Documents pontificaux sur la Gascogne d’après les archives du Vatican

Pontificat de Jean XXII (1316-1334)

 

Textes publiés et annotés pour la société historique de Gascogne

par

l’abbé Louis Guérard

Ancien élève de l’Institut catholique de Paris et de l’Ecole pratique des hautes études

Tome 1er

1896

 

 

La Société historique de Gascogne dédie ce volume à Monseigneur l’archevêque d’Auch et à ses vénérés suffragants Nosseigneurs les évêques de Bayonne, d’Aire et de Tarbes.

Elle le dédie à Nosseigneurs les archevêques et évêques qui détiennent dans leurs diocèses des parties de l’ancienne province ecclésiastique d’Auch.

C’est sous leur patronage et grâce à leur générosité que les documents dont elle commence aujourd’hui la publication ont été recueillis.

La Société historique de Gascogne est heureuse de leur offrir le témoignage public de sa reconnaissance et l’hommage de son profond respect.

 

 

 

 

65 – 28 août [1318]

Le pape recommande aux archevêques de Bordeaux et d’Auch et aux évêques de Condom, Agen, Périgueux, Saintes, Lescar, Lectoure, Bazas, Dax, Bayonne, Sarlat, Oloron et Aire de respecter les droits et la juridiction du duc d’Aquitaine, juridiction qui, d’après les officiers du duc, était diminuée par les empiètements de ces prélats. (Reg. Vat., 109, ep. 608 ; ibid. 110, ep. 992).

 

Venerabili fratri Arnaldo archiepiscopo Burdegalensi (1).

Cum sit nobis, licet immeritis, omnium ecclesiarum solicitudo divina dignatione commissa, sicut eas in suis juribus et libertatibus, ne per usurpationis aut occupationis injuriam dilabantur, ex officii debito apostolico tenemur favore protegere, sic et ne patrimonium earum in juris alieni dispendium augeatur, attentis debemus studiis providere. Ad nostrum siquidem et fratrum nostrorum auditum officialium et subditorum carissimi in Christo filii nostri Eduardi regis Anglie illustris in ducatu Aquitanie gravis querela perduxit quod tu, hiis que ad te et commissam tibi Burdegalensem ecclesiam rationabiliter pertinent non contentus, ad jura, jursisdictiones, res et bona regia ac predictorum suorum subditorum in ipso ducatu, in civitate, diocesi ac provincia Burdagalensi de novo usurpativas manus extendis illicite, privilegia et libertates ecclesiasticas ultra debitum prorogans (2), in eorum grande dispendium et prejudicium nimis grave : super quo provisionis nostre remedio suppliciter implorato, nos qui sumus omnibus in justitia debitores, fraternitati tue per apostolica scripta districte percipiendo mandamus ut, fines tuos nulla injuriosa preteritione transgregiens, ab omnibus et singulis que dictorum regis et subditorum juribus detrahant abstineas penitus, hiis que tibi et Burdegalensi ecclesie in civitate, diocesi et provincia memoratis de jure vel consuetudine competunt contentandus, sic te in hoc, ut et condecet, apostolicis conformaturus beneplacitis et mandatis quod ex nunc super illis nulla resultet querelandi materia, propter quam correctionis apostolice dexteram adhibere cogamur.

Datum V kalendas septembris (3).

 

In eundem modum venerabili fratri Amanevo archiepiscopo Auxitano (4) (Reg. Vat., 109, ep. 609).

In e. m. v. f. Raymundo episcopo Condomiensi (5) (ibid., ep. 610).

In e. m. v. f. Amanevo episcopo Agennensi (6) (ibid., ep. 611).

In e. m. v. f. Raymundo episcopo Petragoricensis (ibid., ep. 612).

In e. m. v. f. Theobaldo episcopo Xanctonensi (7) (ibid., ep. 613).

In e. m. v. f. Arnaldo episcopo Lascurrensi (8) (ibid., ep. 614).

In e. m. v. f. Guillelmo episcopo Lectorensi (9) (reg. 110, ep. 992).

In e. m. v. f. Guillelmo episcopo Vasatensi (10) (reg. 109, ep. 615).

In e. m. v. f. Garsie episcopo Aquensi (11) (ibid., ep. 616).

In e. m. v. f. Petro episcopo Baionensi (ibid., ep. 617).

In e. m. v. f. Raymundo episcopo Sarlatensi (12) (ibid., ep. 618).

In e. m. v. f. Guillelmo episcopo Olorenensi (13) (ibid., ep. 619).

In e. m. v. f. Bernardo episcopo Adurensi (14) (ibid., ep. 620).

 

(1) Cette lettre est une nouvelle preuve des conflits perpétuels qui mettaient aux prises à cette époque les deux juridictions ecclésiastique et civile, surtout dans la Gascogne anglaise (voir ci-dessus la lettre du 26 juin 1318). Pour y mettre fin, Edouard II, imitant ce qui se passait en France, voulut conclure des contrats de paréage: le 1er mars 1319, il écrivit au pape, lui demandant de donner aux évêques et abbés du duché d’Aquitaine toutes les autorisations nécessaires pour conclure des contrats de ce genre. On peut bien penser que dans ces conflits il y avait des torts des deux côtés; c’est ce que Jean XXII, dans la présente lettre, paraît assez disposé à reconnaître. En particulier à Bordeaux, capitale du duché, la situation doit avoir été plus d’une fois assez tendue sous le règne d’Edouard II. En effet, l’archevêque Arnaud de Canteloup (1305-1332) obtint de Clément V, dont il était le parent et le deuxième successeur sur le siège de Bordeaux, une lettre de protection et sauvegarde pour les biens et droits de son église qui avaient souffert, dit la bulle, de graves injures et dommages. En 1324, il émit une prétention qui dut paraître excessive : il ne craignit pas, en présence de Raymond d’Armagnac et d’Amanieu d’Albret, de déclarer aux envoyés d’Edmond, frère du roi Edouard III, qu’il était exempt de tout hommage et serment de fidélité envers le roi d’Angleterre, et libre par conséquent de ne pas répondre à ses convocations. A diverses reprises, il fit des déclarations analogues au roi de France sur un sujet semblable. On sait d’ailleurs qu’à la même époque plusieurs prélats, aussitôt après leur promotion, ne faisaient aucune difficulté de rendre hommage au roi de France pour leur temporalité (voir plus haut la lettre du 1er avril 1318 ; Rymer, Foedera, t. II, pars I, p. 170 ; Gallia christiana, II, 832, 833 ; Instrumenta, 265, 300, 301 ; Archives de la Gironde, XXIII, 345).

(2) Le Pape parle ici de l’extension énorme qu’avait prise la juridiction ecclésiastique dans la Gascogne anglaise dès le commencement du XIVe siècle. Ceci concorde bien avec l’appréciation portée par M. le chanoine Allain sur l’ensemble de cette période. « Durant toute la durée de l’union du pays bordelais à la couronne d’Angleterre, l’Eglise s’y était affermie, avait grandi en puissance et en richesses, avait accru ses privilèges, exerçait dans les affaires civiles, judiciaires, politiques, une action de plus en plus prépondérante ... On devait dire plus tard : au temps des Anglais, les gens d’Eglise gouvernaient tout. » (Extrait de la Revue des Questions historiques, octobre 1895, pp. 24 et 56 du tirage à part).

(3) Cette lettre est postérieure au 18 janvier 1318, date de la promotion de Guillaume de Lamothe à l’évêché de Bazas (voir ci-dessous, pour cette date, la note qui le concerne). En effet, ce prélat figure ici comme évêque de Bazas parmi ceux auxquels le Pape adresse ses instructions. On peut faire la même observation au sujet de l’évêque de Saintes. D’autre part, la lettre est antérieure à la mort de l’archevêque d’Auch, Amanieu d’Armagnac, qui est également mentionné dans cette lettre. Or, ce prélat mourut le 11 septembre 1318, d’après le nécrologe de la Case-Dieu et d’après les données qu’on trouve dans la reddition de comptes de son exécuteur testamentaire (Gallia christiana, I, 993 ; Regesta Avenionensia Johannis XXII, t. XLVI, f. 224). Datée du 28 août, cette lettre ne peut donc être que de l’année 1318. La liste qui suit comprend, semble-t-il, sans aucune exception, l’ensemble des prélats de Gascogne qui, à quelque titre, étaient considérés comme relevant du duché anglais d’Aquitaine, du moins d’après ce que prétendaient les rois d’Angleterre. Ils appartenaient tous aux deux provinces ecclésiastiques de Bordeaux et d’Auch.

(4) En 1274 et 1279, Amanieu d’Armagnac avait porté plainte à Edouard Ier contre le sénéchal de Gascogne qui, entre autres empiètements, prétendait appliquer le droit de régale aux églises vacantes de la province d’Auch. On ne saurait dire quelles furent les relations d’Amanieu avec les autorités anglaises de Gascogne pendant la dernière partie de son épiscopat (Rymer, Foedera, t. I, pars II, pp. 136, 142, 177).

(5) Raymond de Galard, premier évêque de Condom (1317-1340). A la suite de divers démêlés avec les consuls de Condom, il jeta sur la ville, vers le milieu de 1320, un interdit qui durait encore à la fin de 1321. Ses relations n’étaient pas meilleures avec les officiers du roi d’Angleterre. Aussi, le 12 décembre 1321, Edouard II demanda-t-il au Pape de le transférer à un autre siège (Rymer, Foedera, t. II, pars II, pp. 31, 33 ; Gallia christiana, II, 962).

(6) A l’encontre de Raymond de Galard, Amanieu de Farges, évêque d’Agen, entretenait de bons rapports avec les autorités anglaises, du moins jusqu’en 1316 ; une lettre d’Edouard II  en fait foi. Il semble qu’il en ait été à peu près de même de l’évêque de Périgueux, Raimond (Rymer, Foedera, t. II, pars I, p. 95 ; Gallia christiana, II, 1477).

