Source : Bulletin
SHAP, tome XXVI (1899)
·
Hommage de fidélité rendu à Guy de Pons (1500)
·
Jeanne d’Albret et Montgomery
·
Supplique exposant la misère de l’église
collégiale St Front de Périgueux (1427)
·
Attribution de la bible de Bertrand d’Abzac
après son exécution (1438)
·
Lettres à M. des Bories (1572-1577).
pp.
219-222.
HOMMAGE DE FIDÉLITÉ RENDU A MESSIRE GUY DE PONS, VICOMTE DE
TURENNE, PAR MESSIRE
BERNARD
TUSTAL (1).
Léonard de Prouhot, licencié ez droictz, seigneur
d'Affeyrac, lieuctenant géneral de monseigneur le Seneschal de Perigort, commis
et procureur géneral et spécial de hault et puissant
seigneur Guy seigneur de Pons, vicomte de Turenne, à recevoir tous et chacuns
les hommaiges et serement de feaulté, droictz et deuoirs deuz et appartenons
a mondit seigneur ledit viscomte en ladite viscomté de Turenne, comme de mondit
pouvoir peult apparoir par les lectres patentes de mondit seigneur viscomte marchees
(sic) de la main et scellées de son
scel desquelles la teneur sensuyt. Guy seigneur de Pons viscomte de Turenne, a
tous ceulx qui ces présentes lectres verront et orront (sic) salut. Comme par le présent nous soyons occupez en
certains noz affaires et ne soit possible nous transpourter ne aller ez pars de
nosdites seigneurie et viscomté de Turenne pour receuoir les hommaiges et
serement de feaulté que a cause de nostredite viscomté nous sont deuz par les
vassaulx dicelle, pour ce est il que auiourduy date de ces présentes ez
présence des notaire et tesmoins cy dessoubz escriptz, Nous auons faict, commis,
constitue, ordonne et etabli et par la teneur de ces présentes faisons, constituons
et établissons noz procureurs
generaulx et messagiers speciaulx, assauoir est nostre très cher et amé filz
François de Pons, chevalier et honnorable homme maistre Léonard Prouhet,
licencié, lieuctenant de Perigort, ausquelz et chacun deulx auons donne et octroye,
donnons et octroyons plain pouuoir, auctorité, mandement et commission spéciale
de iceulx hommaiges faire assigner par toutes noz terres et chascunes seigneuries
de nostredite viscomté et la ou chacun deulx verront estre a faire et iceulx
hommaiges recevoir pour et en nostre nom et a ce contraindre noz vassaulx de
notredite viscomté par toutes voyes deues et raisonnables et leur faire poyer
le deuoir et deuoirs a nous deuz pour raison des chastellanies, terres et
seigneuries et autres fieufz et choses teneus noblement et mouuantes de nous et
soy faire rendre et bailler les doubles des denombremens et a diceuz en bailler
bonne et souffisante quictance et mesmement des seigneuries et chastellanies de
Commarque, Sainct Génies, de Condat, de La Chapelle, Nabirac, Paluoisin, Jayac,
Gauleiac, Belcastel, Roges, Marueil et de toutes autres terres et seigneuries
mouuantes de nous, lesquelz hommaiges et réceptions faictz a nosdits procureurs
et par eulx et ung chascun d'iceulx receuz nous voulons estre duntel effect et
valeur que silz estoient faictz a nostre et nous mesmes les auions recuz et
generallement de faire procurer et exercer tout ce que bons et loyaulx
procureurs peuvent et doyuent faire et comme si y estions en personne promectant
auoir agréable et tenir ferme et stable tout ce qui par nos dicts procureurs
sera faict, procuré et négocié soubz lobligation de tous noz biens ; et en
tesmoing de ce, nous en auons faict faire et passer ces présentes noz lectres
de procuration et signées de nostre main et faict signer du seing manuel du
notaire cy dessoubz escript juré et auditeur de la court de nostre scel par
nous stably aux contraictz en nostre ville et seigneurie de Pons et par nostre
commandement et ledit scel faict mectre et opposer. Ce fut faict et passé en
nostre chastel de Pons, presens tesmoings a ce nobles personnes Bertrand de
Culmont et Jehan de Clereunult, escuyers, le premier jour de septembre, mil
cinq cens. Ainsi signé Guy de Pons. Par commendement de mon dit seigneur.
