Source : Bulletin SHAP, tome XLVII (1920)
·
Notes archéologiques sur la cathédrale de Sarlat au XVIe siècle (G.
Lavergne)
·
Requête présentée à l’évêque Louis de Salignac par les consuls de Sarlat
au sujet du collège de Sarlat (Ch. Dangibeaud)
·
Testament de Jeanne du Tustal, mère d’Aimar de Ranconnet (Comte de
Saint-Saud)
·
Jean de la Jalage « héros périgourdin » (Ch. Durand).
pp. 155-161.
NOTES ARCHÉOLOGIQUES : TRAVAUX
A LA CATHÉDRALE de SARLAT AU XVIe SIÈCLE
L'église
abbatiale de Sarlat, dont on fait remonter la fondation à Pépin et à
Charlemagne[1], avait été érigée en cathédrale
par le pape Jean XXII, le 13 janvier 1317, sous le titre de Saint-Sacerdos, qui
tient une si grande place dans l'hagiographie périgourdine[2]. C'était, à en juger par ce qu'il
en reste, un édifice de style roman qu'il eût été bon de conserver[3].
Au début du XVIe,
l'évêque Armand de Gontaud entreprit de le raser pour le rebâtir dans le goût
de son époque avec la splendeur requise pour une cathédrale. Le 18 juillet
1504, on commença à démolir l'ancienne église ; le 6 février 1505, furent jetés
les fondements de celle qu'on voit aujourd'hui, et les premières pierres posées
par Jean de Magnanat, vicaire général, et Guillaume de Plamon, prévôt du
Chapitre, dans les chapelles construites autour du chœur, celle de Saint-Pierre
et celle du Saint-Esprit[4]. L'architecte était le fameux
Pierre Esclache, qui avait récemment travaillé à l'église paroissiale[5]; l'entrepreneur, Blaise Bernard,
maître-maçon de Sarlat[6].
La bâtisse était
loin d'être achevée quand Armand de Gontaud résigna l'évêché de Sarlat on
faveur de Charles de Bonneval (1519) et devint archevêque de Nazareth. Mais il
s'était réservé la collation et l'institution des bénéfices du diocèse, ainsi
que la jouissance du doyenné d'Issigeac et de ses dépendances.
On s'explique assez par là que ses
quatre successeurs, Charles de Bonneval (1519-1527), Guy d'Aydie (1527-1529),
Jean de Rilhac (1529-1530) et Jacques de Larmandie (1530-1533), privés d'une
partie de leurs ressources temporelles, et restés fort peu sur le siège
épiscopal de Sarlat, se soient peu souciés de continuer à leurs frais les
travaux de la cathédrale. En 1530, le Chapitre de Sarlat rendait Armand de
Gontaud seul responsable des lenteurs apportées à l'achèvement de l'édifice et
introduisait une instance contre l'archevêque de Nazareth par devant le
Parlement de Bordeaux.
Un arrêt de cette cour du 4 mars
1530 ordonna que les arrérages de revenus dus aux feus évêques de Bonneval et
d'Aydie seraient payés et employés à la réparation de l'église cathédrale.
Un arrêt du 2 août suivant condamna Armand de Gontaud à payer
annuellement au Chapitre, tant qu'il jouirait des revenus d'Issigeac, une somme
de 660 livres pour la continuation de l'œuvre. En outre, Etienne Bardoin,
Giraut, Pommier, Guillaume Médron et Malhurin Galopin, maîtres architectes de
Bordeaux, furent chargés par la Cour de visiter le chantier et de décider si la
construction serait poursuivie ou recommencée sur un autre plan. Après
expertise faite en présence de Jean de Perron, conseiller également délégué par
le Parlement, les experts présentèrent un rapport dans lequel ils reconnurent
unanimement que l'ouvrage déjà fait devait être démoli, comme manquant de
solidité[7].
Armand de
Gontaud mourut le 17 septembre 1531. Un arrêt
du Parlement du 4 juin 1532, décida
que les fondations de l'église de Sarlat seraient recommencées. Qu'allait, à ce
sujet, faire le successeur de Jacques de Larmandie, décédé en octobre 1533 ?
Assez peu sans
doute, puisque le document de 1546[8] que nous transcrivons à la suite
de ces notes, nous montre l'évêque Nicolas de Gikli (1534-1546), aux prises avec le Chapitre sur l'achèvement de la
cathédrale.
En 1536, ce prélat
apparenté aux Médicis et diplomate subtil, qui devait l'évêché à François Ier,
s'était engagé envers les Chanoines à employer annuellement une somme de 600 livres
tournois à la réparation de l'église. Or, dix ans après, vers le moment où il
résigna son évêché en faveur de François de Sennetère (1546), un procès
était pendant au Parlement de Bordeaux entre Nicolas de Gaddi et le syndic du
Chapitre de Sarlat.
Le syndic
prétendait que l'évêque n'avait pas tenu ses promesses et que l'église était
encore en ruine. Il avait fait saisir les revenus affermés par l'évêque et en
réclamait la main-levée au profit des réparations de la cathédrale, à raison de
600 livres par an, sauf à déduire tes dépenses dont l'évêque
pourrait justifier.
A ces
prétentions, le Cardinal de Gaddi opposait des arguments pleins d'intérêt pour
nous. Il disait qu'il n'était pas lié par ses engagements de 1536, parce
qu'à la suite de pertes de biens subies par lui en Italie pour soutenir la
politique du roi de France[9], il avait
été dispensé par François Ier de contribuer aux réparations ; que nonobstant
cette licence, et après avoir payé au Roi plusieurs dons gratuits[10], il avait employé
au bâtiment de la cathédrale une somme de 2.600 livres tournois, estimant
qu'ainsi, il avait fait plus qu'il ne devait.
