Source: Bulletin SHAP, tome XIV (1887) pp. 110-155,
231-252, 321-333 & 390-410.
ESSAIS
TOPOGRAPHIQUES,
Canton de nontron. — Commune de Nontron (suite).
Chapitre VI. — Institutions civiles et communales.
Pendant
l'occupation romaine et sous les Francs, jusque dans le cours du viiie
siècle, Nontron fut le chef-lieu d'une des quatre centaines du Limousin, Centena Nontroniensis
in pago Lemovicino. Voici, d'ailleurs, d'après les anciens
jurisconsultes, ce que l'on entendait par centaine et centenier :
« Il y avoit chez les Romains des officiers
appelés centuriones, parce
qu'ils commandaient cent soldats. Il y avoit aussi chez les Francs des
officiers appelés centeniers qui commandoient une division de soldats, composée
de cent hommes. Les fonctions militaires de ces officiers ne finirent pas avec
la conquête ; ils devinrent chacun chef d'un certain district, composé de cent
feux ou cent familles, que l'on appelait centena. Ils
réunirent l'exercice de la justice avec la puissance des armes, faisant la
fonction de capitaine en temps de guerre et celle de juge de leur canton en
temps de paix. Ils prirent la place des juges des villages, qui, sous les Romains, étaient appelés judices
pedanei ou magistri pagorum, avec
cette différence que les centeniers, en tenant leurs pieds, étoient toujours
armés d'une lance et d'un bouclier. Ils étoient les premiers juges après les
comtes. Il est parlé de ces centeniers et de leur district dans une donation de
Clovis Ier, au monastère de Réomans, proche Langres ; dans un état de
Childebert, de l'an 595 ; dans un autre de Clotaire II, de la même année ; dans
une ordonnance de Dagobert, de l'an 630, et dans le chapitre 46 de la loi
salique réformée par Charlemagne, en 798, faisant connaître que celui qui
recherchoit une veuve en mariage devait la demander dans une assemblée indiquée
par le dixainier ou un centenier. — C'étoit devant le centenier que se
faisoient, dans les villages, les donations dont la tradition s'effectuoit par
un fétu ou petit bâton que le donateur jettoit dans le sein du donataire. —
C'étoit devant ce même officier que se faisoient les abjurations de parenté. —
Une ordonnance de Charlemagne, de l'an 802, enjoint aux comtes et aux
centeniers d'avoir un très grand soin de rendre la justice, chacun dans
l'étendue de leur juridiction, d'y protéger les pauvres et que, sans aucune
négligence, ils punissent, selon la loi, les voleurs, larrons, homicides,
adultères,magiciens, enchanteurs, devins et sacrilèges; il leur ordonne de
juger selon les lois et non arbitrairement. - Le même prince, par une
ordonnance de l'an 812, déclare que les centeniers pouvoient connoitre de
toutes sortes de causes, excepté celles où il s'agissoit de la perte de la vie
ou de la liberté, et celles qui concerneroient la propriété des héritages ou
l'état des esclaves, à moins que ce ne fut en présence des commissaires du
prince, missi dominici, ou
en présence des comtes auxquels la connoissance de ces matières étoit réservée,
en sorte que les centeniers ne pouvoient counoitre que des causes personnelles
et mobilières. - Louis le Débonnaire ordonna, en 819, que les comtes ou leurs
commissaires et les centeniers observeroient l'ordonnance qui leur défendoit de
recevoir aucun présent pour corrompre la justice. - On appeloit au comte des
jugements des centeniers. — Enfin, les fonctions de centeniers ont dû
nécessairement cesser lors de l'institution des fiefs qui commencèrent à
s'établir dans le ixe siècle, à la suite des inféodations qui
transférèrent à chaque seigneur le droit d'administrer et de rendre la justice
en personne ou par leurs officiers. »
Tel devait être
l'état de la châtellenie de Nontron, lorsqu'elle fut donnée, à la fin du viiie siècle, par
le comte de Limoges aux abbés de Charroux, sous l'impulsion desquels, et du ixe
au xiie, le castrum de Nontron dut
être pourvu d'institutions communales, la religion chrétienne ayant tenu le
premier rôle dans la rénovation et la diffusion des idées et des libertés
municipales, dont les villes et bourgades murées furent les premières à bénéficier.
A cet égard et
si les preuves écrites nous font aujourd'hui défaut, nos titres des xie
et xiie siècles ayant été, en 1793, brûlés sur la place publique,
nous trouvons dans ceux du xve mention des syndics et de la
bourgeoisie de Nontron, ainsi que de leurs libertés et franchises de toute
antiquité ; ainsi :
Du 10 janvier
1458, vente à Peints
Roselli, burgeni de Nontronio.
Du
24 août 1474, reconnaissance de rente consentie en
faveur de prudente
viro Petro Pastourelli, burgeni ville Nontronii.
Du 8 novembre
14880 et du 7 septembre 1500, sentence et arrêt sur appel du Parlement de
Bordeaux, entre le syndic et le seigneur de Nontron contre le baron de Mareuil,
au sujet du péage réclamé par ce dernier[1].
Mais
quelles furent les attributions de la municipalité nontronnaise ?
L'Encyclopédie du xviiie
siècle dit à ce sujet (voir Communauté d'habitants) :
« Les habitants de chaque ville, bourg ou
paroisse forment entr'eux une communauté, quand même ils n'auroient point de
chartre de commune. L'objet de celle communauté consiste seulement à pouvoir
s'assembler pour délibérer de leurs affaires communes et avoir un lieu destiné
à cet effet, à nommer des maire et échevins, consuls et syndics ou autres
officiers, selon l'usage du lieu, pour administrer les affaires communes; des
asséurs et collecteurs dans les lieux taillables pour l'assiette et
recouvrement de la taille ; des messiers et autres préposés pour la garde des
moissons, des vignes et autres fruits.... En général, on ne peut entreprendre
aucune affaire, en demandant ou défendant, ni faire aucune députation ou autre
chose concernant la communauté sans que cela ait été arrêté par une
délibération en bonne forme et du consentement de la majeure partie des
habitants. Ces délibérations doivent être faites dans une assemblée convoquée
régulièrement au son de la cloche ou du tambour, selon l'usage du lieu, à
l'issue de la messe paroissiale, un jour de dimanche ou de fête, et que l'acte
d'assemblée soit rédigé par un notaire et signé des habitans présens sachant
signer et pour ceux qui ne le savoient qu'on en fasse mention... ».
(…)
Chapitre VII — Régime scolaire.
Les écoles,
établies en Gaule par les Romains, augmentèrent en nombre et en importance à
mesure que le christianisme grandit, et ce mouvement se généralisa en 529,
après le concile de Vaison, qui ordonna à tous les prêtres de recevoir dans
leur demeure autant de jeunes lecteurs qu'ils en pourront trouver ; qu'ils
habiteront avec eux, les traitant en bons pères et les nourrissant
spirituellement, et qu'ils leur apprendront à lire, à chanter des psaumes et à
s'instruire dans la loi du Seigneur. Plusieurs autres conciles, entr'au-tres
celui de Tours, de 567, et le concile général de Constantinople, en 680,
reproduisirent et développèrent les mêmes prescriptions. Cet enseignement
gratuit était donné à tous, aux serfs et aux pâtres aussi bien qu'aux clercs.
« Dans les premiers siècles de l'Eglise, dit M.
Guyot, verbo Ecoles,
il y avoit des écoles où l'on expliquoit l'Ecriture sainte... Il y avoit des
écoles dans les paroisses, dans les monastères et dans les maisons des évêques
; on y apprenoit le Psautier, la note, le chant, le comput et l'orthographe.
Lorsqu'on eut fondé les universités et les collèges, on donna le nom de Petites
écoles à celles où on n'enseignoit que les premiers
principes des lettres. Le soin des écoles, qui fait une partie importante de
l'éducation de la jeunesse, a, dans tous les temps, excité l'attention du
gouvernement. L'ordonnance d'Orléans et celle de Blois ont des dispositions
pour faire fréquenter les écoles et pour en maintenir la discipline. Par la
déclaration du 24 mai 1724, le roi a ordonné qu'il seroit établi des maîtres
d'écoles dans toutes les paroisses où il n'y en avoit point, pour instruire les
enfants de l'un et de l'autre sexe... Les sœurs de la Croix et les Ursulines
sont établies par lettres patentes du roi, sous l'autorité des évêques, pour
enseigner gratuitement la jeunesse... ».
« L'inondation des barbares, dit M. Merlin (verbo Université),
qui s'établirent sur les ruines de l'empire romain, en Occident, avait fait
tomber les études... S'il y reste quelques étincelles de lumières dans les vie et viie siècles, nos pères en ont eu obligation aux
monastères et aux maisons épiscopales. Les églises cathédrales et les
monastères considérables formèrent, après l'invasion des peuples du Nord, des
écoles qui devinrent plus ou moins célèbres. On y enseignoit la grammaire, la
dialectique et l'Ecriture sainte... Lorsque Charlemagne monta sur le trône, ce
prince, appelé à juste titre le Restaurateur des lettres et qui
lui-même étoit très éclairé pour son temps, mit tout en œuvre pour les rétablir... Par un capitulaire fait à
Aix-la-Chapelle, en 789, il veut qu'on établisse des écoles dans les maisons
des évêques et dans leurs monastères... Il établit lui-même dans son palais une
école qui fut très célèbre jusqu'au règne de Charles-le-Chauve... »
Aux
xie et xiie siècles, ajoute M. Bouillet, ces écoles, fort
multipliées, firent place aux classes et aux collèges.
En conséquence,
on peut assurément faire remonter la création d'une école à Nontron sinon aux
Romains, au moins à la fin du viiie siècle, époque à laquelle la
châtellenie fut donnée par Roger, neveu de Charlemagne, à l'abbaye de Charroux,
ou, dans tous les cas et au plus tard, aux premières années du ixe
siècle, date de la fondation dans cette ville d'un monastère de bénédictins.
Quant
aux preuves écrites, les plus anciennes parvenues en nos mains ne sont que des
xive et xve siècles. Ainsi :
Du 30 septembre
1352, testament par lequel Itier de Magnac, chevalier de Nontron, fait le legs
suivant en faveur de dix-huit étudiants en théologie, dans le monastère des
frères mineurs de Saint-François, chargés évidemment de l'instruction :
« Volo et instituo duodecim scolares in theologia
cum uno lectorequi lector percipiat pro duobus scolaribus portionem et sex
scolares in canonibus cum uno baccalorio qui etiam baccalorius percipiat pro
duobus scolaribus portionem et servient Deo et Beate Marie et omnibus sanctis
in dicto monasterio de Nontronio, nocte, die, solemniter et orent perpetuo pro
anima mea et parentorum et benefactorum. » (Arch. des Basses-Pyrénées.)
Du jour des
saints Innocents 1446, bail à cens, dans lequel figure comme témoin discret et
savant homme maître Jacob Codet, recteur des écoles de Nontron, maître ès arts[2].
Des
8 novembre 1480 et 7 septembre 1500, sentence suivie de l'arrêt du Parlement de
Bordeaux, relatés au chapitre précédent et dans lesquels il est question des écoles
ou collège de Nontron :
« Dominus Dalbreto vicecomes Leraovicorum habebat
dominationes et chastellanias et inter ceteras ipsam castellaniam de Nontronio
habentem plures preheminentias, videlicet villas, castra, territoria et
collegia... »
Plus
tard, et parmi d'autres legs faits aux écoles de Nontron, nous trouvons le
suivant dans le nobiliaire de Nadaud (verbo Labrousse) :
« Thibaud de Labrousse, seigneur d'Atis, chevalier
de l'ordre du roi et conseiller en ses conseils d'Etat, fonda en 1631 deux régents,
un de philosophie, l'autre de grammaire, pour les cordeliers de Nontron, ville
de sa naissance, pour y instruire la jeunesse, et donna, à cet effet, deux
cents livres de rentes. » (…)
Chapitre VIII. — Agriculture, commerce et industrie,
mœurs et coutumes.
