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Source: Bulletin SHAP, tome VII (1880), pp. 467-488.

NOTES ET DOCUMENTS INÉDITS RELATIFS

AUX INSTITUTIONS DE LA VILLE DE BERGERAC AVANT 1789 (Fin.)

 

CHAPITRE IV

ÉGLISES, CHAPELLES ET TEMPLES

I. - Eglise Notre-Dame-du-Château.

Celte église, la plus ancienne de toutes, était placée sous le vocable de Ste-Marie ; elle servit d'abord à un couvent de filles qui adoptèrent, en 1122, la règle de Fontevrault. Il est à présumer que, lorsque les seigneurs de Bergerac construisirent leur château sur l'emplacement du courent des Carmélites, l'église leur servit de chapelle jusqu'au moment où elle fut érigée en église paroissiale[1]. - (Voir Carmélites).

C'est dans cette église Notre-Dame-du-Château qu'Hélie Rudel et son fils conclurent une trêve, la veille des calendes de juin 1233, avec les maire et consuls du Puy-St-Front[2] .

Le 4 août 1336, plusieurs seigneurs et gentilshommes y firent hommage à Edouard III, roi d'Angleterre[3].

Louis XIII fit don de cette église aux Récollets, lors de son passage à Bergerac, en 1621[4].

Elle est affectée aujourd'hui, après avoir subi de nombreuses transformations, au culte protestant.

II. - Eglise Ste-Catherine.

Il est fait mention, dans les actes de l'Hôtel-de-Ville de Bergerac, d'une jurade tenue, en 1414, dans l'église de Ste-Catherine, au Mercadil[5] .

Cette église paraît avoir été reconstruite au mois de juin 1491, Guillaume d'Aitz étant prieur de St-Martin[6].

En 1495, fut édifiée la chapelle du St-Sépulcre, faisant partie de l'église Ste-Catherine.

Voici les termes de l'accord intervenu, l'année précédente, au sujet de l'érection du St-Sépulcre, entre le prieur de St-Martin et les personnes chargées de l'entreprise :

« Ce fut fait le 10e jour d'octobre 1494. — S'en suivent les articles et pactes accordés entre vénérable et religieuse personne, Frère Guillaume d'Aitz, bachelier en décret, prieur du prieuré de St-Martin de Bragerac, d'une part ; - et honorable homme maistre Domenge, noble, et Anthoine Constant, son gendre, habitants de Brive-la-Gaillarde, d'autre; de et sur la baille et façon de faire le sépulcre de Notre Seigneur, auprès de l'église de Ste-Catherine dudit prieuré.

Et premièrement, a été dit et accordé que le dit maistre Domenge et son gendre feront ledit sépulcre en la manière que s'en suit. C'est à savoir : le tombeau compétent et le corps de Jésus dessus, de six pieds de long ; Nostre-Dame, les Trois Maries et St-Jehan, évangéliste, Nicodemus et St-Joseph, de cinq pieds et demy de long; sept angels pour tous les en... en feulletz ; quatre gens d'armes au-dessoubs du tombeau et la personne du dit prieur, de genoux, et un saint qui viendra à sa dévotion pour le présenter au-dessus du sépulcre; l'Ascension de Notre-Seigneur, avec Notre-Dame ; douze apostres de deux pieds et demy de long et quatre petits angels, et Dieu le père, ainsi qu'ils appartiennent à ladite histoire. - Les armes du Roi et dudit prieur, ainsi qu'il devisera. Sur l'autel Notre-Dame-de-Pitié, deux angels pour tous sierges et la croix de bois, comme Notre Seigneur fut mis au mont de Calvayre, et les quatre prophètes de quatre pieds de long ; St-Clou, St-Estropi, St-Anthoine, Ste-Catherine, St-Martin, de cinq pieds et demy de long. Item a esté dit que si M. le Prieur veult convertir les quatre prophètes et autres images, le dit maistre Domenge et son gendre le feront. Et feront les dits sépulcre, images peinctes de fines peinctures d'or, d'azur et autres fines peinctures, comme s'appartient aux drapperies desdits maistres, et le rendre si beau du mieux comme le sépulcre de Poictiers, s'il peult. Et le dit sieur Prieur sera tenu fournir toute matière sur le lieu à ses dépens. Et fera les dépens aux dits maistres Domenge et son gendre, tant qu'ils besoigneront. Et sera tenu ledit maistre Domenge enseigner et adresser les maistres qui feront la chapelle, bailler les tours et compas pour mettre les images. Et ce, pour le prix et somme de trois cents livres tournoises, à payer comme la besogne se fera. Et commenceront besougnier du premier jour qu'ils seront mandés, et pourfiniront dedans trois ans prouchains. - Promiserunt partes, etc… obligaverunt, etc... juraverunt, etc., de quibus, etc., compelli voluerunt, etc., presentibus magislro Francisco de Podio, notario, fratre Arnaldi, in decretis baccalario, preceptore Sancti Spiritus Brageracii, Domino Johanne Fabri, presbitero, Guillermo Garelli et Petro Lito, habitantibus Brageracii, testibus notis, et me P. Frontuli, not. »[7]

L'église Ste-Catherine fut démolie par les protestants, en 1562, et un temple fut élevé sur son emplacement (Voir Temples protestants).

Le prieuré et l'église de Ste-Catherine étaient situés non loin de l'entrée de la rue de ce nom et hors des murs. Le sol de l'église est aujourd'hui recouvert par les vastes constructions de Notre-Dame. Sur un ancien plan de Bergerac, on voit, en face du lieu où devait se trouver l'édifice religieux, un bâtiment assez considérable, désigné à la légende sous le nom de Prieuré de Ste-Catherine. Il ne subsiste aucun vestige de cette construction.

III. - Chapelle de Pontbonne.

Il existait avant 1414, dans la banlieue de Bergerac, à Pontbonne, une église qui dépendait d'une commanderie du St-Esprit. Cet édifice, ayant disparu à une époque inconnue, fut remplacé, en 1781, par une chapelle domestique, élevée par les soins de M. Jean-François de Larmandie.