La Cour ayant
ordonné que le Cardinal de Gaddi rendrait compte des réparations qu'il avait
faites et des deniers qu'il avait payés au Roi pour le diocèse de Sarlat,
l'opération n'aboutit qu'à quelques observations du syndic du Chapitre sur
certains articles des comptes épiscopaux. On en vint à envisager que le
différend pouvait se terminer par une transaction amiable.
Le représentant du Chapitre
abandonna toutes ses prétentions à l'égard de Nicolas de Gaddi. De son côté, le
représentant du Cardinal, Eusèbe de Carbon, son maître d'hôtel, fit don aux
Chanoines d'un certain nombre d'ornements destinés au service divin, énumérés
dans l'acte ci-dessous.
L'abbé Audierne
ne s'était pas trompé lorsqu'en se fondant sur l'un des vitraux de la
Cathédrale de Sarlat, il reconnaissait dans le Cardinal évêque de Gaddi un
bienfaiteur de cette église[11]. Il reste entendu qu'il ne faut
rien exagérer, ce Florentin nous semblant avoir mesuré ses dons au plus juste.
Géraud Lavergne.
1546. Sarlat. — Transaction entre le Chapitre de la Cathédrale de
Sarlat et l’évêque Nicolas de Gaddi, représente par son procureur et maître d’hôtel
Eusèbe Carbon, terminant leur procès au sujet des travaux de l’Église
cathédrale.
Saichent
tous que aujourdhui vingt troisiesme ……… quarante six, régnant Françoys, par la
grâce de Dieu roy de France, par devant moy notaire roial soubzsigné et
tesmoings dessoubz escriptz et nomez, en l'église cathédrale de la ville et
cité de Sarlat et au chapitre d'icelle, estans illec assemblés, à son de la
campane, religieuses persones frères Bertrand de Salignac, grand prieur,
François de Serveilh, enfermier, Jehan Milonis, prebendier, Léonard Du Bois,
Ramond de Gavel, ouvrier, Jehan de Cheylard, soubz prieur et Françoys de
Bruzac, prevost, religieulx de lad. esglise, ordre de Sainct Benoist, le
chapitre de lad. esglise faysant d'une part, et noble Eusebe Carbon, maistre
d'hostel et procureur de monseigneur le Reverendissime Cardinal de Gaddis,
naguieres evesque de lad. esglise, d'aultre : sur le procès et différent
qu'estoict en la Court de Parlement de Bourdeaulx entre le scindic desdictz
religieulx et chapitre, demandent et requérant main levée d'une part et le
Reverendissime Cardinal de Gaddis, défendeur, d'aultre, led. scindic disant que
dès l'an mil cinq cens trenfe six, estant lors led. Cardinal Evesque de Sarlat,
par accord et transaction entre led. seigneur et led. scindic et religieulx
faicte, icellui cardinal auroict promis employer chacune année la somme de six cens livres tournois à la réparation
de lad. esglise et pour ce faire, auroit obligé tous et chacuns ses biens ; que
durant led. temps, il n'auroit satisfaict aud. accord, dont l'esglise estoict
encores en ruyne ; à ceste cause auroit faict saysir soubz la main du Roy ce
que estoict deu aud. seigneur par Gabriel et Jehan de Sezatz, ses fermiers, et
requis que la main luy fust levée au profitt de lad. réparation jusques à la
concurrence de ce qu'il se troveroit redevable, à la raison de ses six cens
livres tournois pour an. du temps qu'il a tenu led. evesché, desduict ce qu'il
monsteroit y avoir employé: led. Cardinal disant que le Roy, en contemplation
des services qu'il luy avoit faictz, et que, pour tenir son parti, il auroit
perdu de grans biens en Italie, l'auroit par ces letres patentes sur ce dès
led. temps exempté de lad. réparation et, oultre ce, pour les affaires du Roy,
il auroit aud. temps octroyé au Roy, tant pour luy que pour tout le Clergé de
sond. diocèse, plusieurs dons gratuitz et iceulx payez, que montoit une grande
somme de deniers, plus haute que celle qu'il estoit par led. accord tenu
employer à lad. réparation, lesquelz deniers le Roy entendoit luy estre alouués
à lad. réparation, comme il l'avoit par ses letres patentes déclairé ; et
neantmoings, auroit employé plusieurs et grandes sommes de deniers à lad.
réparation ; par quoy disoit led. debte avoir esté à tort et sans cause saysi
et lad. main lui debvoit estre levée avecques despens, domaiges et interestz,
et tant sur ce auroict esté procédé que, par arrest de lad. Court, parties
ouyes, auroict esté ordonné que led. Cardinal rendroit compte des réparations
par luy faictes en lad. esglise, ensemble des deniers qu'il a au Roi payées
despuis led. accord. Pour ouyr lesquels comptes, auroit esté commis Me Léonard
Vacquier, juge ordinaire pour le Roy à Domme Vieilhor, par devant lequel, en
presance de religieuses personnes frères Bertrand de Salignac, grand prieur de
lad. esglise, Pons de Salignac, chambrier, Jehan de Mylon, religieulx de lad.
esglise, commis par led. Chapitre, auroit led. Cardinal exhibé ses comptes et
monstre clairement qu'en dix années qu'il avoit tenu led. evesché despuis led.
accord, il avoit payé au Roy vingt décimes du revenu de son evesché, et oultre
ce, auroit employé deulx mil six cens livres tournois et plus à lad.
réparation, qu'est plus qu'il n'estoit tenu suyvant le bon plaisir du Roy et
que led. scindic, après avoir veuz et calculez lesd. comptes, ayt dict qu'il
avoit eu juste cause de faire saysir lad. debte jusques à ce qu'il a veu lesd.