P. Chenu.
Et soit ainsi que ensuyuant les proclamations faictes ez courtz et
assisiages (sic) de ladite
viscomté que ung chascun qui tiendroit en fief ou arriefief dudit seigneur et
que luy deuoient aucuns deuoirs sen vinssent devers nous pour en faire
déclaration, recognoissance et poyer (sic) le
deuoir. Scauoir faisons à tous quil appartiendra que auiourdhuy, date de ces
présentes, cest compareu et présenté par deuant nouz en nostre maison, en la
cite de Sarlat, discret et saige homme Bernard Tustal, bourgeois de Sarlat,
lequel nous a dict, supplié et remontré que son feu pere Raymond Tustal comme
ayant droict de feue noble Heleine de Massault, fist avec feuz Raymond et
Geraud Tustals, ses oncles, avec mondit seigneur le viscomté, mectre lhommaige
et serement de féaulté questoient tenuz de faire a mondit seigneur le viscomté
pour raison des biens quilz tenoient de ladicte feue Heleine en ladicte
viscomté en accapte dans espérons dores (sic) ce que mondit seigneur le viscomte leur accorde
faire, ainsi que dict apparoir par instrument auctenticque signé de la main de
maistre Jehan de Quercu de la date du unzième jour d'octobre an mil quatre cens
soixante trois. Et nous a aussi remonstré que lesdits biens que furent de
ladite feue Heleine ont este partis et divisez entre sondit feu père et les susdits feus Raymond et Guiral Tustal et
aussi la part de son dict feu père a esté partie et diuisée entre luy et
Raymond Tustal son frère, par quoy se voulant acquiter de son serement, cest
tire deuers nous pour faire et prester le deuoir quest tenu de faire a mondict
seigneur le viscomté pour raison de sadite viscomté, et la requeste dudict
Tustal ouye et veu ledit instrument, auons trouvé que dudit accapte led.
Bernard eu devoit la quarte part, par quoy luy auons enioint de nombrer ce
qu'il tient de ladite succession, lequel a dénombré sadicte part en la fourme
et manière que sensuyt: Toute la borie de Massault, assise en la parroisse de Saincte
Nathalaine avec ses appartenances comme ediffices, maisons, ortz, vignes, près,
bois, terres cultes et incultes, et la moitié du mas de Lalbussenie et de
Laborderie et de Lablaynesque, auec leurs appartenances toutelles et son moulin
assiz en ladite parroisse sur le ruisseau de Nee, joignant de toutes partz aux
possessions du villaige de Massault, vulgarement appelle le moulin de Roudes et
de tout ce que
luy pouuoit appartenir à cause de la succession de feue Heleine de Massault et
de feu Raymond Tustal, son feu père, en toute ladite viscomté. Laquelle
déclaration et dénombrement faictz par ledict Tustal nous a requis et supplies
le receuoir par quoy nous procureur et commis susdit considerans les bons et
loyaux services faictz par ledit Tustal et les siens a la maison de Pons de
entremete (sic), aussi
voulans user de quite et de raison après ce que dud Tustal auons exhigé et
receu le serment de fidélité en tel
cas requis et receu ledict deuoir quil deuoit acause dudit accapte,
icelluy Tustal auons receu et receuons audit accapte et en tant que besoing
seroit lauons investi et inuestissons desdites choses par luy dénombrées et de
leurs appartenences et deppendences quelconques quelque part quelles soient, en
toullant (sic) et ostant
toutes mains mises et empeschemens que leur pouvoient avoir este faictz ou
donnez èsdites choses parcy deuant le temps passé, et auons impose et impausons
silence au procureur et autres clercs dudit seigneur viscomté ausquelz auons
enioinct et eniognons par ces présentes ne molester en aucune manière ledit
Tustal ez choses dessus dénombrées pour raison de deuoir non faict, lesquelles
choses luy auons mis et mettons en
tant que besoing seroit et lauons quicte et quictons et les
siens desdictz deuoirs pour ceste foiz et
tous autres. En tesmoing desquelles choses et de vérité et affin de
perpetuelle mémoire nous auons signé ces presentes de nostre main et commandé a
maistre Jehan du Castanet, greffier de mon dit seigneur viscomté, luy on
bailler lettres en fourme auctenticque, scellées du scel royal de ladicte
sénéchaussée de Perigort stabli au siège presidial de Sarlat.
