Source : Bulletin SHAP,
tome XLIX (1924)
pp. 85-94.
LA COMMANDERIE GÉNÉRALE D'AUBETERRE
Parmi les
ruines du passé, en Périgord, il en est une dont on retrouve à peine quelques
vestiges, mais dont l'histoire peu connue n'est cependant pas sans intérêt, un
de ces nombreux hôpitaux fondés au moyen-âge pour l’accomplissement de toutes
les œuvres de miséricorde : la Maison
de l'Aumône, ou la Commanderie générale d'Aubeterre, de l'ordre hospitalier de Saint-Antoine,
située dans l'ancienne paroisse de Mirand, du diocèse de Périgueux et de
l'archiprêtré de Pillac.
En la faisant revivre, je n'ai point eu la prétention de
donner une histoire générale de l'ordre de Saint-Antoine ; quelques aperçus
toutefois m'ont paru indispensables au cours du récit pour faire connaître les
liens qui rattachaient cette maison au chef d'ordre, son origine et les phases
diverses qui ont marqué son existence.
Et d'abord je dois un respectueux hommage de reconnaissance
au savant religieux dom Germain Maillet-Guy, l'éminent historien du chef
d'ordre, dont l'inépuisable obligeance m'a fourni d'utiles renseignements, et,
en rectifiant certains points historiques, m'a évité la répétition d'erreurs
communément admises jusqu'à ce jour.
LE FEU SAINT-ANTOINE
En 855-869, au temps de Lothaire II, d'après Vincent de
Beauvais ; en 945, est-il dit dans la Chronique
de Froissard ;
en 993 d'après Rodolphe dans son livre De
Incendiis ; vers le
milieu du Xe siècle, dit dom Dijon dans son magnifique ouvrage l’Eglise abbatiale de, Saint-Antoine en Dauphiné ; dans la seconde moitié du XIe
siècle dans nos provinces, un fléau redoutable avait subitement envahi
l'Europe. Il s'étendit rapidement et ne sévit jamais avec plus d'intensité
qu'au XIe siècle.
Les auteurs anciens abondent en descriptions sur les
terribles effets de cette maladie. Un
feu caché, ignis ignotus, dès qu'il avait atteint quelque
membre, le détachait du corps après l'avoir brûlé et causait une mortalité
effrayante[1].
Les membres devenaient noirs comme des charbons. La peau
devenait livide, les chairs se consumaient, les os se détachaient[2].
Ce feu agissait d'abord par une sensation de froid intense,
puis survenait une chaleur intolérable à laquelle le malade ne tardait pas à
succomber[3].
« Nous
avons vu, disait Pic-de-la-Mirandole en son poëme à l'honneur de saint Antoine,
nous avons vu des membres brûlés et leurs ossements appendus aux portes du
temple comme un monument effrayant[4] . »
« Vidimus ambustos artus atque ossa perenni
« Exemplo, ad postes sacri pendentia templi.
« Vidimus integrum consumpta cadaver quae subito exarsit...
« Subito que imis incendia venis traxit. »
Les
savants modernes, dans leurs recherches sur le Feu sacré, ou Feu
Saint-Antoine, prétendent
établir que cette maladie, qui ne doit pas être confondue avec le mal-des-ardents, ou peste-noire, était une sorte d'ergotisme gangreneux ; maladie endémique,
dont le développement aurait été favorisé par l'humidité et toutes les causes
qui tendent à altérer la qualité du grain... la gangrène sèche[5] ... ayant pour cause prédisposante
la misère, une alimentation insuffisante, et, pour cause occasionnelle, la
présence de l'ergot de seigle dans le pain ; maladie chronique entraînant la
perte d'un membre plus souvent que la mort du malade.
Quoi qu'il en soit, il n'existait contre ce mal aucun
spécifique connu et, comme il résistait à tous les remèdes humains, les peuples
l'appelèrent le Feu d'enfer.
Levant alors les yeux vers le ciel, ils se mirent à
invoquer Dieu et ses saints.
Bientôt ils reconnurent que la seule invocation du grand
saint Antoine, le patriarche des cénobites, adoucissait les douloureuses
angoisses des malades. Ils l'invoquèrent avec une foi ardente. Un nombre
considérable de guérisons miraculeuses opérées par ses mérites accrut la
confiance. De toutes parts, les foules accoururent implorer son intercession
auprès des saintes reliques, vers l'église où elles étaient déposées et le Feu d'enfer fut appelé Feu
Saint-Antoine.
De nos jours encore, dans nos campagnes du Périgord, devant
un mal qu'on ne peut déterminer par ses symptômes, ou qui résiste aux remèdes,
les bonnes femmes, dans leur foi naïve, vont demander à leur curé une messe contre le mal des saints ; c'est-à-dire dont les saints seuls
peuvent obtenir la guérison par leurs mérites.
Cette invocation aux saints ne se serait-elle pas transmise
dans le peuple, mais déformée, en souvenir du Feu Saint-Antoine ?.
LE
PRIEURÉ DE SAINT-ANTOINE DE LA MOTTE EN VIENNOIS
Les reliques du saint anachorète, qui auraient été
apportées de Constantinople par le chevalier Geilin, deuxième du nom, des comtes de Valentinois[6], dont la tradition fixe le retour d'Orient vers l'an 1070,
étaient alors déposées dans la petite église d'une bourgade obscure du
Dauphiné, la Motte aux Bois[7], et celle-ci avait alors changé son nom en celui de Saint-Antoine.
Gontard, évêque de Valence, de la famille de Geilin, administrateur du diocèse de Vienne par la mort de l'évêque
Varmond, en avait confié la garde, en 1083, aux moines de Montmajour-lès-Arles, en donnant à cette illustre abbaye
bénédictine les cinq églises de Saint-Antoine,
Saint-Didier, N. D. de Montagne, Saint-Hilaire et Saint-Marcelin, voulant que ce lieu fût en plus
grand honneur et vénération publique à cause des reliques d'un si grand
saint.
« Ut isdem locus maximo honori et reverentiae
pro reliquis tanti Patroni habeatur ab omnibus... »
L'autorité apostolique et l'archevêque de Vienne, Guy de
Bourgogne, avaient confirmé cette donation. Le prieuré de Saint-Antoine était fondé.
Bientôt la série des miracles, des prodiges, des guérisons
opérées sur le tombeau du saint accrut la multitude des pèlerins et des
malades. L'ancienne et petite église du prieuré
de la Motte-aux-Bois, ou de Saint-Antoine,
devint
insuffisante. Les Bénédictins la remplacèrent par une plus grande.
Mais c'est en vain que le Prieur et ses vingt moines, aidés de quelques prêtres séculiers,
se multipliaient dans le service des malades. Dans le petit bourg de Saint-Antoine, le logement faisait défaut. Les pèlerins y passaient les
nuits sur la place publique, ou aux champs, exposés à toutes les injures du
temps et à l'inclémence des saisons.
L'ordre
hospitalier de saint-antoine
C'est alors, vers 1095[8], d'après les historiens de
l'ordre, que deux nobles seigneurs, Gaston et son fils Girin, guéris eux-mêmes
miraculeusement du terrible mal et que la reconnaissance avait attirés à
Saint-Antoine, furent, frappés du lamentable abandon dont les malades étaient
l'objet. Ils résolurent, l'un et l'autre, de leur consacrer leurs personnes et
leurs biens. Ils demandèrent aux Bénédictins de Montmajour l'autorisation de
fonder auprès de leur église de Saint-Antoine, sur le territoire et dans les
dépendances de leur prieure, un hôpital
ou maison de l'aumône, où ils pourraient se dévouer aux
soins des pèlerins et les recueillir ; ce qui leur fut accordé avec
empressement. Huit autres gentilshommes se joignirent à eux[9], puis d'autres, en si grand
nombre, qu'il fallut bientôt multiplier les maisons de l'aumône [10].
Telle fut l'origine de l’Ordre hospitalier de Saint-Antoine appelé d'abord des Frères de l'aumône, le berceau d'un grand ordre, d'une
corporation puissante.
Leur règle était fort austère :
« Les Frères, disait-elle, ne doivent jamais
se plaindre ni de l'excès de travail, ni des peines qu'il procure. Il faut
qu'ils combattent comme des ennemis odieux l'impatience et la mauvaise humeur.
Forts de la grâce du seigneur invincible, ils seront disposés, martyrs
volontaires de leurs devoirs, à accepter de rudes souffrances et la mort même,
en union avec le Fils de Dieu crucifié pour le salut du monde. » .
Ils ne sollicitaient pas seulement l'intercession de leur
saint patron pour la guérison des malades, ils recouraient aussi aux ressources
de la médecine.
Sous la forme d'un vin bénit, sanctifié par le contact des
reliques de saint Antoine et connu sous le nom de Saint-Vinage, ils administraient un remède dont l'efficacité fut plus
d'une fois reconnue[11].
Le Saint-Vinage
était béni
solennellement lors de la grande procession annuelle de l'Ascension et conservé
ensuite pour l'usage dans des vases précieux.
Gaston, comme chef de l'entreprise, s'était mis à la tête
de l'établissement. A sa mort, ainsi que dans la plupart des autres ordres de
chevalerie au Moyen-Age, les Hospitaliers de Saint-Antoine se donnèrent un nouveau
chef dans une élection canonique.
Ils eurent de la sorte, successivement, jusqu'en 1297,
dix-sept grands Maîtres.
Les Frères hospitaliers portaient, comme signe de
distinction sur leur habit, du côté du cœur, une croix bleue en forme de T,
appelée croix d'Egypte, en mémoire peut-être de la patrie du saint[12].•
Cette marque distinctive leur avait été donnée par le grand
Maître Guillaume Le Roux, qui exerçait le haut magistère vers 1160. Ils en
firent aussi la principale pièce de leurs armoiries et en multiplièrent partout
la figure et l'empreinte.
Le sceau du grand Maître était de cire blanche représentant
un prêtre revêtu de ses ornements sacerdotaux et tenant un livre à la main.
Cette œuvre se développa avec une rapidité extraordinaire.
Dès avant l'année 1200 elle comptait des établissements dans la plupart des
provinces de France, aussi bien que dans les contrées les plus lointaines.
LES MAISONS DE L'AUMÔNE OU
COMMANDERIES DE SAINT-ANTOINE
Leurs maisons se nommaient : Maisons de l'aumône, Preceptoriœ, commanderies. On les divisa en générales et subalternes.
Les premières
relevaient du Grand Maître, les secondes des Commandeurs généraux.
D'après la liste des commanderies générales dressée au chapitre de 1477,
l'ordre en possédait alors quarante-deux
dans tout le
monde chrétien. Moréri en porte le nombre à quarante, d'où dépendaient un nombre de commanderies subalternes très considérable.