comptes et, sur aulcuns articles d'iceulx, desduict quelques pretendences qui
ont esté arrestées et clozes par led. commissaire pour éviter frais et despens
; et pour entretenir l'amityé dud. seigneur Cardinal avec lesd. religieulx et
esglise, par le conseil et adviz de leurs amis, sont venus à telle transaction
et accord soubz le bon plaisir de lad. Court de Parlement et non aultrement,
scavoyr est que led. Cardinal, jaçoit que par sesd. comptes, clos et arrestez
par led. Commissaire, ne soit trové redevable et ne puisse estre contrainct à
payer aulcune choze à lad. réparation, ains luy fust tenu led. scindic es despens,
domaiges et interest du retardement et arrest de sond. debte, icelluy Carbon,
au nom que dessus, a libéralement et de sa volunté, promis donner et donne dès
à présent à lad. esglise deux chappes pluviaulx, une chasuble et deux
courtibaultz d'une mesme couleur de soye et de la couleur qu'il plaira aud.
seigneur Cardinal, garnies d'orfroys beaulx et riches, sellon l'exhigence desd.
ornemens, et moyennant lesd. ornemens et vestemens, la fasson desquels lesd.
religieulx remectent au bon plaisir et libéralité dud. seigneur, led. scindic a
promis bailler procuration à consentir à lad. Court de Parlement, comme dès à
présent conscent, que la main du Roy apposée sur led. debte, soit levée au proffict
dud. seigneur Cardinal, et ce sous despens de lad. instance et à requérir que
ce présent accort soit auctorisé par lad. Court ; et à tenir ce que dessus
lesd. parties d'ung cousté et d'aultre, respectivement, au nom que dessus, se
sont obligées elles et leurs biens presens et advenir et pour ce faire ont
renuncé à tout previlleige de droict, de faict et de coustume, par laquelle
pourroint venir au contraire de ce que dessus, et ont volu et consenti, pour
l'entretenement de ce que dessus, estre contrainctz et compellez par la Court
de Msr le Seneschal de Perigourt et par toutes aultres courtz de ce Royaulme,
tant d'église que temporelles, l'une ne cessant par l'aultre et ont promis et
juré lesd. parties, respectivement, au nom que dessus, sur les Sainctz
Evangilles Nostre Seigneur, de leurs mains dextres touchés, ne venir au
contraire de ce que dessus, et neantmoings iceulx religieulx sus... led.
Chapitre... comme dessus à faire et prester led. consantement, faict et
constitué leurs procureurs à comparoyz pour eulx eu la souveraine Court de
Parlement de Bourdeaulx, maistres Jehan Chassaing (un blanc) et chacun d'eulx
avec puissance de substituer, et promis avoir pour aggreable ce que sera faict
par sesd. procureurs et ung chacun d'eulx, et iceulx relever indempnes, soubz
obligation des biens dud. chapitre, et ne venir au contraire des choses susd.,
comme ont jure aux Sainctz Dieu Evangilles et neantmoings, ont louué, approuvé
et ratiffié l’arrest de compte faict par devant led. Commissaire, par lesd. de
Salignac, prieur; de Salignac, chambrier et de Mylon, religieulx de lad.
église. Desquelles choses susd., lesd. parties d'un cousté et d'aultre
respectivement, au nom que dessus, ont requis instrument à moy, notaire royal
soubz-signé, que leur ay octroyé faire et bailler, les jours moys et lieu et
régnant que dessus, es présences de maistres Jacques Ceron et Jehan Plamon
jeune, notaires et procureurs aud. Sarlat, tesmoings cogneuz à ce dessus
presens et appellez. Dorlac, notaire royal, que soubz lad. auctorité ay receu
ce que dessus à ce requis.
pp. 241-244.
REQUÊTE PRESENTEE A LOUIS DE SALIGNAC
évêque de sarlat, par les consuls
de cette ville au sujet du collège
Cette
requêté fait partie du dossier de la famille de Salignac-Fénelon appartenant à
la bibliothèque de Saintes (fonds
de Beaumont N° 536 XXXVII). Elle n'est pas datée ; mais l'expression « d'homme de
recommandable mémoire », dont se sert le rédacteur de cette supplique en
parlant de Pierre de Blanchier est un indice certain qu'elle est postérieure au
16 septembre 1580, date de l'assassinat de ce Pierre Blanchier, conseiller au
Parlement de Bordeaux, alors retiré en Périgord[12]. Comme, d'autre part, Louis de
Salignac, succédant à son oncle François, sur le siège épiscopal de Sarlat, ne
prit possession de son évêché que le 7 septembre 1579 et ne lit son entrée dans
la ville que le 28 mai 1580, il n'a pu attribuer au collège le revenu de 200
livres d'une prébende préceptoriale avant octobre 1580.
Ecrite sur une
feuille de papier format grand écolier, la requête n'est signée que du syndic.
L'inattention du scribe a rendu un paragraphe peu intelligible. Du reste, tout
l'intérêt du document réside surtout dans la psychologie des requérants qui
manifestent une défiance marquée à l'égard du personnel enseignant de leur
temps et portent sur le haut clergé une insinuation malveillante qu'ils ne
cherchent pas à atténuer.
Ch.
Dangibeaud.