D'abord et avant
d'entrer dans les détails variés de ce chapitre, il nous faut relever ici la
topographie du territoire entier de la commune de Nontron et de ses divers
centres agricoles, ainsi qu'il suit :
« Poperdu, partie de la Chapoulie, La Malatie ou
Maladrerie, entre lesquels s'élève une colline de 302 mètres, Le Bois-de-Péret, La Francherie, Le Châtenet,
à 281 mètres, La Mothe, les Fourneaux, Gaumondière, La Côte,
Les Granges, Tuzat, Puyrigard, ancienne forge de Puyrigard et forge de Lamendeau,
sur le Bandiat ; les Champs, Lanouaille, Barouffière, ancien moulin du Rieu de
l'Etang, autrefois forge; Nontron, à 208 mètres d'altitude; Goulière, Balassou.
Fonladier, Le Pic, Brégout, à 289 mètres, tuilerie de Brégout, Gourbelière,
Bord, moulin de Bord et ancien moulin de La Roussie, sur le Bandiat ; Les
Salles, Le Puy, à 275 mètres ; Goulat, Chez-Ponge, partie de Puymézier, Le
Reclaud, Azat, Les Loges et, sur le Bandiat, les moulins Blanc, de Messine, de
Puisséché, de La Nauve, de Magnac, converti en filature, et de Masviconteau,
remplacé par une scierie. »
Parmi les
anciens villages, mas et borderies disparus, nous retrouvons :
« 1° Fauconniéras. — D'après
un hommage au roi de Navarre du 19 mai 1583, dans lequel figure le mas,
villaige et tènlement de Fauconniéras, paroisse de Nontron, consistant en
maisons, granges, terres, prés, bois et vignes, confrontant au village de
Brouillac, avec le grand chemin de Puibereau à Chalus et avec le chemin de
Nontron au village du Pic.
2° Courtazelle. — Qui
souloit anciennement estre un villaige, confrontant avec le chemin allant de
Nontron à Saint-Front-la-Rivière, sur main gauche, en commençant à la fontaine
de Fontgran, d'après une reconnaissance de rente au monastère de Saint-Pardoux-la-Rivière,
du 14 novembre 1628.
3° La
Jordanye. — Du 13 des kalendes de juin 1314, donation par Jordan
de Malmont à Eymeric de La Noaille de tous ses droits sur le mas de La
Jordanye, paroisse de Nontron (Doat).
4° La
Colarie. — Du 9 mars 1414, ascensement par Raymond Paute,
escuyer, sieur de Maignac, à Jean de La Colarie, du maine de la Colarie,
paroisse de Nontron (Doat).
5° Rilhaco. — Du
6 mars 1454, hommage à Françoise de Bretaigne par Jean Peyra, pour la borde de
Rilhaco, paroisse de Nontron. (Doat.) »
Population.
— D'après le
louage de 1365, la ville de Nontron et la paroisse n'avaient que 203 feux, soit
1,218 habitants, à six par feu. En 1178, il avait 381 feux, pour 2,324
habitants. Au xviie siècle et d'après le dictionnaire reproduit par
Lespine, il est dit : Nontron (mines d'argent), 2,274 habitants.
(…)
Cela
dit, analysons parmi ces divers actes ceux ayant trait à quelques exploitations
du Nontronnais, savoir :
Le 21 janvier
1443, devant Abonneau, notaire. — Noble dame
Marguerite de La Porte, veuve d'Adhémard Robert, chevalier, dame de Jumilhac,
et noble homme Philibert de Salagnac, damoiseau, pour noble dame Marie Robert,
sa mère, consentirent à Eymeri Bonnet un bail emphytéotique aux conditions
suivantes :
« Prenominati...
assensaverunt, quittaverunt et tradiderunt ad amphyteosim perpetuam... quondam
hereditatem vocatam de Panenthrias, sitam in manso de Sazeraco, parochie de
Jumilhaco, cum omnibus et singulis juribus et pertinentiis, sive domum et
cultura ortha et prata, nemora, pascua et alias possessiones... sub censu
annato et redditu... Vigenti sextarii frumenti, vigenti sextarii siliginis,
duas eyminalias avene ad mensuram de Jumiliaco... redendi in quale festo beati
Arendi de Augusto et portendi in aerolo dicti nobiles assensatores... Quindecim
solidos monete currente, duas gallinas censuales solvendi et portendi in
quolibet festo nativitate Domini... Et sex denarios de acaptamento in mutatione
domini et debitores. . Et censu talhabili in quatuor casibus, videlicet pro
filia maritenda, pro transportatione marina, pro redemptione corporis et pro
nova militia acquirenda. Et modere bladum in molendino de Chasteu et facere
excubia in Castro prout alii homines facient[3]. »
Du
22 novembre 1445, devant Robin, notaire. — Bail à emphytéose perpétuelle
consenti par les religieuses et le prieur du couvent de Saint-Pardoux-la-Rivière,
à Martial Turre, cultivateur, savoir :
« Quoddam villagium seu meynamentum vulgariter
nominatum Tranchepeyrat, situm in parochia santi Martini picti, Lemovicencis
diocesis, castellanie ressorti loci de Nontronio cum omnibus pertinentiis...
Sunt domus parietes terre culte vel non culte, viridaria, cazalia, prata,
nemore castanete prativa landa agrelia et omnia alia... Sub et pro intragiis
duorum regalium auri boni... Et sub et pro censu seu redditu de trium sestorium
frumenti et unius avene ad mensuram Sancti-Pardulphi-de-Riperia, solvendorum
anno quolibet in conventu predicti Sancti-Pardulphi, in quolibet festo Sancti
Archangeli Michaelis evangelii et redditu vigenti solidorum monete currente et
duarum galline solvendarum in anno quolibet et in dicto conventu, in quolibet
festo nativitatis nostri domini Jesus-Christi... ».
Le 14 mai 1457,
devant Vieillemard, notaire (Veterimari). — Même bail consenti à Barthélémy et
Léonard Chadelaud par noble homme Jehan Vigier, damoiseau, seigneur de
St-Mathieu et de Plambost, savoir :
« Assensavit, dimisit et perpetuo quittavit...
Videlicet reparium de Plambosco, Las Champlas, Verteniac, sitos in parochia de Boussaco,
et Las Fortunas, situm in parochia de Altafagia, cum omnibus pertinentiis
universis... Salvis et receptis eodem domicello et suis in eodem repario magna
aula, columbiero guarenam et virgurlum. Autem assensavit ad amphyteosim
perpetuam dictus domicellus predictis assensatoriis dictum reparium sub et pro
anno censu sexagenta solidorum monete sex gallinarum, duorum caponum solvendum
festo nativitatis Domini, decem sesteriorum frumenti, duorum sesteriorum et
emina siliginis seu ordei, unus sestorius fabuorum, unus sestorius pisorum,
quatuor boisellos quislibet bladi computando sestorio et trigenta boissellorum
rasorum advene, mensura de Marolio, anno quolibet solvendorum in festo beati
Michaelli. Unius moutoni, duorum porcelli seu texous et duorum hedulorum
lactis, anno quolibet, solvendorum tempore ad hoc oportune. Vigenti solidos in
quolibet quatuor casuum casu adveniente, videlicet pro filia maritanda, pro
transportatione marina, pro redemptione corporis et pro nova militia
acquirenda. Et quinque solidos de acaptamento in mutationibus dominorum... ».
Suivent
diverses autres clauses et notamment les suivantes : 1° Qu'en temps de
fertilité de glandage, on nourrira pour le seigneur douze pourceaux; 2° que
celui-ci pourra faire tenir et nourrir sur les dits biens douze têtes de gros
bétail ; 3° et que les tenanciers ne pourront avoir d'autre bétail à cheptel
que celui fourni par le bailleur.
Des 1er avril
1478 et 8 novembre 1507, reconnaissances de rentes établies ab antiquo, consenties en
faveur de l'abbaye de Peyrouse, paroisse de Saint-Saud-Lacoussière, par plusieurs
habitants de cette paroisse et de celle de Milhac-de-Nontron, sur fonds ruraux
situés dans ces communes et aux charges suivantes :
« Sub censu seu redditu... Quinque solidos monete
currente, quatuor gallinas, duos sestorios frumenti, duos sextorios siliginis
et duos sextorios advene solvendi... duodecim denarios de acaptamento... Duas
jornalie cum hominibus, bobus, et quadriga semel in anno, ad volunlatem dicti
domini abbatis. — Duos sextorios frumenti, unum sextorium siliginis et unum
sextorium advene... Quadraginta solidos monete currente, quatuor gallinas et
duodecim denariis de acaptamento... Duas jornalie homini cum bobus et
quadriga... »[4].
Tel fut donc, en
Nontronnais et jusqu'au xvie siècle le mode de location et de
culture des fonds ruraux. Mais, d'après le Dictionnaire
historique de
M. Lalanne, dans le Forez et le Lyonnais, dans la Marche, l'Auvergne et
généralement dans tout le Midi, cette culture était confiée, dès le moyen-âge,
à des colons partiaires à moitié fruits, d'où leur nom de medietarii,
métayers.
Or, dès les
premières années du xvie siècle, le bail à métairie commença à être
mis en usage dans notre région, ainsi qu'il résulte d'un acte passé devant Charpateau,
notaire, le 5 janvier 1528, entre « Guy-Hélies de Colonges, escuyer, et Jehanne
Flamenc, damoyzelle, conjoints, seigneur et dame de Romaing, et Janot Brachet,
» d'où nous détachons les parties essentielles :
« A este dict que led. Brachet estant
propriétaire et possesseur dune grange, jardin, boys... prés, terres et autres
natures de fond, le tout sittué au village de Puypellat, paroisse de Romaing,
et plusieurs autres heritaiges... a cause de la quarte partye du dit villaige,
duquel lesd. seigneur et damoyselle en sont seigneur fonciers et directs et
aussy... propriétaires des tenemens et heritaiges cy après déclarés... Lesquels
héritaiges déclarent lesd. partyes... pour ce qu'il leur a plu et plaict, ont
associé et mis à vraye et pure perpétuelle mestayrie... A esté dict et
accordé... Sera tenu le dit Brachet faire valoir lesd. heritaiges et iceulx
labourer et cultiver, garder et entretenir en commung profit comme vraye
mestayrie, dabvoir faire et rendre auxd. seigneur et damoyzelle la moytié de
tous bleds, quelque espèce que soyent et desd. bleds pour semer aussy chascungs
fournira la moytié... Et aussy lesd. seigneur et damoyzelle fourniront auxd.
mestayers vingt livres de fer et lesd. mestayers fourniront toutes autres
choses et outils a labourer et charreter... Et aussy lesd. seigneur et
damoyzelle ne seront tenus en aulcune manière a payer talhes, mais seront tenus
lesd. mestayers de les payer entièrement... Et aussy dismes seront à moytié et
aussy toute laine, sauf la laine des agneaulx... Et aussy toutes noix et autre
fruitage de garde par moytié, sauf des rabbes, que lesd. seigneur et damoyzelle
prendront seulement chascung une charretée... Et aussy lesd. mestayers seront
tenus de bailher deux douzaines de poulets et une douzaine de fromages... Et
aussy les renthes dues par led. Brachet se payeront par moytié... Et aussy les
vignes des Roches seront à moytié en lad. mestayrie et lesquels mestayers les
laboureront, provigneront, tailleront et feront valloir, et les fruits seront à
moytié... Lesquels heritaiges seront tenus de faire valloir lesd. Brachet a
leurs despens, comme bons pères de famille, aultrement lesd. seigneur et
damoyzelle sen pourront emparer a leur main et le faire valloir... ».