« Le 12 may audit an, Mgr de Flamarens, évêque de Périgueux, aurait accordé à Messire Jean-François de Larmandie, chevalier, seigneur de Faux, Malcintats et autres lieux, et à Me Jean-Marc Castaing, avocat en la Cour, bourgeois et ancien 1er consul de cette ville, la permission de construire une chapelle domestique au lieu de Pontbonne, où était autrefois une ancienne église.

Les fondements de cette chapelle ayant été jetés ou commencés le 10 octobre de la même année, on aurait trouvé, en les creusant, beaucoup d'ossements de corps humains, soit dans l'enceinte des fondements de cette ancienne église, qui était dédiée au St-Esprit, soit hors de leur enceinte, tout autour des fondements, ce qui justifie qu'on avait coutume d'inhumer tant dans cette église que tout autour d'icelle.

On pourrait conclure que cette église dont on ignore l'origine et dont il ne paraît plus aucun vestige, pouvait être autrefois une église paroissiale ou succursale. C'était une commanderie de Malthe ; Frère Pierre Combraille en était commandeur en 1487.

Les fondements de cette ancienne église, construits en briques, se sont trouvés environ un pied sous terra. Le nommé Anthoine Lamoulhe, entrepreneur de bâtisses de cette ville, a été l'entrepreneur de cette nouvelle chapelle, dont les deux premières pierres ont été jetées le 12 dudit mois d'octobre, l'une dans l'angle qui est à gauche de la porte d'entrée en entrant, par Mr de Conseil, conseiller honoraire au Parlement de Bordeaux, et l'autre dans ladite église, qui est du même côté, où il y a un autre angle, près l'autel, toujours en entrant, au vis-à-vis le moulin, par le sieur Castaing, avocat[8]

La dédicace de cette chapelle eut lieu en 1783.

« Le vingt octobre de ladite année, a été faite la dédicace de l'église de Pontbonne. Elle a été remise sous l'invocation du St-Esprit, comme elle était autrefois, lorsqu'il existait une autre église dans le même lieu.

La cérémonie a été faite par M. Gontier, curé de Bergerac, en conséquence de l'ordonnance de Mgr l'évêque de Périgueux, du 18 août même année, signé du Grézel, vicaire-général, et transcrite bientôt après sur les registres de l'église St-Jacques de Bergerac.

Le même jour et de suite, a été bénite par le même prêtre la cloche de ladite église, qui a eu pour parrain M. le vicomte de Ségur-Pitray et pour marraine Mme de Larmandie de Faux. La première messe du Saint-Esprit y a été célébrée par ledit sieur curé, le tout dans la matinée dudit jour 20 octobre 1783[9] ».

IV. - Eglise Saint-Jacques.

L'église Saint-Jacques, d'abord simple chapelle appartenant à l'abbaye de Saint-Florent, près Saumur, et rattachée plus lard au prieuré de Saint-Martin, fut rebâtie à plusieurs reprises.

La bulle suivante, délivrée en 1362, sur la demande des consuls de Bergerac, invita les fidèles à contribuer par leurs dons à la reconstruction de l'édifice :

« Universis Chri fidelibus, etc. Ecclarum fabricis, manum porrigere adjutricem pium apud Deum et meritorium reputantes, etc... Cum itaque, sicut exhibita nobis pro parte dilect. filiorum Consulum et universitatis villae Brageriaci, petrag. diocesis, petitio continebat, Parrochialis ecclesia Sti Jacobi de dicta villa, in qua cullus divinus die noctuque solemniter et devotissime celebrari solebat, totaliter sit diruta, et propter guerres quae in illis partibus diucius ingruerunt, incole dictae villae sint adeo pauperes et egeni, quod ad reedificationem ipsius ecclesiae, ad quam intendunt pro viribus laborare, ipsorum non sufficiant facultates. Nos cupientes quod hujusmoddi eorum pia intentio ad effectum perducatur ; quod fiet tanto citius quanto fidelium aliorum suffragia ad impromptius_praestabuntur, universitatem vestram rogamus, monemus et exhortamur in Dno, in remissionem tot. peccaminum injugentes quatinus vobis a Deo collatis, ad opus reedificationis hudi, pias elemosinas et grata caritatis subsidia erogetis, ut per subvenlionem vestram hudi, opus ipsum citius perfici valeat, etc_Nos enim de omnipotentis Dei misericordia et beatorum Petri et Pauli apostolorum ejus auctoritate confisi, omnibus vere penitentibus et confessis, qui manus ad premissa porrexerint adjutrices, unum annum et 40 dies de injuctis eis penitentiis misericorditer relaxamus ; presentibus post septennium non valituris, etc. Datum Aven, VIJ kalen. januarii, anno pontificatus nostri primo[10]. »

Le 22 avril, veille de Saint-Georges de l'an 1505, la première pierre de l'édifice fut posée par Pierre Duqueyla[11].

La première pierre du clocher, élevé sur le chœur, eut lieu en 1509, le jour de Sainte-Anne[12].

« En 1521, rapporte le livre des Jurades, les consuls vouèrent une lampe d'étaing au-devant de la custodie de Notre-Seigneur, en l'église Saint-Jacques, afin qu'il plût à Dieu préserver la ville de danger et les illuminer pour le bien et profit de la ville. »

Peu d'années après, le chœur dut être reconstruit ; la première pierre en fut posée le 25 juillet 1537 par Jean de Clermont, curé, et la seconde par MM. Jean Beaurieu, baillif, Berthomieux Gaulchier, Jean Pinet et Bernai Delpoujol, syndics de l'église[13].

Le 18 décembre 1590, l'horloge qui fut mise au clocher Saint-Jacques fut achetée par la Communauté[14].

La nef de Saint-Jacques fut en grande partie détruite par les religionnaires. « Elle n'occupait, en 1622, qu'une petite partie de l'espace de l'ancienne. Sur l'autre partie, il y avait un appenti dans lequel on prêchait la controverse aux protestants qui ne voulaient pas entrer dans l'église[15] . »

En 1685, « l'église de la paroisse Saint-Jacques fut entièrement démolie, hors le clocher, pour être rebâtie, le Roy y ayant contribué, l'hôtel de ville et Messire Jean Dufau, prieur de Saint-Martin de Bergerac, pour une somme considérable.

