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Source : Bulletin SHAP, tome XXXIII (1906)

 

·         La chapelle des Barnabé (extrait)

·         Peintres de bannières à Périgueux aux XIVe et XVe siècles

·         Vente de la forêt de Thiviers (1582)

·         Frais de collège d’Annet de Fayolle (1545)

pp. 57-72 (extrait)

LA CHAPELLE DES BARNABÉ

(…)

Les archives de Périgueux possèdent un titre antérieur d'un demi-siècle, où il est question de la porte de Saint-Front dite de la Grammelha[1]. C'est une ordonnance de police rendue le 25 novembre 1337, par les maire et consuls de la ville pour défendre aux marchands d'œufs, de fromages, châtaignes et autres denrées, sous peine de confiscation de leurs marchandises, d'embarrasser le chemin qui conduit des Salinières à la porte de Saint-Front appelée la Grammelha, in itinere per quod itur de loco vocato las Salinarias versus portam ecclesie Sancti Frontonis vocatam la Grammelha.

C'est bien la Grammelha qu'il faut lire ce dernier mot et non la Graminelha, comme l'a inexactement fait M. Léon Lapeyre, ancien bibliothécaire de Perigueux.

Le terrier de la famille de Barnabé cite plusieurs fois la porte ainsi dénommée, qui se trouvait devant la place de la Clautre ; mais elle y est constamment désignée, dès 1348, non pas sous le nom de Grammelha, mais sous celui de la Gaumelha ou Gaumeilha. Le patois moderne n'a conservé ni l'une ni l'autre de ces appellations.

Il est peu de mots de notre vieil idiome périgourdin qui ait prêté à d'aussi nombreuses interprétations.

Admettant l'appellation du terrier des Barnabé, les uns seraient disposés à trouver dans Gaumelha une altération de Gaumelha, qui signifierait quelque chose comme endroit exposé à la chaleur, de cômo, chaleur lourde, étouffante. D'autres le rapprocheraient de Gaulha : ce serait alors endroit boueux.

Avec Grammelha, les linguistes ne sont pas mieux d'accord. Etant donnée l'origine grecque de Saint-Front, les uns feraient dériver ce.mot de γραμμη ἴερα, limite, ligne, entrée sacrée, mot employé en Grèce, dans certains jeux pour désigner une partie sur laquelle les joueurs ne pouvaient pas être pris. Morteyrol relevant dans le breton le substantif Krôsmol ou Grosmol, qui signifie murmure, plainte sourde que fait entendre une personne en montant, en fait venir le périgourdin Gromella, Graumella. Cette étymologie a du moins le mérite de se rapprocher de la véritable[2].

M. Michel Hardy qui, dans le Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord[3], a consacré un article à l'encombrement de la rue Salinière à Périgueux, donne selon moi, de ce mot Grammelha une explication que l'on doit accepter d'autant plus volontiers qu'elle est conforme à la tradition locale.

Le regretté archiviste fait dériver ce mot de l'adjectif gram, triste, plaintif, d'où serait venu notre verbe réfléchi se grommeler. Ainsi :

« La porte de la Grammolha serait la porte de la plainte, porte des soupirs et des sanglots. Ce nom lui serait venu de la triste cérémonie qui s'y accomplissait lors des exécutions de justice. Avant d'être remis au bourreau, le criminel était conduit devant la principale porte d'entrée de l'église de Saint-Front et là faisait son amende honorable. Dans son langage expressif, le peuple aura voulu rappeler ces souvenirs en désignant cette porte sous le nom de la Grammelha ».

Quoi qu'il en soit, les boutiques achetées par Hélie de Barnabé n'allaient pas tarder à perdre leur destination profane, pour en recevoir une autre plus en harmonie avec le lieu qu'elles occupaient entre la porte du clocher et le pilier sud de la basilique.

Hélie de Barnabé était un riche habitant de cette place de la Clautre, dont le nom rappelle le cloître placé à l'ouest de l'antique église, et à laquelle la population s'obstine à conserver son appellation primitive, malgré une délibération du corps municipal qui la débaptisa le 24 mai 1835, pour lui donner le nom d'un maire soucieux de l'embellissement de la ville, M., de Marcillac Il devait sa-fortune à l'orfèvrerie. C'était le type le plus accompli de ces anciens bourgeois, toujours prêts à défendre leurs prérogatives et l'indépendance de leur cité[4]. Ardent patriote, il prêta cinq cents francs d'or à Du Guesclin pour aider le connétable dans sa campagne contre les Anglais en Périgord.

De son mariage avec Alays Jehan, il laissa un fils, Arnaud, digne héritier de sa fortune et de son zèle patriotique. Arnaud de Barnabé joua un rôle prépondérant dans cette guerre dont la conclusion fut la chute de la maison comtale de Périgord[5]. On le vit, en 1390, à la tête des bourgeois de Périgueux, au siège du château de la Rolphie, lequel appartenait à Archambaud V. Afin de lui décerner un témoignage de leur reconnaissance pour le courage qu'il avait déployé dans cette circonstance et de la confiance qu'ils mettaient en lui pour l'avenir, ses concitoyens l'appelèrent à la mairie, que déjà son père et son aïeul avaient occupée[6]. Cette confiance il la justifia si pleinement que de 1395 à 1419 il fut réélu six fois maire de Périgueux, ce qui ne s'est pas revu depuis.

On comprendra dès lors que les chanoines de la collégiale de Saint-Front n'aient eu rien à refuser à un homme entouré d'une pareille considération. Arnaud de Barnabé, après avoir assuré la sécurité de ses concitoyens, songea à préparer le salut de son âme par une œuvre pie. Il se proposa d'élever une chapelle sur l'emplacement des deux boutiques de la place de la Gaumelhie, qu'il avait recueillies dans la succession de son père, et d'y fonder une vicairie perpétuelle en l'honneur de Notre Seigneur Jésus-Christ, de la glorieuse Vierge Marie, de saint Front et de saint Barnabé, apôtres, et de tous les saints et saintes du Paradis. Il eut besoin pour la réalisation de ce projet de l'autorisation du chapitre, gui s'empressa de la lui accorder[7].

Dans le fonds Saint-Astier, qui de la bibliothèque publique de Périgueux, a été transporté aux Archives de la Dordogne, se trouve l'ancien terrier de la famille de Barnabé, où est relaté en entier (folios 38 et 39) le titre de fondation de la chapellenie qui nous occupe.

Cet acte, qui porte la date du 9 janvier 1417, fut rédigé par Me Guillaume de Langlade en langue périgourdine. Outre son intérêt historique et religieux, C'est une page curieuse de l'idiome que nos pères parlaient, il y a près de cinq cents ans ; il est bon de la conserver, ainsi que les pièces complémentaires annexées au titre principal de la fondation.

