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Source: Bulletin SHAP, tome XII (1885), pp. 242-289 & 412-447.

 

ESSAIS TOPOGRAPHIQUES, historiques et biographiques sur l'arrondissement de nontron (Suite).

 

V. - Canton de Nontron.

 

A la suite du canton de Saint-Pardoux-la-Rivière, vient celui de Nontron, borné : à l'est, par le premier ; au nord, par le département de la Haute-Vienne et par le canton de Bussière-Badil ; à l'ouest, par le département de la Charente ; au sud, par les cantons de Mareuil et de Champagnac-de-Belair.

Ce canton est subdivisé en treize communes, savoir : Le Bourdeix, Saint-Estèphe, Augignac, Abjat, Savignac-de-Nontron et Nontron, sur le terrain granitique ; Saint-Martin-le-Peint, Javerlhac et Teyjat, sur le terrain granitique pour un tiers environ, et, pour le surplus, sur le terrain calcaire ; enfin, les communes de Saint-Front-de-Champniers, de St-Martial-de-Valette, de Lussas, d'Hautefaye et de Connezac, sur le terrain calcaire.

Ainsi se continue la zone de terrains signalée dans la description des cantons de Thiviers et de Saint-Pardoux-la-Rivière, pour se terminer dans celui de Bussière-Badil. Par suite, et à partir de la colline sur laquelle la ville de Nontron a été construite, ainsi que des trois autres qui l'avoisinent à l'est et à l'ouest, ce terrain, en remontant vers le nord, se compose de collines, de tuf, parsemées de roches granitiques. Ces roches, sans stratification et sans adhérence au sol. de forme généralement ovoïde ou à angles arrondis, même pour celles recouvertes par le tuf à un ou deux mètres au plus de profondeur, ne sont autres que des granits gris porphyroïdes et à gros grains de feldspath, de quartz et de mica. Leur cassure se produit par éclats et la matière paraît avoir été vitrifiée.

D'où viennent donc ces blocs ? Sont-ils erratiques et ont-ils été charriés par les courants primitifs jusqu'au sommet de la colline de Nontron et jusqu'aux portes de cette ville, sur une ligne de démarcation bien déterminée et qui, partant de là vers l'est et vers l'ouest, constitue leur point d'arrêt et la limite extrême de leur pérégrination ? C'est ce qui expliquerait leurs formes ovoïdes. Ne seraient-ils pas, au contraire, le produit des laves en fusion, lancées par les volcans lors du soulèvement du plateau central et des montagnes de l'Auvergne, dont les collines du Nontronnais ne sont que les contre-forts ; lesquelles laves, comme tous les liquides, durent retomber en formes arrondies et s'enfoncer plus ou moins dans les cendres mouvantes, d'où provient notre tuf actuel ?

C'est ce que nous laissons à décider par de plus savants que nous, en ajoutant, cependant, que la seconde hypothèse nous paraît d'autant plus probable qu'elle justifierait, en outre de la forme arrondie, la formation vitreuse de ces blocs de granit.

Quoi qu'il en soit, constatons encore que les trois collines de Nontron nous révèlent à leurs extrémités, en contact autrefois avec le terrain calcaire et la mer jurassique, les transformations dues à ce voisinage. C'est ainsi qu'à deux ou trois kilomètres nord de Nontron et sur les plateaux se trouvent des carrières stratifiées du vieux et du nouveau grès rouge, tandis qu'au sud les collines se terminent par d'autres roches stratifiées de syénite, de gneiss, de schistes et de talaschistes.

La colline au sud-est de Nontron, dont elle n'est séparée que par l'étroit vallon du Bandiat, offre encore ceci de particulier que, tandis que le granit et le gneiss se trouvent du côté de ce vallon, le côté opposé longeant le vallon où passe le chemin de fer, contient les premiers calcaires cristallisés, les dolomies, les dentrites et les marnes irisées de l'époque secondaire, sans parler des cailloux roulés qui couvrent le sol jusque sur le sommet et dans une étendue de deux à trois kilomètres. D'où la conséquence que le dernier vallon, dit des Rivaux, a dû former une des anses de la mer jurassique, dont nous parlerons au chapitre de la commune de Saint-Martial-de-Valette, contiguë à celle de Nontron, au sud-ouest.

Après cette esquisse rapide de notre sol, nous devons y rechercher la trace des peuplades qui s'y fixèrent dans les temps anciens, et nous la trouvons dans la disposition de quelques-uns de ces blocs de granit dont nous venons de parler, et dans les noms divers parvenus jusqu'à nous.

Or, à une époque inconnue, disent les historiens, les Celtes, venus de l'Asie, envahirent l'Europe de l'est à l'ouest et se fixèrent en grandes masses dans cette dernière partie, à laquelle ils donnèrent les noms de Gaule, de Gal ou Gael, synonyme de Celte. Parmi les autres noms dérivés de la même langue, M. de Taillefer, dans ses Antiquités de Vésone, signale, sur le canton de Nontron, ceux de Caudet et de Rhins, dans la commune d'Abjat ; de La Besse, dans celle de Savignac; du Bourdeix, dans la commune de ce nom; de La Doue et de Saint-Etienne-le-Droux, dans la commune de Saint-Estèphe, et enfin celui de Nontron.

Quant aux menhirs, aux dolmens, aux pierres branlantes, le culte des pierres, lisons-nous, est de toute antiquité, et il était encore en usage au XIIIe siècle, ainsi qu'il a été constaté par plusieurs conciles, tels que celui d'Arles de 455, ceux de Tolède de 681 et 693, enfin celui de Nantes de 1264, prescrivant d'enfouir ces pierres à dévotions : Lapides quas inruinosis et silvestribus locis venerantur.

Parmi ces monuments, les plus remarquables, dans le canton de Nontron, sont les rocs branlants, au nombre de cinq, dont nous reparlerons aux chapitres de leurs communes respectives, sauf à signaler, dès à présent, les deux plus importants, savoir :

 

Roc branlant de Pot-Perdu ou de La Francherie, dans la commune de Nontron, entre ces deux villages et celui de La Peyre, commune d'Augignac, qui lui doit son nom ; au fond d'une gorge sauvage et entourée de trois côtés par des collines escarpées, couvertes de bois et parsemées d'énormes blocs de granit. Du côté sud, où le monument n'a pas été obstrué par le tuf descendant des collines, on voit, à sa base, deux rocs reliés par trois autres plus petits et surmontés par une immense roche oblongue presque à fleur de terre du côté nord, et présentant, à l'ouest, une surface carrée de deux mètres environ hors du sol et à dos bombé. C'est sur cette partie bombée que repose la pierre oscillatoire, immense table triangulaire de cinq mètres quarante centimètres de longueur, trois mètres dix centimètres de largeur et un mètre vingt centimètres d'épaisseur, laquelle n'a pu être mise et rester en équilibre que par l'addition d'une petite roche triangulaire ; ce qui démontre surabondamment que la main de l'homme a passé par là. Le mouvement de cette table se produit, d'ailleurs, de l'est à l'ouest, ainsi que nous avons pu le constater sûrement à l'inspection du soleil couchant et, une autre fois, à l'aide de la boussole. Au-devant du monument et à l'ouest, se trouve une vaste pierre plate, au ras du sol et inclinée sur laquelle l'officiant devait se tenir à genoux, pendant que les assistants pouvaient s'asseoir sur les roches rondes, placées en cercle autour de la première. Enfin, derrière et proche de ces roches, existe encore la fontaine sacrée, formant un petit ruisseau allant se perdre dans l'étroit vallon donnant, au sud, issue à cette gorge, à laquelle le plan cadastral de la commune, section A, a conservé le nom de Combefadas (Combe des Fées). Nous trouvons aussi, sur le cadastre et dans la même section, une pièce de châtaigne­raie et pâtis désignée sous le nom de La Font des Prêtres. On remarque encore dans cette dernière pièce et sur le bord de l'ancien chemin de Pot-Perdu, un amas de rochers et, parmi eux, une énorme pyramide couchée sur le flanc et qui a dû être un menhir. D'où la conclusion que cet état de choses a été évidemment créé pour servir au culte druidique.

 

Roc branlant de St-Etienne-le-Droux (Sanctus Stephanus deus Ledros ; Sanctus Stephanus Le Drier), dont le surnom de Ledrez, Le Drier et Le Droux dénote suffisamment son origine druidique, sans parler de sa situation agreste auprès d'un ruisseau qui a conservé son nom celtique de La Doue.

Voici, au surplus, quelle est cette situation que nous avons eu occasion de vérifier plusieurs fois. Dans une gorge sauvage et resserrée entre deux collines couvertes de bois et où l'on retrouve encore quelques blocs de granit, coule le ruisseau de La Doue, sortant du grand étang de Saint-Estèphe. Le cours de ce ruisseau a été recouvert par une longue suite de mêmes roches, superposées sans ordre, couchées ou debout, comme si elles eussent été détachées du haut et des flancs des deux collines par quelque cataclysme ou plutôt par la main de l'homme. Dans le pays, cette chaîne porte le nom de Chapelet et, en tête, se trouve le roc branlant dit Casso-Nausillo, composé d'une vaste table d'un mètre environ au-dessus du sol et renflée vers le milieu. Sur ce renflement a été posé un autre bloc de granit de forme ovoïde, qui s'est trouvé ainsi en équilibre et se meut facilement de l'est à l'ouest, malgré ses fortes dimensions de trois mètres de hauteur, non comprise la roche de soubassement, sur huit mètres quarante centimètres de circonférence.

Mais à quoi ou à qui attribuer la construction de ces rocs branlants ? M. de Taillefer rappelle, à ce sujet, qu'un habile chimiste, membre de l'Académie royale de Madrid (M. Chabaneau, de Nontron), après avoir fait la description du Casse-Noisette, ajoute :

« Si j'avais une opinion à émettre, je dirais que ce jeu de la nature est produit par l'érosion des eaux qui s'écoulent de l'étang; mais je dois vous prévenir que cette opinion est plus que hasardée. »

 

Dans son Périgord illustré, M. l'abbé Audierne, parlant des deux rocs ci-dessus, est beaucoup plus affirmatif et s'exprime ainsi :

 

« Quelques écrivains ont prétendu que ces masses avaient été ainsi disposées par la main de l'homme et qu'il fallait les considérer comme des monuments celtiques. Il suffit d'inspecter ces prétendus monuments et les lieux qu'ils occupent pour être convaincu du contraire. Leur pose oscillante n'est que l'effet du hasard. »

 

De son côté, et dans sa Dissertation sur deux rocs branlants du Nontronnais, M. Ch. Des Moulins affirme que le roc de St-Estèphe lui paraît être un accident naturel.

Nous sommes loin de partager ces opinions, et nous pensons avec M. de Taillefer que :

«  Les roches de Saint-Estèphe et de La Francherie ont été choisies dans ce chaos et superposées par les Gaulois, qui ont calculé leur centre de gravité pour les mettre en équilibre ; car un tel hasard de la nature ne peut se présenter plusieurs fois de suite à une petite distance. Cette conjoncture serait encore plus victorieusement réfutée si je pouvais donner la liste de toutes les pierres mouvantes qui existent encore en France et dans les pays occupés par les colonies gauloises ».

Or, nous n'avons pas besoin d'aller chercher au loin la preuve de cette certitude ; car, en outre des noms celtiques, de l'état agreste des lieux et des forêts, dont parlent les conciles, le roc ovoïde de Saint-Estèphe a non seulement pour compagne oscillatoire, dans notre contrée, et au sud, la roche plate de La Francherie, ou plutôt de Pot-Perdu, mais encore, à l'ouest, la Pierre-Virade de Javerlhac ; à l'est, le roc branlant de Rhins (autre nom celtique, dans la commune d'Abjat); enfin, et au nord, une autre pierre mouvante dans la commune de Saint-Barthélémy, limitrophe de celle d'Abjat. En sorte que le roc branlant de Saint-Estèphe paraît avoir été le point central de tout un système religieux, dont le caractère ressort encore de ce fait que, selon l'usage et l'orientation druidique, le mouvement oscillatoire de toutes ces roches se produit invariablement de l'est à l'ouest, ce qui est également exclusif de tout effet d'érosion ou du hasard.

Cette situation étant donnée, il en résulte que les habitants de la contrée durent nécessairement chercher à défendre l'entrée des gorges et défilés pouvant conduire au cœur même de leurs retraites religieuses, et qu'ils choisirent, à l'extrémité de leurs collines granitiques, un piton isolé pour y construire un oppidum. Or, à l'extrémité de ces collines, au sud-ouest, s'élevait à angle aigu et en forme de promontoire s'avançant jusqu'aux limites d'un vallon calcaire, un embranchement baigné au sud-est par une petite rivière et, à l'ouest, par un ruisseau allant se jeter dans la rivière, au sud-ouest, et après avoir contourné l'extrémité du mamelon. Cette extrémité fut détachée et isolée de la souche, au nord, par un large et profond fossé, de manière à former un cône tronqué, au sommet duquel fut établi l'oppidum.

De là l'origine du centre de population gauloise auquel on donna le nom celtique de Nontron ; d'où la ville et la commune, dont nous allons entreprendre l'historique.

 

COMMUNE DE NONTRON.

 

§ Ier. — Fondation et construction de Nontron.

 

D'oppidum gaulois, Nontron devint, plus tard et après l'an 53 avant l'ère chrétienne, une petite ville gallo-romaine, les Romains s'étant établis dans la contrée après la défaite de Vercingétorix, ainsi qu'il résulte des traces qu'ils y ont laissées et de la citadelle par eux construite sur l'emplacement même de cet oppidum.

Après les Romains vinrent les Goths, de 406 à 418, et, après ceux-ci, les Francs, qui, du VIe au VIIIe siècle, en firent un castrum et le chef-lieu d'une châtellenie. Ce castrum se composait alors : de la citadelle romaine agrandie ; 2° d'un premier groupe d'habitations construites à l'abri et au-dessous des murs de la forteresse ; 3° et, au nord de la forteresse, d'un second-groupe, entouré de remparts et de fossés, ainsi que le tout résulte de l'état actuel des lieux et des titres suivants, notamment de la donation qui en fut faite à l'abbaye de Charroux par Roger, comte de Limoges, et Euphrasie, sa femme, dans leur testament du 4 des calendes de juin 785, en ces termes :

« Dono etiam in Leraovicensi pago castrum Netronensem cum praefati castri castellaniam Cucillagium et Vadrerias (Mabillon, t. II, f° 711). »

Voici, d'ailleurs, quant aux détails inhérents à chacune des trois parties de cette première agglomération :

 

Premier groupe.

 

Forteresse gallo-romano-franque. - Cette forteresse était assise, comme nous l'avons dit, à l'extrémité d'une colline, détachée de la souche et au nord par un large et profond fossé, et entre deux autres collines, séparées de la première par un ravin et un ruisseau, à l'ouest ; et, à l'est, par l'étroit vallon du Bandiat. La rivière et le ruisseau, se rejoignant au sud-ouest, offraient la possibilité, au moyen de barrages, d'inonder tous les abords jusqu'au fossé nord. La forteresse se composait d'ailleurs de trois enceintes : la première, sur laquelle passe la voie actuelle conduisant à la gare du chemin de fer, et dont les remparts dominant une partie de la ville basse, à l'ouest, sont encore en bon état, tandis qu'on n'en retrouve que quelques parties au sud et à l'est. La seconde enceinte domine la première et forme un plateau quadrangulaire, soutenu par des remparts dans l'un desquels, et à l'ouest, existe encore le soubassement d'une tour carrée. A L'angle nord-est de ce plateau, aujourd'hui planté d'arbres, et sur l'emplacement d'une école et de son jardin, se trouvait la troisième enceinte, renfermant de vastes bâtiments, l'église de St-Etienne et le donjon, vaste tour circulaire de 30 mètres de circonférence, dont l'entrée était à six mètres au-dessus du sol. Ce donjon joignait l'une des deux tours de la porte d'entrée, et son soubassement s'élève encore à quatre mètres environ. Les autres murs de soutènement sont aussi en bon état, et l'on y remarque, à l'est, les restes d'une tour carrée. On y voit aussi une vaste porte donnant accès de l'ancienne crypte de l'église et de la troisième enceinte dans la première, au moyen d'un escalier étroit, découvert il y a quelques années, lors de la construction de l'une des annexes de l'école. On constata également, à cette époque, l'existence de la crypte encombrée de matériaux d'anciennes démolitions. Il existe aussi, et du même côté, une partie des anciennes casemates voûtées et qui servent aujourd’hui à l’école primaire. Enfin, et à l’ouest, après le donjon, se trouvait un couloir étroit et un escalier tournant conduisant de la seconde enceinte dans l’intérieur de la première. Le couloir se fermait au moyen de deux portes, retenues en dedans par de fortes barres de bois ou de fer, introduites dans deux trous ménagés dans les murs à cet effet, et dont une partie existe encore dans celui du jardin. Dans notre enfance, nous avons vu cet escalier complet et nous y passâmes plus d’une fois pour aller jeter, dans un puits, des pierres qui en faisaient résonner les parois en cartelage comme un son de cloche. Ce puits était alors à moitié, comblé, et l’on disait qu’il ne servait pas seulement à procurer de l’eau, en cas de siège, mais encore qu’il correspondait avec un souterrain passant sous le Bandiat et allant sortir de l’autre côté, vers le bois du Trou-de-la-Nauve.

Quoi qu’il en soit de cette issue, parfaitement inconnue aujourd’hui, il en existait et il en existe encore deux autres pour aboutir, du dehors, à l’emplacement de la première et de la seconde enceinte de la forteresse. Le premier sentier (senta), d’un mètre de largeur environ, part du sud-ouest et monte en serpentant jusqu’au sommet ; le second, de deux mètres environ de largeur, va aussi en montant du vallon du Bandiat et de l’est vers le nord, où il s’embranche avec le fossé, qu’il remonte pour redescendre dans la basse ville, après avoir passé devant le portail principal de la forteresse et au pied des deux tours rondes qui le flanquaient et en défendaient l’accès. Ajoutons enfin, et pour terminer, que l’accès de ce chemin et du fossé, à l’ouest, était encore défendu par une tourelle à cul de lampe, bien conservée et pouvant contenir trois hommes, placés en sentinelles aux trois meurtrières, dont les parois, usées par le frottement des arbalètes et des mousquets, démontrent que, depuis longtemps, elles ont servi plus d’une fois pour la défense et du fossé et des premières habitations construites au pied des remparts et aux flancs de la colline, dont nous allons parler.

Le Bragier, Bragerio de Nontronio.— A la suite de la tourelle dont nous venons de parler, au bas des remparts et en contournant la butte de l’ouest au sud, du sud à l’est et de l’est au nord jusqu’au fossé, existent actuellement, en angles saillants et rentrants, des carrés de jardins en terrasses soutenus par les soubassements des premières maisons de Nontron, dont, au commencement de ce siècle, on retrouvait les caves en nivelant le terrain. On en voit encore deux au nord-est, l’une comblée et l’autre ayant dû servir de prison, la basse-fosse qui en reste ne présentant d’autre issue au milieu de sa voûte en pierre qu’une petite ouverture circulaire. Cette fosse dépendait d’une maison forte, dominant et défendant l’entrée du chemin qui, après avoir atteint le fossé de la forteresse, se bifurquait à droite et, se rétrécissant, grimpait entre les constructions du Bragier, de l’autre côté du fossé et sous les murs du castrum, dont nous parlerons bientôt. C’est ce qui résulte, en outre de l’état actuel des lieux, des documents suivants :

 

Du 13 septembre 1416 :

« Arrentement en faveur du monastère de Saint-Pardoux-la-Rivière par noble Guillaume de Burie, de diverses maisons sises au Bragier de Nontron. — Du 4 février 1444, assence par le scindic du monastère à Martial Robin, d’une maison et jardin ayant appartenu à feu Gérald Prévost, sieur de Burie, size dans la ville de Nontron. — 10 mars 1445, Bernard et Estienne de La Pourge, recongnoissent tenir du dit monastère une maison où ils demeurent et une autre maison ruinée, tout proche, lesquelles ont esté de feu noble Guillaume de Burie, confrontant avec la grande maison du dit sieur appelée de Burie, possédée par Martial Robin, à lui assencée par le monastère quatre sols. Signé de Poyalibus ». (Terrier dudit monastère.)

 

Du 11 février 1457, arrentement par Alain de La Porte d’un jardin sis au Bragier de Nontron :

«  Nobili viro Alano de La Porta domino de Champnerio et in parte de La Bestorij pro se et suis heredibus et successoribus et pro nobilem Iterium de La Porta suum nepotem... Et honesto viro domino Yvone de Crucis capellano pro se et suis... Ejusdem nobili Alano de La Porta non cohactus, non deceptus... dimisit et perpetuo quittavit seu ad assensam amphiteosim perpetuant tradidit... dicto domino Yvone de Crucis... Videlicet quodam viridarium, quod est sitnm in Bragerio de Nontronio, sub muro castri de Nontronio, quadam via intermedia ex una parte et via ex qua itur de castellania de Nontronio versus domum de Grava.sub censu seu redditu annali quindecim denarii.... » Signé Veterimari (Vieillemard).

 

Ce jardin, qui existe encore, est situé au nord-est, en face de la forteresse et de l'autre coté du fossé, joignant le chemin qui, se bifurquant avec ce fossé, montait, à droite, au quartier du fort, qualifié de castellania ; c'est ce qui résulte surabondamment des deux reconnaissances suivantes. La première consentie en faveur de Thomas de Conan, du 29 mai 1747, s'exprime ainsi :

« Sur certaines chenevières autrefois en jardin, situées au lieu appelé le Bragier de Nontron, au-dessous les murs de l'ancien château, chemin entre deux et y confrontant, d'une part, et au chemin par lequel on va de la chastellenie du dit Nontron, à présent le château brûlé vers le Bandiat, sur main droite, et à certaines maisons à présent en mazures estant au dessus du dit chemin... (Petit, notaire). »

 

On lit dans la seconde de ces reconnaissances, reçue Labat, notaire, et consentie le 22 septembre 1775, en faveur de M. Alexis de Conan :

 

« Sur trois petites chenevières au lieu appelé les Bragiers de Nontron, au-dessous les murs de l'ancien château où est actuellement l'église de Saint-Etienne, confrontant du levant au chemin de servitude qui va du château au moulin de Nontron, actuellement appelé Moulin-de-la-Nauve, sur main droite ; du midy à autre chemin qui va de l'église Saint-Etienne au dit moulin, sur main gauche, du couchant au jardin de Mlle de Labrousse, et, au nord, à une maison et jardin et à autre jardin dans lequel il y avait anciennement de vieilles masures. »

 

Tel est encore l'état des lieux, avec ces modifications que le grand pont en pierre, sur lequel débouche l'avenue de la gare, a été construit sur l'emplacement du jardin de Mlle de Labrousse, et que la maison au nord a disparu, laissant à sa place un jardin attenant à deux autres, retenus, au bord du fossé, par les soubassements des anciennes constructions.

C'était là, d'ailleurs, et au nord-est, que commençait le quartier du Bragier, que nous allons parcourir en contournant, de l'est au sud et à l'ouest, la butte de la forteresse.

Du 14 juillet 1445, vente d'une maison située au Bragier de Nontron :

« Johannes Mesmer, sutor de Nontronio... vendidit dilecto in Christo domino Helie Laud, presbytero presente ville de Nontronij, quadam domum sitam in Bragerio de Nontronio, et confrontatam cum domo ipsius venditoris, ex una parte et cum domo que quondam fuit magistro Petro de Poyalibus ex alia et cum rua publica ex altera et muro antiquo reliquis...»

