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Source : Bulletin SHAP, tome XIX (1892) pp. 316-326 (extraits)

 

INVENTAIRE DU CHATEAU DE MONTRÉAL

(…)

Que devint le jeune Hector de Pontbriant après la mort de son père ? Laisser un enfant âgé de quatre ans et demi à peine dans le vaste manoir, dont nous avons parcouru tout à l'heure toutes les salles, il n'y fallait pas songer. Un espace de quinze jours s'était écoulé, entre le 6 octobre 1569 et le 21 du même mois, pendant lequel l'inventaire avait été interrompu.

Jean de Montardit dut mettre ce temps à profit pour emmener son pupille au château de Lascouts, « repayrium de parietibus, » vieux logis fortifié, placé au bourg de Celle[1], loin des grands centres et des voies de communication les plus fréquentées. C'était un abri sûr où devait se passer sa jeunesse. Il y fut élevé sous les yeux de la dame de Montardit, avec sa propre fille Catherine, qu'il devait épouser quinze ans plus tard.

Comme la suite de l'inventaire nous l'a fait connaître, cette précaution ne devait pas être inutile. Nous savons, en effet, que dans la soirée de ce même jour 21 octobre, on signale tout à coup à l'horizon l'armée protestante en pleine débandade, depuis la défaite de Moncontour. (3 octobre 1569). Coligny, toujours battu, mais jamais découragé, après avoir levé le siège de Poitiers, était allé se ravitailler à La Rochelle, ce boulevard du parti protestant. Son chemin, sinon le plus direct, du moins le plus sûr, pour regagner le Midi, était de traverser la Saintonge et l'Angoumois, en grande partie convertis aux idées nouvelles, et de se rendre à Bergerac, cette seconde Rochelle, en suivant la vallée de la Crempse et en passant sous les remparts de Montréal.

Le journal du chanoine de Sireuilh[2] parle aussi d'un autre itinéraire par Brantôme, Château-l'Évêque et Montignac-le-Comte. Les deux versions doivent être exactes et la contradiction n'est qu'apparente. En effet, les débris de l'armée huguenote, incapables d'affronter de nouveau le sort d'une bataille rangée, devaient, avant tout, éviter d'appeler l'attention des troupes royales victorieuses. De la leur division en deux groupes principaux. Une seconde circonstance, qui nous est révélée par Brantôme dans ses Mémoires, avait dû encore amener ce résultat. Coligny savait par expérience qu'il ne pouvait pas compter sur les sympathies des paysans périgourdins. Après les batailles de Mensignac et de Vergt, ils avaient fait une véritable chasse aux huguenots en déroute et en avaient massacré un grand nombre, beaucoup plus que l'armée royale[3] (2).

Telle était la terreur inspirée par les soldats de Coligny, même dans leur défaite, qu'aussitôt signalés, l'inventaire est immédiatement interrompu. On prend à peine le temps de le signer, et, à la hâte, scribe et tabellion s'empressent de regagner leur demeure afin de la préserver du pillage. Quant à Jean de Montardit, tout son rôle dut se borner à faire lever les quatre ponts-levis et à faire pointer sa nombreuse artillerie sur les huguenots, s'ils avaient fait mine d'attaquer.

Si Montréal eût été en moins bon état de défense, quelle bonne fortune eût été sa prise pour Coligny ! Une armée dans le plus complet dénuement eût trouvé là une véritable place de ravitaillement. Quarante barriques de bon vin de Périgord, une quantité considérable de grains de toutes sortes, enfin une nombreuse artillerie, qui faisait bien faute aux huguenots, car ils avaient perdu toute la leur au siège de Poitiers.

Rien de tout cela heureusement n'arriva, tant les précautions avaient été bien prises par le vieux sénéchal. Montréal n'eut à subir aucun assaut, et nous verrons, dans un instant, que ce que la force ouverte n'avait pas osé tenter, la trahison, si fréquente en ces tristes temps, faillit l'accomplir.

