Source : Bulletin SHAP, tome XX
(1893), pp. 70-115, 148-195 & 229-262
LIVRE-JOURNAL de PIERRE DE BESSOT (1609-1652)
AVERTISSEMENT.
Dès l'année 1866, je
signalais, dans un essai bibliographique intitulé : De la fondation de la Société
des bibliophiles de Guyenne[1], l'intérêt que présente le manuscrit de Pierre de Bessot, surtout en ce
qui regarde la seconde révolte des Croquants et les
troubles de la Fronde, et j'ajoutais : « Si quelque Périgourdin ne me devance,
je transcrirai, plus tard, ces mémoires qui m'ont paru devoir être tirés de
l'oubli dans lequel ils sont ensevelis. » Après une attente de plus d'un quart
de siècle, ne voyant pas venir le précurseur qu'au milieu des travaux les plus
absorbants, j'appelais de tous mes vœux, entraîné d'ailleurs, depuis quelque
temps, comme par un irrésistible courant, vers les livres de raison, je me suis
décidé à mettre au jour les récits de Pierre de Bessot.
Ces récits tiennent à la fois de l'autobiographie et de la chronique.
Tantôt c'est un journal intime, un mémorial du foyer ; tantôt c'est une
relation des événements du Périgord et des provinces voisines, parfois des
événements parisiens et même des événements étrangers.
Une rapide analyse montrera
ce que contiennent, d'une part, le registre domestique proprement dit, d'autre
part, la chronique considérée successivement dans ses rapports avec l'histoire
du Périgord et avec l'histoire de France.
Livre de raison. - Pierre de Bessot inscrit la venue à Périgueux de
son père[2] qui y prend droit de cité
(1609), le mariage du nouveau citoyen avec Anne de Charon (1610), la naissance
et le baptême du futur chroniqueur (1611), le baptême de son frère « Jacques de
Bessot (1616), l'achat par son père d'un
office de contrôleur en l'élection de Périgueux (1619), la naissance de sa sœur
Anne entraînant, le même jour, la mort de sa mère (1628), son séjour d'un an à
Cahors en qualité d'étudiant en droit (1629), la soutenance de ses thèses de
philosophie dédiées à la cour présidiale de Périgueux (1630), le second mariage
de son père avec Françoise Mourcin (1631), le séjour du narrateur à Bordeaux où
il devient avocat au parlement (1633), sa première plaidoirie à Périgueux, ce
qui lui fait dire avec une patriotique fierté qu'il « donne au pays » les
prémices de ses travaux (1634), son séjour d'un an à Paris (1635), l'élection
de son père comme premier consul de Périgueux (1637), son mariage (à lui,
Pierre) avec Isabeau de Palisse (1638), la naissance de sa fille Judith-Isabeau
(1640), suivie de six autres naissances (en 1641, 1642, 1644,1647, 1648,1650[3] ), son enrôlement dans la
compagnie des Pénitents bleus (1640), le décès de son beau-père (même année),
le mariage de sa sœur avec Pierre Chancel, sieur de Barbadaud (1642),
l'acquisition par son père du domaine de Massoubre (1643), le pèlerinage du
narrateur à Notre-Dame de Garaison (1646), son installation comme successeur de
son père en l'office de contrôleur (1651).
Chronique périgourdine. - Famine en 1613 et mauvaises années jusqu'en 1630,
peste dans Périgueux (1630), commencement des troubles causés par les tailles, grande sédition à Périgueux
(1635), nomination, comme maire de cette ville, du sieur de Fonpitou , cousin
du narrateur (1636), insurrection des Croquants (1637 et années suivantes jusqu'en 1640), feu de
joie à Périgueux pour fêter, la naissance de Louis XIV (1638), le sieur de la
Chapelle maire de cette ville pour la troisième fois (1639), inondations et
disette de vin (1640), le marquis de Bourdeille est nommé gouverneur du
Périgord (1641), établissement du couvent de la Visitation et installation de
la confrérie du saint scapulaire à Périgueux (1641), entrée en cette ville du
nouveau sénéchal (Bourdeille) et, à cette occasion, audience solennelle,
pompeuses harangues, tournoi d'éloquence (1612), établissement des Ursulines à
Périgueux, ravages de la grêle , mort de Mme de Bourdeille (même année
1642), mort du maréchal de La Force (1644), rétablissement à Périgueux de la
confrérie du très saint sacrement de l'autel (1645), mort de François de la
Béraudière, évêque de Périgueux (1646), élection des consuls de cette ville
(1647), naufrage des pèlerins de Cadouin (1648), construction du portail de la
chapelle des Pénitents bleus (1648), réunion des trois ordres à Périgueux
(1649), arrivée en cette ville du nouvel évêque du diocèse, Mgr Philibert de Brandon , et réconciliation des deux chapitres par les soins
du prélat (1649), inondations (même année), synode de Périgueux (idem), démolition en cette ville de
la halle du Couderc, exécution d'un juge criminel de Bergerac, passage à
Périgueux du duc de Pigneranda, ambassadeur d'Espagne, et du maréchal de la
Meilleraye, établissement en cette ville de la confrérie de N.-D. des
Agonisants (tout cela en 1650), Te Deum chanté dans la cathédrale de Saint-Front pour la
défaite de Turenne à Rethel par le maréchal du Plessis (1651), venue du prince
de Condé à Périgueux, inondations à deux reprises, Sauvebeuf s'empare de
Château-l'Évêque, attaque de Chancelade par ce capitaine, députation secrète de
la ville de Périgueux vers le grand Condé (tous ces événements sont de 1651),
nouveau séjour de Condé à Périgueux, combat entre le colonel Baltazar et
Sauvebeuf, d'Harcourt au château de Bourdeille, siège du château de Lardimalie,
prise de Saint-Astier et de Grignols (1652).
Histoire de France. - Sacre de Louis XIII (1610),
soumission de La Rochelle (1628), remplacement du duc d'Épernon par le prince
de Condé dans le gouvernement de la Guyenne (1638), naissance de Louis XIV
(même année), prise de Salse (1639), prise d'Arras (1640), mariage du duc d'Enghien
(1611), le comte de Soissons traitant, à Sedan, avec l'ennemi et tué au combat
de laMarfée (idem), mort du duc d'Epernon au château de Loches, affaire de Cinq-Mars, le duc
de Bouillon prisonnier à Casal, mariage du duc de Longueville avec Mademoiselle
de Bourbon, mort de Marie de Médicis à Cologne[4], prise de Perpignan et mort
de Richelieu (1642), maladie de Louis XIII, régence d'Anne d'Autriche, mort de
Louis XIII (avec éloge démesuré de ce roi), gouvernement de la Guyenne donné au
second duc d'Epernon, prise de Thionville sur les Espagnols, bataille de Rooroy
(1643), Henriette, reine d'Angleterre, se réfugie en France (1644), siège de
Candie (1645), prise de Dunkerque (1646), mort du prince de Condé, siège de
Lérida, succès du comte d'Harcourt en Catalogne (1646), suppression momentanée
des appointements des fonctionnaires et réduction des tailles (1648), troubles
à Paris (1649), à Bordeaux (idem), paix de Paris (idem), paix de Bordeaux (1650),
arrestation des princes, disgrâce du chancelier Séguier, intrigues du duc de
Bouillon et du duc de La Rochefoucauld, la princesse de Condé à Bordeaux, prise
du Catelet et résistance de la ville de Guise, voyage de Louis XIV à Poitiers,
à Bordeaux, paix signée à Bourg, prise de Rethel et défaite de Turenne (1650),
lutte du duc d'Épernon et du parlement de Bordeaux, Condé à Saint-Maur, à Agen,
à Villeneuve-sur-Lot, siège de Cognac, proclamation de la majorité du roi
(1651), combat de Miradoux en Gascogne (1652), combat du faubourg Saint-Antoine
(même année)[5].
Tant d'événements (encore la triple énumération est-elle incomplète !)
réclamaient une annotation considérable. Mon heureuse étoile m'a fait trouver
deux collaborateurs qui, avec autant de bonne grâce que de compétence, m'ont
tellement suppléé dans mon rôle d'éditeur, qu'ils l'ont réduit à n'être plus
qu'une sinécure. Modestes autant que savants, mes chers confrères ont insisté
pour que mon nom précédât le leur. Je me suis incliné par obéissance devant
leur généreux parti pris; mais je suis bien aise de déclarer ici, en employant
une métaphore gastronomique qui ne manquera pas d'à-propos, puisque nous sommes
en Périgord, la terre classique du gibier et de ses meilleurs assaisonnements,
que, si j'ai fourni le lièvre, c'est-à-dire la copie du manuscrit, mes collaborateurs
ont fourni le civet, c'est-à-dire le plus savoureux des commentaires. Qu'il soit permis à
leur doyen de les remercier publiquement d'avoir pris pour eux presque toute la
peine et d'avoir voulu lui laisser presque tout l'honneur![6].
Tous ensemble maintenant nous avons à payer diverses dettes de
reconnaissance, d'abord envers M. Louis de Bessot de Lamothe, secrétaire
général honoraire de la Société départementale d'agriculture, sciences et arts
de la Dordogne, lauréat de la Société nationale d'encouragement au bien, qui a
daigné nous autoriser à publier le manuscrit de son quintisaïeul et qui nous a
fourni d'utiles renseignements sur sa famille; envers son frère, l'érudit
ancien archiviste du Gard; nommons ensuite M. Michel Hardy, président de la
Société historique et archéologique du Périgord, et M. l'archiviste Ferdinand
Villepelet, secrétaire général de la même Société, qui sur plusieurs points ont
singulièrement facilité la tâche des annotateurs ; enfin, nos autres confrères
en archéologie, M. Dast de Boisville, qui
connaît si bien les familles parlementaires de Bordeaux ; M. l'abbé Goustat,
qui a analysé les registres paroissiaux de Cadouin; MM. F. de Bellussière, le
marquis du Mas-Paysac, M. Cailliac, l'obligeant bibliothécaire de Périgueux, le
vicomte de Gérard, Charrier, et bien d'autres encore, qui, à côté de l’état-major de la Société, nous ont donné
une assistance très efficace et très méritoire.
Nous espérons que bon accueil
sera fait, dans la province natale du chroniqueur et même au-delà des frontières
de cette province, à un texte que nous avons reproduit avec une scrupuleuse
fidélité[7] et que nous avons éclairé
avec tout le soin imaginable (je parle ici au nom de mes lieutenants, qui, j'aime à le répéter, ont
été aussi vaillants que j'ai été inactif). Sans doute les récits de notre
auteur n'ont pas tous l'attrait de la nouveauté, et le prestige du style leur
manque absolument. Mais si Pierre de Bessot n'est pas le plus intéressant des
narrateurs et le plus habile des écrivains, s'il n'a rien de l'admirable talent
de ses compatriotes Montaigne et Fénelon, rien même de la spirituelle verve
d'un autre de ses compatriotes, Pierre de Bourdeille, abbé de Brantôme, il se
relève devant nous par l'excellence de ses sentiments : il nous apparaît, en tout
son livre-journal, bon chrétien, bon citoyen, serviteur constant du devoir dans
la vie publique comme dans la vie privée, en un mot parfait honnête homme. La
beauté littéraire est ainsi remplacée par la beauté morale. Une saine
impression se dégage de cette simplicité, de cette sincérité, de cette probité
; tout cela fait du bien à l'âme. On peut comparer la lecture du mémorial de ce
brave père de famille à une promenade d'été dans les
bois, au milieu des apaisantes fraîcheurs du matin et des fortifiantes senteurs
de la menthe et du serpolet. Tant il est vrai que, comme l'a dit éloquemment un
philosophe qui n'a pas toujours été aussi bien inspiré, les deux plus nobles
spectacles que nous puissions admirer, c'est la pureté d'une droite conscience
et la splendeur d'un ciel étoilé.
Ph. Tamizey de Larroque.
LIVRE-JOURNAL SUR LES ANS QUI S'ENSUIVENT.
sit nomen
domini benedictum.
semper
jesus mecum, semper maria pro me.
1609. Mon pere[8] vint à Périgueux pour estre habitant.
1610. Mon pere
se maria avec damoyselle Anne de Charon[9], ma mère.
16M. Je nasquis
à Périgueux et fus babtisé par un ministre à Sensennat[10], nommé Pontet.
1610. Louys 13,
fils d'Henry 4, d'heureuse mémoire, fut faict roy de France et sacré à Rheims.
1613. Commença
une grande famine , le boiceau de bled estant monté jusques a 8 liuvres et à proportion le seigle, et ne
furent guère bonnes les années suivantes[11], jusques à l'an 1630, qui fut asses fertile
en tout, particulièrement en bled.