« Arnaut de Barnabe, borzes de Pereguers, tant per luy com al nom de Katerina Beyneycha, sa molher, dis et exposet en pla chappitre de l'eglesia S. Front, hont eran Moussur Aymeric Mercier, Guy Bernart, Guillen del Royre, Bernart del Nogier, Steve Chasserel, Johan de Las Cousis, Helias Greffre, Helias de Soffromh, Peyr Archambaut, Helias Raymond, Guillen Sagelos, Guilhen de Cusorn et Guilhen de Pueymeya, que la devocion de lhy et de sa dicha molher era am lo voler, licensa et consentament des dessusdits de ediffiar en l'eglesia S. Fron, al luoc appellat la Gaumeilha, una chappella et en icelle instituir una vicaria a l'onnour de Nostre Senhor Jhucrist, de la gloriosa Virge Maria, de S. Fron et de S. Barnabe, apostres, et de tos los saints et saintas de Paradis et per lo salut de lor armes, et la dicha vicaria dotar de messal, calice, vestimens et autras chosas necessarias, et présentar al dessusdich un vicari per la regir et gouvernar sufficient et ydoine, loqual vicari autant be sos heretiers et successors aguissen semblabloment a presentar perpetualament dins un mes après que vacaria. Dins loqual mes si no podian trobar vicari sufficient segan lor consciences, que dins un autre mes après ilhs lo poguissan présentar. Al qual vicari et a la dicha vicaria lo dich Arnaut dis que el daria rendas per adjudar et substantar sa vita. Item dis lodich Arnaut que el et sa dicha molher avian devocion de ediffiar en la dicha chappella un tresart de jos lo qual voulian ediffiar lo sepulcre de nostre Senhor Jesu Christ et aussi voulian et desirravant far doas sepulturas sive tombels per ilhs et lors heretiers et successors sevelir, et affi que majour prouffiech en pogues venir al chappitre, voulirant que per castun corps qui fu de eage, per feit qui sira mis al dichs tombels fus payat al dich chappitre tal dener com si era sevelit al porcha del dich moustier. Ayssi que led. chappitre agues afai son obit et dels autres corps que no sirian en aage qui sirian de la parentela des dessus dichs no aguissan a pagar degun coustage et affi que los seignors et chappitre dessus dichs aysso octroyassant ald. Arnaut de Barnabe el lor donet un bel calice dorat per servir a l'ostal senhor pezan un marcs d'argen que lor bailhet am condicio que si per lo temps a venir l'ostencion del chap de monss. S. Fron se faisia que lod. calice fus mis et convertit a far un juel[8], p. far lad. ostencion am tres estuffos a las armes deld. Arnaut[9].

Item dis maychs lod. Arnaut que el et sa dicha molher avian devocion de laisser chacun son obit pour losquals voulia balhar XX libras de la monecha courant ; et suppliquet alesd. srs et chappitre que lad. chappella, la vicaria et autres chosas dessusd. lhy volguissan octroyar, losquals lhy octroyerent. Et a qui lod. Arnaut lor bailhet lad. somma de XX libras por los obitz dessud. alsquals far et celebrar losd. chanonyes se obligerent.

Et de tot aysso recebet instrument Maistre Guilhen de Langlada, que nos aven grossat per maistre Arnaut Michiel, lo dissabde après l'Epiphania qui fu lo IXme jor del mes de jenvier l'an mil IIIICXVII.

Item avens un autre instrumen grossat contenant la quitansa del calice cy dessus designat, loqual los sgrs chanonyes recognessent aver recebut am una petita culhera pezan 4 marcs, qui fu recebus per Me Arnaut Michiel lo XXIIIIe jor de jenvier de l'an 1421.

Et lo XIIIIe jour del mes de decembre, l'an mil IIIICXXX, Arnaut do Barnabe, borzes de Pererguers, per sas lettras patentes, segaladas del seou segel, presentet al senhors chanonyes et chappitre S. Fron Moussur Helias de Syorat, prestre, comma sufficient et ydoine a regir et gouvernar la dicha vicaria.

Lesd. senhors chanonyes et chappitre instituerent led. mouss, Helias vicaire de lad. vicaria, la lhy donnerent et l'improviserent, donnant en mandement a tos etc. que lhy obéissent et lhuy firen far le serment en tel cas acoustumat. de que receu lettra Me johannes de Maymy lo xvie jour del mes de decembre l'an mil quatre cent XXX.

Et lo jor de sen Barnabe, l'an mil IIIICXXXVIII, monsenhor Helias de Bordeilha, evesque de Pereguers, benezit la dicha chappella, lo sepulcre, las ymaginas de nostra dona, de S. Barnabe, de S. Thomas lo Reaule et los amas qui sont al sepulcre en grande solempnilat.

Lo XIe jor de jung, l'an mil IIIICXXXIX, yo Mathelin des Nohes et Catharina, ma molher, hab. etc., presentasmes per nostras lettras patentes segeladas del segel de Arnaut de Barnabe, als senhors chanonyes de St Front Mons. Nicolas des Bouschaux ptre comma sufficien etc. per so que Moussu Hel. de Syorac, a via acceptat la prebenda St. Fron ; et losd. senhors chanonyes, lod. jor et an, instituerent led. Mouss. Nicolas des Bouschaux vicari de lad. vicaria, et la lhy donnerent, etc. dont nos aven la lettra segelada de lor segel et après losd. srs donnerent lettra de non residendo a mond. frayr pour daqui a la St. eutropi, ens l'an mil IIIICXXXXL, et lo dissabde après la St. Eutropi. Donnerent losd. sgrs a mond. frayr autro lettra de non residendo per daqui a la s. Eutropi que l'en dira 1441.

La dotation de la dicha chappella.

