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Source : Bulletin SHAP, tome XLVII (1920)

·        Notes archéologiques sur la cathédrale de Sarlat au XVIe siècle (G. Lavergne)

·        Requête présentée à l’évêque Louis de Salignac par les consuls de Sarlat au sujet du collège de Sarlat (Ch. Dangibeaud)

·        Testament de Jeanne du Tustal, mère d’Aimar de Ranconnet (Comte de Saint-Saud)

·        Jean de la Jalage « héros périgourdin » (Ch. Durand).

pp. 155-161.

NOTES ARCHÉOLOGIQUES : TRAVAUX A LA CATHÉDRALE de SARLAT AU XVIe SIÈCLE

 

L'église abbatiale de Sarlat, dont on fait remonter la fondation à Pépin et à Charlemagne[1], avait été érigée en cathédrale par le pape Jean XXII, le 13 janvier 1317, sous le titre de Saint-Sacerdos, qui tient une si grande place dans l'hagiographie périgourdine[2]. C'était, à en juger par ce qu'il en reste, un édifice de style roman qu'il eût été bon de conserver[3].

Au début du XVIe, l'évêque Armand de Gontaud entreprit de le raser pour le rebâtir dans le goût de son époque avec la splendeur requise pour une cathédrale. Le 18 juillet 1504, on commença à démolir l'ancienne église ; le 6 février 1505, furent jetés les fondements de celle qu'on voit aujourd'hui, et les premières pierres posées par Jean de Magnanat, vicaire général, et Guillaume de Plamon, prévôt du Chapitre, dans les chapelles construites autour du chœur, celle de Saint-Pierre et celle du Saint-Esprit[4]. L'architecte était le fameux Pierre Esclache, qui avait récemment travaillé à l'église paroissiale[5]; l'entrepreneur, Blaise Bernard, maître-maçon de Sarlat[6].

La bâtisse était loin d'être achevée quand Armand de Gontaud résigna l'évêché de Sarlat on faveur de Charles de Bonneval (1519) et devint archevêque de Nazareth. Mais il s'était réservé la collation et l'institution des bénéfices du diocèse, ainsi que la jouissance du doyenné d'Issigeac et de ses dépendances.

On s'explique assez par là que ses quatre successeurs, Charles de Bonneval (1519-1527), Guy d'Aydie (1527-1529), Jean de Rilhac (1529-1530) et Jacques de Larmandie (1530-1533), privés d'une partie de leurs ressources temporelles, et restés fort peu sur le siège épiscopal de Sarlat, se soient peu souciés de continuer à leurs frais les travaux de la cathédrale. En 1530, le Chapitre de Sarlat rendait Armand de Gontaud seul responsable des lenteurs apportées à l'achèvement de l'édifice et introduisait une instance contre l'archevêque de Nazareth par devant le Parlement de Bordeaux.

Un arrêt de cette cour du 4 mars 1530 ordonna que les arrérages de revenus dus aux feus évêques de Bonneval et d'Aydie seraient payés et employés à la réparation de l'église cathédrale.

Un arrêt du 2 août suivant condamna Armand de Gontaud à payer annuellement au Chapitre, tant qu'il jouirait des revenus d'Issigeac, une somme de 660 livres pour la continuation de l'œuvre. En outre, Etienne Bardoin, Giraut, Pommier, Guillaume Médron et Malhurin Galopin, maîtres architectes de Bordeaux, furent chargés par la Cour de visiter le chantier et de décider si la construction serait poursuivie ou recommencée sur un autre plan. Après expertise faite en présence de Jean de Perron, conseiller également délégué par le Parlement, les experts présentèrent un rapport dans lequel ils reconnurent unanimement que l'ouvrage déjà fait devait être démoli, comme manquant de solidité[7].

Armand de Gontaud mourut le 17 septembre 1531. Un arrêt du Parlement du 4 juin 1532, décida que les fondations de l'église de Sarlat seraient recommencées. Qu'allait, à ce sujet, faire le successeur de Jacques de Larmandie, décédé en octobre 1533 ?

Assez peu sans doute, puisque le document de 1546[8] que nous transcrivons à la suite de ces notes, nous montre l'évêque Nicolas de Gikli (1534-1546), aux prises avec le Chapitre sur l'achèvement de la cathédrale.

En 1536, ce prélat apparenté aux Médicis et diplomate subtil, qui devait l'évêché à François Ier, s'était engagé envers les Chanoines à employer annuellement une somme de 600 livres tournois à la réparation de l'église. Or, dix ans après, vers le moment où il résigna son évêché en faveur de François de Sennetère (1546), un procès était pendant au Parlement de Bordeaux entre Nicolas de Gaddi et le syndic du Chapitre de Sarlat.

Le syndic prétendait que l'évêque n'avait pas tenu ses promesses et que l'église était encore en ruine. Il avait fait saisir les revenus affermés par l'évêque et en réclamait la main-levée au profit des réparations de la cathédrale, à raison de 600 livres par an, sauf à déduire tes dépenses dont l'évêque pourrait justifier.

A ces prétentions, le Cardinal de Gaddi opposait des arguments pleins d'intérêt pour nous. Il disait qu'il n'était pas lié par ses engagements de 1536, parce qu'à la suite de pertes de biens subies par lui en Italie pour soutenir la politique du roi de France[9], il avait été dispensé par François Ier de contribuer aux réparations ; que nonobstant cette licence, et après avoir payé au Roi plusieurs dons gratuits[10], il avait employé au bâtiment de la cathédrale une somme de 2.600 livres tournois, estimant qu'ainsi, il avait fait plus qu'il ne devait.