Monseigneur
l'evesque de Sarlat,
Monseigneur, les consuls, scindic,
manans et habitans de la ville principale de vostre diocèse, vos très humbles
Serviteurs, vous remonstrent en toute humilité que oultre les grands biens tant
spirituels que temporelz qu'ils ont receu de vous, despuis que vous estes
constitué en la charge et dignité d'evesque de ceste présent (sic) ville,
adjoustant puys quelques jours en ça à vos biensfaictz, poussé d'un grand zèle de
l'honneur de Dieu et du bien que désirez à tout le
trouppeau de vostre bergerie, selon vostre bon instinct naturel, vous a pleu
enrichir d'un fort beau et grand présent les fondemens gectéz d'un colliége en
ceste ville par Monsieur de Blanchier, conseiller en la Court de parlement de
Bourdeaux, l'homme de recommandable mémoire et à vous, Monseigneur, fort
agréable et suyvant voz bonnes intentions, poser deux fortes colonnes de piété
et de justice pour eslever la vertu ennemye d'ignorance, laquelle comme d'un
hault spectacle aves preveu prendre place en ce pays, et par toute la France
par le malheur des guerres civiles,
Duquel don et présent, Monseigneur,
nous ressentans de beaucoup sommes venus nous présenter à vous, pour vous en
remercier très humblement pour tout le corps et communaulté de vostre ville, et
vous offrir de leur part, et nostre, très humble service à jamais en
recognoissance de voz biensfaicts.
Et parce que, Monseigdeur, par
l'escript qu'il vous a pleu nous envoyer, pourtant déclaration de vostre
vollonté et intention, sur la dotation du dict colliege, avez entendu que la
prébende preceptoriale et les deux cens livres de revenu qu'il vous plait de
donner fussent affectez à la personne du recteur ou principal dudict colliege,
et non au corps d'icelluy.
Avons advysé vous faire très humble
requeste qu'il vous [plaise][13], considérer sur ce que les papes, cardinaulz,
archevesques, [évesques], qui ont esté cy devant poussez de mesme zèle et
intention que vous, à faire plusieurs belles fondations et dottations de
collièges en beaucoup de bonnes villes de la France, Paris, Thoulouse,
Bourdeaux et aultres, ont tousiours affecté les bénéfices et prébendes aux
corps desdicts collièges et non aux personnes pour que suyvant leurs sainctes
vollontéz le reveneu d'iceulz fust distribué par les principaulx recteurs ou
equonomes des dicts collièges [ ][14] possible des considérations et inconvenians que nous vous
supplyons vouloir entendre et prendre en bonne part,
Premièrement que si le tiltre pension
et beneffice demeurent affectez à la personne du recteur dudict colliege,
pourra advenir que ledict recteur (selon la fragilité de nostre nature) se
randra vicieux pour gaster et infecter la jeunesse qui sera soubz sa charge,
que seroit comme nous avons veu advenir souvant de nostre temps, ce qu'à Dieu
ne plaise, si ledict recteur devenoit hérétique ou autrement despravé et
corrompu en ses mœurs, que sont de grandz tares en l'ame,
Comme aussy luy pourroient survenir
en son corps des accidens de longue maladye qui le rendroient peult estre
inhabille à jamais pour faire les functions de sa charge, ou bien peult estre
l'envye qu'il auroit de s'en aller tenir et demeurer aultre part, le feroit
s'absenter pour ung long temps ou pour tous jours, de
sorte que ne pouvant les dicts recteurs ou principaulx qui seraient une foit
pourveux par vous ou voz successeurs estre destituez de leurs charges,
adviendroit que vous (monseigneur) et voz successeurs demeureriez frustrez de
vos sainctes et louables intentions, et la jeunesse privée du fruict que vous
espérez que par tel moyen elle en doibt recullir et recepvoir, pour aultant que
les fruictz du dict beneffice et pension. Suyvroient la personne du dict
recteur qui seroit inhabille de leur pouvoir proffiter, davantage advenant
vaccation de la charge de recteur ou principal, comme il se void difficile et
malaysé (au temps qui court) de trouver personnes califfiées et dignes de telle
charge, le revenu dudict beneffice et prébende pendant ledict temps demeureroit
perdu pour ledict colliège et les regens desnuez et despourveuz de moyens pour
s'entretenir.
Et que pis seroit encore (dont Dieu
nous vueille préserver par sa Saincte miséricorde) pourroit advenir que vous,
Monseigneur, aurez des successeurs qui ne vous imiteront en honneur et vertu,
et comme nous en avons veu plusieurs exemples et s'en void encore pour le
jourduy à nostre grand regret, qui donneroient l'office de recteur ou le revenu
destiné audict colliége à quelque homme ignare, vicieux et mal famé, qui du
premier jour mettroict en ruyne et confusion ce que vous prenez grand peyne
d'élever et bastir, lesquelz inconvenians et autres qu'il y pourroit avoir
cesseront s'il vous plait, Monseigneur, trouver bon que les dicts beneffice et
prébende soyent unys et incorporez au corps du dict colliège.
D'où en adviendra plusieurs grandz
biens, scavoir que oultre l'obligation que nous aurons beaucoup plus grande en
nostre endroit, la postérité se ressentira beaucoup plus de Vostre bienfaict et
la mémoire de vostre nom plus recommandée parce que voz successeurs en donnant
le tiltre à quelque recteur s'atribueroient l'honneur qui vous est deu de ce
bienfaict,
Cela faira encore que vos dictz
successeurs, ensemble les corps des chappitres de vostre diocèse et les
seigneurs et gentilzhommes temporels de ce ressort seront incitez d'apporter
chascun une pierre à ce bel édifice et à vostre exemple seront convyez
l'enrichir de leurs biens pour [ ] randre parfaicte et durable une si belle
œuvre à la gloire de Dieu et de la République chrestienne,
pour ces causes et raisons,
Monseigneur, Vous supplyons trestous, voulloir incliner à nostre très humble
requeste qui augmentera de plus en plus la bonne dévotion que nous avons au
service de vous et de vostre maison pour demeurer soubz la conduicte de vostre
haollete tant qu'il plaira à Dieu, vous randant le service, honneur et
obeyssance que nous vous devons, le suppliant pour vostre pros [perité] et
santé.