 

Du 31 mai 1457, baillette par François de La Porte d'un jardin situé sous les murs de la tour Paulte :

« Nobilis vir Franciscus de La Porta, tam nomine suo et nomine nobilis Joannis et Tristandij de La Porta, domicellis fratres suos germanos... assensavit perpetuo et ad assensam et amphiteosim perpetuant tradidit... Guilhelmo de Valfoullonse...quodam viridarium situm in parochia de Nontronio, subter parietes turris Paulte, inter viridarium de Germon, ex una parte, et dictos parietes turris Paulte... sub censu seu redditu annali quinque solidos et sex denarios de acaptamento... Signé Aymerico di Charlangis ».

Les trois titres ci-dessus, ainsi que la majeure partie de ceux que nous aurons à analyser, proviennent des archives de la famille de Conan, déposées à celles de Périgueux, sauf indications contraires. C'est ainsi que nous recueillons encore dans le terrier du monastère de Saint-Pardoux-la-Rivière, les mentions suivantes :

« Du 3 febvrier 1499, Perrot de La Poutge recongnoit certaines murailles scizes au Bragier de Nontron, confrontant aux mazures de feu Martial Robin, appelées de Burie, et à la maison du dit recognoissant, mouvante du dit monastère, ruelle entre deux, et au chemin qu'on va de la maison du chapellain de Nontron vers le dit Bragier. »

« Du 20 mars 1557, Me Pierre de La Roussie, procureur de la juridiction de Lussates (Lussas), habitant de Nontron, déclare avoir acquis de feue la Séguine, dont il est parlé dans la reconnaissance du 3 febvrier 1499, la tierce partie d'une maison et jardin au Bragier de Nontron, confronte à la maison et jardin de Dauphin Escousseau et le chemin que l'on va de la chapelle de Nontron à la porte appelée de Guilhaume Blanc. Signé Vigier, notaire ».

Il doit s'agir ici de la chapelle de la forteresse et du chemin situé au sud-ouest, et sur lequel la porte de Guillaume Blanc devait se trouver au point d'intersection des murs de la première enceinte, murs et chemins contigus, à l'ouest à des terrains, bâtiments et jardins, appartenant encore aujourd'hui à la famille Escousseau.

Si nous consultons, enfin, la matrice cadastrale de la commune de Nontron, nous y trouvons, sous les numéros 439, 440 et 441, des jardins dits au Breger. Ces jardins ne sont autres que des emplacements d'anciennes maisons bordant le sentier montant du sud-ouest à la forteresse ; et, lors de la construction, en 1883, d'une maison près du pont neuf de la route de Villars, on y découvrit des ossements humains et des traces d'incendie.

Au surplus, ce quartier du Bragier, le plus exposé aux coups de l'ennemi et détruit en partie pendant les guerres anglaises et au XVe siècle, ainsi qu'il résulte des actes ci-dessus, dut l'être complètement au XVIe et à la suite des guerres de religion, puisqu'il n'en reste que des vestiges. Mais passons au second groupe, aujourd'hui quartier du Fort.

 

Deuxième groupe.

Quartier du Fort. — En remontant vers le nord, la colline dont la forteresse gallo-romano-franque occupait l'extrémité, d'une étendue, sur le plateau, de cent cinquante mètres environ de longueur et quatre-vingts de largeur; et au-delà d'un fossé de vingt mètres, il en fut détaché une seconde partie, à peu près de même étendue et séparée de la souche par un second fossé de quinze mètres environ ; de telle sorte que, pour compléter la défense, à l'est et à l'ouest, il n'y eut plus qu'à tailler le roc à pic et le revêtir d'épaisses murailles, qui existent encore. Après quoi, les deux issues du sud et du nord, sur les deux fossés, furent fermées par deux portes. La première, en face de celle de la forteresse et défendue par une tour carrée dominant le ravin, à l'ouest, portait le nom de porte Rascot. La seconde de ces portes, au nord, fut appelée, au XIIIe siècle, la porte du Barry, parce qu'elle donnait accès au faubourg de Nontron. Quant à l'étroit sentier du sud-est, dont nous avons déjà parlé, il devait être également barré, mais, dans tous les cas, il était défendu, à droite et à gauche, par plusieurs maisons fortes dominant le Bragier, d'après les baillettes analysées précédemment et dont les soubassements existent également jusqu'à deux tours rondes dont les restes dominent encore, du haut de leur rocher, la vallée du Bandiat. Dans cette nouvelle enceinte et sur les deux autres côtés, est et ouest, ainsi qu'au centre du quadrilatère, s'élevèrent d'autres constructions qui formèrent deux rues parallèles, reliées par deux autres rues transversales, le tout aboutissant à la porte Rascot. Au nord, se trouvait une petite place, entourée de constructions et défendue, à l'angle nord-ouest, par la maison forte d'Espern ou d'Esport; et, enfin, à l'angle nord-est, par le château-fort des Peytavis, que les moines de l'abbaye de Charroux, en Poitou, firent construire après la donation de 785, et dont il reste encore une partie de tour ronde et les soubassements sur lesquels a été construit le château actuel. Au surplus, et de même qu'il existait dans le Bragier les maisons fortes et nobles de Burie, de Grave, de Panet, il y avait aussi, dans la seconde agglomération, les repaires de La Beytour, de Montcheuil, de Valette, de Paulte ; les maisons nobles de Lestrade et d'Esperne, le château des Peytavis. C'est ce qui résulte de l'état des lieux et des documents suivants.

Du 11 avril 1376. - Bail à cens par Guilhaume de La Rivière, d'un emplacement situé dans le castrum de Nontron :

 

« Nos judex vicecomitati Lemovicensi, notum facimus universis et coram scriptore nostro infra scripto ad hoc deputato et appellato personnaliter, constituti Guilhelmo deRepperij pro se et suis heredibus et successoribus universis, ex una parte, et Guilhelmo Balhol et Guilhelmo Bordelli, pro se et suis ex altera, prefatus Guilhelmus de Repperij non cohactus, non seductus... assensavit et perpetuum dimisit ad amphiteosim perpetuam... predictis Guilhelmo Balhol et Guilhelmo Bordelli... pro anno censu seu redditu duos solidos monete solvendos... dicto Guilhelmo de Repperij et suis duos denarios in festo Nativitatis Domini, et duodecim denarios in festo sancti Stephani... Videlicet quoddam placeam suam sitam in Castro Nontronij, inter domum dicti Guilhelmi de Repperij, ex parte una, et placeam domini Helie de Lestrada, dux milicis, ex altera... Datum et actum... undecimo die mensis aprilis, anno Domini m° ccc° septuagesimo sexto... Hel. Canulis, R. »

 

Du 12 avril 1441, échange entre Jean de Bretaigne et Marie Colette, veuve d'Aymard de La Porte, de deux maisons situées dans le fort de Nontron, suivant l'acte ci-après, communiqué par M. de Saint-Martin, l'un des derniers représentants, par sa femme, de la famille de Conan, dans lequel il est fait mention de la porte Rascot, des hôtels de La Bestour, de Moncheuil, de Paute et du repaire de Valette :

 

« Nos custos sigilli auctentici vicecomitati Lemovicensi, ad contractus et similia constituti... Notum facimus universis tam presentis que futuris de coram quondam magistro Petro de Poyalibus, notario publico, defuncto tempore quo vivebat predicti sigilli commissario jurato die anno, et presentibus testibus quibus infra constitutis, et presenti constitutis illustrissimo principe et domino Johanne de Britannia, et comite comitatibus de Penthenvrie et Petragoricensis vicecomite que vicecomitatu Lemovicensi et domino Davesne, pro se et suis heredibus et quibus suis successoribus ex una parte. Et nobilia et honesta mulier Maria Coleta, domicella relicta condam Adhemari de Laporta, domicelli, mariti sui, domina de La Bestour et de Valetta, pro se et suis heredibus et successoribus universis ex parte alia. Prenominate inscripte partes... non cohacte, non seducte, nec per aliquem in aliquo movente ymo gratis sponte... ad perpetuum permutaverunt videlicet prelibatus dominus Johannes de Britannia comes pro se et suis permutans... cessit, tradidit... Vidua nobilia Maria Coleta, domicella presente et pro se et suis stipulante et recipiente quodam domum cum quodam orto a parte retro eidem domui contiguo movens de fundali et directo dominio prelibati domini vicecomiti Lemovicensi est assebat sitam et positam in Castro forte de Nontronio confrontatam cum muro dicti castri ex uno latere et a parte orientali et cum itinere quo itur de porta dicti castri ad hospicium de La Bestour ab alio latere et a parte occidentali et a parte retro cum quodam viridario hospicii de Moncheuil et a parte altera cum senta quae itur de dicto hospicio de Moucheuil ad dictum murum cum aisinis, juribus et pertinentes universis... Quos quodam domum et ortum tenebat et exploitabat Johannes de Lage a dicto domino vicecomite sub censu annali quinque solidos monete currente quali anno quolibet solvendi per dictum Johannem ipso domino vicecomite Lemovicensi et suis in quolibet festo Nativitatis Domini ut ipse dictus vicecomes assebat. Cum et pro quodam domo ejusdem domicelle domus antiquae nobilis ut ipsa domicella assebat reppayrij de Valetta, ad dictum que reppayrium movente de fundali et directo dominio ejusdem domicellse et quodam domum tenet et exploitat Hellias de Ruppe, tenens ejusdem ab eadem domicella sub censu annali quinque solidos et una gallina censu anno quolibet ipse domicelle et suis per dictum Helliam... confrontatam et positam dicto castra forte de Nontronio, inter hospicium predicti de Moncheuil[1]  eidem que contigua ex una parte et inter dictum iter quo itur de porta dicta Rascot ad dictum hospicium de La Bestour ex alia et inter hospicium defuncti Reymondi Faute domicelli partibus ex reliquis cum ejusdem domui jam confrontati aliis juribus aisinis... (Suivent les clauses de garanties et de transmissions.) Datum et actum... presentibus ibidem nobilibus Galterio de Raduel, Johanne de Rouchaco, domino sancti Johanni Ligore, Johanne de Las Tours, chanonico de Boubon et domino Johanne Regis capellano de Brantomo, testimus ad premissa vocatis et rogatis. Die xij mensis aprilis anno Domini m° cccc° quadragentesimo primo ».

 

Des trois hôtels, du repaire et des deux maisons mentionnés dans cet acte, il n'existe plus que la maison cédée par Jean de Bretagne et désignée ainsi qu'il suit dans une reconnaissance de rente du 21 septembre 1775, reçue Labat, notaire royal, et consentie par Mlle Marie de Labrousse en faveur de M. Alexis de Conan, sur :

« Une maison avec un petit jardin, rue entre deux, et cour y attenant, dans la ville forte, laquelle se confronte du levant au chemin ou rue par laquelle on vat de lesglise de St-Estienne à celle de St-Sauveur, qui passe entre deux, et au jardin et maison de Jean Bertrand, et à un sentier qui va de lesglise de St-Estienne au moulin de Nontron, qui est au bas du château, du midy et couchant à autre chemin ou sentier par lequel lon vat de la dite église de St-Estienne dans la rue du Rieu, et confronte aussi à la ditte rue publique du Rieu par le devant, et du nord à autre maison appartenant à la dilte demoiselle. Laquelle maison et jardin est située vis-à-vis l'ancienne porte du château fort de Nontron, et qui fait face à icelle, et avec ses autres plus amples et meilleures confrontations, et sur laquelle il y a une espèce de pavillon... .

 

C'est le pavillon qui existe encore en face de la tour ronde, au nord-ouest de la porte de l'ancienne forteresse, dans laquelle se trouvait l'église de Saint-Etienne, pavillon qui nous parait avoir été placé sur le soubassement d'une ancienne tour carrée servant, avec la porte Rascot, à la défense, sur ce point, de la seconde agglomération. Il nous parait aussi résulter de cet acte que l'hôtel de Montcheuil s'élevait au nord et au-delà des jardins dont parle l'échange de 1441, et sur les murailles d'autres jardins que l'on voit à l'est du nouveau pont conduisant au plateau de cette forteresse. Quant aux autres hôtels et au repaire, il résulte des mêmes confrontations que leur emplacement se trouvait au nord-est, parmi les soubassements qui dominent encore les deux sentiers conduisant à la forteresse et au quartier du fort, et se terminent par les deux tours rondes du repaire de Valette, lesquelles dominant la petite vallée du Bandiat, ont dû lui donner son nom de Valette, petite vallée.

 

Du 27 février 1486 :

« Perrot Delapouge reconnaît tenir de noble homme Elie de Conan certaines murailles situées au Bragier de Nontron, confrontant une maison des héritiers de feu Giraud Marquet et aux murailles des héritiers de feu Giraud Levet et au chemin qu'on va de la porte Rascot à la maison de Burie, sous la rente directe de trois deniers. Signé : Fouriandi. »

 

Du 27 février 1487 :

« Acte récognitif de rente reçu primitivement par Robin, notaire. Simon de Labrousse, marchand de Nontron, recongnoit tenir de noble homme Elie de Conan, une maison située dans la ville forte de Nontron, confrontant du côté du devant avec la rue publique qu'on va de la porte duBary a lesglise St-Estienne de Nontron... soubs la rente directe de six deniers. Faict le 27= de febvrier mil quatre cent huictante sept. Signe : Fouriandi. »

 

Du 12 novembre 1499, assense par Pierre Pastoureau jeune, à Pierre de Labrousse, de douze sous et neuf deniers de rente sur :

« Domum sitam intra villam fortem de Nontronio, confrontatam a parte ante cum una rua publica qua itur de ponte du Bary ad ecclesiam parochialem Sancti-Stephani de Nontronio, a parte retro cum quadam domum Petri Fabri dicti Bailhot, quodam carreolum in medio ab uno latere cum quadam parvera rua qua itur de jam dicta rua publica de ponte du Bary ad ruam nigram et ab alio latere cum quadam domum jam dicti Petri Fabri. Signé : P. de Domailhaco..»

 

Tel était bien, d'après cet acte, l'ancien état intérieur de la ville forte, ayant deux rues latérales allant du nord au sud ; celle de l'est se dirigeant de la porte et du pont du Bary vers l'église Saint-Etienne, et celle de l'ouest, dite rue Noire, séparées, l'une et l'autre, par un groupe de maisons, mais reliées, vers le milieu, par la petite rue transversale, parvera rua, ci-dessus. Ce groupe est, aujourd'hui, occupé par l'école primaire de filles, ayant, par derrière, la rue Noire, dont il ne reste plus que le rang de maisons dominant la basse-ville ; et, sur le devant, la rue de l'Eglise, élargie et entièrement transformée.

Du 6 novembre 1588, devant Fonreau, notaire, titre de dix sous de rente consenti :

 

« En la ville de Nontron et la grand place du dict lieu, avant midy... par monsieur maistre Thibaut Pastoureau, seigneur de La Grange, juge royal provisionnel et lieutenant du dict Nontron... a Gabriel Moureaud... sur certaine maison aprésent ruynee et desmolie, en dedans laquelle y avoit antiennement ung four, assise et sittuée au dedans la ville forte du dict Nontron, autrefois appartenant a Jehan Guilhot et Anne Le Reclus, confrontant (à trois maisons) et aussy avec aultre maison ruynée, et par le devant avec la rhue que lon va a la grande esglise de la présent ville... »

 

Il doit s'agir ici du four d'Aixe, mentionné par Doat, v° 241, en ces termes :

 

« 1357 — Instrument mentionnant que certaine maison assise au bourc de Nontron, entre le four d'Aixe et la maison de Jacques Peytoureau, est de la fondalité du vicomte. Dies dominica post festum Bti Marcialis, anno Domini m° ccc°, quinquagesimo septuagesimo. »

 

Du 18 mars 1658, devant Lenoble, notaire, reconnaissance de trente sols de rente en faveur de Bertrand Audier, seigneur de Montcheuil, sur :

 

« Une maison située en la vieille ville, appelée le Fort, confrontant du levant au chasteau du seigneur de Nontron, par le devant a la rue qu'on va du dit chasteau, ou du pont du Barris a l'esglise St-Estienne, conformément à la reconnaissance de 1576. Reçu Mestayer, notaire. »

« Du 2 novembre 1740, devant Grolhier, notaire, vente par Agard à Blois, d'une maison dans la ville vieille, dans la rue par laquelle on va du château à la grande église. Fondalité du sieur Dubarry, seigneur de Puycheni. »

« Du 14 janvier 1747, devant le même notaire, vente d'une boutique dans la rue du vieux fort de Nontron, joignant du septentrion à la place du château. »

« Du 21 septembre 1775, devant Labat, notaire, reconnaissance de six deniers de rente à M. Alexis de Conan par Henri Guérin, sur le plassage et vestige d'une ancienne maison sis et situé dans le fort, qui se confronte du levant à la rue publique par laquelle lon vat du nouveau château à l'église de St-Etienne, sur main droite ; du nord au plassage des Lacotte, dits Fontarabie ; du couchant aux maisons des nommés Ferré et Rebièras, du midy a la maison du dit reconnaissant. »

 

Après avoir ainsi constaté l'existence, dans le castrum ou quartier du Fort, des deux portes, des trois rues et de la place dont nous avons parlé, il ne reste plus qu'à indiquer l'emplacement de la maison forte d'Espern ou d'Esportet du château des Peytavis, construits à l'angle nord-ouest et à l'angle nord-est du quadrilatère pour en défendre l'accès, et entre lesquels se trouvaient la porte et le pont du Barri, ou du faubourg dont nous parlerons bientôt.

La maison noble d'Esport était située en face du château des Peytavis et de l'autre côté de la place, au nord-ouest, d'où elle dominait et défendait une partie de l'étroit vallon où l'on construisit la ville basse et la place du Marchadieu. Au xviiie siècle, elle servait de prison et de prétoire pour la justice. Elle a été séparée de la place en 1850-51 par l'ouverture d'une rue reliant le quartier du Fort et la haute ville aux basses rues, d'après les plans dressés en 1849, sous notre administration municipale. Il ne reste plus qu'un pan de mur de cet édifice, encastré dans celui d'une maison moderne construite sur son emplacement.

Nous en avons trouvé la mention dans divers titres de rente, et notamment dans une reconnaissance du 3 juin 1568, devant Laud, notaire, en faveur de Geoffroy Dubarry, escuier, sieur de Puycheny et Deyport, sur une maison de Nontron mouvant et pendant du fief noble de la maison Deyport.

Autre reconnaissance du 10 mai 1608, devant Fonreau, notaire, renouvelée le 5 décembre 1643 devant Durand, notaire, en faveur d'Antoine Dubarry, escuyer, seigneur de, Puycheny et du repaire noble d'Esport, sur une terre au mas de Fargeas, près Nontron, de vingt deniers de rente portable à chaque fête de Noël dans la maison noble d'Esport, sise et située dans le fort de la dite ville.

Quant au château des Peytavis, voici quelques documents à ce sujet :

Du 14 juillet 1445, acte de vente, déjà mentionné, d'une maison sise au Bragier de Nontron, mouvante du seigneur des Peytavis : Movens de fundalitate et directo dominio de Peytavis sub censu duos solidos.

Du 4 juin 1540, hommage rendu par Jean et Louis de Puyzillon, seigneur de La Roderie, au roi de Navarre, seigneur de Nontron, de la maison noble et repaire des Peytavis.

En 1609, hommage rendu à la Chambre des comptes par François Dufaure, seigneur de La Roderie, du fief des Peytavis.

Du 5 octobre 1655, vente reçue du Basset, notaire, par dame Anne de Gives, veuve de messire Antoine d'Agues-seau, premier président au Parlement de Bordeaux, à messire Philibert-Hélie de Pompadour, marquis de Laurière, du fief et repaire noble des Peytavis, en la ville de Nontron.

Des 5 juin 1743 et 10 avril 1770, devant Boyer, notaire, vente de divers terrains situés à Azat, près Nontron, chargés de rentes au profit du marquis de Lavie, comme étant aux droits de messire Philibert de Pompadour et de Mme de Courcillon, ceux-ci à ceux de messire Antoine d'Aguesseau, ce dernier adjudicataire des biens et rentes de François Dufaure, seigneur de La Rhoderie et des Peytavis.

D'après diverses notes, le château des Peytavis fut incendié en 1672 et 1713, sans que, malheureusement, il soit fait mention des causes de ces événements, non plus que dans les reconnaissances de rentes de 1775, dans lesquelles il est parlé du château brûlé. Ce ne fut que du 18 avril 1768 au 12 janvier 1772, et au prix de 21,076 livres onze sous, que M. de Lavie fit construire le château actuel sur les fondements et soubassements du premier.

Quelques années après, et par acte du 7 octobre 1787, M. Louis-Gabriel de La Ramière, fondé de pouvoir de M. Paul-Marie-Armand de Lavie, céda :

« A titre de bail à cens et sous-fief, ou vente annuelle, foncière, directe et solidaire, emportant tous droits et devoirs seigneuriaux ordinaires à Monsieur maître Jean-Baptiste-Michel de Mazerat, avocat en la cour, juge sénéchal de la ville et baronie de Nontron... le château appartenant au dit seigneur de Lavie, dans la dite ville de Nontron... confrontant... du couchant à la place appelée du Fort... Plus l'emplacement et masures d'une grange démolie qui fait face au dit château, confrontant du levant à ladite place du Fort, du couchant aux anciens fossés de la ville ; du nord aux prisons, maison du concierge et parquet de la dite ville ; du midi à un petit jardin et, en partie, à la rue appelée la rue Noire ou des Chèvres[2] . Le dit bail à cens et sous-fief ainsi fait à la charge par le dit sieur de Mazerat et les siens, de payer et servir annuellement au dit seigneur de Lavie et en cette ville, à chaque fête de Noël, un cens et rente directe et solidaire de cinq sous monoye de cours de ce jour, de deux sous d'acapte à chaque mutation de seigneur et de tenancier, et en outre pour la somme de dix mille livres de deniers d'entrée, laquelle le dit sieur de Mazerat a tout présentement et réellement payée... Et comme le dit château et dépendances, ainsi que l'emplacement et masures de la dite grange, faisoient partie intégrale et foncière du fief des Poitevins ou Peytavis, relevant à hommage de la baronie et seigneurie de Nontron, dont il est distinct et séparé, je déclare pour le dit seigneur de Lavie investir le dit sieur de Mazerat dans les fonds à lui inféodés et lui faire grâce et remise de tous autres et plus amples droits d'investiture ».

Cet acte, fait en double et sous-seing privé, ne fut déposé que le 30 mai 1793 par Mme veuve Mazerat, au rang des minutes de Me Grolhier, notaire à Nontron.

Voilà pour ce qui est de l'intérieur du quartier du fort. Quant à l'enceinte, aux murs, aux fossés et aux portes, ils existent encore en majeure partie, bien qu'ils aient été, à partir du XVe siècle, l'objet d'empiétements successifs, d'après l'état des lieux et quelques-uns des documents de l'époque, et notamment ceux qui suivent :

«  En 1495, procès devant le juge de Nontron par le procureur du sire d'Albret contre aucuns particuliers voulant bastir maisons dans les fossés de la ville. »

En 1608, le seigneur de Nontron fit assigner François Dufaure de La Roderie, possesseur du fief des Peytavis, pour démolir un pavillon qu'il avait fait bâtir sur les murailles de la ville. .