Pendant près d'un an, l'horrible guerre civile qui minait la France continue. En présence d'un tel état de choses, il ne pouvait être question de terminer un inventaire. Nous sommes ainsi parvenus à l'année 1570, à la troisième paix, dite boiteuse et mal assise, par les mauvais plaisants du temps, à cause de ses deux négociateurs Biron et Malassise (Biron était boiteux), mais plus sérieusement nommée paix de Saint-Germain (12 août 1570). Elle fut publiée à Bergerac, dès le 4 septembre[4]. Quelques jours après, Jean de Montardit revient à Montréal, licencie la plus grande partie de la garnison et vend aux enchères un certain nombre de bêtes inutiles, le cheval de guerre, notamment, nommé Limoges, du nom de la résidence principale de son ancien maître, d'antiques arbalètes, de vieux bahuts, enfin neuf lits ayant servi durant de longs mois, à coucher les vingt soldats de la garnison, et qui naturellement, n'étaient plus bons à rien.

Cette nouvelle ère de paix devait peu durer. Deux ans après, la guerre civile reprend avec une nouvelle fureur. La Saint-Barthélemy amène le soulèvement général du Midi. Bergerac renverse de fond en comble les églises, les couvents et, de leurs débris, réédifie ses remparts renversés par Monluc[5] (2); à ce moment, se place pour Montréal un incident des plus dramatiques. La garnison avait été remise au grand complet. Elle était commandée par le capitaine Bonnet, probablement le même que nous avons vu jouer un rôle important au début de notre inventaire : procureur d'office de la châtellenie.

Tenter de s'emparer de vive force du château, c'était chose à peu près impossible. Armand de Clermont, seigneur de Pilles, eût été le seul capitaine capable d'un tel coup d'audace, et il n'était plus[6] (1); mais ce que ne pouvait la force ouverte, la trahison devait le tenter.

A ce moment, florissait à Bergerac un pasteur protestant ardent, qui, non content des paroles, voulut encore y joindre les actes. Il parvint, par ses menées, à nouer des intelligences dans la place. Deux soldats parurent se rendre à ses projets et lui promirent leur concours. Bordas, tel était le nom du pasteur huguenot, par une nuit sombre, réunit une nombreuse troupe d'hommes armés d'échelles d'escalade et de pétards (le pétard jouait un rôle important dans les assauts donnés aux portes des villes et des citadelles. On alla jusqu'à faire des livres sur la manière de les confectionner et de s'en servir. La bibliothèque de Périgueux possède un traité sur ce sujet). On arrive sans encombre jusqu'au pied des remparts; on dresse les échelles, et les assaillants, se croyant sûrs de leur fait et du concours d'une partie de la garnison, montent à l'assaut. A ce moment, survint Jean de Montardit, à la tête de la principale noblesse catholique du pays. Les échelles sont renversées; cinquante des assaillants restent morts sur la place. Le ministre Bordas, en chef prudent, que sa grandeur avait dû retenir loin du péril, prend la fuite et parvient à grand'peine à rentrer sain et sauf à Bergerac. S'il avait réussi, son retour eût été triomphant. Vaincu, le gouverneur protestant, le baron de Langoiran, ne parlait rien moins que de faire pendre haut et court l'infortuné prédicant. En ces sortes d'affaires, il faut surtout faire vite et réussir. Nous l'avons bien vu dans quelques affaires du même genre de notre temps[7].

Nous sommes arrivés à l'année 1584. Hector de Pontbriant est âgé de dix-neuf ans à peine, et son tuteur songe déjà à le marier ! Il est vrai que c'est avec sa propre fille, tellement le parti lui paraissait avantageux.

Les parents les plus proches de la maison de Pontbriant, ceux-là même que nous avons vus institués héritiers dans le testament du vieux sénéchal, avaient longtemps eu l'espoir de recueillir cette opulente succession. Croirait-on que le prix de la cession d'office de sénéchal et gouverneur du Limousin, consenti en 1543 par Marin de Montchenu, à son cousin-germain par alliance, était encore dû quarante ans plus tard! On devine aisément les motifs de ces ménagements. Jeanne de Bourdeille, de son côté, dame de Lanmary et de Sainte-Aulaire, celle-là même dont nous avons ici publié le curieux inventaire, petite-fille de Claire de Pontbriant, sœur de notre sénéchal[8], dans le même espoir, n'avait rien non plus réclamé de la dot de son aïeule.

Mais, en 1584, les temps étaient changés. Hector de Pontbriant était à la veille de contracter mariage. Le 9 février 1584, il est donné quittance à Jean de Montardit, comme tuteur d'Hector de Pontbriant, de plusieurs sommes[9] (1). Le 31 mai 1587, une transaction intervient entre Jeanne de Bourdeille et son oncle à la mode de Bretagne, et le 20 juin de la même année, elle donne quittance de la somme de dix mille cinq cents livres.