CORDIER, Sindic desdicts manans et
habitans.
Au dos : Requeste de Messieurs les consuls de Sarlat à M. leur
evesque pour la fondation du collège.
pp. 279-282
JEANNE DU
TUSTAL, MÈRE D'AIMAR DE RANCONNET et son testament (1509)
Maintes fois,
dans les pages de notre Bulletin,
il a été
question d'Aimar de Ranconnet, cet infortuné Périgourdin membre du Parlement de
Bordeaux, cet érudit précurseur des érudits parlementaires de cette ville, qui,
au XVIIIe siècle, devaient briller d'un si vif éclat. On y parla, on
y discuta sur son origine périgourdine ou bordelaise. Sut-on seulement que sa
mère était « Bordelaise » bien que portant un nom périgourdin ? A l'aurore du XVIe
siècle, le Périgord par les Fayard, les Camain, les Le Comte, les Tustal, les
Saint-Angel, etc., faisait bonne figure au Parlement. Plus tard, revirement. Ce
sont les parlementaires de Bordeaux, les d'Augeard, les d'Aulède, les Gourgues,
les du Sault, etc., qui acquièrent de bons fiefs en notre province.
Mais je reviens
à Ranconnet. Dans les susdites pages, de sa famille maternelle point n'est parlé. Que sait-on jusqu'à
présent sur sa mère ? Je l'ignore. Il est vrai que je n'ai pas la brochure que
Tamizey de la Roque a consacrée au « Grand homme oublié. » Il est vrai
toutefois que je possède celle qu'un Autrichien, le baron de Ranconnet (de son vrai nom Eugène de Rançonnet-Villez) a
publiée sur Aimar de Ranconnet ; intéressante notice, imprimée, il
y a dix ans, à Périgueux.
On y lit que
François de Ranconnet (qui ne fut point conseiller au Parlement, quoi qu'en
dise un mémoire du XVIe siècle, qu'a vu le baron) épousa « Jeanne de
Tustal, fille de Bertrand de Tustal ou Tustard, président au Parlement de
Bordeaux et de damoiselle Perrine Duplessix. Jeanne fit son testament le 18
juillet 1509. » Plus loin il est dit qu'Aimar issut seul dudit mariage.
Dans tout cela
il n'y a d'exact que la date du testament de Jeanne de Tustal (rien de
Tustard). Qui était donc Jeanne? Une bonne Bordelaise, mais très mâtinée de sang périgourdin. Sa mère se nommait
Sérène de Pelisses (ce qui ne ressemble en rien à Péronne Duplessix), de nos
Pelisses de Thiviers, sans nul doute. Son père, Bertrand de Tustal,
probablement procureur du Roi au siège de Sarlat en 1481, fut
lieutenant-général en la sénéchaussée de Guyenne en 1483, conseiller, puis
président au Parlement de Bordeaux en 1497. Ses petits-fils aliénèrent les biens
qu'il avait hérités en Sarladais.
J'ajoute qu'on tenait beaucoup au
nom de Tustal dans la famille puisqu'il y avait des maynements ainsi désignés
près de Costerauste en Quercy, où j'ai découvert une de leurs branches à ces
époques ; puisqu'un terrain acquis dans la paroisse de la Tresne, près de
Bordeaux, s'appelait le « dixmon de Tustal », et qu'un bien dans Sadirac portait
aussi ce nom. Il n'est pas jusqu'à une autre terre de ce nom, sise en cette
région, qui advint, je ne sais comment, à une famille bordelaise, les Journu,
dont un membre, Journu-Aubert, fut créé comte de Tustal sous l'Empire, nom
passé, mais sans le titre, par succession dans la famille Le Grix de La Salle[15]. Et la rue Tustal à Bordeaux ? Au XVIe les Tustal
possédaient deux maisons près de l'église Saint-Projet, dont l'une était rue de
Tustal, et l'autre, rue Jus-le-Mur, avec jardin donnant rue du Loup. (Le nom de
la première et de la troisième sont conservés.)
Ajoutons que les
premiers conseillers Tustal avaient comme frère et cousins de leur nom à
Bordeaux des marchands (François, Giron), des banquiers (autre François), dont
ils héritèrent, en partie du moins.
Ceci dit revenons à Jeanne Tustal
mariée en 1497 (Haag : date à vérifier) à François de
Ranconnet, lequel est indiqué, dans la brochure citée, comme ayant testé en
janvier 1538, mais qui ne mourut que sept ans après, le 3 janvier 1543, ayant
testé le même jour[16] et sur lequel rien de nouveau à
dire.
Jeanne
testa le 18 juillet 1509, à Bordeaux, devant Militis, notaire
royal de cette ville. Son testament est dans les minutes de ce notaire,
déposées aux Archives départementales de la Gironde sous la cote 3 E 12512, au
f° 325). Il est en langue romane assez décadente, et n'offre que peu d'intérêt.
Voici quelques-unes de ses lignes :
In nomine
Patris et Filii... conaguda... damiselle Johanna Tustal, molher de honorable
homme messire mestre[17] de
Ranconnet, licenciat en leys advocat en la présent court de parlament de
Bourdeaux estahs malauda... (Elle parle de l'église de Saint-Projet et demande
à être inhumée) dans la gleysa dessus designat en la sepellauda de deffunct
honorable homme messire mestre Bertrand Tustal, tiers president quen vivoyt...
Cedat et leyssat lad. testaressa a damiselle Sérenne Pélisses, sa may, la somma
de... livras tourneysas... (ainsi que) lo saphir et lo balay que la deyta sa
may ly a dat per ci avant... et leyssat lad. testaressa a damiselle Clémence
Tusta, sa sors, una roba descarlata... item cedat et leyssat... a sa filha...