Rien pour le guet, les quatre-cas, ni pour l’acapte, tombés en
désuétude ou disparus. D'autre part et dès la seconde moitié du xvie
siècle, le bail à métairie perpétuelle fit place à la métairie temporelle,
d'après les actes suivants :
« Le 22 juin 1594, Jehan-Geoffroy Vigier de
Saint-Mathieu, escuyer, seigneur de Bellussières, et Honorette de Lajard,
damoyselle, sa femme, habitant au repaire noble de Bellussières, paroisse de
Boussat... Donnent à Thony de Paza, laboureur... a titre de mestayrie
temporelle et à moytié fruits, leur mestayrie noble et maynement appelé de
Plantefeuille, en la paroisse dud. Boussac... et ce pour le temps et espace de
neuf années et neuf cueilhetes consécutives... A la charge par lesd. sieur et
damoyzelle fournir toutes semences aud. Pazat, lesquelles il sera tenu de
rendre a la fin de lad. mestayrie... Et laissera les terres et heritaiges en
mesme estat quil les prant... Aussy sera tenu led. Paza donner moitié de tous
les grains, fruicts, profits, revenus et esmoluments de lad. mestayrie... Iceux
grains moissonner, battre et nettoyer ensemble, recueillir et serrer tous lesd.
fruicts et revenus a ses propres coûts et despens, en ce que lesd. sieur et
damoyzelle seront tenus fournir et donner pour moissonner, battre, nettoyer et
serrer ung homme quils seront tenus payer, et led. Paza le nourrir, en ce que
lesd. sieur et damoyzelle seront tenus lui bailher pour chacun an huit
boisseaulx de bled mesture, mesure de Mareuilh,et deux livres de lard. Item est
dict et accordé questant lesd. grains battus et nettoyés, lesd. sieur et
damoyzelle prendront sur le tas ugne pipe froment, ugne pipe advoine et le
restant se partagera par moytié... Aussy sera tout le betailh, bœufs, vaches et
leurs suytes, moutons, brebis, pourceaulx, ensemble le croys qui en proviendra
par moytié, a la charge que le betailh qui est a présent dans lad. metayrie
sera apprécié et estimé pour estre randus afin dicelle de mesme valleur. Lequel
a esté estimé pour bœufs et vaches treize vingt dix livres, les pourceaulx unze
escuts. Et pour le regard des charretes, lits de charretes et de tombereau, le
tout est a moytie. S il meurt aucun betailh, la perte commune entre les
parties... Sera tenu led. Paza fournir tous instruments de fer, aplets et
autres outils au labourage et culture, le reliage a ses propres despens, en ce
que lesd. sieur et damoyselle seront tenus bailher trente six livres de fer et
le boys se prendra dans ceuxde la dite mestayrie. Item led. Paza prendra son
chauffage dans lesd. boys sans les despopuler, mais y faire toutes resparations
que sont tenus et doibvent faire bons pères de familhe, planter fruictiers et
autres arbres au besoin requis sera... Item sera tenu led. Paza faire tous
charrois requis en lad. maison noble de Bellussiere. Sera tenu aussy donner
pour ung chacun an une douzaine de poulets prêts a chaponner au jour de la
feste de sainct Jehan-Baptiste, une douzaine de poulets ou poulettes, deux
douzaines de poulets à la Nouel, troys douzaines de fromaiges, troys douzaines
d'eufs au temps susdit. A esté dict et accordé que lesd. sieur et damoyzelle
prendront ung chacun au jour de feste de Nouel le plus beau pourceau et le
reste se partagera par moytié. Item prendront au jour et feste de saincte
Madalayne deux moutons les plus beaux. Item sera tenu led. Pazafayre les lins,
chanvres et chanebaus a ses despens et rendre lesd. lins et chanvres rouis,
mouillés et prêts a rompre et dyceulx en laisser la moytié... Tenir
etentretenyr la maison et grange a ses despens, et ne seront lesd. sieur et
damoyzelle tenus fournir le thuille que y fera besoing. Et pour le regard des
semences ont fourni quatre-vingt boisseaux froment, trente-trois boisseaux
baillarge, vingt-huit boisseaux advoyne, dix boisseaux mesture, seigle et
froment, six boisseaux febves, quatre boisseaux geisses, huit boisseaux orge
que led. mestayer sera tenu de rendre en fin de mestayrie... ».
(…)
4°
Monnayers.
- Dont
un atelier existait au xve siècle, à Nontron, où nous l'y trouvons
mentionné dans un acte du 3 juin 1476, constatant la cession d'un terrain dit
de la Monnaie, par Pierre Pastoureau, qui céda à titre de rente : Quondam
playduram cum parietes in ville forte de Nontronio, in carreria nigra indicatam
la Monedo. Au
surplus et d'après le Manuel de numismatique de M.
Barthélémy, le roi Charles VII supprima, en 1431, les ateliers établis
frauduleusement, est-il dit, à Nontron, Aisse, Saint-Cyr, Angoulême, etc. Dans
son Histoire
du Périgord, M.
Dessalles rappelle la même ordonnance, citée dans le Recueil des
ordonnances des rois de France, tome XIII, f° 104, en ajoutant : « Le
nom de Nontron y est estropié, mais il se lit dans la pièce originale. (Arch. nat., J. 439, n° 36
..)
(…)
ESSAIS TOPOGRAPHIQUES,
HISTORIQUES ET BIOGRAPHIQUES SUR
L'ARRONDISSEMENT DE NONTRON.
CANTON DE NONTRON. (Suite.)
Chapitre IX. - Historique des
autres communes du canton.
1° Commune de Savignac-de-Nontron.
Le territoire de
la commune de Savignac (deu clau de Savinhaco, d'après un acte
de 1494), est tout entier sur le sol granitique situé au nord-est de celle de
Nontron ; il est contigu, des autres parts, aux communes d'Abjat, d'Augignac,
de Saint-Saud, et l'on y trouve les bourg, villages et hameaux ci-après :
« La Forest, Haut-Mont, Les Châtres,
Durantières, La Besse, Savignac, Mendé, Lascaud, Maupuy, avec des altitudes de
227, 254 et 304 mètres ; plus, sur le Bandiat, les anciennes forges de
Chez-Brouillaud, de Lavenaud, de Chez-Baillot, Forge-Basse et Chez-Manzac. »
La forge de
Lavenaud était munie d'un haut-fourneau pour la confection des pots et autres
vases de fonte, pendant que dans les autres, on fabriquait des fers et aciers
renommés, ainsi que de grandes quantités de poêles à frire. Inutile d'ajouter
que, depuis un libre-échange exagéré, ces usines, qui faisaient la fortune de
la contrée, ont complètement disparu.
Au xive
siècle, la forge de Brouillaud était un simple moulin, d'après la mention
suivante, recueillie par Doat :
« 1314. - Donation par Jordain de Malmont a Eymeric
de La Noaille... de sept sestiers de seigle de rente sur le moulin de Brolhol,
paroisse de Savignac... Decimo tertio die kalendarum Julii anno Domini m° ccc°
decimo quarto. » (…)
Quant au régime
seigneurial, la suzeraineté appartenait, dans le principe, au vicomte de
Limoges, dont l'un d'eux la vendit à Dauphin Pastoureau, par acte passé au
château de Montignac, le 24 septembre 1301, signé Gardette etPecon, notaires
royaux, dont nous extrayons ce qui suit :
« Ont estes presens... tres haut et excellent prince
et seigneur messire Alain d'Albret comte de Dreus, de Castre, de Jaure, de
Perrigort, vicomte de Tartas et de Limoges... tant en son propre et privé nom
que comme ayant plein pouvoir et puissance a ce de son chier et bien amé fils
Jehan, par la grâce de Dieu Roy de Navarre... Et noble homme Daulphin
Pastoureau, seigneur de Javerlhac et esleu pour le Roy nostre sire, en
leslection de Perrigort, habitant en la ville de Nontron... Le dit seigneur
d'Albret es dicts noms de bon gré et certaine science et liberalle volonté a
vendu, cédé, délaissé et perpétuellement transporté... au dict Pastoureau...
assavoir est leurs paroisses nommées de Sainct-Martin-le-Peinct et de Savinhac,
assises et situées en leur seigneurie et jurisdiction du dict Nontron, avecques
tous leurs droiz, domaynes, maisons, manoirs, villaiges, maynemens, borderies,
prés, terres, boys, pasturaiges, estangs, molins mouans, garennes, forets,
colombiers et quelconques fiefs et heritaiges, cens, rentes, ventes, honneurs,
acaptes, hommes tenanciers, emphyteotes, guet de garde directe et foncière
seigneurie en toute justice haute, moyenne et basse, mere mixte impere et tout
ce qui en despend .. Ensemble tous et chascungs les heritaiges mouvans et tenus
desdicts seigneurs pere et fils, en la paroisse et chastellenie de Javerlhac,
appartenant audict Pastoureau... avecque tous droiz de justice et de
jurisdiction, si aucune en y a. Et ce pour le prix et somme de quatre mille
livres tournois... baille payée reallement et manuellement en seize cens trente
escuz et demy soleilh, deux cens vingt-neuf escus couronne, quarante-ung real
et frans a pie et dix-neufs lyons dor et droyts pois et
le surplus en monnoye blanche a présent ayant cours... Et, en oultre, le dict
seigneur d'Albret cède et perpétuellement transporte au dict Pastoureau tous
austres droiz, actions, pétitions sans rien y retenir et reserver, fors
seullement les foy et hommaiges-liges et serrement de fidélité... Et reserve
aussi... la souveraineté et preheminence de tout le ressort, tant de Nontron
que de la dicte vicomte de Lymoges, ensemble les peaiges et comport des dictes
paroisses et domaines dicelles... Et a donné en mandement a ses juges ou
lieutenant, advocat et procureur de Nontron et a chascun deulx quils ayent a
mestre et induyre le dict Pastoureau en la réelle, actuelle et corporelle
possession des dictes paroisses... et faire commendement aux subjects dicelles
et autres, ses hommes et emphyteotes habitant esd. paroisses et chastellenie de
Javerlhac de luy obéir doresnavant comme a leur vrai seigneur et justicier
dicelles et de lui payer les cens rentes et autres droyts... » (Arch. des Basses-Pyrénées.)
Mais,
antérieurement et après le susdit acte de 1501, il y a d'autres seigneurs particuliers,
d'après les renseignements suivants :
« Par lettres de 1302, noble homme Aimery, vicomte
de Rochechouart, chevalier, donna à titre de récompense à Itier Vigier, damoiseau, pour
le mariage de Jeanne Vigier sa fille, avec Guy Bruni, damoiseau, dix livres de
rente sur le mas de Grattemerle, Rumpas, Jarricie, Le Méric et de Peirac, sauf
le haut domaine avec les hommes qu'il avoit au bourg de Savignac, ses droits
sur le mas de Cheyros, le mas du Puy, en la paroisse d'Abjac, et Chavinhac,
sauf le haut domaine. » (Dom Villevieille.)