LA
COMMANDERIE GÉNÉRALE d'AUBETERRE.
La commanderie
d'Aubeterre une des quarante-deux commanderies générales de l'Ordre, située en Périgord,
primitivement sur le territoire du prieuré et paroisse de Saint-Privat, puis
sur la paroisse de Mirand[13], filiale de Saint-Privat, à trois
quarts de lieue environ de la ville d'Aubeterre, sur le grand chemin de
Saintonge, de Périgueux et Bergerac à La Rochelle[14], doit être rangée parmi les plus
anciennes.
Elle fut fondée durant l'épiscopat de l'évêque de Périgueux
Rainaud de Thiviers [15]
et peut-être par ses soins, avant son départ pour la
Terre-Sainte, où il mourut le 18 octobre 1101[16].
Elle aurait été générale
dès sa
fondation, et l'on pourrait se demander d'où lui venait sa désignation de commanderie d'Aubeterre puisqu'elle était assez éloignée de
cette petite ville, où il n'y avait ni église, ni maison de Saint-Antoine.
C'est que, tout en étant pour le spirituel du diocèse de Périgueux et de
l'archiprêtré de Pillac[17], du même diocèse, le territoire de
Mirand sur lequel elle était assise ressortissait au civil de la sénéchaussée
d'Angoumois et de la ville et châtellenie d'Aubeterre, siège de la judicature
et du sceau établi aux contrats.
L'ordre de Saint-Antoine n'ayant au début d'autre source de
revenus que le produit des quêtes, la commanderie, en prenant la qualification
de Générale d'Aubeterre, s'assurait-par là le droit de
quêter sur toute l'étendue de la juridiction de l'importante vicomte et le
droit de primauté sur toutes les commanderies qui pourraient être fondées dans
son ressort et, par extension, dans le diocèse dont elle faisait partie[18].
C'est ainsi que la commanderie
de Bourgoin dans le
petit bourg de ce nom, en Dauphiné, était aussi appelée Générale de La Tour-du-Pin, l'importante châtellenie et ville
de son voisinage[19] ; celle de Castroxeris, petit bourg de Castille, près
Burgos, Générale d'Espagne, qui eut pour subalternes toutes les
commanderies du royaume de Castille ; celle
d'Olite, générale de Navarre et ainsi de plusieurs autres[20].
La commanderie d'Aubeterre fut donc générale dès sa fondation et non pas seulement à partir du xviie
siècle, ainsi qu'il est dit dans le Pouillé
historique du diocèse d'Angoulême de l'abbé Nanglard, et l'on verra par la suite qu'elle ne
fut jamais déplacée, pas plus en 1572 qu'à une autre époque, pour être
transportée de la rive droite sur la rive gauche de la Dronne, comme le prétend
le même auteur.
ses
batiments, sa chapelle, ses dépendances
Nous n'ayons aucun document qui nous fasse connaître l'état
et l'importance des bâtiments de cette commanderie aux premiers siècles de son
existence, mais il est possible et même probable que leurs fondations ont servi
aux bâtiments qui subsistent et, par deux procès-verbaux de 1562[21] et de 1789[22], nous savons que le bâtiment
servant aux hospitaliers et aux malades était déjà fort ancien en 1562 ; qu'il
consistait alors en un vaste corps de logis orienté de l'est à l'ouest, avec
rez-de-chaussée, premier étage et grenier par dessus. Il existe encore, avec
les restes d'une porte monumentale du xviie siècle encastrée dans la
muraille, mais il a subi, depuis la révolution tant de mutilations et de
remaniements à l'extérieur et à l'intérieur qu'il serait difficile d'en
reconstituer l'aménagement primitif.
A l'ouest, orientée comme lui, s'élevait la chapelle
affectée aux hospitaliers. A l'est était la cour, d'un journal (40 ares)
d'étendue, entourée de vastes communs, la grange aux rentes, les écuries, le
cuvier, le cellier, le four à pain, la fuie ou le colombier seigneurial, les souterrains ; toutes ces constructions formant
une enceinte autour de la cour.
Au nord était le jardin clos de murs.
Des plus beaux, dit le procès-verbal de 1789 ; au midi, un beau pré sur le devant du
logis : aux alentours, trois pièces de bois taillis très conséquents, douze journaux, ou 4 hectares 80 ares de vignes
de réserve, trois grandes métairies, toutes bien en pires [23]
».
A l'ouest, bordant le grand chemin de Saintonge, s'était
formée peu à peu l'agglomération importante qui constitue aujourd'hui le village de Saint-Antoine.
De la petite colline où elle était assise, la commanderie dominait la vallée de la Dronne, belle et large en cet
endroit, les clochers et villages de Mirand,
de Nabinaud, de Laprade
et de Bonnes, les moulins et papeteries de Mirand, de Moulin-neuf,
de Porcheyrat, les moulins de Ragot
et de Poltrot, le manoir de Salleboeuf
fort et ancien,
entouré de murs et de fossés, demeure successive des Brémond, des La Place et
des La Cropte ; celui de Bonnes
aux Lambert et
aux Talleyrand ; enfin la coquette petite ville d'Aubeterre avec ses vieilles maisons aux toits rouges, de toute époque
et de tout style, accrochées aux flancs de la colline d'en face, ses nombreux
couvents aux flèches élancées, aux tours crénelées et son imposante forteresse,
dont le fier donjon, tour à tour incendié, rasé et rebâti, se dressait sur sa
motte féodale et sur la voûte même de l'église paroissiale, vieille église
monolithe, taillée dans le rocher, tandis que, tout en haut, flottait auvent la
bannière de ses changeants et turbulents vicomtes, les Brémond, les Raymond,
les Bouchard, les Esparbès.
Situation à la fois hygiénique et
riante pour un hôpital.
(A suivre) Mis
de Cumond.
pp. 164-173.
LA COMMANDERIE GÉNÉRALE D'AUBETERRE
COMMANDERIES SUBALTERNES DE LA
COMMANDERIE GÉNÉRALE D'AUBETERRE
Par la rapidité des premières fondations de l'ordre faites avant
1120[24], on peut jugerde celle des
fondations qui suivirent durant tout le XIIe siècle. Après un siècle
d'existence, plusieurs centaines de commanderies générales, ou subalternes,
répandues dans toute l'Europe, relevaient déjà de la maison de Saint-Antoine-de-la-Motte[25].
Parmi les subalternes, qui dépendaient de la commanderie
générale d'Aubeterre, nous avons pu relever les suivantes :
I — La commanderie de Saint-Antoine-du-Pizou
« Hospitalis sancti Antonii, 1310. »[26].
« Sanctus Antonius de Pizone, 1360. » [27].
au sujet de laquelle le commandeur d'Aubeterre, Jean de
Faure (Fabri), plaidait contre lë comte de
Périgord au XVIe siècle [28].
Sa chapelle, sous le vocable de Saint-Antoine, où se voyait
un tableau du saint avec le T sur l'épaule, existait encore il y a quelques
années[29]. Elle possédait cens, rentes,
droits de lods et ventes, droits et devoirs seigneuriaux, prés,
taillis, terres, droits de pèche et de chasse, passage de la rivière et bac, etc.[30] .
II. — La commanderie de Saint-Antoine-d'Auberoche, 1380,
« Hospitium sancti Antonii de Alba Rupe »[31]
peut-être une fondation de l'évêque de Périgueux, Guillaume
d'Auberoche, le successeur de Rainaud de Thiviers, 1104-1128, non moins célèbre
que son prédécesseur, par ses nombreuses fondations.
III. — Celle de Saint-Antoine-de-Bergerac,
au faubourg de la Madeleine, mentionnée dans le Livre de vie de la ville, 1300-1675 [32].
« Fach jurar sotre l'autar de sen-Antonii »
1405[33].
« Hôpital de monseigneur Saint-Antoine » 1502
[34].
IV. — La commanderie, ou préceptorie d'Excideuil, dont le Précepteur
fut autorisé, en 1408-1409, à demander en quêtant des tuiles pour recouvrir
l'église de l'hôpital[35]. Mentionnée dans le testament de
Françoise de Bretagne, 1481.
Une pièce de terre figure encore au plan cadastral de cette
commune sous la dénomination de « terre de la commanderie ».
V. — Celle de
Saint-Antoine-du-Grand-Châtaignier, du Grand Castang, citée par M. de Gourgue [36].
Elle existait encore en 1648.
VI. — Celle de Saint-Antoine-du-Breuil, dans la paroisse de
Sainte-Eulalie, Sainte-Aulaye-du-Breuil[37] , canton de Vélines.
« Sanctus Anthonius prope Brollium » 1456.
« Sanct’ Antony » territoire de Montravel » 1464 [38].
Existait encore au XVIIIe siècle[39].
VII. — La commanderie de Malatre, à
Saint-Sèverin-de-Pavancelle, en Angoumois ; ayant maison, terres, bois, un petit
moulin, et des rentes, mesure de Malatre et de Barbezieux.
Existait aussi au XVIIIe siècle [40].
VIII. — Celle de Pondaurat, alias Pontdorat, dans la paroisse de Saint-Martin-de-Montfélix,
au diocèse de Bazas, dont l'abbé général de Saint-Antoine et le chapitre
nommaient à la cure, sous réserve de l'approbation de l'évêque[41].
IX. — Celle de Queret, alias Queyret, au même diocèse, où l'abbé général et le chapitre
avaient le même droit, et dont François de Lovera était commandeur en 1636[42] (3).
X. XI, XII. — Celles de Saint-Brix et de Clairac, au
diocèse de Bazas, et de Lestars, au diocèse d’Angoulême, où l'abbé général et
le chapitre avaient le même droit ;.nommées à la suite des précédentes,
manuscrit de 1691.
XIII et XIV — Celles de Mauléon, au diocèse de Bordeaux, et
de Plantade près Brive ; d'après M. l'abbé Nanglard.
Cette extension de juridiction de la commanderie générale
d'Aubeterre dans ces diocèses rend assez vraisemblable l'existence d'autres
annexes que nous ne connaissons pas.
A partir de 1298, le chef d'ordre eut dans sa dépendance,
dans ses commanderies générales ou subalternes, des prieurés, des cures et des
paroisses dont il confiait la desserte à des religieux tirés de son sein.
Cependant la digue que les Hospitaliers avaient opposée au
terrible fléau du Feu Saint-Antoine en avait arrêté les ravages.
A la fin du XIIIe siècle, il n'était plus connu
que de nom. L'Ordre pouvait se glorifier d'avoir rempli victorieusement le but
de son institution. Il avait conquis l'admiration des peuples, l'estime et les
faveurs des souverains, qui tinrent à honneur
de reconnaître ses services en le comblant de libéralités et de privilèges.