Un événement, en apparence insignifiant, nous donne une juste idée de la position qu'Hector de Pontbriant, à peine âgé de vingt-quatre ans, avait su conquérir dans sa province. Notre grand philosophe Montaigne habitait non loin de Montréal. Dans un livre de sa bibliothèque, les Ephémérides de Beuther, disposé, comme nos agendas actuels, avec des folios blancs, il annotait avec soin les principaux événements de sa vie domestique. C'est ainsi, qu'à la date du 25 février 1589, il constate que ce jour il a fiancé de sa propre main « M. de Belcier avec Mlle de Sallebeuf »[10], en présence des principaux grands seigneurs du pays, et notamment de MM. de Pardaillan de La Motte Gondrin et d'Hector de Pontbriant, seigneur de Montréal.

Certes, tout le monde connaît l'innocente manie de notre grand douteur. Dans ce livre, il ne constate que des faits pouvant le rehausser ainsi que les siens. On a beau être philosophe, on n'en est pas moins homme.

Mais ce témoignage de Montaigne, admettant dans son intimité un jeune homme de vingt-quatre ans, prouve comment il était apprécié par un des plus grands esprits du XVIe siècle.

Cette situation s'augmenta encore avec les années. En 1614, les Etats-Généraux du royaume furent convoqués à Paris. Les trois États du Périgord se réunirent au mois de juillet, dans le cloître Saint-Front. Les deux députés choisis par l'ordre de la noblesse, furent Armand d'Aydie, comte de Ribérac, et Hector de Pontbriant, vicomte de Montréal, et chose assez piquante, l'oncle et le petit neveu, car Armand d'Aydie était le petit-fils de Claire de Pontbriant, sœur de notre sénéchal[11].

On sait quel fut l'avortement des Etats de 1614, les derniers de l'ancienne monarchie avant 1789. De vaines questions de préséance et d'amour-propre absorbèrent la plupart des réunions, et ils se séparèrent sans avoir accompli aucune des réformes sur lesquelles la France avait le plus le droit de compter.

Un peu avant cette époque, Hector de Pontbriant avait eu à soutenir un long procès contre la famille Bonnet, qui avait usurpé le droit de sépulture dans l'église d'Issac, à la place même que devait occuper le tombeau du seigneur haut justicier.

Pendant quinze ans au moins (1569-1584), Montréal avait été privé de ses maîtres. Certains abus en étaient résultés. Barthélémy Bonnet, l'homme de confiance du grand sénéchal, d'abord notaire à Issac, puis procureur d'office de la châtellenie, enfin capitaine et gouverneur du château pendant la minorité de son maître, en avait profité pour faire ensevelir sa femme dans l'église d’Issac, « à la place la plus honorable, devant le grand autel, en face même du banc seigneurial ». Les choses restèrent longtemps en cet état, par suite probablement de la situation politique de la province. Mais en 1608, le règne réparateur d'Henri IV permettait d'obtenir justice. Un procès qui dura une dizaine d'années s'engagea dans toutes les règles ; il fut terminé par le gain complet des prétentions d'Hector de Pontbriant[12].

Il est possible que ce soit là une des causes principales qui empêchèrent le transfert, dans l'église d'Issac, des tombes de François de Pontbriant et de sa femme. Ne nous en plaignons pas, car c'est probablement à cette circonstance que nous devons de posséder encore ce curieux monument de la Renaissance.

Le seigneur de Montréal se maria deux fois : la première, le 27 octobre 1584, avec sa cousine Catherine de Montardit[13] ; la seconde, avec Marie de Brizay, veuve de Louis Bouchard d'Aubeterre, vicomte de Montbazillac.

De sa première union provinrent trois enfants.

Il n'en eut pas de la seconde.

L'ainé de ses enfants, Jean, parait n'avoir eu qu'une courte existence. Venu au monde infirme, il fut l'objet, de la part de sa mère, d'une telle sollicitude, qu'en 1595, elle faisait enregistrer au greffe des insinuations à Périgueux son testament, où elle lui donnait certaine somme destinée à son entretien[14].