Jaques de Bessot[12], mon frère, fut babtisé le 25 febuvrier 1616,
en l'église S. Front; son parrein fut M. Jaques Chalup[13] sieur de Gleseneufve[14], nostre oncle, et marreine Marguerite
Charon, mariée avec M. Symon[15] de Saint-Paul nostre oncle ; le vicaire
s'appelloit Charles Preissac[16]. [Ce paragraphe a été ajouté en marge.]
1630. Périgueux fut attaqué de contagion[17] et y fut asses eschauffée dans le
commencement ; mais le peuple ayant intercédé envers nostre Seigneur et saint
Roch et érigé de nouveau ou plustost relevé ses autels abbatus, soit par
l'indevotion de chrestiens, soit par la longueur du temps, en son honneur en
rue neufve le mal s'appaisa et cessa la mesme année.
1619. Mon père
achepta son office de contrôleur en la présente Election.
1628. Nostre
grand monarque Louys 13, après 18 mois de siège, entra triomphant dans la
Rochelle[18], ayant faict au prealeble ceste grande digue
qui estonna tout ce pauvre party[19] et feit retirer l'Anglois dans ses foyers.
1630.Soubs le pere Dunoyer[20], jésuite, je soubstins des thèses de
philosophie, lesquelles estoint dédiées à la cour presidialle.
1631.Mon père espousa en secondes
nopces Françoise Mourcin[21], damoyselle, vefve de feu Lazare Albert,
avocat.
1628. Ma mère mourut environ la feste de
Toussaincts, après s'estre accouchée au mesme jour de sa mort de ma sœur Anne[22].
1629. J'allé a Cachors[23] pour estudier en droict et y demeure environ
un an ayant pris des escrits soubs mons. de Lacoste, qui avoit enseigné à
Tholoze avec tant de réputation[24].
1633. J'allé à
Bourdeaux ou je fréquenté le parlement environ un an et y pris mes lettres
d'advocat soubs monsieur de Priezac[25], qui fut puis après conseiller d'estat, et
preste le serment en la grand chambre, estant présenté par monsieur Fontanel[26], beau-frère de monsieur Fauvel, procureur en
la cour[27], monsieur Daigueisseau, président[28], et pour les gens du roy Gabriel de Mulet
premier advocat[29], Pontac[30], procureur du roy, et mons. Dussaut, 2eme
advocat du roy[31].
1634. Je donne
au pays les premiers de mez travaux, ayant playdé contre François Montoson,
maintenant conseiller[32], mons. Thinon, président[33].
1635. Commencèrent tes désordres de pareage[34] à Creicensac[35] et
nous fut volé du bled à Pissot et quelque peu de vin aussy, d'où s'ensuivit
puis après meurtres de sergens et recors allans exploiter et exécuter pour les
tailles ou porter commissions, et expressément a Nantueil[36] en fut tué 4 ou 5.
1634. J'allé à
Paris ou je demeuré environ un an.
1635. Il y eut grande sédition en ceste ville, soit
que le peuple fut mutiné contre le maire[37] a raison de quelque coup de baston que le
clerc dudict sieur avoit donné à un artisan, qui portoit les armes contre les
ordonnances qui en avoint esté faictes, ou soit que ce peuple fut poussé par
d'autres habitans ; enfin, s'estant assemblé, on osta le chaperon au maire, et
mons. de Vertamon, qui se rencontra pour lors en ville en qualité d'intendant
de justice en Guienne[38], et qui travaillent avec mons. de Gourgues,
trésorier général de nostre generalité[39] au regalement des tailles, trouva a propos
de prendre ledict chaperon, et, pendant qu'il se pourmenoit ainsin par les rues
de la ville pour adoucir la fougue du peuple, Seguin, clerc du lieutenant
particulier, qui avoit esté mis en prison à l'instance dudict peuple, fut enlevé des prisons, conduict a coups d'ache, d'espée et aultres
instrumens dont la furie du peuple est toujours armée , au puis du Couderc et
la massacré et mis en pièces et son corps jette dans ledict puis, ou il demeura quelques
temps jusques à ce que sa femme, le calme estant revenu, l'en feit retirer et
ensevelir[40]. Lesquelles choses donnerent la chasse à
quelques habitans de la ville, mais expressément au lieutenant particulier et
au receveur des tailles, estant ces officiers de l'Election.
1629. Je
commencé mon cours de philosophie chez les R. Pères Jésuistes, soubs le père
Dunoyer, et le unis 1630.
1635.Les magistrats qui avoint
esté quasi dépossédés et interdits au pouvoir de leurs charges, par le
dereiglement du peuple et mauvaise intelligence des habitans, feirent valoir
leur authorité en la capture qui fut faicte par Me Bertin, advocat. et consul[41], accompagné de quelques habitans, des deux
plus factieux du peuple, Picau et Coli, qui furent pendus et estranglés en la
place du Couderc, toute la ville estant en armes, chacun en sa quartière, affin
que la justice, nonobstant quelques rumeurs et murmures de certains habitans,
fust exercée avec plus d'asseurance.
1636.Mon cousin Alexandre, sieur
de Fonpitou, advocat, fut faict maire de la ville[42].
1637.Les crocans[43], qui avoient commencé, dès l’an 1635, après
avoir beaucoup murmuré, feirent diverses assemblées, venans mesme passer jusques
aux portes de la ville, mais en plus grand nombre a celle de Tailletes[44], mais la plus grande fut au lac de La
Verneide, proche de Bordes[45], ou il s'assembla environ 35 ou 36 mille
hommes, et tenoint pour lors en leurs mains le lieutenant particulier[46] qu'il avoint prins et assiégé dans quelque
chasteau de mons. de Peiramon[47]. Leur chef, nommé mons. de La Motte,
gentilhomme[48], fut creé aux Terrienes, proche de la ville,
après quoy ils s'atrouperent a diverses fois et, après avoir bruslé la maison
d'Alesme, greffier de l'Election[49], tout contre la porte de Taillefer, et un
autre maison de Vincenot, receveur des tailles[50], et celle aussy de Salleton, receveur[51], s'estant présentés devant Bergerac,
trouvant peu ou point de résistance, s'en emparèrent, et la reglèrent leur
nombre, chaque parroisse contribuant très volontiers a tout ce qui estoit
nécessaire pour l'entretien de leur general et de ceux qui seroint choisis pour
faire le gros qui avoit esté résolu de dix ou 12 mille hommes. Ce qu'estant
faict, le lieutenant particulier ayant tousjours suyvi ce gros de peuple à
Bergerac pour rasseurer un peu sa vie, de laquelle il avoit perdu l'espérance,
souvent ce peuple estant abusé soubs le mot de gabele qui avoit causé tout ce
soublevement, ayant esté prononcé par un archer nommé Chalepe[52] devant la porte de Nostre Dame des Vertus,
escrivit quelques requestes addressantes au roy qui couroint de main en main,
mais qui n'allèrent pas jusques à Paris. Enfin, ayant gaigné soubs main le
général et mesme payé une assez grosse rançon, il se guarantit, nonobstant
l'envie d'un medecin de la ville nomme Magot[53], qui estoit son ennemi juré et ne cherchoit
que les moyens de le perdre, mais il y réussit mal, car le général, en ayant
advis et mesme qu'après avoir semé de faux bruict de trahison contre luy qu'il
avoit gaigné desja beaucoup de compagnies, il fut tué d'un coup d'halebarde par
un des gardes du general et puis mis sur une roue à l'arrivée de mons. de La
Valete[54] qui s'estoit desja fort avancé avec 4 ou 5
regimens avec lesquels il combattit valeureusement les crocans, lesquelles
s'estoient retirés et barricadés dans la
Salvetat[55], et après les avoir tués la pluspart et
enfoncé les barricades et brulés dedans, le général estant adverti de ces
nouvelles fort promptement de Bergerac avec ce peu de gens qu'il avoit ; et
lors mons. de La Valete ayant tout mis en deroutte, entra dans Bergerac, ou
ayant séjourné jusques à ce que les prisonniers de S. Foy[56] fussent amenés qui furent prins par la
diligence de mons. d'Epernon qui, estant adverti des menées de ce peuple, avoit
envoyé 2 ou 3 de ses gardes à S. Foy. Avant que ce gros s'y présentast, le Turc
et Alegran s'estans présentes aux portes et entrés incontinent, le pont fust
levé et on se mocqua d'eux ; et toute la ville fust rasseurée et demeura dans
le service et obeyssance du roy, et les prisonniers conduits à Bergerac. Mons.
le duc de la Valete prit la route de Périgueux, ou il feit son entrée en
qualité de gouverneur et y demeura environ un mois, et pendant son séjour, Le
Turc fut condamné d'avoir la teste tranchée à la place[57], ce qui fut exécuté, tous les régimens
estans en haye dans laditte place. Alegran trouva plus de faveur et fut
eslargi, soit qu'il fut trouvé moins coupable, soit par le moyen de ses amys,
après quoy le sieur duc de La Valete se retira avec ses troupes, après avoir
tesmoigné toute sorte de bonnes volontés à ceste communauté et avec luy toute
la noblesse qui l'estoit venu joindre la pluspart venant à Périgueux.
1637. Mon père fut faict premier consul, et
le mesme an, nostre grange de Pissot[58] fust bruslée avec la maison du bourdier des
Landes[59] et ensemble tout le bestail qui y estoit.
1637. Le mesme an que dessus, mons. d'Epernon
fust obligé de partir de Bourdeaux pour dissiper derechef les bandes de ces
voleurs qui s'assembloint soit pour voler ou brusler et empeschoint que personne
n'osoit passer ver les quartiers moins des habitans de Périgueux. Il logea dans
le chasteau de Verg, vint[60] à Périgueux, et en
ce temps la noblesse feit diverses courses dans la forest de Verg[61], mais avec peu de fruict, car les chefs ne
peurent jamais estre attrappés; néantmoins, ils ne parurent jamais tant que
monsieur d'Epernon demeura au pays, ayant faict de belles admonitions avant son
départ, le peuple assemblé au consulat, à tous les habitans de la ville de
demeurer bons et fidèles serviteurs de roy et de vivre bien unis par ensemble,
de quoy on n'a jamais proffitte.
1638. J'espouse Isabeau de Palisse [62], fille de mons. le juge de Belves, le 15
novembre, dans la chapelle du fort à Belves[63], et le 8 juillet 1639, je fais mes
ammenances[64] à Périgueux.
1638. Mons. le viceneschal nommé Brinniac[65] fut tué à la Papuconne[66], bien proche d'Egliseneufve du Souc,
conduisant un prisonnier nommé Pineau, fils d'un ministre de Bergerac[67], lequel évada pour lors, mais fut bientost
après supplicié, ayant esté condamné comme criminel de lèse majesté, comme
autheur de sédition et participant avec les voleurs et crocans, mons. de
Foullé, intendant de justice[68], estant à son procez dans la chambre et
croit on que d'huguenot en mourant il se feit catholique.
Changement du gouverneur de Guienne.
1638. Mons. le
prince fut pourveu du gouvernement de Guienne, à la privation de mons.
d'Epernon, lequel se retira a Placac[69], et son fils, qui avoit eu la survivance du
gouvernement, prit la fuitte en Angleterre après le levement de siège de
Fontarabie, honteux aux François et glorieux aux Espagnols, qui meirent en
fuitte toute nostre armée, composée de près de 23 mille hommes[70].
Garnison dans Périgueux de M. le prince.
1638. On nous envoya une garnison par ordre
de mons. le prince[71], qui y demeura près de 5 moys.
1638. Le 7 décembre, veilhe de la Conception
de la Vierge, mon cousin Jomjay, advocat[72], fut tué dans la foret de Verg par les
crocans.
1638. Dieu donna
à la France ce que tous les bons François avoint tant souhaitté, c'est-à-dire
un dauphin qui nasquit au mesme mois que son père, c'est-à-dire au mois de
septembre; à raison de quoy en fut faict un grand feu de joye à la place, tous
les corps y assistans et ensemble tous les habitans de la ville qui, après que
le feu fut allumé d'une part par mons. Meredieu[73], doyen des chanoines de S. Front, de mons.
de Champagnac[74] du corps de la cour présidialle, et de mon
cousin Chassenac[75], maire du corps de la ville, déchargèrent
les uns après les aultres diverses gresles de mousquetaires et aultres armes.
Les canons furent aussy tirés, et vers le soir environ le 9 ou 10 heures, on
mit des lumières et chandelles sur toutes les fenestres et y avoit au haut du
clocher, au 4 coins d'ycelluy 4 gros flambeaux qui esclairèrent toute la nuict.