Johanna de Ranconnet, la somma de cent livras tourneysas... Et ordonnat... son
heritey universal... Aimar de Ranconnet, son filh... natural et légitime... Die
decima octava mense Julii anno D. millesimo quingentesimo nono... (en présence
de) messire Arnaud de Pelisse, son auceri (?) vivant pronotari, Johanne
Petrucelli, Antonio Layarihac (?) Helie Pauli presbitero, domino Johanne
Syranols, presbitero, Johanne Langlardi notario...
A retenir les
noms de la mère de Jeanne, de sa fille Jeanne, dont la destinée n'est .pas
connue. J'ajoute que Clémence Tustal, sœur de la testatrice, épousa Guillaume
Bordes, conseiller référendaire en la Chancellerie.
C'est donc par
sa mère et non par son père qu'Aimar de Ranconnet put être à même d'avoir une
situation, que compromit, hélas ! sa fille, une vraie catin, cause indirecte de
l'emprisonnement et du suicide de son père.
Comte de Saint-Saud.
pp. 89-95.
UN HÉROS PÉRIGOURDIN : JEAN DE LA JALAGE[18]
Le
Périgord fut à toutes les époques — le fait est notoire — une terre classique
de bravoure. Compulsez, en effet, ses anciennes annales et ses « Livres d'or »
nouveaux ; lisez les noms gravés sur le marbre de ses colonnes commémoratives ;
considérez enfin le nombre des monuments élevés un peu partout, sur son
territoire, à la mémoire de ses morts glorieux et vous apprécierez combien de
ses enfants moururent pour la défense de notre douce France, leur Patrie
immortelle.
Jean de la
Jalage[19], lieutenant
du seigneur d'Auberoche[20], (de Fanlac)[21] fut un de ces braves et voici,
d'après une tradition bien conservée par la population Fanlacoise, le beau fait
d'armes qui, de lui, fit un héros.
A l'époque de la guerre de Cent Ans, au XVe
siècle, un lieutenant du seigneur d'Auberoche, fut un jour attaqué par les
Anglais dans le bourg de Fanlac. Il se nommait Jean de la Jalage. Retranché
avec sa troupe dans l'église actuelle qui était un fort, il se défendit avec
courage et eut, au cours de l'action engagée, le bras droit abattu d'un coup de
hache d'armes. En souvenir de ce fait glorieux pour le héros, le seigneur
d'Auberoche décida qu'une statue nettement incrustée dans le mur extérieur de
l'église, rappellerait aux habitants du bourg, la lutte héroïque de son
lieutenant.
Cette
statue sculptée en forme de bas-relief fut alors encastrée à l'endroit désigné,
on l'y voit encore aujourd'hui.
Nous avons, dans
un intérêt historique, cherché à dater l'attaque de Fanlac. Toutes nos
tentatives à ce sujet ont été vaines. Les historiens, conteurs de la guerre
dont il s'agit ne se sont, en effet, que peu étendus sur les événements qui se
passèrent alors en Guyenne. Leur attention s'est surtout portée sur les
provinces du Nord où plus étroitement se joua, en un drame poignant, le sort de
la France.
Cette guerre
qui, par sa durée (1337-1453) et les désordres qui en furent la conséquence,
désola notre pays et le couvrit de ruines, présente dans ses grandes lignes les
deux phases suivantes d'avance et de recul des armées anglaises d'invasion.
Première phase d'avance, du début des hostilités
(1337) au Traité de Brétigny (1360).
Sur cette phase,
Froissart[22] donne, en ce qui concerne la
Guyenne qui nous intéresse plus particulièrement, de très instructifs détails.
Il nous montre le comte de Derby
débarquant à Bayonne, le 5 juin 1344 (alias 1345), une armée qu'il conduit et concentre à Bordeaux pour
de là rayonner sur la contrée qu'il se propose d'envahir.
De son côté,
pour lui barrer la route, le comte de l'Isle Jourdain, sénéchal de Guyenne,
rassemble à Bergerac une armée, notamment composée de chevaliers gascons plus
braves qu'aptes à une action militaire disciplinée, aussi cette armée est elle
battue par deux fois : la première devant Bergerac qui se rend après quelques
jours de siège; la seconde sous les murs d'Auberoche (du Change) « qui est beau
chatel et fort »[23] depuis peu au pouvoir des Anglais.
A cette dernière
rencontre, l'armée du comte de l'Isle surprise par le comte de Derby est
taillée en pièces et lui-même est fait prisonnier avec un grand nombre de
chevaliers.
Dès lors
l'invasion s'étend sans résistance sérieuse et atteint au sud Bonneval
(Lot-et-Garonne), au nord Angoulême (Charente).
Plus au Nord,
les désastres de Crécy (1346) et de Poitiers (1356) mettent le royaume à la
merci du roi d'Angleterre qui impose à Jean-le-Bon, le honteux traité de
Brétigny.
Première phase de recul, de 1360 à l’avènement de Charles
VI (1380).
Le traité de Brétigny qui
confirmait au roi d'Angleterre la possession de la Guyenne, causa dans cette
province un très vif mécontentement. Un certain nombre de villes refusèrent
d'ouvrir leurs portes à l'étranger et les seigneurs fidèles à la foi française[24] reprirent les armes.
Bientôt, grâce à la sage
administration de Charles V, combinée avec l'habileté et la valeur du
connétable Duguesclin, l'influence anglaise fut ruinée et les provinces perdues
reconquises.
Il ne restait en 1380, à l'envahisseur,
à la mort de Charles V que les cinq ports de Bayonne, Bordeaux, Dunkerque,
Cherbourg et Calais.