La Cour ayant ordonné que le Cardinal de Gaddi rendrait compte des réparations qu'il avait faites et des deniers qu'il avait payés au Roi pour le diocèse de Sarlat, l'opération n'aboutit qu'à quelques observations du syndic du Chapitre sur certains articles des comptes épiscopaux. On en vint à envisager que le différend pouvait se terminer par une transaction amiable.

Le représentant du Chapitre abandonna toutes ses prétentions à l'égard de Nicolas de Gaddi. De son côté, le représentant du Cardinal, Eusèbe de Carbon, son maître d'hôtel, fit don aux Chanoines d'un certain nombre d'ornements destinés au service divin, énumérés dans l'acte ci-dessous.

L'abbé Audierne ne s'était pas trompé lorsqu'en se fondant sur l'un des vitraux de la Cathédrale de Sarlat, il reconnaissait dans le Cardinal évêque de Gaddi un bienfaiteur de cette église[11]. Il reste entendu qu'il ne faut rien exagérer, ce Florentin nous semblant avoir mesuré ses dons au plus juste.

Géraud Lavergne.

 

1546. Sarlat. — Transaction entre le Chapitre de la Cathédrale de Sarlat et l’évêque Nicolas de Gaddi, représente par son procureur et maître d’hôtel Eusèbe Carbon, terminant leur procès au sujet des travaux de l’Église cathédrale.

Saichent tous que aujourdhui vingt troisiesme ……… quarante six, régnant Françoys, par la grâce de Dieu roy de France, par devant moy notaire roial soubzsigné et tesmoings dessoubz escriptz et nomez, en l'église cathédrale de la ville et cité de Sarlat et au chapitre d'icelle, estans illec assemblés, à son de la campane, religieuses persones frères Bertrand de Salignac, grand prieur, François de Serveilh, enfermier, Jehan Milonis, prebendier, Léonard Du Bois, Ramond de Gavel, ouvrier, Jehan de Cheylard, soubz prieur et Françoys de Bruzac, prevost, religieulx de lad. esglise, ordre de Sainct Benoist, le chapitre de lad. esglise faysant d'une part, et noble Eusebe Carbon, maistre d'hostel et procureur de monseigneur le Reverendissime Cardinal de Gaddis, naguieres evesque de lad. esglise, d'aultre : sur le procès et différent qu'estoict en la Court de Parlement de Bourdeaulx entre le scindic desdictz religieulx et chapitre, demandent et requérant main levée d'une part et le Reverendissime Cardinal de Gaddis, défendeur, d'aultre, led. scindic disant que dès l'an mil cinq cens trenfe six, estant lors led. Cardinal Evesque de Sarlat, par accord et transaction entre led. seigneur et led. scindic et religieulx faicte, icellui cardinal auroict promis employer chacune année la somme de six cens livres tournois à la réparation de lad. esglise et pour ce faire, auroit obligé tous et chacuns ses biens ; que durant led. temps, il n'auroit satisfaict aud. accord, dont l'esglise estoict encores en ruyne ; à ceste cause auroit faict saysir soubz la main du Roy ce que estoict deu aud. seigneur par Gabriel et Jehan de Sezatz, ses fermiers, et requis que la main luy fust levée au profitt de lad. réparation jusques à la concurrence de ce qu'il se troveroit redevable, à la raison de ses six cens livres tournois pour an. du temps qu'il a tenu led. evesché, desduict ce qu'il monsteroit y avoir employé: led. Cardinal disant que le Roy, en contemplation des services qu'il luy avoit faictz, et que, pour tenir son parti, il auroit perdu de grans biens en Italie, l'auroit par ces letres patentes sur ce dès led. temps exempté de lad. réparation et, oultre ce, pour les affaires du Roy, il auroit aud. temps octroyé au Roy, tant pour luy que pour tout le Clergé de sond. diocèse, plusieurs dons gratuitz et iceulx payez, que montoit une grande somme de deniers, plus haute que celle qu'il estoit par led. accord tenu employer à lad. réparation, lesquelz deniers le Roy entendoit luy estre alouués à lad. réparation, comme il l'avoit par ses letres patentes déclairé ; et neantmoings, auroit employé plusieurs et grandes sommes de deniers à lad. réparation ; par quoy disoit led. debte avoir esté à tort et sans cause saysi et lad. main lui debvoit estre levée avecques despens, domaiges et interestz, et tant sur ce auroict esté procédé que, par arrest de lad. Court, parties ouyes, auroict esté ordonné que led. Cardinal rendroit compte des réparations par luy faictes en lad. esglise, ensemble des deniers qu'il a au Roi payées despuis led. accord. Pour ouyr lesquels comptes, auroit esté commis Me Léonard Vacquier, juge ordinaire pour le Roy à Domme Vieilhor, par devant lequel, en presance de religieuses personnes frères Bertrand de Salignac, grand prieur de lad. esglise, Pons de Salignac, chambrier, Jehan de Mylon, religieulx de lad. esglise, commis par led. Chapitre, auroit led. Cardinal exhibé ses comptes et monstre clairement qu'en dix années qu'il avoit tenu led. evesché despuis led. accord, il avoit payé au Roy vingt décimes du revenu de son evesché, et oultre ce, auroit employé deulx mil six cens livres tournois et plus à lad. réparation, qu'est plus qu'il n'estoit tenu suyvant le bon plaisir du Roy et que led. scindic, après avoir veuz et calculez lesd. comptes, ayt dict qu'il avoit eu juste cause de faire saysir lad. debte jusques à ce qu'il a veu lesd. comptes et, sur aulcuns articles d'iceulx, desduict quelques pretendences qui ont esté arrestées et clozes par led. commissaire pour éviter frais et despens ; et pour entretenir l'amityé dud. seigneur Cardinal avec lesd. religieulx et esglise, par le conseil et adviz de leurs amis, sont venus à telle transaction et accord soubz le bon plaisir de lad. Court de Parlement et non aultrement, scavoyr est que led. Cardinal, jaçoit que par sesd. comptes, clos et arrestez par led. Commissaire, ne soit trové redevable et ne puisse estre contrainct à payer aulcune choze à lad. réparation, ains luy fust tenu led. scindic es despens, domaiges et interest du retardement et arrest de sond. debte, icelluy Carbon, au nom que dessus, a libéralement et de sa volunté, promis donner et donne dès à présent à lad. esglise deux chappes pluviaulx, une chasuble et deux courtibaultz d'une mesme couleur de soye et de la couleur qu'il plaira aud. seigneur Cardinal, garnies d'orfroys beaulx et riches, sellon l'exhigence desd. ornemens, et moyennant lesd. ornemens et vestemens, la fasson desquels lesd. religieulx remectent au bon plaisir et libéralité dud. seigneur, led. scindic a promis bailler procuration à consentir à lad. Court de Parlement, comme dès à présent conscent, que la main du Roy apposée sur led. debte, soit levée au proffict dud. seigneur Cardinal, et ce sous despens de lad. instance et à requérir que ce présent accort soit auctorisé par lad. Court ; et à tenir ce que dessus lesd. parties d'ung cousté et d'aultre, respectivement, au nom que dessus, se sont obligées elles et leurs biens presens et advenir et pour ce faire ont renuncé à tout previlleige de droict, de faict et de coustume, par laquelle pourroint venir au contraire de ce que dessus, et ont volu et consenti, pour l'entretenement de ce que dessus, estre contrainctz et compellez par la Court de Msr le Seneschal de Perigourt et par toutes aultres courtz de ce Royaulme, tant d'église que temporelles, l'une ne cessant par l'aultre et ont promis et juré lesd. parties, respectivement, au nom que dessus, sur les Sainctz Evangilles Nostre Seigneur, de leurs mains dextres touchés, ne venir au contraire de ce que dessus, et neantmoings iceulx religieulx sus... led. Chapitre... comme dessus à faire et prester led. consantement, faict et constitué leurs procureurs à comparoyz pour eulx eu la souveraine Court de Parlement de Bourdeaulx, maistres Jehan Chassaing (un blanc) et chacun d'eulx avec puissance de substituer, et promis avoir pour aggreable ce que sera faict par sesd. procureurs et ung chacun d'eulx, et iceulx relever indempnes, soubz obligation des biens dud. chapitre, et ne venir au contraire des choses susd., comme ont jure aux Sainctz Dieu Evangilles et neantmoings, ont louué, approuvé et ratiffié l’arrest de compte faict par devant led. Commissaire, par lesd. de Salignac, prieur; de Salignac, chambrier et de Mylon, religieulx de lad. église. Desquelles choses susd., lesd. parties d'un cousté et d'aultre respectivement, au nom que dessus, ont requis instrument à moy, notaire royal soubz-signé, que leur ay octroyé faire et bailler, les jours moys et lieu et régnant que dessus, es présences de maistres Jacques Ceron et Jehan Plamon jeune, notaires et procureurs aud. Sarlat, tesmoings cogneuz à ce dessus presens et appellez. Dorlac, notaire royal, que soubz lad. auctorité ay receu ce que dessus à ce requis.