Arnault de bernabe, borzes de la ville de Perigueux, en dotant la chappella dessus dicha, bailhet, donet et laisset a perpetuite pour lhy et pour les siens a mouss. Helias de Syorac, pretre, vicaire de la vicairia institenda per led. Arn. de Barnabe en sad. chappella, tant pour luy coma pour ses successeurs vicaires de lad. vicairia las chosas qui senset : et premièrement, un bo chaleza avec la platena d'argent daurat pesant 2 marcs et 4 onces d'argent. Item des peilhe de corpaulx avec un estuy de seda, hont ha dessus un cruciffix. Item tres toailhas plane et una longeyra daquella sorta. Item una avec longueyra, plus petita. Item cinq toailhos obratz de seda en rouge et negre pour mettre al letrier et pour administrar le corps de notre sr. Item un bel messal be complet. Item quatre vestemens garnis, dont y a una chazubla de drapt, dont l'autre d'estada rouge, l'autre d'estada persa et l'autre de futani negre. Item deux frontals un vert et l'autre fait de borsas de sedas atachad en una toailha de tela. Item doas choppinas sive canetas d'estain. Item dos chandeliers de fer. Item un petit retaula plachadi be obrat, hont es lo cruciffix. Item doas crox de leton, una granda et l'autra petita. Item un couverture d'autar de cuyr qui es sobra l'autar. Item doas cayschas petitas. Item un supperplie et una aulmussa d'aigneaux negres, pour lo vicari. Item un plat de terra obrat a recebre l'offerenda. Item quatre petitas borsas de seda a mectre devant l'autar, cozudas en petits toailhos. Item una cortina de tela, misa a la part senestra de l'autar. Item un tableau hont escript : lo debat del corps et de l'ame en franceys.

Item plus donet led. Arn. ald. vicaire al nom de lad. vicairia pour la datation daquella et pour la sustentation de sa vita et de ses successeurs los bes et heritages qui senset franchas et sans deguna renda et chargeat.

La désignation des immeubles affectés à la dotation peut se résumer ainsi :

Aux Chaussères, deux terres de un journal de bœufs chacune ; à la Grégorie, vingt-deux journaux de terre et un journal de pré ; dans la paroisse St-Georges, deux journaux de terre ; à Puyaudi, environ quatre journaux de terre et une vigne de quatre dénades de labour; au Pré de l'Évêque, une terre d'un journal ; le jardin de l'Ort de St-Georges ou de Chaumont, d'un journal; enfin, au Pey de l'Eyrault, l'ostal avec deux maisons basses au devant et un autre ostal.

Ces divers textes en langue vulgaire du XVe siècle sont, en général, assez compréhensibles; je n'en donnerai donc pas de traduction en français. Je me contenterai de les accompagner de quelques commentaires indispensables.

Arnaud de Barnabé déclare tout d'abord que cette fondation est faite tant en son nom qu'au nom de sa femme Catherine Beyneych, bien que la chapelle et la vicairie aient été fondées en l'honneur de Notre-Seigneur Jésus-Christ, de la Sainte-Vierge, de St Front, de St-Barnabé et de tous les saints et saintes du Paradis, le public ne les désigna que sous l'invocation de St-Barnabé, patron de leur fondateur. Le tresart (trésor) pratiqué dans la chapelle n'est autre que l'enfoncement déjà signalé dans le pilier et dans lequel Arnaud fit placer le « sépulcre ».

Je n'ai trouvé nulle part mention de cette mise au tombeau, thème singulièrement fécond pour les imagiers du XVe siècle. Les personnes riches, les confréries commandaient pour leurs chapelles des saints sépulcres. Des textes nombreux montrent dans quelle forme, dans quel sentiment, de pareilles commandes étaient faites, avec quel souci de l'exactitude de la scène traditionnelle du Christ étendu-sur son suaire au-dessus du cercueil, qu'entourent la Vierge et les saintes femmes, St-Jean, Nicodème et Joseph d'Arimathie.

Il eût été intéressant de comparer le traité que le pieux bourgeois périgourdin dut faire, à cette occasion, avec celui que conclut le 10 octobre 1494 le prieur de Saint-Martin de Bergerac avec des « imagiers » de Brive[10]. A quel sculpteur eut-il recours pour faire reproduire le saint sépulcre dans la niche cintrée de sa chapelle? Le travail en fut sans doute exécuté avec cette pierre blanche et tendre du pays, qui se prête si bien aux détails de la sculpture et qui, par l'action de l'air, durcit avec le temps. On ne peut que regretter la perte de cette mise au tombeau qui dut, comme tant d'autres richesses artistiques, être détruite durant l'occupation calviniste.

On sait que ces groupes de statues représentant l'ensevelissement du Christ méritent d'être rangés parmi les monuments les plus anciens de la sculpture moderne. Ce qui inspira alors le ciseau des tailleurs d'images et donna à l'art un vigoureux élan fut le Mystère de la Passion, ce grand drame qui, pendant un siècle, remua toutes les villes de France, en exposant dans une curieuse mise en scène, devant une foule pleine d'une foi vive et ardente les phases les plus touchantes de la vie du Sauveur.

Dans l'acte de fondation de la chapelle il est question des armes d'Arnaud de Barnabé, mises sur les étoffes destinées à l'ostension du chef de saint Front, et du sceau avec lequel il avait scellé la nomination de son premier chapelain. Les armoiries qu'il avait adoptées étaient des armes parlantes, rappelant l'industrie qui avait fait la fortune de sa maison : elles se composent de trois ciboires posés 2 et 1 et d'une bordure de huit besants.

Enfin, on remarquera parmi les « images » de la chapelle que bénit Hélie de Bourdeille, celle de « S. Thomas lo Reaule, » saint Thomas le Royal. Il s'agit ici de Thomas Becket, assassiné en 1170 et canonisé deux ans après comme ayant versé son sang pour la foi catholique. Son culte avait été aussitôt accueilli avec empressement par les Périgourdins, en haine des Anglais ; ils considéraient avec raison que le saint archevêque de Cantorbéry avait obtenu une couronne autrement royale que celle de Henri II en défendant contre ce monarque la cause de la liberté religieuse. L'église de Chancelade eut un autel dédié à saint Thomas martyr.

Arnaud de Barnabé exécuta scrupuleusement les engagements qu'il avait pris concernant l'érection de la chapelle et de sa vicairie, et, après leur mort, sa femme et lui furent inhumés dans les tombeaux qu'ils s'étaient réservés.

Ils ne laissèrent qu'une fille, Catherine de Barnabé, qu'Hélie Chabrol, licencié ès-lois, avait épousée le 8 juin 1411. De ce mariage naquit aussi une fille unique, Catherine Chabrol, qui apporta dans la maison de Saint-Astier tous les biens de la famille de Barnabé, en se mariant, le 4 juillet 1446, avec Fortanier de Saint-Astier, seigneur des Bories, du Lieu-Dieu et de Lisle. Par son testament en date du 21 août 1451, elle demanda à être inhumée dans la chapelle, où avait été enterré Arnaud de Barnabé, son aïeul maternel.

Le 9 novembre 1452, Fortanier de Saint-Astier, qui s'intitulait seigneur de Barnabé, obtint d'Hélie de Bourdeille, qui avait béni la chapelle, des lettres confirmant la fondation faite par Arnaud de Barnabé et Catherine Beyneych. Ces lettres furent données en présence de Fortanier de Roux, grand archidiacre de l'église de Périgueux, et d'Aymeric de Merle, homme de loi.