Faict et
donné en nostre dicte maison de Sarlat ez présence de Raymond Leigue, licencié
et Estienne de Maignenac, bourgeois de Sarlat et autres, le dixneufième iour du
moys de décembre l’an mil cinq cens. Ainsin signe au pied de l'original. Léo de
Prouhet procureur susdit.
Extraict
des papiers, registres et protocolles de feu maistre Jehan Ducastanet, mon
pere, quy a receu le susdict homage (2).
Ducastanet, notaire.
Pour copie conforme : Louis CARVÈS.
(1)
Archives de Paluel-Montfort n°
275. Au sac collé les hommages rendus à monseigneur le viscomte de Turene pour
Paluel. Copie en parchemin de 55 millimètres de long sur 35 de large.
(2)
Il
y avait un sceau qui a disparu.
pp.
353-356
JEANNE
D'ALBRET ET MONTGOMERY.
Il n'est pas besoin
de refaire la biographie de Gabriel, comte de Montgomery. La vie de ce
capitaine est suffisamment connue, ainsi que la campagne qui fit rentrer, par
son énergique valeur, le Béarn entre les mains de Jeanne d'Albret. Ce que tous
les historiens semblent ignorer toutefois, c'est qu'alors que le Parlement de
Paris condamnait Montgomery et qu'on l'exécutait par effigie sur la place de
Grève, pour sa révolte contre le roi Charles IX, Jeanne d'Albret récompensait
son vaillant capitaine par un don de 12.000 livres tournois et lui assurai t
pour le paiement de ladite somme le revenu et la possession de la terre de
Génis en Périgord.
Ce don paraît d'ailleurs, au
moins en ce qui concerne la terre, avoir été de pure forme- Car les savants
confrères du Périgord que j'ai consultés, notamment MM. Villepelet et le comte
de Saint Saud n'ont trouvé aucune trace de la possession de la terre de Génis
par Montgomery.
Il nous a donc paru intéressant
de faire connaître les deux pièces inédites qui rappellent le don de Jeanne
d'Albret.
I
Sachent tous, présens
et advenir, que, en droit, en la cour du seel pour le Roy ordonné et estably en
la ville de La Rochelle, pardevant Vincent Naudin et Gilles Pavy, notaires et tabellions
royaulx en la ville et gouvernement de La Rochelle.
A esté présente et
personnellement establye, très haulte et très puissante princesse, Jehanne, par
la grâce de Dieu, reyne de Navarre, dame souveraine de Béarn et de la terre de
Donesan, duchesse d'Albret, comtesse de Foix, l'Armagnac, le Rodez, de Bégorre
et de Périgort, vicomtesse de Limoges, de Marsan, Tursan, Gavaudan, Neboirsan,
de Lautrec et Villemur ; laquelle considérant les grandz et recommandables
services que puissant seigneur messire Gabriel, comte de Montgoumery,
chevalier, seigneur de Lorges, des Roches, Trenchelion, Ducé et du Bourg-Barré,
luy a faictz, ayant, par la force des armes, réduict soubz son obéissance ses
villes, terres et seigneuries de Basse-Navarre et de son pais souverain de
Béarn, et ses subjectz desd. pays qui s'estoient révoltez et rebellez contre
lad. dame ; voulant aulcunement le gratiffier, luy a donné et octroyé, donne et
octroye, par ces présentes, pour récompense et rémunération de ce que dessus,
par donation pure, simple et irrévocable, la somme de douze mille livres
tournois ; et pour l'assurance d'icelle somme, la dicte dame a vendu, ceddé et
transporté, vend, cedde et transporte, par ces mesmes présentes, audict sieur
comte de Montgoumery, présent et acceptant, les parroisses et villages de sa
terre et chastellenye de Genys, deppendant dudict conté de Périgort, que les
sieurs de Moncins gouverneur pour ladicte dame esdict conté de Périgort et viconté
de Lymoges, de Planeaulx, conseiller et maistre des requestes d'icelled. dame
et Debetue, aussy conseiller et son secrétaire d'Estat des finances, ou les
deux d'entre eulx, appelés les officiers de lad. terre et seigneurie de Genis,
et aultres qui, sur ce, feront appeller et adviseront, estans de la valeur de
huict centz livres tournois de rente ou revenu annuel, sellon la réduction et
extimation qui en sera par eulx faicte, à raison des six dernières années, une
commune ou aultrement, comme ilz trouveront raisonnables ; et ce, avecq tout
droict de justice et aultres, appartenant à lad. dame, esd. villages et
parroisse, pour en jouir et user et les posséder, par led. sieur conte, ses
hoirs et successeurs et ayans cause, comme de leur propre bien et héritage,
sans aulcune chose réserver hors mis les bois et forestz que lad. dame ne veult
et n'entend estre comprinses en lad. vendition. Et en oultre a réservé, lad.
