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Source: Bulletin SHAP, tome XIII (1886), pp. 384-397.

LES TROIS PREMIERS SEIGNEURS DE BERGERAC.

(Notes et documents.)

I

OTHON.

Othon est le premier seigneur de Bergerac dont il soit fait mention dans les anciennes chartes. Il vivait sur la fin du XIe siècle et au commencement du XIIe. Son nom apparaît dans plusieurs titres de l'abbaye de Saintes. Dans le premier, remontant à 1100 environ, il est dit, rapporte Lespine, « que Ebrard de Gardonne, seigneur dudit lieu, donna la chapelle de Gardonne à Notre-Dame et à St-Silvain de la Mongie, pour le repos de son âme et de son grand'père qui avait brûlé l'église de Notre-Dame et St-Silvain de la Mongie : en présence de Audebert, comte de Périgord, de Othon, seigneur de Bergerac, et Ithier de Sales, etc.

Après l'an 1104, Guillaume d'Auberoche, évêque de Périgueux, confirma cette donation en présence des mêmes témoins.

Ce même seigneur est encore nommé dans la déclaration que lit l'abbesse, que cette donation lui avait été faite par Ebrard, seigneur de Gardonne, et Aimeri, son oncle, et qu'elle avait été confirmée par Guillaume, évêque de Périgueux ; et, en conséquence, elle se mit en possession de la chapelle de Gardonne.

Ces chartes ne sont point datées, mais il est hors de doute qu'on doit les placer après 1104, parce que Guillaume, évêque de Périgueux, dont il est fait mention, prit possession de l’évêché de Périgueux cette même année et mourut en 1128 ou 29. »[1]. — On conjecture que Othon mourut après l'an 1120, et qu'il laissa une fille, nommée Philippe ; celle-ci aurait été mariée à Hélie Rudel, premier comte de Bergerac[2].

II

HELIE RUDEL IER.

 

Dans sa liste des seigneurs de Bergerac, Lespine s'exprime ainsi à propos de ce personnage :

 

« Hélie Rudel Ier est qualifié comte de Bergerac dans l'ancienne chronique des évêques de Périgueux, dont un fragment est rapporté dans le Gallia Christiana, dans Pierre Labbe. Il y est dit, parlant de Guillaume de Nauclard, évêque de Périgueux, qui tint le siège depuis 1130 à 1138, qu'il établit que tous les laboureurs donneraient un repas pour conserver la paix...

Sous son pontificat, le grenier à bled de l'abbaye de St-Front fut détruit par le comte Hélie Rudel et les bourgeois, et tous les grains qui étaient destinés à la nourriture des religieux furent emportés. Tout le monde trouva cette action si mauvaise que la comtesse sa mère, Gasconie[3], rejetant toute honte, le déclara illégitime devant l'évêque, dans une assemblée publique.

Hélie Rudel eut un terrible compétiteur dans la personne de Boson, seigneur de Grignols. Ils se firent la guerre pendant longtemps avec un succès égal de part et d'autre. Enfin, Hélie Rudel eut le dessous, quoiqu'il eût engagé dans son parti la bourgeoisie de Périgueux, qui le soutenait de toutes ses forces.

Il y a lieu de croire que Rudel étant totalement dépouillé du comté de Périgord par Boson, son courageux et infatigable rival, se retira à Bergerac, où il passa le reste de ses jours. Il avait épousé Philippe, que le Père Anselme dit être la femme de Hélie II. On doit placer cette alliance avant l'année 1150. Il en eut Hélie Rudel II. Il requit M. de Montfort, lieutenant du roi d'Angleterre, d'investir son fils puîné de la terre de Bergerac. On ignore le temps de sa mort ».

 

III

HELIE RUDEL II.

 

Hélie Rudel II succéda à son père ; il épousa, avant 1180, Géralde ou Géraude de Gensac, fille et héritière d'Adhémar, seigneur de Gensac.

Nous avons eu la satisfaction de pouvoir réunir quelques documents importants sur ce seigneur. Nous les résumerons et les citerons d'après leur ordre chronologique.