Deuxième phase d'avance de 1380 à l'entrée en scène de
Jeanne d'Arc (1429).
A l'avènement de Charles VI, la
guerre fut en fait suspendue jusqu'en 1392. A cette époque, la folie du Roi, la
discorde existant entre son frère et son oncle qui se disputaient le pouvoir,
d'où naquit l'effroyable guerre civile des Armagnacs et des Bourguignons,
plongèrent la France dans un état complet d'anarchie.
Les Anglais que leurs propres
dissensions avaient depuis longtemps empêché de recommencer leurs attaques
contre la France, profitant des circonstances, reprirent l'offensive. La
victoire d'Azincourt (1415) leur ouvrit, toutes grandes, les portes de la
Normandie et le traité de Troyes (1420) les rendit maîtres de toute, la partie
septentrionale de la France et aussi de Paris.
Jamais péril ne
parut plus grand. Une ardente patriote, Jeanne d'Arc, le conjura.
Deuxième phase de recul de 1429 à l'expulsion
définitive des Anglais (1463).
Humble fille des
champs lorrains, Jeanne d'Arc eut sa jeunesse bercée au bruit des maux dont
souffrait la France qu'elle se prit à aimer passionnément et qu'elle dit
vouloir sauver.
En 1429 le rêve devint une réalité.
Par elle, en effet, Orléans est
délivrée et l'indolent Charles VII est sacré à Reims.
Mais peu après, en 1431, faite
prisonnière à Compiègne, elle est livrée à un tribunal ecclésiastique dévoué à
la causé anglaise, qui n'hésite pas à envoyer au bûcher, comme hérétique,
l'héroïne qui cependant méritait si bien de l'Eglise par sa piété et de la
France par son patriotisme.
Cette mort, escomptée par les
Anglais, ne leur fut d'ailleurs pas profitable, car peu à peu refoulés et enfin
culbutés en 1453 près de Lamothe-Montravel (bataille dite de Castillon), nos « bons amis » furent, cette année même, « boutés hors de France »[25].
À laquelle des deux phases d'avance qui caractérisent la guerre précitée,
peut être rattachée l'attaque de Fanlac ? Aucune indication certaine ne nous permet
de l’établir. Elle peut tout aussi bien dater de l'une que de l’autre. Qu'importe, au
surplus, le bel exploit de Jean de la Jalage peut il être amoindri du fait que
reste inconnu le moment ou il se produisit ? Nous ne le croyons pas. Contentons nous donc, en attendant le document
qui jettera la clarté nécessaire sur ce point obscur, de rester dans la
tradition qui assigne le XVe siècle, c'est-à-dire la seconde phase
d'avance, à l'attaque dont il s'agit.
La représentation, dans une altitude martiale, de Jean de la Jalage
amputé du bras droit et la main gauche paraissant appuyée sur la garde de son épée, fut exécutée, ainsi que l'avait ordonné
le seigneur d'Auberoche et encastré à sept mètres au dessus du sol, dans la façade latérale orientée Nord, de l’église actuelle
de Fanlac. Le personnage qu'elle comprend et que reproduit au 1/10e
la photo (non reproduite ici – note C.R.),
mesure 0m50 de hauteur.
Ajoutons que
si, d'une part, les intemperies de cinq siècles ont, en effritant la pierre,
dégradé ce petit monument et que si de l'autre sa facture est grossière et révèle la
main inhabile d'un artisan local, le beau trait d'héroïsme qu'il rappelle
permet de passer outre à toute considération d'esthétique le concernant et
justifie pleinement, pensons-nous, sa mention dans les annales de notre Société.
Ch. Durand.
[1] Selon
d'autres, à Pépin d'Aquitaine et à Charles-le-Gros. Cf. Marmier (G.), De l'origine du monastère de Sarlat, dans le Bulletin de la
Société historique et archéologique du Périgord, t. IX, p. 542-546.
[2] Cf.
sous réserves la Vie de saint Sacerdos..., par l'abbé Pergot, Périgueux, 1866, 8°.
[3] Mourcin,
dans ses Notes de voyages en Périgord
(1824-1828), parle de doux groupes et
d'une ou deux figures rajustées au dessus du portail. Il y voit des «
allégories », comme on en faisait avant le IXe ou Xe siècle. Cf. Bull. précité, t. V, p 449.
[4] Cf.
Gallia Christiana, éd. de 1720, t. II, col. 1522.
[5] M.
de Roumejoux a donné des détails sur l'activité d'Esclache en Périgord. Cf. Bull. cité, t. XXXIII, p. 39.
[6] La
Gallia Christiana se trompe en disant que la nouvelle église fut consacrée
par l'évêque sous le vocable de Sainte-Marie, le lundi de Pâques 1507. Elle a
confondu la cathédrale avec l'église Sainte-Marie
du Mercadil.
[7] Tous ces renseignements, à partir
de 1504, sont empruntés aux Chroniques de Tarde,
éd. de Gérard, 1887, p. 213, 222, 223 et reproduits dans Escande, Histoire de Sarlat, 2e éd., 1912, p. 112. Voir aussi
une communication de M. Dujarric-Descombes, Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, t. XXVI,
p. 201-202
[8] Original
parchemin, aux Archives, de la Dordogne, Série G., II 56.
[9] On
voit en effet, d'ans le Catalogue des
actes de François Ier, t.
VIII, n° 31462 qu'en juillet 1538, ce Roi donna à Nicolas de Gaddi, 2.250
livres en récompense de ses services et pour l'aider à soutenir la dépense
qu'il devait faire auprès de la personne royale.
[10] Pourtant,
le 5 mai 1536, le Roi lui avait abandonné tout ce qui lui revenait pour
l'évêché de Sarlat sur le don du Clergé au Roi, ib., t.