(7) Sauf en ce qui concerne les évêques de Dax et de Bazas, on n’a pas de renseignements sur les relations qu’eurent avec les autorités anglaises les évêques dont les noms suivent. Tout ce qu’on sait de l’histoire de cette époque et la lettre pontificale elle-même font croire qu’elles furent plus ou moins troublées. Théobald ou Thibaud de Castillon avait été d’abord évêque de Bazas entre 1313 environ et 1318. Jean XXII le transféra à Saintes le 18 janvier 1318 (Regesta Vat. n° 67, ep. 393 ; Gallia christiana, II, 1077).

(8) Arnaud, archidiacre de Rustan, au diocèse de Tarbes, avait été élu en 1311, non sans contestation, évêque de Lescar. Il fut confirmé par Clément V le 12 mai de cette année (Regestum Clementis V, n° 6793).

(9) Guillaume de Bordes. Depuis 1273, l’évêque et le roi d’Angleterre se partageait la souveraineté de Lectoure (Gallia christiana, I, 1078, 1079, Instrumenta, p. 175).

(10) Guillaume de la Mothe, oncle de Théobald de Castillon, plus haut mentionné, fut à deux reprises évêque de Bazas : une première fois, entre 1302 et 1313 environ, après quoi il fut transféré au siège de Saintes, qu’il quitta en 1318, et où il fut remplacé par son neveu Théobald. A la date du 18 janvier 1318, Jean XXII le préposa pour la seconde fois à l’église de Bazas (Reg. Vat. 67, ep. 394 ; Reg. Avenionensia Clementis VI, t. LX, f. 227 ; Gallia christiana, I, 1201, 1202). A la fin du XIIIe siècle, un de ses prédécesseurs avait eu, d’après Marca, avec Edouard Ier, un conflit assez grave au sujet de l’usage de la monnaie de Morlas, conflit dont on ignore les suites (Histoire de Béarn, liv. IV, ch. 16). En 1306, Guillaume de la Mothe fut lui-même cité devant le Saint-Siège pour rendre compte de sa conduite dans ses démêlés avec le monastère de Fleury-sur-Loire et Jean de Haverings, sénéchal de Gascogne (Reg. Clementis V, n° 387).

(11) Garsie-Arnaud de Caupène, qui a déjà figuré dans ce recueil (n° 33), eut un conflit avec le sénéchal de Guyenne et Amanieu d’Albret au sujet de la juridiction sur les lépreux. Monlezun renvoie sur ce point au document qu’il appelle « le manuscrit de Dax » (Histoire de la Gascogne, III, 156). D’après des renseignements fournis par M. l’abbé Dudon, directeur au Grand-Séminaire d’Aire, ce manuscrit ne serait autre que le Dyptiche rédigé par l’avocat Compaigne au XVIIe siècle.

(12) L’évêque de Bayonne, Pierre de Maslac, a déjà figuré dans nos documents (n° 33). Raymond de Roquecorne, premier évêque de Sarlat (Gallia christiana, II, 1512).

(13) Cet évêque, élu en 1308, n’avait pu encore, à la date du 30 juin 1309, prendre possession de son siège, à la suite des attaques dont son élection avait été l’objet (Regestum Clementis V, n° 3334 et 4840).

(14) Bernard de Bats (cf. le n° 33). Le texte du registre 110 est, pour cette lettre, meilleur que celui du registre 109 où l’on remarque quelques incorrections, et l’omission de l’évêque de Lectoure.

 

 

70 – [25 octobre 1318]

Le Pape écrit au roi d’Angleterre en faveur de Jourdain de l’Isle, qui était en procès avec Alexandre de Caumont devant la cour du sénéchal anglais de Gascogne, Antoine Pisaigne. Celui-ci, après avoir quelque temps retenu arbitrairement en prison Jourdain de l’Isle, avait ordonné un duel judiciaire dans un délai déterminé, délai qui avait été ensuité prolongé à raison d’une absence du sénéchal. Dans l’intervalle, les deux adversaires étaient allés à la cour pontificale. Mais à ce moment même, le sénéchal, devançant le terme par lui-même en dernier lieu assigné, avait ordonné que le duel aurait lieu à Bordeaux au jour primitivement fixé. Il en était résulté un grave désavantage pour Jourdain de l’Isle qui, s’étant fié à la prolongation du délai, n’aurait eu que quinze jours pour se préparer au duel. Aussi, récusant le tribunal d’un juge aussi partial, il s’était laissé condamner par défaut et avait interjeté appel de la sentence par-devant le roi de France, suzerain du duc d’Aquitaine. Le pape prie le roi d’Angleterre de ne pas s’offenser de cet appel, et recommande à sa bienveillance la cause de Jourdain de l’Isle (Reg. Vat. 109, ep. 640).

 

Carissimo in Christo filio Eduardo regi Anglie illustri.

Preces nostras, fili carissime, quas pro personis domestica nobis familiaritate conjunctis, et tue nichilominus subditis ditioni, excellencie tue quandoque porrigimus, favorabilis exauditionis locum apud benignitatem regiam invenire speramus, ubi presertim agitur de justa reformatione gravaminum personis iisdem per officiales tuos indebite illatorum. Ecce quidem, dilecte fili, nobilis vir Jordanus de Insula domicellus et familiaris noster, graviter queritur quod dilectus filius nobilis vir Antonius Pisaigne, miles, senescallus tuus in Vasconie partibus, ipsum minus debite persequens, primum de persona cepit, et trudit pro libito carceri, ac demum cum Alexandro de Cavomonte (1) dare et ab illo recipere gagium duelli (2) compellens, et duellum inter ipsos adjudicans, ad committendum illud certam diem eis assignare curavit ; et licet postmodum habens, ut asserebat, a ducatu Aquitanie pro tuis agendis ab esse, diem ipsam usque ad certum prorogaverit terminum, postea tamen ad ipsius Jordani evidens gravamen intendens, dum ambo in nostra presentes existerent curia (3), ipsi Jordano per suas litteras intimavit quod, non obstante prorogatione predicta, pro ipsius facto duelli, in die primitus assignata intendebat esse Burdegalis ; non attendens quod, cum ab intimatione hujusmodi usque ad diem ipsam vix dies quindecim superessent, infra illos idem Jordanus, qui de dicta prorogatione confisus de ipsius duelli preparatione interim non curarat, ad tanti prosecutionem negocii non poterat se parare : propter quod Jordanus ipse se nimis gravatus advertens, et ex hiis et aliis legitimis causis suspectum habens senescallum eundem, ipsum, ne suspecti judicis examen periculose subiret, recusare coactus est, et ab ipso ad curiam Francie appellare. Quem tamen, licet absentem, idem senescallus sub ipsius duelli negocio sententialiter condempnavit, absoluto prorsus Alexandro predicto, a quibus condempnatione et absolutione procurator Jordani predicti volens, circa hec sic periculosa pariter et dampnosa, ipsi Jordano prospicere, appellationem fertur ad dictam curiam emisisse.

Quia igitur, fili, si premissa pensentur consulte gravamina, non utique mirandum occurret quod Jordanus ipse in tanto et tali negocio, non tam inductus quam compulsus extitit opprimentis declinare judicium et ad juris presidium convolare, excellenciam regiam attente requirimus et affectuose rogamus quatenus eundem Jordanum, quem super premissis appellationibus, et eas tangentibus per procuratorem suum latius explicandis, satis excusabilem reddit quasi quedam indicta necessitas, nedum excusatum habere inde velit regia celsitudo, quin etiam, nostre, si placet, intercessionis obtentu, in aliis ejus negociis te sibi propicium et favorabilem clementer impendas ; ita quod, dum Jordanus ipse, cujus personam atque justitiam, certa consideratione, speciali affectione complectimur, votivum ex nostris hujusmodi litteris se apud celsitudinem tuam fructum invenisse letabitur, nos proinde regalis devotionis promptitudinem plenis gratiarum actionibus prosequamur.

Datum, etc. (4)

 

(1) Alexandre de Caumont, fils d’Anessance de Caumont et d’Isabeau de Péberac, avait succédé à son père en 1299. Il était co-seigneur de Sainte-Bazeille (canton de Marmande, Lot-et-Garonne), avec le trop célèbre Jourdain de l’Isle (voir ci-dessus la lettre du 7 mars 1318). Ce voisinage dangereux devait nécessairement lui apporter des désagréments ; et en effet les deux seigneurs eurent de graves démêlés. Le sénéchal anglais, saisi de cette affaire, tint quelque temps en prison Jourdain de l’Isle et ensuite ordonna le duel dans les conditions expliquées par le Pape, qui est ici l’écho de son protégé. Ce duel fut, comme on voit, empêché par l’appel de Jourdain au Parlement de Paris qui, d’ailleurs, finit, lui aussi par ordonner le combat judiciaire (voir plus loin le n° 111, Grands officiers de la couronne, II, 706 ; l’abbé Alis : Histoire de la ville et de la baronnie de Sainte-Bazeille, pp. 47, 61, 63, 69).

(2) Les gages de duel ou de bataille, gagia, vadia duelli, consistaient primitivement, d’après Du Cange, du moins dans quelques pays, en certains objets de valeur déposés par les deux adversaires en présence du juge ; ces objets, après le combat, devenaient la propriété, soit du juge lui-même, soit plutôt du vainqueur, à titre d’indemnité. Dans le cas dont il est ici question, la remise et l’acceptation du gage étaient une simple formalité, d’ailleurs nécessaire. Le gage de duel était présenté par l’appelant, c’est-à-dire par celui qui demandait le duel, à la partie adverse, en présence du juge compétent. Si celui-ci autorisait le duel, l’adversaire acceptait le gage, relevait le gant, comme on finit par dire ; au contraire, si le juge s’opposait à l’acceptation du gage, s’il l’annulait, le duel était interdit. On trouvera des exemples de cette procédure dans un arrêt du Parlement, rendu en 1309, au sujet d’une triple provocation qui avait eu lieu entre les maisons de Foix, d’Armagnac et de Comminges. A la vérité, le passage de la bulle où il est question du gage de duel d’Alexandre de Caumont n’est pas précisément très clair : il semble que ce dernier, d’accord avec le sénéchal, ait pris la qualité d’appelant (Histoire de Languedoc, t. X, Preuves, pp. 490 et suiv. ; cf. Ch. V. Langlois, Textes relatifs à l’histoire du Parlement, Paris, 1888, p. 246).