Le service fut transféré dans l'église des Récollets de la dite ville[16]. »

V. – Chapelains de Saint-Jacques.

Par testament du 2 janvier 1448, Marguerite de Montaut-Mussidan, veuve de Messire Jean de Beaufort, chevalier, entr'autres dispositions, légua « l'Ostel de Marfueil, sis en la ville de Bergerac, avec les moulins à aygue, assis en la dite ville et toutes et chacunes de ses autres appartances du dit Ostel de Marfueil, en quelque lieu, etc., pour fonder une chapellenie à estre desservie en l'église de Saint-Jasme, en l'autel de Notre-Dame de Bragerac..., pour faire célébrer trois messes[17] .

Au XVIe siècle, l'église paroissiale de Saint-Jacques était desservie par vingt-quatre prêtres chapelains vivant en communauté ; c'est ce qui résulte des donations, cens et rentes pour fondations d'obits que leur fit M. de Raynés, actes « des 2 mars 1538, 18 et 23 novembre 1539, devant Desplats, notaire royal[18] . »

La communauté des chapelains de Saint-Jacques fut réunie, en 1672, à celle de la Mission et séminaire de Périgueux ; la vicairerie perpétuelle de la paroisse fut rattachée au séminaire en 1682 (Voir Prieuré de Saint-Martin).

VI. - Temples protestants.

En 1562, les ministres protestants, qui avaient gagné à la cause de la Réforme non-seulement les habitants, mais les religieux des couvents de Bergerac, firent démolir l'église du prieuré de Sainte-Catherine du Mercadil; sur l'emplacement de cette église fut élevé un temple que desservit un moine apostat, d'origine écossaise, nommé le Cocq[19] .

Un autre temple fut bâti au faubourg de la Madeleine, à la suite de l'Edit de Nantes, et fut détruit après la révocation de cet édit [20].

Les protestants possédaient un troisième temple, très-rapproché de l'église Saint-Jacques; la suppression en fut prescrite, le 31 octobre 1634, par M. de Verthamon, conseiller du roi et intendant.

 

« …. Fut ordonné sur certains différents entre les catholiques et ceux de la religion P. R., que, dans six mois pour tout délai, les protestants feront bâtir un temple en tel lieu qu'ils voudront et qui ne sera point proche ni incommode aux églises et monastères de la ville, pour y continuer l'exercice de leur religion, suivant les édits, et pour cela pourront se servir des bois, etc., du temple actuel, même de la place d'icelui, fors et excepté ce qui se trouvera être de l'ancien presbytère et de l'église Saint-Jacques, à la charge de la directe des dits religieux Jacobins ; pour du prix d'icelle faire bâtir un temple nouveau, pouvant avoir une cloche pour convoquer le peuple. Les six mois expirés, défenses expresses de continuer leurs exercices dans leur temple ancien, qui était trop près de l'église Saint-Jacques ; et pour le regard du temple de la Madeleine, qui avait été bâti depuis l'édit de Nantes et par conséquent aurait dû être démoli, les parties se pouvoiront. De plus avons enjoint d'observer les édits et vivre en paix et union[21]. »

En vertu de cette décision, les réformés entreprirent la construction d'un nouvel édifice sur la place appelée depuis Place du Temple. La pose de la première pierre eut lieu le 7 juillet 1636; sous cette pierre, Gabriel du Castaing, consul, plaça, après le bailli, Jean Gast, une pièce de 20 sous[22] .

En 1643, l'horloge du clocher de Saint-Jacques fut démontée et portée au temple[23].

M. de Bernard, curé de Bergerac, poursuivit, en 1682, la suppression de ce temple. L'affaire fut d'abord portée au Parlement de Bordeaux, puis renvoyée, en exécution d'un arrêt du Conseil, au Parlement de Toulouse. Cette Cour ordonna, le 9 septembre 1682, que l'édifice serait rasé, et sa sentence fut exécutée le 11 novembre de la même année.

La croix fut plantée solennellement sur un des deux piliers qui soutenaient la charpente du temple, après une procession générale, où assistèrent, le jour et fête de Saint-Martin, environ cinquante ecclésiastiques, toutes les communautés religieuses de la ville, dont il y avait vingt Récollets et treize des trois autres ensemble[24]. »

CHAPITRE V.

COUVENTS.

I, - Prieuré de Saint-Martin.

Le prieuré de Saint-Martin de Bergerac fut fondé, vers l'an 1080, par Hélie, prévôt du château de cette ville, qui donna l'église de Saint-Martin à l'abbaye de Saint-Florent de Saumur.

Lespine a relevé, sur un manuscrit de l'abbaye de Saint Germain-des-Prés, la traduction suivante de l'acte de donation et de la ratification accordée par Hélie III, comte de Périgord :

« Un certain Hélie, ayant le gouvernement de la préfecture du château de Bergerac, pensant au salut de son âme et à ce qu'il fairait pour avoir Dieu propice, se ressouvint du mauvais ordre auquel estait l'église, tant par sa faute que celle de ses antécesseurs, qui la laissaient à des prestres mercenaires, moyennant une somme de deniers ; voulant donc la purger de ces immondices, il se détermina de la donner gratuitement à des ministres fidelles, qui la gouvernassent saintement et selon Dieu. Et en entendant la renommée de la sainte conversation des moines de Saint-Florent, il la leur donna à perpétuité, autant qu'en lui estait, par le conseil et authorité de ses frères Hugues et Audebert, et par l'exhortation que lui eu fit Pierre Herbert, son cousin; et afin que ce don fût stable, il fut devant l'autel de Saint-Martin, où en présence de plusieurs personnes insignes, savoir : d'Elie Ranulfe, d'Olon Bernard, etc., des moynes de Saint-Florent, Olivier, Constantin et Gumbert, il quitta et donna à Dieu, à Saint-Martin, à Saint-Florent-de-Saumur, à l'abbé et aux moynes d'icelui, tout ce qu'il y avait ou que d'autres tenaient de lui, toute la sépulture et autres choses de l'église ; de plus, la quatrième partie des dixmes de vin ; et après Dieu le permettant ainsi, le comte Hélie, à la supplication du moyne Olivier, vint en l'église Saint-Martin, et un jour de dimanche, en présence de tout le peuple, confirma tout ce que dessus, cédant semblablement tout le droit qu'il y pouvait avoir, permettant à tous leurs subjets d'y omosner de leurs biens, selon qu'ils voudraient, y en eslargissant eux-mêmes beaucoup ; ce que fit aussi l'Evesque de Périgueux, Guillaume, entre les mains de Gumbert et Olivier, moynes de Saint-Florent. »[25]