1639. Les crocans continuans et mesme
augmentans de plus en plus leurs vols, bruslemens, meurtres et assemblées dans
la forest de Verg, mons. de Bourdeille[76], nostre
gouverneur, battit aux champs, accompagné du maire de la ville et bon nombre
d'habitans avec le viceneschal[77], faisant, avec ses troupes tirées de ses
terres et de Nontron, deux mille hommes et se campa a Aturs[78], et son fils, mons. le marquis[79], prit pour son
quartier Marcandis. Le fruict de ceste grande assemblée ne fust pas grand. On
visita la forest. Mons. le comte de Grignols[80] fut le premier qui y entra, mais il ne
trouva point d'ennemis à combattre. Croyant qu'ils avoint tous pris la fuitte,
toutes les trouppes se rendent à Périgueux. On laisse une garnison à Pissot,
conduitte par mons. de La Valade[81], gentilhomme de mons. de Bourdeille; mais il
ne s'y arresta guères, soit qu'il n'eut pas de vivres ou autrement, et pour
lors incontinent, nostre maison fust bruslée, avec celle de mons. Senard et
Massorere, par les crocans.
1639. Mons. de La Chapelle[82] fut faict maire de la ville pour la 3 fois.
1639. Le mesme an que dessus, mons. de
Bourdeille, adverti que ces voleurs n'avoint point laissé leur vie ordinaire, y
retourna pour une 2 fois a la teste de 12 cent hommes et se campa a
Egliseneufve du Souc pour avoysiner d'avantage la forest.
1639. Mesme an que dessus, mons. le marquis
de Bourdeille, pour le mesme subject, accompagne de deux cent chevaux, ayant
roulé depuis Egliseneufve du Souc jusques à Verg, prit Greleti[83], «chef des voleurs, lequel fut roué à Bourdeaux
de 37 coups de fer le 8 décembre.
1639. Le mesme an que dessus, Salce fut pris
par mons. le prince par assaut, accompagné de mons. le vicomte d'Arpajon et du
mareschal de Schomberg, puis mons. d'Espenari fut mis dedans avec bonne
garnison et la mesme année reassiegé par les Espagnols et pris.
Prise d'Arras. Mons. d'Espruell.
1640. Arras, capitale de l'Artois, fut [pris]
par le roy après 5 ou 6 mois de siège et fut mis capitaine dedans ou pour mieux
dire gouverneur [Saint-Preuil][84], et y demeura environ un an, après quoy il
eut la teste tranchée, soubconné de quelque trahison et de molester par trop
les habitans.
1640. Les crocans ne cessans point tous actes
d'hostilité, mons. de Bourdeille, pour seconder le zèle de nos nouveaux
magistrats, se transporta à Périgueux pour résoudre du remède qu'on debvoit
appliquer a un si grand mal, et après avoir faict de belles et bonnes
ordonances enjonctions à tous les juges, lieutenants , curés et officiers des
lieux et parroisses de courir sus à ses voleurs et les saisir pour leur
parfaire le procès comme perturbateurs du repos public. En outre, fut d'advis
de mettre sus pied une garnison composée de six vingt hommes et qu'elle seroit
soldoyée aux despens de la ville, ce qui fut exécuté, mons. du Pouset[85]
estant conducteur de laditte garnison pour rouler par tous ces lieux
suspects et ou on croiroit les pouvoir rencontrer.
1640. Le 20 de mars, un mardy, trois heures
après mydi, le jour de S. Joachim, ma femme s'accoucha pour la première fois
d'une fille, laquelle fust tenue à baptesme le 5 aoust, la mesme année que
dessus 1640, par mon pere et ma tante d'Egliseneufve[86]; madamoyselle de Palisse ne l'ayant voulu[87] tenir, estant de la relligion, et mourut le
4 décembre 1640.
Débordement de rivière très grand.
1640. Le mesme an que dessus, le 14 juillet,
il feit un si grand débordement d'eau, que, aux hyvers les plus pluvieux, l'on
n'a rien veu de semblable ayant emporte tous les foins et gasté ceux qui
restèrent.
1640. La susdicte garnison ne subsista pas
longtemps tant a cause de la pauvreté de la maison de ville que du peu de
vivres et de fourrage qui se rencontrèrent à la campagne pour leur entretien,
oultre que aussi il n'en revient aulcun bien à la communaulté, ce qui fut cause
que quelques temps après on envoya en ce pais, le régiment de Ventadour,
lequel, après avoir roulé asses longtemps, soit autour de Périgueux ou
ailleurs, fut enfin comnandé à cause de l'insolence de ses voleurs par le comte
de Grignols, qui avoit auparavant vainement entrepris de les chasser ou les
meiner à la guerre ; aquoy ils n'avoint voulu
entendre quel pourparler qu'il y eust eu de les aller forcer dans la forest ou
on croioit qu'ils se tinssant les plus asseurés. Mais cella réussit fort mal,
car ce régiment, après s'estre engagé insensiblement dans la forest et forcé
sans beaucoup de résistance deux ou trois de leurs forts, receut une si rude
descharge par ces voleurs qui s’estoint choisy le lieu pour les combattre, que
tout le régiment fut mis en routte, nonobstant le secours qui apporta monsieur
le comte de Grignols avec sa cavallerie, lequel y fut légèrement blessé et y
perdit son page; après quoy, beaucoup de ses soldats furent exposés à la fureur
de ces voleurs, qui en retirèrent beaucoup d'armes et en fut tué deux ou trois
cents avec beaucoup d'officiers, du pillage desquels on enrichit de beaucoup
ces brigands. Les nouvelles de ceste desroutte estants arrivées aux oreilles de
mons. le marquis de Sourdis[88] qui donnoit pour lors les ordres du roy,
comme lieutenant du gouvernement de Guienne soubs mons. le prince par le
bannissement de mons. le duc d'Epernon, il se résolut d'y venir luy mesme en
personne, et pour cest effect, s'accompagna du régiment de Tonnens et de celluy
du comte de Grignols, qui depuis peu avoit este faict regimentaire par le décès
du Vignan et se transporta au chasteau de Verg, ou il ne fut pas que messieurs
de la noblesse ne manquèrent pas de luy donner de mauvaises mémoires et
impressions de Périgueux; mais nos deputtés ensuitte effacèrent cella de
l'esprit de mons. de Sourdis, luy racontant le mieux qu'ils sceurent les
sources du mal commun. Cependant mons. Bourdier[89] et mons. Chancel[90] furent deputtés de la cour presidialle pour
recevoir les auditions des tesmoings et instruire le procès de ces voleurs,
lesquels ne quittèrent point la forest nonobstant la présence de mons. de
Sourdis et de ces deux régiments qui estoint aux environs de Verg et
Egliseneufve du Souc. Enfin, soit pour n'ahasarder point les forces ou pour
croire celles des aultres plus grandes, il ni eut nulle attaque et les voleurs
eurent loisir de se disperser et retirer a petit bruict, après quoi monsieur de
Sourdis s'en vint à Périgueux, soit pour s'eclaircir mieux du tout, soit pour
en conférer avec messieurs de la cour presidialle. Mais le tout se termina a ce
qu'il y auroit garnison dans Verg au chasteau et aultres lieux circonvoisins et que la
forest de Verg seroit couppée; pourquoy les parroisses furent mandées pour s'y
rendre en bon nombre, ce qui fut cause que ces deux régiments demeurèrent
longtemps au pais pour exécutter les commandements de mons. de Sourdis, lequel,
après avoir faict de belles ordonnances, s'en alla.
Dévotion à S. Joseph, aux Augustins.
1640. Les
R. Pères Augustins[91] dressèrent un autel à l'honneur de S. Joseph
en leur église et y fut instituée une confrérie le 19 mars qui est que depuis
on célèbre sa feste avec plus de dévotion, n'estan pas seulement cognue
auparavant du peuple.
Grande disette de vin.
1640. Arriva une extrême cherté de vin, la barrique
estant montée jusques a douze et 15 escus, ce qui dura jusques à l'an 1641.
1641. Le 14 mars mourut mons. de Bourdeille, nostre
gouverneur, a sa maison de La Feulliade[92].
Assassinat de Gorgetorte, insigne voleur.
1610. Gorgetorte
fust tué par Chalepe[93], l'ayant attrapé par finesse et forcé avec
son fils a un disner, ce qui afoiblit tant soit peu le parti de Greleti, qui
depuis se conserva mieux. Son corps fut mis sur une roue à la Croix-Ferrée.
1610. Je
m'enrolle dans la compagaie de messieurs les Penitens bleus, mons. Margeot[94], prebendier de la cité, estant prieur et fus
receu le premier demenche de caresme.
1640. Le 4 novembre ma femme perdit son père
et assista à ses funérailles, s'estant trouvée a Belves pour lesd.
Transport
d'un nouveau couvent de filles de la Visitation, de Limousin à la cité de
Périgueux.
1641. Le vingt quatriesme de mars, jour des
Rameaux, fut establi un nouveau couvent de religieuses nommées de la Visitation[95], filles du
bienheureux François de Sales, evesque de Genève ou plustost un transport du
couvent de Gueret en Limousin, à la cité de Périgueux, dans la maison de mons.
de La Selvagie,[96] ou mons. Martin[97], le conseiler dit sa première messe.
Mariage
de mons. d'Angulen avec la fille du
mareschal de Bresé.
1641. Le mesme
an que dessus, le duc d'Anguien[98], fils à mons. le prince, espousa la fille du
mareschal de Brese et niepce de mons. le cardinal de Richelieu, qui luy apporta
en dot toute la duché d'Albret acheptée par mons. le cardinal[99].
Changement au gouvernement de Guienne.
1641. Le mesme an que dessus, mons. le
mareschal de Schomberg[100] ayant quitté son gouvernement du Languedoc,
par le commandement du roy, à mons. le prince de Condé, fut pourveu de celluy
de Guienne pour trois ans.
Entrée de
M. de Bourdeille en qualité de gouverneur et seneschal de Periguort dans
Périgueux.
1612. Le 25 d'aoust François de Bourdeille,
pourveu des charges de seneschal et gouverneur du Périgord, feit son entrée a
raison d'icelles dans Périgueux, accompagné de bon nombre de noblesse, les
honneurs accoustumés luy ayant este rendus et qu'on n'obmet dans telles
occurrences ; et du corps de la ville luy allèrent au devant mess. les maire et
consuls, suivis de soyxante ou quatre vingt chevaux environ une petite lieue,
aussy bien que messieurs de la cour presidialle en nombre de huict ou dix, avec
leurs huissiers, qui precedoint mons. de Champagnac, second président, faisant
chef toutes les quartières pareillement assemblées, y comprins les fauxbourgs
et la cité, avec quelques parroisses de la banlieue, feirent un gros de huict
ou neuf cents hommes qui furent rangés en bataillon a l'arrivée de mons. le
gouverneur au Terrieres par M. de Reillac[101], gentilhomme de la ville, major de ceste
infanterie, qui ne voulut souffrir que les clercs allassent devant les
escoliers qui, en vérité, estoint plus foibles que les aultres, quoyque deux
fois en plus grand nombre, mais cella ne se debvoit pas décider par les armes,
car la raison demandoit sans difficulté que les escoliers précédassent les clercs,
ce qui ne fut pas pourtant tout-à-faict observé. Il y avoit ce distiche sur la
porte de Taillefer :
Ingredere optatam tandem
feliciter urbem
Mœnia nostra tibi, sed mage
corda patent.
Il fut logé à la
maison de mons. Boudi[102], procureur du roy au présidial ; on y avoit
[placé], au-dessus de la première porte, trois armoiries, celles du roy
premièrement, au-dessus desquelles estoit ce petit mot : Hœc omni tempore dorent. A coste droict au-dessous estoint celles de
la maison de Bourdeille, qui sont deux pattes de griffon rouges avec ce petit
mot : Securitas altera. Celles de la ville estant a coste gauche avec ce peu de mots : Invicta fides. On n'oublia pas de sortir, a ceste cérémonie,
toutes les pièces de canon qui estaient à l'arsenac,
propres à tirer, qui se rencontrèrent cinq en nombre et furent tirées. Comme il
entroit dans la ville ou à la porte, Mons. Clusel[103], advocat scindic de la ville, luy feit
prester le serment sur le liuvre Te igitur et croix en tel cas requis, ayant sur l'espaule une cornete de taffetas
bleu. Après quoy il s'achemina dans S. Front et le président, à son entrée,
tenoit le coste droit et le maire de la ville le gauche, le gouverneur estant
au milieu, ou il fut receu à la porte du greffe par messieurs les chanoines et
de la conduict au cheur au siège préparé a coste de l'autel ou il fut receu
plus particulièrement par mons. Meredieu, doyen de ce chapitre, revestu de la
façon qu'on accoustume en ces rencontres, le sus dit chant rententissant d'un
motet de musique en signe de réjouissance, lequel estant fini avec l'oraison,
il fut reconduict à la porte de ladicte église par les chanoines, d'où il se
rendit à sa maison susdicte pour estre harangué de tous les corps de la ville.