dame, le droict de rachapt perpétuel de cent ans, dans lequel temps led. sieur
comte a promis et promet rendre et restituer à lad. dame, présante et
acceptante, et à ses hoirs, successeurs et ayant cause, lesd. paroisses et
villages, en luy baillant, payant et remboursant lad. somme de douze mille
livres, à ung seul ou à troys payemens, dont le moindre sera de quatre mille
livres ; auquel cas le rachapt desd. parroisses et villages se fera au feur et
à la raison des deniers remboursez. Et pour plus grande fermeté des choses
susdictes, lad. dame faict, crée, commect et députe, par ces présentes, lesd.
sieurs de Moneyns, de Planeaulx et Debetue, ou les deux d'iceulx, comme dict
est, ses procureurs généraulx et spéciaulx, expressément, pour faire la
réduction et estimation du revenu desd. parroisses et villages, et pour passer,
au nom de lad. dame, avecq led. sieur conte, ou ses procureurs et ayans charge
de luy, telz contractz qu'ilz verront bon estre, tant pour la seureté dud.
sieur conte que du droict de rachapt et aultres conditions susdictes et qui
seront nécessaires, et ce faict, le rendre possesseur et jouissant desd.
parroisses et villages, o la charge, aud. sieur conte, du droict d'hommage, à
faulte de rachapter lesd. lieux dans lesd. cent ans; lequel droict d'hommage,
lad. dame a retenu à elle et à ses successeurs ; promectre aud. sieur conte
toute éviction et garentie, jusques à concurrence de lad. somme de douze mille
livres tournoys.
Ce que, et tout ce que dessus, a
promis et promet, par ces présentes, aud. sieur conte, les foys, soubzmissions,
promesses, et obligations par lad. dame accordées, et de n'aller jamais ne
venir directement ou indirectement au contraire, et de ce que sera sur ce
faict, gréé et accordé et négotié par lesd. sieurs commissaires, dont lad. dame
en a voullu estre jugée et condempnée par lesd. notaires, de son consentement
et vollonté.
A La Rochelle, le dix neuviesme
jour d'octobre l'an mil cinq cens soixante dix.
Signé : Jehanne, de Montgoumery,
Pavy, notaire, et Naudin, notaire.
II
Sachent tous que pardevant
Vincent Naudin et Gilles Pavy, notaires et tabellions royaulx en la ville et
gouvernement de La Rochelle, a esté présent et personnellement estably et
deuement soubzmis, hault et puissant seigneur, messire Gabriel, comte de
Montgoumery, chevallier, sieur de Lorge, des Roches, Tranche Lyon, Ducé et du
Bourg-Barré, de présent estant en cested. ville de La Rochelle, lequel, de son
bon gré et vollonté, a faict, nommé, constitué et ordonné et estably, par ces
présentes, ses procureurs généraulx et spéciaulx Noë du Parc (un blanc) ;
ausquelz et à chacun d'eulx seul et pour le tout, led. sieur conte a donné et
donne plain pouvoir, puissance, auctorité et mandement spécial de représenter
sa personne pardevant les sieurs de Moneyns, gouverneur pour tres haulte et
très puissante princesse Jehanne, par la grâce de Dieu, royne de Navarre, au
conté de Perigort et viconté de Limoges, de Planeaulx, conseiller de sad. Majesté
et maistre des requestes d'icelle, et de Betue, aussy conseiller de lad. dame
et son secrétaire d'Estat des finances, commissaires et procureurs spéciaulx de
lad. dame, par contract ce jourd'huy faict entre la dicte dame et led. sieur
cente, par mesme notaire que ces présentes ; et avecques lesd. sieurs
commissaires ou deux d'iceulx, faire réduction du revenu des parroisses et
villages de la chastellenie de Genys, deppendant dud. comté de Perigort, ce
jourd'huy venduz et allienez aud. sieur conte par lad. dame pour la somme de
douze mille livres tournois, o faculté de rachapt perpétuel de cent ans, et
pour les causes contenues aud. contract ; faire et passer, au nom dud. constituant,
avecq lesd. sieurs commissaires, contract ou contractz pardevant notaires
royaulx, en bonne forme, et accorder pour icelle le rachapt de cent ans, en