Saint Louis, avant de partir pour la VIe
croisade, 1270, l'exempta de toutes sortes d'impositions, gabelle, péages,
droits et coutumes, dans toute l'étendue du royaume.
Henri III, roi d'Angleterre, lui donna à Londres une maison
magnifique érigée en commanderie générale, 1216-1272.
L'empereur Rodolphe lui octroya une multitude de franchises
et d'immunités, 1273-1291.
CONFLIT ENTRE LES BÉNÉDICTINS ET LES HOSPITALIERS
DE SAINT ANTOINE
Tous laïques à l'origine et consacrés exclusivement au soin
des victimes du « Feu sacré », les Hospitaliers du chef d'ordre relevaient du
Prieuré bénédictin pour toutes les cérémonies du culte.
Au Prieur seul appartenait la haute direction de la
paroisse et du pèlerinage dont la vogue extraordinaire faisait un des plus
importants bénéfices des moines de Montmajour. A la première grande église
élevée par eux en l'honneur des saintes reliques, consacrée le 20 mars 1119,
par le Pape Calixte II, ils en substituaient déjà une nouvelle encore plus
grande, encore plus riche, en beau gothique.
Mais voici qu'après un siècle
d'existence les Hospitaliers, parmi lesquels s'était introduit peu à peu
l'élément clérical, florissaient au dehors.
« De leur maison de Saint-Antoine relevaient déjà plusieurs centaines de
commanderies générales ou subalternes répandues dans tout « l'univers.
« Le Grand Maître avait autorité sur tous ces hôpitaux, sur leurs
infirmiers, sur leurs malades. Mais, tout puissant au dehors, il n'était pas
maître chez lui. Sa demeure, sur une terre appartenant aux moines, ne lui appartenait pas ; ses
prêtres ne pouvaient accomplir les devoirs de leur saint ministère sans
l'agrément des Bénédictins »[43].
De ce
voisinage et de cette rivalité devait naître un conflit. Il éclata en 1181,
sous le Grand Maître Pierre Soffred qui sollicitait de l'archevêque de Vienne
la permission de construire une chapelle pour le service particulier de
l'hôpital.
S'attaquera une puissante abbaye, comme celle de
Mont-majour, était hardi et téméraire. A cette demande, le Pape Alexandre III
répondit par un refus, renouvelé en 1204. Mais, en 1209, et malgré l'opposition
persistante des Bénédictins, l'archevêque de Vienne accorda l'autorisation.
Les Hospitaliers construisirent.une chapelle, ou plutôt une
église, qui, sous le vocable de Notre-Dame, devint bientôt aussi importante que
remarquable par son élégance et la richesse de son architecture[44].
Le grand Maître pouvait désormais l'agrandir librement,
l'enrichir de reliques, construire des bâtiments conventuels. Eglise et
bâtiments formaient une paroisse distincte, avec son cimetière propre, et,
comme curé, un Hospitalier. Dons et faveurs affluaient.
L'envahissement menaçait de s'étendre et de compromettre
les ressources et l'existence même du Prieuré.
Cette rivalité eut pour la
commanderie d'Aubeterre de singulières conséquences.
Comme le Prieuré de Saint-Antoine, du diocèse de Vienne, le
Prieuré de Saint-Privat, du diocèse de Périgueux[45], siège de la commanderie,
appartenait aux Bénédictins, à l'abbaye de Terràsson.
Quand furent élevées sur son territoire, autour de sa
grande .église, les églises filiales, ou succursales, de Saint-Vincent[46], Festalemps[47], Bersac [48], Cumond[49] et Mirand[50] (XIIe et XIIIe s.) les Bénédictins de Terràsson,
témoins des démêlés de leurs confrères de Montmajour avec leurs puissants
voisins, jugèrent prudent de se prémunir contre tout danger d'envahissement de
la part de leurs nouveaux hôtes.
Non contents de faire de Mirand, où était la commanderie,
une paroisse minuscule[51] ils eurent encore la précaution,
en délimitant la circonscription des nouvelles paroisses, de réserver à celle
de Saint-Privat, et-sous la dépendance directe du Prieuré, entre celles de
Cumond et de Mirand, par delà la première, une bande de territoire d'un quart
de lieue de large environ, destinée à encercler celle de Mirand à l'est, au sud
et à l'ouest dans les plus étroites limites, comme elle l'était .au nord par la
rivière de Dronne.
Disposition étrange, ne pouvant avoir d'autre but que
d'ôter aux Hospitaliers toute velléité d'empiétement, ou d'extension sur les
paroisses voisines.
Les Bénédictins avaient dressé devant eux une barrière
infranchissable que le Prieur allait garder jalousement.
Cette curieuse enclave, comprenant la moitié même du village
de Saint-Antoine groupé autour de la commanderie, la moitié de celui de la côte[52], le Maine, la Gaulie, au midi et à l'ouest Pleine-Serve et
moitié de la Séguinie[53], à l'est, a subsisté jusqu'en
1832, époque où' elle a été réunie à Cumond.
Les Hospitaliers d'Aubeterre relevaient donc, eux et leurs
malades, pour la réception des sacrements, les fonctions ecclésiastiques, le
cimetière, de l'église paroissiale de Mirand. Leurs prêtres ne pouvaient
accomplir les devoirs de leur ministère sans l'agrément du curé ou du vicaire
de la paroisse. Comme leurs confrères du Dauphiné, ils n'étaient pas maîtres
chez eux.
Mais on ne pouvait les empêcher, eux aussi, de grandir au
dehors. Ils eurent bientôt des annexes, des rentes et des droits considérables
dans un grand nombre de paroisses et nous verrons à l'importance des
personnages qui furent nantis de cette commanderie qu'elle fut une des plus
riches et des plus recherchées de la puissante corporation. -
L'ORDRE DE SAINT-ANTOINE DEVIENT UN ORDRE
RELIGIEUX
Cependant le nombre des Hospitaliers prêtres ne cessait de
s'accroître. « L'Église voulut marquer de son sceau un institut « dont la
charité bienfaisante s'étendait déjà à toutes les « parties du monde chrétien
».
Le Pape Célestin IV, 1231, chargea son légat de lui donner
des statuts réguliers concernant les vœux et l'élection de ses membres, et
Innocent IV, le 22 avril 1247, en fit de véritables religieux, en donnant au
grand Hôpital la règle, de saint Augustin[54]. Honorius IV, 1285 1289, les
approuva comme de véritables religieux et les prit sous sa protection.
« Les Hospitaliers et les Bénédictins ne se
rencontraient plus que sur le terrain des quêtes et des offrandes. Ceux-ci
avalent besoin de ressources abondantes pour l'achèvement de la grande église
de leur Prieuré de Saint-Antoine, et comment obliger les commandeurs, qui
arrivaient de tous les pays du monde, à verser entre leurs mains, au détriment
des hôpitaux, la meilleure part des dons « recueillis, destinés le plus souvent
par les donateurs au soin des malades. »[55].
Le grand Maître Aymon de Montagny, élu en 1273, possesseur
d’un grand nom et d'une grande fortune, était aussi un diplomate avisé. A son
avènement, la lutte d'intérêts entre les deux maisons rivales était à son
apogée. Par une transaction habile, il obtint de l'abbé suzerain de Montmajour
l'investiture du Prieuré, le 20 mai 1289, tout en demeurant le chef du grand
hôpital. La réunion des deux communautés sous un chef unique devait mettre fin
au conflit.
Lorsque l'abbé de Montmajour, se ravisant, déchira tout à
coup le pacte conclu et concéda le Prieuré à un de ses religieux qui en prit
possession.
Aymon de Montagny ne recula pas devant les moyens de
rigueur pour faire respecter son droit. Le Prieuré fut envahi, les religieux
expulsés, et la parole donnée au Pape pour trancher le différend.
Boniface VIII, par sa bulle du 10
juin 1297, enleva définitivement le Prieuré aux Bénédictins de Montmajour et
l'unit à l'Hôpital. Il les érigea ensemble en « Abbaye », avec exemption de la
juridiction des évêques, et la prérogative d'être immédiatement soumis au siège
apostolique ; leurs membres, leurs biens, leurs hôpitaux, leurs commanderies,
en quelque lieu qu'ils fussent situés[56].
Le 17e et dernier grand Maître Aymon de Montagny
fut déclaré « Abbé général et supérieur » de l'Hôpital et de toutes les
commanderies qui en dépendaient[57].
A partir de ce moment il n'y eut
plus de « Grands Maîtres » mais des « Abbés généraux » pour le gouvernement de l'Ordre.
En même temps les « Frères Hospitaliers » prirent la
dénomination de « chanoines réguliers de Saint-Augustin ». On les appela « Les
Antonins ».
L'année suivante, 1298, dans un chapitre général tenu par
l'Abbé Aymon de Montagny, on dressa les nouveaux statuts. Les Hospitaliers, qui
jusques là étaient uniquement adonnés aux exercices de la charité furent
appelés à donner aux peuples, en même temps que l'hospitalité aux malheureux et
aux malades, les secours,spirituels par le ministère sacerdotal, la
prédication, les sacrements.
Le mélange des clercs et des laïques subsista encore
jusqu'en 1411. A partir de cette époque ces derniers furent exclus
définitivement.
LA COMMANDERIE D'AUBETERRE
APRÈS LA RÉFORME DE 1297
Les nouveaux statuts maintinrent à la commanderie
d'Aubeterre son rang et son titre de « commanderie générale ».
Ils lui assignèrent six religieux, ou six chanoines
réguliers de Saint-Augustin, chargés sous l'autorité d'un supérieur, qui
conserva la dénomination de « commandeur », du service mixte de l'hospitalité
aux malades et du ministère sacerdotal dans les paroisses où l'on réclamerait
leur assistance.
Le nombre des clercs restait indéterminé.
L'abbé nommait lui-même les commandeurs généraux. Ceux-ci, à
leur tour, et selon les statuts, désignaient les commandeurs de leur
dépendance ou subalternes.
Par la bulle de Boniface VIII, de 1297, les cures, ou
Prieurés-cures rattachés à l'Abbaye comme bénéfices à charge d'âmes recevaient
pour l'église affectée au service paroissial la visite de l'Ordinaire, comme par le passé ; mais la maison curiale ou prieurale en était
exempte.
La chapelle édifiée par les commandeurs d'Aubeterre, à côté
de l'hôpital, pour le service des religieux et à leur usage personnel, était
exemptée, comme leur maison, de la visite et de la juridiction de l'évêque de
Périgueux et soumise directement au Saint-Siège[58].