D'après le
Nobiliaire de Nadaud, Pierre Faure, dit Baillot, était, en 1501, marchand de
Nontron et maître de la forge de Chez-Baillot, paroisse de Savignac, dont,
parmi ses descendants, sont qualifiés de seigneurs : Dauphin Faure, dit
Baillot, élu à Périgueux, qui se maria en 1528 et fit acquisition de quantité
de rentes foncières et directes dans le voisinage de Nontron ; Jean, son fils,
sr de Savignac ; Pierre sr de Savignac, officier sous les
ordres du comte d'Aubeterre, en 1587 ; autre Jean, sieur de Savignac,
chevalier, capitaine dans la garde du roi en 1630 ; Alain du Faure, dernier du
nom, lequel afferma les rentes lui appartenant dans ladite paroisse, par acte
du 10 aviil 1633. »
Mais d'autres
seigneurs possédaient aussi des rentes de la paroisse de Savignac, notamment Reymond de
Lambertye, qui, le 11 octobre 1541, eu rendit hommage au vicomte de Limoges (…)
Parmi les fiefs
particuliers figurent : 1° Le lieu noble de La Forest, à la famille Tryon de
Montalembert ; 2° celui de La Besse, dont Elie de Puyzillon rendit hommage à
Alain d'Albret le 18 janvier 1482 et qui passa plus tard à la famille
Pastoureau.
En ce qui
concerne la situation religieuse, voici ce qu'en dit Nadaud :
Savignac-de-Nontron,
cure de 380 communiants ; marquée aux décimes 30 livres. Patron : saint.
Pierre-ès-Liens, autrefois saint Martial. (…) ».
Enfin,
l'église, à une seule nef, parait être du xiie au xiiie
siècle et, dans tous les cas, est antérieure au 30 septembre 1352, date du
testament par lequel Itier de Magnac lui légua une demi-livre de cire et six
deniers.
Sur
ce sol très boisé se trouve une partie de la forêt de Nontron, dite de Légurat,
et, dans cette partie, une parcelle portant, d'après le cadastre, le nom de Cimetière des
Anglais, d'où
la preuve qu'il dut y avoir là une rencontre sanglante entre les troupes
anglaises et celles de la garnison de Nontron.
Voici
enfin l'énuméralion officielle de la population : En 1365 et pour huit feux, 48
habitants, à 6 par feu ; (…); en 1881, 351.
II.- Commune
d'Abjat.
Cette commune
est bornée : au sud, par celle de Savignac ; à l'ouest, par celle d'Augignac ;
à l'est, par la commune de Saint-Saud et, au nord, par celle de Marval
(Haute-Vienne). On y trouve les bourg, villages et hameaux suivants :
«
Peyrat, Bartoulet, moulin de Masfraulet, sur le Bandiat, Maumont, Fargeas, Les
Granges, La Mazorie, La Blanchardie, moulin de La Charelle, sur le Bandiat,
château de Létang, Lamalignie, Laulendie, Las Cottas, Chapsat, Les hasseries,
Le Ménesplier, Abjat, Les Bardeaux, château de Grospuy, Puyzillou, moulin de
Grospuy, sur étang ; Le Chatenet, Labrousse, La Roderie, partie de La
Chapelle-Verlaine, La Vizonie, La Juvénie, Chez Gouyou, aux Gravoux, moulin de
Lestrade, sur étang, Chabanas, moulin de Reims, Savanat, Le Bouchage.
Population : En 1365, pour 50 feux, 300
habitants (…); en 1881, 1713. » (…)
L'abbé
Nadaud dit, au sujet des institutions religieuses actuelles :
« Abjac ou
Ajac, cure. Patron, saint André, apôtre. Evêque de Limoges y nommoit dès 1532;
680 communiants ; décimes, 164 livres. Une chapelle en l'honneur de saint
François étoit au haut du bourg ; François Texier, écuyer, seigneur de
Javerlhac, Abjac, Grospuy et Hautefaye, voulut qu'elle y fut bâtie, par son
testament du ler novembre 1649, signé Bernard. Une autre chapelle bâtie par le
même au château de Grospuy, peu avant 1605, existait en 1652. »
Ces deux
chapelles n'existent plus et la paroisse n'a d'autre monument que son église
romane à deux nefs, dont l'existence remonte du xiie au xiiie
siècle, d'après l'inventaire des reliques du prieuré d'Altavaux, de la seconde
moitié du xii-siècle au xiiie, constatant que le chapelain d'Abjat
avait précédemment reçu de l'abbé de Peyrouse des reliques de sainte Agnès et
de la croix du Sauveur, qu'il avait remises au cellérier du dit prieuré.
« Has
(relliquias) attulit Geraldus cellarius cui eciam ante de sancta Agne et de ligno
dominice crucis donaverat capellanus de Abiac quod ab abbate de Petrosa se
accepisse fatebatur. » (Bulletin de la Société
archéologique et historique du Limousin,
1883, p. 205.)
Dans son
testament du 20 septembre 1352, Itier de Magnac lègue à l'église d'Abjac une
demi-livre de cire et six deniers pour oblation.
Le 20 mai 1505,
Dauphin Pastoureau, seigneur d'Abjat, lègue à cette église : une chappe de
camelot noer une foys payé. (…)
Institutions
seigneuriales. -
Le seigneur suzerain de la paroisse d'Abjat fut le vicomte de Limoges, au nom
duquel Alain d'Albret la vendit à Dauphin Pastoureau, seigneur de Javerlhac,
par acte du 15 mars 1497, dont nous parlerons au chapitre de la paroisse
d'Augignac, comprise dans la même vente. Les descendants du dit Pastoureau
restèrent d'ailleurs seigneurs d'Abjat jusqu'en 1789, ainsi qu'il sera constaté
dans l'historique de la paroisse de Javerlhac.
Quant aux fiefs
et aux seigneurs secondaires, voici quelques documents à ce sujet :
1°
Grospuy.
—
Avec château, dont il reste encore le principal corps de logis, flanqué d'une
tour ronde et qui appartenait, dès avant le xiiie siècle, à la
famille Brun, d'après Doat, Lespine et Nadaud :
« En juin 1306, devant Robin, vente par Hellias et Guilhelmo Bruni de
Grosso Podio de
cinq sols de rente sur le mas de Jayat, paroisse d'Augignac. — 1340, die
veneris post exaltationem sancti crucis Guido Bruni de Grosso Podio, domicellus
parochie de Abjaco. — Guy de Bruni de Grospuy, près d'Abjac, en 1342. — Noble
Pierre Bruni, seigneur de Grospuy, en 1437 et 1463, qui en rendit hommage le 21
avril 1464 et mourut le 5 septembre 1495, au château de Grospuy, d'où il fut
transporté et enterré devant l'autel de la sainte Vierge, dans l'église
d'Abjac. — Jean Bruni, fils de ce dernier et de Jeanne du Verdier, seigneur de
Grospuy et de Lestrade, décédé le 10 juin 1527 et fut enterré avec ses père et
mère. — En 1540, Jean Brun, seigneur de La Vallade, rendit hommage pour ses
maisons de Grospuy et de Lestrade. Sa fille, Catherine Brun, se maria en 1546,
avec Annet d'Aubusson et lui porta lesdits fiefs de Grospuy et de Lestrade. ».
Il résulte,
d'autre part, d'un acte reçu Danède, notaire, le 16 janvier 1682, à la suite du
dénombrement fait par messire François de Beynac, chevalier, que le « repayre
noble de Grospuy et le moulin de Lestrade, paroisse d'Abjac, avoient esté
attribués a dame Catherine Brun, veuve d'Aubusson, sa bisayeule, qui les
auraient aliénés. »
Cette
aliénation dut être faite en faveur de François Texier de Javerlhac, petit-fils
de Dauphin Pastoureau, qui, dans un acte du 20 mars 1567, est qualifié de
seigneur d'Abjac et de Grospuy. (…)
2° Lestrade. — Fief noble qui
porte le nom de l'une des plus anciennes familles de Nontron, dont nous avons
déjà parlé et sur laquelle Lespine, vol. 62, page 29, s'exprime ainsi :
« Le nom de
Lestrade est connu dès le milieu du xie siècle. Géraud ou Gérald de Lestrade, issu d'une
race de chevaliers établie à Nontron, fut dans sa jeunesse, c'est-à-dire vers
l'an 1050, chanoine de Saint-Yrieix, en Limousin, et devint religieux de
l'abbaye de Saint-Martial-de-Limoges. Il fut élu abbé de Vigeoix l'an 1082. Il
mourut le 5 des calendes de janvier 1095 ou 1090 et fut enterré au même lieu,
entre la porte du monastère et le mur du chapitre. Ademarus
abbas tancti Michaeli... prefecit monachis Vosiensis monasterii Geraldum
cognomento de Lestrada ex equestris genere castri de Nontronio oriendum.
(Chron. Gaufr. Vosien, lib.
1er du P. Labbe, fol. 288. — Gall.
ch. T. II, col. 594.) »
Le
25 avril 1464, hommage par noble dame Catherine de Bort, pour sa maison noble
de Latrade, les repaires de Mo-relières et de Ponsoux. (Lespine, v. 57.)
Nous
avons déjà vu que, d'après Nadaud et Doat, Pierre Bruni était devenu seigneur
de Lestrade avant 1495, par suite de son mariage avec Catherine de Born, dame
de Lestrade. Mais ce fief fut vendu, vers 1565, à François Texier par Catherine
Brun, veuve d'Aubusson, leur arrière-petite-fille.
3°
La
Malinie ou
Lamalignie.
— Ce
fief, ainsi que celui de Baleran, qui, d'après Doat, était en 1498 de la
paroisse d'Abjat, appartenait, avant 1559, à une branche de la famille Pecon. (…).
4° Labrousse. — Le 18 janvier
1482, hommage du repaire de Labrosse, paroisse d'Abjat, à Alain d'Albret, par
Elie de Puyzillou.
5° Savanat. — En 1618, ce fief
était à Jehan Le Reclus. Il appartenait dans ces derniers temps à la famille de
Saint-Aulaire et aujourd'hui à M. Duvoisin, avocat.
Enfin et parmi
les autres seigneurs particuliers figurent :
« 1° Henri
de Sully[5], qui de 1326 à 1336, plaida contre le vicomte de
Limoges, au sujet de la juridiction des paroisses d'Abjat et d'Augignac ;
2° Reunond de Lambertie, qui rendit, le 11 octobre
1541, au vicomte hommage des rentes et domaines qu'il tenait à Nontron,
Courbefy, Savinhac et Abjac ; (…) »
Abjat
eut donc sa juridiction particulière, appartenant au vicomte dans le principe
et plus tard à divers seigneurs, soit seule, soit réunie avec les juridictions
de Savignac et d'Augignac, ainsi qu'il résulte de nombreuses pièces conservées
aux archivés des Basses-Pyrénées, parmi lesquelles :
« 1304. Enquête
par le prévôt de Nontron sur la justice, haute, moyenne et basse d'Abjac et
d'Augignac. — 1326. Assises tenues par Pierre Colombet, prévôt de Nontron, pour
le vicomte de Limoges, dans les paroisses d'Abjac et d'Augignac, comme membres
dépendant de la châtellenie de Nontron. — 1327-1336. Procès entre le vicomte de
Limoges et le seigneur de Sully, touchant la juridiction d'Abjac et d'Augignac.