En 1224, le duc de Narbonne déclare composer amiablement avec Hélie Rudel et lui permettre de faire hommage au roi de France :

 

« Notum sit omnibus presentes litteras inspecturis, quod nos Amalricus, divina providencia, Dux Narb., Comes Tholos. et Dominus Montisfortis, composuimus amicabiliter cum nobili viro Helia Rudelli, Dno Brageriaci, et remitimus eidem omnem iram, odium et rancorem quae forte habebamus antea erga ipsum. Et habemus ipsum pro amico nostro. Volumus etiam et dedimus ei licentiam quod ipse fecerit homagium Domino nostro Karissimo Regi Franc. Reddidimus etiam ei litteras suas quas habebamus super homagio suo et pactis aliis quibus ipsum universi tam presentes quam posteri a nobis noverint absolutum. Et ut illud semper permaneat illibatum, et robur obtineat in futurum, super hoc dedimus prefato nobili viro Helye Rudelli litteras nostras sigilli nostri munimine roboratas. Actum Par. anno ab incarnatione Dni M° CCXXIII, mense novembri. »[4].

 

La même année 1224, et le même mois, le roi de France promet en son nom et au nom de ses héritiers de ne pas repousser l'hommage qu'Hélie Rudel lui a fait au sujet du château de Bergerac et de toutes ses possessions :

 

« Ludovicus, Dei gratia Franc. rex, universis presentes litteras inspecturis, salutem. Noveritis quod nos dilecto et fideli nostro Helye Rudelli, Domino Brageraci, promisimus bona fide quod nos homagium quod ipse nobis fecit de Castro Brageriaci et de tota terra sua, quam de nobis recepit in feodum et homagium ligium, non amovebimus de manu nostra, vel heredum nostrorum ; in cujus rei testimonium presentes litteras ei dedimus conducendas. Actum Rm. anno Dni M° CC° XXIII, mense novembri. ».[5].

Voici la traduction, donnée par Lespine, d'un acte intéressant par lequel Hélie Rudel reconnaît, en 1239, que ses officiers ont exigé à tort une rente annuelle en blé des ressortissants de l'abbaye de la Sauve, et accorde toutes réparations pour ce fait :

 

« A tous présents et à venir qui verront lire ces présentes, Hélie Rudel, seigneur de Bergerac et de Gensac ; vous sçaurés qu'ayant appris que mes baillifs et officiers exigeaient des sujets de l'abbaye de la Sauve, qui sont dans ma terre ou bailliage de Rauzan et de Pujols, aussi bien que des miens, une rente annuelle en bled, et qu'ils la leur enlevaient par force quand ils refusaient de la payer de bon gré. Je m'en suis donné le blâme à moi-même, comme d'une chose injuste dont j'étais responsable. Reconnaissant donc que j'avais failli, j'en ai demandé pardon aux religieux, et non seulement ay fait restituer ce qu'on avait pris par mégarde ou d'authorité, mais encore leur ay fait la satisfaction qu'ils ont demandée, pour le tort et l'injure qu'ils avaient reçus ; ensuite de quoi je me suis recommandé avec ceux de ma famille à leurs prières. En foi de quoi, j'ay signé ces lettres de mon sceau. Donné à Gensac le... de N. S. 1239, du mois de mars. »[6].

Nous trouvons, sous la date de 1243, l'ordre donné par Henri III, roi d'Angleterre, aux maire et consuls de Bordeaux, d'avoir à suspendre la perception de certaines redevances auxquelles étaient tenus envers eux les bourgeois d'Hélie de Bergerac :

« Mandatum Majori et juratis Burd. quod consuetudinem quam exigunt a Burgensibus Elye de Brigerak, in respectum ponant, donec aliud a rege habuerint mandatum et quod ab eisdem ceperunt postquam inde Rex cum eis loquebatur in manu sua retineant usque ad adventum Regis (sans date). Celles qui précèdent sont : Apud Sanctum Severum IXa die maii, et celles qui suivent 14 du même mois[7].