payant, par lad. dame, aud. sieur conte, lad. somme de douze mille livres
tournois, à une ou à trois foiz, au fur et à la raison des deniers remboursez ;
prendre et appréhender la possession réelle desd. lieux et villages, sur
lesquelz led. sieur conte prandra annuellement la somme de huit centz livres
tournois de rente ou revenu annuel, pour laquelle sera passé led. contract
avecq lesd. sieurs commissaires; en requérir du tout actes requis et
nécessaires ; affermer en oultre tous et chascuns les villages et biens, pour
cedict regard, qui appartiendront aud. sieur constituant, et ce, pour tel temps,
pris et son me de deniers et à telles personnes qu'il advisera, o telles conditions
et seuretez que sesd. procureurs ou l'ung d'eulx adviseront ; en passer aussy
contractz qu'il sera besoing ; en recevoir les deniers par advance ou
aultrement, et faire, par lesd. procureurs ou l'ung d'eulx, en tout ce que
dessus et ce qui en deppend, au nom dud. compte, ce qu'il feroit pour raison
dud. contrat, sy présent en sa personne y estoit, jaçoit que le cas requis
mandement plus spécial, promectant, par son serment preste, et soubz
l'obligation de tous et chacuns ses biens présens et advenir, avoir agréable
tout ce qui sera sur ce faict et négotié par sesd. procureurs ; dont il a esté
jugé et condemphé, par lesd. notaires, de son consentement et vollonté.
A La Rochelle, par nous lesd.
notaires, le dix neufviesme jour d'octobre mil vc soixante-dix.
Signé : Montgoumery, Naudin, Pavy.
Georges
MUSSET.
p.
490.
SUPPLIQUE EXPOSANT LA MISERE DE
L'EGLISE COLLEGIALE DE SAINT-FRONT DE PERIGUEUX (1427).
Beatissime Pater. Cum propter guerras dudum (proch
dolor), inter Francie et Anglie reges in ducatu Acquitanie, maxime in diocesi
Petragoricensi exortas, et mortalitates postmodum subsecutas, monasterium
[Ordinis Sancti Augustini] sancti Frontonis, Christi discipuli, predicte
diocesis [de quo sancto in eadem diocesi, apostolica sede concedente, ut de
apostolo dicitur officium, et in eodem monasterio una cum beati Memorii corpus
dignissime tumulatur] adeo in suis redditibus et edificiis collapsum et
diminutum existat, quod ejusdem singule prebende, que ducentas libras
turonensium parvorum illo tunc summam excedebant, nunc quindecim non ascendunt,
ex quibus ejus fabrica, nisi dominus aliter provideret, attenta edificiorum
ponderositate in esse suo minime posset conservari, sed potius ruine cum ejus
jocalibus subici, nisi per Sanctitatem Vestram, cui pro canone seu censu annuo
pro temporali dominio duo marbotini aurei singulis annis redduntur, provisum
fuerit... Cum autem, Pater Sanctissime, populus partium illarum propter miracula, que inibi per eosdem sanctos precipue per beatum
Memorium cotidie fiunt, maxime super furiosis, mente captis, dolorem capitis
patientibus, incarceratis, ab inimicis captis et quamplurimis aliis
infirmitatibus et malis, singularem
gerat devotionem. [De indulgentiis cum eleemosynis.] Datum Rome apud Sanctos Apostolos quinto die
kalendas julii anno decimo (1). [1427, 27 juin.]
(1) Arch. Vatic. Supplicationes Martini V, n° 206, f° L 216.
pp. 151-152
Attribution par le roi Charles VII de la
Bible de Bertrand d’Abzac après l’exécution de ce dernier (1438)
Le livre qui, dans ce XVe
siècle, fit le plus de bruit fut la Bible de Bertrand d'Abzac,
lieutenant-général du roi d'Angleterre en Guyenne. Fait prisonnier à Domme,
siège de son gouvernement, ce seigneur de Montastruc fut conduit à Montignac,
puis à Limoges où il eut la tête tranchée le 11 mars 1438. Charles VII, qui se
trouvait en cette ville le; jour même de l'exécution fit don à
Marguerite, comtesse de Penthièvre et de Périgord, vicomtesse de Limoges, femme
d'un esprit cultivé, de la bible qui avait été confisquée sur Bertrand d'Abzac
ainsi que tous ses biens.