Le pape Urbain III, par bulle spéciale donnée à Vérone, eu 1185 ou 1186, prit sous sa protection l'église de Saint-Martin et celle de Saint-Jacques, avec leurs dépendances, et accorda aux frères la faculté de recevoir pour leur conversion les séculiers qui seraient libres de leur personne. Nous donnons le texte de cette bulle :

« Urbanus papa_Priori et fratribus Sti-Martini de Bragerat, etc.. Ecclesiam vestram cum Ecclesia Sti-Jacobi, terris, decimis, aliisque possessionibus, et pertinents quas in presentiarum habetis, vel in futurum p. state domini poteritis adipisci sub beati Petri et nostra protectione suscipimus. Liberas autem et absolutas personas de saeculo venientes vel fugientes liceat vobis ad conversionem recipere sine contradictione, sepulturam quoque illius, loci liberam esse concedimus ut eorum devotioni et extremae voluntati qui se illic sepeliri deliberaverint, nisi excomunicati sint vel interdicti, nullus obsistat ; ad hoc a parrochianis vestris_percipiendi decimas et constituta jura liberam habeatis auctoritate apostolica facultatem, etc.. Datum Veron. XVII calend. Januarii. In horum testium p. petragoricensis episcopus litteras concessit V idus martis 1239[26]. »

 

Le prieuré de Saint-Martin exerçait les droits de Verrouil sur les couvents de Bergerac et sur les églises de Notre-Dame-da-Château, de la Madeleine et du Saint-Esprit ; nous avons publié dans le Bulletin de la Société historique et archéologique du Përigord (T. 2, p. 183) un contrat du 22 juin 1527, portant afferme de ces droits.

En 1504, le prieuré de Bergerac fut visité, par ordre de Louis du Bellay, abbé de Saint-Florent, ainsi qu'en témoigne le récit qui suit :

 

«  Le 15 dudit mois de may de l'an mil cinq cent quatre.., il (le délégué) visita le prieuré de Saint-Martin de Bergerac, où il trouva quatre moynes, oultre le prieur, lequel était alors allé à l'abbaye de Saint-Cybard, près Engoulesme. Là, lui fust dit, qu'es fêtes annuelles, les religieux du prieuré devaient faire service à Sainte-Catherine et aussi les quatre festes annuelles en la grande église parrochiale. Le prieuré était en bon ordre et bien garny. En l'église du prieuré, on lui monstra un reliquaire en façon de châsse, couvert d'argent, long d'un pied au plus, haut de demy pied et quatre doigts. Au chaque bout et chaque côté estaient des images d'argent de Saint-Estropi, de Saint-CIoud, de Saint-Martin et de Sainte-Catherine, et dedans y avait des reliques desdits saints et saintes et aussi des reliques de Saint-Caprais, de Saint-Anthoyne, de Sainte-Luce et de Saint-Etienne, chaque relique étant assez petite... »[27].

Les guerres de religion n'épargnèrent pas le couvent de Saint-Martin.

« L'an 1561, la maison du prieur fut ruinée, l'église Saint-Martin démolie et un temple bâti, dans le Mercadil, sur les ruines de ladite église qui se trouvait en cet endroit, et un des moines prêchait la Réforme, qui était professée dans la ville dés l'année 1553[28] ».

L'abbaye de Saint-Florent tirait une redevance annuelle de cinquante livres du prieuré de Bergerac, comme il résulte d'un mémoire signé par Martial Dufau, prieur de Saint-Martin, en 1636 :

« Prieurs dépendant de la nomination de l'abbaye de Saint-Florent, près Saumur, en Anjou, qui doivent à la Manse de ladite abbaye les pensions qui suivent, payables et rendues annuellement audit lieu par chacun d'eux au Chapitre général qui se lient tous les ans audit lieu le 2 mai, jour de la fête de Saint-Florent; au quel jour tous lesdits prieurs sont traités magnifiquement en ladite abbaye pendant tout ledit jour, aux dépens de l'abbé de Saint-Florent:

Le prieur de La Rochefoucauld doit                                      10 livres.

Le prieur de Castillon, en Bordelais, doit                               5

Le prieur de Bergerac, en Périgord, doit                                 50

Le prieur de Montcaret, en Périgord, doit                              6

Le prieur de Pelegrue, en Agenais, doit                                 3

Le prieur de Bazas, en Agenais, doit                          5

Le prieur de Pons, en Xaintonge, doit                                    10

Le prieur de Saint-Macaire, en Bordelais[29], doit                     7 liv. 10 s. »

En 1672, le prieuré de Saint-Martin fut, avec la communauté des prêtres de Saint-Jacques, réuni à la communauté de la Mission et Séminaire de Périgueux. La vicairerie perpétuelle des deux paroisses fut rattachée, eu 1682, au même séminaire[30] .

II. - Couvent des Carmélites.

Les religieuses du couvent de Notre-Dame de Bergerac, situé sur les bords de la Dordogne, embrassèrent, en 1122, la règle de l'abbaye de Fontevrault et se mirent sous la direction de Pétronille, qui en était abbesse[31] .

En 1170, Hélie II de Castillon, évêque d'Agen, fut présenta la transaction passée entre l'abbé de Belleperche, en Gascogne, et la prieure de Bergerac.

Nous voyons aussi que, par son testament fait le dimanche avant la fête de Saint-Pierre-ez-liens de l'an 1368, Hélie Bernard, damoiseau de Grignols, entr'autres dispositions, légua aux filles Carmélites de Bergerac dix sous tournois[32] .

On conjecture que ce couvent ayant cessé d'exister, les seigneurs de Bergerac trouvèrent l'emplacement à leur convenance et employèrent les matériaux de l'établissement à la construction d'un château sur le même terrain.

III. — Couvent des Frères mineurs ou Cordeliers.

Le couvent des Cordelière de Bergerac fut fondé sous l'épiscopat de Raoul de Lastours, qui occupa le siège de Périgueux dès l'an 1217, et qui introduisit les Frères de Saint-François-d'Assise dans plusieurs autres villes du diocèse[33].