« Du 1er octobre 1722, devant Danède, notaire, délaissement par M. de Launay, fondé de pouvoirs de M. le marquis de Pompadour, à M. du Basset, des fossés du château de Nontron. »

Enfin, et quant aux portes de Rascot et du Barri, la première doit avoir disparu vers le XVIIe siècle, car on n'en retrouve aucun vestige, et il n'est question, dans les actes de cette époque, que du pont en pierre, substitué au pont-levis du Barri, et sur lequel on passe encore pour aller de la Grand'Rue dans le quartier du Fort. Une de ces portes, cependant, existait encore, pour partie, en 1792 ; car, le 21 janvier de cette année, d'après le registre conservé à l'hôtel-de-ville, le conseil de la commune ordonna : « La réparation, et, à défaut, la démolition du portail par lequel on va à l'église de St-Etienne de la présente ville, qui menace d'une ruine prochaine... »

Et il constate que : « Cet objet est indivis entre Mme de La Ramière et M. de Fayole. »

Or, il résulterait de cette indivision qu'il s'agissait de la porte du Barri, placée entre le fief des Peytavis, acquis de M. de Lavie par M. de La Ramière, et la maison noble d'Esport, appartenant à Mme de Fayolle, née Dubarry, porte dont on ne parlait plus, étant hors de service, et son pont-levis ayant été remplacé par le pont en pierre.

Telle fut, à la fin du XVIIIe siècle, la situation topographique de nos deux premiers centres d'habitations, qui eurent St-Etienne pour église paroissiale, et pour cimetière le lieu même où se trouve aujourd'hui la place de la Cahue, ainsi que nous avons pu le constater il y a une vingtaine d'années, à l'occasion de la construction d'égouts dont les fouilles mirent à découvert, au milieu de cette place, de nombreuses et très anciennes sépultures.

Il résulte également de ce qui précède et de ce qui va suivre que si la ville de Nontron a eu pour berceau une forteresse, elle a dû aussi à des établissements religieux ses développements successifs, et ce dès le commencement du IXe siècle. Passons donc à ces autres centres de population.

Troisième groupe.

Après que les moines de Charroux eurent complété et clos le castrum de Nontron, qui leur avait été donné en 785, leur premier soin fut de fonder, en 801 et à l'angle sud-est du cimetière, un couvent de Bénédictins avec son moustier, dédié au Saint-Sauveur; puis, au nord du quadrilatère, une aumônerie ou Hôtel-Dieu, avec sa chapelle et une halle; le tout éloigné de 200 mètres environ du castrum. A la suite de ces établissements, quelques constructions s'élevèrent des deux côtés de la voie conduisant de ce castrum au couvent, à l'aumônerie et à la halle, autour desquels s'en créèrent d'autres ; de telle sorte qu'il se forma, du IXe au XIIe siècle, une troisième agglomération, plus étendue que les deux autres et contenant le Barri, ou faubourg, s'étendant de la moitié du Grand-Puy-de-Bayet, à l'ouest, et à partir de la rue des Fossés et de l'escalier actuel jusqu'au cimetière ; 2° la place de la Cahue, qui succéda à ce cimetière lors de la création de celui de Saint-Mathurin, avec prolongement sur une voie partant de l'angle nord-est, et un autre jusque vers le milieu du Petit-Puy-de-Bayet, débouchant à l'angle ouest du quadrilatère jusqu'à la rue dite rue des Fossés. Le tout était clos et défendu : à l'ouest, par des murs élevés, bordés par un fossé, continuant celui du castrum, et par deux portes aux deux Puy-de-Bayet. Au sud-est, les maisons étaient défendues par des jardins, dont les terrasses élevées formaient des remparts dominant le petit vallon du Bandiat et qui existent encore. Enfin, cette partie de la ville était également close : au sud-ouest par le fossé du castrum et la porte du Barri ; et, au nord, par la porte Limousine. C'est ce qui va résulter des documents suivants :

 

1° Barri, ou faubourg, aujourd'hui Grand'rue :

« En 1313, hommage par Petrus Tisonis, miles, à Yctier de Maignac, miles, de divers biens, et sur une treille assise près du pont du Barri de Nontron. Die Veneris in exaltatione an° Domi trecent° decimo tertio. » (Doat.)

 

1335. Vente par Guillaume de Grave, à Itier de Magnac, de deux deniers de rente sur une maison sise dans la rue du Barri de Nontron, joignant deux autres maisons :

«Nos judex vicecomitatus Lemovicensis, notum facimus universis quod coram jurato et testibus infrascriptis personnaliter constitutis Guillelmo de Grava, domicello pro se... Et Iterio de Manhaco, milite, pro se... predictus Guillelmus... vendidit... eidem militi... pretio trigenta et duorum solidorum monete currentis... quos tringenta et duos solidos ipsius venditor recognovit recepisse ab eidem emptore duos denarios censuales cum directo et fundali dominio quos duos denarios... venditor asservit se habere annuis singulis in et super domum et solare que quondam fuerunt Gerardi et Johannis Aymerici sitam apud Nontronium in carveria de Bario, inter domum que quondam fuit Gerardi Vigerii, domicelli defuncti, ex parte una, et domum Johannis Gasqueti ex altera ... Datum die Martis post festum beate Mathie apostoli. Anno Domini m° ccc° xxx° quinto... .(Arch. de Pau.)

Du 12 mars 1353, affièvement d'une maison dans le faubourg de Nontron :

 

« Nous, Jehan de Montbourchier, chevalier, seneschal et gouverneur du vicomte de Lymoges pour le duc de Bretagne, vicomte de Lymoges... Considérant que par longtemps avoit este en la main de monseigneur une maison size au barriz de Nontron, qui jadis fut de Guy de Montfrebouffier, et size entre la meson Guy d'Aye d'une part, et la meson Penol de Beaudeans, daultre, laquelle meson souleit tenu au nom de monseigneur Pierre Colobel, lors prevost de Nontron, combien la dite meson se passiet, tant en fonz, cortilh, murailles et autres ediffices et exues que en toutes autres chouses sans que monseigneur en eust prouffit, combien que par longtemps eust ete bani et puplie... se il y avoit aucuns qui vouleissent aucunes choses donner en celle meson et nulz ne se fussent offertz a donner en plus de vingt escuz pour entrailles et cinq souz de rente... Et nous, au nom de monseigneur, fussions tenus a Geoffroy dou Boays en grand some par raison de la garde dou chasteau de Nontron dou temps passe, avons baille... perpétuel héritage... au dict Geoffroy la dicte meson, ensemble le fonz, propriété, ediffices, exues et le cortilh... en par luy paiant cinq soulz de annuel au terme de la St-Michiel, et deux deniers de acaptes en mutation de seignor... Donné le... » (Archives des Basses-Pyrénées.)

« En 1388, arrentement par Alain de Monterfils, receveur du vicomte de Limoges, à maistre Pierre de Lestrade, chapellain de Saint-Priest (Petro de Lastrada, capellano sancti Perreti), d'une maison sise au faubourg de Nontron, pour 24 sols outre la rente ancienne. Die Martis post Oculi mei an° Domini m° trecentesimo octogesimo octavo. » (Doat.)

 

«  Du 23e de febvrier 1535, reconnaissance de six sols de rente en faveur de Jehan Pastoureau, marchand, habitant de la dite ville de Nontron, tant pour luy que pour et au nom de honorable homme maistre François Pastoureau, prestre abbé de Blanzac... sur une maison et jardin estant darnier icelle, assise en la présent ville, confrontant par le devant avecque la rue publique par laquelle lon va du pont du Barry au grand cimetière de Sainct-Mathurin de Nontron. » Signé : Texier, notaire.

 

Il résulte aussi de ce dernier titre que le nouveau quartier avait été construit bien avant le XVe siècle, ce qui avait nécessité ailleurs le transfert du premier cimetière, dont nous avons parlé au cimetière Saint-Mathurin, dont nous reparlerons.

«  Du 3 avril 1583, reconnaissance de quinze deniers de rente en faveur de François de Conan, escuyer, sur une maison assise en la ville de Nontron, confrontant par le devant avec la grande rue appelée de la Cahue. Signé : Fonreau, notaire. »

« Du 11 juillet 1583, devant Agard, notaire, hommage au roy de Navarre, par maistre Guilhaume Faure, escuyer, a raison dune maison seize en la grande ruhe, confronte avec la maison de maistre Jehan de La-brousse, juge des paroisses distraictes... avec la dicte ruhe par le devant et par le darnier aux fossés de la dicte ville, ensemble un jardin dernier la dicte maison, sous les fossés. »

« Du 15 novembre 1610, reconnaissance en faveur de François de Conan, de quinze deniers de rente sur une maison dans la grande me, sur main droite en allant du chasteau a la Cahiol... consentie par M. Guilhaume Ribadeau, avocat en la cour du Parlement de Bordeaux, devant Faure, notaire. »

Du 25 septembre 1775, devant Labat, notaire, reconnaissance de quinze deniers de rente en faveur de messire Alexis de Conan, chevalier, sur une maison, cour, écurie ou grange, se tenant dans la grande rue, confrontant du levant à un jardin, du couchant à la dite grande rue qui va de l'église de Saint-Sauveur à celle de Saint-Etienne, sur la gauche... »

Place de la Cahue. - Cette place a dû évidemment son nom à l'existence de la halle, construite par les moines de Charroux sur l'emplacement où s'élève l'hôtel-de-ville actuel ; car, dit le dictionnaire de Bescherelle, le mot cohue, tiré du celte, signifie halle, marché, lieu où se tenaient les plaids et les autres réunions publiques. Ce fut, autrefois, le forum nontronnais où se traitaient et se délibéraient toutes les affaires concernant la communauté, ainsi que nous le constaterons plus loin. En attendant, voici quelques autres extraits d'actes concernant cette place et la porte Limousine qui la clôturait au nord.

Du 24 août 1474 :

« Nos custos sigilli... Prudente viro Petro Pastorelli, burgensi ville Nontronij... non cohactus, non seductus ... assensavit et arrentavit, cessit et diraisit perpetuo et ad amphytheosim perpetuant... Johanne Peyrot... videlicet quosdam parietes olim domus sitam in suburbiis ville predicte Nontronij et ante Cahuam dicti suburbu prout confrontati cum parietibus Pasqueti de Born ex una parte, et cum parietibus olim Fentif Binem ex parte alia, et cum muralhia dicti suburbii ex parte altera, et cum placea publica qua est ante dictam Cahuam ex parte reliqua... Sub et pro anno redditu seu annali pensione quadragentis solidis monete currente... Datum in ville Nontronij... L. de Charlangi, R ».

Du 7 avril 1500 :

« Nos custos... Johannes Baret, non cohactus, non seductus... Vendidit... prudente viro Johanne Pastourelli junior mercatore ville Nontronij... Videlicet quinque decim solidos renduales... quos ipse Baret venditor a dicto Pastourelli emptore assedit et assignavit perpetuo et anno quolibet in et super omnibus et singulis bonis... et specialiter et expresse super unam domum habitationis sitam in ville Nontronij et prope portalis Lemovisini tenente cum hospitali de Nontronio. Item ulterius super quodam aliam domum sitam prope dicti portalis tenente cum domo Janeti de La Colarie et cum domo Petri Dantriaut, quodam carreolo intermedio... Datum et actum Nontronio... P. de Damailhaco, R. »

 

Tel était, vers la fin du XIIe siècle, l'état des trois premiers groupes de la ville de Nontron lorsqu'elle fut prise d'assaut et saccagée, en 1191 et 1199, par les troupes anglaises de Richard Cœur-de-Lion, guerroyant contre le vicomte de Limoges, auquel les moines de Charroux, trop faibles pour défendre cette ville, en avaient fait, depuis peu, cession sous la réserve de l'hommage. De 1200 à 1208, le vicomte de Limoges en releva les fortifications et y annexa le quatrième groupe suivant, composé d'habitations groupées sur les côtés et au chevet de l'église de St-Sauveur.

Quatrième groupe.

Au côté sud de l'église de St-Sauveur et au-dessous des dépendances du couvent, existait et existe encore une rue tortueuse et étroite, quoique élargie sur certains points, partant de la Grand'Rue et aboutissant, après un parcours de cinquante mètres environ, au petit cimetière contournant le chevet de ladite église. La rue y était barrée par une porte dont les derniers vestiges ont disparu en 1883, par suite du recul d'une maison formant un angle rentrant pouvant servir d'abri en cas d'attaque. Elle était, en outre, protégée, d'un côté, par ses jardins en terrasses dominant encore le vallon du Bandiat, et de l'autre côté par les constructions et les jardins, clos de murs, du couvent et de cinq maisons de la Grand'Rue, et aussi par la tour du clocher de l'église.

Cette rue, composée primitivement de douze habitations, portait autrefois le nom de rue Chantemiolo, ou du Cimetière, ainsi qu'il résulte de divers actes de rente, savoir :

« Des 21, 24 et 27 février 1509, devant Nicoine, notaire, reconnaissances de rentes en faveur de M. de Colonges, baron de Nontron, sur trois maisons et un jardin dans la rue Chantemiolot ou du Cimetière ».

« Du 25 juin 1542, acte d'accensement consenti par le sieur Vieillemard, marchand, en faveur de Pierre Bayet, de vingt sols de rente sur une maison rue Chantemiolo ».

« Du 24 janvier 1796, devant Boyer, notaire, vente à Pierre Grolhier-Desbrousses, d'une partie de grange, située rue Chantemiaule de Nontron, confrontant ….  à la rue sur main gauche, en allant à une ci-devant chapelle appelée Notre-Dame-des-Clercs. »

 

Plus tard, on lui donna le nom de rue des Cordiers, parce qu'il y existait une fabrique de cordes. Aujourd'hui, on la confond le plus souvent avec la rue Notre-Dame, dont elle n'est que le prolongement jusqu'à la Grand'Rue.

2° Rue des Theveneix, débouchant à l'angle nord-est de la place de la Cahue, formant équerre et angle droit par le milieu, d'où elle descend au-delà du chevet de ladite église et du petit cimetière jusqu'à la rue Saint-Sauveur, d'après les actes suivants :

« Du 6 mai 1496, reconnaissance de rente en faveur d'Alzias Flamen, seigneur de Romain et de Saint-Laurent, sur une maison rue des Theveneix. Signé Podio Renerii. ,

« Des 25 et 27 février 1519, devant Nicoine, notaire, reconnaissances en faveur de M. de Colonges, sur deux maisons rue des Thevenets. »

« Du 24 juin 1532, devant Texier, notaire, reconnaissance en faveur de Jehan Pastoureau, marchand de Nontron, tant pour luy que pour vénérable François Pastoureau, prestre, abbé de Blanzac, son frère, de troys sols quatre deniers tournois, de cens et rente annuelle et perpétuelle.... pour raison et cause d'une maison assise en la ville de Nontron et en la rue appelée deux Esteveneix.... »

« Du 24 avril 1681, devant Agard, reconnaissance en faveur de M, de Pompadour, seigneur de Nontron, sur une maison rue des Thevenets. »

« Du 31 décembre 1775, devant Labat, notaire, reconnaissance de dix sous de rente, en faveur de M. Alexis de Conan, par Jean Thevenet, cordonnier, sur une maison dans la rue des Estheveneix, conformément à la reconnaissance faite le 12 juin 1584, en faveur de maître Thibeau Pastoureau, seigneur de Lagrange, renouvellant elle-même celle ci-dessus du 24 juin 1532.... »

Cette dernière maison est, d'après les confrontations, celle qui, placée à l'un des côtés du sommet de l'angle, fait face à la partie de rue descendant vers celle de Saint-Sauveur.

Le nom de Theveneix lui fut probablement donné par la famille qui y fit élever la première construction, ou qui en fournit le terrain, et de laquelle descendait, peut-être, le Jean Thevenet de 1775, dont la famille n'a disparu de Nontron que vers 1830. Mais pourquoi avait-on, au commencement de ce siècle, remplacé l'ancien nom par celui de Rue-Brune ? Parce que, sans doute, cette rue étant, dans une partie, la plus étroite de celles de la ville, elle est la moins visitée par le soleil et la moins éclairée ?

 

3° Rue Saint-Sauveur, indiquée sous ce nom dans les actes des XVIe et XVIIIe siècles; mais, auparavant, sous celui de chemin ou rue du Cimetière avec lequel elle se confondait. Elle faisait suite à celle de Chantemiolo jusqu'à la rue des Theveneix et formait ainsi un quadrilatère, clos par une porte, dont une pierre du cintre se voit encore dans le mur de façade de la deuxième maison à gauche, en allant à 1’église Notre-Dame. L'autre partie de ce cintre s'appuyait au coin d'une maison en saillie, formant un angle de retraite, et reconstruite en recul il y a quelques années.

La rue Saint-Sauveur est d'ailleurs, également confondue avec celle de Notre-Dame, venue plus tard et dont nous reparlerons, car, pour suivre l'ordre chronologique, force nous est de passer de la ville-haute à la basse-ville, construite du XIIe au XVe siècle, à l'abri et sous les fortifications de la première.

Cinquième groupe.

 

Ce groupe, en remontant du sud au nord, comprend : 1° La rue Basse-du-Rieu ; 2° la place du Marchadieu ou du Canton ; 3° la rue du Peyras ; 4° la rue du Rieu prolongée ou des Arceaux; 5° et le Grand-Puy-de-Bayet.

Pendant que la haute-ville se développait sur le sommet de la colline et pendant le temps de paix relative qui régna du XIIIe au XIVe siècle, avant la guerre de Cent ans, commencée en 1337, des constructions s'élevèrent dans la gorge à l'ouest, sur les bords du ruisseau, au-dessous et sous la protection des remparts de la forteresse, du Bragier et du castrum, ce qui forma la rue Basse-du-Rieu. Le côté droit dut être construit le premier ; mais la création, en 1267, d'un couvent de Cordeliers, établi au sommet de la colline, de l'autre côté de la gorge, donna une impulsion plus grande à ces constructions. Le côté gauche de la rue du Rieu fut garni de maisons. La place triangulaire du Marchadieu fut créée ainsi que la rue partant du sommet et conduisant au couvent; la prolongation de la rue du Rieu fut commencée, et le tout fut relié à la haute ville par la prolongation de la rue du Grand-Puy-de-Bayet à partir du fossé jusqu'au Marchadieu. Cette partie de la basse-ville fut enfin close : au midi, par le portail de Gouffard ou du Verrier, vers les deux tiers de la rue actuelle, à 150 mètres environ au-dessous du sentier débouchant du fossé nord de la forteresse ; à l'ouest et aux Peyras, par le portail des Cordeliers ; au nord, par le portail des Etanches, à 30 mètres environ avant la rue du Petit-Puy-de-Bayet. Quant aux autres défenses, ce groupe était, comme nous l'avons dit, protégé à l'est par les fortifications de la haute-ville, et, à l'ouest, par des basses-cours, closes de murs, larges et profondes, dans lesquelles il devait être périlleux de descendre pour pénétrer dans les réduits obscurs du rez-de-chaussée. C'est ce qui résulte de l'état des lieux et des documents suivants :

1° Bue Basse-du-Rieu, sous les murs de la forteresse et du castrum.

Le premier faubourg de Nontron ayant été englobé dans la haute-ville, la rue Basse-du-Rieu fut d'abord qualifiée de Barri et en portait encore le nom au XVe siècle, ainsi :

 

« Du 15 janvier 1430, échange faict entre Eymeric Patoureau et Pierre Patoureau, consorts, et Giraud Esport, par lequel lesdicts Patoureau ont donné au dict Esport certains jardins appelez au territoire de Nontron confrontant.... et du coste bas au chemin publiq qu'on va vers la font de Saint-Pierre, mouvant de la directite du prieur de Nontron ; et en contre échange ledict Esport a donne auxdicts Pastoureau la moytie dune maison seize au Barry, fort de Nontron... confronte.... par devant, au chemin publiq quon va de la porte du Barry vers la maison de Jean Patoureau et de par derrière a certains centiers allant à la maison des Larty.... De la fondalite du seigneur de la Beytour, sous la rente de dix-huit deniers. Signé : de Poyalibus. »

« Du 23 mai 1438, échange faict entre Etienne Dupuy et Jean Ribadeau, par lequel Dupuy donne audict Ribadeau certaines maisons scises au Barry, fort de Nontron, confrontant.... au chemin publiq qui sen va de la porte de Rascot vers le treuil de Pierre et Aymeric Patoureau, et du cote de derrière au mur dudict lieu de Nontron, de la fondalite du seigneur vicomte de Limoges, a quatre deniers de rente. En contre échange, ledict Ribadeau donne audict Dupuy certaine maison seize a Nontron, confrontant.... au chemin publiq quon va de la maison de Jean Ribadeau vers la porte du Barry, de la mouvance du seigneur de la Beytour, sous la rente de deux deniers. Signé : de Poyalibus. »

« Du 22 septembre 1775, devant Laba, notaire, reconnaissance par la famille Ribadeau en faveur de messire Alexis de Conan, sur les maisons ci-dessus, savoir : Deux petites maisons attenantes lune et lautre seizes et situées dans la présente ville de Nontron et dans la rue appelée du Rieu, ensemble un petit jardin par le derrière, lesquelles maisons se confrontent du coté du levant a la rue par laquelle l'on va de la place appelée Canton a Saint-Martial-de-Valette sur main droite, a deux autres maisons, et au couchant au pré des pères Cordeliers... sous la rente de vingt deniers.... conformément aux anciens titres.... l'un du 15 janvier 1430 portant le devoir de 18 deniers de renie, et lautre du 23 may 1438 portant deux deniers de rente dus au seigneur de la Beylour, de qui le seigneur comte de Conan a droit et cause. .. »

 

A la fin du XVe siècle, le faubourg fait place à la rue du Rieu Merdanson, qualification peu poétique, employée dès le XIIIe siècle, d'après le procès-verbal de la séance du 29 août 1882 de la Société archéologique et historique du Limousin, où nous lisons, à propos de déblais exécutés dans la ville de Limoges, et la découverte d'un égoût à ciel ouvert :

 

« Après avoir élé le ruisseau du Joumard, il devint le Merdanson. Ce nom est en usage dès la fin du XIIIe siècle ou les premières années du XIVe, et la dénomination est donnée dans d'autres villes à des égouts établis dans des conditions analogues. .