Après quoy ayant esté invitté à soupper par mess. les maire et consuls, il fut
mené a la maison de ville où s'estoit appresté lefestin, et furent 34 à lable,
le tout au despens de la ville. Le lundy matin 26 du mesme moys, il ne manqua
d'assister au seneschal, où il tint l'audiance en sa qualité de seneschal, ses lettres
ayant esté au préalable leues et interinées, mons. Thinon, lieutenant-general
estant à son costé gauche et de l'austre costé tous les consuls, et apres eux,
toute la noblesse qui respondoint a l'autre rang ou estoint messieurs de la
cour presidialle. Ce fut à ceste celebre audiance que le fils de mons. Dataux[104], lieutenant particulier, feit son premier
plaidé, Audoin[105] l'advocat plaidant contre luy, après quoy
finit l'audiance. Le mardy après il fut à l'audiance du présidial, ou il tint
le rang de premier président, mons. de Champagnac second président a son coste
droict, pour apoincter comme il feit et au seneschal le lieutenant général a
ceste audiance ne fut pas non plus sterille en beaux plaides le fils de mons.
Chanion[106] l'advocat ayant faict son premier coup
d'essay présenté par mons. Robert[107], advocat, Monteson[108] l'advocat, le second fils Monteson,
l'advocat du roy luy repartant; Bertin ayant présenté le fils de mons. Dataux,
les mesmes fils de Monteson, l'advocat du roy, playdèrent une seconde cause et
fut finie l'audiance par les discours de Verneuil[109] advocat, et Banaston[110], tous lesquels susdict plaides ne manquèrent
d'estre remplis de beaucoup de louanges, compliment et éloges d'honneurs
addressans à mons. de Bourdeille.
Retraicte de M. de Soldons
dans Sedan au mois de juillet. — Le cardinal de Richelieu fut cause de sa mort.
1641. Mons. le comte de Soissons[111], second prince du sang, se meffiant de
l'humeur de mons. le cardinal de Richelieu, ou se voulant mettre à l'abry de sa
colère et de ses finesses, fut contrainct de se retirer de la cour ou par quel
artifice que ce fut il ne fut plus possible de le faire revenir, quoyque madame
sa mère fut à Sedan exprès de la part du roy pour l'asseurer de ses bonnes
volontés touchant son retour, lequel il délaya bien, mais il ne peut dilayer le
malheur qui le talonnoit, car s'estant cantonné dans Sedan et embarque par
conséquent le seigneur de ceste place avec messieurs de Vendosme dans son party
pour l'appuy duquel il appella des forces estrangères tirées des terres de
l'empereur conduite parle général Lemboy[112], de quoy s'estimant asses fort voire de
beaucoup plus que l'armée de mons. le mareschal de Chastillon[113], qui avoit un ordre du roy de se rendre aux
environs de Sedan, soit pour épier leurs actions, soit pour les combattre, si
l'occasion s'en presentoit, comme il arriva malheureusement, car l'armée du
mareschal de Chastillon fut toute mise en routte et quantité de prisonniers
menés dans Sedan , mais plus malheureusement pour le comte de Soissons, car il se
trouva mort dans la meslée, quoyque luy et ceux de son party eussent emporté la
victoire, laquelle ne se peut dire entière par la mort de ce prince, qui eut
mieux faict de gagner des batailles pour son roy, en restant avec honneur, que
de perdre la vie en gagnant des victoires contre le service de son seigneur.
Seconde fille.
1641. Le -20 septembre, a onze heures et demy
de nuict, ma femme s'accoucha pour la seconde fois d'une fille[114], laquelle fut présentée à baptesme a mons.
Palisse, mon beau-frère, et à damoyselle
Françoise Mourcin, femme en secondes nopces a mon père, lequel elle receut le
25 febvrier par mons. Robert, vicaire[115].
Erection de la nouvelle confrérie du scapulaire dans l'église S.
Sillain.
1641. Mons. Fargeas, curé de S. Silain[116], voyant que la confrérie du saint scapulaire
estoit installée en plusieurs bonnes villes soubs le nom de Nostre Dame du Mont
Carmel, feit tant par ses soings qu'enfin il en establit une dans sa parroisse
de S. Silain et pour la célébration de ceste dévotion et affin qu'on y gagnât
les indulgences y comprinses qui sont bien si grandes que, comprenant toutes
les aultres de quelle nature qu'elles soint, on asseure d'avantage que ceux de
ceste confrairie, portant le scapulaire comme il fault, ne passent point par
les flammes du purgatoire, ou le premier samedy après leur mort en sont
déliuvrés par les intercessions de Nostre Dame. Le quatriesme dimanche fut
choysi pour leur dévotion, ou après vespres le curé, portant une image de
Nostre Dame, accompagné de ses confrères, fait procession tout autour de sa
parroisse, récitant les litanies de Nostre Dame du Mont Carmel, assorties
particulièrement à ceste compagnie.
Dévotion des
Pères Augustins tous les seconds dimanches du mois.
1641. Le mesme
an que dessus, les R. Pères Augustins érigèrent aussy une aultre confrérie pour
tous les seconds dimanches du moys soubs le nom de Nostre Dame de Pitié et de
Consolation, c'est-à-dire pour ceux qui porteront la ceinture beniste, à
laquelle il y a une infinité d'indulgences que les curieux et devots pourront
veoir dans les bulles, ou par exprès privilège on participe aux indulgences de
toutes les aultres confréries, et on expose à vespres le S. Sacrement de
l'autel particulièrement. Ce fut le 10 novembre qu'elle fut installée.
Dévotion du
rosaire perpétuel des Jacobins.
1641. Le douziesme décembre, je me suis mis
de la confrérie du rosaire perpétuel, establi au couvent des Jacobins[117], avec obligation de le reciter à pareil jour
de dix à onze heures de matin tous les ans une fois, le tout à l'honneur de
Jésus et de Marie, et le 13 décembre, ma femme en doit faire le semblable de 4
à 5 heures après minuict.
Le Portugal
restabli en royaume, ayant secoué le joug de l'Espagne.
1641. Le royaume de Portugal se ressentant
par trop des imposts d'Espagne ou de la levée des gens de guerre, ou pour
quelque aultre fin, secoua le joug Espagnol et recogneut pour roy le duc de
Braguence, qui s'est trouvé l'estre du sang royal descendant de dom Sébastian,
dernier roy de Portugal.
La Catalogne
s'estant révoltée se mist soubs la protection de France.
1641. Pour mesmes raisons que dessus, la
Catalogne, grande province et dont le roy d'Espagne tiroit les principalles
forces pour la guerre, après s'estre révoltée contre son prince, pour se mettre
à l'abry de sa colère et pour espérer son trailtement plus doux, se mit soubs
la protection de France.
Mariage de
ma sœur de Laborie.
1612. Le 19 janvier, Pierre Chancel[118], sieur de Barbadau, espousa ma sœur par les
mains de mons. Duran, vicaire[119] de S. Front, dans la chapelle de Nostre Dame
de la Guarde.
Nouveau
couvent d'Ursulines.
1642. Arriuua en ceste ville un aultre
famille de religieuses appelles de S. Ursule[120] qui
achepterent la maison et enclos de mons. Vige[121]
appellée les Rateries et font la leur demeure.
Abolition de
Greleti.
1642. Le 25 janvier, Pierre Greléti, natif de la terre de Verg, avec son aultre frère, capitaines des voleurs du pareage , obtindrent du roy leur lettres d'abolition pour eux et pour tous leurs adherans et complices qui les avoint accompagnés en leur meurtres, vols, bruslemens et brigandages continues depuis l'an 1637, jusques à présent et fut enregistrée à Périgueux le 18 mars mesme an que dessus, Alexandre[122], advocat, juge de Lardimarie, ayant playdé pour Greléti, et passèrent sur le pont de la Cité en nombre de cent ou six vingts et de la à Nostre Dame de la Garde[123] pour se rendre à Trigonan[124], ou ils logèrent.
1642. Mourut mons. le duc d'Epernon en
chasteau de Loches au mois de janvier ou febuurier[125], après quoy le comte de Harcourt[126] fut faict gouverneur de Guienne quelques
mois après[127].
1642. Pendant le siége de Perpignan, monsieur
de S. Marc, appelle mons. Le Grand, à cause de la
faveur du roy, fils de mons. le marquis d'Efiat[128], fut arresté prisonnier dans Narbonne et
conduit dans les prisons de Monpelier et de là à Lyon, ou il eut la teste
tranchée avec mons. de Thou[129] et Chavagnac, gentilhomme[130].
Reddition de Sedan au roy par Mr de
Bouillon pour sortir de prison, ayant esté arresté à Casal par les ordres du
cardinal de Richelieu.
1642. Au mois de juin, mons. le duc de
Bouillon[131], commandant les forces qui estoint dans
l'Italie pour le roy, après avoir visité ceste année mesme ces places de
Guienne et aultres qu'il a en France, s'estant rendu dans l'Italie et commandé
en qualité de général, fut arresté prisonnier dans Casal par ordre du roy,
soubconné d'estre de quelque cabale contre les ministres d'Estat, à raison de
quoy, il demeura longtemps prisonnier et mesme sa vie fut balotée durant
quelques jours ; néantmoins, le roy s'estant asseuré de Sedan pour quelques
considérations, oublia tout ce qui s'estoit passé et consentit à son
élargissement, après quoy il retourna avec toute sa maison à Lenquais[132].
1642. Mons. le
duc de Longueville[133] espousa madamoyselle de Bourbon, fille de
mons. le prince de Condé, premier prince du sang.
1642. Le 3 juillet, mourut à Cologne, ville
imperialle, Marie de Medicis[134] , fille du grand duc de Toscane, vefve
d'Henri quattre, après la mort duquel elle fut régente en France. Les honneurs
furent faicts le 17 et 18 aoust dans S. Front, et à la Cite, mons. de
Meredieu le vieux célébrant la messe en présence de mons. de Périgueux, avec le
présidial et le corps de la ville. Il y a quelques vers en forme d'épitaphe à
la fueille 28[135].
Bastisse de
la maison de la Commeimi.
1642. Au mois de may, mon père feit bastir la
maison du clos de la Commeimi[136] et fut achevée au mois de juin suivant.
Prise de
Perpignan.
1642. Perpignan, capitale du Roussillon, fut
pris par le roy au mois de septembre[137], après quelques mois de siège[138], et ayant affamé la place, se rendirent avec
capitulation. Le fils de mons. le prince, appellé duc d'Anguien, y ayant faict
son entrée pour le roy, accompagné de trois mille gentilhommes, la pluspart
desquels estoint de la province du Languedoc, a cause de mons. de Schomberg,
qui avoit tousjours assisté au siège[139] et estoit gouverneur dudict Languedoc; et
mesme an que dessus, Salce, qui ne pouvait tenir après la prise de Perpignan,
fut pris et rasé tout-à-faict.
Orage de
gresle très grand.
1642. La veilhe de la Feste Dieu, la gresle
tomba en quantité d'endroicts, mesme à Pissot et Beauregard[140] , que fut cause que ne reculleimes en tout
que sept ou huict barriques de vin a nostre part, sans avoir eu de bled quasi
rien.
Troisième
fils Jaques.
1642. Ma femme s'accoucha pour la troisiesme
fois d'un fils[141] le 13 de novembre, qui fut un jeudy, et fut
babtisé le 26 décembre 1645, mon frère ayant esté son parrein et marreine ma
fille Françoise Bessot, au lieu de madamoiselle de Souffron, tante de ma femme.
Jaques fut son nom.
1642. Le 30 novembre mourut madame de
Bourdeille [142], de l'illustre maison de La Chastre, et luy
fut faict un service par les deux chapittres et par la ville aussy, la cour
présidialle y ayant assisté.
Mort du
cardinal de Richelieu.
1642. Le 4
décembre mourut le grand cardinal duc de Richelieu[143] , premier ministre d'Estat soubs le règne de
Louis 13, ayant fort avancé les affaires de France, particulièrement aux
despens des Espagnols et des François, et donné au roy son palais cardinal avec
ses meubles et papiers. En mesme temps ou peu après sa mort, tous les poètes
qui ne composoint de pièces qui ne retentissent de ses louanges, jusques aux
plus petits rimeurs, s'essayèrent de luy faire des epitaphes, la plus part plus
pour noircir sa mémoire que pour le flatter, comme on avoit accoustumé. Entre
aultres furent faict ces vers :
Jésus venant d'un pauvre lieu Apporta la
paix à la terre; S'il fust venu d'un Richelieu, Il nous eut apporté la guerre. Vixit in bello requiescat in
pace.