 

pp. 241-244.

REQUÊTE PRESENTEE A LOUIS DE SALIGNAC

évêque de sarlat, par les consuls de cette ville au sujet du collège

Cette requêté fait partie du dossier de la famille de Salignac-Fénelon appartenant à la bibliothèque de Saintes (fonds de Beaumont N° 536 XXXVII). Elle n'est pas datée ; mais l'expression « d'homme de recommandable mémoire », dont se sert le rédacteur de cette supplique en parlant de Pierre de Blanchier est un indice certain qu'elle est postérieure au 16 septembre 1580, date de l'assassinat de ce Pierre Blanchier, conseiller au Parlement de Bordeaux, alors retiré en Périgord[12]. Comme, d'autre part, Louis de Salignac, succédant à son oncle François, sur le siège épiscopal de Sarlat, ne prit possession de son évêché que le 7 septembre 1579 et ne lit son entrée dans la ville que le 28 mai 1580, il n'a pu attribuer au collège le revenu de 200 livres d'une prébende préceptoriale avant octobre 1580.

Ecrite sur une feuille de papier format grand écolier, la requête n'est signée que du syndic. L'inattention du scribe a rendu un paragraphe peu intelligible. Du reste, tout l'intérêt du document réside surtout dans la psychologie des requérants qui manifestent une défiance marquée à l'égard du personnel enseignant de leur temps et portent sur le haut clergé une insinuation malveillante qu'ils ne cherchent pas à atténuer.

Ch. Dangibeaud.