Du 26 mai 1500 :

« Nos custos … personnaliter constitutis probo viro Helio de La Roussie ville Nontronij …. Et prudente Johanne Pastorelli mercatore de Nontronio …. predictus de La Roussie vendidit, cessit.... ejusdem Pastourelli.... » Huit sous de rente pour le prix de six livres payées au vendeur « tam in auro quam in moneta alba bene numerata... » pour garantie de quoi le vendeur hypothèque tous ses biens présents et à venir : « Et expresse sub suis duobus domibus et viridis adjunctis siti in ville Nontronij et in rua rivi de Merdanson, confrontati a parte ante cum dicta rua et a parte retro cum fossato predicte ville Nontronij ab uno latere cum domo Merigoti de La Roussie et ab alio latere cum domo Johannis de La Boussarie....; Datum et actum Nontronij, die Veneris vicesima sexta mensis maij. an° Di M° quinquagesimo... De Domailhaco R... »

Du 28 juin 1505:

«  Prudente viro Johanne Pastourelli junior... assensavit.... Petro de Massalabe chapellario.... quondam domum sitam in ville Nontronij et in rua rivi de Merdanson confrontatam a parte ante cum dicta rua a parte retro cum fossato ville ab uno latere cum quodam pleyduram Johannis Mosnier cordonario et ab alio latere cum pertinentiis de Bernardi de La Posge.... sub censu decim solidos.... Signé : P. de Domailhaco. »

Du 3 juin 1568, devant Laud, notaire, acte récognitif de huit deniers de rente consentie :

« En faveur de Geauffroys Dubarry, escuier, seigneur de Puycheny et d'Eyport, par Jehan Tamisier, bouchier...., sur une maison seize en la ville de Nontron et en la rue basse dicelle appelée la rue du Rieu-Merdanson, par laquelle on vat de la porte Rascot a la Croix-Mercier et dillec au bourg de Saint-Martial-de-Valette, d'autre avec le portail du Verrier.... La dicte maison et vergier jouignant a icelle et par le dernier dicelle aregardant sur les murailhes de la dicte ville mouvant et pendant du fief noble d'Eyport.... »

 

Des années 1593, 22 janvier 1658 et 14 janvier 1753, reconnaissances successives de dix-neuf sols huit deniers de rentes, devant Mes de Monsalard, Mestayer et Boyer, notaires, consenties par divers en faveur des seigneurs de Montcheuil (Bertrand Audier, Armand d'Aydie et Jean-Jacques Beaupoil de Saint-Aulaire), ladite rente renouvelée devant Boyer, notaire, le 25 janvier 1776, en faveur de M. Moreau de Villejalet, dernier seigneur de Montcheuil par Léonarde Cahuet et Thomas Martin, son fils, sur :

« Une maison et jardin au derrière, situés dans la rue Basse-du-Rieux et joignant la porte du Verrier, anciennement appelée la porte de Gouffard, sy confronte.... par le devant à ladite rue qu'on va du canton audit portail du Verrier, par le derrière aux murs de la dite ville.... »

«Du 18 décembre 1598, devant Laud, notaire, reconnaissance de rente en faveur de M. de Beynac, seigneur de Lavallade, sur une maison à Nontron, rue du Rieu. »

« Du 21 mai 1614, devant Blois, notaire, reconnaissance en faveur de M. César de Réals, conseiller au présidial de Périgueux, sur une maison rue du Rieu. »

Du 12 décembre 1649, devant Peyrot, notaire, vente par Jean de Basset, avocat, d'une maison située en la rue Basse-du-Rieu et sise sur le ruisseau appelé le Merdanson, confrontant, par le devant, à ladite rue, par le haut, au pré des Cordeliers de Saint-François... »

«  Du 8 septembre 1664, devant Agard, notaire, vente à François Pastoureau, notaire royal, dune maison : « sise dans la ruhe Basse, par laquelle lon vat de la place du Canton au portail du Verrier.... »

« Du 1er mai 1671, échange de la maison ci dessus contre une autre maison avec grange derrière et jardin joignant le ruisseau appelé le Merdanson, le tout situé rue Basse appelée du Rieux, sur ledit ruisseau.... »

«  Du 13 mars 1740, devant Grolhier, notaire, vente par la veuve Agard à Elie Brandy : « d'une maison à Nontron rue du Merdanson, confrontant par le devant à ladite rue en descendant de la place du Canton vers le faubourg de Salamont sur main droite, sous la censive de Mme de Courcillon.... »

 

Du 29 février 1758, devant Boyer, notoire, reconnaissance par Jeanne Boyer à M. Jean-Charles de Lavie sur :

« Trois maisons situées à Nontron dans la rue Basse, confrontant du côté du couchant à ladite rue par laquelle lon vat de la place du Canton au faubourg de Salomon.... pour la première, argent deux sols six deniers de rente.... pour la seconde maison et petit jardin, argent six deniers, et pour la troisième et son jardin, argent trois deniers de même rente payable et portable annuellement au château ou hôtel dudit seigneur de Lavie, scis en ladite ville de Nontron, a chaque jour et teste de la Noël. En outre, le droit d'acapte à muance de seigneur, et de faire faire la garde une fois le mois seulement pour les deux premières maisons. Le tout ainsi et de même qu'il est porté par les anciennes baillettes et reconnaissance du dixième may 1583 et 31 janvier 1658, signées Agard et Vielhemard, notaires.... »

 

Place du Marchadieu ou du Canton. — Dont le premier nom est dû au marché qui se tenait autrefois dans ce lieu et où il fut maintenu, en partie, jusqu'en 1837, époque de la création au nord du champ de foire actuel. Le nom de Canton ne lui fut donné que vers le commencement du XVIe siècle, par suite de la réunion, sur cette place triangulaire, de la rue d'aux Peyras au sommet de l'angle ouest ; de la rue du Rieu-Merdanson, à l'angle sud-est; de la rue du Rieu prolongée, ou des Arceaux, à l'angle nord-est ; et de la rue du Grand-Puy-de-Bayet à l'est. Voici, par extraits, quelques titres à ce sujet :

Du 22 novembre 1487, assence par Jean Pastoureau jeune à Hélie de Pauillac, sur les ruines d'une maison sise à Nontron, dans le chemin qui du Marchadieu conduit à la fontaine Saint-Pierre :

«  Cum itinere quo itur de Mercadillo versus fontem sancti Petri. »

 

Du 28 février 1515, .devant Puyzillou, notaire, échange entre :

« Honorable personne maistre François et Jean Pastoureau frères, demeurant en la ville de Nontron.... et Jehan Colys.... Les dicts Pastoureau ont eschangé et délaissé audict Colys sçavoir : est une vigne au Mas de Laubart, confrontant avecque le chemyn par ou l'on va de la Croix du Peyrat vers le Marchedieu de Nontron.... »

 

Du 5 février 1530, devant Tessier, notaire, reconnaissance de trois sols de rente par Jean Bouyer, hoste, en faveur de :

«  Jean Pastoureau, marchand, tant pour luy que pour et au nom de vénérable personne François Pastoureau, prestre, abbé de Blanzac, sçavoir est une maison située en la ville de Nontron, confrontant,... par le devant avec la place publique appelée le Marchadieu… ».

Du 6 janvier 1532, reconnaissance de vingt deniers de rente en faveur des mêmes sur :

« Une vigne sise près le Treuil appelé de Mouny, laquelle se confronte avec le chemin quon va du Marchadieu de Nontron au Mas du Puy-de-Flori. »

 

Rue des Pères Cordeliers, en patois d'Aux Peyras, au couvent desquels elle conduisait.

Du 25 septembre 1740, devant Grolhier, notaire, verbal au requis de Jean Eyssandier, sur une maison de la rue communément appelée des Cordeliers.

Du 4 août 1742, même notaire, vente d'une maison dans la rue des Cordeliers, allant de la place du Canton au couvent.

Cette rue était, comme nous l'avons dit, fermée, à son extrémité, par un portail dit des Cordeliers.

Du 2 novembre 1717, devant Quilhat, notaire, vente par Antoine Fanty, sieur de Lescure, d'une terre aux environs de Nontron, appelée de Laubard, confrontant au chemin qui va de ladite ville par le portail des Cordeliers au lieu des Granges.

Du 25 janvier 1776, devant Boyer, notaire, reconnaissance de deux sols six deniers de rente :

 

« En faveur de Mme Marie de Marcillac, veuve de messire Thibaud Moreau, chevalier, seigneur de Villejalet, Saint-Martial-de-Valette, baron de Montcheuil et autres places, habitant en sa maison noble de Saint-Martial-de-Valette, sur une pièce de vigne appelée à la Croix-de-Toupriant.... confrontant au chemin qui va du portail des Cordeliers au bourg de Saint-Martial… »

 

Rue du Grand-Puy-de-Bayet. - Nous avons déjà dit que la moitié environ de cette rue avait été comprise dans la ville-haute ou vieille-ville ; mais lorsque de cette ville le marché fut transféré au Marchadieu , dont nous venons de parler, la partie du Puy-de-Bayet, au-dessous des fossés, se revêtit de maisons, dont la dernière, adroite en débouchant, forma le coin de la rue des Etanches, ou du Rieu prolongée, ainsi qu'il résulte d'un acte de 1487, d'après lequel cette dernière rue n'était qu'un chemin à cette époque.

Du 7 novembre 1487, vente par Jean de Paulhac à Jean Pastoureau de la quatrième partie d'un emplacement dans la rue de Bayet :

« Discreto viro Johanne de Paulhac, presbitero loci de Ribeyrolas, parochie Sancti Martini picti.... vendidit.... discreto viro Johanne Pastourelli junior, mercator de Nontronii.... Videlicet quartem partem quande platee seu sole.... sitam in rua de Bayet, confrontatam cum rua predicta ab ante et de dicta rua tenendendo et vertendo versus fontem Sancti Petri et ab alia parte cum platea Geraldi de Paulhiac et a parte retro cum Bernardo de Mondinaud quodo charreyra inter medio... Sub censu seu annali pensionne tres obolas monete currente domino priore de Nontronio solvendi in quolibet festo nativitatis domini Jesus Christi et cum pretio seu summa duodecim libras monete currente qua summa dictus Johanne Pastourelli.... realisit, tradidit tam in bono auro quam in bona moneta alba.... Datum et actum in villa de Nontronio presentibus ibidem et audienlibus domino Johanne de Chabas, presbitero. et Jehan Yon, chapellario, testibus ... Die septima mensis novembris an° di m° quadragesimo octuogesimo septimo. Signé : Deyse R. »

 

Du 22 novembre 1487, bail à cens par ledit Pastoureau à Helie de Paulhac, de l'immeuble acquis par l'acte qui précède et y désigné ainsi qu'il suit :

 

« Videlicet quartem partem quodam parietum olim domum situm in vetere ville Nontronii in carreria indicata deu Puey de Bayet, quam acquisivit de Johanne de Paulhaco, presbitero... confrontatam a parte ante cum predicta carreria et a parte latere cum itinere quo itur de Mercadillo ville predicte versus fontem sancti Petri et ab alio latere cum domo magistri Petri de Podio Reynerii et a parte retro cura viridario Johannis de Mondinaud quodam carreriolo inter duo.... Sub et pro anno redditu seu annali pentione quindecim solidos... et una gallina.... Probis viris Stephano de Rousseau et Martiale Robini habitatores ville Nontronii testibus... Signé Radulphi R. »

 

Ce dernier acte fut suivi de deux autres reconnaissances, la première du 3 mai 1582, devant Lenoble, notaire, consentie en faveur de :

« Maistre Thibaud Pastoureau, lieutenant au dict Nontron, y habitant, par Jehan Sauvaige, maistre cuysinier, habitant en ladite ville. — La seconde du 27 décembre 1775, reçue Laba, notaire, consentie à messire Alexis de Conan sur : « Une maison sise dans la rue appelée au Grand-Puy-de-Bayet, faisant coin à autre rue appelée au Merdanson, confrontant du levant à un emplacement de maison actuellement en basse-cour appartenant à M. de Mazerat, avocat, du midy à la rue dudit Grand-Puy-de-Bayet, du couchant à la rue par laquelle l'on va de la place du Canton aux Etanches sur main droite et du nord à antre maison. »

 

Du 29 décembre 1562, devant Thevenet, notaire, vente audit M. Thibaud Pastoureau par :

«  Hélie Robin, marchand, demeurant en la ville de Cougnac, fils a feu maistre François Robin, en son vivant juge-général pour le roy de Navarre aux comte de Périgort et viscomte de Limoges, de trois deniers de rente foncière sur une maison assise en la presant ville de Nontron et sur la rue du Puy-de-Bayet, confrontant une autre maison appartenant a Binle de Vaulx et avec la maison de maistre Jehan Texier, sergent royal, pour le prix et somme de douze escuts, réellement bailhes et payes par ledict Pastoureau au dict Robin, par huit escuts dor et le restant en testons et autre bonne monnaye ayant courts.... »

Ces maisons et emplacements étaient situés au-dessous du fossé de la ville-haute et à droite en descendant au Marchadieu ou Canton. Le côté gauche, alors sans construction, se terminait en pente raide jusqu'à la place du Fort et la maison forte d'Espor qui dominait et défendait le Marchadieu et l'entrée des rues adjacentes, parmi lesquelles se trouvait la rue des Etanches dont nous allons parler.

Rue du Rieu prolongée, puis des Etanches et, plus tard, des Arceaux : Nous avons déjà vu, dans l'acte du 22 novembre 1487, que cette rue n'était alors qu'un chemin conduisant à la fontaine Saint-Pierre, cum itinere quo itur de Mercadillo versus fontem Sancti Petri ; laquelle fontaine existe encore dans un ancien chemin, à quatre cents mètres environ à partir de la place du Canton, et forme la source principale du ruisseau Merdanson. Mais, en 1514, ce chemin est qualifié de rue publique, ainsi qu'il suit :

Du 9 janvier 1514, devant Tessier, notaire :

« Etablissement d'une rente annuelle et perpétuelle de vingt sols faille par Laurent Fantif, de la ville de Nontron, en faveur de honneste femme Manette Régis, veuve de Jean Pastoureau jeune, dit Capduc, lorsqu'il vivoit, marchand de ladite ville, légitime administratrice de François, Jean et Estienne Pastoureau leurs fils, sur la maison dudit Fantif, sittuee dans la rue publique qui vat du Marchedieu de Nontron a la fontaine Saint-Pierre sur le devant, et par le derrière avec les fosses de ladite ville et avec la maison de Eymery de Charlange, et avec la maison de François de Pauillac. Domum sitam in rua publica qua itur de Mercadillo de Nontronio ad fontem Sancti Petri, a parte ante et a parte retro cum fossati ville de Nontronij.... »

Du 25 avril 1747, devant Petit de Cheyllac, notaire, reconnaissance de quatre deniers de rente, consentie en faveur de M. Louis-Thomas de Conan, par la veuve de François Bosselut, sur :

 

« Une maison haut et bas avec un jardin par le dernier, située dans la présente ville, rue du Rieu, confrontant a la ditte rue en allant du Canton aux Etanches sur main droite, par cotté la maison et coudert de Germain Bosselut, sieur de La Borie, par autre cotté, aux mazures et jardin d'Antoine Delapouge, et par le dernier aux fossés de la ditte ville.... conformément a la reconnaissance du 31 juin 1614, reçue Fonreau, notaire.... »

 

Du 20 septembre 1775, devant Labat, notaire, reconnaissance de quatre deniers de rente consentie par Pierre Ratineau en faveur de M. Alexis de Conan sur :

« Une petite maison avec un petit jardin par le derrière, située sur la rue du Rieu autrement Merdanson, laquelle se confronte du cotté du levant aux fossés de la ville, du midy a autre maison dudit Ratineau, du couchant a la rue par laquelle Ion va de la place du Canton aux Etanches sur main droite, et du nord, au jardin où était jadis une maison appartenant à M. Labrousse de Bosfrand.... »

 

Il résulte donc, des titres qui précèdent, que le côté droit de cette rue fut construit au XVe siècle. Le côté gauche nous parait l'avoir été plus tard, bien que Candale, qui s'empara de Nontron en 1488, y eut, d'après la tradition, fait construire, quelque temps après, une maison qui existe encore et dont la façade est ornée de sculptures de l'époque de la Renaissance. — Dans l'une des chambres de cette maison se trouve aussi, sculptée en saillie, au milieu de la cheminée, une tête en pierre que l'on dit être le portrait dudit Candale.

Enfin, cette rue était close, à son extrémité nord, à environ vingt mètres avant le Petit-Puy-de-Bayet, et à l'angle d'une partie de la maison de Candale, faisant saillie sur ce point, par une porte dite Portail-des-Etanches, d'après un acte du 22 janvier 1587, reçu Fonreau, notaire, portant vente : « D'une maison au Portail-des-Etanches, relevant de M. Guillaume Faure, sieur de La Mothe, seigneur de Nontron. »

Cette rue tira son nom : Des Etanches, de barrages faits sur le ruisseau pour le service des tanneries ; et, lorsqu'au XVIIIe siècle, ce ruisseau fut couvert par des voûtes en pierre, on lui substitua celui : Des Arceaux.

Pendant que la ville basse se complétait ainsi, la ville haute se développait également, vers la même époque, par le prolongement, à l'est, du chemin conduisant au grand cimetière Saint-Mathurin, ce qui forma la rue dite du Cimetière, et, plus tard, de Notre-Dame, dont nous allons parler.

Sixième groupe.

Rue du Cimetière ou de Notre-Dame.- Qualifiée encore de chemin vers la fin du XVe siècle, d'après l'acte suivant, portant vente à Dauphin Pastoureau, par les conjoints Mautrot, de treize sous de rente sur un jardin dans l'ancienne ville, confrontant avec le chemin allant de Nontron vers Saint-Mathurin.

Du 10 décembre 1479 :

« Honestis viri Johanne Mautrot dictus Bolz, et Margarita de Rivalibus... Vendiderunt... prudente viro Delphino Pastourelli, mercatore de Nontronio, Videlicet tredecim solidos censuales.... in et super Colino Fantif, causa et ratione assense perpetue dicti Colini Fantif facte... viridarij siti in vetere ville de Nontronio confrontati cum itinere quo itur de Nontronio versus sanctum Mathurinum ex parte ante et cum viridario Petri Regis ex parte alia et cum viridario venditoris ex parte altera.... Signé : Podio Renerij-R. »

 

Mais, avant le XVIIe siècle, cette rue, qui continuait celles de Chantemiolot et de Saint-Sauveur, prend le nom de rue du Cimetière, ainsi qu'il résulte des actes suivants, où il est question de maisons construites bien antérieurement :

«  Du 8 juillet 1618, reçu Mercier, notaire, vente par Aron Roy à Léonard Roy, de deux sols six deniers de rente due par maître Charles Mondinaud, a cause dune cheneviere et plassage de maison près la rue du Simettiere. »

« Du 17 mai 1653, devant Fougière, notaire, reconnaissance de rente par François Arbonneau, en faveur de M. César deReals, sur une maison, jardin, cheneviere et pré au derrière, rue du Simettiere ».

« Du 20 mars 1638, devant Vielhemard, notaire en la ville de Nontron, et dans le chasteau du seigneur de la dite ville... Reconnaissance de douze deniers de rente consentie en faveur de messire Philibert-Hélie de Pompadour, seigneur de Nontron, par Pierre Rastineau, acquéreur de Mery Dudouble, maistre maréchal, sur une maison sise et située au Simintiere de cette ville, confrontant, d'un coste, au portail de la dite ville, appelé le Portal du Simintiere, et par le devant a la grande rue allant au dit Simentiere sur main droite et daultre au dit Simintiere... avec les droits dacaptement et de tailhe aux quatre cas acoustume et ainsi quil est contenu dans les antiennes bailhettes... »

 

Cette maison est l'avant-dernière à droite en allant à l'église Notre-Dame, alors contiguë au cimetière St-Mathurin, et il en résulte qu'avant le XVIIe siècle la rue était close sur ce point et construite en entier.

 

«  Du 7 mai 1676, devant Mazières, notaire, échange de deux maisons situées à Nontron, rue du Simintiere, entre MM. Pierre de Montozon et Charles Feuillade. La maison reçue par celui-ci, joint, est-il dit, par le derrière, au grand Simintiere. »

 

Du 19 juillet 1736, vente par M. Albert, curé de Nontron, d'une maison sise rue du Cimetière, ayant une porte sur le cimetière et joignant la maison de M. Feuillade.

Quelques années après, la rue prit définitivement le nom de rue Notre-Dame, parce qu'elle conduisait à l'église de ce nom. Nous disons définitivement, parce que, dans quelques actes antérieurs, on avait commencé à changer le premier nom, ainsi qu'il résulte d'un acte, reçu Basset, notaire, par lequel Vincent Perry consentait, en faveur de Mme Antoinette de Camain, épouse du seigneur de Lavie, une reconnaissance de rente sur une maison et un jardin, rue Mesdames, nom dérivé, sans doute, de la récente chapelle de Notre-Dame-des-Clercs et de l'ancien sanctuaire de Notre-Dame-de-Pitié dans le cimetière.

« Du 14 avril 1746, devant Grolhier, notaire, bail à ferme par Cholet à Joseph-André, brigadier de la maréchaussée de Nontron, d'une maison dans la rue Notre-Dame. »

Du 28 septembre 1772, vente de la maison, désignée dans l'acte de 1736, située, est-il dit, dans la rue Notre-Dame et joignant par derrière le cimetière Saint-Mathurin.

Enfin et dans un acte de 1779, on donne le nom de Portail Notre-Dame au portail dénommé du Simintiere dans l'acte ci-dessus de 1658. — Ce portail existait encore au commencement de ce siècle, mais il n'en reste plus aucun vestige.

Tel était l'état topographique de la ville forte vers la fin du XVe siècle, ainsi qu'il appert des documents ci-dessus et même de l'état actuel des lieux, le tout corroboré par un arrêt du Parlement de Bordeaux du 7 septembre 1500, rendu entre le baron de Mareuil, le baron de Nontron et le syndic de cette ville, au sujet d'un droit de péage réclamé par le premier des marchands de Nontron se rendant à Mareuil. Le syndic y énumère ainsi qu'il suit la situation de sa ville :

« Predictus Nontron major et principalis platea vicecomitatu Lemovicorum et majoris autoritatis et preheminencie quam platea que sit in dicto vicecomitatu texta et reputata ab omnii anno existerat et existabat... Verum in predicto Nontronio omnia insigno baronie ut hospitali magno constructionis pulchri et magni revenuti, plures magne ecclesie, conventus mandicancium, leprosaria cum sua ecclesia et cimmiterio existebant... »

Mais, à partir des dernières années du XVe siècle, jusqu'aux premières du XVIIe, la ville de Nontron s'étendit au-delà de son enceinte par la création de quatre faubourgs, dont nous allons parler, par ordre d'ancienneté.

 

Septième groupe.

 

Faubourg Salomon. - Construit au sud-ouest et à la suite de la rue Basse-du-Rieu, après la porte du Verrier, à l'abri de la forteresse et au-dessous des ruines du Bragier, d'après l'état actuel des lieux et les documents suivants :

« Du 2 novembre 1642, reconnaissance par Jean Sacreste, pelletier, a M. d'Aguesseau, sur une maison et cheneviere au faubourg Salomon ».

« Du 2 novembre 1642, autre reconnaissance à M. de Colonges sur une maison et cheneviere au faubourg Salomon. »

« Du 5 décembre 1661, devant François Pastoureau, notaire, vente par Guilhaume Ribadeau, maistre chirurgien, d'une maison sise et située dans le faubourg de Sallomon et près le portail du Verrier, avec un jardrin et un petit loppin de cheneviere par le dernier de la dicte maison... icelle maison estant sur main gauche, allant de la présent ville au bourg de Saint-Martial-de-Valette... Le dict jardrin et cheneviere confrontant par le haut dicelle cheneviere aux anciens murs du chasteau de la présent ville... »

« Du 8 mars 1738, devant de Saunier, notaire, reconnaissance de douze deniers de rente en faveur de dame Françoise Dubarry, marquise de Fayolle, sur une maison sise dans la rue Basse-du-Rieu de Merdanson, du dessoubs le portail du Verrier, confronte a la rue que lon vat du dit portail a la croix Mercier. »

« Du 1er septembre 1742, reçu Grolhier, notaire, vente d'une maison au faubourg de chez Salamont, confrontant au portail de la ville. »

« Du 29 février 1758, devant Boyer, notaire, reconnaissance en faveur de M. Jean-Charles de Lavie, seigneur baron de Nontron, sur trois maisons dans la rue Basse, confrontant du couchant a la dite rue par laquelle lon va de la place du canton au faubourg de Salomon, a raison de six sous et trois deniers de rente, et de faire faire la garde suivant baillette et reconnaissance des 10 mai 1583 et 31 janvier 1658. »

 

Faubourg des Oliers, plus tard Rue des Religieuses. — A la suite de la place de la Cahue, au nord et au-dessus de la porte Limousine. En 1741 et 1501, ce faubourg n'est qualifié que de chemin sur lequel s'établirent, à gauche en montant et avant 1528, des fabricants et marchands d'huile, d'où son nom des Oliers, remplacé au XVIIIe siècle par celui de faubourg des Religieuses, par suite de la construction, en 1625 et dans les vergers à droite, du couvent et de l'église des dames religieuses de Sainte-Claire. C'est ce qui ressort des actes suivants :

« Du 28 novembre 1471, reconnaissance consentie par Pierre Régis à François de La Porte ….. sur un vergier siltue en la paroisse de Nontron, confrontant au chemin public quon vat de la porte Limousine vers la croix de Lonne et au vergier du dit Pierre Régis et aux terres des hoirs de feu Janot de Laperonne, sous la rente de deux deniers. Reçu par Eymeric de Charlanges, notaire ».