Les successeurs d'Aymon de Montagny furent Ponce d'Alayrac
mort en 1328, et Guillaume Mitte, mort en 1342, qui reprit les travaux de
l'église des Bénédictins devenue l'église abbatiale ; un des monuments les plus
remarquables de notre architecture religieuse. Les, travaux en furent menés
avec ardeur pendant toute la seconde moitié du XIVe siècle, et, pour
subvenir aux dépenses, le chapitre général de l'Ordre, les souverains Pontifes
eux-mêmes, multiplièrent les appels aux diverses commanderies.
A cette occasion, celle d'Aubeterre eut, en 1363, à fournir
son contingent pour la contribution de 1200 florins que le Pape Urbain V avait
autorisé l'Abbé général à prélever sur toutes les commanderies générales pour
être appliquée à l'achèvement, de l'église[59].
Vers le même temps, ce même Pape imposa encore à toutes les
maisons de l'Ordre, pour une durée de vingt ans, une contribution spéciale pour
subvenir aux frais des travaux.
Le Périgord a ainsi contribué par ses subsides à la
construction de ce magnifique monument[60].
(A
suivre) Mis de Cumond.
pp. 209-218.
LA COMMANDERIE GÉNÉRALE D'AUBETERRE
DE L'ORDRE DE SAINT-ANTOINE EN PÉRIGORD (1100-1838) (Suite)
LA PESTE DU XIVe SIÈCLE
ET LES HOSPITALIERS DE SAINT-ANTOINE.
Malgré le caractère sacerdotal imposé à l'Ordre de
Saint-Antoine on n'allait pas tarder à reconnaître l'utilité des services
hospitaliers de l'institution et la nécessité de leur maintien.
Environ l'an 1348[61] - 1350[62], la peste, la plus cruelle qu'on
vit jamais, affligea l'Europe et enleva, dit-on, le tiers des habitants. De
l'Orient qu'elle avait dépeuplé, elle passa en Italie en 1348, et, l'année
suivante, elle étendit ses ravages sur la France entière.
Il y eut des paroisses du Périgord et de l'Angoumois
presque entièrement dépeuplées. En beaucoup d'endroits, on dût faire appel aux
Limousins et aux Saintongeais plus épargnés, afin de remplacer les manquants[63].
Le nouveau fléau raviva de toutes parts la dévotion
au-saint cénobite, invoqué aux siècles précédents contre le Feu-Saint-Antoine,
et le zèle des hospitaliers pour le combattre.
C'est alors que le Cardinal de Talleyrand lui dédia cette
magnifique chapelle de Saint-Antoine qu'il avait édifiée à l'est de la basilique
de Saint-Front de Périgueux ; au service de laquelle il attacha douze
chapelains.
C'est aussi, à celte même époque, que les moines de
Chancelade firent bâtir au Toulon, aux portes de la ville, un magnifique
hôpital qu'ils mirent sous le patronage de Saint-Antoine[64].
« Nos pères, dit l'Antonin Aymar Falco, avaient plus de
souci d'agir que de laisser par écrit le récit de leurs actions » ; et nos
chroniqueurs n'ont point transcrit pour la postérité les services rendus par
les Hospitaliers du Périgord durant cette période, mais les témoignages de
reconnaissance apportés à l'Ordre, de toutes parts, à cette occasion, ne
laissent aucun doute qu'ils furent, là comme ailleurs, considérables et
efficaces. Car les Papes, les rois, les empereurs, les princes, interprètes de
leurs peuples, pour reconnaître ces nouveaux services de l'Ordre, voulurent
ajouter encore à son extension et à ses privilèges.
Les manifestations eurent un caractère spontané et
universel.
Charles V leur donna à Paris une maison qu'il acheta
lui-même pour l'exercice de leurs œuvres de charité :
«
.ad pia charitatis opera exercenda » est-il dit dans ses lettres patentes[65].
Charles VII leur accorda plusieurs privilèges et
exemptions.
L'empereur Sigismond, « pour témoigner sa gratitude et la
reconnaissance de ses peuples pour leur généreux dévouement pendant la peste »,
les mit sous la protection du Saint Empire, les exemptant, eux, leurs biens, et
leurs marchandises, de tous péages, impôts, tributs, dans toutes les terres de
son obéissance[66].
LA
PESTE DU XVe SIÈCLE.
Au milieu des troubles et des malheurs de la guerre de Cent
ans, les terres étant demeurées incultes, particulièrement en Périgord, « en ce
pays meslé de Français et d'Anglais », dit la Chronique de Tarde, une horible
disette ramena la peste. Elle fit encore, de 1440 à 1441, d'innombrables
victimes.
Ce fut, pour les Antonins, une nouvelle occasion de
signaler partout leur action bienfaisante et d'accroître la renommée du grand
Thaumaturge. Les nouvelles faveurs dont ils furent l'objet, les nouveaux
témoignages de reconnaissance qui se manifestèrent alors universellement,
attestent que les chanoines réguliers de Saint-Antoine étaient bien les dignes
successeurs des Frères Hospitaliers, leurs aînés, les continuateurs de leur
utile ministère de charité et que la dévotion au grand saint Antoine ne s'était
pas ralentie aux XVe et XVIe
siècles.
Le document suivant montre qu'elle était demeurée non moins
vivace en Périgord que partout ailleurs.
« En l'église de la commanderie de
monseigneur Saint-Antoine, à Bergerac, le 17 mai 1502,
honnestement MM. les consuls, gentilshommes, jurats, et chaque chef de famille,
suivant en procession et rendant hommage à Dieu et au dit saint de ce qu'ils
avaient sauvegardé la ville de peste et épidémie, apportèrent un ex-voto, en
exécution du vœu des jurats.de la ville, qui, au temps de la peste,-depuis
longtemps déjà, avaient fait vouer la ville et ses habitants et demandé à Dieu
et à monseigneur saint-Antoine qu'ils voulussent les sauvegarder de tout danger
de peste[67] ».
Le cardinal de la Rovère, qui fut plus tard pape sous le
nom de Jules II, le cardinal de Médicis, qui fut le grand Pape Léon X, les rois
Louis XI et François 1er, en 1475 et 1533, René d'Anjou en 1458,
Anne de Bretagne, l'épouse de Charles VIII en 1494, les ducs de Bourbon et de
Lorraine, le chancelier Duprat, Zizime le frère de Bajazet, apportèrent, à
cette occasion, au tombeau du saint, l'hommage de leur vénération et par des
dons magnifiques donnèrent à l'ordre tout entier un nouveau degré de splendeur.
Louis XI prit à sa charge le tribut de 1300 florins que les
Hospitaliers étaient obligés de payer chaque année aux Bénédictins de
Montmajour, pour les dédommager de la perte de leur Prieuré, et, en dehors
d'autres largesses, il ajouta 4.000 livres aux revenus de l'Ordre, ainsi que
l'abbaye de Saint-Jean de Compiègne.
Les premiers Hospitaliers étaient tous gentilshommes, Ils
continuèrent à ne se choisir des collaborateurs que dans la noblesse jusqu'au
XVIe siècle.
En 1502, l'empereur Maximilien 1er, par diplôme
daté «de Haspurg », du 3 juin, leur conféra la noblesse du Saint-Empire et des
armoiries nouvelles :
« L'aigle éployé de sable sur un champ d'or,
portant un autre écus-sou chargé d'un Tau d'azur aussi en champ d'or[68] ».
Armoiries qui, désormais, allaient être celles de l'Ordre
entier et celles du sceau de l'abbaye et des commanderies générales.
L'abbé de Saint-Antoine était, en l'absence de l'évêque de
Grenoble, Président des Etals et c'est entre ses mains et celles de l'évêque
que les Dauphins et leurs successeurs étaient tenus de jurer l'observation du
statut delphinal qui contenait le recueil des franchises et libertés du peuple
dauphinois[69].
Guillaume Mitte de Saint-Chamond, 3e Abbé, était
chef du conseil souverain de Saint-Marcelin, qui depuis fut érigé en Parlement
et transféré à Grenoble.
Son successeur, Pierre Lobet, conseiller et secrétaire
d'Etat d'Humbert II, Dauphin de Viennois (1349), contribua grandement, par ses
conseils, à la cession du Dauphiné à la France.
Tel était l'Ordre illustre qui possédait en Périgord la
commanderie générale d'Aubeterre, dans la petite paroisse de N. D. de Mirand,
et celles d'Auberoche, du Pizou, d'Excideuil, de Bergerac, du Grand Castang, de
Sainte-Aulaye-du-Breuil et autres.
La liste des commandeurs d'Aubeterre, que nous donnons
ci-après, malheureusement incomplète, va démontrer, par la suite des
personnages éminents qui y figurent, que cette commanderie doit être rangée
parmi les plus importantes de ce grand Ordre.
les commandeurs d'aubeterre.
Jean
Bosard, le
premier dont nous ayons pu retrouver le nom, 20 mai 1428, vivait sous le
onzième Abbé général Jean de Polley[70].
Pierre
Faure (Fabri), docteur-ès-décrets,
était commandeur d'Aubeterre et de La Lande, 1490-1491, lorsqu'il fut élevé à
la dignité de Grand Prieur de l'Ordre, le 8 avril 1497 ; succédant au Grand
Prieur de Layre élevé à la dignité abbatiale, en 1493[71].
L'office de Grand Prieur, qui devait remonter au temps de
la réforme de l'Hôpital, était la seconde dignité de l'Ordre, immédiatement
après celle d'Abbé Général, remplaçant celui-ci toutes les fois qu'il
s'absentait.
« Il devait être, disent les statuts, prêtre,
ancien dans l'Ordre, personne grave, recommandable par sa conduite et
l'intégrité de la vie, habile dans la connaissance des affaires ».
Pierre Faure était donc un personnage éminent. D'autant
plus qu'il remplissait en fait les fonctions d'Abbé Général. L'abbé Théodore
Mitte de Saint-Chamond, grand seigneur, ami du faste, et pourvu d'une charge
honorifique à la cour de Lorraine, toujours absent, s'étant déchargé sur le
Grand Prieur de la direction et des affaires de l'Ordre.
On ignore la date de sa mort, mais il est probable qu'il ne
vivait plus lorsque Jean de Lastic, 20e Grand Prieur, fut pourvu de
cet office, en 1503[72].
Claude
de Lespinasse (de Apinaco), 1503-1513, commandeur d'Aubeterre, vécut comme son
prédécesseur sous le magistère du « libéral et magnifique » Abbé Théodore Mitte
de Saint-Chamond, alors premier ministre des ducs de Lorraine. Il mourut en
1513[73].
Antoine
de Vichy, 1er
janvier 1514, fils d'Antoine de Vichy seigneur de Champrond et de Germaine de
Montagny, petite nièce du premier Abbé Général de Saint-Antoine. Aymon de
Montagny lui succéda.