III, n° 8434.
[11] Dans son Précis historique sur la ville de
Sarlat et ses évêques (suite). Calendrier de la Dordogne, 1839, p. 278-279.
[12] Cf. Archives historiques de la Gironde, tome xiii, p 327. Le collège fut fondé le 11
juin 1578, avec le consentement de l'évêque François de Salignac qui fit
donation d'un bénéfice.
[13] Un
trou dans le papier a enlevé ce mot et un autre à la ligne en-dessous ; les
deux sont faciles à suppléer.
[14] Les
deux lignes qui suivent ne se relient guère à celles qui précèdent. Le premier
mot est notamment incompréhensible bien qu'il soit correctement écrit : menez?
[15] Bernard
Journu épousa Monique Aubert et prit le nom de sa femme. Ils n'eurent qu'une
fille. Un frère cadet de Bernard, Auguste Journu, seigneur de la baronnie de
Saint-Magne, est le seul des enfants de Bonaventure, qui eut de.la postérité.
[16] Note
de M. Huet, d'après le Fonds
Périgord, vol. 157, f 8.
[17] L'accouplement
de messire et
de maître est
rare. Messire devint monsieur dans les qualifications données aux magistrats. On peut
se demander si ici messire n'est pas une sorte de qualification nobiliaire, qui,
sans ce caractère, devint l'apanage du clergé.
[18] Ce document, peu sérieusement documenté,
nous semble présenter plus d’intérêt pour notre connaissance des sociétaires de
la SHAP à la fin de la 1ère mondiale (on notera ainsi l’expression
« la foi française »), que
du point de vue historique. Le lecteur trouvera des informations bien mieux
documentées ailleurs sur ce site concernant la chevauchée de Derby/Lancastre
(note C.R.).
[19]
Ce Jean de la Jalage était apparemment périgourdin. Au
dire, en effet, des Registres des Comptables de nos archives communales (C. C.
94, 96 et 97), un Jalage Helies fut quatre fois en 1472, 1475, 1480 et 1489,
consul de la ville de Périgueux. Un autre Jalage Forton fut aussi, en 1492,
consul de notre ville, enfin un troisième Jalage Jacques fut par deux fois en
1500 et 1505, comptable dans l'administration consulaire.
Nous devons
enfin à notre obligeant vice-président, M. Dujarric-Descombes, communication
d'une lettre de convenances, de beaucoup postérieure (1667) écrite par un
Jalage au Chevalier de Puymarteau, près de Brantôme, alors blessé de guerre à
Tournay.
Cette lettre
porte un intéressant cachet de cire rouge inédit aux armes de cette famille
qui, d'après notre érudit confrère .M. de Saint-Saud, peuvent être définies
comme il suit :
D'argent à 2 chevrons de ….. au chef
de …… L'écu surmonté d'une couronne comtale et supporté par deux lions.
Ces indications ne sont évidemment pas suffisantes
pour identifier notre personnage. Il en résulte toutefois qu'il exista jadis à
Périgueux notamment, une famille de son nom, ce qui est déjà, en attendant
mieux, un point acquis à notre thèse.
[20] Commune
de Fanlac, ancien repaire noble avec haute justice sur Fanlac. Cette seigneurie
est distincte d'autre Auberoche situé dans la commune du Change près de
Périgueux, siège d'une châtellenie formé de 14 paroisses qui joua, pendant les
guerres anglaises, un rôle très important.
[21] Commune,
canton de Montignac, ancien fief de la seigneurie d'Auberoche était une des 12
paroisses qui constituaient la châtellenie de Montignac-sur-Vézère, jadis le
Comte.
[22] Histoire et. chronique
mémorable de Messire Jehan Froissart, Paris,
1574. Volume premier, page 107 et suivantes.
[23]
Ce château dont la garnison causa tant de maux à la
communauté de Périgueux, fut pris en 1415 par les bourgeois de cette ville et
détruit (Archives communales, B. B. 13).
Cette destruction ne parait cependant pas avoir été
aussi complète que le mentionnent nos archives, à moins toutefois que le
château retombé par la suite aux mains des Anglais n'ait été restauré puisque
huit ans plus tard, la 30 mars 1423 (1424 nouveau style), 30 bourgeois de
Périgueux se rencontrèrent à la Baconie (commune de Boulazac) en un combat
singulier qu'aucune histoire ne relate, avec 23 hommes d'armes de la garnison
d'Auberoche, renouvelant ainsi le combat fameux des Trente qui, en 1351, fut
livré près de Ploermel entre 30 chevaliers français et autant d'anglais.
[24]
Il s'en trouva et non des moindres qui, pour
satisfaire leurs intérêts, leurs passions ou leurs haines se firent tour à tour
anglais et français ; de préférence anglais pour mieux opérer sur terre
française.
Allies aux
capitaines anglais et aux bandes de routiers qu'ils conduisaient, ils pillaient
les habitants des campagnes et volaient leur bétail, ils détroussaient les
voyageurs qu'ils rencontraient sur les chemins el rançonnaient tout ce qui
passait à portée de leurs repaires.
Les archives
communales de Bergerac possèdent un registre spécial intitulé « Lo libre de Vita »
(Bulletin, tome XIV, page 104 et suivantes) qui évoque ces temps
douloureux et mentionne les méfaits qui, de 1378 à 1382 désolèrent cette
communauté.
Périgueux n'a pas de registre analogue ; mais des
inscriptions nombreuses de même nature que son Livre Vert contient (B.B. 18)
permettraient d'en dresser un plus complet en ce qu'il s'étendrait sur toute la
période afférente à la Guerre de Cent ans et non moins suggestif que celui de
Bergerac.