 

Du 7 janvier 1501, vente par Emeri Espor, prêtre, Marguerite et Etienne Escousau, ses neveux, à Jean Pastoureau, jeune, dans la banlieue de Nontron, hors et près la porte Limousine, de la tierce partie d'un jardin, confrontant au susdit chemin :

« Honorabili viro domino Eymerico Esporij, presbitero, et Margarita et Stephano Escosaultz, fratribus et nepotibus ipsii domini... Vendiderunt.... prudente viro Johanne Pastourelli juniore, mercatore de Nontronio.... tertiam partem viridarii siti in suburbis de Nontronio et extra et prope portam Lemosini, confrontatam cum itinere quo itur de dicta porta Lemosini versus Auginhaco ex una parte et cum treilha heredibus Theobaldi et magistri Helio de Podiozillou ex alia. Et cum viridariis domini de Romaing et quibusdam viridario et prato Johannis Regis ex reliqua.... Signé : P. de Domailhaco. R. »

Mais, avant 1528, cette localité prend le nom des Oliers; ainsi :

Du 9 décembre 1528, arrentement par noble Jeanne Pastoureau, veuve Poisson, à Jean Arbonneau, de deux vignes au dit lieu des Oliers :

« Nobili et discreto viro magistro Ludovico de Puizillou in utroque jure baccaloreo helesimonario religioso helesimonarie de Nontronio et capellano de Messinhaco ville Nontronij habitatore et procuratore nobilie Johanne Pastoureau, vidue honorabilis et discreto viri magistri Malhurini Pissis, cum vivebat advocati in curia presidiale seneschali Petragorensi.... Assensavit perpetuo seu ad assensam et amphiteosim perpetuam tradidit... Prudente viro Johanne Arbonneau, mercatore de Nontronio... Videlicet duas playdaras adjunctas et continuas existantes treilhas et vinheas sitas et situatas supra portam Lemosini, ville Nontronij, et in loco vocato Aux Oliers confrontatas a parte ante cum itinere quo itur de La Cahua, ville Nontronij, versus Auginhacum a parte fundi cum viridario et treilhas Gerardi et domini magistri Leonardi Baleston, ab uno latere cum quasdam treilhas jam dicti et ab alio latere cum quadam playduram in treilhas de Helio Delabouffeuie, chapellario... sub redditu sexagenta septem solidorum et sex denarios renduales in quolibet festo domini N. J. Ch.... Signé : P. de Domailhaco. R. »

C'est sur ces terrains que fut construit, en 1625, le couvent des religieuses, et, à partir de cette époque, les deux dénominations furent alternativement employées.

 

« Du 20 novembre 1657, reconnaissance de rente sur maison, grange, pressoir, jardin et chenevière au faubourg des Religieuses de la ville de Nontron. »

« Du 20 février 1658, reconnaissance de rente sur maison et jardin au faubourg des Oliers, par Louis Rousseau, bourgeois, à M. de Porapadour. Signé Vieillemard, not. »

« Du 11 novembre 1698, saisie féodale au requis de messire Léonard-Hélie de Pompadour, marquis de Laurière, de maison, jardin et pré au faubourg des Oliers, acquis par Pierre Giroux d'Annet Félix, sieur des Oliers, faute de paiement des lods et ventes. »

« Du 7 août 1736, devant Grolhier, notaire, testament de Léonard Roy, Bieur du Bois de Gaumondière, habitant en sa maison noble du Peyrat, près de la ville de Nontron, et vente du 20 octobre 1742, par le même habitant au faubourg des Oliers, en sa maison noble du Peyrat, à Jean de Labrousse, de six livres de rente sur des maisons du dit faubourg. »

 

Cette maison noble du Peyrat était la première du faubourg, à droite, en montant vers le nord, entre la porte Limousine et les bâtiments du couvent. Elle existait encore en 1825, et se composait d'un rez-de-chaussée, d'un premier étage et d'un grenier surmonté d'une toiture à pignon élevé, couverte en tuiles plates et surmontée par deux grandes girouettes, placées plus tard sur le faîte de la maison, construite, vers cette époque , sur l'emplacement de la première.

« Du 10 août 1746, devant le même notaire, vente par Bonnamour à M. Labrousse du Bosfrand, d'immeubles dans le faubourg des Religieuses. »

« Du 30 avril 1746, même notaire , reconnaissance de trente sols de rente en faveur de M. Jean de Labrousse, sieur du Bosfrand, par Mathieu Gros, cordier, sur une maison et jardin au faubourg des Religieuses, autrement des Oliers, confrontant par le devant à la rue publique par laquelle lon va de la place de la Cahue à la croix de l'Homme et à Augignac, et d'un côté à l'église des dames religieuses de Sainte-Claire, sur l'emplacement de laquelle était autrefois la maison des héritiers Dézeimeris, une endronne entre deux, et avec l'enclos des dites dames, suivant autre reconnaissance du 25 janvier 1621.»

Cette maison Gros est la dernière, à droite, en montant vers le nord.

Quant à la porte Limousine, il en restait encore des vestiges en 1823, mais, par délibération du 8 septembre de cette année, le conseil municipal de Nontron ordonna la démolition de l'ancienne pile du portail de ville, rue du Nord, nom substitué au premier depuis la Révolution.

 

Faubourg des Etanches. - Au nord de la basse-ville, et faisant suite à la rue des Etanches ou des Arceaux, ce faubourg renfermait diverses tanneries avec barrages sur le ruisseau, d'où son nom des Etanches :

«Du 22 février 1671, devant Mazière, notaire, vente d'une maison dans la rue du Rieu, allant du faubourg des Etanches au Canton sur main droite. »

« Du 6 août 1725, devant Danède, notaire, reconnaissance de rente en faveur de M. Gabriel-Maurice de Lavie, sur une maison et jardin au faubourg des Etanches. »

« Du 18 mai 1750, reçu Boyer, notaire, autre reconnaissance en faveur de M. Faurien, sieur deMautrot, sur une maison et jardin au faubourg des Etanches. »

Ce faubourg, construit au-dessous et à l'abri du fossé et du mur d'enceinte de la place de la Cahue, à l'ouest, communiquait avec la ville-haute par le petit Puy-de-Bayet, coupé, vers le milieu, par une porte de ville, dont on voit encore quelques vestiges aux coins de deux maisons bordant la rue des Fossés, qui se prolonge parallèlement avec la Grand'Rue, à l'ouest, et relie les deux Puy-de-Bayet.

 

Faubourg de la Croizette. - A la suite de la rue du Cimetière ou de Notre-Dame, sur l'ancien chemin de Nontron à Limoges, ce faubourg a dû être construit, en majeure partie, du XVIe au XVIIe siècle, l'avant-dernière maison à droite, en descendant, portant, gravée au sommet de sa porte à plein cintre, la date de 1638. Voici, d'autre part, extraits de quelques actes antérieurs et postérieurs, où il en est fait mention :

 

« En 1613, devant Fonreau, notaire, vente consentie par Thibeau de Labrousse et Blanche Phélip, sa femme, habitant au faubourg de La Croizette. »

«  En 1637, devant de Basset, notaire, vente de maison et jardin, au faubourg de La Croizette, et d'une terre joignant la terre de Estienne Pecon, sieur de Balaran. »

«Du 12 décembre 1649, reçu Peyrot, notaire, vente à Mathurin Monmège, marchand, habitant au faubourg de la Croyzelte. »

« Du 22 février 1693, devant Quillac, notaire, reconnaissance de rente par Lazare Feuillade, en faveur de messire Georges de Beynat, seigneur baron de Lavallade, sur une vigne, au Mas de La Tarrière, près la ville, confrontant par le bas au grand chemin allant du faubourg de La Croizette au ruisseau de l'étang. »

 

Le nom de cette rue provient de l'existence d'une croix plantée à son extrémité, vers l'est, et devant laquelle on déposait les cercueils, en attendant la venue du clergé pour la levée du corps et son transfert à l'église et au cimetière.

Tels furent l'origine et les développements successifs de la ville de Nontron jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, sauf à les compléter, à la fin de cette étude, par l'indication des améliorations et agrandissements survenus depuis. Mais, en attendant et pour rester dans le passé, nous allons rechercher les divers événements et faits militaires dont cette ville fut le théâtre à cette époque et jeter ensuite un coup-d'œil sur ses anciennes institutions.

 

R. de Laugardière.

(A suivre.)

 

Source: Bulletin SHAP, tome XII (1885), pp.  412-447.

 

ESSAIS TOPOGRAPHIQUES,

historiques et biographiques sur l'arrondissement

de nontron (Suite).

 

commune de nontron (Suite).

 

§ II. — Faits de guerre.

Nous avons déjà dit, dans le chapitre relatif à la fondation et à la construction de Nontron, que cette ville fut, autrefois, murée, entourée de fossés et close par des portes ; ce qui, pour la partie haute, dut en rendre la prise difficile avant l'invention du canon et son emploi dans les sièges, c'est-à-dire jusques vers le milieu du XIVe siècle.

Le système de défense de Nontron était, d'ailleurs, complété, à l'intérieur, par des endronnes ou ruelles étroites, donnant accès d'un quartier dans un autre, et aussi de l'enceinte à l'extérieur. C'est ainsi que, d'après les titres déjà cités, et même d'après l'état actuel des lieux, il en existait deux dans le quartier du Fort, trois sur la place de la Cahue, quatre dans la rue Chantemiolo, trois dans la rue du Cimetière ou de Notre-Dame, et, enfin, une autre dans la Grand'Rue avec bifurcation dans celle de Chantemiolo. Cette dernière ruelle partait de la cinquième maison, à gauche en descendant la grande rue et aboutissait à une poterne, dont la voûte en pierre existe encore et sert de passage à cette maison pour aboutir, au sud-est, dans le vallon du Bandiat, au-dessous des anciennes terrasses clôturant la ville sur ce point.

Il y avait enfin des passages souterrains pour mettre la ville haute en communication avec le dehors et, notamment, avec le quartier du Bragier et celui du Bandiat, où l'ouverture de l'un de ces souterrains existe encore dans le dernier jardin ou emplacement de maison, bordant à droite, en descendant, le sentier qui conduit du quartier du Fort au dit vallon. Ce souterrain, comblé par des éboulements à quinze mètres de son ouverture et taillé dans le roc, se dirige vers le château de Peytavis pour aller déboucher dans la Grand'-Rue et dans les caves d'une ancienne maison noble, la cinquième, du côté gauche, en montant vers la Cahue, et re­construite il y a une quinzaine d'années. Cette maison, avec sa tour d'escalier en pierre et son rempart sur le fossé de la ville, serait-elle celle arrentée en 1388 à Pierre de Lestrade ? C'est probable. Quoi qu'il en soit, elle a dù assurément appartenir à un homme d'armes, à en juger par un casque de chevalier du moyen âge que, lors de notre jeunesse, nous y découvrîmes dans un coin de grenier. Ce casque, en fer forgé, à collerette et à deux visières mobiles, damasquiné, fort pesant et bien conservé, malgré la rouille qui l'avait envahi, fut porté plus tard à la campagne et placé sur la tête d'un homme de paille, où il servit ainsi d'épouvantail aux oiseaux, après avoir, à d'autres époques, mis plus d'une fois en fuite les envahisseurs de Nontron... Sic transit gloria mundi !

Tel était, au point de vue stratégique, la situation intérieure de Nontron, auquel on ne pouvait d'ailleurs aboutir que difficilement et par diverses voies, étroites et à pentes plus ou moins rapides sur un sol des plus accidentés.

La plus ancienne de ces voies et la seule qui, passant à travers les landes et les châtaigneraies, offrit une largeur indéterminée, était la Grande-Pouge, ou grand chemin (ancienne route gauloise, d'après M. de Taillefer), qui conduisait du midi au centre de la France, sur le faite des collines, au sud-est et à moins de deux kilomètres de Nontron. C'est ce qui résulte des traces encore visibles de cette voie, ainsi que de divers actes et, spécialement, d'un bail à rente du 14 novembre 1523, reçu Mercier, notaire, et consenti par :

 

« Noble Simon Conan, escuyer, seigneur, de Connezac, comme mari et conjoincte personne de noble Marie de La Porte, dame des maisons nobles de La Beytour et de Valette, a Geraurt Graullier... Scavoir est ung village appelé de Vicl-Mafray, en la paroisse de Saint-Angel, confrontant avec la Grande-Pouge-Feytan... par laquelle on vat de Chalus-Chabrol vers Pontarnal... tirant au long de la dicte Pouge jusques au chemin par lequel lon vat et descent de la dicte route vers Quinsac et avec les bois appelés le Mas-de-Laige... »

 

Il s'agit ici d'une partie de la route postale, indiquée sur la carte de 1693, conduisant de Bayonne et Bordeaux à Limoges, et passant par Pontarneau et par Saint-Front-de-Champniers, au-delà duquel elle se bifurquait pour se diriger, d'un côté sur Saint-Pardoux-la-Riviere, et, de l'autre, sur le sommet des collines, à l'est de Nontron, où elle passait près du village de Goulat et se dirigeait sur Chalus. C'est ce qui ressort encore de l'état des lieux et de divers actes dont nous parlerons, et, notamment, d'une reconnaissance de rente de 1655 sur « le bois de Beaulieu, près Goulat, joignant... au grand chemin que lon val de Pontarnaud à Chaslut... »

C'est par là que les troupes anglaises partant de Bordeaux ou de Limoges pour assiéger Nontron, devaient aborder et camper sur les trois collines en face de la ville, au sud, et de l'autre côté du Bandiat, notamment sur celle de La Doissière et son plateau de Las-Hautas-Jaurias, formant encore un carré long, inaccessible de trois côtés et auquel on ne peut parvenir de plein pied que par la Grande-Pouge.

Pour aboutir ensuite de cette Grande-Pouge à Nontron, il fallait, après être descendu des collines, traverser le Bandiat sur le pont d'Ambrie, disparu du XVIIe au XVIIIe siècle, et qui avait été établi à la pointe de l'ile du moulin de La Nauve, puis monter à pic les sentiers conduisant à la forteresse et au castrum. Il est question de ce pont dans les actes suivants :

Du 16 novembre 1503, reconnaissance de rente consentie en faveur de Pierre Boschaud, au nom de Jean et Marie de La Porte, fils et fille de Tristan de La Porte, par Jean Marquent, du lieu et mainement de Born, de Bornio, parochie de Nontronio., sur :

« Quadam vineam sitam in manso de Lasgrafeuil... confrontatam cum itinere quo itur de ponte Dambrie versus meynamentum de Azaco ex una parte et cum vineam vocatam de La Colarie ex alia et in lundi cum vinea Geraldi de Mazerac... Signé : G. Fantif, R. »

Du 19 juillet l520, échange entre noble Jehan de La Porte, et noble Jehan de Puychillou, par lequel celui-ci céda au premier : «  Cinq sols de rente sur une cheneviere et treillas sittuées dans la paroisse de Nontron, confrontant à un chemin qui va du pont Dambrie vers le mas de Limassieras d'une part et avec le fleuve du Bandiat... Mongermont, R. »

Une autre voie, au sud-ouest, partait de Nontron eu traversant le faubourg Salomon, passait devant la Croix-Mercier et, longeant le Bandiat, allait aboutir au-delà de La Boissière à un autre pont, également disparu, dit pont de Valette. De là cette voie montait dans la gorge située entre le village de Chez-Pouge et le repaire de Naudonnet, traversait la Grande-Pouge sur le plateau et descendait vers Brantôme pour aboutir à Périgueux. Un embranchement partant du pont de Valette faisait aussi communiquer Nontron avec le bourg de Saint-Martial-de-Valette par un étroit chemin qui existe encore. Voici, d'ailleurs, quelques extraits de rentes à ce sujet :

Du 15 janvier 1470, bail à cens par noble François de La Porte, seigneur de Champniers, La Beytour, de Valette, etc., pour lui et pour Jean et Tristan de La Porte, ses frères, du moulin de Valette, terres, prés et chenevières, confrontant :

 

« Cum itinere quo itur de Nontronio versus pontem de Valeta... Et quadam terram in dicto manso de Valeta sitam et confrontatam... cum itinere per quo itur de terra vocata la Cruci-Mercier versus dictum pontem de Valeta... J. Robini, R... »

 

Du 20 janvier 1577, reconnaissance de rente en faveur de Thibaud Pastoureau, sieur de La Grange, par Pierre de La Roussarie, juge de Montcheuil, sur « une tenance au mas de Las Seyteradas, près Nontron, confrontant par un bout le grand chemin que lon va de la ville a la Croix-Mercier et d'illec au bourg de Saint-Martial-de-Valette... Le Noble, n. r.... »

Nous trouvons enfin dans un dénombrement fourni le 17 mai 1624, par noble Jacques de Conan, l'indication du susdit moulin de Valette, confrontant, y est-il dit : « Avec le chemin que lon vat de Nontron a Brantosme... plus une terre aux dites appartenances qui se confronte au susdit chemin, et avecq le terrier appelé de Naudonnet, et au chemin quon vat du pont de Valette au bourg de Sainct-Martial. »

Il existait, au surplus, et il existe encore à l'ouest de Nontron un autre chemin partant de la rue Aux-Peyras et du portail des Cordeliers jusqu'au dit bourg de St-Martial-de-Valette, avec embranchement conduisant au moulin des Isles, et de là, en longeant le Bandiat, à Javerlhae et à Angoulême. C'est ce qui résulte des extraits suivants :

 

« Du 27 janvier 1482, devant Fourien, notaire, reconnaissance de rente en faveur de Thibaud Pastoureau, sur une pièce de vigne de huit journaux d'homme à labourer au mas de Lobespi... joignant le chemin qu'on va de la ville de Nontron au moulin des Isles. »

« Du 12 novembre 1490, reconnaissance en faveur de Jean Pastoureau d'une rase de vigne au maynement de Laubespie... joignant le chemin quon va de Nontron vers les Isles. Signé Freteli. »

 

Si, maintenant, nous remontons de là vers le nord de Nontron, nous y trouvons les traces d'un ancien chemin partant de la croix du Peyrat, au-dessus des étanches, près de la fontaine St-Pierre, et se dirigeant vers Javerlhae, d'après un bail en faveur de Jean Pastoureau du 20 janvier 1489, sur :

« Petiam terre inculte sive chamfreys sitam in parochia de Nontronio et in manso de La Mota confrontatam... a parte capitis cum itinere quo itur de Cruce du Peyrat versus Javerlhacum. »

Plus au nord et à la suite du faubourg des Oliers, existait le grand chemin allant au portail Vieillemard, servant, à un kilomètre de la ville, de limite aux lépreux, et qui doit son nom au dignitaire de Nontron qui l'y fit construire. De ce point il se dirigeait, en se bifurquant : Sur Augignac et de là sur Piégut, Pluviers et Champniers, jusqu'à Saint-Mathieu en Poitou ; 2° et sur la Maladrerie, le Bourdeix, Étouars et Soudât, pour aboutir à Montbron en Angoumois, d'après les cartes du XVIIe siècle et les traces encore visibles. Il en est aussi question dans les titres suivants :

Du 20 janvier 1489, bail à cens par Jean Pastoureau jeune, sur la moitié d'un bois châtaignier confrontant : « Cum itinere quo itur de Nontronio versus Le Bourdeys et cum nemore Leprositi de Nontronio... »

Du 14 février 1496, reconnaissance de rente au même sur une pièce de terre au village du Chatenet, confrontant : « Cum itinere per quandum itur de Nontronio versus Podium aculum... »

Du 9 décembre 1528, bail à cens par Jeanne Pastoureau sur :

« Duas pleyduras situatas super porlam Lemosinam ville Nontronii et in loco vocato aux Oliers coufrontatas ex ante cum itinere quo itur de la Cahue ville Nontronii versus Auginihacum... »

Arrivé près de la Maladrerie, le chemin de Nontron au Bourdeix recevait un embranchement se dirigeant à gauche vers le chemin de Nontron à Javerlhac et Angoulême, avec lequel il se soudait près du ruisseau de La Ganne ; puis, à droite et en sortant du village de la Maladrerie, un autre embranchement aboutissant, non loin de là, au chemin de Nontron à Augignac et à Piégut. C'est ce qui résulte de l'état des lieux et d'une reconnaissance de rente du 1er janvier 1471, en faveur de Jean, François et Tristan de La Porte, sur un bois confrontant : « Cum itinere quo itur de Nontronio versus Javerlhacum et cum itinere quo itur de Nontronio versus Podium acutum... »

Enfin, une autre voie principale, encore existante, partait de Nontron, à l'est, se dirigeant sur Savignac, où elle se bifurquait en deux embranchements, celui de droite traversant le bourg et allant rejoindre la Grande-Pouge de Nontron à Chalus, et celui de gauche se dirigeant, avant le bourg, vers celui d'Abjat, et de là sur Marval, en Poitou ; ainsi, d'ailleurs, qu'il appert de l'état des lieux et de la carte de Belleyme. Cette voie, partant du faubourg de La Croizette, était autrefois généralement suivie pour aller de Nontron à Chalus et à Limoges.

Mais, ainsi que nous l'avons déjà dit, toutes ces voies, tracées à vol d'oiseau à travers collines et ravins, étaient, à part la Grande-Pouge, si étroites que les charrettes des paysans y passaient à peine, et que jusques vers 1830 on n'y voyageait qu'à pied ou à cheval. Qu'on juge par là ce que devait être, du VIIe au XVIe siècle, cet état de viabilité.

Et cependant, au point de vue stratégique, toutes ces difficultés accumulées sur le parcours des voies de communication étaient d'un très grand avantage pour la défense de la ville de Nontron, ainsi que le constate Alain d'Albret, en 1502, dans le procès de Jeanne de Bretagne, sa femme, contre la dame de Montrésor, sœur de celle-ci, à l'occasion de la succession de Guillaume de Bretagne, vicomte de Limoges, leur père. La dame de Montrésor affirmait dans son mémoire judiciaire, conservé aux archives de Pau, que : «Le chasteau de Nontron estoit des plus forts du pays lymosin, et quon nen pourroit pas construire un pareil pour quarante a cinquante mille livres. »

A quoi Alain d'Albret répondait que : « Ce chasteau netoit fort que parce que lavenue en estoit mauvaise, que ledifice estoit pauvre et ruiné, et que luy et sa femme y avoient fait faire un bastiment qui avoit cousté trois cens livres. »,

Il ajoutait enfin :

 

« Pendant les grandes guerres et hostilités qui parcydevant ont eust cours en ce royaume et mesmement au pays de Guyenne, le Lymosin et Perrigort ont este destruits et faicts quasi inhabitables... Les places des seigneuries et bastiments furent desmolis et abattus, et ny avoit de bastiment qui ne fust si vieux et ancien que de soi mesme ne soit venu a décadence... »

 

Quelles furent donc les grandes guerres et hostilités dont la ville de Nontron eut particulièrement à souffrir, avant et depuis cette époque ?