Il était de l'illustre maison de Vichy, qui allait être
bientôt plus étroitement rattachée à l'Ordre, 1546, par une alliance avec la
petite nièce du puissant Abbé Mitte. Il est probable qu'il ne vivait plus, ou
qu'il s'était démis de la commanderie d'Aubeterre vers 1519[74].
Jean
Faure (Fabri), neveu de
Pierre, était lui aussi commandeur d'Aubeterre et de La Lande lorsqu'il
plaidait contre le comte de Périgord au sujet de la commanderie du Pizou[75], 1519.
Il fut, comme son oncle, investi de l'office de .Grand
Prieur après la mort de Jean de Lastic, 1519, qui en était titulaire depuis
1503[76].
Ce qui semble confirmer que Pierre et Jean étaient bien
Faure de Vercors, c'est que dans l'obituaire de l'église abbatiale figurait, à
la date du 28 juillet, l'anniversaire de feu vénérable Frère Jean de Vercors,
probablement le commandeur d'Aubeterre, pour lequel on célébrait, tous les ans,
dans la chapelle de Sainte Catherine, une messe avec « de profundis, exaudi, et libera » [77]..
Son successeur comme Grand Prieur, Aymar Falco, ayant été
nommé vers le 10 mai 1524, Jean Faure serait sans doute mort vers cette époque.
Michel
de Lems (de Leminis) vénérable et religieuse personne, docteur en droit, était
commandeur de Saint-Antoine près Aubeterre et de Pondaurat en Bazadais,
lorsqu'il consentit, le 20 octobre 1529, bail à fief nouveau à Guillaume de
Vacquay, habitant de la paroisse, de Saint-Martin-de-Montfélix pour une terre
au dit lieu de Saint-Martin[78].
Le nom de Lems, ou Lemps, a fourni de nombreux sujets à
l'Ordre de Saint-Antoine, et Michel lui-même, après la mort; de l'abbé Théodore
Mitte de Saint-Chamond, survenue le 28 décembre 1526, avait pris part, comme
commandeur d'Aubeterre, à L'élection de son successeur, au chapitre général du
13 mars 1527,-où Jacques de Lemps, commandeur de Boutiers, ou de Limoges, et
Antoine de Langeac, se prétendirent élus, l'un et l'autre. Contestation qui
dura deux ans et qui se termina le 12 mars 1529, par une transaction obtenue
des deux prétendants par François de Tournon.
Michel de Lemps mourut en 1533[79].
Etienne
de Bertholine (Bertholina)[80], fut pourvu après lui, de la
commanderie d'Aubeterre, le 17 juin 1533, par Antoine de Langeac, mis
définitivement en possession de la crosse abbatiale, en 1530, par la
renonciation de son compétiteur : Jacques de Lemps, qui avait reçu en
compensation l'office de Grand Prieur, généreusement résigné en sa faveur par
Aymar Falco, pour le bien de la paix, et qu'il conserva jusqu'à sa mort.
Etienne de Bertholine, non moins désintéressé qu'Aymar
Falco, se démit de la commanderie d'Aubeterre, après un an de jouissance, en
faveur du neveu du nouvel Abbé : François de Langeac
François
de Langeac devenu
ainsi commandeur d'Aubeterre, le 4 juillet 1534, en conserva la provision
pendant vingt huit ans, de 1534 à 1562.
Il était venu à l'abbaye de Saint-Antoine dès son jeune
âge, attiré par son oncle l'Abbé Général, qui lui réservait sa succession à la
dignité abbatiale, sans préjudice d'autres honneurs et charges considérables[81]. Mais, à la mort de celui-ci, en
1537,1e haut magistère fut dévolu à Jacques de Joyeuse, doyen de N. D. du Puy.
François de Langeac dut attendre.
Jacques de Joyeuse gourverna l'Ordre pendant cinq ans, sans
avoir quitté sa résidence du Puy, ayant délégué ses pouvoirs à Aymar Falco,
redevenu Grand Prieur après la mort de Jacques de Lemps, et dont il avait fait
son vicaire général.
L'abbé de Joyeuse mourut en 1542.
Deux dignitaires furent, cette fois encore, appelés
simultanément au siège abbatial par le chapitre général, le 13 août 1542 : le
commandeur d'Aubeterre, François de Langeac, et le cardinal de Tournon. Le
Grand Prieur Falco s'étant fait le principal promoteur de l'élection de ce
dernier.
François de Tournon était venu, lui aussi, à l'abbaye dès
l'âge de douze ans et y avait acquis les connaissances et les talents qui
devaient l'élever aux plus hautes destinées. Il y avait fait profession de
chanoine de Saint-Augustin et avait été nommé à la commanderie de Feurs,
lorsque le roi François Ier, ayant été frappé de ses connaissances,
résolut dès lors de l'attacher à sa personne.
Pendant vingt ans, le commandeur d'Aubeterre et le cardinal
d'un commun accord, se partagèrent la dignité abbatiale en même temps que tous
les revenus qui y étaient attachés ;
Messire François de Tournon, cardinal, archevêque et
gouverneur de Lyon, chancelier de l'Ordre de Saint-Michel, premier ministre,
ambassadeur, ne tenant pas moins à honneur que le commandeur d'Aubeterre,
d'ajouter à leurs litres celui d'Abbé Général de Saint-Antoine de Viennois.
Mais les affaires d'Etat dont ils avaient la charge
devaient les laisser étrangers au gouvernement de l'Ordre et sans souci de la
résidence. Ils avaient délégué leurs pouvoirs au Grand Prieur avec le titre de
vicaire général[82], non toutefois sans retenir de
leur dignité le litre et les émoluments, l'honneur et le profit
Ils moururent l'un et l'autre en 1562, unis dans la mort
comme ils l'avaient été sur le siège abbatial, pendant leur vie[83].
Après eux, ce fut un troisième Langeac, Louis, frère du
commandeur d'Aubeterre, qui s'étant fait investir du titre d'Abbé Général du vivant même de son) frère, se trouva seul en possession
de la crosse abbatiale et gouverna l'Ordre pendant trente cinq ans, de 1562 à
1597.
Mais chargé, comme ses prédécesseurs, pendant toute la
durée de son long magistère, de hauts emplois, soit à la cour du roi de France,
soit à la suite de quelqu'autre prince, il ne devait faire à son abbaye que de
rares apparitions.
L'exemple de ces quatre abbés plutôt commendataires devait
porter ses fruits. Le relâchement dans la discipline religieuse s'était
introduit dans toutes les maisons de l'Ordre, et c'est dans de pareilles
conjonctures que s'ouvrait la désastreuse période des Guerres de Religion,
temps de calamités sans nombre qui allaient lui porter un coup dont jl ne
devait jamais se relever parfaitement.
Il semble que Dieu ait voulu, par un châtiment terrible
rappeler aux abbés de Saint-Antoine, devenus opulents et trop attachés aux
honneurs, l'humilité de leur institut et la fragilité des biens de ce monde.
(A suivre) Mis de Cumond.
pp.
258-269.
LA COMMANDERIE
GÉNÉRALE D'AUBETERRE
de l'ordre de saint-antoine en
périgord (1100-1838)
(Suite)
DÉVASTATION
ET PILLAGE DE L'ABBAYE (mai-juin) 1562
Jusques là l'église de l'Abbaye n'avait cessé de
s'accroître en développement et en splendeur. D'admirables vitraux garnissaient
la nef et les chapelles. De belles peintures couvraient les murs. Le dallage,
aussi bien que la couverture, passaient pour une merveille. Le trésor
renfermait des richesses d'un prix inestimable ; et déjà, sous les coups de
nouveaux barbares, l'édifice était dévasté, mutilé, frappé de décrépitude,
livré à la rapacité et à la fureur aveugle des soldats huguenots, aidés, hélas
! par les habitante mêmes du bourg de Saint-Antoine. Autels, statues,
reliquaires, vases sacrés, étaient mis en pièces. Titres, papiers, archives,
saccagés et brûlés, et, pour bâter la ruine de l'église, on enlevait sa
couverture, on mutilait ses contreforts[84].
Cette brutalité sauvage était raisonnée, méthodique, comme
le résultat d'un mot d'ordre, car, au même instant, la Commanderie d'Aubeterre
en éprouvait, elle aussi, les effets.
dévastation et pillage de la
commanderie d'aubeterre
(mai-juin) 1562
Le
commandeur Jean Degion. — Un des premiers actes de l'abbé Louis de Langeac, en
prenant possession du siège abbatial, avait été de pourvoir la Commanderie
d'Aubeterre d'un, nouveau titulaire, en remplacement de son frère. Le Frère
Jean Degion en reçut les provisions le 22 novembre 1562, mais les événements ne
lui permirent pas de rejoindre sort poste. Ses religieux eux-mêmes avaient déjà
abandonné la Commanderie en en laissant la garde à un simple laboureur, Jean
Escard, âgé de quarante huit ans, à leur service.
Ils
avaient agi prudemment, car, le 13 mai 1562, dès le début de la révolte dont le
massacre de Vassy avait été le signal (1er mars 1562), comme à l'abbaye :
« Une grande compaignie de gendarmes, tant à pied qu'à cheval, et qui
étaient de la nouvelle secte et religion appelée Huguenaulx, surviendrent au
bourg de Saint-Antoine, près Aubeterre , et là, tandis qu'une partie de la
gendarmerie festoyait chez l'habitant, une autre, obéissant à des ordres
secrets, envahissait, l'église de la Commanderie, où ces forcenés rompirent et
démolirent entièrement les chapelles, les autels, et tout ce qui s'y trouvait,
ensemble les vitreaux et vitres qui estoyent autour de l'église.
« Non contans de ce, disent les témoins du pillage : ils prirent les
ymages, les ornements, les chasubles, les cortibaulx, qui y estoyent en grande
quantité, les livres, en nombre d'environ une douzaine escripts en parchemin et
les giestafent, avec les ornements, dedans un grand feu qu'ils avaient faict au
devant de l'église et illec firent brusler lesdictes choses ensemble ».
« Lesdicts voleurs, n'estans rasaziés de leur rage, entrèrent ensuite en
la Commanderie adjacente à l'église, où ils rompirent entièrement tous les
coffres, les lits, les châlis, les dressoirs, les tables, les chaises et les jetarent aussi dans le feu
».
« Ils allèrent au cellier, où, se faisant aider par les habitants du
bourg, ils prirent et emportèrent tout le vin, environ huit ou neuf barriques,
qu'ils .emportèrent avec brocqs et autres instrumens ».
« Ils prirent encore plus de vingt pippes de froment qu'ils emportèrent à
pleins sacs ; tout le pain, le lard, la graisse, l'huile, les draps, les
serviettes, dont la Commanderie estoyt bien richement garnie, qu'ils
emportèrent dans les maisons voisines, qui retiroient et recelloient tout ce
que par les susdits gens d'armes et Huguenaulx leur y estoit porté, sans en
faire aulcune difficulté ».