Par son testament fait cette même année, Marguerite de Turenne, dame de Bergerac, légua aux Cordeliers un repas chaque semaine à perpétuité[34]. Son fils, Elie Rudel ou Renaud IV de Pons, qui testa le dimanche avant la fête de Saint-Barthélémy de l'an 1290, exprima la volonté que son cœur fût inhumé dans l'église des Frères mineurs de Bergerac, et son corps transporté, pour y être enseveli, dans la chapelle des Frères mineurs de Pons[35].

Les Cordeliers eurent encore pour bienfaiteurs Bertrand de Longua, damoiseau, qui légua, en 1303, cinq sols à chacun des couvents des Frères mineurs, douze deniers au couvent Sainte-Marie-du-Carmel et onze sols à l'hôpital du Saint-Esprit de Bergerac[36], et Hélie Robert de Sainte-Alvère, qui fit des libéralités aux Frères prêcheurs et mineurs de Bergerac, en 1306.

Lorsque le duc d'Anjou, frère de Charles V, vint, en 1377, avec le connétable Duguesclin, mettre le siège devant Bergerac, ce prince établit ses quartiers au couvent des Cordeliers.

En 1520, « les consuls assistèrent à l'enterrement du seigneur de La Force aux Cordeliers, fournirent une douzaine de torches aux armes de la ville, firent sonner la cloche du consulat dès que le corps entra dans la ville et jusqu'à ce qu'il fût dans le couvent[37] . »

L'église des Cordeliers, détruite par les protestants en 1553, fut rétablie en 1682 et « sacrée par l'évêque de Périgueux, (Mgr Le Boux) qui logea au couvent. Il prêcha à la paroisse le lendemain et donna la confirmation[38]. »

Le couvent des Frères mineurs était situé près de la Dordogne, à la porte de Clérac.

Après la suppression des ordres religieux et la vente de leurs biens en 1791, l'église des Cordeliers fut, ainsi que celle des Jacobins, conservée pour servir de succursale à la paroisse.

IV. - Couvent des Frères prêcheurs ou Jacobins[39].

En 1260, Pierre de St-Astier, évêque de Périgueux, prescrivit la fondation d'un couvent de Frères prêcheurs à Bergerac. Il fut secondé dans cette pieuse entreprise par Marguerite de Turenne, femme de sire Renaud de Pons, seigneur de la ville, qui fit don au couvent, la même année, de cinquante livres de rente. Hélies Brunet, bourgeois, céda gratuitement le fonds sur lequel les bâtiments furent élevés. Frère Bernard de Porchères présida à cette création. Les religieux demeurèrent longtemps en ville, à l'hospice de Folcran, en attendant que leurs logements fussent prêts. La générosité d'Hélies Brunet, qui ne cessa de se montrer leur bienfaiteur, leur procura le dormitorium, et Gérard Roger édifia le Chapitre où les Frères purent célébrer le saint sacrifice[40].

Ce fut dans le Chapitre provincial tenu à Avignon, en 1264, le jour de la fête de Ste-Marie-Madeleine, que le couvent des Frères prêcheurs de Bergerac fut régulièrement institué. Le premier prieur fut Guillaume de Saint-Astier, cousin de l'évêque de Périgueux[41].

Par lettres patentes données à Melun le 21 septembre 1377, Charles V autorisa les Frères prêcheurs, dont le couvent, situé hors des murs de la ville, avait souvent été dévasté pendant les guerres, à reconstruire leur maison à proximité de l'enceinte.

Ces lettres sont ainsi conçues[42]:

« Karolus, etc., Regiae considerationis animumque virtutis et intentae solicitudinis studium assidue adiben. Et in precordiis nobis est incessant, precipuum quatenus ob divinae cuncti potentiae reverenciam personae ecclesiasticae divinis obsequiis intendentes et maxime que sub regulari habitu elegerunt, dierum suorum cursiculum curiose peragere in exhibendo suis nisibus placidum prefatae omnipotentiae famulatum, mondanas spernentes illecebras, bonorum temporalium opulentiae pauperiem preferendo, in eorum opportunis necessitatibus et presertim quae quietem concernere dinoscuntur, favorem regiam sibi sentiant non deesse, ut perinde liberius valeant in divini contemplacione manere ; nosque queamus propterea erga Regem Regum meritum consequi ad salutem. Ad nostram itaque delato noticiam quod dilecti nobis in Christo religiosi ordinis fratrum praedicatorum conventus Brageraci, qui est extra clausuram fortalicii situatus, de cujus demolicione habuerunt sepissime pertinere, causante guerrarum voragine, quae in illis partibus, sicut in plurisque mundi aliis locis, diucius viguerunt quibus impositus est nondum finis, et ut a praedonum et guerrificorum incursibus possint in antea comodius se tueri afficiantur, et in suis gerant affectibus, vehementer mediantibus piis Xsti fidelium subsidiis caritatis infra villam et fortalicium dicti loci de Brageraco novum erigi et construi facere monasterium ac parari sibi necessarias mansiones, suam ibidem residenciam transferendo, dummodo super admortizatione duorum arpentorum terrae, quae pro peractione premissorum jamque disposuerunt acquirere nostra magmficentia benigniter se inclinet super quibus nobis fecerunt humiliter supplicar. Nos igitur eorum salubri proposito pium impartien. assensum ut et tanti boni quod ut constructione predicta potissime quoad divini cultus augmentatum emergere, non veremur, valeamus effici adjutores et perinde mercedis esse participes, ac dominantium Domino complacere. Memorata duo arpenta terra et opus prefatum per religiosos jam dictos et locorum successores praenotae villae de Brageraco fortalicium et clausuram in loco tamen condecenti quocumque justo titulo acquirendi nisi jam fuerint acquisita, ac inhibi monasterium, et eorum habitationes et domos praedictas erigi et construi faciendi, prout eis expedire videbitur, auctoritate nostra regia, certaque scientia et speciali gratia licentiam concedimus per presentes ; itaque quod religiosi ipsi presentes et posteri hujusmodi duo terrae arpenta, tanquam rem ecclesiasticam et amortizatam ac sacris deputatam usibus deinceps habere, tenere et perpetue pacifice possidere possint, et eis liceat absque eo quod extra manum suam ea ponere a quocumque cogi aliqualiter valeant vel arctari, seu nobis, aut nostris successoribus, occasione hujusmodi financiam qualemcumque prestare aut solvere pro nunc vel in posterum teneantur. Ipsam vero financiam quae exinde presentialiter vel futuris temporibus deberetur, praelibatis religiosis et suis praedictis successoribus uberiori dono nostrae gratiae, ut pro personarum nostri consortibus que et liberorum nostrorum ac regno nostri prosperitate et salutem ad Xrum, preces fundere, fervencius debeant animari, ex dictis certa scientia et speciali gratia horum litterarum serie donamus, remittimus et omnino quittamus ; dilectis et fidelibus gentibus compotorum nostrum par., ceteris que justiciariis nostris, et eorum loca tenen. presentibus et futuris et cuilibet eorum, prout ad eum pertinent. ; dantes hujusmodi ; litteris in mandatis quatenus religiosos speciosos sepedictos presentes et posteros nostra presenti gratia uti et gaudere perpetuo et pacifice faciant et permittant, ac contra tenorem presentium, nullatenus inquietent molestent, ac patiantur a quocuum modo aliquo molestari. Et ut haec omnia robur perpetuae stabilitatis obtineant presentes litteras sigilli nostri fecimus appensione muniri, salvo in aliis jure nostro, et in omnibus quolibet alieno.