En 1247, Géraude, dame de Gensac, femme de Rudel, fait à Bernard de Beauville l'hommage qu'elle et ses prédécesseurs étaient tenus de lui rendre :

« Geralda, Domina de Genshaco, uxor viri nobilis Heliae Rudelli, Domini de Brageraco, etc. - Cum dilectus nepos noster Bernard de Beauville, domicellus, nuper de perigratione rediens (Bernard avait fait le voyage de Rome ou de la Terre-Sainte, ou un pèlerinage quelconque), faceret transitum per villam Brageracii... (il reçut d'elle audit lieu, à cause de son indisposition (d'elle) et pour lui faire plaisir, l'hommage qu'elle et ses prédécesseurs estoient tenus de faire audit Beauville et à ses progéniteurs ). Actum non. septembris 1247, G. archiepiscopus Burdigal. »[8]

En 1253, le 15 juin, Henri III, roi d'Angleterre, promet à ceux qui ont quitté Bergerac pour son service, de les indemniser des dommages qu'ils ont pu souffrir à cette occasion :

« Rex omnibus, etc. Sciatis quod tenemur Oliver Prepositi, Willelmo Reymondi de Sancto-Desiderio, Helie de Nesson et Girardo, fratri ejus Gailard de la Force et Helie Prepositi, filiis ejus, qui exierunt villam de Bragerac, ad veniendum in servicium nostrum venire voluerunt, restituere sibi jacturas et damna sua quae incurrerint occasione predicti exitus sui a villa predicta, tam de domibus et redditibus suis, quam de aliis quae habuerunt in eadem villa, et alios honores et commoda eis liberaliter faciemus ad dictum Roberti Wallerand, senescali nostri, vel alterius boni viri de consilio nostro, et Theob. de Genseac, Auduberti Prepositi, in cujus etc, Teste XV die junii. »[9].

Le 3 juillet de la même année, le roi d'Angleterre confie à Gaston de Gontaut la garde du bourg de Bergerac et de quelques terres voisines :

« Rex commisit Gastoni de Gontaut burgum de Brigerac cum omnibus terris Baian. et Baiaden. et aliis terris circum jacentibus et pertinentibus ad villam Breger., intra flumen Dordon., excepto Castro de Moncuq, cum pertinentiis, custodiend., quamdiu Regi placuerit, in cujus, etc., Teste ibid. III die julii (T. R. in castris extra Brigerac) ». [10]

 

Le 26 août 1253, Henri III adresse la lettre de créance ci-après à ses commissaires envoyés à Bergerac :

« Rex militibus, burgensibus, et aliis probis hominibus de Brigeriaco, salutem. Mittimus ad vos Gastonem de Gontaut, Arnaldum de Miremond et Almannum de Varetto, pro quibusdam negotiis vobis exprimendis ex parte nostra quibus super hiis fidem adhibeatis indubitatam. In cujus, etc. Teste apud Burdeg. XXVI die augusti. » [11]

 

Du 24 juillet 1253. Commission de Henri III à Gaston de Gontaut pour pacifier les différends entre lui, les nobles et les bourgeois de Bergerac :

« Rex misit per litteras patentes Gastonem de Gontaut ad milites et burgenses de Brigerac, ad tractandum de pace intra Regem, et eosdem milites et burgenses et super hoc firmiter credant ipsi Gastoni tanquam Regi et quidquid idem Gasto cum eis super premissis ordinaverit ex parte Regis, ratum habebunt et gratum. In cujus, etc., Teste ut supra (in castris apud Girond., 24 die julii) per Petrum de Sabaudia.[12] ».

 

Du 26 août 1253. Lettre du même aux habitants de Bergerac pour les sommer, comme leur seigneur, de venir à son service :

« Rex majori de Bergerac, Oliv. Preposito, militibus, burgensibus et aliis probis hominibus ejusdem villae, salutem.