(3) Il résulte de ce passage qu’au moment où le Pape écrivait cette lettre, Jourdain de l’Isle avait déjà recouvré sa liberté. A la date du 15 juin 1318, il était encore en prison (cf. le n° 47).

(4) Cette lettre, qui fait corps avec le n° 72 daté du 25 octobre, est postérieure, d’après la note précédente, au 15 juin 1318. Il semble d’ailleurs qu’elle n’ait pas été écrite longtemps après cette date ; le Pape paraît même considérer Antoine Pisaigne comme étant encore sénéchal de Gascogne. Or ce personnage fut remplacé dans ses fonctions vers le commencement de novembre 1318 (Rymer, Foedera, t. II, pars I, p. 163). Tout indique donc qu’il faut attribuer cette lettre au 25 octobre 1318. Cette remarque s’applique aux trois lettres qui suivent.

 

 

72 – 25 octobre [1318]

Le Pape rappelle à Philippe le Long que déjà, sous Philippe le Bel, Jourdain de l’Isle avait une première fois fait appel au roi de France d’une sentence du sénéchal anglais de Gascogne. Malgré cet appel, le sénéchal avait fait arrêter Jourdain et lui avait infligé les traitements qui ont été exposés dans les lettres précédentes. Jourdain avait alors renouvelé son appel, et le sénéchal français de Périgueux avait signifié aux autorités anglaises d’avoir à suspendre leurs poursuites contre l’accusé. Cette intimation n’ayant pas empêché le sénéchal anglais de condamner Jourdain par défaut, celui-ci, pour la troisième fois, avait eu recours au roi de France. Le Pape prie ce prince de prendre en main une cause dans laquelle ses propres droits de suzerain se trouvaient intéressés (Reg. Vat. 109, ep. 643 ; ibid. 110, ep. 729).

 

Carissimo in Christo filio Philippo regi Francie et Navarre illustri.

Preces nostras, etc. (1). Ecce quidem dilecti filii nobilis viri Jordani de Insula domicelli et familiaris nostri habet assertio quod, post appellationem jam abolim ab audiencia senescalli Vasconie et officialium aliorum carissimi in Christo filii Eduardi regis Anglie illustris et Aquitanie ducis, per ipsum emissam, ac post constitutionem specialis guardiatoris sibi, ratione appellationis ipsius, per clare memorie regis incliti patris tui curiam sibi dati, dilectus filius nobilis vir Antonius Pesaigne miles, senescallus Vasconie pro duce predicto, spretis appellatione et gardia memoratis, eum violenter de manibus dicti gardiatoris eripiens, de persona cepit et trudit pro libito carceri, ac demum ipsum Alexandro de Cavomonte date et ab ipso recipere gagium duelli compellens, et duellum inter ipsos adjudicans, ad committendum illud certam diem eis assignare curavit, etc. Propter quod Jordanus ipse se nimis gravatum advertens, ex hiis et aliis legitimis causis, senescallum ut suspectum recusasse predictum, et ab eo ad  curiam tuam appellasse de novo se dicit. Porro, licet nonnulli commissarii dilecti filii nobilis viri senescalli tui Petragoricensis, pretextu appellationum hujusmodi, inhibuisse ferantur, cum solemnitate debita et sub gravium adjectione penarum, senescallo predicto Vasconie quod, appellationibus pendentibus antedictis, nichil innovaret vel attemptaret contra Jordanum eundem, maxime super gagio duelli predicti, ipse tamen gravamina gravaminibus cumulans, et appellationibus ipsis deferre non curans, appellationibus ipsis ac prohibitione contemptis omnino, campum duelli tenuit, et Alexandrum predictum absolvens, Jordanum ipsum absentem sententialiter, ut dicitur, condempnavit; a qua condempnatione procurator Jordani predicti fertur ad tuam curiam appellasse.

Quia igitur appellationis remedium est in relevamen oppressorum inductum, excellenciam regiam attente requirimus et affectuaose rogamus quatenus, consideranter attento quod predicta, si veritate subsistant, nedum cedunt in juris injuriam et grave dicti Jordani dispendium, quin etiam in tue superioritatis quoddam eludium aperte redundant, eidem Jordano seu procuratori suo super premissis et ea tangentibus per procuratorem ipsum latius explicandis, nostre, si placet, intercessionis obtentu eum justitie favorem impendi mandes et facias, per quem et sibi, ut fertur, oppresso remedium debite relevationis adveniat, et detrimentum injuste lesionis abscedat ; ita quod, dum Jordanus ipse, cujus personam atque justitiam, certa consideratione, speciali affectione complectimur, votivum ex nostris hujusmodi litteris se invenisse fructum apud celsitudinem regiam in jure suo letabitur ; nos proinde regalis devotionis promptitudinem plenis gratiarum actionibus prosequamur.

Datum Avinione, VIII kalendas novembris (2).

 

(1) Voir, pour les passages omis et pour la date, l’avant-dernier document qui est en rapport étroit avec celui-ci.

(2) Voir pour la date, la dernière note du n° 70.

 

 

81 – 24 mars 1319

Lettres de sauvegarde adressées par le Pape à l’évêque de Sarlat, à un archidiacre de Paris et à l’archidiacre de Bezaume, au diocèse de Bazas, en faveur de Pierre-Béraud, archidiacre au diocèse de Bayeux (Reg. Vat. 69, Curiales, ep. 83).

 

Venerabili fratri episcopo Sarlatensi (1), et dilectis filiis Parisiensis, ac Vesalmensi (2), Vasatensis archidiaconis ecclesiarum.

Inter alia que nobis ex solicitudine officii pastoralis incumbunt, etc... Sane pro parte dilecti filii Petri Beraldi archidiaconi de Citravada in ecclesia Baiocensi fuit propositum coram nobis quod plerumque contingit sibi super beneficiis et bonis suis ecclesiasticis molestias et injurias irrogari ; quare nobis humiliter supplicavit ut, cum valde difficile sit ei et procuratoribus suis ad nos pro singulis querelis habere recursum, providere sibi super hoc paterna diligencia dignaremur.

Nos igitur adversus hujusmodi presumptores de illis volentes ipsi Petro remedio subvenire, per quod ipsorum compescatur temeritas, et aliis aditus committendi similia precludatur, discretioni vestre per apostolica scripta mandamus quatenus vos vel duo aut unus vestrum per vos vel alium seu alios prefato archidiacono vel procuratori aut procuratoribus suis oportuni favoris presidio efficaciter assistentes, ipsum super beneficiis et bonis eisdem, tam illis videlicet que est assecutus, quam hiis que ipsum assequi, dante Domino, contingerit in futurum, eum ea habuerit aut ipsorum fructibus, redditibus, proventibus et juribus vel eorum pretextu non permittatis ab aliquibus indebite molestari, exhibituri eisdem archidiacono et procuratoribus, cum ab ipsis vel eorum aliquo fueritis requisiti, de quibuslibet predicto archidiacono super beneficiis, bonis, fructibus, redditibus, proventibus et juribus supradictis, vel eorum aliquo seu aliquibus, molestias vel injurias irrogantibus, cujuscunque dignitatis vel conditionis aut status existant, necnon de quibuslibet molestiis, injuriis atque dampnis presentibus et futuris, in illis videlicet que judicialem requirunt indaginem, de plano, sine strepitu et figura judicii, in aliis vero, prout qualitas ipsorum exegerit, justicie complementum, molestatores et injuriatores hujusmodi et contradictores quoslibet per censuram ecclesiasticam, appellatione postposita, compescendo.

Non obstantibus constitutionibus tam felicis recordationis Bonifacii pape VIII predecessoris nostri quarum prima cavetur ne quis, certis exceptis casibus, extra suam civitatem et diocesim (3), secunda vero ne reus alterius diocesis ultra unam dietam a finibus ejusdem diocesis ad judicium evocetur (4), quam de duabus dietis editis in concilio generali (5), et quibuscunque aliis a predecessoribus nostris Romanis pontificibus super hoc editis, dummodo ultra terciam vel quartam aliquis extra suam diocesim auctoritate presentium ad judicium non trahatur ; seu si aliquibus a sede apostolica sit indultum quod excommunicari, suspendi vel interdici non possint per litteras apostolicas que de indulto hujusmodi plenam et expressam non fecerint mentionem, et qualibet alia dicte sedis indulgencia, cujuscunque tenoris existat, per quam presentibus non expressam vel totaliter non insertam effectus earum impediri valeat vel differri, et de quo cujusque toto tenore de verbo ad verbum habenda sit in nostris litteris mentio specialis.

Ceterum volumus et apostolica auctoritate decernimus quod a data presentium sit vobis et unicuique vestrum in premissis omnibus et eorum singulis potestas et jurisdictio attributa, quodque in eo vigore illaque firmitate possitis auctoritate nostra in predictis omnibus et pro predictis procedere, ac si vestra jurisdictio in premissis omnibus et singulis per citationem vel modum alium perpetuata legitimum extitisset.

Datum Avinione VIIII kalendas aprilis anno tercio.

 

(1) Raymond de Roquecorne, déjà mentionné ci-dessus (n° 65).

(2) L’archidiaconé de Bezaume comprenait vraisemblablement toute la partie du diocèse de Bazas comprise entre la Garonne et la Dordogne. La Réole est aujourd’hui la ville principale de cette région, qui composait jusqu’au XIIIe siècle la majeure partie de la vicomté de Bezaume. Il existait au diocèse d’Agen, dans la partie limitrophe du diocèse de Bazas, un autre archidiaconé de Bezaume dont on trouvera le détail dans l’étude consacrée par M. Bladé à cette région. Il n’est pas fait mention, dans les textes présentés par M. Bladé, d’un archidiaconé de Bezaume au diocèse de Bazas. D’ailleurs la mention diocesis Vasatensis que renferme notre bulle confirme au fond ce qui a été dit par M. Bladé au sujet de la situation véritable de la vicomté de Bezaume et de l’extension primitive du diocèse d’Agen : ce diocèse aurait compris, dans le haut Moyen-âge, sous le nom collectif de pays de Bezaume, non seulement l’archidiaconé de ce nom au diocèse d’Agen tel qu’il apparaît dans les textes de la fin du Moyen-âge, mais aussi presque tout le pays dont La Réole est aujourd’hui le chef-lieu. Cette région fut ensuite, peut-être vers le Xe siècle, rattachée au diocèse de Bazas. Ainsi on s’explique facilement l’existence de deux archidiaconés de Bezaume situés dans deux diocèses différents et limitrophes (Jean-François Bladé, Notice sur la vicomté de Bezaume, le comté de Benauges, les vicomtés de Brulhois et d’Auvillars, et les pays de Villandraut et de Cayran, Bordeaux, 1878).