Le 4 novembre 1458, il présenta Jean Dupuy, prêtre, au chapitre de St-Front, qui conféra à ce dernier la vicairie de St-Barnabé.

Par son testament du 26 mars 1462, il choisit sa sépulture dans la .chapelle des Barnabé, auprès de Catherine Chabrol, sa seconde femme, qui l'avait institué son légataire universel. Sa troisième femme Jacquette Cotet manifesta aussi dans son testament, en 1476, le désir d'être enterrée au tombeau de son mari dans la même chapelle.

(…)

Il y a lieu de rappeler ici qu'une partie de la place Francheville, à Périgueux, formait autrefois une dépendance de la chapellenie. On lit dans le vieux terrier dont j'ai parlé, qu'Arnaud de Barnabé avait acquis, le 28 décembre 1400, de la famille Pascaut, « un ort » situé « entre las doas vilas ». (…).

A. Dujarric-Descombes.

pp. 152-160.

PEINTRES DE BANNIÈRES A PERIGUEUX AUX XIVe ET XVe SIÈCLES.

(Los Penhedors.)

Dans les riches archives communales de Périgueux se trouve une série de livres des comptables de la ville, en langue romane, commençant à l'année 1314 et se continuant dans ce dialecte jusqu'aux premières années du XVIe siècle. Elle est presque inconnue ou du moins jusqu'à présent elle a été fort peu consultée. Il serait à souhaiter que notre savant compatriote M. Camille Chabaneau, à qui cette langue est familière, en entreprit la publication, comme il l'a fait pour le premier Registre consulaire de la ville de Limoges.

Que d'indications précieuses sur l'histoire de notre ville et de notre province on découvrirait dans ces pièces de comptabilité, qui sont une mine inexplorée, et aussi sur l'histoire économique et industrielle de l'époque, sans parler des anecdotes qu'on pourrait recueillir, chemin faisant !

Pour aujourd'hui, nous avons voulu en extraire seulement ce qui concerne les enlumineurs de manuscrits et les peintres de bannières, qui, à l'origine, au commencement du XIVe siècle, devaient être les mêmes et auxquels la communauté de Périgueux commandait des travaux fins et soignés.

Ces comptes de l'administration des maires et consuls de la ville sont rendus chaque année aux consuls qui leur succèdent; ils sont écrits sur des registres ou cahiers de format petit in-4°, non signés, de 20 à 30 feuillets de papier au plus.

Ce service de comptabilité est fait par deux commis : un comptable et un contrôleur des comptes. Le premier cahier, qui soit signé par les maire et consuls, est de l'année 1689, et ils ne sont signés avec suite qu'à partir de 1725 jusqu'en 1789.

En l'année 1314, le comptable de la ville reçoit comme salaire 10 livres et le contrôleur des comptes 100 sols.

C'est quelques années après, en 1320, que nous rencontrons, pour la première fois, dans ces registres, les noms ou la simple initiale des prénoms de ces artistes peintres qualifiés de maîtres[11]. Les deux premiers qui tombent sous nos yeux sont un Me Johan, l'enlumineur, condamné en 1320 par le tribunal de police consulaire, vulgairement appelé le « fay mi drech del cossolat[12] » et qui doit payer une amende de 10 sols périgourdins à P. Rossent pour des injures qu'il lui a adressées. Le second est un Me Guilhem, qui avait eu également à subir des injures du môme Rossent, sans doute à la suite de quelque rixe.

« Item agui (j'ai reçu, c'est le comptable qui parle) de mayore Johan, lenluminador, per eniurias que fetz à P. Rossent..........................................................................                                                           x. s. p. g.

Item agui de P. Rossent per eniurias que fet à mayore Guilhem, lenluminador                  x. s. p. g.[13] ».

Nos artistes ne peignaient pas seulement des bannières, mais aussi, aux armes du maire, les pennons des trompettes des quatorze sergents de ville, qui étaient renouvelés tous les ans[14].

Dès le commencement du XIVe siècle, nous voyons nos milices communales porter leurs riches bannières, pendant les préludes de cette longue guerre de Cent ans, en allant au secours des provinces voisines. En 1323, le sénéchal de Périgord et Quercy donne l'ordre de lever 100 sergents d'armes pour le service du Roi et de les envoyer à Lauzerte[15]. Sur le retard apporté par le consulat de Périgueux à exécuter cet ordre, le sénéchal enjoint au bailli de faire enlever les cordes des poids publics, ce qui de fait supprimait une partie considérable des revenus de la communauté. Les maire et consuls s'empressent alors de lever une imposition sur les habitants. Enfin, les troupes demandées par le Roi étant rassemblées, on en fait la montre au pré l'Evêque[16] (al prat Ebesqual), et après les avoir divisées en deux compagnies, à chacune desquelles on remet une bannière, on les envoie séparément à Lauzerte sous la conduite de deux notables. Quelque temps après, en septembre 1324, ces mêmes sergents étant à l'armée du Roi devant La Réole [17], la ville leur fait porter 102 livres 10 sols tournois[18].

La ville de Périgueux, en 1325, sur un nouvel ordre transmis par le sénéchal, fournit encore un second contingent de sergents d'armes qu'elle envoie rejoindre l'armée du Roi à La Réole. Ils y portent une riche bannière en soie violette, garnie de franges d'or, œuvre du peintre (penhedor) Mondotz, à qui on paya 40 livres, tant pour la façon de cette bannière que pour l'or qu'il y employa[19].

Celte même année, le comptable nous renseigne sur la confection des pennons des trompettes. On emploie pour les faire : 1° cinq longueurs (taulos) et trois quarts d'étoffe de soie (seudat), payées 11 s. 6 deniers ; 2° six cordons de soie et cinq coudes (cobdes) de franges, formant une dépense de 11 s.

«....Item 50s. à R. lo penhedor, per la faysso deus dichs pennos. »[20].

Ce peintre Raoul (Radulphus) qui avait pour épouse Huguette, était poursuivi judiciairement, quelques années après, en 1329, par un certain Arnaud Texier qui lui réclamait douze émaux[21].

C'est encore le peintre Mondotz, plus haut nommé, qui reçoit 100 sols pour la façon de la bannière qui fut portée à Saintes[22], en 1330, lorsque le frère du Roi, Charles de Valois, comte d'Alençon et le sénéchal ordonnèrent une levée de sergents d'armes à conduire à Saintes. Le mercredi avant la Mi-Carême, les sergents du consulat parcourent la ville et ses faubourgs, pour ajourner « tota la gen per far las cirvens anar a Sanctas » On équipe ces sergents d'armes qu'on expédie, comme pour Lauzerte, sous la conduite de deux notables, André de Valreyal et Jean de Born[23].