— 1336. Lettres de Philippe de Valois accordées au vicomte de Limoges contre le
seigneur de Sully, au sujet de la dite juridiction. — 1336. Proclamation en
forme d'arrêt faite à Nontron, par laquelle il est défendu à qui que ce soit de
troubler le vicomte de Limoges dans son droit de possession et de juridiction
desdites paroisses. » (…)
III. — Commune d’Augignac.
Cette
commune, également située en entier sur le terrain granitique, est limitrophe
de celles de Savignac, Abjat, Pluviers, Saint-Estèphe, le Bourdeix et Nontron,
et l'on y trouve les bourg, villages et hameaux ci-après :
« Les Bregères,
Laubanie, le
Maine-du-Bost, la Bouffarie, Maison-Neuve, moulin de Nébout, moulin de Millaud,
Augignac, Pouzol, Lacour, Tignac, moulin de Tignac, La Peyre, moulin de La
Peyre, les Chadeaux, Ribadiéras, moulin de Leygural, la Tavernerie, Puybegoul,
moulin des Vergues. »
Ce
territoire, où l'on trouve des altitudes variant de 246 à 303 mètres, est
arrosé par le Bandiat et par quatorze étangs formant autant de cours d'eau. Sa
population a été successivement : En 1365, pour 33 feux, de 198 habitants ; au
xiiie siècle, 430 ; (…)
Quant
à la paroisse et à l'église actuelle, voici ce qu'en dit Nadaud :
« Auginhac,
Ouginhac, 1456 ; cure dès 1189. Patron, saint Martial ; 980 communiants.
Décimes, 138". L'évêque de Limoges y nommoit en 1531, 1657. Il y avoit une
chapelle, au cimetière, dédiée à saint Michel; une à saint Jean, près de
l'église. »
Par
son testament du 30 septembre 1352, Itier de Magnac légua à l'église : Dimidia libra cere
et sex denariospro oblatione semel solvendos.
Le
20 mai 1505, Dauphin Pastoureau lui légua : Une chappe de
camelot noer uns foys payée.
Il résulte donc
de ces documents écrits que le style de cette église remonte au moins au xiie
siècle (…)
On trouve
encore, parmi les autres curés et desservants :
« En 1459,
Bernardus Lagrange, capellano de Auginihaco ; 1503, Martialis Filhou, vicario ;
(…) »
Régime
civil et seigneurial. - La seigneurie d'Augignac appartint au vicomte
de Limoges jusqu'au 15 mars 1497, époque à laquelle, par acte passé à
Montignac, Alain d'Albret vendit à Dauphin Pastoureau :
« Sçavoir est nos paroisses nommées d'Abjac et
d'Augignac, assises et sittuées pres et en la jurisdiction de nostre ville de
Nontron, aveques tous leurs droitz, domaines, maisons, manoirs, villaiges ,
maynemens, borderies, prés, terres, hoys, pasturaiges, estaings, molins
moulans, garennes, forets, colombiers... dixmes, cens, rantes, honneurs,
acaptes, hommes tenanciers, emphiteotes, guet de garde, droit de peaige, de
comport et travese, directe et foncière seigneurie, en toute justice haulte,
basse et moyenne et tous aultres droyts et devoirs... Et ce pour le prix et
somme de deux mille livres tournois... Sauf et réservé... lomaige-lige et
serrement de fidélité... et aussy la souveraineté et preheminence de nostre
ressort, tant de Nontron que aultre... » (Voir, pour plus de détails, les actes
de vente précités.)
En
1554, Dauphin Faure, dit Baillot, élu à Périgueux et qualifié de seigneur
d'Augignac (…)
Juridiction. — Ainsi qu'il résulte du susdit acte de
vente des paroisses d'Abjat et d'Augignac, ces paroisses ressortissaient
antérieurement de la justice de Nontron et des officiers du vicomte de Limoges,
dont le prévôt tint ses assises au bourg d'Augignac en 1326 et 1334. Après
cette vente, Dauphin Pastoureau y installa ses officiers particuliers pour ces
deux paroisses et celle de Savignac. (…)
Si
du fief suzerain nous passons aux arrière-fiefs, nous trouvons :
1°
Légurat.
— Avec
château-fort bâti sur motte et dont il reste le corps de logis, flanqué aux
quatre angles de tours rondes, dont une démolie et les trois autres privées de
leurs mâchicoulis et de leurs toits en poivrière.
Ce château a dù
être restauré ou reconstruit du xive au xive siècle, sur
l'emplacement d'un premier qui remonterait au moins au xiie, d'après
les documents suivants :
« 1336. Hommage
à Ytier de Maignac par Alzias Flameng du chasteau de Légurac, paroisse
d'Auginhac, de divers cens et rentes.
Die
Jovis post octavas Maij beati Marcialis, anno Domini M° trecentesimo sexto. »
(Doat.)
Dans
l'inventaire de La Ramière de
1789, le même hommage est ainsi mentionné :
« 1336. Deux hommages de Légurat, Augignac, Lacour
et La Bouffarie, rendu le premier par Alzias Flameng au vicomte de Limoges, à
cause de sa châtellenie de Nontron, de l'an 1336, extrait et collationné par
Dubrassay. »
Au xive
siècle, Légurat était passé de la famille Flameng aux mains de celles du
Chasteau et Aimeric, puis aux Trion ou Tryon de Montalembert, ainsi qu'il
appert du mariage, en 1350, de Pierre de Trion, chevalier, avec Béatrix
d'Aimeric et de Guillemette du Chasteau, dame de Légurat, et d'un extrait de
dom Villevieille, relatif à une concession consentie par les vicomtes de
Rochechouart, au mois de septembre 1498, en présence de noble homme Clément de
Trion, capitaine de Rochechouart, seigneur d'Ardillères et de Léguras.
(…)
2° Lacour. — Dont Clément
Dulcier, seigneur du dit lieu, rendit hommage au vicomte, le 4 avril 1483.
3°
La
Peyre. — Village
où existent encore deux anciennes maisons nobles, flanquées chacune d'une tour
ronde (…)
Parmi les autres
fiefs entièrement disparus, nous retrouvons dans Doat les deux suivants,
d'après les hommages rendus à Ytier de Maignac, savoir :
« En 1299, par
Audoyn Aspreta, donzel de Nontron, pour tout ce qu'il tient au mas de
Vieillecourt et sur les mas de La Faye et de Sainte-Suzanne, paroisse
d'Auginhac. Die dominica ante festum beati Michaelis anno Domini
m° ducentesimo nonagesimo nono.
En 1319, par Géraud
Ytier, donzel d'Auginhac, chastellenie de Nontron, sur le mas de
Sainte-Suzanne. »
(…)
ESSAIS
TOPOGRAPHIQUES,
historiques et biographiques sur l'arrondissement de nontron.
canton de nontron. (Suite.)
IV.
Commune
de Saint-Estèphe.
Autrefois,
Saint-Etienne-le-Droux, dont le surnom celtique Le Droux et le Roc-Branlant,
sur les bords de la Doue, démontrent suffisamment le séjour des Gaulois dans la
contrée.
Après les
Gaulois, les Romains, à en juger par de larges briques à rebord, dont nous
avons recueilli des échantillons en 1876 et qui formaient un aqueduc destiné à
conduire les eaux de la Doue à quelque villa, placée dans un vallon entre le
grand étang et le bourg, un peu avant les rochers druidiques.
A propos
d'étangs, constatons qu'il en existe huit dans la région et parmi eux le
Grand-Etang, couvrant une superficie de trente hectares.
Cette pièce
d'eau ainsi que les rochers sont particulièrement dignes de toute l'attention
des touristes, qui devront aussi visiter l'église, dédiée à saint Etienne.
Cette église à
trois nefs nous parait avoir été construite en trois périodes : la première, à
gauche et voûtée en berceau avec petites croisées à plein cintre, du xe
au xie siècle ; la seconde, ou nef centrale, à voûtes ogivales, sur
les clefs desquelles figure une croix de Malte du xiie au xiiie
siècle ; la troisième, aussi voûtée en ogives, a dû l'être au xve
par un membre de la famille Hélie de Colonges et de Pompadour, dont l'écu à
trois tours est sculpté sur les clefs de voûte. Le haut des croisées de cette
nef est à trèfles et la porte d'entrée, ouvrant dans la nef centrale, est à
ogive avec colonnettes et deux statuettes soutenant les tores du fronton.
(…).
Mais revenons en
arrière pour préciser, autant que possible et à l'aide de documents écrits, la
date de la construction de la première nef en berceau, laquelle existait
assurément avant 1252, puisqu'à cette date, Guillaume deMagnac légua : Eclesie
Sancti-Stephani deus Ledros septemnarium et tricennarium et duodecim denarios redduales.
Le 15 des
calendes d'octobre 1271, Itier de Magnac fit le legs suivant : Eclesie
Sancti-Stephani de Ledros lego septimum et tricesimum gatgium et annualemeum,
et volo quod illa lampa quam ego teneo ibi perpetuetur et ardeat in divinis officiis
de die et pro totam noctem.
Enfin, le 30 septembre 1352, autre Itier
de Magnac légua :
Presbitero
ecclesie Sancti Stephani deu Ledros tres solidos semel, et à l'occasion
de ses funérailles : Dimidia libra cere et sex denariospro
oblalione semel ; et pour un anniversaire perpétuel le jour
de la fête de saint Nicolas : Sexagenta solidos semel.
Cela dit, il
nous faut encore rechercher quels furent l'établissement et les ressources de
la cure de cette église, sur laquelle l'abbé Nadaud a laissé les renseignements
suivants :
« Saint-Estèphe,
alias Saint-Etienne-le-Droux, cure de 680 communiants, marquée aux décimes 71
livres. Sa fête patronale était l'invention des reliques de saint Etienne. L'évêque
de Limoges y faisoit les nominations en 1572. Le père Bonaventure (tome II, p. 1l,
378, 563) a avancé que le duc Etienne, dont il est parlé dans la vie de saint
Martial, étoit le patron de l'église paroissiale de Saint-Etienne-le-Droux,
qu'il faudroit lire Saint-Etienne-le-Duc. Cette assertion ne supporte pas
l'examen. »
(…)
Parmi les noms
des anciens curés, nous recueillons les suivants :
«
En 1350, Adhémar de Mercielh ; 1572, Jean Giry ; 1575, Pierre Maury ; 1600,
Pierre Barreau; (…)
Il existait
d'ailleurs dans cette paroisse deux autres établissements religieux :
« 1°
Le prieuré de Badeix, (…)
2°
Estuardeau, autrement La Sudrie, dit Nadaud, préceptorerie en 1480, commanderie
en 1561, ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem. ».
Converti
aujourd'hui en exploitations rurales.
Frairie. — A défaut de
foires et de marchés, la commune de Saint-Estèphe n'a d'autres occasions de
réunions que celle de son ancienne frairie, tenue le 6 mai de chaque année,
jour de la fête de saint Jean-Porte-Latine et à l'occasion de laquelle nombre
de gens viennent pour y faire leurs dévotions et puiser de l'eau destinée
particulièrement à laver les pieds des brebis et moutons atteints du piétin.
Cette coutume était autrefois très suivie, et chaque pèlerin, après avoir fait
son oraison, déposait une offrande, consistant le plus souvent en une toison ou
une poignée de laine.
Si des institutions
religieuses nous passons au régime civil et seigneurial, nous voyons que la
paroisse de Saint-Etienne-le-Droux, faisant partie de la châtellenie de
Nontron, avait pour seigneur suzerain le vicomte de Limoges, qui, en 1421, fit
donation de la terre et seigneurie de Piégut, dans la justice de laquelle la
dite paroisse était alors comprise, à Thibaut de La Goublaye, dont la fille
Isabeau la porta en dot, avant 1454, à Antoine Hélie de Collonges, lequel en
rendit hommage, le 23 mai 1454, à Guillaume de Bretaigne, vicomte de Limoges. (…).
