
porte de l'Arsault, et continuent de parachever les murailhes estant sur les
avant foussés ; aussi font restaurer une certaine tour de lad. ville en
laquelle sont gardez les prisonniers du roy et d'icellc ville ; le tout dez
réparations qui se font cested. année montant à la somme de deux mil livres tournoys ou environ ; et
oultre est choze très nécessaire à lad. ville et choze publicque, pour la garde
et tuition d'icelle ville, abatre au piedz deux tours, l'une joignant à la rivière de
Lislc ou près jcelle, et l'aultre du cousté de la porte Limogeane d'icelle
ville, qui sont anciennes, fendues, crouslées, et la piarre gelée, de facile
démolition, et jcelles convient nécessairement rebastir à neuf et mectre
en aultre fourme, qui reviendra à gros frays [et] mises, et les deniers de lad.
ville pour l'année présente ne reviendront à fore la tierce partie dez
réparations qui de présent se font chescun jour esd. lieux de lad. ville, et
conviendra en prendre sur l'aultre année et continuer les aultres réparations
qui ne pourroient estre faictes de dix années, eu esgard au revenu dicelle
dicte ville qui est peu de choze à supporter lesd. frays et aultres qui se font
chescun jour ez cours souveraines dez Parlements de Paris et Bourdeaulx,
ausquelles les habitans d'jcelle ville, pour soubstenir le bien publicq
dicelle, ont ordinairement plusieurs procez et solliciteurs, comme du tout
lesd. tesmoings et ung chescun d'eulx ont dict scavoir pour l'avoir veu et en
avoir esté deuement certifiiez. Davantage ont dict, depposé et actesté que puis
cinq ans en ça, les gensdarmes des compaignies dez cappitaines Lacliete et
Desparroz ont logé et demeuré en garnison par long temps en lad. ville de
Périgueux et ez environs dicelle, et après avoir faict grosses et grandz
despenses, s'en sont allez sans riens payer de leurs d. despenses qui a esté
grosse foulle et mise à lad. ville et pays ; Aussi puis led. temps de
cinq ans, par deux foys et années, est survenue la peste en lad. ville de
Périgueux, au moyen de laquelle les habitans d'icelle ville fusrent contrainctz
eulx enfoyr et demeurer chescune foys sept ou huict moys aux champs sans ozer
retourner en jcelle ville pour habiter, et a régné stérilité de bledz aud. pays
de Périgort et ville de Périgueux ceste présent année et derreine mil cinq cens
vingt six, tellement que la charge du blé froment a valu et s'est vendu cent
solz tournoys, et y a heu si grand quantité de pauvres gens qui n'avoient de
quoy pour achepter du blé, que n'est fust veu il y a long temps aud. pays, et
plusieurs pauvres personnes qui avoient costume vivre de leurs peynes, ont
mendié et demandé pour Dieu, et d'aultres honteux sont mortz de faim, et ainsi
l'ont asseré, dict, maintenu et actesté estre vray lesd. tesmoings et ung
chescun d'eulx moyennant leur d. serement et le scavoir pour l'avoir veu et
tenir pour vray et nothoire aud. pays de Périgort. Dont et desquelles chozes,
dire et depposition desd. tesmoings led. Besse aud. nom a requis luy estre
délivré et faict acte, on présence de maistre Jehan (?) Dupuy, escuyer, advocat,
et Pierre de Sainct-Angel, subtitue du procureur du roy, comparans en leurs
personnes. Lors monsr maistre Raymond de Fayard, licencié ez droictz,
juge maige et lieutenant pour le roy en lad. senneschaucée de Périgort, a
concédé led. présent acte aud. Besse, procurent, du dire et impositions desd.
tesmoings pour luy servir et valoir en temps et lieu ce que de raison, sauf
ausd. procureur et advocat du roy de pouvoir dire ce que bon leur semblera sur
jcelluy à huictfaine].
Faict les an, jour, moys et pardavant que
dessus.
Ainsi signé : POYNET, avec
paraphe.
Source: Bulletin SHAP, tome XI (1884), pp. 391-396.
DOCUMENTS RELATIFS AUX GUERRES DE RELIGION EN PÉRIGORD[23].
Du 8 octobre 1562.