(3) Bul. rom., édition de Turin, t. IV, p. 128 ; Corp. jur., éd. Friedberg, II, 982.

(4) Corpus juris canonici, in Sexto, lib. I, tit. III, de Rescriptis, cap. XI.

(5) In Clementin ; lib. II, tit. II, de foro competenti.

 

 

85 – 5 avril [1319]

Pierre Duèze avait acheté au comte d’Evreux la seigneurie de Négrepelisse et la terre de Tulmon, situées dans la sénéchaussée de Périgueux et Cahors, pour la somme de cinquante-sept mille livres petits tournois. Le prix avait été payé en partie par le roi de France, qui avait compté au vendeur vingt-sept mille livres tournois au nom de Pierre Duèze : celui-ci se trouvait donc engagé envers le Roi pour ladite somme. D’autre part, le roi de France, en vertu de conventions relatives à la croisade, était débiteur du Pape pour la somme de cent mille livres petits tournois. Pierre Duèze alors, se chargeant à son tour d’une partie des dettes du Roi, avait payé à la Chambre apostolique vingt-sept mille livres tournois pour lesquelles, comme on l’a vu, il était lui-même débiteur du Roi. En conséquence, Jean XXII, par les présentes, déclare le Roi libéré de ses dettes personnelles jusqu’à concurrence de ladite somme de vingt-sept mille livres tournois, équivalent à trente-six mille florins (Reg. Vat. 110, ep. 242).

 

Carissimo in Christo filio Philippo regi Francie et Navarre illustri.

Dudum, ad tue petitionis instanciam, pecuniam decime omnium ecclesiasticorum proventuum per felicis recordationis Clementem Papam V, predecessorem nostrum, in regno Francie imposite in terre sancte subsidium convertende, pro uno anno duntaxat, videlicet pro anno Domini millesimo CCCXVII, celsitudini tue per venerabilem fratrem nostrum (1) episcopum Antissiodorensem et dilectos filios magistrum Gaufridum de Plexeyo canonicum Parisiensem, notarium nostrum, et [...] abbatem monasterii sancti Dionysii in Francia (2), Parisiensis diocesis, collectores dicte decime per ipsius predecessoris litteras deputatos (3) fecimus mutuari et etiam assignari ; hoc inter nos et te specialiter acto quod, de dicta pecunia, centum milia florenorum auri, pro quodam particulari passagio in subsidium dicte terre inter nos et gentes tuas de tua consciencia ordinato, ad nostram requisitionem nobis faceres assignari. Cum autem dilectus filius nobilis vir Petrus de Duesa (4), miles, ratione venditionis sibi facte per dilectum filium nobilem virum Ludovicum clare memorie regis Francie filium, comitem Ebroicensem (5), seu procuratorem suum ad id specialiter ordinatum, de castro seu villa Nigrapellicie, et bastida Dalbias, sancti Stephani, de Taugia, et de Langiaco, senescallie Petragoricensis et Caturcensis, et pertinenciarum eorundem, et de omni jure quod dictus comes habebat sue habere poterat in terra Tulmonis, in quinquaginta septem milibus librarum turonensium parvorum dicto comiti teneretur eo nomine, ipsius Petri Duesa pro dicto debito et exoneratione ipsius, triginta sex milia florenorum auri pro XXVII milibus librarum turonensium parvorum de pecunia tua dicto comiti solvi feceris et etiam assignari ; idemque Petrus Duesa tuo nomine de dictis triginta sex milibus florenorum satisfecerit nobis, [et] integraliter duxerit persolvenda ; nos, ad futuram memoriam et cautelam, predicta triginta sex milia florenorum auri a dicto Petro, tuo nomine, de dicti triginta sex (6) milibus florenis auri, recepisse, et integraliter numerata nobis fuisse habuisse (sic) fertur satisfecisse presentium tenore fatemur, ipsique in extenuationem dicti debiti centum milium florenorum auri, volumus computari ; propter quod te et successores tuos ac regnum tuum de dictis triginta sex milibus florenorum auri absolvimus et quitamus, presentes litteras,  nostra vera bulla munitas, magnitudini tue in testimonium solutionis hujusmodi recondentes.

Datum nonis aprilis (7).

 

(1) L’évêque d’Auxerre était alors Pierre de Grès (Gallia christiana, XII, 314).

(2) L’abbé de Saint-Denys, Gilles de Pontoise, joua un rôle politique sous le règne de Philippe V. Il fut libéré au mois de septembre 1319 des fonctions de collecteur de la dîme accordée au roi de France (Gallia christiana, VII, 397).

(3) Le registre porte : deputatis.

(4) Pierre Duèze, frère de Jean XXII (voir la lettre du 1er avril 1318, p. 37, n. 5).

(5) Louis, comte d’Evreux, fils de Philippe le Hardi, et grand-père de Charles le Mauvais, roi de Navarre, est présenté dans ce passage comme étant encore en vie ; il mourut le 19 mai 1319 (Art de vérifier les dates, éd. de 1818, t. XII, p. 474 ; Grands officiers de la couronne, I, 280). Les localités dont le nom suit étaient des bastides qui se trouvent aujourd’hui dans le département du Tarn-et-Garonne. Négrepelisse est un chef-lieu de canton de l’arrondissement de Montauban. Albias et Saint-Etienne-de-Tulmon sont dans le canton de Négrepelisse. Il en est de même du lieu de Tauge, ailleurs appelé Sainte-Marie-de-Tauge ou de Danias ; il comprenait en 1319 quatre-vingt-quinze feux. Léojac est dans le canton de Montauban. La seigneurie de Négrepelisse avait été léguée au comte d’Evreux par Philippe le Hardi ; Louis le Hutin lui céda, en outre, la terre de Tulmon. Le comte d’Evreux, en présence de Bernard Jourdain de l’Isle, vendit ces terres à Pierre Duèze, par acte du 24 mars 1319 (Archives de Tarn-et-Garonne, inventaire des titres de Négrepelisse, L. I, n. 9 ; d’après F. Moulenq, Documents historiques sur le Tarn-et-Garonne, I, 177 et suiv. ; Baluze, Vitae Paparum, I, 795).

(6) Ce passage est certainement altéré. Le registre porte : septem milibus.

(7) Le comte d’Evreux, on l’a vu dans l’avant-dernière note, mourut le 19 mai 1319, et cette lettre, datée du 5 avril, le suppose encore vivant. Elle est d’ailleurs postérieure à la vente du 24 mars 1319 ; on peut donc l’attribuer avec certitude à l’année 1319. La combinaison imaginée par Jean XXII pour rentrer dans ses fonds était assez ingénieuse. Philippe V paraît s’y être prêté de bonne grâce, car, au mois de mai, il ratifia la vente faite à Pierre Duèze (F. Moulenq, loc. cit., p. 180).

 

 

142 – 8 juillet [1317-1321]

Auger, abbé de Moissac, est chargé de rétablir la paix entre deux de ses parents ou amis : Aymeric de Gourdon, seigneur de Peyrilles, et Rathier de Castelnau-Montratier, damoiseau, familier du Papa, et neveu d’Aymeric. Leur cause ressorissait de la juridiction de Bernard Gervais, juge mage du sénéchal de Périgord et de Quercy, dont le concours pouvait être utile à l’abbé Auger. En cas d’insuccès, l’abbé et le juge mage devront envoyer au Pape une relation détaillée sur cette affaire et requérir les deux parties de se rendre en présence du Pape, qui leur offre sa médiation (Reg. Vat. 109, ep. 336 ; ibid. 110, ep. 277).

 

Dilecto filio Augerio (1) abbati monasterii Moysiacensis, ordinis sancti Benedicti, Caturcensis diocesis.

Cum simus pacifici regis vicarii, licet immeriti, ut commisse vicis exequamur officium, pacem et unitatem in omnibus desideranter appetimus ; sed inter dilectos filios nobiles viros Aymericum de Gordonio (2) militem, de Petrilia, et Ratherium (3) domicellum, familiarem nostrum ejusque nepotem de Castronovo, dominos, eas tanto desideramus ardentius quanto sincerius utrumque diligimus, quantoque fore novimus indecentius eos tanta sanguinis propinquitate conjunctos, animorum contrarietate disjungi vel ab invicem dissidere, presertim quia et Aymericus ipse eidem Ratherio loco patris, et idem Ratherius illi loco filii deberent existere (4), et effecti quasi cor unum et anima una, se invicem fulcire oportunis auxiliis et promiscue alter alterius onera supportare.