Pendant les années suivantes et jusqu'au milieu du siècle, ce doit toujours être le peintre Raoul qui est occupé aux travaux communaux de cette espèce. En 1334, il est chargé de faire les pennons des trompettes et reçoit pour son travail 30 sols 6 deniers. Il y emploie, entre autres fournitures, un papier d'or de 20 s. 5 deniers acheté à Limoges. La ville avait alors deux trompadres.

« Item baylem en j papier daur qui fo compratz a Lemotges per far los penos de las trompas          xx s. v. d.

Item baylem en vj taulos de seudat e lus fo indis                                                      viij s.

Item baylem per vj cobdes de fimbrias e per j ternal de seda e per vj cordos de seda                       xj s.

Item per la faysso daus dichs penos de las trompas, à R. lo penhedor                          xxx s. vj d. [24] ».

Nous lisons dans les dépenses de 1336, que lo penhedres reçoit 20 sols 4 deniers pour la façon de pennons et le vin de ses ouvriers. Le dauradier (doreur) de la rue Taillefer répare la trompette du consulat (lo corn) [25].

Ces pennons avaient sans doute souvent besoin d'être refaits ou repeints, si l'on en juge par le fréquent renouvellement de la dépense : en 1340, le comptable paye 5 sols à R. lo penhedor pour repenher le pennon que les sergents portèrent au siège de Montanceix[26], aux environs de Périgueux. On se souvient en effet, que des joueurs de cornemuse, de la suite du sénéchal et de Guillaume de Montfaucon, accompagnèrent les troupes de Périgueux à ce siège. Quelques jours avant, on avait acheté des étoffes de vermelh et de vetat jaune pour confectionner des robes aux sergents du consulat[27].

Le pennon du maire de la ville (penoncel), qu'il avait peut-être porté au siège de Saint-Privat[28], était en soie, garni de franges et de cordons et avait coûté, en 1346, 1 livre 10 sols 2 deniers tournois. Cette année-là, la caisse delà communauté avait aussi payé à Bernot lo frenier, per far una flors de liri de fer per senhar al fron las espias daus Angles, 2 sols 3 deniers tournois[29].

Nous ne voyons plus maintenant dans les livres des comptables, avant le dernier quart du XIVe siècle, la trace de travaux de cette espèce, et Me Raoul a disparu. Il a eu certainement des successeurs ; mais nous ne rencontrons plus qu'un nom en 1467, un siècle plus tard, Johan Retieu ou Retiff, qui était chargé de pareils travaux ; car Jean Maubot, nommé dans les comptes de 1375 paraît être plutôt un doreur qu'un peintre, comme on va le voir. Il faut dire toutefois qu'il existe une lacune dans la série des registres.

En cette année, on refait les pennons des trompes du consulat. Une religieuse (una menuda) en fait les franges. La décoration en est confiée à an penhedor auquel on fournit, outre les étoffes de soie, les franges et les cordons, 150 pains d'or (pans d'aur), un quart de minium, un quart de vermillon et une demi-once d'azur.

Item baylem per far los penonssels de las tromppas e (pour en) v taulos de ceudat vermelh xx s.

Item en iiij onssas de ceda per far las cordos                                     liij s. iiij d.

Item al mestre per far los cordos ; qui monta                                     x s.

Item en iiij vetos......................................................              xij d.

Item baylem en iij onssas de ceda per far las frimbras.                     xl s.

Item baylem a una menuda per far las frimbras                                v s.

Item baylem a Nicotz per cozer las frimbras. ...........             iiij s. ij d.

Item baylem e dimiey vernal de ceda par cozer las frimbras xd.

Item baylem en jc 1 (150) pans d'aur a Jehan Maubot ; monta           ,           xxxvij s.vj d.

Item baylem en j quartz de mini.............................   xix d.

Item baylem en j quart de vermelho......................     xxij d.

Item baylem en mega onssa d'azur............. ..             vij s. x d.

Item baylem al penhedor qui los festz per la ffaysso ij francs e mech qui val                       lxij s. vj d. [30]

Les maire et consuls décident, en 1379, que dorénavant on ne peindra plus les écussons des maires sur les pennons des trompettes, comme on avait coutume de le faire de toute ancienneté, mais seulement les armes de la ville.

« L'an mil CC.C LXXIX qui comenset lo dilus aprop la festa de Sen Marti divernh ….. estant maior maistre Peyre Flamenc …..

On décida, par mesure d'économie, de supprimer la collation du jour de Noël.

« Item ordeneren mays et establiren los dichs maier et cossols a perpetuitat, per lor et per lors successors, de volumtat et de cosselh et cossentiment que dessus, que dels penuncels de las trompas, losquals son estats fachs en l'an dessus dich et els quals los escussels de las armas deldich maior son estatz mes en la manieyra que per lo temps passat avia estat acoudusmat far per los autres maiors d'antiquitat, que en la fi del regiment dels dessus nonmatz maior et cossols, los escussels del dich maior el fassa ostar et que los dichs penuncels remanhan am las armas de la vila tant solament ; et quant los dichs penuncels seran usats et no autrement, que hom en fassa far hus autres; et per aquesta manieyra sia tengut et gardat per lo temps avenir ; et que negus dels maiors qui d'ayssi en avant seran fachs et eligitz, no metan ni fassan metre lors escussels ni negun autre els dichs penuncels, mas tant solament las armas de la vila ; et daquestas chausas ayssi ordenadas et establidas, receup instrument maistre Bernard de Cessero, estan escriva de la cort del cossolat, lo dimercres apro la festa de sen Felip et de sen Jatme, l'an dessus dich, testemonis maistre Guilhem de la Rocha et Guilhem Galabert et Giraut Faure. »[31].

C'est vraisemblablement en conformité de cet arrêté que nous trouvons, vingt ans après, mention du drapeau de la communauté placé dans la chambre du consulat :

« En aquesta annada, comprem una lanssa per metre lo peno de la communa e mezem lo en la chambra de cossolat lo xj jorn de janier l'an M. CCC. LXXX. viij. » (11 janvier 1389, n.st.)[32]

Il faut arriver ensuite à la seconde moitié du XVe siècle pour retrouver le nom d'un artiste peintre, dans nos livres de la comptabilité municipale.