 

Monseigneur l'evesque de Sarlat,

Monseigneur, les consuls, scindic, manans et habitans de la ville principale de vostre diocèse, vos très humbles Serviteurs, vous remonstrent en toute humilité que oultre les grands biens tant spirituels que temporelz qu'ils ont receu de vous, despuis que vous estes constitué en la charge et dignité d'evesque de ceste présent (sic) ville, adjoustant puys quelques jours en ça à vos biensfaictz, poussé d'un grand zèle de l'honneur de Dieu et du bien que désirez à tout le trouppeau de vostre bergerie, selon vostre bon instinct naturel, vous a pleu enrichir d'un fort beau et grand présent les fondemens gectéz d'un colliége en ceste ville par Monsieur de Blanchier, conseiller en la Court de parlement de Bourdeaux, l'homme de recommandable mémoire et à vous, Monseigneur, fort agréable et suyvant voz bonnes intentions, poser deux fortes colonnes de piété et de justice pour eslever la vertu ennemye d'ignorance, laquelle comme d'un hault spectacle aves preveu prendre place en ce pays, et par toute la France par le malheur des guerres civiles,

Duquel don et présent, Monseigneur, nous ressentans de beaucoup sommes venus nous présenter à vous, pour vous en remercier très humblement pour tout le corps et communaulté de vostre ville, et vous offrir de leur part, et nostre, très humble service à jamais en recognoissance de voz biensfaicts.

Et parce que, Monseigdeur, par l'escript qu'il vous a pleu nous envoyer, pourtant déclaration de vostre vollonté et intention, sur la dotation du dict colliege, avez entendu que la prébende preceptoriale et les deux cens livres de revenu qu'il vous plait de donner fussent affectez à la personne du recteur ou principal dudict colliege, et non au corps d'icelluy.

Avons advysé vous faire très humble requeste qu'il vous [plaise][13], considérer sur ce que les papes, cardinaulz, archevesques, [évesques], qui ont esté cy devant poussez de mesme zèle et intention que vous, à faire plusieurs belles fondations et dottations de collièges en beaucoup de bonnes villes de la France, Paris, Thoulouse, Bourdeaux et aultres, ont tousiours affecté les bénéfices et prébendes aux corps desdicts collièges et non aux personnes pour que suyvant leurs sainctes vollontéz le reveneu d'iceulz fust distribué par les principaulx recteurs ou equonomes des dicts collièges [   ][14] possible des considérations et inconvenians que nous vous supplyons vouloir entendre et prendre en bonne part,

Premièrement que si le tiltre pension et beneffice demeurent affectez à la personne du recteur dudict colliege, pourra advenir que ledict recteur (selon la fragilité de nostre nature) se randra vicieux pour gaster et infecter la jeunesse qui sera soubz sa charge, que seroit comme nous avons veu advenir souvant de nostre temps, ce qu'à Dieu ne plaise, si ledict recteur devenoit hérétique ou autrement despravé et corrompu en ses mœurs, que sont de grandz tares en l'ame,

Comme aussy luy pourroient survenir en son corps des accidens de longue maladye qui le rendroient peult estre inhabille à jamais pour faire les functions de sa charge, ou bien peult estre l'envye qu'il auroit de s'en aller tenir et demeurer aultre part, le feroit s'absenter pour ung long temps ou pour tous jours,        de sorte que ne pouvant les dicts recteurs ou principaulx qui seraient une foit pourveux par vous ou voz successeurs estre destituez de leurs charges, adviendroit que vous (monseigneur) et voz successeurs demeureriez frustrez de vos sainctes et louables intentions, et la jeunesse privée du fruict que vous espérez que par tel moyen elle en doibt recullir et recepvoir, pour aultant que les fruictz du dict beneffice et pension. Suyvroient la personne du dict recteur qui seroit inhabille de leur pouvoir proffiter, davantage advenant vaccation de la charge de recteur ou principal, comme il se void difficile et malaysé (au temps qui court) de trouver personnes califfiées et dignes de telle charge, le revenu dudict beneffice et prébende pendant ledict temps demeureroit perdu pour ledict colliège et les regens desnuez et despourveuz de moyens pour s'entretenir.

Et que pis seroit encore (dont Dieu nous vueille préserver par sa Saincte miséricorde) pourroit advenir que vous, Monseigneur, aurez des successeurs qui ne vous imiteront en honneur et vertu, et comme nous en avons veu plusieurs exemples et s'en void encore pour le jourduy à nostre grand regret, qui donneroient l'office de recteur ou le revenu destiné audict colliége à quelque homme ignare, vicieux et mal famé, qui du premier jour mettroict en ruyne et confusion ce que vous prenez grand peyne d'élever et bastir, lesquelz inconvenians et autres qu'il y pourroit avoir cesseront s'il vous plait, Monseigneur, trouver bon que les dicts beneffice et prébende soyent unys et incorporez au corps du dict colliège.

D'où en adviendra plusieurs grandz biens, scavoir que oultre l'obligation que nous aurons beaucoup plus grande en nostre endroit, la postérité se ressentira beaucoup plus de Vostre bienfaict et la mémoire de vostre nom plus recommandée parce que voz successeurs en donnant le tiltre à quelque recteur s'atribueroient l'honneur qui vous est deu de ce bienfaict,

Cela faira encore que vos dictz successeurs, ensemble les corps des chappitres de vostre diocèse et les seigneurs et gentilzhommes temporels de ce ressort seront incitez d'apporter chascun une pierre à ce bel édifice et à vostre exemple seront convyez l'enrichir de leurs biens pour [ ] randre parfaicte et durable une si belle œuvre à la gloire de Dieu et de la République chrestienne,

pour ces causes et raisons, Monseigneur, Vous supplyons trestous, voulloir incliner à nostre très humble requeste qui augmentera de plus en plus la bonne dévotion que nous avons au service de vous et de vostre maison pour demeurer soubz la conduicte de vostre haollete tant qu'il plaira à Dieu, vous randant le service, honneur et obeyssance que nous vous devons, le suppliant pour vostre pros [perité] et santé.