Licet autem consideratione premissa ad pacificandum eos, quantum in nobis est, parati libenter essemus, si eorum haberemus in promptu presenciam, quia tamen nobis ipsorum subtrahitur copia, tractatum pacificationis hujusmodi tibi quem, veluti eorum utrique conjunctum, credimus admodum inter ipsos desiderare concordiam, ac dilecto filio Bernardo Gervasii judici majori senescallo Petragoricensi et Caturcensi, in cujus ditione res de quibus inter illos controversia vertitur sistere dinoscuntur, vel vestrum alteri providimus fiducialiter imponendum. Cum itaque prefatos Aymericum et Ratherium per alias nostras litteras efficaciter exhortemur ut, prudenter attento quod pax Domini sine pace proximi non habetur, quodque res est nimis incongrua et non levis plena periculi ipsos mente dividi, occasione precipue alicujus comodi temporalis, cui debent jura sanguinis prevalere, ad pacis unitatem solide, submotis impedimentis quibuslibet, invicem reformandam, animum suum sic habilitent, sic coaptent quod inter eos, tuo et judicis predicti vel vestrum alterius ministerio, rancoris cujuslibet scintilla, Deo cohoperante, sublata, concordia desiderata proveniat, communibus occurratur periculis, et communibus etiam utilitatibus consulatur, devotionem tuam monemus, rogamus et hortamur in Domino, per apostolica tibi scripta mandantes quatenus, tecum adhibens predictum, si comode haberi poterit, judicem, cui exinde similiter scribimus, alioquin per te ipsum, prefatos Aymericum et Ratherium personaliter adeas, vel eos ad tuam presenciam evoces, prout decentius et expedientius tibi videbitur, et, presentatis nostris eorum cuilibet litteris, tibi vel predicto judici per latorem presentium assignandis, laboris tam pii, tam utilis onus libenter assumens, et nostrum circa premissa beneplacitum quod non solum religionis tue debito congruit, sed et adjacet, ut credimus, votis tuis, solicite prosequens, per omnes vias et modos quos tua circumspectio cogitare melius poterit ad precidendam pace vel judicio omnem discordie materiam inter eos, et ipsos in caritate mutua solidandos, vice nostra laborare procures. Proinde namque non solum nobis qui memoratos Aymericum et Ratherium affectione paterna prosequimur, et unitatem ipsorum multipliciter affectamus, per tam fructuosi laboris exercicium servies, et pleniorem tibi nostri favoris abundanciam vendicabis, quin etiam ipsi pacis actori in hoc gratum prestabis obsequium, et eosdem Aymericum et Ratherium quibus, ut prefertur, astringeris, tibi fortius obligabis.

Et si forte, quod absit, labor per te et judicem predictum vel vestrum alterum super hoc assumendus ad votivum perduci nequiret effectum, volumus ut tu et judex ipse vel alter vestrum informationem plenam ipsius tractatus atque negocii, ac omnia et singula que ad pacificationem eorum videris oportuna, sub vestris sigillis inclusa fideliter nobis mittere, vel tu ipse, si comode possis, defferre procures ; ex parte nostra tu et ipse judex prefatos Aymericum et Raterium requirentes ut, certa die sibi per vos vel per vestrum alterum designanda, studeant ad nostram presenciam se conferre. Nos enim parati erimus, ad uniendum et concordandum eosdem, voluntarios labores assumere et opem ac operam adhibere, sperantes in Domino quod si, ut supponimus, se conformare voluerint judicio rationis, inter eos, efficacia nostre solicitudinis, reformabitur plena concordia, utrique utilis, Deo grata.

Quicquid autem faciendum duxeris in premissis per tuas nobis rescribere litteras continentes presentium seriem non omittas (5).

Datum Avinione VIII idus julii.

 

(1) Auger de Durfort, abbé de Moissac (1306-1334) (Gall. christ., t. I, 169 ; cf. Lacoste, Histoire du Quercy, t. II, pp. 423, 480 ; t. III, pp. 61, 84).

(2) Aymeric III de Gourdon, seigneur de Gourdon, représentant de la branche cadette de la famille de Gourdon de Castelnau-Montratier, qu’il ne faut pas confondre avec la famille de Castelnau-Bretenoux (voir p. 38). La famille de Castelnau-Montratier s’était divisée en deux branches en 1292 (Léopold Limayrac, Histoire d’une commune et d’une baronnie de Quercy, Cahors, 1885, p. 178). La branche cadette eut pour sa part la seigneurie de Gourdon (Lot), tandis que la branche aînée conserva Castelnau-Montratier (département du Lot, arrondissement de Cahors). Aymeric de Gourdon, damoiseau, figure dans des actes de 1302 et de 1304 (Lacoste, loc. cit., t. II, pp. 410, 419). En 1317, il fut envoyé par Philippe V en Languedoc comme commissaire enquêteur (D. Vaissete,  t. X, Pr., p. 568). On ne saurait affirmer si c’est encore lui qui paraît dans une sentence arbitrale rendue le 7 juillet 1361 (Lacoste, t. III, p. 149). A l’époque qui nous occupe, la maison de Gourdon était fort affaiblie (ibid. p. 87).

(3) Ratier IV de Castelnau-Montratier, neveu et pupille du précédent, avait eu, à peine majeur, en 1303, un premier différend avec son oncle Aymeric de Gourdon (Léopold Limayrac, loco cit., pp. 179 et ss.). Il paraît en 1329 avec Bernard Gervais, juge mage du sénéchal Pierre de Marmande, dans une querelle qui faillit mettre aux prises plusieurs nobles du Quercy (Lacoste, l. c., t. III, p. 58).

(4) Ces paroles renferment une allusion aux fonctions de tuteur qu’Aymeric avait exercées à l’égard de son neveu.

(5) Comme on l’a dit dans l’Introduction, on a cru pouvoir publier ici quelques documents qui n’intéressent pas directement la province ecclésiastique d’Auch. Ces textes ajoutent en effet quelques données nouvelles à ce qu’on savait de la vie féodale en Gascogne au commencement du XIVe siècle, et font voir avec quel soin Jean XXII se tenait au courant de tous les incidents capables de troubler la paix de son pays natal.

 

 

143 – 8 juillet [1317-1321]

Même sujet (Reg. Vat. 109, ep. 337 ; ibid. 110, ep. 278).

 

Dilecto filio Bernardo Gervasii (1) majori judici senescallie Petragoricensi et Caturcensi.

Cum simus, etc.

Datum Avinione VIII idus julii.

 

(1) En 1317, Bernard Gervais, déjà investi des fonctions qui lui sont ici attribuées, avait été adjoint à Pons d’Omelas pour faire une enquête dans la sénéchaussée de Carcassonne (Boutaric, Actes du Parlement de Paris, t. II, n° 4582).

 

 

 

 

Documents pontificaux sur la Gascogne d’après les archives du Vatican

Pontificat de Jean XXII (1316-1334)

 

Textes publiés et annotés pour la société historique de Gascogne

par

l’abbé Louis Guérard

Ancien élève de l’Institut catholique de Paris et de l’Ecole pratique des hautes études

Tome 2ème

1903

 

 

 

161 – 18 septembre 1321

Le frère prêcheur Gui Hélie est chargé de rétablir la paix entre Aymeric de Gourdon et son neveu Rathier de Castelnau, qui étaient sur le point d’en venir à un combat singulier, malgré les liens de parenté qui les unissaient, au sujet de divers domaines, parmi lesquels le château de La Bouffie. Gui devra donc intervenir auprès de ces deux seigneurs et auprès de Foulques d’Archiac, sénéchal du Périgord et du Quercy, à qui le Pape écrit sur le même sujet (Reg. Vat. 111, ep. 31).

 

Guidoni Helye (1) ordinis predicatorum.

Infausti rumoris assercione percepto quod humani generis inimicus, pacis emulus, zizanie seminator, jamdudum inter dilectos filios nobiles viros Aymericum de Gordonio militem et Ratherium de Castronovo nepotem ejus, familiarem nostrum, occasione castri de Boffia et quorumdam aliorum bonorum gravi commota materia questionis ..., dissidentes eosdem dicitur commovisse, quod decrevisse videntur ut, nec per justitie semitas, nec per tractatus amicabiles hujusmodi questio terminetur, sed per cruentum duelli spectaculum ... ideoque nos tantis malis occurrere cupientes dilecto filio nobili viro Fulcrando (2) de Archiaco Petragoricensi et Caturcensi senescallo litteras nostras duximus dirigendas, per quas ipsum rogandum duximus et hortandum ut sic inter predictos nobiles partes suas efficaciter interponat, quod, via ipsius ommissa duelli, in qua nullus eorum veraciter se dicere posset victorem, cum, uno illorum victo (3), domui a qua uterque nobilium ipsorum dicitur processisse notabilis imposita macula remaneret, per pacis semitas aut viam justicie hujusmodi questio sopiatur, ac inter nobiles ipsos omni rancore sublato, pacis et concordie reformetur bonum, sine quo quies animi haberi non potest, nec pax Dei que sine pace proximi non habetur. Et insuper nobilibus supradictis per litteras alias porrigimus preces nostras ut super hiis senescalli prefati consiliis et persuasionibus acquiescant.

Verum quia vive vocis expressio mentes audientium efficacius excitat quam series litterarum, nos de tua circumspecta prudencia plenam in Domino fiduciam obtinentes, te, propter hoc, ad prefatos senescallum et nobiles providimus destinandum. Quare discretioni tue per apostolica scripta mandamus quatenus ad senescallum et nobiles antedictos accedens, nostris ipsis litteris presentatis, ac premissis et aliis diversis periculis ex prefati duelli spectaculo proventuris, et aliis de quibus, juxta datam tibi a Deo prudenciam expedire videris, ostensis eisdem, apud dictum senescallum, ut ad hoc partes suas efficaciter interponat, et apud nobiles ipsos quod, pro divina et apostolice sedis ac nostra reverencia, suorumque profectuum et honoris augmento, hujusmodi nostris precibus et hortationibus dictique senescalli requisitionibus acquiescant, oportune instare studeas et etiam importune, si et prout videris expedire ; illam super hiis vigilanciam impensurus quod, preter retributionis eterne premium, quod de bonis operibus veritatis voce promittitur, nostram et apostolice sedis graciam uberius merearis.

Datum Avinione XIIII kalendas octobris anno sexto.

 

(1) On connaît un personnage de ce nom qui était prieur du couvent de Limoges en 1309 et 1313 (C. Douais, Les frères prêcheurs en Gascogne, Auch, 1885, p. 409). Sur l’affaire dont il est ici question, voir ci-dessus les documents qui portent les n° 153 et 154.

(2) On lit ici Fulcrando, quoique la lettre suivante ait Fulcando.

(3) Le registre paraît porter la marque d’un trait d’abréviation, ce qui induirait à une leçon fausse, vincto, par exemple.

 

 

162 – 18 septembre 1321

Foulques d’Archiac, sénéchal de Périgord et de Quercy, est invité à rétablir la paix entre Aymeric de Gourdon et le neveu d’Aymeric, Rathier de Castelnau. Le Pape annonce en même temps la prochaine arrivée d’un envoyé pontifical, le frère prêcheur Guy Hélie, chargé également de travailler au rétablissement de la paix (Reg. Vat. 111, ep. 32).