Pour répondre à cette question et sans remonter à l'invasion des Kimris, venus d'Asie en Gaule; ni à l'occupation romaine de l'an 59 avant Jésus-Christ ; ni à l'invasion des Visigoths qui débordèrent sur le Limousin en 412 ; ni à la conquête des Francs qui, en 507, passèrent par la même contrée pour aller chasser les Goths des bords de la Garonne ; ni au passage des Sarrasins qui vinrent, en 732, se faire battre par Charles Martel entre Tours et Poitiers, d'où ils rétrogradèrent en traversant le Limousin, où quelques-unes de leurs bandes restèrent assez longtemps, disent les historiens ; sans remonter aussi loin, disons-nous, et pour ne pas déroger à notre méthode de ne rien avancer sans preuves écrites, nous allons nous borner à relever les faits principaux, conservés par l'histoire à partir du IXe siècle.

 

Invasion des Normands. — La ville de Nontron, lisons-nous dans la Guienne historique « fut impitoyablement ravagée par les Normands ; après un long combat, les barbares s'étant emparés de la forteresse, mirent tout à feu et à sang. Au Xe siècle, la flamme avait encore laissé des traces sur les murs noircis et à demi-écroulés du donjon. »

L'auteur n'indique point de date, mais le Périgord illustré nous apprend que c'est au IXe siècle que « Nontron fut saccagé par les Normands, » et, parlant de l'invasion, M. l'abbé Audierne ajoute : « Les Normands, suivant Adémar, Mabillon et la chronique de St-Vandrille, avaient commencé leurs invasions dans l'Aquitaine vers l'an 847. Les chroniques ne sont pas d'accord sur l'année de la prise de Périgueux par ces barbares : les unes la mettent en 848 et d'autres en 849. Nous nous attachons à cette dernière opinion qui est celle de l'auteur des annales de Saint-Bertin. Ce peuple vagabond se répandit dans toute la province, qu'il ravagea.

En 845, dit M. Marvaud dans son Histoire de la vicomté de Limoges, l'Aquitaine fut envahie par les Normands, qui entrèrent à Limoges comme alliés de Pépin II. Deux ans après, nouvelle invasion et pillage de cette ville, ainsi que de tout le Limousin, que leurs dernières bandes continuèrent à parcourir jusques vers 860.

Il résulte donc de ce qui précède que le siège de Nontron par les Normands dut avoir lieu de 818 à 819, avant ou après la prise de Limoges et de Périgueux.

Guerres contre les Anglais. - Mais la ville de Nontron eut particulièrement à souffrir des guerres anglaises qui sévirent en Limousin et en Périgord, du XIIe siècle à 1453, époque à laquelle Charles VII, roi de France, réunit définitivement l'Aquitaine et la Guienne à sa couronne, et ce dans les circonstances suivantes :

Le ler août 1137, le mariage d'Eléonore de Guienne avec Louis VII réunit pour quelque temps toute l'Aquitaine à la couronne de France. Mais, après le divorce de ce prince, Eléonore se remaria, le 18 mai 1152, avec Henri Plantagenet, qui devint roi d'Angleterre et lui soumit cette province.

En 1168, révolte des grands vassaux d'Aquitaine contre Henri II, roi d'Angleterre, qui, en 1170, céda ce duché à Richard, l'un de ses fils.

En 1176, reprise des hostilités par le vicomte de Limoges et par les comtes de Périgord et d'Angoulême contre Henri II et Richard, ces derniers ayant à leur solde, dit Marvaud, « de nombreux aventuriers appelés Routiers, Brabançons ou Cotereaux, bandits en temps de paix, soldats en temps de guerre, pillant les églises, les châteaux et les cabanes »...

En 1186, dit M. de Verneilh-Puyrazeau dans son Histoire d'Aquitaine : « Une bande, conduite par Mercader, qui s'autorisait du nom de Richard, ne tarda point à se montrer, parcourant les campagnes et les mettant à contribution. Déjà il avait pillé les bourgs et petites villes d'Hautefort, de Nontron, de Chalus, de Saint-Junien, de St-Léonard... Les chevaliers de la paix se mirent à sa poursuite et réussirent enfin à en délivrer le pays. »

Le même fait est rapporté par M. Duroux dans son Historique de la Sénatorerie de Limoges en ces termes :

 

« L'évêque Sébrand-Chabot réunit à Limoges, en 1186, le plus de troupes qu'il put. Elles se mirent de suite en marche et rencontrèrent les pillards réunis à peu de distance de Limoges, les attaquèrent et en laissèrent plus de six mille sur la place... Cela n'arrêta pas cependant les ravages de Mercader, chef d'une troupe de vagabonds qui désolaient ce pays sous le faux prétexte de servir les intérêts de Richard Cœur-de-Lion. Ces barbares avaient pris et pillé Autefort, Nontron, Chalus, St-Junien, le Pont de Noblac, Aubusson, Felletin, Cluis et autres places ; en un mot, ils s'étaient attachés surtout à détruire les possessions du vicomte de Limoges. Mais les Pacifères en firent justice, ce qui fit que de quelque temps on n'entendit plus parler d'eux dans le Limousin. »

 

En 1190, Philippe-Auguste et Richard, oubliant leurs querelles, firent la paix et partirent pour la Palestine, d'où ce dernier ne revint en Limousin qu'en 1193.

Mais, dans cet intervalle, et en attendant le retour du « Diable déchaîné », dit M. Marvaud dans son Histoire de la vicomté de Limoges : « Les barons du Périgord, de l'Angoumois et du Limousin, dociles encore aux conseils de Bertrand de Born, avaient relevé leurs bannières ; leurs forteresses et leurs châteaux, pris par leur ennemi dans la dernière guerre, s'étaient encore ouverts à leurs hommes d'armes. La garnison de celui d'Ayen, par l'ordre du vicomte de Limoges, ravageait les terres du prince anglais. Adhémar V et le comte d'Angoulême avaient été les premiers à l'attaque. »

De 1194 à 1195, reprises des hostilités entre Philippe-Auguste et Richard, et le 15 janvier de cette dernière année, traité de paix qui ne dura que six mois et fut suivi d'une nouvelle guerre, prolongée pendant trois ans et suspendue par une trêve de cinq ans conclue entre les deux rois, le 14 janvier 1199.

Dans cet intervalle, dit M. Marvaud : «Presque sur tous les points, la France du Midi protestait contre une suzeraineté étrangère. Les grands vassaux bravaient si ouvertement la puissance des Plantagenets qu'avant la paix de Gisors, le comte d'Angoulême et le vicomte de Limoges, renonçant à tout hommage envers Richard, s'étaient donnés au roi de France. »

D'après le Père Bonaventure de St-Amable, le traité intervenu à ce sujet est conçu en ces termes :

 

« Moi, Aymard, vicomte de Limoges, fais connoitre a tous qui verront cet écrit que j'ai fait les accords et conventions suivantes avec monseigneur Philippe, illustre roi des François, parce que à cause des injures que Richard, roi d'Angleterre, m'a fait et à mon frère Aymard, comte d'Angoulême, il alla de ma part vers le roy, et je fis confédération avec luv de cette façon : que je l'aideray toujours selon mon pouvoir comme mon seigneur, et ne me retireray jamais de luy que par ses ordres, et que, s'il me joignoit jamais à quelque autre, il me donnera ses lettres patentes qu'on me laissera en paix ; et si on y manquait, il m'aidera contre celui-là. Que si ce nouveau seigneur vouloit agir contre mon roy Philippe, je m'y opposeray, rendant de bonne foy secours et aide au susdit roy Philippe.

Fait à Aréde, l'an 1199, au mois d'avril. »

 

M. Marvaud, qui a reproduit ce traité, est d'avis qu'il est de l'année 1198, et M. Grellet-Dumazeau partage entièrement cet avis dans un savant article sur Chalus et la mort de Richard, inséré en 1854 dans le Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin ; le dit traité étant antérieur à cette mort, survenue le 6 avril 1199.

Le roi d'Angleterre eut-il connaissance de ce traité, et est-ce pour en punir le vicomte de Limoges qu'il entreprit le siège de Chalus ? M. Dumazeau est pour l'affirmative et constate que ce fut pour s'approprier un trésor imaginaire.

M. l'abbé Arbellot. l'érudit président de la Société historique du Limousin, dans un travail remarquable publié en 1878 dans le Bulletin de cette Société, a émis le même avis et traité de légende fabuleuse le récit de Roger de Hoveden sur la prétendue découverte de ce trésor donnant lieu au siège de Chalus.

Mais M. Marvaud a pensé le contraire et admis la fable du trésor comme ayant été la cause unique de ce siège. Il constate, d'ailleurs, que si Richard a dû ignorer le traité de 1198, il n'en saisissait pas moins toutes les occasions de nuire au vicomte de Limoges, et il en relate, pour preuve, certains faits antérieurs, ainsi qu'il suit :

 

« Il (Richard) parcourut le Limousin, visitant les petites garnisons qu'il avait installées dans quelques places fortes, caressant les petits feudataires qu'il savait être les ennemis du vicomte de Limoges... Mais le vicomte, qui venait de faire prisonnier Audier, sénéchal de la Marche, et de lui faire payer sa rançon vingt mille sous, se montrant trop fier de ses avantages, il tourna contre lui toute sa colère, l'appelant par dérision : Le vicomte de Ségur qui se fait vicomte de Limoges. Alors, il menaça avec ses routiers les places de Nontron, d'Authefort, de Salaignac, de Ste-Livrade et de Puy-Aigu. Après avoir pris ce dernier château-fort, dont il fit démolir une partie du haut donjon et en avoir ruiné d'autres dans le Périgord et dans le Limousin, il parut vouloir pour quelque temps vivre en paix... Peut-être aussi était-il effrayé des dispositions des barons qui, secrètement autorisés par Philippe-Auguste, menaçaient de le rendre courtois s'il venait les attaquer... Un nouveau prétexte de satisfaire son ambition et sa haine s'offrit bientôt à Richard. On vint lui dire que le vicomte de Limoges avait trouvé dans les souterrains de son château de Chalus un immense trésor... etc.. »

 

Suivent la légende du trésor et le récit de la blessure et de la mort de Richard, d'après Roger de Hoveden.

Mais ici doit trouver place la chronique du moine anglais Gervais de Cantorbéry, d'après laquelle Richard aurait été blessé au siège de Nontron. Ce chroniqueur, contemporain de ce roi, s'exprime ainsi :

« Anno gratia mcxcix. — Rex castrum comitis Engolismi quod Nuntrun erat appellatum obsedit et tandem compulit ad deditionem : nam expensis in ipso Castro cibariis, missis numiis obsessi misericordiam ab ipso rege pedebant et vilam. Qui cum petitam respueret pietatem et sola violentia vellet obtinere quod obsessorum benigna licet coacta voluntate fuerat. Eidem oblatum oblitus forsitam quod in talibus periculosa esset desperatio, juvenis quidam Johannes Sabras cognomine stans castelli in muro quadratum telum mediante balista direxit in incertum, orans Deum et potens ut ipsius dirigeret ictum, et obsessorum innocentiam ab ipsa liberaret oppressione, jecitque sagittam verum, cum rex tenloriam egressus baliste sonum audisset infestum, et ut ictum evitaret, caput regium inclinaret et corpus, in humero sinistro lethaliter percussus est. Desperatus autem rex, undecimo die pectus tundens et penitens verbo regio protestatus est... Obiit itaque rex Richardus anno gratia mcxcix, cycli decennovalis anno tertio, regni vero sui anno decimo, feria tertia post primam dominicam passionis Domini, VIII scilicet idus aprilis (6 avril)... » (Histoire de France, t. XVII, p. 678.)

 

Le moine de Cantorbéry, qui écrivait au moment même où se produisit cet événement par lequel il voulut clore sa chronique, donne à l'arbalétrier le nom de Jean Sabras, à la ville assiégée celui de Nontron, et il entre dans des détails tels qu'il ne parait possible d'en suspecter la source ni la véracité.

Si, d'autre part, nous consultons les auteurs modernes, nous y trouvons ceci :

« Richard Cœur-de-Lion assiégea Nontron sur la fin du XIIe siècle contre Guy ou Aymar, vicomte de Limoges. » (Histoire d'Aquitaine.)

«  La ville de Nontron, dans le XIIe siècle, appartenait aux vicomtes de Limoges et souffrit beaucoup de ses querelles avec le roi d'Angleterre Henri II et les princes ses enfants. Nontron fut assiégé et pris plusieurs fois, de 1191 à 1199. » (Histoire des villes de France.)

« Richard, débarrassé de la guerre avec ses frères, s'occupa de tirer vengeance des seigneurs qui avaient osé lever l'étendard de la révolte; il assiégea Périgueux, marcha sur Excideuil et livra la petite ville de Nontron à la dévastation et au pillage. » {Guienne historique.)

« Nontron fut pris et pillé, dans le XIIe siècle, par Richard Cœur-de-Lion. » (Le Périgord illustré.)

 

De ce qui précède, il résulte donc jusqu'à présent que sur la fin du XIIe siècle, Nontron a été assiégé et pris par Richard, qui y fut atteint de la blessure dont il mourut quelquesjours après.

Mais ici nous devons reproduire les variantes admises par les chroniques postérieures à celle du moine de Cantorbéry.

La première est celle de Roger de Hoveden, autre chroniqueur anglais, qui, écrivant quelques années après Gervais, place la scène de la blessure et de la mort de Richard à Chalus, que ce dernier était venu assiéger pour s'emparer d'un grand trésor d'or et d'argent trouvé par Aymard, vicomte de Limoges, qui en envoya une forte partie au roi d'Angleterre, son seigneur, lequel refusa cette part, prétendant avoir droit au trésor entier, en vertu de sa souveraineté. Suit le récit du siège et de la blessure occasionnée par une flèche, lancée du haut du château par un archerbaliste nommé Bertrand de Gourdon.

Après Roger de Hoveden, Rigord, chroniqueur français, mort en 1207, s'empara, dans son Histoire de Philippe-Auguste, des détails de son prédécesseur, tout en les amplifiant, et il fit blesser et mourir Richard au siège de Chalus, qu'il était venu assiéger pour s'emparer d’un trésor découvert, non par le vicomte de Limoges, mais par un certain chevalier qui s'était mis sous la protection de ce dernier. Puis, l'imagination populaire aidant, Rigord ajoutait que ce trésor se composait, d'après ce qu'on rapportait, de statues d'or très pur, représentant un empereur, sa femme, ses fils et ses filles, tous assis à une table également d'or :

 

«  Thésaurus autem praedictus, ut ferebatur, fuerat imperatum quidam de auro purissimo, cum uxore et filiis et filiabus, ad mensam auream residentibus... »

 

Après ces premières citations, il reste à résoudre la question de savoir si Richard Cœur-de-Lion a été blessé au siège de Nontron ou à celui de Chalus. M. Arbellot et, après lui, notre savant confrère M. Dujarric-Descombes, sont pour le siège de Chalus, et ils s'appuient sur la chronique limousine de Bernard Itier, mort en 1223, d'après laquelle Richard, malade devant Chalus, aurait donné l'ordre d'aller assiéger Nontron et Piégut, dont ses troupes abandonnèrent le siège à la nouvelle de sa mort. D'où la conséquence, dit M. Dujarric dans le Bulletin de la Société historique du Périgord de 1880, que : « Il parait aujourd'hui suffisamment prouvé que ce roi anglais ne fut point blessé devant Nontron, par la raison qu'il n'en fit point le siège, et qu'il faut reconnaître l'authenticité de cette note attribuée à Bernard Itier, qui a donné les détails les plus précis sur les cire estâmes qui ont précédé et suivi la mort de Richard. »

Voyons donc comment Itier s'exprime dans sa chronique, d'après Etiennot :

« Ricardus, rex Anglorum fortissimus, ictu sagitte in numero percussus est, quam obsedisset turrim quamdam in quodam Castro pagi Lemovicensis, quod appellatur Chalus Chabrol, ob statuas aureas Lucii Capreoli, quae ibi repertae sunt. In ipsa turri erant duos milites cum aliis 38 viris et mulieribus, unus ex militibus Petrus Bru, aller Petrus Basilii, de quo dicitur quod sagittam cum balista tractam emiserit, qua percussus rex infra duodecimum diem vitam finivit, videlicet feria tertia, ante diem dominicam Palmarum, 8 idus aprilis prima hora noctis. Ipse enim dum exploraret, praeceperat suis ut obsiderent castellum vicecomitis quod appellatur Nontron, et quoddam aliud mancipium quod vocatur Montagut, quod et fecerant. Sed morte regis audita confusi recesserunt. Proposuerat autem ipse rex in corde suo omnia castella et mancipia dicti vicecomitis destruere ... »

 

Mais ce récit n'est qu'une répétition de ceux de Hoveden et de Rigord, avec la trouvaille d'un trésor, non plus d'or et d'argent d'après le premier de ces chroniqueurs, mais composé des statues d'or du second , avec l'addition du nom de Lucius Capreolus et le changement de nom de l'archerbaliste[3] qui, de Bertrand de Gourdon, est devenu Pierre Basile.

Or, s'il est vrai, comme le disent MM. Dumazeau et Arbellot, que la prétendue existence de ce trésor ne constitue qu'une légende fabuleuse; si, selon M. Dumazeau, il en est de même du proconsul romain Lucius Capreolus, inventé par les chroniqueurs limousins pour expliquer le nom de Chalus-Chabrol[4] ; s'il est vrai que tous ceux qui ont écrit après le moine de Cantorbéry ont erré sur le nom de l'archerbaliste en substituant successivement à celui de Jean Sabras, ceux de Pierre Basile, reproduit, après Itier, par quatre chroniqueurs anglais du XIIIe siècle ; de Bertrand de Gourdon, indiqué par Hoveden et Rigord ; enfin celui de Guy (Guidonem quendam), dont parle Guillaume Le Breton, mort en 1227 ; comment et pourquoi préférer le récit de ces derniers à celui de l'écrivain contemporain et croire que celui-ci seul s'est trompé en faisant blesser Richard au siège de Nontron plutôt qu'à celui de Chalus ? Parce que, dit-on, Itier affirme que le siège de Nontron et celui de Piégut ne furent résolus et ordonnés par Richard qu'après avoir été blessé devant Chalus.

Mais, Itier n'a-t-il pas ici commis au moins une confusion de faits et de dates en reportant à 1199 la tentative faite en 1198 contre Nontron et la prise de Piégut? Quelle nécessité pouvait-il y avoir, quelques mois après, à s'emparer de nouveau de ce dernier château-fort, dont le haut donjon avait été déjà démoli en partie ?

Comment admettre, ensuite, que Richard, homme de guerre consommé, n'eût songé plus tôt à l'utilité de s'emparer de Nontron pour assurer ses derrières ? Comment comprendre que, alité et mourant, il eût eu l'idée de disséminer ses troupes au moment même où il pouvait craindre le retour offensif de ses ennemis ? Ne serait-il pas plus logique d'admettre qu'après la prise de Nontron, Richard y avait laissé une garnison qui, à la nouvelle de la mort de celui-ci, se serait empressée d'en déguerpir.

Mais, encore, ajoute-t-on, tous les historiens anciens et modernes sont d'accord à faire blesser Richard devant un château-fort de la vicomté de Limoges, avec ou sans indication du nom de la localité. Parmi ces derniers, M. Arbellot en cite sept du XIIIe siècle qui se bornent à dire que ce roi fut blessé devant : Quoddam castrum, cujusdem castelli ; apud castrum Lemovicense; castrum quoddam vicecomitis Lemovicensis sans indication de Nontron ni de Chalus. D'où la conséquence que Richard n'aurait pas été blessé au siège de Nontron, cette place appartenant, d'après Gervais de Cantorbéry, au comte d'Angoulême.

Alors, et tenant pour vraie cette indication de Gervais, M. Dumazeau ajoute, à propos du traité de 1198, venu à la connaissance de Richard : « Il porta donc la guerre, dans les mois de février et de mars, chez le comte d'Angoulême et chez le vicomte de Limoges et, parce qu'il faisait en même temps la guerre à ces deux seigneurs qui étaient frères utérins), Gervais de Cantorbéry tomba clans une confusion de lieux et indiqua Nontron, appartenant au comte d'Angoulême, au lieu de Chalus, château du vicomte de Limoges, comme lieu où Richard avait été blessé à mort. »

M. Arbellot, adoptant cette manière de voir, dit de son côté : « La découverte d'un trésor est une légende sans valeur. La cause provient du traité d'alliance fait à St-Yrieix en avril 1198... Voilà pourquoi Gervais de Cantorbéry, ayant par erreur fait blesser Richard devant le château de Nontron (dont on fit le siège effectivement pendant la maladie du roi), ajoute que le château appartenait au comte d'Angoulême. Richard guerroyait, en effet, contre ses deux vassaux d'Angoulême et de Limoges, et nous en savons la raison. »

A ces dernières objections, il suffira de répondre :

1° Que Nontron était qualifié de castrum dès le VIIIe siècle, et qu'au XIIe, Chalus n'était encore qu'une petite bourgade protégée par un petit, château-fort, castellutium, d'où chatelus et, par abréviation, Chalus, d'après M. Dumazeau.

Qu'au XIIIe siècle Nontron n'appartenait point au comte d'Angoulême, mais qu'il dépendait de la vicomté de Limoges; que si Gervais de Cantorbéry a commis, non pas une erreur, mais une confusion, c'est en mettant, par un écart de plume, le mot comte pour celui d'évêque. Nontron, en effet, appartenait bien réellement, pour le domaine utile, au vicomte de Limoges, mais à la charge par celui-ci d'en rendre hommage à l'évêque d'Angoulême. Le premier de ces hommages qui nous ait été conservé est de 1243, suivi de plusieurs autres des années 1265, 1312, 1505 1514, 1620 et 1771, à cause du dit évêché et de la baronnie de La Penne, dont la suzeraineté s'étendait non-seulement cle l'Angoumois au Limousin, mais encore jusqu'en Poitou et Périgord. La ville d'Angoulême, où était sise cette baronnie, appartenait, avant 839, époque à laquelle l'Angoumois fut érigé en comté par Pépin II, roi d'Aquitaine, aux évêques qui, lisons-nous dans le Dictionnaire historique de la France, par Lalanne, « avaient du céder tout ou partie de la ville aux comtes, mais ils portaient le titre de baron de La Plaine (lire La Penne) et avaient retenu la suzeraineté de plusieurs grands liefs du diocèse. » Parmi ces fiefs figurait celui de Nontron ; ce qui explique la confusion commise par le moine de Cantorbéry quant à l'indication du seigneur suzerain, mais non quant à la place assiégée par Richard.

C'est vainement, enfin, qu'à la fable des statues d'or, l'imagination et la tradition populaires vont jusqu'à offrir à la curiosité des touristes la visite d'un rocher sur lequel se serait tenu Richard, au moment où il aurait été blessé, et auquel on a donné, comme preuve de certitude, le nom de Maulmont, l'un des anciens seigneurs de Chalus. C'est en vain que cette autre fable a été recueillie et reproduite par les écrivains modernes, notamment par l'Histoire des villes de France, de Guibert, en ces termes : « On voit encore de nos jours les hautes tours de l'antique château de Chalus et la pierre de Maulmont (malus mons), sur laquelle Richard Cœur-de-Lion fut, à ce qu'on affirme, frappé par la flêche de Bertrand de Gourdon. »

Ce dernier détail est, en effet, aussi inexact que les premiers; car, en 1199 et au moment du siège, Chalus n'était qu'une petite bourgade, défendue par le château-bas dit de Chabrol, dont il n'existe plus qu'une tour dominant le vallon où se trouve la pierre en question ; et ce n'est qu'après 1294, époque à laquelle une partie de la seigneurie de Chalus fut donnée à Gérard de Maulmont, que celui-ci y lit construire le château-haut dit de Maulmont, dont une tour est également debout. Il ne s'agit donc pas aujourd'hui d'un seul château, mais de deux, et si on a donné au second le nom de son fondateur, on ne saurait, sans un anachronisme évident, attribuer ce nom à des objets et à des événements antérieurs de près d'un siècle.