En 1468, M. de Grignols fils[33]; ayant convié la noblesse du Périgord au setusine  [34] de son père, le conseil de ville de Périgueux, considérant que le défunt et les membres de sa famille s'étaient toujours bien comportés envers la communauté, décide que le maire, le juge et la plupart des consuls répondraient à l'invitation faite au corps consulaire et se rendraient en robe audit service, et qu'on y porterait neuf torches de cire, avec bâtons et pennons aux armes de la ville.

« Baylem a Johan Retieu, pentre, per far los penonsels et armas de la villa per metre en las dichas torchas, et ossi li fezem adobar las doas vitras de la chambra de cossolat..., donem li per losd. escusels et vitras, xx s. t. »[35]

Il s'agit probablement ici de verrières ou vitraux peints; pour des vitres ordinaires à remettre, on se serait certainement adressé à un simple vitrier.

Le même peintre, qu'on appelle Retieu et Retiff, est encore employé à des travaux de son art en 1478. Une grande procession a lieu le 1er mai, pour la paix et conservation de l'Etat, de l'Eglise et du Roi, pour les biens de la terre et pour que Dieu préserve la ville de la peste. On porte à cette procession « le chef de monsieur sainct Front que jamays plus de memoria de home no fust plus portat. » Les maire et consuls payent les sonneurs des églises de Saint-Front et de la Cité, enjoignent aux sergents de maintenir l'ordre dans la procession, mesure indispensable per so que hy avla grant folla de poble ; puis ils fournissent quatre torches de cire, pesant cinq livres chacune, et ornées d'écussons aux armes de la ville. Ces écussons avaient été peints par Johan Retiff auquel on les paya 2 sols 8 deniers tournois[36].

Nous bornerons là notre énumération ; nous ne parlerons pas des siècles suivants où l'art est plus répandu et les artistes plus nombreux, d'un Jean Gravier, peintre d'écussons, qui, en juillet 1609, en fournit une douzaine pour l'enterrement de M. Dumas, consul[37] ; d'un peintre inconnu qui, en 1646, fait les portraits des maire et consuls, à leurs dépens, pour la salle de la maison de ville[38] ; d'un Joseph Freyssinet, qui, en 1734, peint les armoiries « pour le may » planté suivant l'usage, devant la maison du maire [39] et est qualifié, lui ou son fils, en 1771, de « déchiffreur»[40] et serait par conséquent l'un de nos prédécesseurs en paléographie. Nous ne parlerons pas davantage de ces véritables artistes : Guillaume Desauzières, peintre du Roi, écuyer, valet de chambre de la Reine et bourgeois de Paris, cité comme parrain dans un baptême du 6 janvier 1687[41] ; ni d'Antoine Gautier, peut-être son parent ou son allié, demeurant, en 1721, à Saint-Georges-lès-Périgueux[42] , qui donnait des leçons dans la ville. Ce travail pourrait faire l'objet d'une étude ultérieure.

Nos penhedors périgourdins du moyen âge nous font plutôt penser à ceux qu'emploie le duc Jean de Berry à peindre ses armes et sa devise sur « huict cierges de cire vierge blanche, pour le jour de la feste de la Chandeleur 1413 »[43] ; ou encore à ces cinq « pouvres enlumineurs étrangers, que signalait en 1891 M. Desazars à la Société archéologique du Midi de la France[44], et qui adressent, le 16 mars 1478, une supplique aux capitouls de Toulouse, pour se plaindre de la concurrence que leur faisaient certains enlumineurs du pays, lesquels « vendoient ou fesoient vendre tous les livres d'impressure, qui dehors pays sont amenés pour vendre, comme d'Allemaygne, Rome, Venise, Paris, Lyon et d'autres bonnes villes », et qui « se mesloient de les enluminer» alors qu'ils n'en avaient pas le privilège. Les artistes étrangers venant à cette époque à Toulouse, y pratiquaient concurremment l'art de l'enluminure et de la peinture, notamment l'un des co-signataires de la supplique précitée « Laurent Robyn, dit aussi Laurens Roby, que les comptes municipaux qualifient pinctre » en 1475, illumenayre en 1489, istoriayre en 1494 ». Nos peintres étaient peut-être aussi habiles qu'eux. Malheureusement nous ne pouvons en juger, aucune de leurs œuvres ne nous est restée.

Ferd. VILLEPELET.

 

pp. 161-163

VENTE DE LA FORET DE THIVIERS CONSENTIE PAR LE ROI DE NAVARRE AUX Srs DU TEIL ET FAURICHON,

le 7 mai 1582.

Le 22 juillet 1581, le roi de Navarre donnait à Nérac procuration à Jean de la Forcade sieur de Lafite, Bernard Charon, maître des requêtes de son hôtel, garde de son sceau et juge d'appeaux en ses comté de Périgord et vicomte de Limoges, de vendre en bloc ou par parcelles les forêts de Thiviers, Chalus, Château-Cherveix...

Le 22 juin 1582, le roi de Navarre étant à St-Jean-d'Angély, ratifie la vente de la forêt de Thiviers :