Mandamus vobis rogantes quatenus salvo et secure ad fidem et servicium nostrum veniatis : hoc enim de jure facere poterilis et debitis, eo quod Reginaldus de Pontibus et Margarita, uxor ejus, contempserunt stare juri in curia nostra, et nos sumus capitalis dominus de Brigeraco, et si hoc facere volueritis, nos parati sumus libertates, honores et beneficia vobis et omnibus amicis vestris gratuiter impendere juxta considerationem et dictum predictorum majoris de Brigeraco, Oliver Prepositi, Gastoni de Gontaut, Theobald. de Gensac et Petri Caillau, ita quod bene eritis contenti. In cujus, etc. (Teste ut supra, apud Burdegal., 26 die Augusti.) » [13].

Le 26 avril 1254, Hélie Rudel, malade, écrit à Henri III et lui envoie des mandataires pour traiter avec lui de certaines affaires :

« Littera Heliae Rudel, Dni de Brageriaco.

» Excellentissimo Dno suo et illustri Dno Henrico, Dei gratia, Regi Angliae, Dno Hiberniae, duci Normandiae, Aquitaniae et comiti Andegavensi.

Helias Rudel, Dnus Brageracii et Gensiaci, salutem, cum omni subjectione devota cum infirmitate corporali subito occupati, ad vos accedere personaliter non possumus, volentes vestrae obedire in omnibus voluntati, debitos et fideles nostros venerabilem officialem Vasatensem et Theobaldum de Gensiaco et Oliverium Prepositum, milites ad vos, domine, mittinus, ratum et gratum habituri, quidquid super iis, quae a nobis petiistis, factura fuerit cum eisdem. In cujus rei testimonium presentes litteras eisdem concessimus, sigillo nostro proprio sigillatas. Datum in crastinum B. Marchi, evangelistae, anno Dni M° CCL quarto. »[14]

 

De la même année, et à la dite date du 26 avril, promesse de Henri III, roi d'Angleterre, de rendre à Hélie Rudel, seigneur de Bergerac et de Gensac, la place appelée de Castelmoron, qu'Hélie Rudel a cédée pour un temps au roi :

« Rex omnibus, etc. Sciatis quod cum petivimus a dilecto et fideli nostro Elia Rudelli, domino de Brageraci et Gensiaci, quod nobis, ut tenebatur pro guerra nostra, traderet castrum Morum, idem Elias, castrum illud, prout debuit, nobis tradidit, et nos ei promisimus de gratia, quod castrum predictum eidem Elie reddemus, a die sancti Michaelis, an. r. n. XXXVIII, in unum annum, non deterioratum ; vel prius, si per vires, si per pacem, villam de Regula habuerimus. Et interim idem Elias omnes redditus suos, terras, vineas et alias possessiones suas cum omnibus exitibus ad idem castrum pertinentibus, ad opus suum retinebit. Et si castrum illud, dum fuerit in manu nostra, emendaverimus, vel effociaverimus emendatum vel effociamentum illud ab eodem Elia non exigetur, et predictum castrum Morum eidem Elise ad predictum terminum, vel prius si per vires, vel per pacem predictam villam de Regula habuerimus, ut predictum est, sine omni occasione praeterita, presenti vel futura, restituemus. — In cujus, etc. Teste apud Millan. XXVJ die aprilis. »[15]

 

Enfin, le 30 avril 1254, Hélie Rudel fait ainsi son testament :

 

« In nomine Patris et Filii et Spiritus sancti. Amen.