 Datum Meleduni XXJ die sept., anno Domini MCCCLXX VIJ.

Per Regem. J Tabari. »[43]

En 1535, les trois Etats du Périgord se tinrent dans le couvent des Jacobins[44] .

Ce fut dans l'église de ces religieux que fut enseveli, auprès de son père et de ses aïeux, M. François-Elie de Chilhaud, pourvu, en 1712, de la charge de lieutenant-général de la sénéchaussée de Bergerac[45] .

Le couvent des Jacobins était situé hors la porte Lougadoire.

V. - Couvent des Carmes.

Les renseignements font défaut sur l'époque de l'établissement des Carmes à Bergerac. On lit dans l’Histoire des Ordres monastiques qu'à la suite de la paix conclue en 1229 par l'empereur Frédéric II avec les Sarrazins, les Carmes: persécutés parles infidèles, abandonnèrent la Terre Sainte et passèrent dans l'île de Chypre en 1238. Ils s'établirent aux Aigalates, prés Marseille, en 1244, et de là se répandirent dans le Languedoc et l'Aquitaine. On peut en inférer qu'ils parurent à Bergerac vers la fin du XIIIe siècle ou au commencement du XIVe.

C'est aux ancêtres des ducs de Lauzun qu'est attribuée la fondation de leur couvent dans cette ville[46] .

Par son testament fait en l'année 1362, Malte de Born ou de Hautefort, femme de noble homme Guillaume de Forces, chevalier, ordonna que sa sépulture aurait lieu dans l'église ou le cloître des Carmes de Bergerac, où elle fonda un anniversaire[47] .

Le couvent des Carmes était situé hors la porte Barraut.

VI. — Couvent des Récollets.

C'est vers 1616 que les Récollets, qui avaient été appelés dans la province par Henri IV, firent leur apparition à Bergerac[48].

Mgr de La Béraudière, évêque de Périgueux, voulant combattre l'hérésie à Bergerac, établit leur couvent dans cette ville le 2 janvier 1620, et leur abandonna les masures de l'église de Notre-Dame, prés le château du Roi ; en même temps il leur accorda toutes puissances spirituelles, et ils se mirent à l'œuvre comme missionnaires.

Pendant le séjour qu'il fit à Bergerac, après la reddition de la place (juillet 1621), Louis XIII accueillit avec bienveillance les Pères Récollets ; il leur donna la motte de son château avec ses appartenances[49] et fit rebâtir, aux frais du trésor royal, la chapelle de Notre-Dame[50].

Les Récollets prirent possession, le 15 mai 1623, de leur église, qui fut sacrée le 20 du même mois par l'évêque de Périgueux.

La première pierre du couvent fut posée le 22 janvier 1630, par M. d'Argenson, maître des requêtes et commissaire pour la démolition des murailles de la ville.

Lors de la peste qui éclata à Bergerac en 1631, le fléau fit des victimes chez les Récollets, qui durent évacuer leur couvent.

La peste commença au mois de juillet et cessa en octobre. Il mourut, entre autres, chez les Récollets, Martin Carrier, frère de M. du Roc ; le frère Antonin Sauvage fut aussi frappé de la peste et mourut le troisième jour.

Les Récollets furent logés par M. du Roc, frère du R. P. Martin Carrier, tout auprès du château de Piles, dont il était fermier. La contagion ayant cessé en cette ville, lesdits religieux y revinrent le lendemain de la Toussaint.[51]. »

Les Récollets se signalèrent par le zèle avec lequel ils combattirent les progrès de la religion réformée, argumentant en public contre les ministres et ne négligeant aucune occasion de défendre l'intégrité de la foi catholique.

« SINODE A BERGERAC.

Le 9 septembre 1643, l'assemblée des ministres de la Basse-Guyenne se fit à Bergerac. Les Récollets firent les réfutations des prêches devant l'église de Saint-Jacques. M. le prieur avait promis de s'y trouver ; mais il n'en fit rien, dit-on, crainte de dépenses. Le prieur des Jacobins fit l'ouverture du synode ; le P. provincial des Carmes prêcha ; ensuite les Récollets firent tout le reste. Le lundi, jour de l'Exaltation de la Sainte Croix, la congrégation des ecclésiastiques de Bouniagues vint ici avec musique. On prêcha dans l'église des Récollets. M. le lieutenant-général, M. l'assesseur, M. Porcher, M. de Chapelle, baillif, et M. de Monteil se montrèrent fort affectionnés aux Récollets et leur aidèrent aux frais qu'il fallut faire.... »[52].

En 1685, les PP. Récollets furent employés à la conversion plus ou moins volontaire des protestants. On transporta chez eux tous les livres hérétiques dont la remise fut exigée des bourgeois, et qui furent brûlés devant la porte du couvent le 6 mars de l'année suivante[53].

Louis XIV avait confirmé les actes de son prédécesseur en faveur des PP. Récollets, et déclaré leur couvent de fondation royale, par ses lettres patentes du mois de mai 1677[54].