« Les Huguenaulx », disent encore les témoins, « prindrent tous les
tiltres et contracts qui estoyent'en la Commanderie, en grand et beau nombre,
et iceulx rompirent et jectarent dans ledit feu avecqs plaints sacs et se
bruslèrent la plupart »[85] .
C'étaient,
dit Montluc, cent ou cent vingt soldats de ceux qui allaient mettre le siège
devant la Roche-Chalais, courant tout le pays, faisant minimaux, de sorte qu'il
ne pouvait venir personne de Saintonge à Bordeaux.
Ils étaient venus dans Cumond pour surveiller les deux
passages de la rivière de Dronne, « au grand Pont » sous Aubeterre, et « au
port de La Bernarde », auxquels aboutissait le grand chemin de Saintonge à
Périgueux et Bergerac.
Le 8 décembre 1562, à la requête du
Frère Arthémy[86] Bardeau, fondé de pouvoir du
commandeur Degion, information fut faite de ce pillage, en la ville
d'Aubeterre, siège de la judicature, « par Jean Gailleau, sergent royal au pays
« et duché d'Angoumois, assisté de Bernard Dutilhet, praticien en court laye »,
et l'affaire fut portée au sénéchal, à Angoulême.
Tandis que les gendarmes huguenots échappaient à la
répression, le procureur, maître Frauçois de Corlieu, conseiller de la maison
de ville d'Angoulême[87], se rejeta sur les habitants du
bourg de Saint-Antoine, non moins coupables, il est vrai, mais qui ne pouvaient
échapper à la justice.
Il requit, le 8 décembre 1562, par
le ministère de son greffier Eythier, provision de prise de corps contre treize
d'entre eux, comme complices et receleurs, et en fit citer une dizaine à son
tribunal pour être confrontés avec le commandeur Degion.
« Si les gens dudict sainct Anthoine, dit l'un des témoins cités « devant
la cour, « ou quoique ce soit partie d'eulx, n'eussent poinct aydé et
favorisé lesdits gendarmes, il n'eust
esté faict tant dommaiges en ladicte commanderie de la moitié qu'il fust faict
».
« Ils rescelloient, dit un autre, entièrement tout ce que par
lesdits gens d'armes et Huguenaulx leur estoit porté en leurs maisons sans en
faire aucune difficulté ».
« N'eust esté lesdits habitants », dit un troisième, « lesdits gendarmes
n'eussent faict la moitié dudict dommaige qui fust faict, et en ont lesdits
recelleurs faict despuis leurs affaires et besougnes beaucoup mieulx qu'ils
n'avaient ni fasoyent auparavant » [88].
Comme à
l'abbaye, la tâche odieuse de la dévastation et du pillage avait été facilitée
par les habitants du bourg, comblés de bienfaits par les religieux.
LA PESTE DE 1563
En 1563 la guerre religieuse avait amené la disette au
printemps et la peste à l'automne. Une nouvelle période de cent années s'était
écoulée depuis la dernière peste. Celle-ci fit encore dans toute la France de
nombreuses victimes, mais cette fois les Hospitaliers n'étaient plus là pour
les secourir. Le tombeau de saint Antoine était vide. Les religieux avaient,
dès 1560, enlevé les saintes reliques pour les mettre en lieu sûr et les
soustraire à la fureur des hérétiques. Les foutes invoquèrent saint Roch.
NOUVELLES DÉVASTATIONS DE
LA COMMANDERIE 1562-1587
Depuis 1562 la Commanderie était déserte. Les gens de
guerre y continuaient, à loisir, leurs dévastations. Placée sur les confins du
Périgord et de l'Angoumois, dans le voisinage d'Aubeterre, et sur le grand
chemin de Saintonge, elle vit passer successivement en 1568, le corps d'armée
tout entier de Crussol-Dacier et les deux mille Provençaux de Mouvans, défilant
péniblement entre Ribérac et Aubeterre pour rejoindre à Chalais le prince de
Condé; en 1569, les troupes du duc d'Anjou, qui, après avoir pris Aubeterre,
étaient entrées en Périgord pour s'y ravitailler et secourir Montluc occupé au
siège de Mussidan ; en 1587, l'armée du duc d'Epernon allant mettre le siège
devant Aubeterre; et toute cette soldatesque pillarde et dévastatrice,
cantonnée chez l'habitant et trouvant dans la Commanderie un abri vaste et
commode, avait fait de l'église une écurie, et du monastère un lieu de
ripailles et de débauche.
L'abbé Louis de Langeac, attaché à la Cour, avait d'autres
soucis, ses commandeurs, occupés qu'ils étaient par ailleurs d'affaires
importantes, se contentaient d'en tirer les revenus.
LES
COMMANDEURS D'AUBETERRE 1562-1597
Jean
Corneille Agrippa. — Après la mort ou le désistement du commandeur Jean
Degion, demeuré impuissant contre les envahisseurs et les pillards de sa
commanderie, l'abbé Louis de Langeac en pourvut un religieux de la maison de
Rome, dont les fonctions semblent avoir été celles de vicaire général pour Rome
et l'Italie et supérieur du Prieuré Antonin de Rome.
Il portait un nom d'une célébrité qui, pour être récente, n’en
était pas moins retentissante dans le monde religieux et intellectuel de l'époque,
car il était un des trois fils de N. Corneille Agrippa, du bourg de Saint
Antoine, en Dauphiné : Henri, Aimon, et Jean, dont l'aîné n'était autre que le
célèbre magicien-philosophe, Henri Corneille Agrippa[89], dont la vie aventureuse et
vagabonde a été mêlée de fables non moins extraordinaires que ses paradoxes.
Son principal écrit : « De occulta philosophia libri tres » [90], l'ayant fait accuser de magie,
lui valut un long emprisonnement. Rendue à la liberté, il se retira à Saint-Antoine,
où il testa et mourut en 4573[91].
Au commandeur d'Aubeterre, Jean Corneille Agrippa, se
rapporte un fait historique qui, ainsi qu'on le verra plus tard, offre un
certain intérêt historique : l'acceptation et la prise de possession, le 13
août 1566, au nom des Religieux hospitaliers de Saint-Antoine, d'une maison
située à Rome, « dans le voisinage de la colonne », près de leur
hôpital. Don fait par la veuve d'Antoine della Stella en faveur de l'église de
Saint-Antoine et pour son agrandissement, sous réserve d'une pension.
Il avait fait, de 1576 à 1580, plus de 2500 écus de
dépenses à cette église, lorsque l'abbé de Langeac en reçut le mémoire manuscrit
dressé de Rome, le 12 décembre 1580, « par son très humble et très obéissant
religieux et serviteur à jamais Jehan Corneil Agrippa, commandeur de
Saint-Antoine d'Aubeterre ».
Nous ignorons la date de sa mort, mais il est probable
qu'il ne vivait plus en 1583, quand-son successeur au vicariat de Rome et
d'Italie prit en main la direction et l'administration du Prieuré.
Charles Anisson commandeur d'Aubeterre, 1588-1597. — Le rôle important
attribué à ce personnage dans l'abjuration d'Henri IV et le cardinalat qui en
aurait été la récompense, la célébrité qui en a rejailli sur son nom donnent à
ce commandeur un lustre particulier, qui mérite une connaissance plus
approfondie de sa personne et de ses services…
Il a été ainsi dépeint par le grand
historien du Dauphiné, Chorier :
« Homme
de lettres et bon théologien, natif de Saint-Marcelin et religieux de
Saint-Antoine, où son mérite lui fit avoir des employé extrêmement importants,
car il fut commandeur d'Aubeterre et vicaire général de l'Abbé à Rome. C'est en
cette ville que, se joignant aux sieurs d'Ossat et du Perron, depuis cardinaux,
il travailla avec un zèle infatigable pour l'accommodement d'Henri IV avec le
Saint-Siège. Et quand cette importante affaire fut terminée, il y fit élever, à ses dépens, une pyramide qui s'y voit encore et qui sera un
monument éternel et du zèle d'Anisson pour son prince, et de « la piété de nos
rois pour la religion.
« Le Pape Clément VIII, qui connaissait son mérite et honorait sa vertu,
la voulut récompenser par un chapeau de cardinal qu'il lui envoya, mais une
mort précipitée le ravit à la terre, dans le temps qu'on lui portait ces
marques de dignité dont d'Ossat et du Perron furent aussi favorisés ».
Le
mémoire historique de 1775[92] est sur son compte un peu plus
laconique, mais non moins élogieux :
« Quand Henri IV, dit-il, traita
de son absolution avec Clément VIII, on donna pour adjoint à d'Ossat et du
Perron Charles Anisson Antonin. Ce dernier, lorsque la négociation fut
heureusement parvenue à son terme, mourut : ce qui le priva du chapeau.
Récompense que ce succès valut à ses compagnons ».
Cependant l'auteur du mémoire a mis en note : « Voyez :
recherches sur les Lyonnais dignes de mémoire par l'abbé Pernetti »; montrant,
par l'indication de cette référence, que l'auteur, Antonin, très documenté sur
les archives de son ordre, tenait à ne pas prendre l'assertion à son compte.
Assertion qui a été reproduite à l'envi par tous les écrivains qui ont eu à
rappeler la mémoire de Charles Anisson.
L'un ajoute que l'on conservait son portrait, avec ses
armes d'un côté, et de l'autre, un chapeau de cardinal sur une table[93].
Un autre accuse d'Ossat et du Perron d'avoir diminué les
services de leur coopérateur à la conversion du Roi, afin de se rehausser
d'autant[94].
Celui-ci prétend qu'il ne fut point créé cardinal, en 1598,
époque de la promotion de d'Ossat, mais en 1604[95].
Tous ont ajouté quelques détails pour confirmer ce témoignage[96].
Notre érudit confrère M. Jules de Laurière, dans le Bulletin monumental de 1883, et son intéressante
brochure sur la colonne dite d'Henri IV, à Rome, s'en est aussi fait l'écho[97].
Mais un savant chercheur a dit, depuis, ce qu'il fallait
croire d'une légende qui, pendant plus de deux siècles, a exercé la plume des
historiens, des archéologues et des numismates[98].
Charles Anisson, né à Saint-Antoine, en Dauphiné, fils d'un
cordonnier, entré fort jeune à l'abbaye et successivement capiscol, curé du
Grand Hôpital, vicaire général de l'Ordre, commandeur de Gap, de Chambéry,
d'Aubeterre et de Marseille, avait environ cinquante ans lorsque l'abbé Louis
de Langeac l'envoya en Italie, en 1580, comme son vicaire général pour Rome et
l'Italie et supérieur du Prieuré de Rome.