Les deux autres furent deux filles ; l'aînée, Françoise, mariée par contrat passé au château de Montréal le 16 septembre 1611, à Gaston Foucauld, écuyer, seigneur de La Garaudie, de la Besse, etc., etc., à la condition que leurs descendants joindraient le nom et les armes de Pontbriant à ceux de Foucauld[15]. La seconde, Jeanne, épousa en 1624, Gaston Goulard, seigneur baron de Touverac et de La Faye, en Angoumois[16].

(…)



[1] On voit encore au bourg de Celle, arrondissement de Ribérac, une vaste construction paraissant remonter au seizième siècle. C'est le château de Lascouts, appartenant actuellement au marquis du Lau d'Allemans.

[2] Ce journal historique, fort intéressant sur les guerres de religion, a été publié dans les Archives historiques de la Gironde, par M. Clément-Simon, ancien procureur-général.

[3] A rapprocher de la conversation de Brantôme et de Coligny quand il lui reprochait d'avoir fait tuer de sang-froid 260 malheureux paysans périgourdins, dont le seul crime était d'avoir voulu protéger du pillage leurs chaumières. — (Bulletin, année 1890, p. 69 et suivantes.) — En 1562, lors de la. prise d'Angoulême, Coligny avait fait massacrer devant lui plusieurs religieux, et notamment le gardien des Cordeliers, nommé Greslet, homme fort docte et de bonne vie, prédicateur ordinaire de R. P. en Dieu Jean de La Rochefoucauld, abbé de Marmoutier. Au moment de marcher au supplice, ce religieux, s'adressant à Coligny, lui adressa ces prophétiques paroles : « Monsieur l'amiral, vous combattez et peut-être ne sçavez-vous pourquoy, vous prêtiez un prétexte de religion, laissant celle en laquelle vous avez été baptizé. Vous me voyez par votre ordonnance sur le point de finir mes jours. J'espère estre aujourd'huy avec les anges de Dieu. Mais pour vous montrer que vous errez, vous qui avez laissé la vraie religion et pure doctrine procédée des Apostres et de leurs disciples jusques à nous, je prie Dieu, devant le tribunal duquel j'assiste, m'effacer du livre de vie pour me damner, si la religion que vous suyvez et la doctrine que vous maintenez avec tant de cruauté n'est très fauce, très méchante et très malheureuse : je sçay bien que vostre cœur, préocupé d'autres choses, n'est capable de ma protestation, mais vous expérimenterez l'effet de ce que je vous prédi. Car vous serez, comme Jesabel, jeté par une fenestre et serez traîné fort ignominieusement, et ainsi finirez vos jours. »

(Bulletin de la Société historique et archéologique de la Charente, année 1862, p. 375.)

[4] La nouvelle de la paix fut accueillie à Bergerac et dans les environs avec de tels transports de joie, que des feux furent allumés dans toutes les campagnes d'alentour. (Histoire du protestantisme à Bergerac, par le docteur Rennes. Bergerac, 1868, in-8°.)

[5] Monluc, dans sa correspondance avec la reine-mère, datée précisément de cette année 1569 (12 mars) (voir Commentaires de Monluc, publiés par la Société de l'histoire de France, baron de Ruble. tome V, p. 1511, raconte qu'il ne peut trouver un seul paysan qui consente à venir travailler au démantèlement des remparts de Bergerac, tant ils sont animés d'un mauvais esprit. Il ajoute, mais il se faisait encore plus cruel qu'il ne l'était, qu'il sera obligé d'y mettre le feu, « car c'est la plus traistre et déloyale ville qu'il y eut jamais au monde ».

Cette lettre de Monluc se trouve encore confirmée par le livre des chroniques de Bergerac. A l'année 1569, on lit :

«Sur la fin du mois de juillet 1563, M. de Saint-Geniès de Badefol (Gontaud de son nom), lieutenant pour le Roy en Périgord, en absence de M. des Cars, logea en cette ville, avec plusieurs compagnies de pied et de cheval et y fit de grands maux; fit démanteler la ville en plusieurs endroits, abattre et saper les tours des murailles et boulevards, la porte de Malbec et tous les portaux et brûler les portes de la ville, et commirent tant de maux que presque tous les habitants furent contraints de quitter et se trouva n'y avoir pas dis (sic) hommes dans la ville ».