 

Fulcando de Archiaco Petragoricensi et Caturcensi senescallo.

Infausti rumoris assertione percepto, etc.

Datum ut supra proxime.

 

 

164 – 22 septembre 1321

Le Pape défend à l’abbé de la Case-Dieu de s’opposer à l’établissement des frères prêcheurs à Marciac, établissement auquel consentaient tous les autres seigneurs du lieu. Il réserve d’ailleurs le cens que le nouveau couvent devra payer à l’abbaye, suivant l’appréciation d’un archidiacre de Tarbes et d’un archidiacre d’Agen (Reg. Vat. 111, ep. 35).

 

Abbati et conventui monasteri Casae Dei (1), Premonstratensis ordinis ... (sic) [Auxitane] diocesis.

Nuper dilectos filios fratres ordinum predicatorum provincie Tholosane favore specialis benevolencie prosequentes eis recipiendi et edificandi locum ad opus fratrum ejusdem ordinis cum ecclesia et officinis, in villa de Marciaco, Auxitane diocesis, licenciam duximus concedendam. Cum autem vos certam partem temporalis dominii in dicta villa, sicut accepimus, habeatis, universitati vestre per apostolica scripta mandamus quatenus dictis fratribus, in (2) ejusdem loci receptione ac edificatione ecclesie et officinarum, nullum, etiam pretextu quarunque appellationum super hoc interjectarum ad apostolicam sedem, prestetis impedimentum vel obstaculum opponatis, presertim cum aliorum qui in dicta villa obtinent dominium temporale, ad hoc accedat assensus ; ipsique fratres de annuo convenienti censu et aliis juribus que, ratione territorii ubi locum construi contingerit supradictum, ad dilectum filium Assini de Rostagno (3), Tarviensis, et Guilhemi de Podenacio sancti Stephani Agennensis ecclesiarum archidiaconorum arbitrium, aliis vestris juribus semper salvis, satisfacere congrue sint parati.

Datum ut supra.

 

(1) La Case-Dieu, abbaye aujourd’hui ruinée de l’ordre de Prémontré, située non loin de Marciac. L’abbé était alors Vital de la Garde, qui mourut le 1er septembre 1336. Il eut divers démélés avec l’archevêque d’Auch, l’évêque de Tarbes et le comte d’Armagnac (Gallia christiana, I, 1032). L’établissement des frères prêcheurs à Marciac pouvait le contrarier. Aussi, dès qu’il eut connaissance de leurs intentions, il se plaignit au sénéchal de Toulouse. Celui-ci, à la date du 14 mai 1321, défendit à tous moines mendiants de s’établir à Marciac, s’ils n’avaient pas au préalable obtenu son autorisation, auquel cas ils seraient tenus d’en présenter la teneur à l’abbé de la Case-Dieu. Le 1er juillet suivant, l’abbé fit faire un collationné de cet arrêt. De leur côté, les frères prêcheurs, comprenant bien d’où venait l’opposition, s’adressèrent au Pape pour la faire tomber (Archives du Gers, H 5, pp. 311, 497).

(2) Si (reg.).

(3) Assin de Coarraze, dès le pontificat de Clément V, avait des protecteurs à la Cour pontificale. Le 28 juin 1312, à la considération de « Bertrand de Got », le Pape lui accorde de cumuler son archidiaconé de Rustan avec un canonicat et un bénéfice dépendant du chapitre, dans l’église de Tarbes (Regestum Clementis P. P. V, n° 8021). Il figure dans la charte d’institution des archiprêtrés du diocèse de Tarbes en 1342. L’archidiaconé de Rustan ou Rustaing comprenait à peu près les vallées supérieures de l’Arros et du Bouès. Podenas se trouve dans le département du Lot, canton de Mézin (Davezac-Macaya, Essais historiques sur le Bigorre, Bagnères, 1823, t. II, pp. 89-90 ; Souvenir de la Bigorre, 1882, t. II, pp. 203, 271 ; t. III, pp. 45, 87 ; L’abbé Colomez, Histoire de la province et du comté de Bigorre, éditée par M. l’abbé Duffau, p. 166).

 

 

168 – 21 décembre 1321

Arnaud de Roseto, recteur de l’église de Rodome, au diocèse d’Alet, est chargé de présenter au vicomte de Lomagne les lettres royaux autorisant ce seigneur à envoyer hors de France les sommes qu’il devait restituer au Saint-Siège (Reg. Vat. 111, ep. 23 ; Archives du Vatican, Miscellanea instrumentorum, cassette de l’année 1322).

 

Magistro Arnaldo de Roseto rectori ecclesie de Redona (1), Electensis diocesis.

Cum pro illa pecunie summa, quam dilectus filius nobilis vir Bertrandus vicecomes Leomanie et Altivillaris nobis et ecclesie Romane solvere tenebatur certo termino jam transacto, de regno Francie extrahenda, ut illam ad nostram et ejusdem ecclesie cameram secure deferre vel transmittere possit, a carissimo in Christo filio nostro Philippo rege Francie illustri, plenam obtinuerimus sibi concedi licenciam, per ipsius regis, ejus sigillo munitas litteras speciales, sicut in eisdem litteris plenius continetur ; volumus et discretioni tue per apostolica scripta mandamus quatenus, statim ad dictis vicecomitis accedens presentiam, hujusmodi prefati regis licencie litteras, quas tibi fecimus assignari, eidem vicecomiti studeas coram fidedignis personis et ydoneis, presentare, faciens de hujusmodi presentatione confici publicum instrumentum, quod ad nos deferre quantocius non obmittas.

Datum Avinione XII kalendas januarii anno sexto.

 

(1) Rodome (département de l’Aude, arrondissement de Limoux) appartenait autrefois au diocèse d’Alet. Le 31 décembre, par conséquent dix jours après avoir reçu sa mission, comme on vient de le voir dans la note précédente, Arnaud de Roseto était à Lavit-de-Lomagne. Les lettres du Pape et du roi furent lues au vicomte, en gascon, materna lingua, ce qui, soit dit en passant, montre bien une fois de plus que la connaissance du latin, au commencement du quatorzième siècle, n’était pas courante chez les laïques. Acta fuerunt hec in bastita de Vite, Lectorensis diocesis, in domo habitationis ipsius domini vicecomitis, anno, die, mense, indictione et pontificatu predictis, presentibus nobilibus viris domini Bernardo de Duroforti, Agennensi, Bertrando de Monte acuto Caturcensi, Ytherio de Versaco Petragoricensi militibus, Bertrando Raymundo Sarlatensi, Guilhemo de Auraica sancti Papuli, Bertrando Pauleni Tholosano et Ramundo de Andurando Condomiensis diocesum domicellis vocatis et rogatis testibus ad premissa. A la date du 1er janvier 1322, à la requête de Bertrand de Got se trouvant toujours à Lavit, un autre acte notarié constate que le vicomte a promis de se libérer le plus tôt qu’il lui sera possible : Super solutione quantitatis de qua in littera regia habetur mentio, facienda domino nostro pape sic se habebit et faciet, ut brevius poterit, quantum erit sibi possibile, quod idem dominus noster papa debebit contentari (Archives du Vatican, Miscellanea instrumentorum, loco citato).

 

 

170 – 18 janvier 1322

Le Pape invite le sénéchal de Gascogne à restituer le château de Blaye (diocèse de Bordeaux) au comte de Périgord (Reg. Vat. 111, ep. 161).

 

Senescallo Vasconie.

Exposuit, etc.

Datum ut supra [XV kalendas februarii anno sexto, ep. 160].

 

 

176 – 22 avril 1322

Amanieu d’Albret est averti que l’évêque de Digne et le prévôt de Maguelonne sont chargés de rétablir la paix entre ce seigneur, d’une part, et Sanst-Aner [de Pins] et sa femme Jeanne, d’autre part (Reg. Vat. 111, ep. 117).

 

Amanevo domino de Lebreto (1).

Ad obviandum periculis variis non facile numerandis que ex dissidiis possent occurrere inter te, ex parte una, et dilectum filium nobilem virum Sancenerium (2) et Johannam (3) consortem suam, ex altera, a pacis emulo suscitatis, ac pacis semina inter vos jacienda, ecce venerabilem fratrem nostrum A. episcopum Dignensem et dilectum filium G. de Turre, prepositum Magalonensem, ad tuorum et illorum presenciam, velut pacis angelos, duximus destinandos, nobilitatem tuam rogantes et ortantes (sic) attencius et per Dei misericordiam obsecrantes quatinus, pacis commoda et discentionum incomoda, que te, docente magistra rerum experiencia, indubie non latere supponimus, cogitans et recogitans diligenter, eorum salutaria monita salubriaque consilia devote audiens, ipsa prompte ad exauditionis graciam introducas, ut proinde filius Dei, quod nomen viris pacificis attribuitur, nominari merito valeas, ac illa gaudia consequi, que ineuntibus pacis consilia Sapiens repromittit, nosque, qui hoc gratum habebimus admodum, ad ea que tuum honorem respiciunt, fortius astringamur.

Datum Avinione X kalendas maii anno sexto.

 

(1) On a vu (n° 1, 15, 20 de notre recueil) que le Pape était déjà intervenu en 1316 et 1317 dans les démêlés d’Amanieu d’Albret et de Sans-Aner de Pins. Le 3 février 1320, les deux parties avaient passé un compromis qui, comme la lettre de Jean XXII le fait comprendre, ne put rétablir la paix (De Courcelles, Histoire généalogique, t. VII, article de Pins, pp. 64 et 65).

(2) Sancerium (reg.)

(3) Jeanne de Périgord, mariée depuis 1316 avec Sans-Aner de Pins. Il a été dit plus haut (p. 2, n. 1) que le différend entre les maisons d’Albret et de Pins roulait, entre autres points, sur Lavardac (Lot-et-Garonne). Or Jeanne de Périgord était, en son nom personnel, dame de Lavardac. Elle se trouvait donc engagée pour son compte particulier dans les démêlés de son mari avec le sire d’Albret, et on conçoit qu’elle soit ici spécialement mentionnée (Cf. p. 2, n. 1 ; de Courcelles, loc. cit.).