CORDIER, Sindic desdicts manans et habitans.

Au dos : Requeste de Messieurs les consuls de Sarlat à M. leur evesque pour la fondation du collège.

 

pp. 279-282

JEANNE DU TUSTAL, MÈRE D'AIMAR DE RANCONNET et son testament (1509)

Maintes fois, dans les pages de notre Bulletin, il a été question d'Aimar de Ranconnet, cet infortuné Périgourdin membre du Parlement de Bordeaux, cet érudit précurseur des érudits parlementaires de cette ville, qui, au XVIIIe siècle, devaient briller d'un si vif éclat. On y parla, on y discuta sur son origine périgourdine ou bordelaise. Sut-on seulement que sa mère était « Bordelaise » bien que portant un nom périgourdin ? A l'aurore du XVIe siècle, le Périgord par les Fayard, les Camain, les Le Comte, les Tustal, les Saint-Angel, etc., faisait bonne figure au Parlement. Plus tard, revirement. Ce sont les parlementaires de Bordeaux, les d'Augeard, les d'Aulède, les Gourgues, les du Sault, etc., qui acquièrent de bons fiefs en notre province.

Mais je reviens à Ranconnet. Dans les susdites pages, de sa famille maternelle point n'est parlé. Que sait-on jusqu'à présent sur sa mère ? Je l'ignore. Il est vrai que je n'ai pas la brochure que Tamizey de la Roque a consacrée au « Grand homme oublié. » Il est vrai toutefois que je possède celle qu'un Autrichien, le baron de Ranconnet (de son vrai nom Eugène de Rançonnet-Villez) a publiée sur Aimar de Ranconnet ; intéressante notice, imprimée, il y a dix ans, à Périgueux.

On y lit que François de Ranconnet (qui ne fut point conseiller au Parlement, quoi qu'en dise un mémoire du XVIe siècle, qu'a vu le baron) épousa « Jeanne de Tustal, fille de Bertrand de Tustal ou Tustard, président au Parlement de Bordeaux et de damoiselle Perrine Duplessix. Jeanne fit son testament le 18 juillet 1509. » Plus loin il est dit qu'Aimar issut seul dudit mariage.

Dans tout cela il n'y a d'exact que la date du testament de Jeanne de Tustal (rien de Tustard). Qui était donc Jeanne? Une bonne Bordelaise, mais très mâtinée de sang périgourdin. Sa mère se nommait Sérène de Pelisses (ce qui ne ressemble en rien à Péronne Duplessix), de nos Pelisses de Thiviers, sans nul doute. Son père, Bertrand de Tustal, probablement procureur du Roi au siège de Sarlat en 1481, fut lieutenant-général en la sénéchaussée de Guyenne en 1483, conseiller, puis président au Parlement de Bordeaux en 1497. Ses petits-fils aliénèrent les biens qu'il avait hérités en Sarladais.

J'ajoute qu'on tenait beaucoup au nom de Tustal dans la famille puisqu'il y avait des maynements ainsi désignés près de Costerauste en Quercy, où j'ai découvert une de leurs branches à ces époques ; puisqu'un terrain acquis dans la paroisse de la Tresne, près de Bordeaux, s'appelait le « dixmon de Tustal », et qu'un bien dans Sadirac portait aussi ce nom. Il n'est pas jusqu'à une autre terre de ce nom, sise en cette région, qui advint, je ne sais comment, à une famille bordelaise, les Journu, dont un membre, Journu-Aubert, fut créé comte de Tustal sous l'Empire, nom passé, mais sans le titre, par succession dans la famille Le Grix de La Salle[15]. Et la rue Tustal à Bordeaux ? Au XVIe les Tustal possédaient deux maisons près de l'église Saint-Projet, dont l'une était rue de Tustal, et l'autre, rue Jus-le-Mur, avec jardin donnant rue du Loup. (Le nom de la première et de la troisième sont conservés.)

Ajoutons que les premiers conseillers Tustal avaient comme frère et cousins de leur nom à Bordeaux des marchands (François, Giron), des banquiers (autre François), dont ils héritèrent, en partie du moins.

Ceci dit revenons à Jeanne Tustal mariée en 1497 (Haag : date à vérifier) à François de Ranconnet, lequel est indiqué, dans la brochure citée, comme ayant testé en janvier 1538, mais qui ne mourut que sept ans après, le 3 janvier 1543, ayant testé le même jour[16] et sur lequel rien de nouveau à dire.

Jeanne testa le 18 juillet 1509, à Bordeaux, devant Militis, notaire royal de cette ville. Son testament est dans les minutes de ce notaire, déposées aux Archives départementales de la Gironde sous la cote 3 E 12512, au f° 325). Il est en langue romane assez décadente, et n'offre que peu d'intérêt. Voici quelques-unes de ses lignes :

In nomine Patris et Filii... conaguda... damiselle Johanna Tustal, molher de honorable homme messire mestre[17] de Ranconnet, licenciat en leys advocat en la présent court de parlament de Bourdeaux estahs malauda... (Elle parle de l'église de Saint-Projet et demande à être inhumée) dans la gleysa dessus designat en la sepellauda de deffunct honorable homme messire mestre Bertrand Tustal, tiers president quen vivoyt... Cedat et leyssat lad. testaressa a damiselle Sérenne Pélisses, sa may, la somma de... livras tourneysas... (ainsi que) lo saphir et lo balay que la deyta sa may ly a dat per ci avant... et leyssat lad. testaressa a damiselle Clémence Tusta, sa sors, una roba descarlata... item cedat et leyssat... a sa filha... Johanna de Ranconnet, la somma de cent livras tourneysas... Et ordonnat... son heritey universal... Aimar de Ranconnet, son filh... natural et légitime... Die decima octava mense Julii anno D. millesimo quingentesimo nono... (en présence de) messire Arnaud de Pelisse, son auceri (?) vivant pronotari, Johanne Petrucelli, Antonio Layarihac (?) Helie Pauli presbitero, domino Johanne Syranols, presbitero, Johanne Langlardi notario...