Les lettres
royales confirmant ce don sont conservées aux Archives des Basses-Pyrénées.
Elles sont conçues en ces termes :
«
Charles, par la grâce de Dieu, roi de France. A nos amez et féaulx les
generaulx par nous ordonnez sur le fait et gouvernement de noz finances, et au seneschal de Limosin ou son
lieutenant, salut et dilection. Comme nous ayons entendu que Bertrand d'Abzac,
en son vivant chevalier, lequel cejourd'huy en ceste nostre ville de Limoges a
été corporellement exécuté en sa personne pour plusieurs caz et deliz par lui
commis et perpétrez à rencontre de nous et de nostre royal majesté,
avoit en la ville de Sarlat une belle Bible, laquelle à cause de forfaiture et
de confiscation nous appartient, et dicelle povons faire et disposer à nostre
plaisir et voulente. Scavoir vous faisons que en faveur de nostre très chier et
ame cousin le conte de Penthièvre, et pour considération de plusieurs services,
qu'ils nous a faits, Nous à nostre très chiere et amée cousine Marguerite, comtesse
de Penthièvre, avons donné et donnons de grâce especial par ces présentes la
dicte Bible pour dicelle faire et disposer à son plaisir et voulente. Si vous
mandons et a chascuns de vous si comme à lui appartenant que ou dict cas la
dicte Bible quelque part que trouver la pourrez, faictes la bailler et délivrer
realment et de faict à nostre dicte cousine ou à son certain mandement, en
contraignant à ce faire tous ceulx que pour ce seront a
contraindre par toutes voyes et manières deues et raisonnables... ». (1).
(1) Bulletin de la Société
scientifique, historique et archéologique de la Corrèze, 1890, XII, 423.
Source : Bulletin SHAP, tome XXVI (1899),
pp. 62-67 (extraits).
LETTRES A
MONSIEUR DES BORIES. (1572-1577).
Les quatre lettres que nous
publions ci-après pour la première fois proviennent du Fonds Saint-Astier de la bibliothèque de Périgueux.
Elles sont adressées à Jacques de
Saint-Astier, seigneur des Bories, Antonne, Sarliac et
Savignac-les-deux-Eglises, chevalier de l'ordre du roi, gentilhomme ordinaire
de sa chambre et capitaine de cinquante hommes d'armes.
Pendant
l'absence du roi de Navarre, il reçut de Melchior des Prés, seigneur de
Montpezat, lieutenant général pour le roi en Guvenne, une commission, datée de
Poitiers, le 1er septembre 1572, pour commander lui-même à Périgueux
et dans toute la province, afin de pourvoir au soulagement du peuple et à la
sûreté des places, y établir des commandants, empêcher les attroupements des
mal-intentionnés, etc.
Ayant fait part aux maire et consuls de Bergerac de la
commission qui lui était donnée, M. des Bories reçut des consuls de Belriou et
Cacaud la lettre suivante, que ceux-ci lui écrivirent pour l'assurer du
dévouement de la municipalité :
« Monseigneur,
Monseigneur des Bories, chevalier de l'ordre du roy et gouverneur pour Sa Majesté au pays de Périguort.
Monseigneur,
nous avons receu la lettre qu'il vous a pleu nous escripre, ensemble la coppie
de votre commission de laquelle nous avons esté très
ayses pour l'assurance que nous avons de votre bonté et faveur, Résoluz de vivre soubs l'obéissance du Roy et votre et entretenement des éditz de Sa Majesté, vous suppliant très
humblement, Monseigneur, qu'il vous plaise nous maintenir et conserver en paix et sûreté comme en avès le moyen,
et, en récompense, nous vous demeurerons très humbles et perpétuels serviteurs. Au surplus, tous les habitans de ceste ville et des envyrons vivent paisiblement la grâce à
Dieu ; et, si survient quelque chose qui mérite de vous advenir, nous le ferons
à toute dilligence, comme aussi feront de leur
part Messieurs de La Baulme et Dubarry (1), ausquels Monseigneur de Montpezat a commis la garde de ceste ville. Ce
pendant, Monseigneur, nous prions Dieu vous donner en santé heureuze et longue
vie. De Bergerat, ce mardy 23septembre 1572.