 

 

177 – 22 avril 1322

Des lettres semblables sont adressées à Amanieur d’Albret et à Guillaume de Caumont, au sujet de leurs démêlés (ibidem).

 

In eundem modum eidem Amanevo, super controversia que esse dicitur inter ipsum, ex parte una, et Guillelmum dominum de Cavomonte (1), ex altera.

In eundem modum, super eodem, domino de Cavomonte.

 

(1) Sur Guillaume de Caumont, seigneur de Caumont, Samazan et Montpouillan (Lot-et-Garonne), voir ci-dessus, pp. 162 et 163.

 

 

179 – 22 avril 1322

Le vicomte de Lomagne est invité à aider de ses bons offices l’évêque de Digne et le prévôt de Maguelonne, chargés de rétablir la paix entre Amanieuc d’Albret et Sans-Aner de Pins. Une invitation semblable est adressée à Bernard Jourdain de l’Isle, à Jourdain de de l’Isle, au comte d’Armagnac, au comte de Périgord, au sire de Caumont (Reg. Vat. 111, ep. 118).

 

Vicecomiti Leomanie.

Ad obviandum periculis variis, etc...

Datum ut supra. [Avinione X kalendas maii anno sexto].

In eundem modum Bernardo Jordani domino Insule.

In eundem modum Jordano de Insula.

In eundem modum comiti Armaniaci.

In eundem modum comiti Petragoricensi.

In eundem modum domino de Cavomonte.

 

 

180 – 22 avril 1322

Brunissende, comtesse de Périgord, est invitée à prêter son concours à la réconciliation des sires d’Albret et de Pins, et à incliner dans le même sens son fils Archambaud. Une invitation analogue est adressée à la comtesse de Foix (Reg. Vat. 111, ep. 119).

 

Brunessendi comitisse Petragoricensi (1).

Ad obviandum periculis etc., ut in proxima superiori, usque « diligenter » (2) conjunges, et specialiter dilectum filium Archambaudum (3) comitem Petragoricensem, natum tuum, qui partem illorum fovere dicitur, ad vitandum discordiam et viam pacificam eligendam salubribus exhortationibus salutaribusque consiliis moneas et inducas, etc.

Datum ut supra [Avinione X kalendas maii anno sexto].

In eundem modum ... comitisse Fuxensi.

 

(1) Brunissende de Foix, fille du comte Roger-Bernard de Foix et de Marguerite de Béarn. Elle se trouvait donc, par sa mère, cousine germaine de Bernard VI, comte d’Armagnac. Sa sœur Marguerite avait épousé Bernard Jourdain IV de l’Isle. Elle-même avait épousé vers 1297, Hélie VII, comte de Périgord (Histoire de Languedoc, IX, 204, 233).

(2) Voir les documents qui portent les n° 176 et 179.

(3) Archambaud IV, comte de Périgord, était, par son père Hélie, neveu de Jeanne de Périgord, épouse elle-même de Sans-Aner de Pins. Il avait dû se trouver facilement engagé dans les démêlés de ce seigneur avec Amanieu d’Albret. Il mourut sans enfants, en 1335, d’après le P. Anselme (Grands officiers de la couronne, III, 73).

 

 

199 – 29 août 1322

Le Pape prie Brunissende, comtesse de Périgord, d’exhorter son fils Archambaud à bien accueillir les conseils pacifiques des envoyés pontificaux (Reg. Vat. 111, ep. 126).

 

Dilecte in Christo filie nobili mulieri Brunissendi comitisse Petragoricensi.

Non ignorare te credimus, filia, etc.

Datum ut supra [Avinione IIII kalendas septembris anno sexto].

 

 

272 – 19 janvier 1324

Le Pape recommande à la bienveillance de la reine de France son frère et deux de ses neveux, ainsi que les comtes de Comminges, de Foix, de Perigord, et le sire de l’Isle-Jourdain (Reg. Vat. 112, ep. 547).

 

Marie regine Francie.

Dilectos filios Petrum Duesa germanum, et Arnaldum, natum ejus, ac Petrum de Via, nepotes nostros, ad regalem presentiam (1) accedentes, necnon Bernardum Convenarum, Gastonem Fuxi, et Archambaudum Petragoricensem comites, ac Bernardum Jordani dominum de Insula, super suis agendis, excellentie regie, affectione qua possumus, commendamus.

Datum Avinione ut supra.

 

(1) Sous cette même date du 19 janvier 1324, le Pape s’excuse de n’avoir pu envoyer au-devant du roi, pour le saluer, Pierre Duèse, Arnaud Duèse et Pierre de la Vie : audito cetitudinaliter ad partes Tholosanas adventu regio (Reg. Vat. 112, ep. 545). La mention ut supra se réfère à cette date. Charles le Bel était déjà à Toulouse le 21 janvier 1324 (Histoire de Languedoc, IX, 421). Il y resta un mois environ.

 

 

286 – 9 février 1324

Le Pape prie les rois de France et d’Angleterre de ne pas permettre qu’on poursuive Catherine de Grailly, dame de Gurçon, à raison des dettes de son mari défunt (Reg. Vat. 112, ep. 578).

 

Dicto regi.

Cum mulieres pro delictis seu contractibus virorum suorum superstitum seu defunctorum molestari juris ratio non permittat, excellentiam regiam affectuose duximus deprecandam quatinus dilectam in Christo filiam nobilem mulierem Catherinam de Greliaco (1) dominam de Gorsonio (2), ejusque bona pro contractibus vel excessibus quondam viri sui non sinat indebite providentia regia pregravari, sed illi potius, pro divina reverentia nostreque interventionis obtentu, se velit exhibere clementia regia, in hiis et aliis que habet et habebit expedire dicta nobilis, propiciam et benignam.

Datum Avinione V idus februarii anno octavo.

Item regi Anglie in eundem modum.

Ut supra.

 

(1) Catherine de Grailly, veuve de Jourdain de l’Isle, supplicié au mois de mai précédent (Histoire de Languedoc, IX, 120, 418 ; Grands officiers de la couronne, III, 369). Un acte de 1333 fait allusion à des débats survenus entre elle et le sénéchal de Périgord. Elle était déjà morte à cette date (Archives de la Gironde, II, 341 ; XVI, 130). D’après le P. Anselme, elle était, par sa mère, petite-fille de Bernard d’Astarac.

(2) Gurçon (Dordogne, communue de Cursac). Cf. Archives de la Gironde, loc. cit.

 

 

287 – 9 février 1324

Au comte de Valois, sur le même sujet (Reg. Vat. 112, ep. 579).

 

Comiti Valesii.

Cum mulieres, etc.

Datum ut supra [Avinione V idus februarii anno octavo].

 

 

288 – 9 février 1324

A Alphonse d’Espagne, au chancelier de France et au sénéchal de Gascogne, pour qu’ils soutiennent les intérêts de Catherine de Grailly (Reg. Vat. 112, ep. 580).

 

Negotia dilecte in Christo filie nobilis mulieris Catherine de Greliaco, etc.

Item in eundem modum Johanni de Cerchamont decano Pictaviensi, cancellario.

Datum ut supra [Avinione V idus februarii anno octavo].

 

Item senescallo Vasconie in eundem modum, verbis competenter mutatis.

Datum ut supra  [Avinione V idus februarii anno octavo].

 

 

303 – 9 avril 1324

Le Pape adresse ses remerciements au comte de Valois au sujet des preuves de bienveillances données dernièrement par ce prince à la famille de Jean XXII. Il lui annonce le départ pour le royaume de Sicile de la duchesse de Calabre, Marie [de Valois], fille du comte. Il le prie d’insister auprès du roi pour que celui-ci permette au comte de Foix de solenniser son mariage avec la sœur du comte de Comminges et pour qu’on renvoie à plus tard le duel décidé entre ce dernier seigneur et R. de Pons (Reg. Vat. 112, ep. 609).

 

Comiti Valesii.

Pro habundanti benivolentio quam ad nos, te fili, gerere in personis ... fratris et ... nepotum nostrorum hiis diebus preteritis evidentius demonstrati, tue magnificentie gratiarum iteratas exsolvimus uberes actiones, intimantes eidem quod dilecta in Christo filia Maria ducissa Calabrie, nata tua, die (sic) una (1) carissimis in Christo filiis nostris ... rege et ... regina Sicilie illustribus, versus Sicilie regnum iter arripuit, prefatos regem et reginam sua conversatione placida multipliciter consolans, et de ipsorum multa benivolentia admodum consolata ; quibus omnipotens Deus angelum suum bonum Raphaelem dignetur mittere, qui eos in via dirigat ab omnique adversitate protegat, et ad propria cum obtata incolumitate perducat.

Et quia, fili, tua circumspectio non ignorat non decere catholicum principem licita matrimonia impedire, benivolentiam tuam affectuose rogamus quatinus apud  carissimum in Christo filium nostrum C. regem Francie et Navarre illustrem efficaciter intercedat, ut matrimonium contractum inter dilectum filium nobilem virum Gastonem comitem Fuxi, et ... sororem dilecti filii nobilis viri B. comitis Convenarum, sibi placeat, ipsumque solemnizari permittat, dicto comiti dando licentiam ad propria propterea redeundi, cum uxore sua reversurus in Franciam, si regi prefato visum fuerit expedire.

Et quia duella, velut illa in quibus Deus temptare videtur, ac in quibus sepe subcumbit justicia, reprobantur, et principes catholici, precipue sanctus Ludovicus avus tuus, illa non faciliter admisetrunt, tuam prudentiam deprecamur attente, quatinus diem assignatam inter dilectos filios nobiles viros R. de Ponte et B. comitem Convenarum (2) procuret excellentia regia usque ad parlamentum aliud prorogari, et ut inter ipsos concordia tractari et fieri valeat partibus indulgeri.

Datum Avinione V idus aprilis anno octavo.

 

(1) Le sens demande cum.