La sœur de M. de Thou[144], sur le tombeau de mons. le cardinal, luy
adressoit ces parolles : Domine si fuisses hic frater meus non fuisset
mortuus.
La reine
déclarée régente.
1643. Au mois d'auuril ou environ, estant
survenue une grande maladie au roy, la reine, son espouse, fut déclarée régente
et sacrée comme telle dans la chambre royalle par monsieur frère du roy et par
mons. le prince ; et le Daufin ayant esté tenu à babtesme par mons. Mazarin,
cardinal, et Madame la princesse, il fut nommé Louis par la volonté du roy.
Mort de
Louis treze.
1643. Le quatorziesme de may, le jour de
l'Ascension, mourut ce grand et incomparable roy, Louis treziesme du nom
surnommé le Juste, le trente trois de son règne et le quarante et deuziesme de
son aage, à S. Germain en Laye, entre les mains du père Dinet[145] (?), jésuite, son confesseur, et mons. de
Lisieux[146] et de mons. Séguier, evesque de Meaux[147], a deux heures après midy. Après quoy, le
lendemain la royne fut à Paris, accompagnée du roy Louis quatorziesme, dict
Dieudonné, et de son frère appelle Monsieur et duc d'Anjou, ou elle feit
retentir toutes les rues de Paris de Vive le roy à son arrivée.
1643. Par la mesme déclaration ci-dessus
mentionnée, donnée au moy d'auuril, mons. le duc d'Orléans[148] , frère unique du feu roy Louis treze, fut
faict lieutenant général dans tous les Estats de France, le tout soubs
l’autorité de la reine. Et furent faicts ministres d'Estat, mons. le prince,
mons. de Mazarin, cardinal[149], mons. de Seguier, chancellier[150], mons. de Bouteiller et Chavigni, son fils[151], lesquels devoint demeurer en ceste charge
sans aucun changement, si ce n'est par forfaicture.
Acquisition
du bien de Massoubre, a Pissot.
1643 Mon père feit l'acquisition, de la
contenance de 122 journaux, du bien de Massoubre, consistant en deux paires de
bœufs, situé à Pissot, le unziesme du mois de juillet 1613. Signe Phelipot, notaire royal, 5,200 livres.
Rétablissement
de mons. de La Valete au gouvernement de Guienne.
1643. Mons. de La Valete, nommé maintenant
après la mort de son père mons. d'Epernon, fut restabli dans le gouvernement de
Guienne, duquel il avoit esté pourveu du vivant mesme de son père.
Prise de Theonville par les François. — Les doubles
convertis en deniers.
Cegte mesme année, Theonville fut pris sur
les Espagnols par les François[152] . Et à cause du grand nombre des doubles[153] qui s'estoin glisses en France de diverses
parts, ils furent convertis en deniers au mois de septembre ou environ.
Victoire de
Rocroy de M. le duc d'Anguien sur les Espagnols.
1643. Fut
célébré pour la journée de Rocroy[154] , en laquelle monseigneur (sic) le duc d'Anguien remporta ceste signalée
victoire sur les Espagnols, le comte des Fontaines, grand capitaine du roy
d'Espagne, estant trouvé parmi les morts[155], et dom Francesquo de Melos ayant pris la
chasse bien loing, après avoir laissé à nos soldats pour butin tout leur
bagage, avec quantité de canons et drappeaux qui furent portes à Nostre Dame de
Paris , et ceste mesme campagne Theonville fut aussy prins par mons. le duc
d'Anguien, avec quelques aultres villetes.
Aultre
déclaration conurmative de la régence de la reine. - Grande faveur du card.
Mazarin, estant tout le conseil de la reine.
1643. Le parlement s'estant assemblé après la
mort du roy, la reine fut déclarée seule régente en chef, et s'en ensuivit
aultre déclaration confirmant ce que dessus, sans que pourtant le cardinal
Mazarin decheut de sa faveur ; au contraire, depuis s'est trouvé le plus avancé
près de la reine, à laquelle il sert de conseil[156].
1643. Mon beau-frère de Palisse
l'aisné se maria dans Sarlat avec la fille d'un bourgeois nommé mons. de
Surguier[157]), de la famille des Derupes, le 23 novembre.
1644. Mourut mons. le mareschal de
la Force[158], après avoir veu cinq rois et eu d'iceux
beaucoup d'emplois honorables. [Ce paragraphe a été barré tout entier.]
Dedication
des thèses de philosophie à la grande congrégation.
1644. Les philosophes du collège des
Jesuittes dédièrent leurs thèses à nostre congrégation : mons. Guirabelot
estant présent, mons. Alexandre de Fonpitou, premier assistant, monsieur Chalup, advocat, sieur de la Taupane, second
assistant, et pour cest effect, le fils de feu mons. Bertin, l'advocat, el le
fils de mons. Vernueil, advocat, vindrent faire leurs harangues dans la
congrégation.
1644. Mourut à Paris mons. de Coligni, fils à
mons. le mareschal de Chastillon[159].
1644. Le
douziesme octobre mourut ma tante[160], femme de mon père.
1644. Le 25 septembre, le pape Urbain
huictiesme estant mort, Innocent dixiesme fut créé pape suivant les formes
ordinaires. Le nom de sa famille est des Pamphiles et furent faicts ces vers
suiuuans sur le pape Urbain par quelque libertin :
Haec
pauca Urbani sunt verba incisa sepulchro
Quam bene
pavit apes tam male pavit oves.
Mella
dedit soboli Romanis spicula fixit
Urbanus
soboli, barbarus in populo.
Arrivée de
la reine d'Angleterre à Paris.
1614. Une grande guerre estant allumée entre
le roy d'Angleterre et ses subjects, la relligion en estant le prétexte, leur
reine fut contraincte de se réfugier en France, ayant este receue à Paris par
le roy et la reine environ la Toussaincts et entretenue aux despens du roy,
suiuuant sa qualité, avec son fils aisné, ensuitte le prince de Galles, qui
s'eschappa de Londres.
Louis, 4e
fils.
1644. Ma femme s'accoucha pour la quatriesme
fois d'un aultre fils le quatorziesme décembre, entre minuict et une heure, et
fut babtisé le 26 décembre 1645, mon père l'ayant tenu a babtesme avec
mademoiselle de Palisse, ma belle-sœur. Louis[161] fut son nom.
Ph. Tamizey de
Larroque. P. Huet. Cte. de Saint-Saud.
LIVRE JOURNAL DE PIERRE DE BESSOT
1609-1652 (Suite.)
Establissement de la confrérie du
très S. Sacrement à S. Front.
1645. Le 6 juillet, par le soing et zèle de
quelques particuliers habitans de Périgueux, la confrérie du très S. Sacrement
de l'autel fut restablie dans l'église S. Front[162]; et fut donné à la dicte confrérie le grand
autel du chœur pour i célébrer les messes et faire leurs dévotions par
messieurs du chapitre, et furent créés suiuuant leurs statuts trois protecteurs
chanoines debvant changer tous les ans, en demeurant un pourtant pour instruire
les successeurs des précédens officiers, le chapitre ayant par statut
particulier et du consentement des confrères pris la protection susdicte. De
plus, furent créés trois directeurs, un trésorier et un secrétaire pour
enregistrer et mettre dans un liuure particulier le nom de tous les confrères
et confreresses.
1615. Le 3 novembre, entre une et deux
[heure] de nuict, ma sœur s'accoucha d'un fils qui [fut] présenté à mon père et
babtisé Louis[163]. La marreine fut madamoiselle de La Grange[164].
Prise de
l'isle de Candie par le Grand Seigneur.
1645. Le Grand Seigneur vint fondre dans
l’estat de Venise et particulièrement dans l'isle de Candie, ayant pris la
principalle ville qu'est Canée et bailla grand espouvente à toute l'Italie, qui
fut cause que le S. Père Innocent dixiesme ordonna pour cest effect par toute
l'église des oraisons de quarante heures et y envoya des forces de sa part.
Voyage de
Nostre Dame de Guerison.
1646. Je
feis le voyage de Nostre Dame de Guaraison[165] avec Mr. d'Artensec[166] , advocat, pour raison d'une grande maladie
qui estoit survenue à ma femme.
1646. Du règne de Louis quatorze. Le Grand
Seigneur se prévalant de la guerre allumée ja longtemps entre la France et
l'Espagne, vint fondre sur l'estat des Vénitiens et leur emporta toute l'isle
de Candie ou quantité d'ames se perdirent; et ceste mesme année il y eut grand
mescont[en]tement entre Louis quatorze et Innocent dixiesme touchant le
cardinal Barberin[167] et
beaucoup d'aultres cardinaux de ce parti qui viendront se réfugier en France.
1646. Le 14 may, François de La Beraudière[168], evesque de Périgueux, mourut a sa maison du
Chasteau Levesque[169], et fust enterré à la Cité dans la grande
église. Son oraison funèbre fut faicte par le R. Père Cloche, recteur des
Jesuittes[170], et ne se trouva aux susdicts honneurs le
chapitre S. Front pour quelques differens qui estoint entre les deux chapitres.
Et le chapitre S. Front feit des honneurs en son particulier deux jours après,
ou mons. le président, les consuls et mess. de l'Election assistèrent.
1616. Au mois de mars mourut mons. d'Espernon[171], grand capitaine, et qui avoit eu de grands
emplois.
1616. Au mois de mars, je m'en alle en
dévotion avec Mr. d'Artensec, advocat, à Nostre-Dame de Guaraison, et m'en
revins par Tholose et Montauban.
Prise de Domquerque par M. d'Anguien.
1616. Au mois de septembre ou environ,
Domquerque fut pris par mons. le duc d'Anguien, ville de grande importance et
ou il y a un beau port de mer.
Mort du prince de Condé, premier prince du sang.
1616. Au mois de décembre mourut Henry de
Bourbon, prince de Condé, premier prince du sang, ayant laissé deux enfans,
l'un appelle Mr. le duc d'Anguien, l'aultre Mr. de Conti et une fille mariée
avec Mr. de I.ongueville, à Paris, a son hostel.
Bastisse de la Conteirie.
1616. Mon frère, par la permission de mon
père, commença à faire bastir une maison à Crespiat[172] et jouit aussy trois ou quattre ans du
revenu dudict bien et des rentes de Limeuil[173], sans conter les obliges levés[174], entre aultres celluy de Larmandie[175], et estant habillé aux despens de la maison
tousjours.
Les
consuls et scindic de la ville furent cassés par l'autorité de M. d'Espernon.
1641. Le onziesme febuurier, les consuls faicts l'an 1646, dont Mr. Duchaine, advocat du roy, estoit maire[176], furent cassés par l'authorité de Mr. d'Espernon[177], et le scindiquat qu'on avoit engagé à Mr. Chalup, advocat, par un contract signé des consuls et quantité d'aultres habitans, fut remis en la liberté, en vertu de l'ordonnance de Mr. d'Espernon, du nouveau maire qui fut Mr. de Lavaice[178], esleu, d'en créer un aultre qui seroit annuel ou bien qui dependroit des consuls qui seroint en charge.
Pierre, 5e filz.
1641 Le 13 febuurier, ma femme s'accoucha
pour la cinquiesme fois d'un enfant que je présente à Pierre Palisse, mon
beau-frère, escolier, et à mademoiselle de Laborie, ma sœur. Nasquit un
mercredi, entre dix et neuf [heures] du soir, et fut babtisé le 27 febuurier
1647.
Prise de Lerida par Mr. le prince[179].
1047. Lerida, ville frontière de l'Aragon,
fut assiégée par mons. le prince, auparavant appelé duc d'Anguien, de la vie de
son père.
Desseins de Mr. de Guise sur le royaume de Naples.
1647. Sur la fin de ceste année, la révolte
du royaume de Naples, les semences de laquelle avoint esté jettées par les
intrigues de Mr. le cardinal de Richelieu, a enfin esclatté en faveur du roy de
France. Pour cest effect, un des messieurs de Guise[180] s'estant rendu de Rome à Naples avec
beaucoup de difficulté, a este magnifiquement et à bras ouverts receu dans
ceste ville. On dict que ce traffic de nouveau s'est faict par un evesque de la
maison des Carraffes, a quoy ont aussy notablement contribué Mr. de Barbarin,
ensuitte de quoy Capoue a este assiégée par Mr. de Guise.
Arrentement de l’hospital de La Cueille.