L'église des Récollets, reconstruite trop à la hâte, menaçait ruine en 1787. Elle fut réédifiée cette même année sur ses anciens fondements. Le 13 mars 1788, on y célébra la première messe solennelle. Après un sermon et le chant du Te Deum, la bénédiction du Saint-Sacrement y fut donnée par permission d'un des vicaires-généraux, en l'absence de l'évêque.

Cette église fut achetée en 1792 par le Consistoire protestant et n'a pas cessé de lui appartenir.

VII. - Couvent des Dames de la Foi.

« Ce fut quelques années avant 1680, que Mlle Baillol de Lagadou commença, avec quelques dames pieuses, de donner, dans la ville de Sarlat, aux jeunes personnes de son sexe des leçons publiques et gratuites sur la religion, la lecture, l'écriture et les divers genres de travail auxquels ces jeunes personnes étaient destinées. Les heureux effets qui résultèrent de cette précieuse association engagèrent Mgr de Fénelon, évêque de Sarlat, à lui procurer une forme plus stable. En conséquence il obtint des lettres patentes portant établissement d'une école chrétienne sous le nom de Dames de la Foi.

Mgr Le Boux, évêque de Périgueux, jaloux de procurer à son diocèse le même avantage, accueillit avec empressement la proposition qui lui fut faite par M. Carrier, prêtre de la Mission de Périgueux, déplacer à Bergerac une maison des Dames de la Foi. Il parait, par une délibération des juges de la Sénéchaussée de Bergerac, du 27 avril 1680 et par une autre du 28 du même mois, prise par le corps municipal auquel s'étaient joints les principaux habitants de la ville que tous demandaient également de voir établir à Bergerac une maison pareille à celle de Sarlat. Cette demande fut appuyée auprès du gouvernement par Mgr l'évêque de Périgueux. Il fut obtenu des lettres patentes du mois d'août de la même année, autorisant les Dames des Ecoles chrétiennes de Sarlat à venir en fonder une pareille à Bergerac. Le zèle de la pieuse Mlle de Lagadou ne lui permit pas d'attendre que ces lettres fussent enregistrées pour se rendre à Bergerac : elle y amena avec elle Mlle de Donat, première supérieure de cette maison, où se réunirent plusieurs demoiselles des principales familles du pays.

Ce fut donc en vertu des lettres patentes du Roi, enregistrées au Parlement de Bordeaux, séant à La Réole, le 21 juillet 1681, et ensuite au Sénéchal de Bergerac le 4 août suivant, que les Dames de la Foi, déjà rassemblées depuis le 22 avril de la même année, commencèrent à se livrer à l'enseignement des jeunes filles de la ville et des environs. Logées successivement, comme locataires, dans deux maisons où elles ne tardèrent pas à se trouver trop à l'étroit à cause du grand nombre de pensionnaires et d'écolières externes qui leur survenaient chaque jour, elles sentirent la nécessité d'avoir une demeure fixe, et au prix des plus grands sacrifices, elles firent l'acquisition delà maison qu'elles ont habitée jusqu'à la Révolution.

A cet établissement, considérablement agrandi par elles, les Dames de la Foi avaient ajouté un domaine considérable et quelques autres propriétés rurales. Leur externat était gratuit, et la pension des internes était très modique. N.B. Les détails ci-dessus sont extraits d'un mémoire à l'appui d'une pétition présentée, en 1805, à l'Impératrice-mère par les Dames de la Foi, pour obtenir d'être autorisées comme congrégation enseignante et réintégrées dans leur maison, où le représentant Lakanal avait transporté l'hôpital. Les religieuses étaient encore au nombre de quatorze, plus quatre sœurs de service. Il ne parait avoir été donné aucune suite à, leurs justes réclamations. Leur maison est toujours occupée par l'hospice civil et militaire, et depuis la Révolution, les Dames de la Foi ont cessé d'enseigner à Bergerac. » (Extrait des papiers de M. Gontier de Biran).

Elie de Biran.



[1] Lespine, vol. 58. p. 357.

[2] Registre de l'Histoire de Bergerac - voir Pancarte du diocèse de Périgueux. (Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord. T. 1er, p. 370.)

[3] Lespine, vol. 48, p. 340.

[4] Registre manuscrit de l'Histoire de Bergerac.

[5] Registre manuscrit de l'Histoire de Bergerac.

[6] Lespine, vol. 18, p. 197 et suiv.

[7] Cet acte est intéressant pour l’Histoire de l’art provincial en Limousin et en Périgord au xv siècle. Jusqu'à ce jour, on ne savait à qui attribuer ces nombreux calvaire, Mise au tombeau et piété, qui décoraient autrefois nos églises ; on était allé jusqu'à supposer qu'ils avaient été exécutés par des étrangers, artistes nomades venus de la Flandre. C'était une erreur. Nul doute, après avoir lu ce document, que ces maîtres ouvriers, ces imaigiers, comme on les appelait alors, ne fassent de notre pays. Ainsi, la Mise au tombeau, qu'on voit, encore, dans la chapelle du château de Biron, a dû être sculptée par des maîtres de notre province, qui, tels que Domenge et son gendre Constant, habitants de Brive, étaient à la fois architectes, sculpteurs et peintres, continuateurs, très-habiles sans doute, des traditions de l'Ecole limousine, puisque le prieur d« Saint-Martin de Bergerac, eu traitant avec eux pour un sépulcre et plusieurs douzaines de statues, comptait qu'ils égaleraient en mérite les maîtres poitevins.

Ces artistes si modestes, qui ne signaient Jamais leurs œuvres, semblent, vu la modicité du salaire qu'ils réclamaient, avoir travaillé pins pour le ciel que pour leur fortune ; et, cependant, ils méritaient un peu de gloire ; car, à en juger par les sculptures de la chapelle .de Biron, si le dessin laisse à désirer la mise on scène, l'expression religieuse, la vérité et les précieux détails du costume, enfin la richesse de l'ornementation dénotent un talent réel et des plus exercés. E G.

Lespine, vol. 48, p. 150.

[8] Registre manuscrit de l'Histoire de Bergerac.

[9] Registre manuscrit de l'Histoire de Bergerac.