Ego Helia Rudelli, Dnus Brageraci et Gensiaci, anno ab incarn. Dni mille duc° quinq° quarto, ultima die aprilis, compos mentis meae, licet in aegritudine constitutus, testamentum meum condo et condidi in hunc modum. In primis Margaritam, unicam filiam meam, in omnibus meis bonis heredem meam instituo. Volo tamen quod de omnibus meis bonis mobilibus et debitis quae mihi debentur compleatur testamentum patris mei, si quid incompletum appareat remansisse Item volo et precipio quod de testamento matris meae penitus idem fiat. Item de dictis mobilibus solvantur debita mea et omnia qua; in funere meo fuerint necessaria. Item volo quod Rogae, uxori meae, solvantur quinque millia solidos Morlanenses, quae pro eadem nomine dotis fuerunt soluta et totidem eidem solvantur de pecunia mea, et pro utraque summa habeat, teneat et recipiat pedagium meum de Brageriaco usque ad completam solutionem predictarum summarum, nisi ad preces meas heredes mei de Brageriaco dictas summas dictae uxori meae vellent solvere et sibi satisfacere de pedagio supra dicto. Item volo quod de redditibus terrae meae, si ad hoc mobilia non sufficierint mea, ponantur trigenta sex millia solidos monetae currentis, in constructione pontis Brageriaci, quia istud lacere disposuerat in suo animo pater meus. Item volo quod per executores testamenti mei ad arbitrium eorumdem assignentur, monialibus de Fontanas Petragoricensis diocesis, vigenti solidos renduales ; item monialibus de Tres Serors assignetur unus sextarius frumenti rendualis solvendus eis prima die quadragesimae. Item volo quod religiosis domibus, scilicet abbatiae de Sancto-Fremerio, hospitali Sancti-Naxencii, abbatiae de Caduino, Cisterciensis ordinis, et domui de Ponte Romerio, pro anima et damnis eis a me illatis, aliqui redditus assignentur. Item volo quod Rudellus, frater meus, habeat castrum de Poiolio, cum omnibus pertinentiis, ita tamen quod omnes redditus quos dedi sibi, apud Brageriacum, ad filiam quam heredem meam institui, revertantur ; et volo et precipio quod vinea de Poiolio restituatur heredibus Forconis de la Bacona, solutis expensis factis pro melioratione ejus vineae ; volo etiam quod de damnis a me et meis illatis Petro Vigerii Albaterrensis et ecclesiae de Festenele, et cuidam altario, ecclesiae Caturcensis diocesis quae vocatur Comiac, satisfiat de bonis meis mobilibus. Item volo et mando quod de pedagio de Pessac, satisfiat officiali Vasatensi de 25 libris burdigalensibus, in quibus eidem teneor ex traditione cujusdam equi quem a dicto officiali emi. Item volo et praecipio quod illi quos executores testamenti in presenti pagina deputo, omnia debita mea et alia bona mobilia quodcumque sint, sive sint oro, sive in argento, sive in quacumque moneta, habeant et recipiant et eam divideant secundum fonnam sibi datam in testamento hujus modi ordinatam. Item volo et praecipio quod domicelli quibus dixeram quod se pararent ad militam a me recipiendam et aliis domicellis et toti familiae mecum equitanti, et in meis domibus commoranti clericis et laicis de pecunia et aliis mobilibus meis fiat remuneratio competens ad arbitrium dilectorum meorum Gastoni de Gontaldo, Guilhaumeti Ferrioli, Armandi Prepositi , Oliverii Prepositi, Will. Arramundi de Sancto-Desiderio ; propter istum ultimum articulum, in omnibus supra dictis executores meos deputo dilectos fideles meos Gastonem de Gontaldo et Guilhaumetum Ferrioli, Armand. et Oliver. Prepositos, Willelmum Arramundi de Sancto-Desiderio, Bertrandum de Naychos, Aymericum de Prato-Novo, P. de Boon, Stephan. Folqueti, P. Sinquenval, juniorem, Dm abbatem sancti Fremerii, Teobaldum de Gensiaco , Willelmum Bertrandi, B. de Bofiagas (de Bosnagas, Bouniagues), Bertrandum de la Lana, Arnaldum Iterii, milites, Aymericum Austor, Heliam de Lobeiac, Vitalem de Gironda, burgenses de Gensiaco; praeter supra dicta, volo et mando quod religiosis domibus de Caduino, Cistercensis ordinis, de Sancto-Naxencio , in quâ meam eligo sepulturam, et abbatia; sancti Fremerii assignentur et competentur redditus quos pater meus, vel mater mea legaverunt eisdem locis, in testamentis suis et tantumdem pro anima mea, et apud Pontem Romerii trigenta solidos annuos volo et mando pro mea anima assignari. Testes jurati et presentes abbas sancti Fremerii, officialis Vasatensis, Willelmus de Bedat, capellanus de Gensiaco, Willelmus Arrundi de sancto Desiderio fuit presens ; sed non fuit juratus, Gaubertus d'Autraterra et Petrus de Camphac, clericus, jurati, testes autem post modum vocati et presentes, sed non jurati, Talayrandus, avunculus meus, Rudellus, frater meus, Ar. de Bonavilla de Miramonte, Rudellus de Monteclard, consanguineus, R. Prepositi, preceptor Sancti-Naxencii, B. de Bofiaga qui fuit de juratis et plures alii non jurati, et ut omnia ista firmitatem habeant, hoc meum testamentum mandavi et feci sigillo proprio sigillari. Datum die jovis, in sera, post quindenam Paschae, anno Dni mill. Ducent° quinqu. quarto. »[16]

