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Document 28 L 28 – 14 juillet 1799

 

Tribunal de Ribérac – Recherche de déserteurs de Ribérac, … et Saint Méard, cas de Vanxains.

 

 

Le 26 Messidor, l’an VII[1] de la république française, une et indivisible, je, soussigné Commandant de la Colonne mobile du canton de Ribérac, pour me conformer à l’arrêté de l’Administration municipale, en date du jour d’hier, portant que la Colonne mobile sera mise en réquisition, pour se transporter dans la commune de Ribérac, Vanxains, Allemans, Petit Bersac, Combéranche, Epeluche et Saint-Méard [de Dronne] afin d’y faire rechercher les citoyens Pierre Laforest, Bernard Meynard, Jean Rouchon, Jean Dignac, Jean Ducher, Pierre Clément, Léonard Gerbaud, Antoine Chassaing, François Chaumette, Pierre Dugaleix, Pierre Bardy, Jean Engerbeaud, Barthélémy Chazeau, Pierre Roussie, Jean Chaudrue et Léonard Belcier ainsi que Guillaume Fourgeaud[2], conscrits déserteurs, de se saisir de leurs personnes et de les traduire de suite dans la maison d’arrêt ; la colonne mobile a été convoquée et divisée en autant de pelotons qu’il y a de communes à parcourir, lesquels s’étaient rendus chacun à leur destination, se sont fait indiquer par l’agent municipal les domiciles des susnommés, ont fait la recherche la plus scrupuleuse sans pas un saisir ; les commandants ont interpellé leurs parents pour leur dire [demander] où étaient les citoyens [recherchés], qui ont répondu ne les avoir vus, ni reçu aucune nouvelle depuis leur départ ; alors il leur a été observé de la part des Commandants, les dangers auxquels ils s’exposaient s’ils donnaient asile à des déserteurs, que les lois prononçaient des peines sévères contre ceux qui commettaient de pareils abus. Enfin il leur a été fait [posé] beaucoup de questions pour avoir quelques [r]enseignements sur l’asile de ces déserteurs, mais inutilement, leurs parents ayant toujours persisté à dire qu’ils les croyaient à leur destination : voilà quel a été le résultat de tous les détachements excepté celui de Vanxains, qui s’était présenté chez l’adjoint municipal pour lui demander de fournir des hommes afin de compléter son détachement qui avait été affaibli par le refus constant qu’ont fait les citoyens Jean Bousquet, François Laurent, Joseph Peyrot, Salleix le chirurgien et Antoine Tourrier, membres de la Colonne mobile de marcher suivant la réquisition à eux faite. Le dit adjoint se rendant à l’invitation du Commandant dudit détachement, fit la réquisition de huit hommes de la Garde Nationale, qui refusèrent de marcher. Voulant néanmoins remplir sa mission autant que possible, il se mit en marche pour se transporter au domicile de Jean Engerbeaud, l’un des déserteurs ; à la sortie du bourg et dans le chemin qui conduit du village de chez Moreau au chef lieu de la commune, il entendit les pas d’un homme qui venait à lui ; il fit faire halte à son détachement, d’aller approcher cet homme, et s’étant aperçu qu’il était armé, il lui demanda qui il était ; sur sa réponse qui parut insignifiante, il le conduisit par devant l’adjoint municipal qui le reconnut de suite pour être le dit Engerbeaud, conscrit. Alors le commandant le fit désarmer et lui demanda d’où il venait, lequel répondit qu’il venait d’avec ses camarades qui étaient au coin du bois à la sortie du bourg sur le chemin du dit village de chez Moreau ; alors le Commandant ordonna à son détachement de le suivre pour se transporter au dit bois et fit suivre le dit Engerbeaud : où, étant arrivé, il aperçut au coin du bois une quinzaine d’hommes armés, auxquels il fit sommation de déposer les armes et de se rendre ; mais au lieu d’obéir, ils prirent tous la fuite. Ce que voyant, le Commandant ordonna à sa troupe de fondre dessus ; mais n’ayant avec lui que six hommes, il s’aperçut bientôt que sa démarche devient infructueuse, puisqu’au lieu de prendre les fuyards, le dit Engerbeaud profita du moment où ses gardes se portaient avec impétuosité sur eux, prit la fuite et leur échappa dans l’obscurité du bois et leur laissa son chapeau et son fusil de chasse extraordinairement chargé. D’après cet exposé, il apparaît constant que les déserteurs avaient été prévenus et qu’ils ont des desseins hostiles puisqu’ils étaient armés de fusils.

J’observe donc à l’Administration qu’il conviendrait de se porter secrètement dans la commune de Vanxains, avec un nombre suffisant d’hommes armés, afin de prendre des mesures pour investir au même instant le repaire de ces déserteurs, qui par leur conduite méritent la punition que leur infligent les lois.

L’Administration demeure invitée en tant que de besoin, ou quoique soit le Commissaire du Directoire exécutif, de faire punir ceux des membres de la Colonne mobile désignée dans le présent, qui ont refusé d’obéir aux ordres de leur Commandant et qui ont de cette manière rendu infructueuse la mesure dont [il] s’agit : cet exemple est d’autant plus nécessaire qu’à chaque fois qu’il s’agit de faire marcher la Colonne mobile, il en est toujours qui se moquent des ordres qui leur sont donnés.

 

 

fait à Ribérac le dit jour, mois et an que dessus

 

 

 

D…. jeune (signature non déchiffrée).



[1] 14 juillet 1799 (Note d’André Gaillard)

[2] ces deux derniers étant des habitants de St Méard (Note d’André Gaillard)