1617. Au mois d'octobre environ, Mr. de
Saint-Pierre, de la maison de Chanteirac[181], après avoir passé contract avec
messieurs les deffiniteurs de l'hospital
et tous aultres qui y pouvoint estre intéressés, arenta a perpétuité l'hospital
de La Cueille[182], joignant le cimetière de la Cité, faisant
la condition meilleure de l'hospital, le tout pour le commencement de la
fondation des missionnaires en ce diocèse et pour l'hospital susdict destiné
pour la commodité des pauvres. Il a faict accomodder pour le mesme usage des
églises désertes dans le mesme cimetière.
1648. L'employ de la Catalogne qui avoit esté
donné à Mr. le prince a esté redonné à Mr. le comte de Harcourt et l'employ
d'Italie parlant mesme sourdement d'attaquer le Milannois a esté donné à M. le
prince ; l'employ de la Flandre demeurant tousjours à Mr. le duc d'Orléans,
accompagné du mareschal de Ransau[183] et du grand maistre de l'artillerie, Mr. de
La Mailleraye[184].
Pensées d'establissement de nouveaux sièges par les partisans.
1648. On parloit fort de l'érection d'un
siège présidial à Nontron[185] qui revient à très grand préjudice de ceste
communaulté, aussy bien que le présidial de Libourne et l'Election de Sarlat.
M. Ychen y travailloit fort. Enfin, les partisans l'ont tousjours emporté par
dessus l'équité et justice, ne contant pour rien l'intérêt des peuples[186].
1648. Tous les officiers de France furent
privés de tous leurs gages et droicts, ce qui revient a un très grand préjudice
aux officiers de finance particulièrement.
M. de Guise fut arresté prisonnier au milieu de ses conquestes de
Naples par l'Espagnol.
1648. Mr. de Guise, plein de courage et
s'ennuyant des délices de la cour romaine, ayant traffique du coste de Naples
et taché d'osier ce royaume au roy d'Espagne par ses addresses, feit tant que i
estant allé après s'estre desrobbé de Rome qu'il fut receu magnifiquement et à
cœur ouvert dans Naples et receut présents du peuple, lequel, comme il est
inconstant et brutal, le quitta au bon besoing comme il alloit secourir quelque
place voisine assiégée par les Espagnols, et enfin, prins prisonnier et ramené
à Naples pour servir de jouet ou il avoit receu complimens, argent et toute
sorte de bon traittement et recogneu comme souverain.
1648. A la quinzainne de Pasques, la
procession du Buguo, revenant de dévotion de Cadouein[187] de veoir le Saint suaire, un plein batteau de
personnes, femmes, filles et hommes, se perdit à Limeuil, soixante et dix
personnes ou environ, et pour le soulagement de ces ames, les religieux de
l'abbaye de Cadouin se mirent incontinent en prières et recitèrent l'office des
morts, et tout l'ordre de Cisteaux feit aussy des prières pour eux, les
susdicts religieux l'ayant escrit à Paris.
Les penitens bleus, 1648, feirent faire le
portal de leur chapelle avec des balustrades par dessus, en remettant, du
consentement du chapitre, les autels qui y estoint auparavant aux deux costés.
Jehan, sixiesme filz.
1648. Ma femme s'accoucha pour la sixiesme
fois, le 3 de novembre, une heure après minuict, d'un enfant, lequel je
présente au frère de ma femme le plus jeune, Jehan Palisse, et à ma tante
d'Egliseneufve. [Les cérémonies de l'église furent remises jusques en l'année
1665 par le défaut de Jehan Palisse, ne c'estant jamais présenté pour le fayre
baptiser, et en ladite année 1665, mon beau frère Jehan Charon, advocat[188], et ma niepce de Chassenac[189], en la place de ma sœur, le présentèrent à baptesme.]
1648. Au mois d'octobre, M. Bessot le vieux[190], de Cadouin, et son fils, juge de Moulières
ensemble, deux de ses enfans ne restant, qu'une fille et un frère du juge de
Moulières le plus jeune, décédèrent à Cadouin.
1648. Messieurs du parlement de Paris,
consyderant les misères de la France à cause de la guerre et l'excès des
tailles qui accabloint le royaume, feirent relascher au peuple la huictiesme
des tailles pour la ditte année, et pour l'an 1649, le roy rabattit sur la
France dix millions qui reviennent à une cinquiesme de toutes tailles,
subsistances et aultres impositions extraordinaires, le tout par les soings du
parlement a la grande chambre, duquel estoit un grand personnage et fort zélé
pour l'utileté publique et le bien de la France, nommé Mr. Brouxel[191], à la louange duquel fut faict le sonnet
suivant:
Sonnet sur M. Brouxel, conseiller au parlement de
Paris, faict l’an 1648.
La plus haulte vertu doibt céder à
la tienne
Et je n'en cognoi point qu'on luy
puisse esgaller.
Des Grecs et des Romains, la
sagesse ancienne
Revit en ta personne et te vient
signaller.
Toutefois, elle prend le tiltre de
chrestienne,
Et chacun est d'accord qu'on ne peut
l'esbranler.
Telle ne fut jamais ceste vertu
payenne.
De celluy qui pour Rome a voulu
s'immoler.
Un illustre consul mourut jadis
pour Rome,
Et le Tybre pleura la mort de ce
grand homme,
Qui volust que son sang paya sa
liberté.
La France, grâce aux dieux, quoyque
en die le Tybre.
Parle plus
haultement de sa félicité,
Puisque de Brouxel
vit et que la France est libre.
[On lit en marge et au bas de la page 27 du
manuscrit] : La déclaration du roy touchant le rabais des tailles pour l'an
1619 de la cinquiesme fut vérifiée le 24 d'octobre 1648 au parlement et
ailleurs ou l'on a de coustume.
M. le cardinal Mazarin, italien et principal
ministre d'Estat, descheut en ce temps la presque de tout son pouvoir et risqua
sa vie aussy bien que Mr. le chancelier Seguier, et parce que par le
commandement de la royne on avoit prins divers conseillers du parlement et
entre aullres le président Potier[192] et
Mr. Brouxel, le peuple de Paris s'arma et les fallut rendre sans leur faire
aulcun mal, et les suisses du roy essuièrent la furie de ce peuple, en ayant
esté tués assez bon nombre, environ la saison de l'esté.
Épitaphe sur Marie de
Medicis, régente de France et mère de Louis 13.
La France m'a veu naistre, Florence est
mon berceau.
J'e pour gendres deux roys, pour fils un
clair flambeau,
Qui de mille rayons esclatte dans
l'histoire.
Parmy tant de bonheur[193], qui le pourra bien croire,
Je suis morte en exil, Cologne est mon
tombeau :
Vieille université de la terre allemande,
Si jamais un passant curieux le demande
Le funeste récit des maux que j'e
soufferts,
Dis : Ce triste cercueil chetivement
enserre
La reine dont le sang règne en tout
l'univers,
Qui n'eut pas en mourant un seul poulce de
terre.
Commencement de guerres de Paris et du Parlement.
1649. La déclaration du roy de l’an 1648
ayant este enfreinte en divers articles, le parlement, qui n'avoit pas discontinué
de s'assembler, mena grand bruit pour l'aproche des gens de guerre qui estoint
aux environs de Paris, ou ils faisoint grand ravage. Sur quoy la cour donna
arrest pour informer de toutes les violences des soldats et que les capitaines
en seroint responsables, a peine de la vie, s'ils ne se presentoint. Le second
article fut le parti des tailles contre lequel le parlement se roidit si fort
et tant de murmures à Paris que la reine régente, le roy, Mr. le (sir) Mazarin et tout le reste du conseil quittèrent
Paris a minuict, la veille des Roys. Ensuitte de quoy Mr. le prince, prenant le
party du roy pour Mr. de Mazarin, principal ministre d'Estat, affin qu'il ne
quittât le royaume comme servant de prétexte à l'esmeute du parlement, on se
mit en essay d'assiéger les Parisiens, le parlement transféré à Montargis et
les aultres cours divisées ailleurs, comme la chambre des comptes et la cour
des aydes, a quoy personne n'obéit, au contraire. La cour de parlement donna
arrest contre Mr. le Mazarin, luy enjoignit de vuider le royaume dans huict
jours, et à faulte de ce faire, permis à toute sorte de personnes de luy courir
sus comme a un perturbateur du repos public et ennemy de la France. Après quoy,
le parlement commença d'armer pour la deffence et pour empescher les courses de
M. le prince qui vouloit retrencher tous les vivres à Paris, a quoy s'offrirent
pour le susdict parlement Mr. de Conty[194], mescontent, frère de Mr. le prince, avec
Mr. de Longueville, son beau-frere , Mr. le duc d'Elbeuf[195] , avec quatre de ses enfans, Mr. de
Bouillon, mescontent, la recompense de Sedan ne luy ayant esté encore donnée,
Mr. de La Mothe Haudencourt[196],qui avoit este vice-roy de Catalogne, Mr. de
Vendosme[197], avec ses enfans, tous pour le parlement, Mr. de Brouxel fut pourveu dans
ce changement du gouvernement de la Bastille, avec son fils, qui estoit
enseigne au régiment des gardes, auquel on donna la lieutenance.
1649. Depuis, le roy, voulant rompre le coup
et les desseins du parlement, ordonna, par une déclaration et manifeste dressé
contre le parlement, une convocation d'estats indil[tée] à Orléans au mois de
mars de la ditte année, et pour cest effect, Mr. de Bourdeille receut une
despesche par les mains de Mr. d'Espernon, lequel, dans ce trouble, escrivit à
la pluspart de la noblesse, laquelle vint en asses petit nombre et fut faicte
l'ouverture desdicts Estats, le 2 de mars, par M. Boudy[198], procureur du roy, accompagné des deux
advocats du roy, es présences de Mr. de Bourdeille. Le lieu de l'assemblée
ayant esté transféré dans la salle de l'audience du présidial, au lieu que les
estats avoint accoustumé de s'assembler à la salle de l'evesché. Mr. de Sarlat,
accompagné de ses deputtés de l'église et du tiers estat, se rendit aux Estats
et emporta sur le chapitre cathedral, par la division d'icelluy avec les
vicaires généraux depuis la prise de possession qu'il feirent pour Mr. Brandon,
evesque de Périgueux[199], la présidence, laquelle le chapitre
cathedral luy vouloit disputter en l'absence de nostre evesque, qui est
président nay aux estats de la province. Pour le clergé, furent nommés
nonobstant la brigue de quelques particuliers au chapitre calhédral ; pour
Périgueux, Mr. Brandon, evesque. et Mr. Seuuin[200], evesque de Sarlat; pour Mrs. de la
noblesse, Mr. de S. Aluere[201] et Mr. de Bidue[202] que Mr. d'Espernon feit nommer sus une
lettre portée de sa part par Mr. de La Roche, capitaine de ses gardes[203], qui en sollicita toute la noblesse qui
s'estoit rendue en ville; pour le tiers estat de Périgueux, fut nommé Mr.
Alexandre, advocat, sieur de la Roulandie ; pour Bergerac, Mr. Chillaud,
lieutenant général[204] ; pour Sarlat, Mr. Brousse[205] . Lesdicts estais n'avoint esté tenus depuis
l'an 1614, soubs Louis 13.
Le parlement d'Aix, en Provence, se déclara
pour le party du parlement, en ce qu'il se saisit du comte d'Ales, leur
gouverneur pour le roy[206], du duc de Richelieu[207] et d'un intendant. Cela fut executté à
l'occasion de ce que M. le comte d'Ales essaya de se rendre maistre dans la
ville y faisant glisser des trouppes à un certain jour que le peuple estoit à
quelque procession qui tailla en pièces tous leur soldats, et s'asseura de leur
personne, cassa les jurats de la ville et mit en leur place leurs
prédécesseurs, créa gouverneur M. le comte de Caches (?) grand seigneur du pais[208], qui fut recogneu en ceste qualité par toute
la province.
Au parlement de Bourdeaux vérifièrent avec
quelques modifications [ces trois mots ont été ajoutés en marge] la déclaration du parlement de Paris donnée
en faveur du peuple au mois d'octobre touchant le rabais des tailles. Au mois
de febuurier, interdirent les jurats comme créatures de Mr. d'Espernon et
feirent inhibition et deffenses par un arrest a toute sorte de personnes de
faire aulcune levée de gens de guerre que les commissions ne fussent
enregistrées au greffe de la cour.
1649. Madame de Longueville s'accoucha d'un
fils à Paris qui fut présenté à Mr. de La Mothe Haudencourt et fut appelle Charles de Paris[209].
1649. Le -20 mars arriva en ceste ville Mr.
l'archevesque de Tolose revenant de la cour[210] et fut logé à l’evesché à la prière et
recommandation de Mr. Brandon qui le suivoit, lequel arriva dans Périgueux à
sept heures du soir, surprenant toute la ville par son entrée le 21 mars 1649.