Au sénéchal de
Périgord[24] - Saisie du revenu de l’évêque[25]
De par le roy. — Nostre ame et féal, nous avons este
advertyes que quelques lettres que nous avons cy devant escriptes a aulcuns
evesques de nostre royaulme pour se transporter au consille[26], ils ne se
sont encores achemines pour y satisfaire, de quoy nous recepvons très grand
interest et dommage en nos affaires, et pour ce nous voulions et vous mandons
que si tant est que levesque de Périgueux ne soit encores party pour satisfaire
a nos dicts commandemens et ne sachemine au d. consille, vous ayes incontinant,
après la réception de cette présente, a faire saisir et mettre en nos mains
tous les fruicts et revenus temporels de son dict evesche et au régime et
gouvernement diceulx establir commissaires autres que les fermiers pour les
régir, gouverner et administrer jusques a ce que par nous aultrement en ait
este ordonné, et ny faictes faulte, car tel est nostre plaisir. — Donné à Rouen
le XXVIIIe du moys d'octobre 1562.
Ainsin signé Charles et plus
bas Bourdin ; et à la
subscriplion : A nostre ame et féal le seneschal de Périgort ou son lieutenant.
Du 6 novembre 1562.
Loys de Bourbon, duc de
Montpensier, pair de France, lieutenant general pour le roy mon seigneur es
pays de Guyenne et Poictou, aux maire[27], consuls
et magistrats de la ville de Périgueux, salut : nous vous mandons et très
expressément enjoignons pour subvenir aux urgentes affaires du roy mon
seigneur, que vous ayes loyaument et de faict incontinant après la réception de
ces presantes, a saisir et arrester touts chemins (?) les deniers qui sont es
mains du recepveur des décimes du dioceze de Périgueux, tant des revenus passes
que presens que nous sommes bien informes estre en ses mains, et iceulx faire
conduire seurement avecques le dict recepveur ou son commis en la ville de
Bourdeaulx, ou il luy sera fourny d'acquit valable pour sa descharge, et en son
reffus vous contraindrez lesdicts recepveur, evesque, chanoines et chappitre
dudict Périgueux, comme que pour les propres deniers du roy, par emprisonnement
de leurs personnes, saisie de leurs biens temporels et spirituels par le
premier huissier ou sergent sur ce requis, auquel mandons ainsi de faire,
quelque chose que puyssent dire ou alléguer lesdicts evesque, chanoines,
chappitre et recepveur au contraire ; pour raison de quoy ne voulions la dicte
conduitte estre en quelque sorte que ce soit délayée ni retardée de le faire,
en vertu du pouvoir à nous donné par le Roy mondict seigneur, nous avons donné
puissance et mandement spécials par ces présentes, ensemble et faire conduire
audict Bourdeaulx quatre mille livres qui sont es mains de Pierre de Sens,
lesquelles ont este levées des villes closes de vostre seneschaussée et partie
sur les biens des séditieux, nonobstant que vous ayez mandement les envoier à
Rion, vous faisant des expresses inhibitions et deffences de ne permettre de
sortir hors la dicte ville dudict Périgueux aulcuns deniers du roy mondict
seigneur, de quelque nature quils soyent, pour estre conduicts audict Rion, ny
délivrer qu'il ne vous soit par nous ordonne, ne a tout ce que dessus gardez de
y faire faulte sur peyne de nous en prendre a vos propres personnes séparément
ou en corps et mesmement du retardement de ladicte conduicte desdicts deniers
tant que décimes qui ont esté levés sur la présente ville close. Donné à La
Rochelle le 6e jour de novembre l'an 1562. Ainsin signé Loys de Bourbon et scelle
du sceau dudict seigneur, et plus bas Fourgon.
Receu l'original de lad. commission pour ma descharge, à Périgueux, le XIe
décembre 1562.
Chomette.
Pour fere aler les gentilshommes à l’armée du Roy.
12 febvrier 1562.