Dès son arrivée dans la ville éternelle, il lit subir au
couvent des transformations importantes et décida de reconstruire l'église,
sans doute sur l'emplacement de la maison donnée dans ce but par la veuve
d'Antoine della Stella, en 1566, près de la colonne[99], au temps du commandeur Agrippa.
Le 29 décembre suivant, il en donnait l'entreprise, sous la direction de
l'architecte Dominique Fontana, pour la somme de 2550 écus[100].
A cette occasion il fit frapper une médaille aux~armes de l'Abbé
Louis de Langeac dans le champ, sommées d'un T entre la crosse et la mitre
.abbatiale, avec cette inscription au revers :
« En l'honneur de Saint-Antoine Abbé. Cette
chapelle a été fondée à mes frais. 1583 »[101].
S'attribuant ainsi le mérite de l'œuvre qu'il édifiait cependant
avec les revenus du Prieuré de Rome et des autres maisons d'Italie unies à la
mense abbatiale.
Il en fit frapper, en même temps, une seconde aux armes
d'empire de l'Ordre occupant tout le champ, et, sans-doute pour mettre à
couvert sa responsabilité dans la dépense, avec cette inscription au revers :
« Par ordre de révérend seigneur Louis
de Langeac, abbé de Saint-Antoine de Viennois, à laquelle Abbaye est
perpétuellement uni le prieuré de Saint-Antoine de Rome, Charles Anisson,
commandeur de la commanderie de Saint-Antoine de Chambéry et son vicaire
général, a fondé cette chapelle, l'an du salut 1583 »[102].
S'il se qualifie, dans cette médaille, commandeur de Chambéry,
c'est qu'en effet ce n'est qu'en 1588 qu'il se démit de cette commanderie en
faveur de son frère Antoine[103], s'étant fait attribuer, en
échange, celle d'Aubeterre vacante par la mort, ou le désistement, de Corneille
Agrippa et d'un revenu supérieur.
En 1596, année coïncidant avec l'achèvement de l'église, il
fit frapper une troisième médaille aux armes d'empire, comme dans la seconde,
mais entourée d'ornements surmontés de deux bustes de femme, et, au-dessus, une
bandelette avec le mot « Paulatim
». Au revers,
cette inscription :
« En l'honneur de la Passion de Notre
Seigneur Jésus-Christ et de la bienheureuse vierge Marie, et de saint Antoine,
et de tous les saints, le Révérend seigneur Charles Anisson, français,
commandeur général de la commanderie du même Saint-Antoine, près Aubeterre, au
diocèse de Périgueux, et vicaire du prieuré de Saint-Antoine de Rome, a posé ce
monument de ses propres deniers, sous le pontificat de Clément VIII, l'an du
seigneur 1596 »[104].
C'est cette médaille, retrouvée en 1877 dans le piédestal
de la colonne, située vis à vis de l'église Saint-Antoine, qui serait venue
confirmer là coopération du commandeur d'Aubeterre à la réconciliation d'Henri
IV avec le Saint-Siège, 1593-1596, l'érection, en 1596, de la colonne
commémorative de l'absolution du Roi par Clément VIII, attribuée à sa
munificence ;
Bien qu'aucun historien contemporain n'en ait parlé, que
Chorier, lui-même, l'avoue, et que ses coopérateurs aient passé son nom sous
silence dans leurs écrits ou leur correspondance.
Et le nouvel historien de Charles Anisson, Dom Maillet Guy,
se demande si là colonne érigée par lui, à ses dépens, devant l'église
Saint-Antoine, ne serait pas celle qui existait déjà devant la maison des La
Stella, en 1566, du temps du commandeur Corneille Agrippa ; tout au plus
restaurée par lui, après l'achèvement de l'église, et rendue célèbre pur
l'inscription ajoutée à son piédestal :
« In memoriam absolutionis
christianissimi Henri IV Franciae et « Navarrae. »
disparue et mutilée en 1644.
La médaille, d'après son texte pieux : (A l'honneur de la
Passion de N. S. J. C., de la B. H. V. M., de S. Antoine et de Tous les
Saints), ne se rapporterait-elle pas aussi, plutôt à l'achèvement de l'église, qui
eut lieu à cette époque, qu'à l'édification d'une colonne ;.et le
mot « Paulatim » ne rappelle-t-il pas la durée et
les difficultés d'une entreprise telle que la construction d'une église mieux
que l'érection d'une colonne semblable, ne demandant qu'un temps assez court[105].
Il n'aurait donc fait qu'utiliser cette médaille, du même
millésime, en en déposant un exemplaire dans les soubassements de la colonne de
1566, dont le piédestal seul aurait été modifié pour l'adapter à sa nouvelle
destination.
Quant à la légende du cardinalat qui lui était réservé
lorsque la mort le surprit, voici quelles furent ses dernières années et sa fin.
Mais le
commandeur d'Aubeterre était à l'abbaye de Saint-Antoine en août 1596 et ne
retourna en Italie qu'au mois d'avril 1597.
Il était depuis longtemps en désaccord avec le chapitre,
qui lui réclamait ses comptes, et il avait de nombreux procès pendants avec ses
confrères aux Parlements de Grenoble et de Paris, lorsque, le 24 septembre
1597, survint la mort de l'Abbé Louis de Langeac. Le commandeur perdait en même
temps que son protecteur les pouvoirs qu'il tenait de lui, le vicariat de Rome
et d'Italie.
Les Régents, chargés du gouvernement de; l'Abbaye pendant
la vacance du siège, consentirent cependant à les lui continuer; mais bientôt,
en ayant abusé pour obtenir du Pape une décision contraire à celle du chapitre,
à ses statuts et à ses privilèges, ils le citèrent, le 3 janvier 1599, sous
peine d'excommunication, à comparaître devant eux dans les trente jours pour
rendre compte, de sa conduite.
La gérance de Rome lui était retirée, en même temps que la
commanderie générale d'Aubeterre et la commanderie de Marseille qu'il avait
obtenue depuis peu.
Le 13 janvier 1600, le successeur de l'abbé de Langeac,
Antoine Tolosain, prenait possession de la crosse abbatiale. La première
démarche du chapitre auprès du nouvel élu fut de le supplier
« d'employer tous ses efforts à décider
le Frère Charles Anisson à « faire cesser les procès qu'il laissait subsister
depuis si longtemps « entre les Religieux et lui, afin d'avoir la paix avec
tout le monde et « que l'on voie peu à peu se relever le chef d'ordre que toutes
ces ot causes de trouble rendaient si faible et si languissant. »
Anisson reçut de son supérieur l'ordre de quitter Rome et de
rentrer à l'abbaye pour y rendre ses comptes. Il obéit, mais en déclarant que
ceux-ci ne pouvaient se régler qu'en Italie, afin que ses dépenses fussent
contrôlées sur place. Cette prétention fut jugée inadmissible. Six mois
s'écoulèrent à chercher de nouveaux prétextes pour gagner du temps, lorsqu'on
apprit tout à coup qu'il faisait des préparatifs de départ.
L'abbé Tolosain lui fit défense de quitter l'abbaye, sous «
peine de désobéissance et d'excommunication », avant que ses comptes ne fussent
« produits, clos, et arrêtés ».
Anisson répliqua qu'il avait besoin d'aller à Lyon voir des médecins « pour
l'indisposition qu'il avait de la gravelle et que la menace ne pouvait
l'empêcher de chercher remède pour sa santé ».
Il partit et mourut en chemin, à Voiron, dans les derniers
jours d'avril 1600, sans avoir été relevé de la censure.
Il avait environ soixante dix ans.
Sa conduite des dernières années n'aurait-elle pas pour
jamais empêché le Pape de songer à lui pour la pourpre ?
Son cardinalat n'est donc qu'une
légende, mais tellement accréditée par tous les historiens qu'il m'a paru
intéressant de l'aire connaître les preuves de sa fausseté si bien démontrée.
Si Charles-Anisson sort diminué des ruines de la légende,
il ne demeure pas moins incontestable .qu'elle lui a valu une certaine
célébrité ; aussi ai-je cru devoir m'étendre plus longuement sur ce personnage
que sa qualification de commandeur d'Aubeterre rattache, lui aussi, au Périgord[106].
(A suivre) Mis de Cumond.
[1] Rodolphe
: De Incendiis — Arch. de Cumond: Mémoire historique sur l'Ordre de Saint-Antoine-de-Viennois, Paris.
Simon. V. Saint-André-des-Arts, 1775.
[2] Chronique de Sigebert. — Chronique de Hugues de Fleury.
[3] Ibid.
[4] Mémoire historique de 1775.
[5] Recherches
historiques et nosologiques sur les maladies désignées sous le nom de Feu
sacré, Feu Saint-Antoine : Herpès estiomenus, du grec:
ulcère croissant toujours.
Voir aussi
la vieille hymne de saint Antoine.
[6] Fils de Guillaume, petit-flls de Geilin Ier, comte de Valentinois.
[7] La Motte-aux-Bois, la Motte-Forestière, Motta nemorosa, au
diocèse de Vienne en Dauphiné.
[8] Le 15
juin (man. v. 886 de 1648). 27 juin ou 27 octobre 1095 (man. v. 917 de 1705).
Bibl. de la ville de Grenoble.
[9] « Gastonis voto, societatis
fratribus octo. Ordo est hic caeptum, ad pietatis opus ».
dit un
poème du temps.
[10] Le grand
hôpital de la maison mère aurait été construit en 1131 sous le successeur de
Gaston.
[11] Recherches historiques et nosologiques sur le Feu-Sacré, Feu Saint
Antoine. Dom Dijon.
[12] Antonianae sectae Preceptores
idcirco praeferunt signum T ut
Antonii instar anachoretae secernantur ipsi ab reliquo mortalium genere ac
distingantur.
Les principaux
de l'ordre portent sur leur manteau deux Tau TT de satin bleu l'un sur l'autre qui signifient Tanatos-Tanatos, Mors-Mors. Les moindres n'on portaient qu'un.
(De la vraie et parfaite science des armoiries, par
Gelliot, avocat au Parlement de Bourgogne, 1664). Dom Dijon.
[13] Aujourd'hui
réunie à Cumond depuis 1790.
[14] Par
Ribérac, Aubeterre, Chalais, Barbezieux ; aujourd'hui de Saint-Astier à
Aubeterre. Voir la carte de Cassini.
[15] Dessalles,
Histoire du Périgord.
[16] M.
Arbelot.
[17] Aujourd'hui
en Angoumois.