[10] Lespine, vol. 33, p. 56 (Archiv. du Vatican. Registre cot. Urb. V, T. 6.)

[11] Registre manuscrit.

[12] Lespine, vol. 48, p. 126.

[13] Registre manuscrit, etc.

[14] ibid. - Cette horloge fut démolie en 1643 et portée au temple.

[15] ibid.

[16] Registre manuscrit de l'Histoire de Bergerac.

[17] Lespine, vol. 52, p. 125. - Fonds Baluze, première armoire, paquet 5, n° 3.

[18] Ibid. vol. 48, p. 339.

[19] Collection Leydet et Prunis, vol. 14, p.76 (Mémoire sur Bergerac).

[20] Lespine. vol.33. p. 44.

[21] Lespine.vol. 48, p. 378.

[22] Registre manuscrit de l’Histoire de Bergerac.

[23] Ibid.

[24] Lespine.vol. 18, p. 192.

[25] Lespine, vol. 77. p. 61. (Bibliothèque Nationale - Extrait d'un manuscrit provenant de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Cote Saint-Florent-de-Saumur.)

[26] Lespine, vol. 33, p. 60. Copie du Cartulaire de Saint-Florent.- Par ses testament et codicilles de 1300, 1364 et 1366,1e cardinal de Taleyrand-Périgord légua au prieuré de Saint-Martin de Bergerac cent florins d'or, destinés à l'achat de rentes pour la fondation d'anniversaires : «Testamentum Taleyrandi, Cardinalis Petragoricensis, annis mccclx et mccclxiv-xvic. - Conditum :-...Item prioratui de Flexu 4 florenos auri et prioratui Sti-Martini de Brageraco C. florenos auri, in emptionem reddituum pro faciendis anniversariis annis singulis expendendos.» (D. Claude Estiennot : Fragmenta historiae Aquitaniae, T. 11, p. 395 - Bibliothèque Nationale, Fonds latin).

[27] Lespine. vol. 33. p. 106. - Bibliothèque Nationale, résidu de st-Germain-des Prés.

[28] Registre manuscrit de l’Histoire de Bergerac.

[29] Lespine. vol. 48, p. 399.

[30] Registre manuscrit de l’Hitoire de Bergerac. - La liste des prieurs de Saint-Martin a été publiée dans le Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, Tome. 1er, p. 262 et suivantes.

[31] L'original de cette charte est dans le Trésor de Fontevrault. On en trouve un extrait dans le Gallia christiana, tome 9. p. 1318 : « Petronillae, abbatissae Fontis Ebraldi regimini se mancipavit conventus Beatae Mariae de Bragcraco, anno 1122. (Lespine, vol. 58, p. 357).

[32] Lespine, vol. 33, p. 144. - (Trésor du château de Mauriac).

[33] Le P. Dupuy - Estât de l’Eglise du Périgord, T. 2, p. 79.

[34] Lespine, Collection Périgord, vol. 48, p. 413.

[35] Ibid. Ibid. vol. 48. p. 374(?).

[36] ibid.  Ibid.        vol 46, p. 222 : « Testament de Bertrand de Longua (de Longo vado) donzellus, parrochianus de Santae-Fidei de Longovado, die  sabati post dominicam qua cantatur officium quasimodo, anno domini 1303...

Item lego conventui fratrum minorom et praedicatorum , cuilibet V solid.; conventui beatae Mariae de Carmelo de Bragerac XII den.. semel solvend. Item lego hospitali Santi-Spiritus de Brag. 11 soli... .

[37] Registre manuscrit de l Histoire de Bergerac.

[38] ibid.    Ibid.

[39] L'ordre des Frères prêcheurs fut fondé en 1215 par Saint-Dominique et approuvé par une bulle du Pape Honorius III, du 22 décembre 1216. Le nom de Jacobins donné à ces religieux leur vint de l'établissement qu'ils avaient formé dans la rue Saint-Jacques, à Paris. - Hélyot (Histoire des ordres monastiques. T. 3).

[40] Collection Périgord (Leydet et Prunis, vol. 14, page 76) Bibliothèque nationale, manuscrits, - et le P. Dupuy. Estat de l'Eglise du Périgord, T. 2, p. 88.

[41] Voir, dans Guidonis, la liste des prieurs qui se succédèrent de 1261 à 1332, avec quelques renseignements biographiques.

[42] Collection périgord (Lespine) vol. 33, p. 115.

[43] Lespine, vol. 99. p. 59 et suiv. (Extrait du registre 112, Trèsor des Chartes, chap. V. pièce VIIJ.)

[44] Registre manuscrit de l’Histoire de Bergerac.

[45] Lespine, vol. 48. p. 394.

[46] « ce couvent reconnaît pour ses fondateurs les ancêtres du seigneur duc de Lauzun, comme il appert par le contrat du 19 novembre 1505, retenu par Sapientia, notaire, par lequel il conste que cette ancienne et illustre famille avait fondé les Carmes de Bergerac, dont les titres primordiaux furent pris et brûlés lors de la rébellion des huguenots, arrivée en 1574... » (Lespine, vol. 92, p. 10, papiers Leydet). Cette dernière date est inexacte : c'est en 1572, que le couvent fut détruit par les protestants. On lit en effet ce qui suit dans le Registre manuscrit de l'Histoire de Bergerac (1572) «  Les trois couvents des Jacobins, Cordeliers et Carmes furent démolis et les matériaux employés à réparer les brèches des murailles de la ville, par l'ordre du baron de Langoiran, gouverneur de Bergerac, après avoir soutenu 1e siège de la Rochelle».

[47] Lespine, vol. 33, p. 115 (Archiv. du château de Hautefort).

[48] Lespine, vol. 48. p. 149.

[49] Les lettres relatives à cette donation furent expédiées au camp devant Monbeurt en octobre ou décembre 1631. — « Monbeurt, bourg autrefois fortifié. Il est dans le Bazadois, en Guienne, près du confluent de la Garonne et du Lot, à trois lieues de Nérac. » (Moreri).

[50] Leydet et Prunis. - Collect. du Périgord,vol. 14, p.77.

[51] Lespine, vol. 48, p. 177.

[52] Lespine,vol. 48, p. 177 et suiv.

[53] ibid.  vol. 48, p. 200.

[54] Ibid.  vol. 48, p. 149 et suiv.

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