[6] Armand de Clermont, seigneur de Pilles, près Bergerac, massacré l'un des premiers aux portes du Louvre, le jour de la Saint-Barthélémy. L'avant-veille, à l'île Louviers, nous raconte Brantôme, il avait donné une leçon de natation au roi Charles IX, en lui tenant le menton au-dessus de l'eau. « Il eût été à craindre, ajoute notre chroniqueur, que si quelque devin luy eust annoncé telle fin, qu'il eust faict au Roy un mauvais party. » (Brantôme, édition Buchon, t. I. p. 622.)

[7] Dupuy, dans son Estat de l'Eglise du périgord (t. II, p. 198), raconte tout au long ce dramatique incident. D'après la place qu'il occupe dans son récit, on doit le dater entre les années 1572 et 1575. C'est le seul auteur que nous ayons sur les événements de cette époque, et malgré sa partialité pour les catholiques, son honnêteté est tellement reconnue, même par les protestants, qu'ils sont les premiers à le citer. (Voir Histoire du protestantisme à Bergerac, par Rennes.)

[8] François de Pontbriant avait épousé Jeanne de Daignac le 28 août 1564. Hector dut naître au commencement d'avril 1565, par conséquent à sept mois. Sa mère mourut en lui donnant le jour. On voit encore, dans une salle basse du château de Montréal, une tête d'homme en pierre sculptée. Elle a dû faire partie d'un monument destiné à la tombe d'Hector de Pontbriant. Le visage est maigre et les traits sont fins et distingués; la coupe de la barbe indique la fin du règne d'Henri III, c'est-à-dire vers 1589. Un autre débris se voit à côté de celui-ci. C'est une tête de femme ayant, dans une abondante chevelure, des bijoux entremêlés. Nous serions tenté d'y reconnaître le visage de Catherine de Montardit. La coiffure, les bijoux, sont de la même époque, c'est-à-dire vers 1589.

[9] Dans son testament en date du 30 janvier 1545, Marin de Montchenu déclare qu'il veut que l'accord qu'il avait fait avec son cousin le seigneur de Montroyal, touchant la somme de 5,216 livres 10 sols que ledit seigneur de Montroyal lui redoit du prix de l'office de gouverneur du Limousin qu'il lui avait vendu, porte son plein et entier effet. Le 20 janvier 1532, Claude de Montchenu, gendre de Marin de Montchenu et comme lui premier maître d'hôtel du roi, donne procuration pour recevoir de Jean de Montardit, tuteur d'Hector de Pontbriant, la somme de 1,666 écus.

(L'écu était de 3 livres. On le voit, c'était à peu près l'entière somme portée au testament de 1545.)

[10] La famille de Belcier, originaire de Périgueux, a fourni au Parlement de Bordeaux le célèbre premier président, François de Belcier (1520-1544), qui présida à la rédaction de la Coutume de Bordeaux en 1521. (Voir son entrée solennelle dans la ville de Périgueux en septembre 1520. — Dix entrées solennelles à Périgueux, 1470-1566. — Sauveterre de Guyenne, 1882, petit in-4°.)

La maison de notre philosophe avait été deux fois alliée à celle du premier président. Mlle de Sallebeuf devait être une Vacquey, famille de Bordeaux, également alliée aux Eyquem. On conçoit le bonheur et la joie de l'auteur des Essais de fiancer ainsi de sa main, à la façon d'un véritable patriarche, deux jeunes gens, proches alliés de sa maison, voir aux pièces justificatives le contrat de mariage de M. de Belcier. Cette pièce curieuse avait échappé jusqu'à ce jour aux recherches du monde savant.

[11] Jeanne de Bourdeille, dame de Sainte-Aulaire et de Lanmary, avait épousé en premières noces Charles d'Aydie ou Deydie, seigneur de Montbazillac. De ce mariage étaient issus Armand et Guy d'Aydie. Armand, après la mort de son cousin, tué en 1578 dans le fameux duel des mignons d'Henri III, hérita de la vicomté de Ribérac. (Voir le testament de Jeanne de Bourdeille aux pièces justificatives de l'Inventaire de ses bijoux. — Périgueux, 1881, p. 77, 78, 79 et 60.) Jeanne de Bourdeille étant petite-fille de Claire de Pontbriant, soeur du sénéchal de Limoges. Hector de Pontbriant était cousin-germain de son père, par conséquent son oncle à la mode de Bretagne.