[18] « L'ordre de Saint-Antoine
s'étant d'abord merveilleusement étendu par toutes les provinces de l'Europe et
ses principaux revenus consistants pour lors dans les questes : affin qu'il y
eut quelque ordre, on assigna à chaque commanderie générale ses limites, hors
desquelles elle ne pouvoit estendre ses questes et jusqu'où le commandeur
estoit obligé de conduire et deffrayer le visiteur général de l'ordre. »
(Le père
Guillaume Autin, religieux de Saint-Antoine. xviie siècle).
[19] « La
principale ville où estoit la judicature et siège de la justice, affin
d'estendre sa juridiction sur toutes les autres commanderies qui pourroient
estre basties dans son district. » Le père Autin.
[20] «
Il fut pareillement ordonné qu'on pourroit fonder et ériger de nouvelles commanderies
dans l'estendue des anciennes baillives, mais qu'elles seroient subalternes et
dépendantes des anciennes, à moins qu'elles ne fussent érigées en générales par
décret du- chapitre général de l'ordre et soustraites à la dépendance des
premières. » Ibid.
[21] Arch. de
la Gironde
[22] Reg.
paroissiaux de Mirand. — Cahiers de 1789.
[23] Ibid.
[24] Dom
Maillet-Guy. « Les origines de Saint-Antoine ».
[25] ibid.
[26] Gourgue.
[27] ibid.
[28] Archives
de Pau « Inventaire ».
[29] Abbé
Glère, curé du Pizou.
[30] Arch. de
Cumond.
[31] Procès-verbal
de Pierre de Mortiers.
[32] Lespine.
— Elie de Biran. — Abbé Pergot.
[33] Ibid.
[34] Ibid.
[35] Arch. de Pau. Inventaire.
[36] Ibid.
[37] Gourgue.
[38] Ibid
[39] Arch. de
la Gironde.
[40] Arch. de
Cumond.
[41] Mémoire
M. S. de 1691. Arch. du Rhône.
[42] Ibid.
[43] Dom Maillet Guy,
[44] Elle a subsisté à côté de la grande église bâtie par les Bénédictins
jusqu'au XVIIe siècle.
[45] Sanctus Privatus 1180. Cartulaire de la Sauve. Gourgue. La maison du Prieur existe encore.
Sajnt-Privat d'Aubeterre, 1760.
[46] Jalmoutier « Juxta
monasterium ».
[47] Bulle d'Adrien IV de 1155. Pouillé du xiiie siècle.
[48] ibid.
[49] ibid.
[50] ibid.
[51] 80
habitants en 1780.
[52] L'autre
moitié appartenant à Cumond.
[53] L'autre
moitié à Bersac.
[54] Non au XVIIIe
siècle comme le dit Moréri.
[55] Dom
Maillet Guy.
[56] Pour dédommager les Bénédictins de Montmajour de leur éviction de
Saint-Antoine, le Pape leur assigna une rente de 1800 livres tournois que les
Hospitaliers devaient leur verser annuellement à titre d'indemnité.
[57] Il mourut en 1816, en grande vénération dans toute la chrétienté après
avoir occupé le haut magistère pendant quarante trois ans.
[58] En vertu
d'une bulle de Benoit XI du 15 avril 1803, l'abbé général fut autorisé à
s'adresser à tout évêque catholique pour l'ordination de ses sujets.
[59] Dom
Dijon.
[60]
Aujourd’hui monument historique. Voir l’admirable description qu’en a donné Dom
Dijon. (L’église abbatiale de Saint-Antoine en Dauphiné. Grenoble H.
Falque et Félix Perrin. Paris, Alphonse Picard, 82, rue Bonaparte 1903).
[61] D'après le Président Hénault et Lecoy de la Marche : la jeunesse de du
Guesclin.
[62] 1350, en Périgord, dit le chanoine Tarde.
[63] De là le nom
d'un hameau de la paroisse de Cumond de « port Limousin» sur la Dronne ; et de
celui de « Les Saintongeais » donné à des villages des paroisses de
Saint-Méard, le Grand-Brassac, Villamblard, Saint-Cernin, Bergerac, Issigeac,
et autres.
On retrouve encore la trace de cette émigration dans les contrats
d'accensement de cette époque. Tenance de Saint-Onge dans certains contrats.
[64] Gourgue.
[65] Charles V fonda, vers 1365, afin de donner un plus ample témoignage de sa
dévotion et de sa reconnaissance, l'autel dit du roi France, derrière le maître
autel de l'église abbatiale, 'en albâtre, orné de quatre statues représentant,
avec leurs armoiries respectives: le roi, la reine, et leurs deux fils : le
dauphin Charles, et le duc d'Orléans.
[66] Le duc de Milan, Jean Galéas Visconti, offrit aux Hospitaliers un bras
d'or d'un riche travail orné de pierres précieuses, pour y placer quelques
parcelles de l'os du tiras de saint Antoine, et y joignit une somme
considérable.
[67] Registres manuscrits de l'hist. de Bergerac, Elie de Biran. Notes sur
l'hist. de Bergerac par M. Charles Durand.
[68] L'écu
timbré d'un heaume d'or ayant pour cimier une couronne de même, du milieu de
laquelle sort un aigle éployé de sable au diadème d'or.
[69] Lettres
patentes de Charles V, du 2 août 1367.
[70] Dom Maillet-Guy.
[71] Ibid.
[72] Il est vraisemblable qu'il appartenait à la famille parlementaire des
Faure de Vercors, du Dauphiné, car son prédécesseur comme Grand Prieur, Pierre
de Layre, avait été créé par faveur spéciale, conseiller au Parlement de
Grenoble, le 18 juillet 1490, dont était président Pierre Faure de Vercors,
marié en 1486 à Justine Dalphas. Faure de Vercors portait d'argent à la bande d'azur passée ou enfilée dans trois couronnes d'or à l'antique.
[73] Ne serait-il
pas de la même maison qu'Etienne de Lespinasse (de Apinaco), (de Aspinaco), mort en 1493,
qui par sa femme Marguerite de Balzac d'Entrague était le beau-frère de
Guillaume vicomte de Joyeuse, père de l'Abbé Général de Saint-Antoine Jacques
de Joyeuse, 1536, mort en 1542. On trouve aussi une Isabeau de Lespinasse
mariée à Guichard de Montagny 1367.
Portait de gueules à la bande d'argent au lambel du même brochant sur la
bande.
[74] Vichy portait de vair plein.
[75] Arch. de Pau.
[76] Dom Maillet-Guy.
[77] De Jean
son neveu, .seigneur de Vercors, marié à Française de Jade, est provenu
François Faure, seigneur de La Rivière et de Tencin, président au Parlement de
Grenoble, marié lui aussi à une Justine Dalphas
[78] Arch. du
Carpia. Drouin.
[79] Lems, ou
Lemps portait : parti d'argent et de gueules au lion de même l'un dans l'autre.
[80] Il
appartenait aux Bertholine, alias Bertholone
seigneurs de Bertholina et de la Romiguière, dont un membre, mort en 1542,
était marié à une La Fare-Monclar, petite nièce
de l'Abbé Pons d'Alabac, le successeur d'Aymon de
Montagny.
[81] L'abbé Antoine de Langeac était le père du célèbre évêque de Limoges Jean
de Langeac, maître des requêtes de l'Hôtel du Roi, prévôt de Brioude, abbé de
Pibrac, évêque d'Avranches, puis de Limoges, 1532. Ambassadeur du roi François
à Venise, en Pologne, en Hongrie, en Angleterre, à Ferrare, et à Rome.
[82] Hector de Rux
Grand Prieur 1546-1570, commandeur de Chambéry, Nabourac, et de Milhau 1534,
d'Aubenas 1541. Mort peu avant le 6 octobre 1570. Dom Maillet Guy. Les Grands
Prieurs de l'Abbaye.
[83] Langeac
portait d'or à trois pals de
vair. Alias : d'or à trois pals de gueules vairés et appointés d'argent.
[84] Dom Dijon.
[85]
Arch. de la Vienne H. 3. Liasse 1053.
[86] Alias Jean, religieux profès à
Saint-Antoine près Aubeterre 1560-1502.
[87] Le célèbre historien de la ville et des comtes d'Angoulême 1558-1574.
[88] Ibid.
[89] Ses biographes le font naître à Cologne en 1481
[90] Anvers et Paris 1531.
[91] Et non à Lyon,
ni à Grenoble en 1534, 1585, et 1635,
comme l'ont écrit ses historiens.
S'était-il amendé sur la fin de sa vie ? Toujours est-il qu'il fut
inhumé dans une chapelle de l'église abbatiale, où sa fille demanda, en 1603,
qu'il plût à messieurs du chapitre que son corps fût inhumé et « ensépulturé »
au tombeau, et en la chapelle en laquelle feu noble Henri Corneille Agrippa,
son père, avait été enseveli.
(Son testament du 17 août 1603).
[92] Mémoire hist. 1775, arch. de Cumond.
[93] Les Lyonnais dignes de mémoire, Pernetti.
[94] Biographies du Dauphiné, M. de Rochas.
[95] Questions d'histoire et d'antiquité, Antoine
Delandine 1811 Bibl. de Lyon.
[96] Dictionnaire du Dauphiné, T. 1. Guy
Allard. L'abbaye de Saint-Antoine. Dassy.
[97] Tours
imp. Paul Bousrer 1883.
[98] Charles
Anisson et la colonne dite de Henri IV à Rome par dom Maillet Guy. Grenoble. Bureaux de la Croix de l'Isère, rue
Championnet, 1912,
Le cardinalat de Charles Anisson
religieux de Saint-Antoine, par le même.
Extrait du Bulletin de la Société d'arch. et de statistique de la Drôme, 1902-1905.
[99] In via tendente ad Portam majorem.
[100] 1583 29 décembre Instrumentum fabricae capellae S. Antonii (Urbis)
constructœ de Ordine Rmi Abbatis a Langiaco, sub cura R. D. Caroli Annisson
vicarii generalis et opera Dominici Fontana architecti pro pretio Scutorum 2550 monetae lo. lumianus rote notar. in arch. rom. cur. Descr. not.
[101] B. R. mod. 46 mill. musée de Grenoble. Médaille coulée. G. Vallier.
[102] B. R. mod. 46 mill. id. id.
[103] Pourvu en
cour de Rome le 19 septembre 1588, en prit possession le 24 décembre suivant.
[104] Notre
Société possède un exemplaire du fac-similé de cette médaille. M. le commandeur
de Rossi ayant bien voulu m'honorer .d'un exemplaire et sur ma demande, par
l'entremise de M. de Laurière, m'en offrir un second pour la Société hist. et
arch. du Périgord, en 1883
[105] Le savant archéologue romain Joseph Tomasellir se basant sur l’inscription
de la médaille retrouvée dans les fouilles de la colonne, dit qu'Anisson
l'érigea à ses dépens en 1596.