Mr. de Fonpitou[211] receut ledict sieur archevesque au nom de
Mr. Brandon, evesque de Périgueux.
Arrivée de Mr. Brandon, evesque de Périgueux.
1649. M. Philibert de Brandon, successeur de
Mr. François de la Beraudière, prit possession réelle de son evesché le 23
mars. C'est pourquoy s'estant mis en chemin dans son carosse, revestu en evesque,
messieurs de la Cite le furent recueillir jusques à la croix qui est entre les
deux villes, Mr. l’abbé de Peirouse[212] portant la parolle, accompagné de trois ou
quatre chanoines. Ce que voyant, M. Brandon mit pied à terre et marcha droict a
la parroisse de la Cite, ou le neveu de Mr. Joujay[213], en qualité de curé, fut le recueillir
pardessus les degrés de l'église, dans laquelle il entra pour y adorer le S.
Sacrement, quy estoit exposé à raison de l'oraison de quarante heures, qui
avoit este inditte en ce lieu pour demander à Dieu la paix et particulière pour
le royaume et generalle pour tous les princes chrestiens. Après avoir faict la
prière, il fut habillé pontificalement, et les chanoines avec le cœur le
conduisirent devant lu porte de l'église, ou il fut harangue de la part du
chapitre par Mr. le grand archidiacre de Beaufort[214], à laquelle il repartit sur le champ. Après
cella, avant entrer dans l'église, on luy feit prester le serment, suivant les
formes accoustumées, de conserver les droicts et prérogatives de l'église, ce
qu'il promit en disant : Juro et promitto, a genoux sur le Te igitur et croix. Après quoy on le mena devant la
porte du cœur, laquelle ayant [este] fermée par cérémonie de l'église, il
heurta par deux fois, après quoy on le mena au grand autel, ce pendant que le
bas cœur chantoit des motets de rejouissance et que l'on a accoultume de
chanter en telles solemnités. Du cœur on le mena derrière le grand autel dans
un lieu destiné à ceste fin, ou tous les evesques prennent possession par ceste
cérémonie ; puis dict la messe basse et donna à la fin la bénédiction, et ayant
reprins les habits pontificaux, et fut reconduict par le chapitre au lieu ou
l'on l'avoit prins, qui est dans sa chapelle qui sert a présent de parroisse de
la Cité.
Le mesme jour, trois heures après mydy, il
fut receu en qualité d'abbé dans S. Front. C'est pourquoy le chapitre et le bas
cœur l'estant venu prendre dans la salle de l'evesché, il descendit dans S.
Front jusques à la porte du cœur ou Mr. Meredieu le vieux, doyen du chapitre,
l'arengua au nom de tout son chapitre, et pareillement Mr. Brandon luy
respondit et puis entra dans le cœur, et fut conduict au grand autel ou il feit
la prière durant demy heure presque, cependant que la musique chantoit le Te Demn et aultres antiennes accoustumées. De là il
fut conduict au chapitre pour prendre possession de la première place en
qualité d'abbé pour recueillir les voix et avoit droict d'opiner le premier, ce
que estant faict, il s'en revint dans le cœur revestu seulement d'un surpelis
des le beau commencement, et entendit les compiles qui furent chantées en
musique, à la fin desquelles il donna la bénédiction et fut reconduict dans la
chambre par les chanoines.
1649. Mr. Filibert de Brandon, evesque de Périgueux, honnora de sa présence nostre congrégation de jour de l'Annonciation.
Mr. Dancelote[215], de la maison du sieur evesque, y prescha,
lequel avoit esté maistre de mon frère.
1649. Le 6 auuril, Mr. de Périgueux ayant
prins les parolles des deux chapitres qui avoint quelques differens pour les
processions et aultres poincts, obligea Mrs. de S. Front de venir en procession
le mardy de Pasques à la Cité, et luy mesme y vint pour entendre le sermon de
la paix, à la fin duquel tous ensemble allèrent a l'église des R. P. Jacobins faire
une station; après quoy Mrs. de la Cite les conduisirent jusques à la porte de
Taillefer, et ceux de S. Front s'en retournèrent dans l'église avec le peuple,
ce qui servit comme d'une espérance d'une bonne et sincère réunion entre les
deux chapitres.
Grande inondation.
1649. Au moys de janvier, il feit une trez
notable inundation de toutes les rivières. L'Isle n'en fut pas exempte, ayant
faict un grand degast aux fauxbourgs de la ville et abbatu les murailles du
cimetière et du jardin et près de Mr. Duchaine, juge mage, pour se faire
passage, et dit on que l'eau avoit monté a pardessus le pont de Bergerac,
quoyque très hault.
Convoquation du premier synode de Mr. Brandon, evesque.
Le 13 avril 1649, monsieur de Périgueux
convoqua le synode qui fut bien si beau que on n'avoit jamais rien veu de
pareil, s'y estant trouvé en procession, laquelle commencea a S. Front, le
chapitre de la Cité estant venu en procession pour reaccompagner leur evesque
dans l'église cathedralle. Il s'y trouva donc près de quatre cent prestres qui
venoint tous deux à deux, les archiprestres estans tous avec leur prestres et
distinguez par des estoles. Tous les religieux y assistèrent aussy, et M.
l'evesque venoit revestu pontificalement à la fin des deux chapitres. Estant
arrivé à l'église, il dict la messe du S. Esprit pontificalement, à la fin de
laquelle Mr. Damelote, de la maison, feit une prédication sur la dignité des
prestres et encore autres deux les deux jours suivans, mons. de Périgueux ayant
faict durer son sinode trois jours pour cognoistre ses brebis et proffiter de
ceste cognoissance pour la reformation de tout le diocèse.
Paix de Paris et du Parlement.
1649. La paix
tant désirée de tous les bons François fut conclue la sepmaine saincte à
l'avantage du Parlement. Mr. de Bruxel ayant este adjoinct pour le maniment des
finances à Mr. de La Melleraye, ensemble tous les princes des deux partis
furent recompensés. Mr. le prince protecteur de Mr. le Mazarin quitta à Mr. de
Beaufort le gouvernement de Bourgogne, et en contrechange, on luy a donné
l'admirauté ; Mr. de Longueville a eu tous les regimens qui estoint à Mr. le
Mazarin pour messieurs ses enfans; Mr. de Bouillon a eu la vicomté de
Roussillon en souveraineté ; Mr. de Turenne, son frère[216] , le gouvernement de l'Alsace; Mr. de La
Mothe-Houdencourt la viceroyauté de Catalogne, avec la duché de Cardonne. La
paix générale ne se pouvant conclure si promptement, Mr. le prince a este
déclaré généralissime de l'armée de Flandres, qui debvoit estre composée de
trente mille hommes et de dix mille chevaux. On donnoit le commandement de
l'année de Catalogne à Mr. de Bouillon et Mr. de La Mote, laquelle devoit estre
de douze mille fantassins et huict mille chevaux.
Violence
de Mr. d'Espernon dans le palais. — Mr. de Sauvebœuf prit les intérêts de Mrs.
de Bourdeaux. — Prise du Chasteau-Trompette. — Demolissement de Puipaulin,
maison à M. d'Espernon.
1649. En suitte
de la paix de Paris, M. d'Espernon ayant choque M. Daffis[217], président au parlement, et faict démolir quelque moulin a poudre et taché
d'interrompre le commerce, empeschant la descente des viuures, allarma
tellement le parlement et la ville qu'ils s'unirent pour s'opposer aux
violences de leur gouverneur, lequel augmenta leur mescontentement et les
obligea de prendre un chef et lever des trouppes pour assiéger la ville de
Libourne, dans laquelle M. d'Espernon avoit faict commencer une citadelle,
après avoir desarmé tous les habitans d'icelle. Mr. de Chambarot, gentilhomme
Limosin[218], fut le chef de ce party et fut posé le
siège devant Libourne, le 21 may 1649 ; lequel Mr. d'Espernon feict lever le 26
may, ayant avec luy le régiment de Crequi, le régiment de la marine et partie
du régiment de Guienne et aultres volontaires du corps de la noblesse a qui il
avoit escrit singulièrement, a ceux qu'il croioit estre ses plus affectionnes.
Enfin, le siège fut levé très ignominieusement pour le parlement de Bourdeaux.
Mr. de Chambarot, chef de ce parti, fut des premiers qui furent tués, le reste
s'estant mis à la fuilte et s'en estant noyé beaucoup en fuiant, leur canon
enlevé par le victorieux qu'il avoint faict venir de Bourdeaux, et la garnison
de Libourne fortifiée d'hommes et de munitions. La citadelle de Libourne fust
eslevée, dit-on, sur les ruines d'un hospital et d'une église ; ensuitte de
quoy, le parlement de Bourdeaux ayant esté interdit par l'ordre du conseil, les
huissiers, craignant de faire leur charge en signifiant l'interdiction du
conseil, Mr. le duc d'Espernon se rendit à Bourdeaux et dans le palais mesme,
ce qui effraia un peu le parlement et obligea messieurs de luy depulter Mr. le
procureur du roy[219] pour luy dire que on s'estonnoit fort de son
arriuuée et avec armes dans un lieu de paix et avec ordre de luy dire de leur part qu'on ne donneroit point
d'audience aux huissiers qu'il ne fut sorti du palais, ce qu'il fut obligé de faire. Et ayant commandé qu'on luy amenast du
Chasteau-Trompette deux pièces de canon, elles furent soudainement arrestées
par la foule du peuple et des bourgeois, partie desquels faisoint mine
auparavant d'approuver son procédé. Cependant que M. d'Espernon, par le conseil
de ses amis, quitte Bourdeaux avec desordre et grandement injurié à sa sortie ;
le parlement donne arrest toutes les chambres assemblées que, nonobstant
l'interdiction du conseil signifiée, très humbles remonstrances seroint faictes
au roy sur ce subject, et que cependant ils continueroint a rendre justice.
Après quoy les huissiers se retirèrent, et le parlement songea plus que jamais
à sa conservation et generrallement de toute la ville de Bourdeaux, et pour se
retirer plus facilement de dessoubs l'autorité de Mr. le duc d'Espernon, ils
songèrent à assiéger le Chasteau-Trompete, dans lequel il y avoit grosse
garnison. Le capitaine quy y commandoit s'appelloit Mr. Daumont[220] et bonne provision de viuures et de toutes
munitions de guerre, nonobstant quoy on assiège le chasteau, et pour y mieux
réussir, le parlement faict dresser une batterie sur les pilliers de tutele[221] pour abattre toutes les deffences du
chasteau et tout ce qui pouvoit endommager la ville. Cependant la garnison tire
grande quantité de coups
de canon et y fut tué quelques personnes, au nombre de sept ou huict. Pendant
ces entrefaictes, Mr. de Sauveboeuf[222], gentilhomme, arrivé depuis peu de la cour,
avec ordres secrets de Mr. de Beaufort, vint en Periguord et mesmes dans le
pareage, faisant semblant de les vouloir soubslever et leur laissant en passant
quelques papiers volans pour les obliger a suiuure le parti du parlement, ce
qui d'abord ne feit aulcun efifect, et luy cependant, par artifice pour amuser
les armes de Mr. d'Espernon, prit la poste et se rendit à Bourdeaux toute la
nuict pour éviter les embusches qu'on luy pourroit avoir dressées de la part de
Mr. d'Espernon, ou il fut très bien receu du parlement et de toute la bourgeoisie.
Cependant, Mr. le marquis de Lusignan[223], qui s'estoit déclaré asses de temps
auparavant, tenoit la campagne avec une compagnie de cavalerie et de
l'infanterie aussy, avec lequel aussy se joignit pour le parlement le marquis
de Teaubon[224], avec une compagnie de cavalerie. Tout
lequel secours feit continuer le siège du Chasteau-Trompete, lequel enfin fut
pris au mois de septembre ou environ 1649[225] par Mr. de Sauvebœuf, par capitulation, Mr.
Daumont, capitaine, estant sorti avec l'espée, aprehendant l'effect de la mine,
laquelle estoit preste à jouer, comme on luy feict veoir avant la capitulation,
Mr. de Sauvebœuf l'aiant traitlé avec grande bonté et generosilté dans sa
sortie, après laquelle il se rendit dans Cadillac[226] pour rendre tousjour service a un mesme
maistre. Après quoy, on démolit aussy Puipaulin[227], maison à M. d'Espernon en propre et fut
vendu tout ce qui estoit dedans.
[Les deux lignes qui suivent
et qui viennent dans le texte à la suite du passage précédent ont été barrées.]