Parmi les
arriére-fiefs existaient autrefois :
1° Le Brieudet. — Avec
château-fort sur motte, au sommet de laquelle se trouvent encore une partie des
fondations.
Ce
château dut être construit du xie au xiie siècle par la
famille de Magnac, dont trois membres furent, ainsi que nous l'avons dit plus
haut, les bienfaiteurs de l'église de la paroisse en 1252, 1271 et 1352.
D'autre part et en 1360, dans un codicille du 16 juin, Itier de Magnac se
qualifie de seigneur de Briude. En 1307, le vicomte restitua à Itier de Magnac
tous ses biens confisqués par Charles de Blois, mari de la vicomtesse de
Limoges, pour cause de trahison. Itier de Magnac étant mort sans enfants, tous
ses biens revinrent à sa sœur, mariée à Guy Paule, qui transigea avec le
vicomte et lui en fit abandon. Aussi voit-on que dans la donation de 1421,
faite par le vicomte à de La Goublaye, se trouve compris le repaire de Brieude,
moins le donjon, ainsi qu'il résulte du passage suivant d'un mémoire reproduit parDoat
et présenté au conseil du vicomte par Antoine Hellies de Collonges et Isabeau
de La Goublaye, sa femme :
« Item est aussy vraye
que le repaire de Brieude est assis en la paroisse de Sainct-Estienne dict le
Dros, qui est dans les dittes fins et limittes et a esté baillé par
Monseigneur, sauf et réservé a mon dict seigneur le donjon contre les
tenanciers du dict Brieude, refusant le guet et payer droit de chemin. »
Le Brieudet fut
inféodé à Dauphin Pastoureau par Alain d'Albret, le 12 octobre 1487, d'après le
document suivant, conservé aux Archives de la Charente :
« Inféodation du repaire de Brioude en la paroisse
de Saint-Estèphe.
Datum in ville Nontroni
die decima mensis octobris Domi M° cccc° octogesimo septimo.
Constitutis viris Andreas Alardin et Andreas de Touches... procuratores...
Vendiderunt prudente viro Delphino Pastourelli mercatore ville Nontroni...
Videlicet repparium seu albergamentum de Brioude, situm in parochia
Sancti-Stephani le Ledroux, prope Nontronium, Lemovicensis diocesis... sub
pretio seu summa mille quingenta decem librarum... »
Le
1er octobre 1504, Jean, roi de Navarre, ratifia la vente faite par
Alain d'Albret, son père, à son « bien-aymé escuyer Daulphin Pastoureau,
seigneur de Javerlhat, du repaire et maison noble du Brieudet, assis en la
paroisse de Saint-Estienne-le-Droux... avecque tous droicts de directe foncière
seigneurie... »
Le 14 janvier
1509, par acte passé au château de Casteljaloux, en Bazadais, Alain d'Albret
céda à son fils, Mgr Amanieu, cardinal d'Albret, évèque de Bazas, son droit de
rachat du dit repaire en ces termes :
« Comme ainsi
soit que autrefois et dès le douzième jour du mois d'octobre 1487, tant pour
ses affaires que du Roy de Navarre son fils eut vendu... à feu Daulphin
Pastoureau, seigneur de Javerlhat... le reppaire et maison noble de Brieude, en
la paroisse de Saint-Estienne-le-Droux et seigneurie de Puyagut... Et par ainsi
apresent aict mon dit seigneur d'Albret, faculté de recouvrer lesd. choses
vendues en rendant les deniers....
A donné, cédé,
transporté et délaissé a ….. le dict pacte et promesse de retrait ou
revendicion, ensemble les proufits et utilité dud. pacte et tout le droict,
action, faculté et puissance... Cédant et transportant toutes actions utilles
ou droites, réelles et personnelles... pour rachapter et recouvrer... en
rendant les prix et deniers... ».
Ce rachat,
cependant, ne fut effectué, car, le 26 août 1578, Antoine Vigier, qui, le 21 du
même mois, avait acquis la quatrième partie des biens de Daulphin Pastoureau,
attribuée à Marie Pastoureau, sa fille, revendit le fief du Brieudet, compris
dans ce lot, à Pierre Eymery, ainsi qu'il suit :
«
L'an ….. pardevant ….. ont estes presens
: Antoine Vigier, chevalier de l'ordre du Roy, lieutenant de cinquante hommes
d'armes et de ses ordonnances, seigneur de Saint-Mathieu. Javerlhac,
Saint-Angel et du Brieudet, habitant au chasteau de Saint-Mathieu, en Poitou,
lequel de son bon gré... A baillé, cédé, quitté et perpétuellement transporté ...
a foy et hommage-lige a Pierre Eymery le jeune, sieur de La Fourie, demeurant
au lieu de la Maisonneufve, paroisse de Saint-Estienne-le-Ledroux, en Périgord,
sçavoir est les fief et maynement et repaire noble du Brieudet, assis en la
paroisse et jurisdiction de Saint-Estienne-le-Ledroux, consistant en rentes
nobles foncieres sur les villages et lieux ci-après mentionnés... (Suit le
dénombrement de 27 tènements arrentés et produisant : Argent, 19lt 4s. 4d.
; froment, 25 sestiers un boisseau ; seigle, 29 sestiers un boisseau ; advoyne,
28 sestiers ; chapons, 3 ; gellines, 35 ; poulets, 2 ; plus les dixmes
inféodées sur sept villages). — Plus a baillé et délaissé le dict seigneur au
dict Eymery une maison noble luy appartenant, scise et située dans la ville de
Nontron... avecques le jardrin y joignant par le dernier, confrontant les
dittes maison et jardrin avec les maisons et jardrins de Jean et Thibaut Le
Reclus frères une petite ruhette ou veneilhe entre deux, et avecques la ruhe
publique et chemin par lequel l’on vat du marché et place publique au symintiere
de la ditte ville sur main droicte[6] ... Et ce a foy et hommage-lige... sous le devoir
de fidélité et dune paire de gants a mutation de seigneur et vassal ou dix sols
pour les dicts gants. Et le dict Eymery a baillé et payé la somme de deux mil
quatre cens trente-trois escus et un tiers descu sol... en cent cinq doubles
ducats a deux testes et demi doubles ducats, deux cens dix doubles ducats
tournois, douze escus sol, trois cens soixante-dix pistolles, deux cens cinquante
pistoullis, plus vingt-huit escus sols, plus deux cens vingt escus et treize
sols... reçus cy-devant et le reste quest quatre cens trente-trois escus un
sol, le dict Eymery le baille présentement en mesmes espèces...
Fait au lieu et chasteau de Lavauguyon, le 26e jour de juing mil cinq cent soixante-dix-huit ».
Signé
: Viroullaud, notaire royal. »
Nous devons
aussi signaler dans cet acte et parmi les villages arrentés, celui du Brieudet;
consistant, est-il dit, en sept maynements joignant le repaire noble et
murailles vieilles du dit Brieudet, d'où la conséquence que les fortifications
en avaient été détruites longtemps avant et probablement pendant les guerres
anglaises.
Par autre acte
du 14 avril 1583, passé à Busserolles et devant le même notaire, le dit Pierre
Eymery déclara que l'acquisition par lui faite ci-dessus l'a été pour la
moitié, sauf la maison de Nontron au profit de son gendre, Claude de Fontaynes,
homme d'armes de la compagnie de M. de LaVauguyon.
Ce fief du
Brieudet, vendu le 14 juillet 1607, devant Tessier, par Annet de Fontaines,
écuyer, seigneur de La Maisonneuve, conseiller au Parlement de Bordeaux, à
Pierre de Cédière, et, du 23 février 1635, arrêt du Grand Conseil portant
adjudication en faveur de Jean-Hélie de Pompadour, de la seigneurie de
Saint-Etienne-le-Droux el du fief du Brieudet, au préjudice du seigneur de
Gédière. Il passa enfin de la famille de Pompadour à celle de Dulau et de cette
dernière à la famille de La Ramière.
2° La Maisonneuve. - Auquel on
donna plus tard le nom de Peucharneau. Ainsi que nous venons de le voir dans
l'acte de vente de 1578, Pierre Emery ou Aymeric était seigneur du fief de La
Maisonneuve. D'après un autre acte de vente du 14 juillet 1607, son petit-fils,
Annet de Fontaine, en était alors détenteur.
(…)
Depuis
le xive siècle, sa population a été successivement : En 1365, de
168 habitants pour 28 feux
; (…) 1,148, en 1881. (A suivre.) R. de Laugardière.
ESSAIS TOPOGRAPHIQUES,
historiques et
biographiques sur l'arrondissement de nontron.
canton de nontron. (Suite.)
V.
— Commune
du Bourdeix.
La
commune du Bourdeix (de Bosco d'Ahu, en 1249), est bornée : à l'ouest, par
celle de Teijat ; à l'est, par Saint-Estèphe et Augignac ; au nord, par la
commune d'Etouars, canton de Bussière-Badil, et au sud, par celles de
Saint-Martin-le-Peint et de Nontron. Son sol, entièrement granitique, avec
collines de 240, 268 et 272 mètres d'altitude, contient les bourg, villages,
hameaux et lieux ci-après :
« Bouchardières,
Le Claud, moulin du Bourdeix, sur le ruisseau découlant d'un étang; moulin de Pinard,
sur le même ruisseau ; Prieuré, Rapy, La Grange, Chafrelières, Bonnefon,
Serpine, Combas, Le Doyer, Roumejoux, Le Meynissou, La Chapoulie, en partie.
» Sa population était,
en 1365, de 138 habitants, pour 23 feux (…) »
Le chef-lieu de
la commune ne comprend, pour toute agglomération, que l'église avec le
presbytère attenant et au-devant desquels s'étend une place publique de
quarante ares environ, au sud de laquelle est une maison bourgeoise, construite
vers 1830, sur l'emplacement de l'un des trois châteaux dont nous reparlerons.
A l'angle sud-ouest de cette place, s'élèvent encore une tour ronde, à moitié
détruite et les soubassements de l'ancien château-fort. Autour de ce premier
centre, à 50 mètres au sud, les restes d'un autre château, construit au xve
siècle, après la destruction du château-fort et dont il reste encore une partie
du corps-de-logis et les restes d'une tour ronde, servant aujourd'hui de
pigeonnier, le tout converti en une exploitation rurale. A 200 mères à l'est,
s'élèvent trois habitations de colons avec les bâtiments d'exploitation; enfin
et à 150 mètres environ, à l'ouest et au pied de la colline, les habitations de
deux colons et le bâtiment d'un fief noble flanqué d'une tour ronde. C'est
tout.
Mais si ce
chef-lieu est le moindre de ceux du canton, il en est assurément le plus
ancien, à en juger par les tuiles romaines, dont nous avons sur place recueilli
plusieurs débris, et par les restes d'un château-fort romano-franc, bâti, selon
l'usage, à égale distance du castrum de Nontron et de la forteresse de Piégut,
laquelle correspondait avec le château-fort de Champniers, sur l'une des
grandes voies d'alors, pour servir aux légions de lieu d'étapes et de relais,
ainsi qu'à la défense du pays. C'est d'ailleurs ce qui résulte encore de l'état
des lieux et de la carte de l'état-major, indiquant les restes de voie romaine
dans la commune de Reillac, au nord de celle de Champniers et se dirigeant, au
sud, vers Piégut, en passant sur la commune de Busserolles, où on en retrouve
des traces à la queue du Grand-Etang-Groulier.