[12] Le 3 mai 1608, jugement des requestes du Palais, entre Hector de Pontbriant, gentilhomme ordinaire de la chambre du roy, seigneur de Montréal, d'une part, et Jehan Bonnet, sieur de Leymonie; autre Jehan Bonnet, sieur de la Massine : Antoine Bonnet, sieur de Frontignac, (probablement aujourd'hui Frontal, hameau de la commune de St-Jean d'Eyraud, à côté de Montréal) ; Hélie Bonnet, Jeanne Bonnet, femme de Géraud Blanquev, sieur de Leybardie, et Marthe Bonnet frères et sœurs, et Me Anthoine Boussenot, comme curateur d'Hector Bonnet, aussi leur frère, au sujet des droits de sépulture dans l'église d'Issac. Les sieurs Bonnet furent déboutés et le seigneur de Montréal maintenu dans ses droits. A la suite est un arrêt du si juin 1616, confirmatif de ce jugement. On y trouve la généalogie des Bonnet en ces termes : « Depuis quatre-vingts ans, le bisayeul desdits défendeurs se retira en la paroisse d'Issac et était un pauvre maçon qui se maria avec la fille d'un autre maçon appelé Materne, et en deuxième noce, se maria avec une fille de la paroisse de Saint-Hilaire d'Estissac; lequel bisayeul, ensemble sa femme, ayant quelques petits moyens, commencèrent à tenir taverne dans ladite paroisse, vendant du vin à pot et à pinte, et, après leur décès, furent ensevelis dans le cimetière de ladite église. De leur mariage fut procréé feu Me Bertholmé Bonnet, qui fut notaire d'Issac et, étant notaire, fut pourveu de l'estat de procureur d'office de la terre et juridiction de Montréal par feu messire » François de Pontbriant, père dudict seigneur de Montréal, lequel Bartholmé fut marié avec Mariotte Reymondie, fille de Me Jacques Reymondie. notaire à la ville de Mussidan, dont provint Me François Bonnet, père dudict défendeur, lequel fut pourveu de l'office de juge de la juridiction de Montréal, par le tuteur dudict seigneur de Montréal, pendant l'exercice duquel office de procureur et juge desdicts père et fils, ladite Mariotte Reymondie serait décédée, lequel décès peut avoir eu lieu, il y a environ vingt ans. Lesdits Bonnet, au lieu de la faire enterrer dans le cimetière, tombeau de leur ayeul, et abusant de leur autorité pendant l'absence dudict seigneur, la firent ensevelir dans la nef de l'église devant le grand autel, au lieu le plus honorable, où le seigneur de Montréal a son banc. » (Extrait des Manuscrits de Lespine. — Bibliothèque nationale, dossier Pontbriant.)

[13] Catherine de Montardit, issue d'une vieille race de chevalerie alliée aux premières maisons du Périgord, du Limousin et .du Quercy, était parente d'Hector de Pontbriant, au moins par deux alliances communes : les Flamenc et les Salagnac. (1l juillet 1526, contrat de mariage passé au lieu noble de Lascoutz, paroisse de Celle, de Pierre de Montardit avec Marguerite de Salagnac, fille de feu Antoine, écuyer, seigneur de Verteillac et baron de Gourdon.) On voit encore à Chancelade, dans le presbytère actuel, une cheminée ornée du blason des Montardit : De gueules à 3 pals d'or. C'est l'écusson d'Antoine de Montardit, abbé de Chancelade au XVIe siècle. (Le 16 avril 1537, il est mentionné comme abbé de Chancelade et archiprêtre de Vanxains.)

[14] Nous devons à l'obligeance de notre confrère de la Société, M. d'Arlot de Saint-Saud, ce renseignement.

[15] La famille de Foucauld de Pontbriant paraît s'être éteinte dans la personne d'Alexandre de Foucauld de Pontbriant, marié à une Moreau de St-Martial. — Dont quatre filles mariées dans les familles de Larigaudie, de Monteil, de Gastebois et de Saint-Angel.

[16] La généalogie cependant si complète de la maison de Foucauld de Lardimalie par de Courcelles, ne mentionne pas cette seconde fille Jeanne, pas plus que le fils aîné Jean. Le fait, cependant est certain. La maison de Goulard est depuis longtemps éteinte en Angoumois; une branche paraît s'être maintenue en Poitou (Cte de Brémond d'Ars, Ban et arrière-ban de la sénéchaussée d'Angoumois.)

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