De par le roy. Nostre ame et féal, considérant quels sont les discours de
ceulx qui troublent nostre royaume et le mal et dangier qui y poinct, lequel
nous desirons singulièrement éviter, voyant que tous les moyens honnestes que
nous avons tentes pour y mettre le repos et les rappeler par doulceur, nont peu
avoir lieu, nous nous sousmes délibères, avec la juste assistance de nostre
seigneur qui sçait et cognoist nos bonnes intentions, y employer toutes les
forces quil luy a pleu mestre en nostre puyssance que nous faisons assembler,
entre lesquelles est principalement nostre gendarmerie que voulons pour cet
effect faire venir en nos rangs et avoir près de nous. A ceste cause nous
voulons et vous mandons que incontinant la présente receue, vous ayez a faire
faire tres exprès commandemens et par noms a son de trompe et cri public, par
tous les lieulx de vostre ressort en tels cas accoustumés, a tous cappitaines,
chefs, hommes d'armes et archers de nos ordonnances, estant de nostre soulde,
qu'ils ayent a se rendre et trouver la part que sera nostre dicte armée près la
ville de Sens, pour monstrer armes et en estat de nous faire service dedans le
dixiesme jour de mars prochainement venant, pour la, après avoir faict monstre
et receu argent, employer ce qu'ils ont de force et de volunte a nous faire le
service que requiert chose de telle importance ou il va comme ung chascun peult
cognoistre et juger de la conservation de nostre couronne, repos et tranquilité
de tous nos subjects, desquels nous avons telle compassion que nous avons
résolu ny espargner aulcune chose jusques à la propre vie, avec layde de Dieu
nostre seigneur parvenir en ung si grand bien, sur peyne, a ceulx desdicts gens
de nos ordonnances que y deffandront, dencourir nostre indignation, perdre ce
qui leur peut estre deu des leurs estats et estre prives a jamais de nostre
service, excepte toutesfoys les compaignies de notre très cher et tres ame frère le prince de Navarre, sieur de Burie, de
Montluc, de Terride, Descars et de Jarnac, que nous entendons demeurer en
nostre pays de Guyenne pour estre employées soubs nostre lieutenant general
audict pays avec les aultres forces qui y seront, pour la conservation dudict
pays et celles de nostre tres cher et tres amé oncle le duc de Guyse, de nos cousins les ducs
de Nemours et prince de Salerne et des seigneurs de Suze, comte de Geyne et de
Clermont, que voulons aussy demourer auprès de nostre dict cousin le duc de
Nemours avec les forces qu'il a en nos pays de Daulphiné et de Lionnois pour les
… et celles du comte du Lude, du comte de Ventadour en Limosin, du comte de
Terride en Provence et du sieur de Joyeuse en Languedoc, car tel est nostre
plaisir. Donne à Bloys le XIIe jour de
febvrier 1562. Ainsin signé : Charles et plus
bas de Laubespine et a la
subscription : A nostre amé et féal le seneschal
de Périgort ou son lieutenant.
lettre du roi
pour faire saisir les biens de ceux qui ont porté les armes contre lui.
Du 17
février 1562.
Commission de
M. de Montluc pour fere mener des vivres devant Mussidan pour la gendarmerie.
Blaise de Montluc, sieur dud. lieu, chevalier de l'ordre du roy, cappitaine
de cinquante hommes d'armes de son ordonnance, comme il soyt nécessaire pour le
service du roy assembler les compaignies en forces pour oster les seditieulx,
rebelles et desobeyssants audict seigneur de la ville ou chasteau de Mussidan
en Périgort de laquelle ils se seroient empares, nous vous mandons et
commettons par ces présentes que cothisez les villes ou lieulx ressortissants a
la ville de Périgueux ou Bragerac contribuer vivres en iceulx, aporter au
devant ledict Mussidan pour l'entretenement des gendarmes qui seront mis devant
icelle ville et conduicte de lartilliarie, et, en cas de reffus, contraigniez
les remisants payer les choses cothisees, comme pour les propres affaires et
deniers du roy ; de ce faire vous donnons pouvoir, puyssance et authorité,
mandons et commandons a tous ceulx qui ces presantes verront et liront vous
obeyr, donner services, facilites ou ayde, a peyne de desobeyssance. Faict à
Agen le VIe jour du moys de mars 1562. — Ainsin signe de Montluc et plus
bas par commandement de mondict seigneur Pouzie et scelle
du sceau dudict sieur, présentées a mondict sieur seneschal le huitiesme de
mars an susdict.
Du 17 octobre 1562.
Ordonnance du roy pour lever 4,000 livres
sur le Périgord, datée du camp devant Rouen.
Ordonnance du
sénéchal du Périgord sur les prêches, à la suite de la copie du traité de
pacification d'Amboise.