Sachent tous qu'il appartiendra que ce jourd'huy, septiesme du mois de may 1582, au noble repaire de la Barde, paroisse de ….. en Périgord, et dans la maison de Me Charon, environ l'heure de dix heures du matin, par-devant le notaire soussigné et en la présence des témoins bas-nommés, a été présent et personnellement constitué Mr Me Bernard Charon, conseiller et maître des requestes ordinaire de l'hostel du roy de Navarre et son juge d'appeaux, vice-chancelier de la comté de Périgord et de la vicomte de Limoges, au nom et comme procureur et ayant charge et procuration expresse du seigneur roy, afin insérée et pour les causes contenues en ycelle, a vendu, cédé, quitté et transporté à Mrs François du Teil et Hélie Faurichon, maîtres de forges de la Valade et de laRivière, habitants ledit du Teil à sa forge de la Rivière et ledit Faurichon, au village des Merles, paroisse de Saint-Martin de Freyssengeas, présent, stipulant et acceptant, scavoir : La coupe de bois de la forest communément appelée de Thiviers et baillée à titre d'acence et arrentement perpétuel, le fonds d'ycelle forest, appartenant audit seigneur Roy, contenant trois cent seize journaux soixante-cinq escats, mesure de la présente sénéchaussée, suivant l'arpentement qui en a été faict par Guillaume Bonnet, maître arpenteur et juré en la prévôté et juridiction de Thiviers, confrontant au chemin par lequel on va de Bruzat audit Thiviers et avec la lande du Bos-St-Germain, au chemin entre deux et entre le bois du seigneur de Saint-Jean et de Bastardie ; et le bois et forest communément appelé Beyrenquin, fermé et limité audit endroit par un gros arbre chêne appelé le Roudier et dudit arbre tirant à une autre borne appelée des 3 cailloux, plantée à ce dit grand chemin tirant de Bruzat à Thiviers, et tous droits, nom, raisons et actions qui peuvent appartenir audit seigneur roy de Navarre, sauf et réservé la Justice, haulte, moyenne et basse que ledit Charon s'est réservé audict nom, un droy de 5 sols de rente annuelle, foncière et directe, sur chaque journal de terre et sol de ladite forêt, avec l'achapt à muanee de seigneur et tenancier, leds et ventes et autres droits et devoirs seigneuriaux, lorsque le cas y eschara, payable ladite rente montant à 5 escus 16 sols audit seigneur Roy, à son fermier ou recepveur de ladite prévôté de Thiviers, par lesdits du Teil et Faurichon, les tenanciers et cessionnaires du fonds et sol de ladicte forêt et à un chacune feste de Noël, portable en ladicte ville de Thiviers et commençant le paiment de ladite rente à la prochaine feste de Noël, et a été faicte ladicte vendition du bois et coupe d'ycelle et arrentement dudit fond et sol de ladite forêt moyennant le prix et somme de 1.666 escus 2 tiers d'escu, revenant à la somme de 8.000 livres, de laquelle lesdits du Teil et Faurichon ont réellement payé et délivré comptant à Me Jacques Deschamps, sr de la Tranchardie aussi conseiller du seigneur Roy, et son trésorier et receveur général en la comté de Périgord et la vicomte de Limoges, habitant au dit lieu de la Tranchardie, présent et recevant pour et au nom du seigneur Roy, la somme de 200 escus, un cent et 300 fr. d'argent et la rente en quart d'escus et autre monnoye blanche, bien comptée et nombrée en présence de mon dit notaire et tenanciers bas-nommés et par ledit Deschamps, receveur, et emportée, de laquelle somme de 200 escus, il s'est contenté et le restant de ladite somme qui est de 1.466 escus 2 tiers, lesdits du Teil et Faurichon ont promis, bailler, paier et mettre en mains dudit sr Deschamps, présent, stipulant et acceptant, sçavoir, est la somme de 400 escus, lors et au temps qu'on fournira auxdits du Teil et Faurichon la ratification faite par ledit seigneur Roy du présent contrat, et le surplus de ladite somme qui est 1.066 escus, deux tiers, iceux du Teil et Faurichon seront tenus bailler et payer dans un an prochain et compter au jour et date des présentes, icelles mettre en main dudit sr trésorier à peine de tous dépens, domages et intérêts, et icelle portée en la maison dudit sr trésorier à leurs périls et fortunes et moyennant ce que dessus ledit Charon, audit nom, a mis en possession réelle et actuelle de ladite forêt lesdits du Teil et Faurichon par le bail des … lesquels par mesmes moyens lesdits du Teil et Faurichon se constituent tenir ladite f. ….. de la fondalité de rente et seigneurie du seigneur Roy et des sieurs sous ladite rente, achapte, lods et ventes ; laquelle rente il ne pourra augmenter ni imposer aucune plus grande sur ledit fond, ni mettre y celle fonds en mains mortes, ni autre prohibés de droit, a peyne des commis et autre droit par pacte exprès que ledit seigneur en pourra prendre, aucun lod et vente des aliénations qui se feront durant le temps de deux ans prochains à conter du jour de ces présentes dudit fond par lesdits du Teil et Faurichon.

Lesquels deux ans passés, lesdits lods et ventes seront deubs et payés au seigneur ou vente pour le paiement de laquelle rente et arrérage d'icelle lesdits du Teil et Faurichon ont obligé et hypothéqué tout le sol de ladite forêt que tous leurs champs et biens …..

Et qu'ils bailleront bonne et suffisante caution de la somme qui restera due au susdit trésorier et feront mettre à leur despens le présent contrat au trésor dudit seigneur Roy à Montignac et en bailler copie d'ycelle au sieur trésorier.

Lesdits du Teil et Faurichon se sont obligés l'un par l'autre, ung seul pour le tout sans division ni discussion.

En présence de Poncet de Laval, escuyer, sr de Ladoue, habitant dudit Ladoue, paroisse de Puy-de-Fourches, juridiction d'Agonac en Périgord et Léonard Vilotte, habitant du lieu de Châlus en Limousin, tesmoins.

Ainsi signé : Charron, procureur dudit sieur Deschamps, et Faurichon, contractant, du Teil, contractant susdits, de Laval, pour avoir été tesmoins et L. Vilotte, présents il ce que dessus[45].

Pour copie conforme :

H. de MONTÉGUT.

 

pp. 458-459

REGISTRE DE LA PRATICQUE DE DEFFUNCT ME CATHRAIN FARDEAU, VIVANT NOTAIRE AU CHASTELLET DE PARIS, DE L'ANNEE MIL CINQ CENS QUARENTE CINQ.

Reconnaissance par Pierre du Cazal, demeurant à Fayolle, paroisse de Tocane, en son nom et comme procureur de François de Fayolle, écuyer, seigneur de Fayolle, en Périgord[46], en vertu de lettres en date du 29 juillet dernier, au profit de Pierre Galland, maître principal du collège de Boncourt, de 142 1. 2 s. t., « de compte à jour d'huy faict entre eulx et Me Nicolle Gaultier, maistre ès-arts, demourant aud. collège..., scavoir est envers led. principal... de trente six escuz d'or soleil et quarente deux solz tournois pour reste de toute la portion, pension et voyages extraordinaires tant de Annet de Fayolle[47], escollier portionniste oud. collège, fils dud. sr de Fayolle, que dud. Me Nicolle Gaultier, son maistre et directeur, jusques au xiie de ce présent moys, auquel jour led. escollier se départ de lad. portion avecques led. du Cazal, qui l'a prins en sa charge ; et le reste montant cinquante neuf livres tournois, deu aud. Me Nicolle Gaultier pour reste de ses gaiges, droicts et chambre, fournitures de livres et parties qu'il a fournyes et livrées aud. escollier de tout le temps passé jusques à huy, toutes scedulles que lesd. Galland et Gaultier pourraient avoir dud. sr de Fayolle auparavant huy, comprinses en ces présentes... » Nicolle passe sa créance à Pierre Gaultier dont il est débiteur pour pareille somme, et Pierre du Cazal s'engage à verser les 142 1. 2 s. t. le d5 octobre prochain.

Cet acte est daté du 11 août 1545.

(Recueil d'actes notariés relatifs à l'histoire de Paris et de ses environs au XVIe siècle, par Ernest Coyecque. Tome 1, Imprimerie nationale. Paris 1905.) N° 3574, page 653. Col. 1.