Le petit fort du
Bourdeix (…) fut entièrement ruiné pendant les dernières guerres anglaises et
notamment sous Charles VII. Nous basons notre opinion sur ce fait qu'en juin
1869, et lors de la construction d'un chemin vicinal, on trouva dans le
déblaiement pratiqué près de la tour une certaine quantité de pièces d'or, dont
les unes portant au revers un mouton, d'autres un dragon terrassé par saint
Georges à cheval, seraient de Philippe de Valois, de Jean-le-Bon et de Charles
VI. Mais le plus grand nombre, dont quelques-unes nous furent communiquées,
représentaient : d'un côté et au milieu d'un champ semé de fleurs de lys, un
roi couvert d'un manteau fleurdelisé, debout et tenant de la main droite un
sceptre, de la gauche une croix. On pouvait y lire, au droit : Dei gratta
Carolus... Francorum rex ; au revers : Christus vincit,
regnat, imperat, autour
d'un écusson à trèfles, au milieu duquel une croix pattée à branches terminées
en trèfle et, entre ces branches, deux couronnes et deux fleurs de lis
alternées. Or, ces dernières pièces étant de Charles VII, il en résulte
suffisamment que le fort du Bourdeix fut pris, saccagé et démoli sous son
règne, avant 1454, époque à laquelle les Anglais furent définitivement chassés
de France.
Aussi et avant
1582, le seigneur du Bourdeix se trouva-t-il dans la nécessité de se faire
construire une demeure et un nouveau château avec les matériaux du premier et à
50 mètres de là, sur un mamelon isolé, ainsi qu'il appert des documents
suivants :
« Le 20 décembre
1582, François de Lubersac passe acte avec Charles Hélie de Colonges, son
beau-frère, demeurant au château du Bourdeix. (Lespine).
.Le lundi, dernier jour
de février 1583, François de Lubersac, fils d'autre François et de Jeanne Hélie
de Colonges, naquit au château du Bourdeix. »
(…)
Au sujet du régime seigneurial, le Bourdeix était,
dans le principe, une seigneurie dépendant de la châtellenie et baronnie de
Nontron et de la juridiction du Bourdeix. Au xviie siècle et par
suite des démembrements successifs de la baronnie et des diverses seigneuries,
le Bourdeix eut dans sa juridiction les paroisses d'Etouars, de Saint-Estèphe
etde Teyjat et fut possédé par divers seigneurs, en dehors du vicomte de
Limoges, seigneur suzerain.
Voyons donc et par rang de dates
quels furent ces seigneurs particuliers :
« 1249. —
Donation par Guy,
vicomte de Limoges, de la terre Massabra à Dilecti
et fideles nostri Guillelmus de Manhac et filii sui milites de Nontronio qui
quittaverint quod habebant vel habere poterant in foresta de Bosco d'Ahu. Die
Sabatti ante festum Beate Marie Magdalene an. Di m° cc° quadragesimo
nono. (Doat, v. 242.) »
1299. - Hommage à
Yctier de Maignac de Nontron, par Aymericus de Marcou, fils de Yctier du
Breuil, chevalier, pour la moitié du mas de Las Combas, paroisse de Burgo
Ageduno. Die Mercurii post nativitatem Beate Marie Virginis. An. Di
m° ducento nonagesimo nono.
(Doat, v. 241.)
1321. — Dans le contrat
de mariage de Robert, fils de noble homme et seigneur de Magnac, chevalier et
seigneur de Magnac, avec Marie, fille de noble homme Arnaud de Saint-Astier,
est fait mention de : Petri Dalmatii domini de Burgo de
Hu, Die Martis post cathedram Beati Petri
an. Domini
millesimo trecentesimo primo. (Lespine,
v. 78, f° 132.)
1439.- Promesse faite par Thibaut de La Goublaye,
sieur de Puyagut, à Jean d'Anthon de lui céder tous les droits, noms et actions
que le dit de La Goublaye a sur le lieu de Bourdeys, en luy payant deux cens
reaux d'or. —
Signé : De La Goublaye et
Jean de Barsac. (Doat.)
1450 à 1454. — Antoine Hélie de Colonges épousa, avant 1454,
Ysabelle de La Goublaye, dame du bourg de Hu, alias Le Bourgdeix, et fille de
Thibaude La Goublaye.
1454 à 1752. — LeditAntoine-Héliede Colonges, fondé de pouvoirs de
sa femme, rendit à Guillaume de Bretaigne, vicomte de Limoges, le 23 mai 1454,
au château de Ségur, hommage pour Je château et la justice moyenne et basse du
Bourdeix. —
Ysabelle de la Goublaye
décéda en 1530 et fut enterrée à Pluviers, laissant quatre enfants, dont Guy
Hélie de Colonges, qui se maria, en 1543, avec Jeanne Flamenc de Bruzac. De ce
mariage, Poncet Hélie de Colonges, seigneur de Piégut, du Bourgdeix, d'Etouars
et de Teijac, qui épousa, en 1562, Philippe de Pellegrue et en eut sept
enfants, parmi lesquels Charles Hélie de Colonges de Pellegrue, chevalier,
seigneur du Bourgdeix, etc.. Ce dernier mourut en 1619, laissant de son mariage
avec Charlotte de Fumel autre Charles Hélie de Colonges, seigneur du Bourgdeix,
lequel acheta du roi Henri IV et de sa sœur, en 1600, la baronnie de Nontron et
n'eut de son mariage avec Henrie de Nompar de Caumont de Lauzun aucun enfant,
ce qui fit qu'en 1610, il donna tous ses biens à Charlotte de Fumel, sa mère.
(…)
Notaires. — En 1408, Masfranco; 1585, Martial Ducongiet; 1661,
Allafort ; 1722, Biguot, sieur de La Mondie. »
Du régime
seigneurial, judiciaire et civil, passant aux institutions religieuses, nous
trouvons dans Nadaud :
« Le Bourgdeix, Burgum
Ageduni, le bourg de Hu. Monastère en 1291, dépendant,
dit-on, de Brantôme. Cure, 320 communiants ; décimes, 67 livres. L'évêque de
Limoges y nommoit en 1623. On rebâtissait à neuf l'église en 1480. Chapelle au
cimetière, dédiée à saint Michel, interdite. — Le Claud, Marie de La Serre,
veuve de Jean Allafort, sieur du Claud, donna ce lieu à Ruben, docteur en
théologie et prieur de Villeneuve, diocèse de Rhodez, en 1673. Les Pères de
l'Oratoire de Limoges y établirent un hospice et y firent bâtir une chapelle
qui subsiste. Le donataire en fit remise à la donatrice
le 29 juin 1679, par acte signé Allafort. »
En
complétant ces notes, nous allons constater d'abord, par l'état des lieux et
ensuite par la tradition et par des documents écrits, que :
1°
Le monastère dut être établi dans un vaste bâtiment encore debout et autour
duquel se construisit un village qui prit et porte encore le nom de Prieuré. Ce village est à un kilomètre environ du
bourg et à mi-côte d'une colline dominant l'étroit vallon où coule la Doue.
Mais ce premier établissement dans un pays accidenté, boisé et des plus
propices à la retraite monacale, est antérieur à la date de 1291, d'après les
legs faits à ce monastère dans les testaments suivants :
« 1252. — Du jour lunaire
de l'exaltation de la Sainte-Croix, testament par lequel Guillaume de Magnac
légua : Domibus de Pontonis, de Bobonio et de Bosco
d'Ahu obolum ».
1271. — Du
dix des calendes d'octobre, testament par lequel Itier de Magnac légua :
Conventibus et fratribus domorum de Petrosa, de Bosco Gavo, de Bosco
d'Ahu.... singulis refectionem unam integram de pane, vino et pitancia.
»
2°
L'église, dit Nadaud, a été rebâtie à neuf en 1480 ; mais l'aspect et l'état du
monument nous parait démontrer le contraire. Cette église est en effet composée
de deux nefs, celle de gauche avec sa voûte en berceau et sa porte romane à
plein cintre, servant d'entrée principale, nous parait être au moins du xiie
siècle. Elle existait, dans tous les cas, bien avant le xive,
d'après le document suivant :
«
1352. — Du dernier jour
de septembre, testament d'autre Itier de Magnac, qui légua : Ecclesie de Bosco de Hu dimidiam libram
cere et sex denarios pro oblatione semel solvendos. »
La nef, à
droite, est de style ogival et c'est elle seule qui a dû être construite à
neuf, en 1480, par un membre de la famille Hélie de Colonges, dont l'écu à
trois tours fut sculpté et se voit au-dessus de la petite porte d'entrée. C'est
ce qui est corroboré par la tradition locale, d'après laquelle une des
châtelaines (probablement Isabeau de La Goublaye, dame du Bourdeix, mariée vers
1454 avec Antoine Hélie de Colonges et morte en 1530) fit vœu de bâtir une
chapelle en l'honneur de la sainte Vierge, si elle obtenait un héritier dans
l'année. Ce vœu ayant été exaucé, la construction promise fut exécutée dans le
cours des années suivantes et suivie de l'établissement d'une fête en l'honneur
de la Vierge, avec procession solennelle à laquelle on venait assister de fort
loin et particulièrement les familles privées d'enfants.
(…)
VI. — Commune de Teyjat.
La commune de
Teyjat est bornée : au nord, par celle de Soudat ; à l'est, par les communes
d'Etouars et du Bourdeix; au sud et à l'ouest, par celles de Javerlhac et de
Varaignes. Son terrain, granitique au nord, est en majeure partie en calcaire
de première formation, avec des collines de 198, 201, 206, 217, 226 el 230 mètres
d'altitude. Il contient les bourg, villages, hameaux et lieux ci-après :
« Lauterie,
Le Châtelard, Laborie, Le Bouchage, Malibas, Vaubrunet, Brognac, Boueyre,
Bos-Bernard. Teyjat, Beaumont, Chauffour, Le Forestier, Laronde, Laudonie,
Cailleau, Le Mège, Chez-Gourjon, Boisseuil ».
La
population a été successivement : En 1365, de 78 habitants pour treize feux (…)
Cette paroisse,
dépendant de la châtellenie de Nontron, eut, dans le principe, le vicomte de
Limoges pour seigneur suzerain, et elle dépendait de la justice du Bourdeix.
Elle passa successivement, et à partir des premières années du xve
siècle, aux mains de la famille d'Escars et ensuite dans celles de Hélie de
Pompadour, par le mariage du 1er mars
1536, de Geoffroy Hélie de Pompadour avec Suzanne d'Escars ou des Cars, fille
de François, seigneur de Roussines, La Coussière, Varaignes et Teyjat; plus
tard, elle fut vendue à M. de Lavie, ainsi qu'il a été constaté au chapitre de
la commune du Bourdeix. (…)
Parmi les fiefs
particuliers, nous relèverons les suivants :
1°
Le
Chatelard. — Ce
lief appartenait, du xve au xvie siècle, à la famille de
Chevreuse, qui, par actes des 11 et 23 juin 1562, consentirent à Poncet Hélie
de Colonges, seigneur du Bourdeix, reconnaissances de rentes sur le mainement
et moulin du Châtelard et sur le moulin de Teyjat. Suivant acte du 11 novembre
1584, reçu par le même notaire Jalanihat, partage entre le dit seigneur du
Bourdeix et Annet de Chevreuse.