A retenir les noms de la mère de Jeanne, de sa fille Jeanne, dont la destinée n'est .pas connue. J'ajoute que Clémence Tustal, sœur de la testatrice, épousa Guillaume Bordes, conseiller référendaire en la Chancellerie.

C'est donc par sa mère et non par son père qu'Aimar de Ranconnet put être à même d'avoir une situation, que compromit, hélas ! sa fille, une vraie catin, cause indirecte de l'emprisonnement et du suicide de son père.

Comte de Saint-Saud.

 

pp. 89-95.

UN HÉROS PÉRIGOURDIN : JEAN DE LA JALAGE[18]

Le Périgord fut à toutes les époques — le fait est notoire — une terre classique de bravoure. Compulsez, en effet, ses anciennes annales et ses « Livres d'or » nouveaux ; lisez les noms gravés sur le marbre de ses colonnes commémoratives ; considérez enfin le nombre des monuments élevés un peu partout, sur son territoire, à la mémoire de ses morts glorieux et vous apprécierez combien de ses enfants moururent pour la défense de notre douce France, leur Patrie immortelle.

Jean de la Jalage[19], lieutenant du seigneur d'Auberoche[20], (de Fanlac)[21] fut un de ces braves et voici, d'après une tradition bien conservée par la population Fanlacoise, le beau fait d'armes qui, de lui, fit un héros.

A l'époque de la guerre de Cent Ans, au XVe siècle, un lieutenant du seigneur d'Auberoche, fut un jour attaqué par les Anglais dans le bourg de Fanlac. Il se nommait Jean de la Jalage. Retranché avec sa troupe dans l'église actuelle qui était un fort, il se défendit avec courage et eut, au cours de l'action engagée, le bras droit abattu d'un coup de hache d'armes. En souvenir de ce fait glorieux pour le héros, le seigneur d'Auberoche décida qu'une statue nettement incrustée dans le mur extérieur de l'église, rappellerait aux habitants du bourg, la lutte héroïque de son lieutenant.

Cette statue sculptée en forme de bas-relief fut alors encastrée à l'endroit désigné, on l'y voit encore aujourd'hui.

Nous avons, dans un intérêt historique, cherché à dater l'attaque de Fanlac. Toutes nos tentatives à ce sujet ont été vaines. Les historiens, conteurs de la guerre dont il s'agit ne se sont, en effet, que peu étendus sur les événements qui se passèrent alors en Guyenne. Leur attention s'est surtout portée sur les provinces du Nord où plus étroitement se joua, en un drame poignant, le sort de la France.

Cette guerre qui, par sa durée (1337-1453) et les désordres qui en furent la conséquence, désola notre pays et le couvrit de ruines, présente dans ses grandes lignes les deux phases suivantes d'avance et de recul des armées anglaises d'invasion.

Première phase d'avance, du début des hostilités (1337) au Traité de Brétigny (1360).

Sur cette phase, Froissart[22] donne, en ce qui concerne la Guyenne qui nous intéresse plus particulièrement, de très instructifs détails.

Il nous montre le comte de Derby débarquant à Bayonne, le 5 juin 1344 (alias 1345), une armée qu'il conduit et concentre à Bordeaux pour de là rayonner sur la contrée qu'il se propose d'envahir.

De son côté, pour lui barrer la route, le comte de l'Isle Jourdain, sénéchal de Guyenne, rassemble à Bergerac une armée, notamment composée de chevaliers gascons plus braves qu'aptes à une action militaire disciplinée, aussi cette armée est elle battue par deux fois : la première devant Bergerac qui se rend après quelques jours de siège; la seconde sous les murs d'Auberoche (du Change) « qui est beau chatel et fort »[23] depuis peu au pouvoir des Anglais.

A cette dernière rencontre, l'armée du comte de l'Isle surprise par le comte de Derby est taillée en pièces et lui-même est fait prisonnier avec un grand nombre de chevaliers.

Dès lors l'invasion s'étend sans résistance sérieuse et atteint au sud Bonneval (Lot-et-Garonne), au nord Angoulême (Charente).

Plus au Nord, les désastres de Crécy (1346) et de Poitiers (1356) mettent le royaume à la merci du roi d'Angleterre qui impose à Jean-le-Bon, le honteux traité de Brétigny.

Première phase de recul, de 1360 à l’avènement de Charles VI (1380).

Le traité de Brétigny qui confirmait au roi d'Angleterre la possession de la Guyenne, causa dans cette province un très vif mécontentement. Un certain nombre de villes refusèrent d'ouvrir leurs portes à l'étranger et les seigneurs fidèles à la foi française[24] reprirent les armes.

Bientôt, grâce à la sage administration de Charles V, combinée avec l'habileté et la valeur du connétable Duguesclin, l'influence anglaise fut ruinée et les provinces perdues reconquises.

Il ne restait en 1380, à l'envahisseur, à la mort de Charles V que les cinq ports de Bayonne, Bordeaux, Dunkerque, Cherbourg et Calais.