En résumé, il nous parait plus sûr et plus rationnel de préférer le simple récit du chroniqueur contemporain aux détails plus ou moins romanesques de tous ceux qui ont suivi : et nous persistons à penser qu'après la prise de Nontron, où il fut blessé légèrement, Richard, continuant sa route sur Limoges, son objectif principal, en partit pour aller, à quelques heures de marche, assiéger Chalus, où il mourut, disent les historiens, de sa négligence à soigner sa blessure, ainsi que de ses excès. »

Quelques années plus tard et en 1202, Guy V, vicomte de Limoges, se déclara ouvertement pour Philippe-Auguste, roi de France, contre Jean Sans-Terre, roi d'Angleterre. Il s'empara de Limoges et fit prisonniers les principaux bourgeois, qu'il envoya dans les prisons d'Aixe, de Nontron, de Ségur et d'Excideuil. (Marvaud.)

De 1202 à 1346, continuation des hostilités entre les vicomtes de Limoges et le roi d'Angleterre, pendant lesquelles la ville de Nontron, bien qu'il n'en soit question qu'en 1346, époque à laquelle les Anglais s'en empareront, sous le commandement de Falconnet, bâtard du Périgord, eut à en souffrir plus d'une fois, d'après le document suivant :

« 1347. - Lettres de Jean de Monfaucon, capitaine général et séneschal pour le roy en Périgord, par lesquelles il permet à Yctier de Maignac et sa femme se retirer en leurs biens qu'ils avoient à Nontron, desquels ils avoient été spoliés par les Anglais au temps des guerres. Données à Périgueux, decimo tertio aprilis, anno domini trecentesimo septimo ». (Doat, v. 241.)

Il résulte aussi de ce document et des suivants que Nontron fut souvent repris aux Anglais avant ou après 1346 :

« l350, 12 mars. - Lettres de Jeanne de Bretaigne, vicomtesse de Limoges, ordonnant au receveur du Limousin de faire jouir (juy et Jean de Lestrade, de certaine grâce que fisme autrefois a leur père sur les esmoluments des papiers de nostre ville de Limoges et que nous leur faisons aujourdhuy solution et payement de certaines sommes dor et dargent et de blets a eux deues, lesquelles leur dict pere, au temps quil vivoit, presta a maistre Guilhaume de La Marche, nostre cousin et seneschal de Limosin, a cause des guerres de par delà. » (Doat, v. 243.)

Dans le premier volume de la collection Doat, les mêmes lettres sont ainsi relatées :

« 1350. — Lettres de Jeanne, duchesse de Navarre, ordonnant au receveur de Limoges de payer a Jean de Lestrade huictantes livres par année sur les émoluments du papier de Limoges, pour les sommes que son père avoit preste à Guilhaume de La Marche pour le recouvrement des chasteaux de Nontron et d'Ans, du 12e mars. »

« 1336. — Affièvement d'une maison dans les faubourgs de Nontron par Jehan de Montbouchier, sénéchal de Limoges, en faveur de Geoffroy du Bois, a reson de la garde du chasteau de Nontron dou temps passe... .

De 1354 à 1356, prise de Nontron par les Anglais et reprise par les Français, ainsi qu'il appert du document suivant du 29 mai 1357, rapporté par Doat, v. 241 :

«  Lettres de main-levée signées, scellées et octroyées par Charles de Bretaigne, vicomte de Limoges, a messire Ictier de Maignac, chevalier, de tous les biens qu'il avoit, tant en la chastellenye de Nontron que ailleurs par toutte la ditte vicomté, pour ce que le dit de Maignac estoit accusé davoir este cause de rendre le chasteau de Nontron entre les mains des ennemys du dit vicomte. Données à Avignon, le vingt neufviesme jour de may 1357. »

En 1360, et par le traité de Brétigny, le Limousin fut abandonné à Edouard III, roi d'Angleterre, et Jean Chandos, son connétable, en prit possession en 1361. Trois ans après et en mai 1364, le prince de Galles et sa femme entrèrent à Limoges, pendant que leurs hommes d'armes, sous les ordres d'Hélie de Lestrade, occupaient le château de Nontron, et que d'autres s'établissaient dans Excideuil, à Ségur, à Aixe, Château-Chervix et autres places. (Marvaud.)

De 1300 à 1309, il résulte du compte de Richard Filongley, receveur de l'illustrissime seigneur Edouard, prince d'Aquitaine, publié par M. Jules Delpit, que les Anglais furent maîtres de Nontron, qui y figure au chapitre de la vicomté de Limoges, sous le titre de : castellania de Nontronio et Podio acuto, pour les années 1363 à 1368. Les années 1369 et 1370 ne portant aucun chiffre, il faut en conclure que Nontron se débarrassa des Anglais en 1369, après la rupture, en 1368, du traité de Brétigny.

Cependant M. Marvaud nous apprend que : « Le 19 septembre 1370, le prince de Galles prit d'assaut la ville de Limoges, ayant sous ses ordres, parmi les principaux seigneurs et Gascons qui suivirent sa bannière... Geoffroy de Nontron, à qui il avait donné ce fief de la vicomté..., » ce qui ne prouverait cependant point que les Anglais en fussent restés maîtres, le dit Geoffroy ayant dû en être expulsé avec eux.

A partir de 1370 jusqu'en 1407, il ne parait que Nontron ait revu les Anglais qui, en 1372, harcelés de toutes parts, furent chassés du Limousin et du Périgord, où ils n'occupaient plus que quelques places en 1380. Ce fut dans cet intervalle que Duguesclin passa à Nontron en août 1377, pour aller assiéger et prendre près de là les châteaux de Bernardières et de Condat,

Mais en 1407, les Anglais se rendirent de nouveau maîtres de la ville de Nontron, qu'ils incendièrent en partie, après l'avoir pillée.

Aussi, et le 10 juin 1410, après la reprise de cette ville, le roi de France, Charles VI, en récompense de leurs loyaux et bons services, accorda-t-il aux habitants de Nontron des exemptions d'impôts, et ce par lettres patentes, dont la teneur suit :

«  Charles, par la grâce de Dieu, roy de France, au seneschal de Pierrogort ou a son lieutenant, receue avons humble supplication de nos bien ames les manans et habitans de la ville, chastel et chastellenie de Nontron, en la seneschaussee de Pierregort, contenant que jasoit que ils qui sont en pays de guerre de frontière, ayent eu ou temps passé tellement a souffrir par nos guerres, passamens et chevauchées de gens darmes, et stérilités de fruicts, mortalités, pour payer les grands fouaiges, subcides que ont eu cours ou temps passe au dict pays, et pour supporter les aultres grans et innumerables charges qui leur a convenu supporter et convient encore. Et pour ce que aussi depuis trois ans, en ca, les dicts Anglois ont pris par eschellement la dicte ville, ycelle pillée, desrobee et boute le feu, tue, meurtri et emprisonne plusieurs des gens dicelle ville et chastellenie ; quils nont bonnement de quoy vivre et sont envoyés yceulx suppliants deux aler hors du pays, et de sousier la dicte ville comme inhabitable. De laquelle ville qui est moulte grande, fourte et spacieuse, et du chastel qui est aussy moult grant, fort et spacieux et comme inexpugnable, se ils estoient prins et occupes par nos ennemis que ja ne adviengue tout le pays denviron poroit estre et seroit du tôt désert, destruit et gaste. Combien aussy que selon raison yceulx supplians ne doibvent, ne soient tenus de contribuer que pour leurs parts et portions auxquelles ils ont estes taxes et imposes pour les fouaiges, subcides et tailles qui ont eu cours en la dicte seneschaussée, et ycelles parts et porcions payées, yceulx supplians doient demourer quittes et paisibles diceulx fouaiges, subcides et tailles. Néanmoins, pour iceulx mesmes fouaiges, subcides et tailles imposes au dioceze de Limoges, len a impose et levé sur yceulx supplians plusieurs et grands sommes de deniers et leur ont este et faictes plusieurs vexations et molestations soubs ombre de ce que ycelle ville est assise au dioceze de Limoges ou autrement. Pourquoy yceulx supplians ont este et sont contrains a contribuer a yceulx subcides et tailles qui sont mis sus et ont cours au dict pays deux fois a tort et contre raison. Et pour ce ont este et sont tellement vexes et molestes les dicts supplians quils nont bonnement de quoy vivre et sont en voye destre du tout mis a pouvrete se par nous ne leur estoit sur ce pourvoir dopportun et convenable remède, si comme ils dient requérant sur ce nostre provision. - Pourquoy nous, en considération aux choses dessus dictes, qui voulons préserver nos subjects de toute vexation, peines et travails, a yceulx supplians avons octroyé, et octroyons de grâce spécial par ces présentes, que doresnavant ils ne soient mis, imposes pour yceulx fouaiges, subcides et tailles, auxquels ils auront este mis et imposes par la dicte seneschaussée pour leurs dictes pourcions que pour une foys, et que en payant leurs dictes pars et porcions ils soient et demeurent toujours quittes et paisibles de tous et chascuns yceulx fouaiges, subcides et tailles, sans que pour la dicte dioceze ils soient tauxes, vexes, molestes ni inquiétés aucunement. — Si vous mandons et pour ce que la dicte, ville est assise en vostre seneschaussée, commettons et étroitement enjoignons que vous faites rendre et restituer et mettre à plaine délivrance a yceulx supplians leurs biens et gaiges pour ce pris, saisis et arrestes, et empochiez de nostre présente grâce, faites, souffriez et laissiez les dicts supplians joyr et user paisiblement en faisant, en cas dopposition, refus, contredit et delay, a ycelles parties oyes sommairement et de plain et en assise, et dehors bon et brief accomplissement de justice.

Mandons et commandons a lous nos justiciers, officiers et subjies que avons commis et députes en ce faisant obéissant et entendant diligemment, car ainsi nous plaist il estre faicts. Et aux dicts supplians lavons octroyé et octroyons de grâce spécial par ces présentes, nonobstant stille et usatge, quant attendre d'assise et quelconques lettres subreplices, empestrees ou a empestrees a ce contraire. Donne a Paris, le dixiesme jour de juin, lan de grâce mil cccc et dix, de nostre règne le xxx... » (Bibl. nat., coll. du Périgord, v. 47, f° 237. - Archives des Basses-Pyrénées.)

 

Ce fut probablement à cette occasion que les habitants de Nontron obtinrent aussi du roi de France la faveur de porter des fleurs de lys dans les armes de la ville, qui sont : d'azur à une tour d'argent, maçonnée de sable, accostée de deux fleurs de lys d'or.

De 1417 à 1418, Olivier, fils aîné de Jean Ier et de Marguerite de Clisson, ayant voulu, à l'instigation de sa mère, renouveler ses prétentions sur le duché de Bretagne, cette province se souleva et le chassa de son duché de Penthièvre. Obligé de se retirer dans ses terres de Flandre, Olivier nomma Jean de Bretagne, dit de l'Aigle, son frère, son lieutenant général dans la vicomté de Limoges, et, d'après Doat, v. 243, celui-ci se retira, avec sa mère, en Limousin, où, dit-il, ils arrivèrent en «assez triste équipage ; ils avoient très petit revenu et estoient contraints de tenir pauvre estat. Ils s'installèrent dans une place qui leur appartenoit, Nontron, qui estoit pour lors destruite et déserte, quasi inhabitable. »

En 1421, Jean de Bretagne séjournait encore à Nontron, car le 17 mars de cette même année, et par acte passé à Nontron, le dit Jean : « Eu égard aux grands et notables plaisirs, amour, honneurs et services que Audoin de Pérusse, seigneur des Quars et de la Cossière, son cousin, et les siens ont fait au vicomte de Limoges lui donna la justice des villages de Faye et La Borda. » (Doat.)

«  En 1426, dit M. Marvaud, Jean de Bretagne voulant s'emparer par ruse de la ville de Limoges, dont les habitants refusaient de le recevoir, s'entendit avec quelques bourgeois et vint dans la nuit du 25 août, près de la porte des Arènes escorté de trois cents lances et de trois mille hommes de pied, commandés par Jean de Laroze, Daniau, Bernardières, Aubeterre, Clayes, Rocheval et Nontron, tous nobles chevaliers du Limousin, d'Angoumois et du Périgord. »

 

De 1426 à 1434, trêves et hostilités successives entre les bourgeois de Limoges et Jean de Bretagne, devenu vicomte, et pendant lesquelles celui-ci « courait du château de Nontron à Saint-Yrieix, d'Aixe au château de l'Isle. » (Marvaud.)

En 1441, Nontron appartenait encore au dit Jean de Bretagne, qui y consentit, le 12 avril de cette année, avec dame Marie Colette, veuve d'Aymard de La Porte, un échange de maison, reproduit au chapitre de la construction de Nontron.

De 1441 à 1453, époque à laquelle cessèrent les guerres anglaises, Nontron parait être resté toujours en la possession de Jean de Bretagne, qui se plaisait à y séjourner souvent, comptant sur le patriotisme et la fidélité de ses habitants. Il fut d'ailleurs, l'un des premiers hommes de guerre de ce temps-là, d'après tous les historiens et d'après un mémoire judiciaire de 1779, dont nous avons la satisfaction de pouvoir reproduire l'extrait suivant :

« Olivier fut chassé du duché de Penthièvre et obligé de se retirer dans les terres qu'il avoit en Flandre. C'est de là qu'il assigna, en 1432, à Jean de Bretagne, seigneur de l'Aigle, son frère puiné, pour lui tenir lieu de sa portion héréditaire, le vicomte de Limoges et ses dépendances, dont le connétable du Guesclin lui avoit assuré la possession par ses conquêtes. Devenu vicomte de Limoges, Jean de Bretagne, à l'exemple de ses aïeux, se voua entièrement au service de la France... Les Anglais, qu'il poursuivait avec autant d'activité que de valeur, ayant ravagé ses domaines, Charles VII lui donna, en 1446, à titre d'indemnité, toutes les tailles qu'il pouvoit exiger dans le Limousin[5]. Choisi, en 1448, pour commander les armées du roi en Guienne, il assiégea la ville de Bergerac au mois de seplembre 1450, et la réunit à la France après un mois de siège. En 1451, il assiégea Castillon, qui capitula bientôt. Castillon pris, il attaqua les forteresses de Chalais et de Saint-Emilion, qu'il emporta d'assaut. Il se trouva à la bataille, perdue par les Anglais sous les murs de Castillon, en 1453 ; il servait alors sous les ordres du fameux comte Dunois, ce fléau de l'Angleterre; il fit des prodiges de valeur. Il ne cesssa oncques de tuer des Anglais, dit Monstrelet, jusqu'auprès de Saint-Emilion. Il donna de nouvelles preuves de ses talents et de son zèle pour la patrie à la prise de Bordeaux. Il mourut sans enfants, en 1454, et fut enterré dans le couvent des Frères mineurs d'Excideuil. »

 

Guillaume, que Nadaud qualifie de seigneur de Nontron, succéda à Jean de Bretagne, son frère, et, de son mariage avec Isabeau de La Tour, il n'eut que trois filles, dont Françoise, l'aînée, qu'il institua pour son héritière universelle par testament du 24 août 1454, épousa Alain d'Albret, surnommé le Grand. C'est ainsi qu'avec le comté de Périgueux, acquis par Jean en 1437, et la vicomté de Limoges, la seigneurie de Nontron passa dans la maison d'Albret.

La possession de Nontron par les Anglais, à divers intervalles et pendant des périodes plus ou moins longues, notamment pendant la vie du prince de Galles, est donc incontestable, et d'ailleurs surabondamment prouvée par la découverte de diverses monnaies de l'époque. C'est ainsi qu'en 1854, lors des fouilles pratiquées pour la construction du grand pont reliait le quartier du fort avec le plateau de la forteresse, on trouva dans le mur de défense de ce quartier un tas d'anciennes monnaies en argent, au nombre de 749, dont 12 pièces de Flandre, 8 de la maison d'Orange, 23 monnaies françaises du XIIIe siècle, et tout le reste en hardits et doubles hardits du prince Noir, frappés à Limoges en 1370.

Si, des faits positifs nous passons à la tradition populaire, celle-ci nous apprend que les Anglais, chassés de Nontron et poursuivis sur le chemin de cette ville aux Isles, en côtoyant le Bandiat, vers Angoulême, furent atteints au Terme de la Graule, où ils eurent à peine le temps d'enfouir la caisse de l'armée, contenant quarante millions. Ce Terme de la Graule est à quatre kilomètres environ de Nontron, à droite et sur la nouvelle route de cette ville à Javerlhac et à Angoulême. Pas n'est besoin d'ajouter que ce trésor, dont j'ai souvent entendu parler dans ma jeunesse et par les anciens de l'époque, est encore à trouver.

Enfin, la mémoire de Jeanne d'Arc était autrefois vivace dans nos campagnes, où l'on chantait, à la veillée, une sorte de complainte en patois, dans laquelle il est question d'une bergerette qui, du premier coup de sa quenouillette, fit tomber le roi d'Angleterre, et dont nous ne nous rappelons que ces quelques vers :

D'au prumier cot donna, pitit rey toumbo a terro,

Què doun

Què dit-ello doun ?

Pilit rey toumbo a terro !

Courage mous amis, nous n'aurans pus de guerro

Què doun

Què dit-ello doun ?

Nous n'aurans pus de guerro,

Lou pitit rty ey mort, pitit rey d'Angleterro.

Que doun

Què dit-ello doun ?

Pitit rey d'Angleterro !

Hostilités seigneuriales. - Maintenant, revenons à Alain d'Albret, devenu seigneur de Nontron, et aux nouvelles catastrophes qu'il attira sur cette ville, d'après le Nobiliaire de l'abbé Nadaud, où nous lisons ceci :

« Le 10 février 1485, Alain d'Albret se ligua contre le roi de France. En 1487, il assembla environ trois à quatre mille combattants, avec lesquels il prétendait venir joindre les princes mécontents de Bretagne. Mais le seigneur de Candale, lieutenant du roy en Guyenne, l'investit dans son chasteau de Nontron, sur la frontière du Limousin et de l'Angoumois, et l'enveloppa de telle manière qu'il n'eut point d'autre parti à prendre que celui de la soumission, obligé de venir à composition, de retourner dans ses terres de Gascogne et de licencier son armée[6] ».

 

Dans l'Histoire de France de Garnier, vol. XX, p. 21, nous lisons encore :

«  Il (Alain d'Albret) se trouva investi dans le château de Nontron par le seigneur de Candale, lieutenant du sire de Beaujeu en Guyenne. Réduit à capituler, il demanda pardon au roi, congédia sa troupe et promit d'être fidèle à l'avenir. »

Guerres de religion. - En 1552, commencèrent, sous prétexte de religion, les hostilités des derniers partisans de la féodalité contre l'unité française, et Nontron eut particulièrement à en souffrir quelques années après. A ce sujet et, dans son Histoire universelle, t. V, p. 521, de Thou rapporte que :

« Coligny s'étant mis en marche pour faire sa jonction avec le duc des Deux-Ponts, détacha Antoine de La Rochefoucauld pour se saisir de Nontron, qu'il emporta d'emblée le 7 juin 1569 et passa la garnison au fil de l'épée, après quoi ils continuèrent leur marche. »

 

L’Histoire d'Aquitaine donne la même date et nous apprend que la garnison de Nontron ne se composait que de quatre-vingts hommes, et que la ville fut prise par Antoine de La Rochefoucauld.

Le Périgord illustré dit aussi que Nontron fut pris en 1509 par le même capitaine.

Mais l'Annuaire de la Dordogne de 1806 dit : « L'armée de l'amiral Coligny, réunie aux reitres huguenots du Limousin, prit et saccagea Nontron en 1570. Les habitants s'étaient défendus jusqu'à la dernière extrémité, et un grand nombre fut massacré par le vainqueur. »

Nous lisons enfin dans l'Histoire des Villes de France, au sujet de la prise de Nontron :

« En 1370, Coligny, à la tête des réformés français et des reitres réunis s'en rendit maître après une vigoureuse résistance de la part des habitants. Le courage des vaincus, loin de désarmer les vainqueurs, ne fit que les irriter contre eux. Un grand nombre périt par le fer et la ville fut saccagée ».

Ici s'impose une question, celle de savoir si la prise de Nontron par les huguenots eut lieu le 7 juin 1569 ou en 1570 ?

Or, les deux derniers historiens, tous les deux du Périgord, n'ont dû adopter cette date de 1570 que d'après un extrait des registres de l'hôtel de ville de Périgueux, imprimé au XVIIIe siècle et contenant un état des troupes de la ville, d'après la revue faite en 1570. Dans cet état, qui ne porte aucune indication ni de mois, ni de jour, et après l'énumération des hommes armés et d'une escarmouche contre les reitres huguenots à Saint-Germain, près Saint-Benoist, cinq lieues de Périgueux, on lit ce qui suit :

 

« En ces jours, l'armée de l'amiral fendit le chemin de Lymosin pour s'en aller joindre avec leurs reitres, et en passant firent mille maux ; thuaire les passans hommes, femmes, petits enfans, et cherchoient parmi les bois et bleds, voloient maisons et églises, avec plusieurs volleries et sacagements de fait, prindrent et pillarent la ville de Nontron, ou les habitans s'estoient défendus tant qu'ils eurent moyen de pouldre, et affin soubs la faveur de la nuict se saulvarent aulcuns en la présente ville et alheurs... »

 

Or, il nous semble dès à présent que le magistrat chargé de la revue de 1570, en parlant de la prise de Nontron à l'occasion du passage de l'amiral sur « le chemin du Lymosin, pour s'en aller joindre les reîtres », a eu en vue un événement antérieur de plusieurs mois. L'histoire nous apprend, en effet, qu'après la bataille de Jarnac du 13 mars 1569, Coligny se retira à Saint-Jean-d'Angély, puis à Tonnay-Charente d'où, après quelques mois de repos, ayant appris que les Allemands, sous la conduite du duc des Deux-Ponts, avaient passé la Loire, il se mit en marche pour aller au-devant d'eux. C'est alors que l'armée des princes, venant de l'Angoumois en Périgord, pour aller en Limousin, et passant près de Nontron, l'amiral détacha Antoine de La Rochefoucauld pour en faire le siège, tandis que le gros de l'armée, se dirigeant sur Chalus par la Grande-Pouge, prit et saccagea le bourg de Saint-Pardoux-la-Rivière. Deux jours après la mort du duc des Deux-Ponts, arrivée à Nexon le 18 juin 1569, les deux armées calvinistes firent leur jonction à Chalus, et en repartirent bientôt pour aller à Aixe et, de là, à Laroche-l'Abeille, où, le 24 dudit mois de juin, elles battirent les catholiques. Après quelques mois de séjour en Limousin, les huguenots en décampèrent et s'emparèrent, en passant, de Thiviers, de La Chapelle-Faucher, de Brantome et de Château-l'Evêque, (Mézeray, de Thou). Ces derniers événements durent, sans aucun doute, se produire dans les premiers jours de 1570 ; ce qui donna lieu à la prise d'armes et à la revue des habitants de Perigueux, menacés de près par les calvinistes, campés à Château-l'Evêque.

De ce qui précède, il nous parait donc suffisamment résulter que la prise de Nontron par les huguenots eut lieu le 7 juin 1569, et non en 1570.