... Lues, publiées, enregistrées, ouyes, requérant M. Dominique Bordes,
procureur du roy en lad. seneschaussée, juge en la court de la seneschaussee de
Périgort, par devant nous Jacques André, sieur du Repaire Martel, conseiller du
Roy et son seneschal en Périgort, après laquelle lecture et publication desquelles
se sont présentés Langlade et Chillaud pour le seigneur evesque de Périgueux,
ensemble pour les chanoines et chappittre des deux esglises cathedralle et
collegialle, maire[28] et
consuls, procureurs et scindics de la presante ville, banlieue et jurisdiction
de Périgueux, qui ont dict quils ne veulent et entendent mesme consentir aucunement
a ce que aulcung presche soit faict par ceux de la nouvelle religion en leurs
districs et seigneuries et jurisdictions, requérant leur estre faict... Sur
quoy avons octroyé acte du dire des susdicts et ordonne que lesdictes lettres
seront publiées et proclamées a son de trompe et cri public par les lieulx,
quantons et carrefours de la présente ville accoustumes a fere advis et
publication, et dicelles envoyer coppie aux officiers des ressorts et
bailliages de Sarlat et Bragerac pour en faire de semblables, auxquels est
enjoinct de ce fere et a toutes personnes inviolablemant dobserver et entreltenir
le contenu des articles cy dessus leus et publiés de poinct en poinct selon
leur forme et teneur, aux peynes y contenues, et en oultre enjoignons audict
procureur du Roy sen servir promptement contre les infracteurs et contrevenants
a iceulx pour linquisition faicle ….. estre procède a
la pugnition de ceulx qui contreviendront auxdits articles, ainsi quil est
mande par iceulx.
Faict à Périgueux par nous seneschal le XIXe d'aoust 1363. Ainsin
signe....
Commission de M. de Montluc pour faire mener de l'artillerie à Bergerac.
Nous, Blaise de Montluc, sieur dudict lieu, chevalier de l'ordre, cappitaine
de cinquante hommes d'armes de ses ordonnances, et lieutenant general du roy en
son pays et dusche de Guyenne, en absence de monseigneur le prince de Navarre,
certiffions a tous quil appartiendra que nous ayant affaire pour le service du
roy des quatre pièces dartilliarie par nous cy devant et après la bataille de Verg envoyées en la
ville de Périgueux mesme pour aller assiéger la ville de Mussidan[29], de
laquelle aulcuns rebelles ou seditieulx sestoient empares contre la majesté dud.
seigneur, aurions envoyé en lad. ville de Périgueux le sieur de Montferan avec
certaine troupe de gens aux fins de prendre lesdictes quatre pièces
dartilliarie et icelles fere mener et conduyre en la ville de Bragerac ou
alieurs la partout ou nous serions et quil auroit faict suyvant la charge et
commission dont nous nous en tenons pour comptant et en avons descharge et
deshargeons le seneschal de Périgort, maire et esluts de lad. ville et habitans
dicelle, en tesmoingt de quoy nous sousmes signes. — A Bourdeaulx le XXVIIIe
jour de may 1363 Ainsin signé de Monluc... et
plus bas... conseiller du sceau dud. seigneur.
Pour copie conforme :
A. de roumejoux.
[1] En dehors de ces deux documents que je livre à la publicité, il existe dans les archives de la famille de Losse plusieurs lettres écrites à Jean II de Losse par Charles IX, Henri III, Henri IV et Marguerite de Navarre. On peut en lire quelques-unes dans une notice sur le marquis Jean de Losse, par M. Armand de Siorac (chroniqueur du Périgord et du Limousin, 1ere année, page 271).
[2] « LXXIII.
Johannes V. - Johannei Martin Lemovicencis, Francisci de Bourdeilles
resignatione factus episcopus anno 1600. Possessionem assumsit anno 1601, 8
febr. Sub eo monasteria Ligurii, de Fontanis et de Sancto Pardulpho, per novatores
diruta, reedificantur. Decessit 5 jan. 1612. Sepultus
in porticu ecclesiœ S. Frontonis. » (Gallia Christiana,
t. II, p. 1486. Martin, 1600). Voir aussi Le clergé de France, par Hugues du Temps.