Par contrat du
22 août 1582, devant Fontaneau, notaire, Marthe de Chevreuse se maria avec Jean
de Saint Laurent, écuyer, seigneur de Feuillade, et en eut Jean, né au
Chatelard (Nadaud). Du 26 décembre 1590, reçu Masfrand, notaire, vente par
Jacques de Chevreuse au seigneur du Bourdeix. Le 7 mars précédent, devant
Fontaneau, cession de droits au dit seigneur par Jacques et Marthe de Chevreuse.
(…)
R. de Laugardière.
(A
suivre.)
COMMUNE de SAINT-GERMAIN-DU-SALEMBRE.
Dans l'intérêt
de l'histoire de notre pays, pour laquelle ils sont une mine de précieux
renseignements, la Société archéologique a émis le vœu qu'il tut dressé un
inventaire, avec description succincte, de tous les anciens monuments encore
existant et dont beaucoup malheureusement, avant peu, auront disparu.
Voici la notice
concernant la commune de Saint-Germaiu-du-Salembre, canton de Neuvic,
arrondissement de Ribérac :
Saint-Germain-du-Salembre.
— On
ignore le nom primitif de cette localité.
Age de la pierre
taillée. — On
rencontre assez fréquemment, mais toujours isolés sur le territoire de la
commune de Saint-Germain, des silex taillés, des haches polies, des flèches. Le
Musée de Périgueux en possède plusieurs.
Cavernes.
— Plusieurs
cluseauw, dans lesquels
on n'a jamais rien découvert, pour la plupart comblés ou fermés par les
propriétaires, crainte des bêtes sauvages ou des malfaiteurs.
Epoque
gallo-romaine. - Au
bourg même de Saint-Germain, dans l'enclos du château de Saint-Germain, des
fouilles tout à fait superficielles ont amené la découverte d'une grande
quantité de tuiles à rebord, brisées et mêlées à des traces d'incendie. Il ne
saurait rester aucun doute sur la présence d'un établissement gallo-romain en
cet endroit.
Epoque romane. —
Deux monuments
de lacommune de Saint-Germain appartiennent à cette époque : 1° dans l'église, la nef de la Vierge ; 2°
une tour carrée du château de Saint-Germain. Ces deux monuments doivent dater
de la même époque (xiie siècle), car l'appareil de construction est
identiquement le même. Murs exclusivement bâtis en pierres de taille des
carrières du pays, contreforts plats ne saillant guère de plus de 10 c.
(…)
F. Ladevi-Roche.
[1]
Ludovicus Dei gratia
Francorum rei, universis existantes et singulis inspecturis salutem, notum
facimus cum in certa causa... Inter dilectum fidelem nostrum Guydonem, dominum
et baronem de Marolhio, actorem et interinationem certarum litterarum apud
Castrum novum super Carentona, octava die mensis novembris, anno Domini millesimo
quadrengentesimo octogesimo datarum requirentem ex una parte. - Et Heliam Danet
ipsius domini Dalbret in sua baronia et dominio de Nontronio, procuratorem et sindicum manentium et habitentium predicti loci de Nonironio
deffensores ex alia.
Le baron de Mareuil parle ici de l'ancienneté de sa baronnie et
châtellenie la plus belle de la sénéchaussée du Périgord, tenue par lui et ses
prédécesseurs à hommage-lige du vicomte de Limoges et dans les limites de
laquelle le droit de péage a toujours existé :
« Dicta castellania Marolhio multum antique et pulchrioribus terris et
castellanium seneschalie Petragoricensis ubi sita quam tenet in fidem et
homagium ligium a vicecomitate Lemovicorum... Ac in eidem finibus et limitibus
ejusdem omnio anno etiam juridictionem altam, mediam et bassam, merum mixtum
imperium et exercitium ejusdem nec non pedagium super omnibus et singulis
mercantiis et deneratis per illam et infra fines et limites ejusdem
transeuntibus et transentibus habebat... ».
Le seigneur d'Albret et le syndic de Nontron, déniant ce droit de péage,
démontraient à leur tour la prééminence de cette baronnie sur celle de Mareuil,
qui en dépendait :
« In contrarium... predictus dominus Dalbreto, vicecomes Lemovicorum,
habebat dominationes et chastellanias et inter ceteras ipsam castellaniam de
Nontronio habentem pluras preheminencias et prerogativas videlicet villas,
castra, territoria et collegia sub se continens plures juridictiones prout
juridicio de Podio acuto, Chamniers, de Larnaudie, Sancti-Pardulphi la rivière,
de Marolhio et plures que sunt subalterne et ab ipse juridictione et
castellanie de Nontronio deppendentes... Predictus locus de Nontronio ab omni
antiquitate habuerat et adhuc habebat auctoritatem preheminentem super dictum
locum de Marolhio et juridictione ejusdem. Nam unicuique omnes et singulos
habitantes de Marolhio et juridictionis ejusdem in quacunque materia sive
pocessoria, petitoria, personali, civili, criminali apud dictum Nontronium in
justicie conveniri et apropinquari facere licitum et permissum existebat et
existit... Quoque manentes et habitantes predicti loci de Nontronio et
juridictionis ejusdem in bona pocessione, saisina, libertate et francisie de
non aliquod jus aut tributum pro eorum mercantiis et deneratis per dictam
terram et castellaniam de Marolliio transentibus et retranseuntibus dicto domino
de Marolhio actori dando nec solvendo ab omni antiquitate merant et existebant
de predictis que juribus, pocessionibus, saisinis et libertatibus et
franchisiis. . »
Quant au droit de péage, voici ce qu'en dit M. de Fréminville, dans sa Pratique
des Terriers.
« Cet établissement tire son origine des Romains, et il y eu avait en
France du temps de Charlemagne, puisque dans ses Capitulaires,
livre 9, chap. XII, il ordonna
qu'on payerait les anciens péages consistant dans le pouvoir de lever sur les
passants, leur bétail, leurs marchandises et denrées, un droit en argent ou en
espèces de denrées ou marchandises. Les seigneurs, investis par le roi de ce
droit de péage, ne l'étoient qu'à la charge d'entretenir les ponts, les
chemins, les ports et les rivières praticables, ainsi que de faire veiller à la
sûreté des voyageurs et marchandises et de les indemniser en cas de perte et au
cas où ils scroient volés et détroussés. Cependant, les hauts seigneurs,
parvenus sous Hugues Capet à rendre patrimoniaux leurs fiefs et seigneuries,
qui auparavant n'étaient à vie et dont ils n'avoient que l'usufruit, établirent
des droits divers et noamment celui de péage dans leurs terres... ».
Ces empiétements furent réprimés et la matière successivement réglementée
par ordonnances, édits et déclarations des 5 décembre 1360, 5 décembre 1363, octobre 1370, 18 juillet 1372, 15 mars
1430, 15 mars 1515, septembre 1535, 23 février et 27 mars 1547, dernier
décembre 1550 et 27 décembre 1577 ; par l'ordonnance de Blois de 1579, par
déclaration du dernier janvier 1669 et par ordonnance de 1661, qui supprimèrent
presque tous les péages et furent confirmées par arrêts du Conseil d'Etat des
20 août 1721 et 24 avril 1725. Par autre arrêt du Conseil du 10 novembre 1739,
les blés, grains, farines et légumes verts ou secs furent exemptés de ce droit.
Enfin et en 1779, le roi Louis XVI manifesta l'intention de supprimer tous
droits de péage sur les grandes routes et les fleuves navigables, ce qui ne fut
effectué qu'en 1789.
Aujourd'hui, nous payons sans garantie ni aucun recours, sur certains
ponts et sur toutes les lignes de chemin de fer, sans parler des impôts, des
octrois, des centimes additionnels et des prestations pour la confection et
l'entretien des autres voies de communication.
[2]
Datum apud Nontronium in die
sanctorum Ignocentium, anno domini millesimo CCCC quadragentesimo sexto,
presentis discreto viro magistro Jacobo Codeti, rectore scolarum de Nontronio in artibus liberis
magistro, et Malheo de
Baleiller, testibus ….. Personnaliter constituti Dominus Helius Vassandi
eleemosynarii pro se et suis ex una parte et Guillelmus de Monfayo, tenenserius
loci de La Peyre, parochie sancti Martini picti ex alia. Predictus
eleemosynarius... assensavit dicto Guillermo de Monfayo ad perpetuum de
pertinentiis reperii de La Peyre, existendis et moventis de domino directo dicte
eleemosynarie. Videlicet nemus vulgariter vocatum du Fermigier cum suis
pertinentiis situm in parochia du Bourdeix, etc… Signé : Vasselli. »
[3]
La taille aux quatre cas, dit le Code rural de 1763, ne
pouvait être exigée qu'en argent et dans les limites fixées par l'ordonnance de
Blois de 1570 et d'après le règlement des Grands jours de Clermont, de 1666.
Nous verrons, d'ailleurs, cette charge fixée à vingt sols dans un acte de 1457
et à cinq sols seulement dans un autre de 1493.
Le guet et garde, dit Fernère, est un droit qui a été évalué en argent depuis que les
seigneurs ont cessé d'avoir des forteresses, et, ajoute Guyot, ce droit ne se
prête plus en nature, et les ordonnances de Louis XI et de Louis XII, de 1479
et 1504, ont permis à ceux qui le devaient de le racheter par une redevance
modique. Ce droit était généralement de trois à cinq sols. Ainsi, nous voyons
que par acte du 8 octobre 1663, devant Dumonteil,
notaire, il fut fixé à trois sols quatre deniers par feu pour les habitants de
la Verriere, paroisse de Saint-Saud, à messire Jacques d'Albret de Freugie,
baron de Lacoussière-Saint-Saud, à cause du château de Lacoussière, encore
debout, car, d'après Fréminville, ce droit cessait d'être dû dès que le château
était détruit.
Il n'était, au surplus,
question de ces deux droits que dans les baillettes consenties à des familles nobles et à celles possédant un
château-fort servant de refuge en temps de guerre aux habitants de la contrée.
[4]
Ces deux derniers actes sont
les seuls, sur plusieurs centaines, dans lesquels nous ayons trouvé stipulé ce
genre de charges, consistant en deux journées d'hommes et de charrois, charges
bien au-dessous, d'ailleurs, même en y ajoutant le droit de guet et garde, de
ces prétendues corvées seigneuriales, dont le souvenir est si exagéré et si
exploité de nos jours. Au surplus, les corvées furent limitées à douze par
année, à faire d'un soleil à l'autre, en diverses semaines, et trois au plus
dans le mois, en exécution de l'ordonnance de Blois, 1379, et des règlements
royaux de 1478, 1560 et 1663.
Nous n'avons aussi trouvé
dans aucun de ces actes, ni ailleurs, la non moins imaginaire obligation pour
les teuanciers de battre, pendant la nuit, l'eau des fossés du château et des
étangs voisins, pour empêcher les grenouilles de troubler, par leurs cris, le
sommeil des châtelains, parce que, disent tous les juristes de l'époque, la
corvée étant un travail de jour, officium diurnum, le corvéable ne peut être contraint à travailler
avant le lever ni après le coucher du soleil, et il est libre d'aller coucher
tous les soirs chez lui.
[5] De Solioco, que M. Dessalles traduit par de Souillac, dans son rapport des archives de Pau de 1842, tandis
que Doat, dom Villevieille et M. l'archiviste Raymond dans son inventaire
général des dites archives, le font par de Sully.
[6] Cette maison existe encore au coin de la
prolongation de la rue Notre-Dame, débouchant dans la Grand'Rue et sur le côté
gauche de ce débouché. Le style en est évidemment de la renaissance et, d'après
l'acte de vente de 1578, sa construction doit remonter au moins aux premières
années du xvie siècle.