 

Hélie Rudel s'était marié en secondes noces, nous dit Lespine, « avec Marguerite de Turenne, fille unique de Raymond IV, vicomte de Turenne.

Raymond V, frère de Raymond IV, prétendit exclure Marguerite de la vicomte de Turenne, sur le prétendu droit de masculinité et s'en empara à la mort de son frère, en 1243. Mais sa nièce Marguerite revint contre ce droit et obtint partage dans la vicomté par un traité que ratifia la reine Blanche l'an 1231. »[17]

Nous reproduisons cet acte important; on remarquera que la femme d'Helie Rudel y est dénommée Hélis, et non Marguerite, et que Raymond de Turenne y est désigné comme le neveu et non le frère du défunt vicomte de Turenne :

« Blancha, Dei gratia, Francorum regina, omnibus presentes litteras inspecturis, salutem. Notum facimus nos litteras inferius annotatas vidisse sub hac forma. — Helias, humilis electus monasterii Sarlatensis, et G. de Malamorte, junior, salutem in domino. Notum facimus quod cum questio verteretur in curia illustrissimi domini Ludovici, Dei gratia, Francorum regis, coram illustrissime domina Blancha, eadem gratia Francorum regina, inter nobilem virum Heliam Rudelli et Helis uxorem suam, ex parte uni ; et nobilem virum Raymundum Turenae, vice-comitem, ex altera. — Super vice-comitatu Turenae et ejus pertinenciis quem dictus Helias , cum pertinentes nomine predictae Helis uxoris suae, et nomine Raymundi vice-comitis, patris sui, dicebat ad se jure hereditario pertineri ; et dictus Raymundus, vice-comes, nepos vice-comitis memorati, e contrario asserebat, ratione consuetudinis et usagii dicti vice-comitatus, ad se dictum vice-comitatum cum pertinentiis suis jure necessario pertinere : unanimiter et concorditer in nos tanquam arbitros et arbitraires, seu etiam amabiles composites, compromiserunt super questione jam dicta, promittentes solernni stipulatione inter posita super Dei Evangelia praestito juramento, quod nostro starent arbitrio sive dicto, vel etiam ordinationi. Nos autem, consideratis dictas quaestionis circonstantiis universis, communicato prudenium consilio, arbitrium nostrum sive dictum, vel etiam ordinationem in scriptis proferimus in hunc modum : videlicet, quod dictus Raymundus, habeat, teneat et possideat ipse et heredes seu successores ipsius, nunc et in perpetuum, castrum Turenae cum omnibus pertinentiis suis et bailiviis, dominio et honore, districtu, homagiis, Jeudis, ac etiam explegiis, et aliis juribus universis ad castellaniam dicti castri pertinentibus, et medietatem villae Martelli, cum omnibus pertinentiis suis et juribus universis. Item castrum de Monte-Valenti, cum honore et districtu, pertinentiis et jurions universis. Item, pertus (ou portus) de Tractus sive de Monte-Valente cum pertinentiis suis et juribus universis. Item, jus et dominium faciendi, et fabricandi, et cudendi monetam vice-comitatus Turenae. Item, castrum de Floirac, cum pertinentiis suis et juribus universis. Item, dominium castri de Mirindol, cum pertinentiis suis et juribus universis. Item, dominium castri de Curamonte cum pertinentiis suis et juribus universis. Item, dominium castri de Sancto-Michaele, cum pertinentiis suis et juribus universis. Item, dominium castri de Casillac cum pertinentiis suis et juribus universis. Item, castrum Sancti-Sereni, cum omni honore et domino et districtu, pertinentiis et juribus universis. Item, castrum de Garhac, cum pertinentiis et juribus universis. Item, dominium villa; Belli-Loci, cum pertinentiis et juribus universis. Item, castrum de Betut, cum pertinentiis suis et juribus universis. Item, totara terrain et dominium et feuda, et homagia de Brivesio, quam et qme habebat et habere debebat Raymundus quondam Turenae vice-comes, patruus suus ibidem. Item, homagia, feuda et dominia, ac explegia ad dicta castra vel villae, pertinentia, et generaliter, et universaliter homagia, feuda