Les armes de Jean Martin sont
: « D'argent à la tour de sable sur une motte de même surmontée de cinq étoiles
d'argent en chef et en couronne, et pour cimier, une mitre et la tête d'une
crosse ».
Un membre de la famille de l'évêque, « Demartin Denis-Hyacinthe, écuyer,
porte de gueules à une tour donjonnée à dextre d'argent, maçonnée de sable ».
(D'Hozier, Guienne, Etat des armoiries (exécution de l'édit de 1696, p. 18.)
Un autre membre de la même famille, Jacques Martin de Belle-Assise,
remplaça sur le siège épiscopal de Vannes Georges d'Aradon, mort le 10 juin 1596.
En 1621, Chenu s'exprimait ainsi sur l'administration de ce prélat : «
Jacobus Martin, hodie prospere et feliciter ecclesiae gubernacula tenet ».
La notice que le Gallia Christiana consacre à Jacques Martin est assez développée ;
elle contient des détails intéressants sur la vie de cet évêque qui, nommé à
l'âge de vingt ans environ, se distingua par sa piété et par un zèle éclairé ;
ainsi, il décida que quinze clercs de son diocèse iraient apprendre à Paris les
sciences et les arts, et il leur assigna à cet effet des rentes sur ses propres
biens.
M. le comte Cyprien de
Marcellus, qui appartient à la branche des Demartin du Tyrac, a bien voulu nous
faire connaître que, dans l'arbre généalogique de sa famille, l'évêque de
Périgueux est désigné comme étant le fils de Jean Demartin, seigneur de La
Roque, et de demoiselle Jeanne de Belloquetde Montréal. La date de 1488 qui
suit cette mention est évidemment erronée.
M. de Marcellus possède un
portrait que l'on présume être celui du prélat. Nous espérions pouvoir faire
reproduire ce portrait ; mais le propriétaire de cette œuvre d'art nous a
présenté, après réllexion, l'objection suivante : « Je dois vous dire que
l'authenticité du portrait n'est pas le moins du monde prouvée, c'est une supposition
qui ne repose sur aucun titre; ce pourrait aussi bien être le portrait d'un
autre Demartin, qui fut évêque de Vannes quelques années plus tard. Dans cette situation,
n'y aurait-il pas inconvénient à donner, comme positif, dans une notice
sérieuse, ce qui n'est que douteux ? Bien que les scrupules à cet égard soient
assez légers dans ce temps-ci, je ne vous cache pas que j'y aurais nne certaine
répugnance. »
Partageant les scrupules de l'honorable comte de Marcellus, nous avons
été d'avis que, jusqu'à plus ample informé, il n'y avait pas lieu de donner
suite à notre projet de reproduction. Plus tard, ayant appris que le portrait
de Mgr Jarques Martin de Belle-Assise se trouvait au Musée de la Tour du
Connétable, à Vannes, en tête d'une tapisserie, représentant la vie et les miracles
de St-Vincent-Ferrier, nous avons pensé qu'à l'aide d'une copie de ce portrait,
il nous serait peut-être facile de déterminer auquel des deux prélats se
rapporte la toile conservée dans le château de Marcellus. Malheureusement, la
tapisserie de Vannes est, d'après les renseignements qui nous ont été fournis,
dans un état de vétusté qui ne permet pas de reconnaître les traits des divers
personnages.
Lespine (vol. 35, p. 213-214)
a recueilli les indications suivantes sur un autre parent de l'évêque de
Périgueux :
Joseph-Raymond De Martin,
prieur commendataire de Sourzac, nommé dans un acte de 1662.
Intilulé de cet acte imprimé, au cours d'une instance
pendante entre :
« Messire Henry de Taillefer,
seigneur comte de Roussille et autres places, appelant d'une sentence rendue par
le sénéchal de Périgueux et autrement intimé,
Contre messire Joseph-Raymond
De Martin, écuyer, seigneur prieur de Sourzac, intimé et incidemment appelant
de la dite sentence, et Gabriel-Antoine Madillac, Jean Fargues, Jean Devaux,
Bertrand Lacoste, et autres tenanciers de certains tènements, appelés et
défaillants ».