Vos très obeyssans serviteurs,
Les officiers du roy et consuls de la ville de Bergerat,
De Belriou, Cacaud consul. »
Deux mois plus tard, M. des Bories
recevait la lettre suivante de Léonard de Cueilhe, seigneur de la Verniolle,
qui commandait une garnison de cent arquebusiers dans la place de Domme en
Sarladais :
« A Monsieur, Monsieur des Bories, chevalier de l'ordre du roy et gouverneur pour Sa Majesté du pays de Périgort.
» Monsieur, j'ay
tout presantement receu vos lettres et par icelles entendu que cy devant vous m'aviez escript. Je vous supplie très humblement croire que jamais je
n'en ay rien plus sceu, car ne me feusse oblié jusques à là tant pour le
debvoir que je doibz au servisse du roy que a vous que je ne vous eusse adverty
commant toutes choses se passoient par dessà. J'ay receu dès le dixhuitiesme de
ce moys les lettres de Monsr l'admiral par un gentilhomme de sa
maison qu'il avoit envoyé expressément en ceste ville pour scavoir tout ce qui cstoyt advenu, l’estat et importance de la ville, lequel se print a garde du
tout par le menu pour luy en faire fidelle
rapport, comme je crois qu'il a faict. Dès le dix septiesme du moys dernier,
Joffre Vivant et leurs complices entreprindrent de surprendre ceste ville ;
mais, grâces à Dieu, ils furent repoussés
à leur grand honte. Ils sont encores en volunté,
s'ils peuvent, d'y revenyr, et nous en pareille et plus
grande volunté de nous deffandre. Vous puys assurer que je amploieray ma vye
pour le servisse du roy, comme de mesme fairont tous les
habitans de ceste ville. Je suys desproveu de moyens pour l'entretenement tant
de moy que des souldatz, et j'ay attendant tousjours que Monsr
l'admiral y pourvoye si est ce que je ne demeureray jamais que je me m'employe fidellement pour le servisse de mon prince, comme le
debvoir me commande, mais d'aussy bon cœur je salue vos bonnes grâces de mes
affectionnés recommandations, priant notre Sgr, Monsieur, vous donner bonne et
longue vye.
De Domme, ce
vingt troisiesme novembre mil cinq cent septante deux.
Vostre très humble serviteur, Laverniolle. »
Cette seconde
lettre est intéressante en ce qu'elle nous fait connaître la situation de Domme
au moment où le capitaine huguenot Geoffroy de Vivant songea à réaliser ses
projets contre cette place sarladaise.
Il nous apprend
lui-même dans ses Mémoires
(2) qu'il y avait longtemps qu'il désirait occuper cet
important point stratégique. « De longue main le sr de Vivant avoit
désir de surprendre la ville et chasteau de Domme sur Dordogne, plus pour la
forteresse que son assiette (pour la plus part inaccessible) luy donne que pour
ses commodités ni recherches ».
Voici en quels termes Vivant parle de son premier échec,
auquel fait allusion la lettre de La Verniolle ; il y a entre eux désaccord
d'un jour pour la date de son infructueuse tentative contre Domme :
«Dès le 18 octobre 1572, y ayant dressé des eschelles par la porte del
Bosc, le matin après que les sentinelles eurent abandonné la muraille, furent
descouverts et repoussés, luy blessé, et plusieurs des siens, d'harquebuzades
et coups de pierres ».
Vivant ne
devait pas être plus heureux les 4 février et 5 juin suivants. La vigilance de
La Verniolle sauva deux fois encore la ville, qui, seize ans plus tard, finit
par tomber au pouvoir des calvinistes (25 octobre 1588). Vivant a donné les
détails de cette prise dans un récit, dont Tarde s'est visiblement inspiré.
La troisième lettre est un avis donné par André de
Bourdeille, sénéchal du Périgord, à M. des Bories, pour qu'il se tienne prêt au
premier appel : car Henri de La Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne, alors à
Bergerac, songeait à ravitailler Périgueux occupé par les protestants, ou à aller assiéger Lanquais.
« Monsieur mon cousin, Monsieur des Boryes,
Monsieur mon
cousin, je sceu presantement par Monsieur de La Batu et autres que le viscomte
de Thurenne est à Bergerac avec ses huict pièces et se prépare pour reassiéger
Lenquaiz ou venir avitailher Périgueux ou autre entreprinze. A quoy je suyg
rezollut de noz oppozer, que me faict vous prier incontinant la presante receue
vous tenir prest d'armes et chevaulx et [amen]er le plus de vos amis et voisins
que vous pourras pour prendre la part que je vous manderè et m'assurant de
votre bonne vollonté et espérant vous voir pour conférer toutes choses ne en
escripre plus avant sinon que me recommande bien fort à voz bonnes grâces ;
prye Dieu, Monsieur mon cousin, vous donner l'heur et contentement que désirés.