(2) Bernard, comte de Comminges, avait été marié en deuxièmes noces à Marguerite de Turenne, décédée en 1311 ou 1312. Elle avait institué par testament, comme héritier de la vicomté de Turenne (Corrèze), l’enfant qu’elle allait mettre au monde, et lui substitua, en cas de décès de cet enfant, le comte Bernard son époux. Elle mourut des suites de ses couches, et la fille qu’elle mit au monde mourut également peu de temps après. Le comte Bernard, en vertu du testament de sa femme, se porta héritier de la vicomté de Turenne, et, pendant près de quinza ans, il en resta paisible possesseur. Mais il fut alors troublé dans sa possession par Renaud IV, sire de Pons en Saintonge, parent lui-même de Marguerite de Turenne. Pour appuyer ses prétentions à la vicomté, Renaud osa soutenir que le comte Bernard de Comminges n’avait point eu en réalité d’enfant de sa femme Marguerite, et que l’enfant auquel il était censé avoir succédé était supposé. Il offrit de prouver son accusation par gage de bataille. En même temps il accusait le comte du crime de lèse-majesté (Grands officiers de la couronne, II, 639 ; Lacoste, Histoire de la province de Quercy, t. III, Cahors, 1885, p. 66). C’est sans doute au sujet de cette affaire délicate qu’on voit ici intervenir Jean XXII. Elle fut terminée à l’amiable en 1332 : le fils du sire de Pons épousa une fille du comte de Comminges, qui resta en possession de la vicomté de Turenne. Le registre du Vatican contient, sous le n°  611, une autre lettre adressée sur la même affaire à la comtesse de Valois.

 

 

304 – 10 avril 1324

Le pape adresse au roi de France la requête exprimée dans la lettre précédente, au sujet des comte de Foix et de Comminges (Reg. Vat. 112, ep. 610).

 

Regi Francie.

Ut regalis excellentie, etc.

Datum Avinione IV idus aprilis anno octavo.

 

 

306 – 10 avril 1324

Le Pape prie Robert d’Artois de s’entremettre comme pacificateur des démêlés qui séparent le sire de Pons et le comte de Comminges, et d’appuyer la requête du comte de Foix au sujet de la solennisation de son mariage (Reg. Vat. 112, ep. 614).

 

Roberto de Atrabato.

Carissimo in Christo filio nostro Carolo regi Francie et Navarre illustri quod terminum dilectis filiis nobilibus viris Bernardo comiti Convenarum, ex parte una, et Raynaldo de Ponte domino de Ribayraco, ex altera, periculose dissidentibus invicem, Parisius assignatum velit prorogare favorabiliter, dirigimus preces nostras, etc.

Datum ut supra [Avinione IV idus aprilis anno octavo].

In eundem modum magistro Johanno Cerchamont decano Pictavensi, cancellario regis Francie.

 

 

308 – 28 avril 1324

Le pape remercie le roi d’avoir suspendu ses entreprises en Gascogne, d’avoir accordé un délai au comte de Comminges et à Renaud de Pons, qui devaient se battre en duel, et enfin d’avoir autorisé le comte de Foix à solenniser son mariage et à rentrer dans ses foyers (Reg. Vat. 112, ep. 628).

 

Regi Francie.

Letanter audivimus providentiam regiam ad tempus negotium Vasconie suspendisse (1), diem prefixam dilectis filiis nobilibus viris comiti Convenarum et Raynaldo de Ponte nichilominus prorogasse, comiti quoque Fuxi redeundi ad propria, et contractum solemnisandum matrimonium licentiam concecisse. Profecto, fili carissime, hec Deo grata credimus, honorique regio convenire, et agendis plurimum expedire, ac circumspectionem regiam propter hoc favore commendabilem et multiplici laude dignam.

Datum Avinione V kalendas maii anno octavo.

 

(1) Le Pape, dans une lettre datée du 21 mai et adressée à Alphonse d’Espagne, se félicite également de voir la paix rétablie entre les rois de France et d’Angleterre (cf. ci-dessus le n° 302). C’était se bercer de grandes illusions. Le 2 juillet, le Pape, dans une lettre adressée au roi d’Angleterre, reconnaît son erreur. Il a appris, dit-il, que l’archevêque de Dublin et le comte de Kent, envoyés par Edouard II à la cour de France, avaient une attitude provocatrice et se disposaient à résister aux arrêts lancés par le Parlement de Paris contre les officiers anglais en Guyenne. Le Pape remontre à Edouard II combien il est dangereux pour un vassal de résister à son suzerain, et combien sa réputation sera compromise, si on  peut l’accuser d’avoir manqué, dans cette affaire, aux engagements déjà pris, à ce qu’on assure, par son frère, le comte de Kent. Il l’exhorte à rendre l’hommage dû au roi de France et à profiter de l’occasion pour régler les difficultés pendantes (Reg. Vat. 112, ep. 641, 793). Il écrit, le même jour, dans le même sens, aux évêques de la province de Cantorbéry (Ib., ep. 794). Tout fut inutile, et les hostilités éclatèrent au mois de juillet. Charles de Valois prit à Orléans le commandement de l’armée, le 15 juillet, et, le 25 de ce mois, le Pape lui demandait, ainsi qu’au roi de France, d’exempter du service son frère Pierre, ainsi qu’Arnaud Duèse, Pierre de La Vie et Arnaud de Trian (Ib., ep. 695). Le 3 août, Charles de Valois entrait en Agenais, et Agen se rendait quelques jours après. Le 22 septembre, le comte de Kent capitulait dans La Réole. Condom, Bazas et le comté de Gaure firent également soumission au comte de Valois. En somme, les Anglais avaient été battus sur toute la ligne, et il ne leur restait plus guère en Gascogne qu’une étroite bande de territoire dont Bordeaux, Bayonne et Saint-Sever-Cap étaient les villes principales. Une paix mal assurée fut conclue au mois de mai suivant (Histoire de Languedoc, IX, 433-436). Le 30 août 1324, Jean XXII, qui comprenait bien la faiblesse du roi d’Angleterre, l’avait engagé une fois de plus à se soumettre à l’hommage (Reg. Vat. 112, epp. 799, 801).

 

 

312 – 4 août 1324 (?)

Alphonse d’Espagne est prié de donner son appui à Catherine de Grailly qui était en procès avec les mariniers de la Garonne (Reg. Vat. 112, ep. 678).

 

Alfonso de Ispania.

Dilectam in Christo filiam nobilem mulierem Catherinam de Grelino super hiis que, pretextu cujusdam cause (1) ad instantiam nautarum de Regula, de sancto Macario et aliorum per flumen Garone navigantium, sicut asseritur, dudum mote, habet Parisius in curia regia, sicut accepimus, expedire, nobilitatis tue benivolentie specialiter commendamus.

Datum ut supra (2).

In eundem modum cancellario regis Francie, mutatis mutandis.

 

(1) Sur ces démêlés, voir ci-dessus le n° 213. Sur Catherine de Grailly, voir le n° 286.

(2) La dernière date exprimée dans le registre est : secundo nonas augusti.

 

 

336 – 28 octobre 1325

Le Pape prie le roi de France d’accorder un délai de paiement à Catherine de Grailly, veuve [de Jourdain de l’Isle], condamnée à payer une amende de cinq cents livres tournois (Reg. Vat. 113, f. 201, ep. 1128).

 

Regi Francie.

Cum dilecta in Christo filia nobilis mulier Catherina de Griliaco, vidua, summam VC librarum turonensium, in quibus, ratione cujusdam condempnationis, regie celsitudini dicitur teneri astricta, in statuto sibi termino commode solvere, sicut accepimus, nequeat, propter guerram Vasconie novissimam, multipliciter in suis bonis et proventibus aggravata, serenitatem regiam attentius deprecamur quatinus eidem affectu regio compaciens in hac parte, oportunam dilationem velit sibi super hoc favorabiliter magnificencia regalis gratiose concedere, eamque, pro nostra et apostolice sedis reverencia, super hiis et aliis prosequi favoribus oportunis.

Datum Avinione V kalendas novembris anno X° (1)

 

(1) Le 29 avril suivant (1326), le Pape écrit également au roi de France, à Alphonse d’Espagne et au chancelier de France, pour leur recommander Catherine de Grailly qui avait diverses affaires à expédier à la cour (Reg. Vat. 113, ff. 207 et 208, epp. 1195, 1196). Cf. ci-dessus les n° 286-288 et 312.

 

 

338 – 28 octobre 1325

Le Pape exhorte Catherine de Grailly à contracter mariage et à consulter, pour le choix de son époux, son frère [Pierre de Grailly] et Bernard-Jourdain de l’Isle. Il l’exhorte à mener une vie irréprochable et lui annonce qu’il écrit au roi de France en sa faveur (Reg. Vat. 113, f. 201, ep. 1130).

 

Catherine de Griliaco.

Gratum esset nobis admodum, filia, quod convenienti tuo statui alicujus consorcio, ex quo, ad Dei honorem et servicium tuamque consolationem, prolem posses suscipere, jungereris : super quo illis qui hoc, etiam sine nostra suasione, deberent procurare sedule, nostras exhortaciones sepius duximus cumulandas, et si per nos sciremus te circa premissa dirigere, profecto, diu est, fecissemus libenter. Sed quia nescimus, te duximus ad aliorum consilia remittendam, nos nequaquam ab hiis intendentes propterea substrahere, si oportunitas se offerat quod in hoc possit nostra diligencia aliquid operari. Habes ibi namque germanum tuum, habes et dilectum filium nobilem virum Bernardum Jordani dominum de Insula, qui tibi multipliciter astringuntur, teque in hiis tenentur dirigere, et, ut speramus, fideliter dirigere (1) non omittent. Quocirca nos tuam prudentiam exhortamur quatinus interim, et etiam postmodum, irreprehensibiliter cures vivere, ac obloquendi malivolis materiam amputare.

Ad hoc carissimo in Christo filio nostro Carolo regi Francie et Navarre (2) illustri super oportuna dilatione tibi concedenda scribimus, verentes remissionem non posse faciliter obtinere.

Gratia Domini nostri Jhesu Christi sit tecum, que te ab adversis custodiat, et in sui benivolentia te conservet.

Datum ut supra [Avinione V kalendas novembris anno X°].

 

(1) Diligere (reg.).

(2) Navarrum (reg.).