C'est par erreur que M. Philippe de Bosredon, dans sa Liste des abbés qui ont gouverné les anciennes abbayes de la province de perigord (Bulletin de la Société historique et archéologique du Perigord, t. 1-, p. 278-279), a désigné ainsi ce personnage : « Prieurs de Sourzac : 19, Joseph-Raymond de St-Martin, prieur commendataire, 1662. M. le comte de Marcellus nous a appris que Raymond De Martin fut aussi aumônier de la reine Marguerite et abbé commendataire de la Phaise.
[3] Fonds Lespine, vol. 35, p. 77.
[4] Gallia
christiana, Ecclesia Petrocor.,
vol. 2, p. H84.
[5] )«24 maij, Johannes Martinus fit episcopum Petrogoricens. per cessionnem Francisci » Gartempi. Archives du Vatican (Bulletin de 1000). Const. 128, page 49. Voir Lespine, vol, 32, p. 168.
[6] Lespine, vol. 29, p. 351. Voir aussi Gallia
Christiana, t. II, p. 1486.
[7] Archives de Bergerac.
[8] Ibid.
[9] « Le 28 octobre 1601, M. le maréchal d'Ornano écrivit aux maire et consuls de faire rétablir l'exercice de la religion catholique dans la présente ville. En conséquence de son ordonnance du 22 octobre, fat payé par les consuls et le maire au sieur de Redon, lieutenant criminel, la somme de trois cents livres pour les places que les ecclésiastiques prétendaient avoir été occupées pendant les troubles par ceux de la R. P. R. » (Registre manuscrit de l'Histoire de Bergerac. )
[10] « Hic parthenon ordinis S. Benedicti posilus est ad ripam Vizera prope Limolium, in amena et pingui valle, sex leucis à Fonte-Gauferio. Ecclesia opere novo constructa dedicatur S. Salvatori. Fondatores habuit toparchas Limolii qui sunt etiam domini Albugiae, sed et eosdem agnoscit direptores: enim vero anno 1575 domini de Floraco Limolii toparchae, labe calviniana infecti, monasterium et burgum Albugiae incendio consumserunt, omnia militibus diripienda tradiderunt et chartas abbatiae abstulerunt .. Albugia (Le Bugue ou le Bugo). Gallia Christiana, t. II, page 1601.
[11] Le P. Dupuy, Estât de l'église du perigord, t. II, p. 215.
[12] Lespine (Vol. 29, p. 351).
[13] ibid. (vol. 31( ?), p. 166).
[14] ) Fauriel se trompe en faisant vivre saint Sacerdos an IXe siècle. C'est au Ve siècle qu'il fallait dire.
[15] Basane colorée.
[16] Dérivé sans doute de segmentum.
[17] Vair, fourrure.
[18] En l'année 1520, Me Pierre Chaptard avait obtenu du roi l’office de contrerolleur des deniers de la communauté de Périgueux, et probablement il exerçait encore cette charge en 1527. Sur les réclamations du syndic, ces fonctions furent ultérieurement rendues au maire par lettres royales.
[19] Registres des
délibérations du corps de ville de Périgueux, BB. 18, f° 127.
[20] Registres mémoriaux de l'Hôtel de Ville de Périgueux. - Livre Jaune. BB. 14, f° 146.
[21] Original en parchemin, aux archives de l'hôtel de ville, EE. 20, n° 3.
[22] Le mot boulevart, au seizième siècle, avait la même signification que celui de bastion. « Le bonllevert est une pièce qu'on faict aux angles d'une place et se nomme aussi par quelques ungs bastion. » (Les livres de mathémaliques de M. Allain constantynois; ms. de la Bibliothèque de Périgueux, ° vol. in-f°, feuillet 185, r°.)
[23] Extraits d'un manuscrit, relié en parchemin, qui avait été confié à M. L. Lapeyre, ancien bibliothécaire de Périgueux ; je crois que ce manuscrit provenait de la famille Chillaud de Larigaudie, qui l'avait donné au docteur Laferrière.
[24] Le sénéchal était Jacques André.
[25] L'évêque de Périgueux était Pierre Fournier, qui occupa le siège episcopal de 1561 au 11 juillet 1575.
[26] Le concile dont il est question est le concile de Trente, qui commença le 13 décembre 1545 pour se terminer seulement le 4 décembre 1563
[27] Le maire de Périgueux en 1602 était Pierre de Marquessac.
[28] Le maire de Périgueux de l563-1564 était noble Bernard Jay, seigneur de Beaufort.