De Bourdelhe, ce xiije avril 1577.
« Je vous
suplye, randes vous à Saint-Astier lundy au soir ou mardy matin avecque le plus
de vos amis que vous pourrez. Monsieur de Monpansier m'a escript touchant
Prathebault. Il est requis que vous y pensiez.
Vre
bien obeyssant cousin, Bourdeilhe. »
La derniere lettre émane vraisemblablement de Pierre Arnault,
seigneur de La Borie, qui se rendit très recommandable auprès des rois François
II, Charles IX et Henri III et fut chargé par eux de commissions importantes.
Quant à la date de cette lettre, on ne saurait la fixer d'une manière précise.
De même que les précédentes, elle fut écrite sous le gouvernement d'Honorat de
Savoie, marquis de Villars, qui avait succédé, en 1570, à Blaise de Montluc
dans le commandement de la Guyenne, et, en 1572, à Coligny dans la charge de
grand amiral. Armand de Gontaut, baron de Biron, grand'maître de l'artillerie,
ayant succédé à l'amiral de Villars dans le gouvernement de la Guyenne en 1577,
la lettre suivante ne peut être postérieure à cette date.
Le sieur de La Borie dicte à M. des
Bories la conduite qu'il doit tenir s'il veut obtenir 1'advancement qu'il
parait désirer.
« A Monsieur Monsieur des Bories,
» Monsieur, avant recepvoir vos lettres,
j'avoys fait entendre à Monseigneur l'Admiral la prinse de Caussade faicte par
le sr Montardit (3), comme on m'avoyt escript et de fait que led. Sr
admiral lui a escript n'a (4) M. de Bourdeilhe que j'ay faict depescher des
avant hier aud. sr de Bourdeilhe ; despuys recepvant votre lettre,
il a sceu que vous y aviez la melheure part. Comme mandez, il vous escript aux
Bories et m'a chargé vous dire particulièrement que le plus grand plaizir que
luy puissiez faire et pour vostre advancement que vous continuez à mesme en
l'entreprinse que me mandez, que je luy ay faict mieulx entendre que ne
m'escrivez. A quoi vous debvez lascher sur tout, vous pouvant asseurer que c'est
le seul but de votre advancement qu'il vous fera remarquer à la venue du Roy
qu'il attend bientost. Et quand à la recompense on est d'advis que vous ne voua
deppartiez de la maison, et bien que je soyes content tant y a que comme il a
adverty le roy de l'importance d'un tel personnaige que vous avez. Il vous
commande de ne vous deppartir de sa personne, tant s'en fault qu'il desireroyt
l'avoir ici pour scavoir chose qui importe grandement au service du Roy et à la
patrie. Le Roy en est adverty, voila pourquoi je vous conseille ne vous en
deppattyr ny ceulx qui y ont part. Quand aux commissions, il fault qu'il vous
renvoyé à Monsr le Seneschal auquel le roy a donné pouvoir d'y
pourvoir ; et cependant si vous suys bon à quelque chose, je vous prye commander
et serez obey d'aussi bonne affection que saluant vos bonnes grâces par mes
humbles recommandations, je prieray Dieu, Monsieur, vous donner avec santé ce
que désirez.
De Bourdeaux, ce
premier may.
Votre obeyssant
et assuré serviteur, De La Borie ».
Jacques
de Saint-Astier ne devait guère suivre les conseils qui lui étaient donnés de
demeurer fidèle au service du roi et à la patrie. Car en 1586, il se jeta dans
le parti protestant, où il espérait sans doute être mieux servi. On le vit
l'année suivante commander un régiment à la bataille de Coutras, et quelques
mois après il mourait assassiné à Angers.
A. Dujarric-Descombes.
(1) Bertrand de La
Baume et Pierre Ariral dit de La Faye, seigneur du Barry.
(2) Faits d'armes de
Geoffroy de Vivant, publiés d'après le manuscrit original, par Adolphe Magen, Agen, 1887,
page 50.
(3) Jean de
Montardit, seigneur de Lascoux et de La Beylie, enseigne de la compagnie du
sénéchal André de Bourdeille.
(4) Et.