Deuxième phase d'avance de 1380 à l'entrée en scène de Jeanne d'Arc (1429).

A l'avènement de Charles VI, la guerre fut en fait suspendue jusqu'en 1392. A cette époque, la folie du Roi, la discorde existant entre son frère et son oncle qui se disputaient le pouvoir, d'où naquit l'effroyable guerre civile des Armagnacs et des Bourguignons, plongèrent la France dans un état complet d'anarchie.

Les Anglais que leurs propres dissensions avaient depuis longtemps empêché de recommencer leurs attaques contre la France, profitant des circonstances, reprirent l'offensive. La victoire d'Azincourt (1415) leur ouvrit, toutes grandes, les portes de la Normandie et le traité de Troyes (1420) les rendit maîtres de toute, la partie septentrionale de la France et aussi de Paris.

Jamais péril ne parut plus grand. Une ardente patriote, Jeanne d'Arc, le conjura.

Deuxième phase de recul de 1429 à l'expulsion définitive des Anglais (1463).

Humble fille des champs lorrains, Jeanne d'Arc eut sa jeunesse bercée au bruit des maux dont souffrait la France qu'elle se prit à aimer passionnément et qu'elle dit vouloir sauver.

En 1429 le rêve devint une réalité.

Par elle, en effet, Orléans est délivrée et l'indolent Charles VII est sacré à Reims.

Mais peu après, en 1431, faite prisonnière à Compiègne, elle est livrée à un tribunal ecclésiastique dévoué à la causé anglaise, qui n'hésite pas à envoyer au bûcher, comme hérétique, l'héroïne qui cependant méritait si bien de l'Eglise par sa piété et de la France par son patriotisme.

Cette mort, escomptée par les Anglais, ne leur fut d'ailleurs pas profitable, car peu à peu refoulés et enfin culbutés en 1453 près de Lamothe-Montravel (bataille dite de Castillon), nos « bons amis » furent, cette année même, « boutés hors de France »[25].

À laquelle des deux phases d'avance qui caractérisent la guerre précitée, peut être rattachée l'attaque de Fanlac ? Aucune indication certaine ne nous permet de l’établir. Elle peut tout aussi bien dater de l'une que de l’autre. Qu'importe, au surplus, le bel exploit de Jean de la Jalage peut il être amoindri du fait que reste inconnu le moment ou il se produisit ? Nous ne le croyons pas. Contentons nous donc, en attendant le document qui jettera la clarté nécessaire sur ce point obscur, de rester dans la tradition qui assigne le XVe siècle, c'est-à-dire la seconde phase d'avance, à l'attaque dont il s'agit.

La représentation, dans une altitude martiale, de Jean de la Jalage amputé du bras droit et la main gauche paraissant appuyée sur la garde de son épée, fut exécutée, ainsi que l'avait ordonné le seigneur d'Auberoche et encastré à sept mètres au dessus du sol, dans la façade latérale orientée Nord, de l’église actuelle de Fanlac. Le personnage qu'elle comprend et que reproduit au 1/10e la photo (non reproduite ici – note C.R.), mesure 0m50 de hauteur.

Ajoutons que si, d'une part, les intemperies de cinq siècles ont, en effritant la pierre, dégradé ce petit monument et que si de l'autre sa facture est grossière et révèle la main inhabile d'un artisan local, le beau trait d'héroïsme qu'il rappelle permet de passer outre à toute considération d'esthétique le concernant et justifie pleinement, pensons-nous, sa mention dans les annales de notre Société.

Ch. Durand.



[1] Selon d'autres, à Pépin d'Aquitaine et à Charles-le-Gros. Cf. Marmier (G.), De l'origine du monastère de Sarlat, dans le Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, t. IX, p. 542-546.

[2] Cf. sous réserves la Vie de saint Sacerdos..., par l'abbé Pergot, Périgueux, 1866, 8°.

[3] Mourcin, dans ses Notes de voyages en Périgord (1824-1828), parle de doux groupes et d'une ou deux figures rajustées au dessus du portail. Il y voit des « allégories », comme on en faisait avant le IXe ou Xe siècle. Cf. Bull. précité, t. V, p 449.

[4] Cf. Gallia Christiana, éd. de 1720, t. II, col. 1522.

[5] M. de Roumejoux a donné des détails sur l'activité d'Esclache en Périgord. Cf. Bull. cité, t. XXXIII, p. 39.

[6] La Gallia Christiana se trompe en disant que la nouvelle église fut consacrée par l'évêque sous le vocable de Sainte-Marie, le lundi de Pâques 1507. Elle a confondu la cathédrale avec l'église Sainte-Marie du Mercadil.

[7] Tous ces renseignements, à partir de 1504, sont empruntés aux Chroniques de Tarde, éd. de Gérard, 1887, p. 213, 222, 223 et reproduits dans Escande, Histoire de Sarlat, 2e éd., 1912, p. 112. Voir aussi une communication de M. Dujarric-Descombes, Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, t. XXVI, p. 201-202

[8] Original parchemin, aux Archives, de la Dordogne, Série G., II 56.

[9] On voit en effet, d'ans le Catalogue des actes de François Ier, t. VIII, n° 31462 qu'en juillet 1538, ce Roi donna à Nicolas de Gaddi, 2.250 livres en récompense de ses services et pour l'aider à soutenir la dépense qu'il devait faire auprès de la personne royale.

[10] Pourtant, le 5 mai 1536, le Roi lui avait abandonné tout ce qui lui revenait pour l'évêché de Sarlat sur le don du Clergé au Roi, ib., t. III, n° 8434.