(Communiqué par M. Emile Rivière).



[1] Cette pièce sur parchemin est ainsi cotée à l'inventaire de M. Hardy ; DD. 20 (layette).

[2] Note de M. Daniel, vice-président de l'Ecole félibréenne du Périgord.

[3] Tome XX, p. 306.

[4] E. Decoux-Lagoutte : Notes historiques sur la commune de Trélissac, chapitre XIX.

[5] Dessalles : Périgueux et les deux derniers comtes de Périgord ou l'histoire des querelles de cette ville avec Archamhaud V et Archambaud VI (1847).

[6] A. de Froidefond : Liste chronologique des maires de la ville et de la cité de Périgueux depuis 1200 jusqu'à nos jours (l873).

[7] Jean Bordas le vieux, marchand et bourgeois de Périgueux, devait suivre l'exemple donné par son voisin en fondant, le 5 avril 1492, une vicairie perpétuelle sous le titre de N.-D. de Pitié, dans la chapelle de Ste-Radegonde, qui se trouvait du côté de la place du Gras, entre les boutiques des sieurs Brachet et le principal mur de l'église. A la garantie de la dotation de cette vicairie il affecta sa maison sise près du grand cloître de Saint-Front, sur la place de la Clautre, devant la maison des Barnabé.

[8] Juel, joyau, ornement précieux d'or, d'argent ou de pierreries (Roquefort).

[9] c'est probablement le même calice qui se trouve ainsi désigné dans l'inventaire de 1552 de la collégiale Saint-Front, découvert et publié par M-. F. Villepelet : un calice appelé de Bernabé, avec sa platine.

[10] Bulletin de la Soc. hist. et arch. du Périgord, tome VII, p. 488-9, et les Jurades de la ville de Bergerac, tome VII, p. 113-7.

[11] Ils sont aussi qualifiés de maîtres dans des pièces de procédure. «  Produxerunt in testimonium Robbertus Nadal et ejus uxor contra Guillelmam Martina, videlicet Dulciam de Vinharier, uxorem magistri Michael lo penhedor, Martial Eyraut, Guillelmam de Broc, qui juraverunt … etc… et est dies martis assignata ad probandum... » (Mardi, veille de la Toussaint 1329. — Registre du greffe de la Cour consulaire. FF. 203. f°s 122 recto et 124 verso).

[12] Nous devons cette indication à l'obligeance de M. Durand, vice-président de la Société historique du Périgord, qui a transcrit une grande partie des livres des comptables de Périgueux et a le dessein de les publier si M. Chabaneau n'en a pas le loisir. Nous l'en remercions ici.

[13] Série CC. 42, année 1320, folio 4 recto.

[14] Voir CC. 45, p. 67, et CC. 47, p. 63 de l'Inventaire des Archives de la ville de Périgueux.

[15] Chef-lieu de canton de Tarn-et-Garonne. — Recueil des Titres justificatifs de la ville de Périgueux de 1775, p. 195.

[16] Pré existant encore en nature, situé entre la chaussée du Pont-Neuf et le moulin de Cachepur.

[17] Sous préfecture du département de la Gironde. — Voir au sujet de cette expédition : Arch. nat. J. 164, n° 51, et Histoire du Périgord, par Léon Dessalles, t. II, p. 158.

[18] CC. 45, p. 67.

[19] CC. 46, p. 67.

[20] CC. 47. — Année 1325-1325.

[21] « Abolutus fuit, causa cognita, Radulphus lo penhedor ab impetratione duodecim emauxs proposita per Ar. Textoris contra dictum Radulphum ; cum dictus Ar. nolleret persistere in petitione sua et expensis que de jure fuerint fuerunt dicto Radulpho contra dictum Ar. reservate.

Lite contestata super petitionem xii emauxs proposita per Huguettam, uxorem Radulphi lo penhedor, contra dictum Radulphum, et jurato..., etc. : est dies lune assignata ad probandum primo. » (FF. 203, f° 108 recto.)

[22] Sous-Préfecture de la Charente-Inférieure.

[23] CC. 50.

[24] CC. 53, f° 1 verso. — Année 1334-35.

[25] CC. 55. — Année 1336-37.

[26] Château fortement situé près du village de même nom, dans la commune de Montrem, canton de Saint-Astier.

[27] CC. 59. — Année 1340-41.

[28] Aujourd'hui St-Privat-les-Prés, commune du canton de Ste-Aulaye.

[29] CC. 00. — Année 1346-47.

[30] CC. 67, folio 3 recto. — Année 1375-76.

[31] Petit Livre Noir de l'Hôtel de Ville, BB. 13, f° 8 recto.

[32] Petit Livre Noir, BB. 13, f° 43 recto.

[33] Jean Ier de Talleyrand, chevalier, seigneur de Grignols.

[34] Service du septième jour après les obsèques.

[35] CC. 90. — Année 1467-68.

[36] CC. 91. — Année 1477-78.

[37] CC. 104.

[38] Livra Vert, BB. 15, f° 161. — Une lacune dans les registres de comptabilité de 1622-1679 nous empêche de retrouver son nom.

[39] CC. 121. — Joseph Demartin, maire.

[40] CC. 147.

[41] GG. 75, f° 1 verso

[42] GG. 87, f° 43 verso

[43] Les comptes de l'hôtel du duc de Berry, 1370-1413, par le comte de Toulgoet-Treanna, dans les Mémoires de la Société des Antiquaires du Centre (1889-1890), p. 143 et 144.

[44] Bulletin, série in-8°, n° 7, p. 29 et 39. Toulouse, Edouard Privat, libraire, 1891.

[45] Arch. nat. Q2 44.

[46] François de Fayolle, écuyer, seigneur de Fayolle, Vernode, etc., fils de Guillaume dit Guillonnet de Fayolle et de Marguerite de Bayly de Razac, fille de Jean de Bayly sieur de St-Abre, et d'Antoinette Beaupoil de Saint-Aulaire. Il entra fort jeune au service, car il servait en qualité d'archer des ordonnances du Roi, sous la charge de M. le duc de Vendôme, près Bernay, le 28 août 1515 et en qualité d'homme d'armes dans la compagnie de M. de Tessé en 1551.

Il épousa, le 15 janvier 1531, Dauphine de Carbonnières, fille d'Alain de Carbonnières, chevalier, seigr de Lacapelle-Biron et de dame Marguerite de Gontaut-Biron.

[47] Annet de Fayolle, fils aîné de François de Fayolle et de Dauphine de Carbonnières, mort jeune, entre 1550 et 1555, car il avait été institué héritier dans le testament de sa mère en 1550 et il était mort dans celui de son père en 1555.

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