et dominia ad dictum vice-comitatum pertinentia, a villa Martelli usque ad civitatem Lemovicensem, et usque ad villam de Glotons. Item, volumus et ordinamus quod dictus Raymundus, vice-comes, solvat et reddat medietatem testamenti sive ordinationis quondam Turenae vice-comitatis solutorum et solvendorum. Et dictus Helias Rudelli et Helis ejus uxor solvat et reddat aliam medietatem testamenti sive ordinationis dicti Reymundi quondam Turenae vice-comitatis solutorum similiter et solvendorum, ad arbitrium et voluntatem venerabilis patris et abbatis Obarinas et mei dicti Heliae, electi monasterii Sarlatensis. Item, arbitrando ordinamus quod dictus dominus Helias Rudelli et Helis uxor sua et heredes et successores ipsorum habeant, teneant et possideant nunc et in perpetuum castrum de Ribeyrac, cum omnibus pertinentiis suis et bailliviis, dominio et honore, districtu, hommagiis, feudis ac etiam explegiis, et aliis juribus universis ad dictum castrum pertinentibus. Item, castrum d'Espluchac, cum districtu et honore et pertinentiis suis et juribus universis. Item, castrum de Monteforti cuin omni honore et districtu et pertinenciis suis et juribus universis. Item, castrum de Alhac, cum honore, districtu el dominio et pertinentiis suis et juribus universis. Item, castrum de Carlus, cum honore, districtu, dominio et bailliviis et homagiis, et pertinentiis suis et juribus universis. Item, dominium villae Soliacensis cum pertinentiis suis et aliis juribus universis. Item, portum de Croichia (Creysse, près Martel-sur-Dordogne), cum pertinentiis suis et juribus universis. Item, medietatem villae Martelli cum pertinentiis suis et juribus universis. Item, castrum de Archia, cum omni honore, districtu et dominio, feudis et homagiis, bailliviis et pertinentiis et juribus universis. Item, castrum de Terrasson, cum honore, districtu et dominio et pertinentiis et juribus universis. Item, jus et dominium castri de Salignac, cum honore, districtu et dominio et pertinentiis suis et juribus universis. Item, jus et dominium de Jayac et de la Cassaigne, cum pertinenliis eorum et juribus universis. Item, omnia homagia et alia quaecumque tenebat Reymundus, quondam Turenae vice-comes, ab abbate et monasterii Sarlatensi. Item, homagia et feuda et dominia ac explegia ad dicta castra et villas pertinent ; et generaliter et universaliter omnia homagia, feuda et dominia a castris de Carlus, et de Salignac, et de Terrasson, et de Larche, cum pertinentiis eorumdem inferius usque ad civitatem Burdegalensem. Et nos, Helias Rudelli, praedictus et Helis, uxor mea, et nos dominus Reymundus vice-comes Turenae pro nobis et successoribus nostris, supra dictum arbitrium seu ordinationem, scienter et consulto, et ex certa scientia nostra, acceptamus, et consentiendo plane approbamus et ratum habuimus et habemus, promittentes ad invicem sub virtute praestiti juramenti universa et singula supra dicta, nunc et in perpetuum nos inviolabiliter servaturos et nunquam aliquo tempore contraventuros, etc. Et in testimonium praemissorum et ad majorem roboris firmitatem sigilla nostra praesenti paginae una cum sigillis praedictorum Eliae, electi monasterii Sarlatensis, et G. de Malamorte junioris ad preces et instantias nobilis viri Helise Rudelli et Helis uxoris suae, et nobilis viri Reymundi, vice-comitis Turenae, sigilla nostra praesenti paginae apposuimus in testimonium praemissorum. Actum apud Meledunum anno Domini 1251, die dominica post festum nativitatis beati Joannis-Baptistae. Nos autem istam compositionem certificamus, ita quod ex ista compositione, vel testificatione nostra, jus charissimi filii nostri Regis, vel alicujus alterius in aliquo non diminuatur vel addatur. In cujus rei testimonium, ad petitionem utriusque partis, sigillam fecimus nostrum praesentibus apponi. Datum apud Meledunum anno Domini 1251, mense junio »[18].