Les calvinistes campèrent au sud-est de cette ville, près de la route conduisant à Chalus et sur le plateau où se trouve l'enclos de l'hospice actuel, lequel plateau prit, à partir de cette époque, le nom de Terre de l'Amiral, et la colline où il se trouve celui de Puy-aux-Loups, en patois : Pouyouloux, d'après divers actes des XVIIe et XVIIIe siècles, pendant que les terrains adjacents recevaient la dénomination caractéristique de Mataguerre (grand combat), conservée par le cadastre.

Au surplus, les troupes calvinistes ne reparurent plus devant Nontron, qui, en 1575, devint un lieu de refuge pour une partie des habitants de Perigueux, après la surprise de cette ville par Langoiran et Vivans, le 6 août de cette année, ainsi qu'il résulte de cet extrait du manuscrit de Jean de Chillaud, sr des Fieux :

 

« Du sixiesme d'aoust 1575, prinse de la ville de Perigueux par les huguenots, commandés par le sieur de Langoiran, par surprise et trahison de divers personnages, et entr'autres de François Faure, sieur de Lussas... Les habitants catholiques qui en avoient été chassés et qui sortaient à-mesure quils avoient payés leur rançon, sans prendre autre chose de leurs biens et se réfugioient en lieux circonvoisins pour y vivre en assurance, ainsy que leurs commodités leur pouvoient permettre, ainsy aux villes de Brantolme, Nontron... ,

 

La Ligue. — Pendant la Ligue de 1576 à 1593, les protestants et les ligueurs, disent les historiens, furent plusieurs fois débusqués de Nontron, notamment par d'Epernon, qui s'en empara définitivement en 1589 et en démantela les fortifications.

Croquants. - En 1633, nouvelle révolte des Croquants en Périgord, et particulièrement en Nontronnais, où ils furent soumis, en 1636-37, par le duc d'Epernon, ayant sous ses ordres M. de Folleville, qui établit à Nontron son quartier général. C'est ce qui résulte d'une relation, imprimée à Angoulême en 1552, et dont nous donnons l'extrait suivant :

«  Ce pays étoit tombé dans une si grande consternation quil salloit jetter dans une révolte généralle, si le zèle et la fidelitté des plus considérables gentilshommes de la province et les villes de Nontron et de Tiviers ne les eust engagé à prier M. de Folleville dy entrer pour secourir leurs bonnes intentions... »

Suit la défaite des Croquants au siège du château de Condat, dont nous parlerons au chapitre du canton de Champagnac-de-Bel-Air.

La Fronde. - Plus tard, de 1648 à 1653 et durant la Fronde, les habitants de Nontron, tenant toujours pour le roi et l'unité française, eurent encore à se signaler plus d'une fois, et leur ville devint le quartier général des troupes royales, d'après les documents suivants :

Du 10 juin 1650, lettre datée de Confolens et écrite au cardinal de Mazarin par le maréchal de La Meilleraye, qui lui mande entr'autres choses :

« J'ai en vue Limoges et Angoulesme et fais advancer tout ce qui nous est nécessaire pour notre petit équipage, afin que lundi nous puissions estre a moitié chemin de Périgueux, a un lieu qui s'appelle Nontron où je fais mon rendez-vous général. (Archives de la Gironde) ».

 

En 1651, Périgueux ayant été pris par le prince de Condé, les sièges royaux furent transférés à Nontron où ils restèrent jusqu'en octobre 1653, ainsi qu'il appert des actes civils de cette ville, où l'on trouve : à la date du 14 août 1652, l'acte de baptême de la fille de « Monsieur maistre François de Simon, escuyer, sieur de Chatillon, conseiller du roy et président au siège royal de Périgueux, et de dame Jeanne Martin, parrain Mr Me de Vincent, sieur de Laborie, escuyer, conseiller magistrat audit siège ; et autre baptême du 17 août 1653, de Léonard Deyriaud, fils de M. Me François Deyriaud, conseiller du Roy en l'élection de Perigueux. C'est ce qui résulte aussi et péremptoirement du traité fait à Perigueux, le 1er octobre 1653, entre le duc de Candale, général en chef des armées royales, et les maire, consuls et citoyens de Perigueux, où il est dit à l'art. III : « Les sièges royaux seront rétablis et conservés dans la dite ville sans s'arrêter à la translation qu'en a esté faicte en la ville de Nontron, laquelle demeurera pour non-advenue et sans aucun esfaict. »

Quelques mois avant et en juin 1653, le marquis de Sauvebœuf avait son quartier général à Nontron, d'où il fit expédier le 5 dudit mois de juin des lettres de sauvegarde à Jacques de St-Astier, « servant pour le Roy contre les Frondeurs qui prirent son chasteau des Bories, près Périgueux, et ravagèrent ses biens. »

Parmi les personnages de Nontron et des environs qui se signalèrent pendant la Fronde et les troubles antérieurs, au service du roi, nous trouvons :

1° François de Conan, seigneur de Connezac, auquel le maréchal de Folleville, commandant pour le roi sous l'autorité de S. A. M. le duc de Candale, délivra les lettres de sauvegarde ci-après :

« Mandons et ordonnons à lous ceux sur qui nostre pouvoir sestend et prions tous autres quil appartiendra de ne loger ny fourrager dans les paroisses de Connezac et Hautefaye, lesquelles a la prière et considération du sieur Depasvieux nous avons mises et mettons soubs la protection du Roy et la nostre, ayant chargé le sieur de Connezat de nous informer ponctuellement de ceux qui auront eu considération a nostre sauvegarde promettant faire le semblable quand en seront requis de leur part. En tesmoins de quoy nous avons signe le présent, y fait apposer le sceau de nos armes et contresigner par nostre secrettaire a Nontron, ce deuxsiesme demay 1653. Signé Folleville Lesens ; par monseigneur, Coustain ».

 

2° Thibault de La Brousse, seigneur de La Pouyade, beau-frère de Joseph Bodin, qui commandait un régiment de cavalerie posté auprès de Perigueux et par l'entremise duquel ledit Bodin correspondait avec les marquis de Sauvebœuf et de Thourailles, commandant les troupes royales campées dans les plaines de St-Laurent-sur-Manoire, en septembre 1653.

3° Dans le catalogue des nobles de l'Élection de Périgueux, dressé par M. Pelot, intendant de Guyenne, de 1664 à 1667, figurent : « François, Simon, autre François de La Roussie, originaires de Nontron, anoblis par lettres de l'année, à cause des services considérables qu'ils ont rendus pendant les mouvements derniers et des grandes pertes qu'ils ont soufferts pour le service de sa majesté. »

Nous aurions, sans doute, beaucoup d'autres noms à ajouter à ceux qui précèdent, et nous regrettons de ne pouvoir le faire, en ce moment, à défaut de documents suffisants. Nous faisons donc appel aux familles du Nontronnais, qui auraient intérêt à nous communiquer les leurs et à en assurer ainsi la conservation.

4° Quant aux habitants de la ville de Nontron, sans distinction de classes, ils tinrent à honneur de servir la cause du roi de France contre les frondeurs, comme ils l'avaient déjà fait contre les Anglais et contre les huguenots, et les reitres allemands, leurs alliés, ainsi qu'il résulte de l'exemption d'impôts qui leur fut accordée le 5 mars 1654 par le roi Louis XIV et dont la teneur suit :

 

« Sur ce qui a esté représenté au Roy en son conseil par les habitans de la ville de Nontron en Périgort, que sa ville de Périgueux, cappitale du pais s'estant déclarée pour les ennemis de l’estat, ils furent exhortez par les chefs du party rebelle de suivre leur pernicieuz exemple, et pour ny avoir voulu consentir, menassez de ruyne. Mais comme ils n'ont jamais eu de plus forte passion que de vivre tousiours dans la fidélité qu'ils doivent a sa maiesté, dans les temps mesme ou ses rebelles suiets croyoient qu'il n'y eust aucune puissance qui leur put résister, les dicts habitans de Nontron, de leurs propres mouvements, furent au devant du sieur de Sauvebeuf pour le prier de faire entrer ses trouppes dans le Périgort, par la dicte ville de Nontron, ce qu'il lit. et après y avoir vescu plusieurs jours, aux despens des habitans avecq ses deux régimens de cavallerie et d'infanterie et quantité de volontaires, et pris le pain de munition pour leur subsistance, la dicte ville lui fournit huict vingts cavaliers et soldats, tous bien montez et armez ; lesquels oultre six vingts habitans qui avoient pris party dans les trouppes de sa majesté, curent l'honneur d'assister aux prises des Chasteau l'évesque et Agonnat, et ensuite aux attaques et prises de Razac, Montanceis, Rougnac, St-Paul et la Tour-Blanche, notamment a la deffaitte générale du pariage; Ayant en ces occassions et généralement en toutes les autres qui se sont passées en Périgort et lieux circonvoisins, particulièrement soubs la conduitte du dict sieur ,1e Sauvebeuf et des sieurs de Foleville et Bousquet Chavagnac, donné des preuves évidentes de leur courage, gardé le chasteau de Bourdeille que le sieur de Bessay n'auroit voulu confier qu'à leur fidélité, souffert avecq plaisir divers logemens des trouppes de sa maiesté, tant de cavallerie que d'infanterie, payé lous les arrérages des tailles, fourny de contributions, pain, poudre, plomb et munitions, nourry long temps plusieurs prisonniers de guerre, repoussé diverses fois les ennemis, et en ces occasions randu de plus grands services à sa maiesté que ville de Guienne ; et parce que les ennemis avoient dessain d'attaquer la dicte ville de Nontron pour s'en servir, affin de faire des courses dans les provinces d'Angoumois, Poitou et Limousin, desquelles elle est limitrophe, le sieur marquis de Montauzier y avoit mis pour commandant le sieur de La Tour, par les ordres duquel ils auroient fortiffié la dicte ville, le fort d'icelle et le chasteau d'Albret qui la commande, appelé à leur secours diverses fois cinq à six cents de leurs voisins qu'ils avoient faict subcister, mis à couvert plusieurs lieux qui sans eux auroient esté la proye des ennemis, et par ce moyen maintenu dans l'obéissance de sa maiesté plus de trois mille hommes qui panchoient à la révolte, ce qu'ils n'ont pu faire sans se consommer en de grandes despances. Oultre lesquelles après avoir souffert plusieurs logemens, ils furent obligez de fournir la subsistance, ordonnée par le sieur duc de Candale, aux deux régiments du sieur de Sauvebeuf et aux trouppes de Plevixe et du comte Philippes ; montant et suivant la liquidation qui en fut faicte par les esleuz, à la somme de dix mille cinq cents livres, et de laquelle ils n'ont pu tirer aucun payement du receveur des tailles, bien que le dict sieur duc de Candalle leur aye donné ordonnance pour cest effect le XVIII avril dernier, ce qui causerait la ruyne totale de la dicte ville de Nontron si elle n'estoit rembourcée de la dicte somme ; et si sa maiesté ne la mettait à couvert de la haine des esleuz de Perigueux, la pluspart desquels estoient dans la rébellion, et qui la veulent surcharger annuellement de taille et autres impositions, pour avoir esté la seule qui s'est généreusement opposée à tous les dessains de la dicte ville de Perigueux, et qui a mieux servi sa maiesté que ville de Guienne, ainsi qu'appert par les certifficats des lieutenans généraulx et des mareschaulx de camp de son armée de Guienne Au moyeu de quoy requerraient qu'il pleust à sa dicte maiesté les vouloir descharger doresnavant de toute taille, taillon, droicts d'officiers et autres impositions qui ce peuvent faire durant le cours de l'année, ou du moins les reigler au quart des dictes impositions de l'année dernière, montant le dict quart, suivant les mande ou commission, à la somme de huit cens quarante cinq livres ; faire inhibitions et deffances aux dicts esleuz de taxer la dicte ville et paroisse de Nontron à une somme plus haute, à peyne de suspension de leurs charges, et de tous despens, dommages et intérests. Et en outre ordonner qu'il sera par eux imposé l'année présente sur tous les contribuables de la dicte eslection, la dicte somme de dix mille cinq cens livres, à quoy monte la subsistance fournie aux régimens de Sauvebeuf, trouppe de Plevix et comte Philippes, suivant l'ordonnance du dict sieur duc de Candalle du dict jour XVIII avril dernier, pour estre la dicte somme receue par le receveur des tailles en exercisse, et par lui payée aux sindiqs et consuls de la dicte ville de Nontron sur leurs quittances a la partie de l'espargne, nonobstant, sans s'arrester aux deffenses portées par les commissaires des tailles, auxquelles il plairait à Sa Majesté de vouloir desroger pour ce regard. Veu la dicte requeste et les certifficats des services rendus à sa majesté par les habitans de la dicte ville de Nontron, ordonnance du sieur duc de Candalle sus énoncée, le procès-verbal du sieur de Latour, commandant en la dicte le service desamaiesté, contenant lestat des fortiffications faictes en icelle aux despans des dicts habitans et autres pièces attachées à la dicte requeste, signée Aulhier et Loride. Ouy le rapport et tout considéré. Le Roy en son conseil a deschargé et descharge les dicts habitans de la dicte ville de Nontron de la moictié, à quoy ils seront imposez de tailles pendant les années 1634 et 16135 a la charge de paier le surplus sans nouvellement. A ordonné et ordonne que la dicte somme de dix mil cinq cens livres sera imposée et levée sur les contributions des tailles de la dicte eslection de Périgueux en trois années esgallement, à commencer en la présente, nonobstant les deffences portées par les commissions des tailles, auxquelles sa maiesté a desrogé pour ce regard, pour estre la dicte somme reçeue par les receveurs des tailles en exercice les dictes années et par eux payée aux dicts sindiq et consuls de la dicte ville de Nontron sur leur emploi, pour leur tenir lieu des despences par eux faictes pour le service de sa maiesté, et seront pour les dicts despens arrest toutes lettres par nous dellivrées. Signé : Séguier, Molé, Foucquet, Bordier. (Archives nationales, E. 264.)

 

Tels furent, du XIIe au XVIIe siècle, les exploits de nos fortes générations d'autrefois, aux croyances profondes, à l'âme virile et à la santé robuste. Puissions-nous être, toujours et malgré les funestes effets d'une civilisation sceptique et énervante, à la hauteur de leur patriotisme et de leur désintéressement!

 

R. de Laugardière.

(A suivre.)



[1] L'hôtel de Moncheuil appartenait alors a la famille de Roux, ainsi qu'il résulte de l'hommage suivant qui nons a été communiqué par M. de Roux de Bellliac, dont nous aurons à reparler au chapitre du canton de Bussière-Badil :

« Alain Dalbret, seigneur de Rioms, comte de Penthièvre et de Périgord, vicompte de Limoges et seigneur Davesne, a nos amez et féaux le seneschal ou son lieutenant, procureur, receveur et autres officiers de nostre vicompté de Limoges et chastellenie de Nontron, salut, scavoir faisons que nostre homme, Aymard Roux, comme mari et conjointe personne de noble femme Peironne de La Vergne, nous a faict les foy et hommaige quil nous est et peut estre tenu faire, a cause de son hostel noble de Montcheuil, assis dedans nostre chastel de Nontron, de son repaire noble de Montcheuil, assis en la paroisse de Sainct-Martial-de-Valette, de son hostel noble appelé de La Salle, assis au bourg de Sainct-Front-la-Rivière, et aussi de son hostel noble d'Aubignac et repaire dicelluy avec toutes les appartenances et appendances quelconques et generallement de tout ce quil tient de nous en nostre viscompte de Limoges, auxquels foy et homaiges et serment de fidélité sous lauthorite et bon plaisir de nostre bien aime seigneur et père monseigneur Jehan Dalbret , vicompte de Tartas, lavons reçu soubs nostre droict et saulvuy. Si vous mandons et commandons par ces présentes a chascun de vous sy comme a luy appartenant, que se pour et a cause de ses dicts foy et homaige et serment de fidélité, a nous paravant non faicts aucune chose du dict Aymard Roux, estre promise saisie arrestée ou empeschée en nostre main incontinent et sans delay le luy mestre ou faire mestre a pleyne délivrance, et len faictes jouyr et ce pleynement et paisiblement, car tel est nostre plaisir. Donne en nostre chastel de Nontron, soubs le scel de mon dict seigneur et pere, en labsence du nostre, le xxje jour dapvril lan mil quatre cent soixante quatre. Ainsi signe sur le ply par monseigneur le compte et vicompte. - Martial Dauvergne, secrétaire.

[2] Nous croyons devoir reproduire ici, comme explication de ce nom de rue des Chèvres accolé à celui de l'ancienne rue Noire, la légende populaire que nous avons publiée en 1873 dans nos Notes historiques sur le Nontronnais, à l'occasion de la prise de Nontron par les troupes de l'amiral Coligny :

«L'amiral coligny campa, a l'est de cette ville, eur les terrains formant les jardins de l'hospice actuel, et qui, depuis cette époque, furent désignés, dans divers actes publics, sous le nom de terre de l'amiral. Il en repartit bientôt, laissant Antoine de Larochefoucauld avec un bon corps de troupes pour faire le siège de Nontron. A quelques jours de là, et par une sombre nuit, la garnison, aidée par quelques habitants, sortit sans bruit afin de surprendre l'ennemi. Ces braves menaient devant eux un certain nombre de chèvres baillonnées et à la queue desquelles on avait attaché des étoupes imprégnées d'huile. Puis, arrivés à une distance convenue, ils détachèrent les chèvres, mirent le feu aux étoupes et lancèrent les pauvres bêtes, affolées de douleur, sur le camp ennemi, où ils se précipitèrent eux-mêmes en criant, frappant et tuant les hommes endormis. Les huguenots, surpris et à demi éveillés, s'enfuirent d'abord et se replièrent en bon ordre sur le mamelon voisin, au-dessous du cimetière actuel, où eut lieu un combat acharné qui ne finit qu'au point du jour par la retraite volontaire des Nontronnais. C'est depuis cette époque que ce mamelon a pris et conservé le nom de Mataguerre (grand combat), et que la principale rue du fort, la rue Noire, a pris celui de rue des Chèvres, ces animaux et plusieurs des combattants provenant de ce quartier. »

[3] Dans le bulletin SHAP, on trouve le mot « archevêque » qui est bien évidemment une coquille (note C.R.)

[4] Au XIIIe siècle, la famillle Chabrol possédait la seigneurie de Chalus et aussi, dans la châtellenie de Nontron, le bourg et la terre de Saint Pardoux-la-Rivière, dont il fut fait exception dans l'hommage rendu en 1213 à l'évêque d'Angoulême par Guy, vicomte de Limoges, en ces termes : castrum de Nontronio cum toto honore, exceptis burgo, Castro et fedo aux Chabrors. - Le 3 des calendes de juin 1267, Gérald Chabrol confirme à Guillaume Seguin la possession de la viguerie de ce bourg : Geraldus Chabrol, domicellus, dominvs sancti Pardulphi de Ripperia. - Les Chabrol étaient alors seigneurs de Chalus, et, à une époque indéterminée, ils y avaient fait construire un petit château-fort qui prit le nom de Chalus-Chabrol, et le donna au groupe d'habitations qui s’établit à l’entour.

Quelques années après, et on ne sait à quel titre, tous les biens de la famille Chabrol passèrent aux mains des vicomtes de Limoges; car, pour récompenser Gérard de Maulmont de ses services, Marguerite de Bourgogne lui donna une partie de la seigneurie de Chalus, et cette donation fut confirmée par sa fille Marie et par Arthur de Bretagne, dans leur contrat de mariage, passé en mars 1371, dans lequel contrat la mère donnait tous ses biens, y compris Chalus-Chabrol, ne se réservant que la terre de St-Pardoux-la-nivière, qu'avant de mourir, le 27 août 1290, elle employa, par testament, à la fondation d'un couvent de femmes dans cette dernière localité.

Devenu propriétaire d'une partie de la seigneurie de Chalus, Gérard de Maulmont y lit construire un second château, non loin du premier et qui prit, ainsi que le nouveau quartier, le nom de Chalus-Maulmont. Aussi voyons-nous, dans un mémoire judiciaire de 1732 et à propos de titres de rente de 1406, 1426 et autres, contre le comte de Bourbon-Dusset, seigneur de Chalus, que : « La terre de Chalus était divisée en plusieurs corps de seigneurie : une partie portoit le nom de Chalus-Chabrol, une autre étoit connue sous le nom de Chalus-Maulmont. Chacune avait son chef-lieu particulier... »

[5] Charles, par la grâce de Dieu, roi de France, a nos ames et feaulx les generaulx conseillers par nous ordonnés sur le fait et gouvernement de toutes nos finances, tant en Languedoil comme eu Languedoc, salut et dilection , sçavoir faisons que, pour considération des pertes et domaiges que nostre très cher et aine cousin le comte de Penthevrie a eues et soustenues pour le fait des guerres, a l'occasion desquelles ses terres et seigneuries sont moult destruites et de petite valeur a icelui nostre cousin, qui sur ce nous a fait requérir pour ces causes et autres a ce mouvant, et mesmernent pour lui aider a soustenir son estât, avons, donne et donnons de grâce spéciale par ces présentes tout ce que a quoi seront tanxes et imposés a cause de nos tailles ses hommes et subgies demourans en ses terres et seigneuries de la vicomte de Limoges et ressort dicelui jusques à quatre ans prouchainement venant a compter de la date de ces présentes.... Donne a Chinon, le vingt-huitième jour d'avril, l'an de grâce mil quatre cent quarante-six... »

« Collationné, en 1779, à l'original qui est au trésor des chartes de Navarre, au château de Pau, par le conseiller du roi, garde, dudit trésor. Signé : Descheux( ?). » - Voir aux Archives des Basses-Pyrénées.

 

[6] Voici, à ce sujet, copie du traité intervenu « après la réduction de la ville et cité de Nantes en l'obéissance du roy, » et dans lequel il est question de la prise de Nontron en 1487. Nous en devons la communication à l'obligeance de M. F. de Bellussière, de Périgueux :

« Extrait du traicte passe a Nantes au moys de mars mil cccc quatre-vingts et dix entre le roy Charles VIII et le sire d'Albret (pièce écrite sur parchemin et extraite des registres du Grand conseil du roy). »….

Nous estant en nre ville et cite de Bourdeaulx et envoyâmes devers luy, afin quil vinst devers nous et luy fismes faire commandement de par nous sur grans peines quil eust a deppartir sad. armée, et lors icelluy nre cousin Delbret sen partit dud. Chasteljeloux et passa avec sad. armée les rivierres de Garonne et Dordogne et aultres, et marcha oultre jusques au pays de Périgort, en une sienne ville nommée Nontron, en intention de marcher plus avant et soy joindre avec feu nre cousin le duc Françoys de Bretaigne, pour certaine alliance que nre d. frère Dorleans et luy avoient a icelluy duc de Bretaigne. Mais nonobstant certaine armée que envoyâmes contre et au devant de luy, il fut empesche tellement quil fut par nos gens de guerre assiège en lad. ville de Nontron, en laquelle aucuns nos lieuxten. et chiefs de guerre qui lors y estoient en nre armée receurent icelluy nre cousin Delbret a certain traicte, accord et appointement par lequel, entre autres choses, fut accorde et dit que icelluy nred. cousin Delbret de lors eu avant nous servirait bien et loyaument, et renonça et se deppartit de toutes alien et intelligences quil povoit avoir faites a quelconques princes ou seigneurs, et promist quil viendroit devers nous touttes et quanteffoiz que luy manderions et ferions scavoir. Lesquelles choses et tout le contenu aud. traicte nred. cousin Delbret promit et jura garder et observer, et depuis eusmes icelluy traicte pour agréable et fut par nous ratiffie et confirme. Et de la icelluy nre cousin Delbret, au moyen du traicte sen retourna en sesd. terres et seigneuries de Gascougnes et illecques fit sa demeure jusques environ la festes de Toussains..., etc. »

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