[11] Dans son Précis historique sur la ville  de Sarlat et ses  évêques (suite). Calendrier de la Dordogne, 1839, p. 278-279.

[12] Cf. Archives historiques de la Gironde, tome xiii, p 327. Le collège fut fondé le 11 juin 1578, avec le consentement de l'évêque François de Salignac qui fit donation d'un bénéfice.

[13] Un trou dans le papier a enlevé ce mot et un autre à la ligne en-dessous ; les deux sont faciles à suppléer.

[14] Les deux lignes qui suivent ne se relient guère à celles qui précèdent. Le premier mot est notamment incompréhensible bien qu'il soit correctement écrit : menez?

[15] Bernard Journu épousa Monique Aubert et prit le nom de sa femme. Ils n'eurent qu'une fille. Un frère cadet de Bernard, Auguste Journu, seigneur de la baronnie de Saint-Magne, est le seul des enfants de Bonaventure, qui eut de.la postérité.

[16] Note de M. Huet, d'après le Fonds Périgord, vol. 157, f 8.

[17] L'accouplement de messire et de maître est rare. Messire devint monsieur dans les qualifications données aux magistrats. On peut se demander si ici messire n'est pas une sorte de qualification nobiliaire, qui, sans ce caractère, devint l'apanage du clergé.

[18] Ce document, peu sérieusement documenté, nous semble présenter plus d’intérêt pour notre connaissance des sociétaires de la SHAP à la fin de la 1ère mondiale (on notera ainsi l’expression « la foi française »), que du point de vue historique. Le lecteur trouvera des informations bien mieux documentées ailleurs sur ce site concernant la chevauchée de Derby/Lancastre (note C.R.).

[19] Ce Jean de la Jalage était apparemment périgourdin. Au dire, en effet, des Registres des Comptables de nos archives communales (C. C. 94, 96 et 97), un Jalage Helies fut quatre fois en 1472, 1475, 1480 et 1489, consul de la ville de Périgueux. Un autre Jalage Forton fut aussi, en 1492, consul de notre ville, enfin un troisième Jalage Jacques fut par deux fois en 1500 et 1505, comptable dans l'administration consulaire.

Nous devons enfin à notre obligeant vice-président, M. Dujarric-Descombes, communication d'une lettre de convenances, de beaucoup postérieure (1667) écrite par un Jalage au Chevalier de Puymarteau, près de Brantôme, alors blessé de guerre à Tournay.

Cette lettre porte un intéressant cachet de cire rouge inédit aux armes de cette famille qui, d'après notre érudit confrère .M. de Saint-Saud, peuvent être définies comme il suit :

D'argent à 2 chevrons de ….. au chef de …… L'écu surmonté d'une couronne comtale et supporté par deux lions.

Ces indications ne sont évidemment pas suffisantes pour identifier notre personnage. Il en résulte toutefois qu'il exista jadis à Périgueux notamment, une famille de son nom, ce qui est déjà, en attendant mieux, un point acquis à notre thèse.

[20] Commune de Fanlac, ancien repaire noble avec haute justice sur Fanlac. Cette seigneurie est distincte d'autre Auberoche situé dans la commune du Change près de Périgueux, siège d'une châtellenie formé de 14 paroisses qui joua, pendant les guerres anglaises, un rôle très important.

[21] Commune, canton de Montignac, ancien fief de la seigneurie d'Auberoche était une des 12 paroisses qui constituaient la châtellenie de Montignac-sur-Vézère, jadis le Comte.

[22] Histoire et. chronique mémorable de Messire Jehan Froissart, Paris, 1574. Volume premier, page 107 et suivantes.

[23] Ce château dont la garnison causa tant de maux à la communauté de Périgueux, fut pris en 1415 par les bourgeois de cette ville et détruit (Archives communales, B. B. 13).

Cette destruction ne parait cependant pas avoir été aussi complète que le mentionnent nos archives, à moins toutefois que le château retombé par la suite aux mains des Anglais n'ait été restauré puisque huit ans plus tard, la 30 mars 1423 (1424 nouveau style), 30 bourgeois de Périgueux se rencontrèrent à la Baconie (commune de Boulazac) en un combat singulier qu'aucune histoire ne relate, avec 23 hommes d'armes de la garnison d'Auberoche, renouvelant ainsi le combat fameux des Trente qui, en 1351, fut livré près de Ploermel entre 30 chevaliers français et autant d'anglais.

[24] Il s'en trouva et non des moindres qui, pour satisfaire leurs intérêts, leurs passions ou leurs haines se firent tour à tour anglais et français ; de préférence anglais pour mieux opérer sur terre française.

Allies aux capitaines anglais et aux bandes de routiers qu'ils conduisaient, ils pillaient les habitants des campagnes et volaient leur bétail, ils détroussaient les voyageurs qu'ils rencontraient sur les chemins el rançonnaient tout ce qui passait à portée de leurs repaires.

Les archives communales de Bergerac possèdent un registre spécial intitulé « Lo libre de Vita » (Bulletin, tome XIV, page 104 et suivantes) qui évoque ces temps douloureux et mentionne les méfaits qui, de 1378 à 1382 désolèrent cette communauté.

Périgueux n'a pas de registre analogue ; mais des inscriptions nombreuses de même nature que son Livre Vert contient (B.B. 18) permettraient d'en dresser un plus complet en ce qu'il s'étendrait sur toute la période afférente à la Guerre de Cent ans et non moins suggestif que celui de Bergerac.

[25] A l’exception de Calais qu’ils possédaient encore et conservèrent jusqu’en 1558.

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