 

Hélie mourut en l'an 1254, sans laisser d'enfants mâles. Sa fille, Marguerite, lui succéda. Cette dernière avait épousé en 1252 Renaud III, sire de Pons[19].

Elie de Biran.



[1] Lespine, vol. 48, page 328. - Extrait du Cartulaire en latin de l'abbaye de Noire-Dame de Saintes, écrit en lettres gothiques sur vélin, folio 17. De acquisitionibus Dae Alcaidae in Petragorensi.

[2] Lespine, vol. 48, p. 328. C'est sous Othon que le prieuré de Saint-Martin de Bergerac paraît avoir été fondé (1080).

[3] « Gasconie n'était point le nom propre de la comtesse. Elle s'appelait Brunechilde de Foix. On présume que les Périgourdins, auxquels elle n'était pas sympathique, lui avaient donné le sobriquet de Gasconne, faisant allusion au comté de Foix, d'où elle était originaire et voisin de la Gascogne. »

[4] Lespine, collection Périgord, vol. 48, f° 4.

[5] Lesp., vol. 48, p. 4. - « En 1225, dit Lespine, au mois de novembre, il (Hélie Hudel II), fit encore hommage-lige au Roi, à Rheims, pour les fiefs de Bergerac, Castillon, avec le territoire en deçà de la Dordogne et de Clarens. » (Lespine, vol. 159, p. 13, au mot Rudel.)

En l'année 1230, nous relevons avec Lespine un « compromis entre Elie Rudel et Bertrand de Turenne, par lequel ils conviennent qu'ils ne pourront, l'un sans l'autre, faire de traité avec le vicomte de Turenne et que, s'ils ont dans la suite quelques différends ensemble, ils s'en remettront à l'arbitrage de Boson et de Galhard de Salanhac, et de Bertrand et de Galhard de Salanhac. Cet acte, en langage du pays de l’an 1230, expédié sur l'original, est signé de Grésis, secrétaire du roi à Montauban. (Lesp. vol. 159. p. 33, au mot Rudel.)

D'autre part, le Registre manuscrit de l'Histoire de Bergerac renferme le passage suivant : « En 1233, la ville de Bergerac appartenait à Hélie de Hudel, seigneur dudit lieu de Bergerac et de Gensac, sous la domination anglaise. Vid. en preuve de ce fait la trêve conclue entre led. de Rudel, Hélie de Rudel, son fils, et les maire et consuls de la ville de Périgueux, la veille des kalendes de juin, audit an 1233, dans l'église Notre-Dame du château de cette ville. Ce titre est rapporté au long dans les mémoires de Périgueux, pièces justificatives, l0 ».

[6] Lesp. vol. 159, p. 24.

[7] Lesp. vol. 48, p. 13.

[8] Lesp., vol. 46, p. 179.

[9] Ibid., vol. 48, p. 13.

[10] Lesp.,vol. 48, p. 13.

[11] Ibid.

[12] ibid.

[13] Lesp., vol. 48, p. 13.

[14] Lesp., vol. 78, p. 74.

[15] Lesp., vol. 78, p. 75.

[16] Lesp., vol. 48, p. 428.

[17] Ibid., vol. 48, p. 331.

[18] Lesp. Vol. 4, p. 248 à 250.

[19] Lesp. Vol. 159, p. 10. (Extrait des Preuves de la maison de Turenne).

 

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