Mr. de La Meilleraye, nepveu a feu M. le
cardinal de Richelieu, decede à Paris au mois de novembre 1649.
Paix de Bourdeaux. — Garnison dans Périgueux par les ordres de Mr.
d'Espernon.
1650. Ensuitle de tous ces desordres de
Bourdeaux, messieurs du conseil, voyant les grandes conséquences et suites de
ceste guerre dans laquelle ils se perdoint quantité de monde qui pouvoint
servir le roy, soit du costé des troupes que M. d'Espernon avoit receu de
Paris, qui consistoint en dix ou douze regimens d'infanterie et de cavalerie faisant
près de dix mille hommes, soit aussi du costé du parlement qui se croioit bien
fondé dans sa légitime défense, portèrent le roy a accorder la paix par sa
bonté à la ville de Bourdeaux, soustraiant laditte ville du gouvernement de Mr.
d'Espernon, levant pareillement l'interdiction du parlement avec une amnistie
générale de tout ce qui s'estoit passé d'un costé et d'aultre. Et le parlement
eut cest avantage que tous ceux de la noblesse ou aultres personnes qui avoint
servi M. d'Espernon peussent décliner la jurisdiction du parlement. Fut aussi
arresté l'avantage du parlement que tous les forts et nommément la citadelle de
Libourne, cause de la guerre, seroint entièrement rasés et démolis. Apres quoy
tous les regimens estants licenties par les ordres de Mr. d'Espernon, le
régiment de Picardie vint hiverner dans Périgueux[228]; vingt compagnies et dix du mesme régiment
s'en allèrent aussi à Sarlat pour avoir là tout quartier d'hiver, et y eut
aussy en d'aultres endroicts du Periguord d'aultres régiments de cavalerie
composés d'Alemans. Tous les lieux circonvoisins de Bourdeaux furent quasi tous
bruslés pendant la durée de ceste guerre, Larmon[229] et La Bastide[230], par les troupes de Mr. d'Espernon, Podensac[231] par les troupes du parlement. Mrs. du
parlement, pour tesmoigner une partie de leur recognoissance et des obligations
qu'ils avoint a feu Mr. de Chambarot, leur premier général, qui estoit décédé
honorablement au levement du siège de Libourne, luy feirent faire une oraison
funèbre dans S. André, avec un service solemnel pour le repos de son ame,
auquel tout le parlement en corps assista le 18 janvier 1650. La pluspart des maisons de Mrs. de la cour
furent gastées ou bruslées. Un gentilhomme nommé Mr. de Choupes[232] vint mettre en possession la garnison le 17 janvier 1650, et disoit on qu'il commandoit 5 regimens.
Mort du roy d'Angleterre.
1650.
L'Angleterre, qui avoit dessein de se mettre en République, s'ennuiant de tenir
si longtemps leur roy en prison, le portèrent à cest excès de barbarie que de
le faire condamner par quelque chambre basse, authorisée par la haulte, à avoir
la teste tranchée ; ce qui fut executté. On dict que le président de ceste
chambre estoit un sergent.
Emprisonnement des princes.
1650. Mr. le
prince et M. de Conti, son frère, et Mr. de Longueville furent arrestés
prisonniers par ordre du roy[233], lequel fut executté par Mr. de Villequier[234] touchant la personne de Mr. le prince et par
Mr. de Guitaud[235] et de Comminges[236] touchant Mr. de Conti et de Longueville. Ils
furent conduicts au lieu de Vincenes en carrosse.
Changement de chancelier.
1650. Après l'emprisonnement de Mrs. les
princes, Mr. de Seguier, chancelier, soubconné d'estre de la maison de Mr. le
prince, fut privé des sceaux et fut mis en sa place Mr. de Chasteauneuf[237], qui avoit demeure si longtemps retenu
prisonnier dans la citadelle d'Angoulesme, et ce par les intrigues de madame de
Chevreuse[238].
Demolissement de l'halle du Couderc.
1650. Le 29 mars 1650, l'hale du Couderc fut
démolie; la raison principale de la démolition d'icelle estant que le régiment
de Picardie, qui estoit en garnison pour lors dans Périgueux, s'en estoit saisi
et y faisoit corps de garde, ce qui revenoit a grande incomoditté a toute la
ville, particulièrement a ceux qui habitent ce quartier. Mr. le lieutenant
général Duchaine[239] fut le premier qui commença a démolir, après quoy plusieurs aultres personnes s'enhardirent et
poursuivirent la ruine jusques à l'entier demolissement, et le tout fut faict
sans appeller aulcun magistrat politique ; neantmoins, personne ne s'en
formalisa beaucoup, fors le maire et les consuls, attendu l'utilité publique et
le consentement tacite de tous les habitans. Le régiment de Picardie demeura en
garnison dans Périgueux deux mois huict jours, et la ville leur donna quatre
mille francs pour les obliger à sortir.
Septiesme filz.
Le 20 avril 1650, ma femme s'acoucha, jour de
mercredy, d'un enfant pour la septiesme fois, entre trois et quatre [heures]
après mydy, lequel je présenté à M. de Laborie, mon beau-frère, et à ma tante
de Sensenat[240].
Enlèvement du bagage et équipage de Mr. de La Valete par Mr. de
Bouillon. — Arrivée de madame la princesse dans Bourdeaux, conduitte par Mr. de
Bouillon en cette ville.
1650. Quelques jours après que messieur les
princes furent arrestés, Mr. le duc de Bouillon se rendit dans ses terres, en
Guienne, pour divertir les desseins qu'on pouvoit avoir sur sa personne. Son
arrivée d'abord bailla jalousie à Mr. le duc d'Espernon, lequel pourtant luy
envoya un gentilhomme de sa part, après en avoir receu un aultre de la part de
Mr. de Bouillon, lequel, pour persuader qu'il n'avoit aulcun dessein contre le
repos de l'estat et service du roy. Quelques jours après son arrivée, il feit
enregistrer sa déclaration par devant le seneschal de Brive et par devers Mr.
de Foule, lors intendant dans ceste province, comme quoy il ne desiroit armer
en [aucune] façon du monde. Mais la grande foule de noblesse qui le visitoit et
qui l'accompagnoit dans la visitte de ses terres, les conférences qu'il avoit
avec Mr. le duc de La Rochefoucaud[241], mescontant et disgracié du roy pour avoir
taché de surprendre Poitiers et Saumur, le rendes vous qu'il se donneront à
Marqueissac[242] au mois de may ou environ, feirent
cognoistre qu'ils avoint quelque dessein, lequel parut encore plus clair,
lorsque Mr. le duc de Bouillon et de La Rochefoucaud, avec sept ou huict cent
gentilhommes, furent au-devant de madame la princesse jusques dans l'Auvergne,
laquelle ils menèrent au chasteau de Turene[243] avec son fils que elle ammenoit avec elle ;
ce qui obligea M. de La Valete, créé général des trouppes de Guienne soubs Mr.
d'Espernon, qui s'estoit desja saisi de Bergerac à cause du pont et avoit
envoyé divers regimens a Beaumont[244],Tremoulat[245], La Linde[246] et aultres lieux qui avoisinoint la vicomte
de Turene, de mander a nostre maire de luy tenir deux pièces de canon pour
contrequarrer les desseins de Mr. de Bouillon. Ensuitte de quoy, Mr. de La
Valette, ayant eu advis que Mr. de Bouillon avoit dessein de traduire madame la
princesse du costé de Bourdeaux, il feit avancer son armée du costé de
Terrasson, passant par Sendreux[247] et Rouffignac[248] pour empescher qu'on ne se saisit du pont de
Terrasson[249] pour passer la Vesere, ou il séjourna quatre
ou cinq jours. Après quoy, ayant sceu que Mr. de Bouillon avoit faict faire
devant Limeuil un pont de bateaux et faict passer madame la princesse et rendue
audict Limeuil son armée, prit sa marche du costé de Tenon[250], puis à Plasac[251] et Rouffignac et à Monclar[252] et Clermon[253], ou ils couchèrent. De quoy Mr. de Bouillon
ayant eu advis, partit de Limeuil avec une belle troupe de cavalerie et quelque
infanterie a dessein de combattre les armes de Mr. le général de La Valette, ce
qu'il ne peut faire si avantageusement qu'il avoit espéré, parce que Mr. de La
Valette, informé que Mr. de Bouillon talonnoit de près leur armée, donna ordre
à son arrière-garde et à son bagage de partir des la minuict pour se rendre a
Bergerac ou il pretendoit aller en grand diligence, craignant que Mr. de
Bouillon ne s'en saisit; lesquels neantmoins furent surpris et attaqués au lieu
de La Monsie[254], ou ils furent deffects, et le bagage et
équipage de l'armée enlevé et pillé, c'estime a plus de cent mille frans net.
Le général ayant perdu son buffet et pierreries, et les aultres capitaines y
ayant aussy perdu la plus grand part de ce qu'il avoint butiné sur la campagne,
les gens de Mr. de Bouillon avoint aussy démonté à Brive quatre vingt ou cent
cavaliers qui suivoint, disait-on, madame la princesse avant son arrivée à
Turene, le tout au mois de may 1650. De Limeuil, madame la princesse vint
coucher a Verg et alla passer l'eau à Mauriac[255], et après avoir passé par ses terres de
Coutras[256], arriva le 31 may dans la ville de
Bourdeaux, avec le contentement de tout le peuple de Bourdeaux, nonobstant
l'artifice duquel on s'estoit servi, luy ayant fermé les portes du
Chapeau-Rouge et du Caillau, lesquels Mr. de Lusignan feit rompre accompagné de
beaucoup de bourgeois et aultre menu peuple. Elle fut logée à la rue S.
Catherine, chez Mr. le président de Lalane[257], et Mr. de Bouillon, au bout de la mesme
rue. Elle fut le lendemain de son arrivée au palais, et présenta une requette
par laquelle elle pretendoit se mettre soubs la protection du roy et de la
cour. Mr. de Bouillon en présenta une aultre et luy fut donné six sepmaines de
delay pour se justifier envers le roy.
Execution d'un officier de Bergerac.
1650. La mesme année 1650, le parlement de
Bourdeaux feit trencher la teste a un nommé Loiseau[258] , juge criminel de Bergerac, prévenu de
divers crimes horribles, quoiqu'il se voulut aider de la protection du
gouverneur.
Arrivée du duc de Pigneranda, Espagnol, en ceste ville.
Le 8 juin 1650, arriva en ceste ville le duc
de Pigneranda[259], ambassadeur du roy d'Espagne,
plénipotentiaire à Munster, pour la paix generalle. Il avoit couché à Ribérac
et avoit son passeport du roy pour s'en retourner en Espagne. Il fut harangué
par Mr. de Pieihardi[260], maire, de la part de la communaulté ; il
fut logé ches Mr. Baudon l'aisné[261].
1650. Le 16 juin vint en ceste ville Mr. de
La Meilleraye[262], maréchal de France et grand maistre de
l'artillerie, accompagné de Mr. de Comminges et aultres volontaires et de ses
gardes. Mr. de Périgueux le logea ches luy et luy donna a souper; les aultres
furent dispersés par les maisons et hostelleries. Il commandoit une armée de
quatre à cinq mille hommes.
Prise du
Catelet par M. de Turene pour les princes prisonniers. Guise ayant tenu pour le
roy eut exemption de taille pour 5 ans.
1650. Mr. l'archiduc[263] d'un costé et Mr. le mareschal de Turene
ayant pareu forts sur la frontière de Picardie entrèrent dans icelle et
prindrent Le Catelet et posèrent le siège devant Guise, au mois de juin ; le
siège duquel fut levé par le deffault de vivres qui survint a leur armée, les
habitans de La Capelle leur ayant pris un grand convoy, duquel ils avoint grand
besoing; et en raison de la bonne deffense que feirent les habitans de Guise,
la pluspart desquels avoint bruslé leurs maisons, le roy les ennoblissant
exempta toute la ville de Guise de taille pour cinq ans[264].
1650. Au commencement de juillet, arrivèrent
à Bourdeaux quelques fregattes garnies de gens de guerre qu'on asseura avoir
porté une asses notable somme d'argent à madame la princesse et aux Bourdeloys,
qu'on accusoit avoir traitté avec l'Espagnol.
Arrivée du roy à Poictiers. — Doputatlons devers le roy.
1650. Les affaires de Guienne ne s'estans peu
pacifier obligèrent le roy a s'en venir de pardeca, ayant pris sa marche de
Poictiers a Angolesme, ou il arriva le 25 juillet, et de la se rendit a
Aubeterre[265] pour aller de la à Coutras et s'approcher par
ce moyen de Bourdeaux. Nostre maire fut deputté et Mrs. du présidial y en
deputterent six de leur corps et Mrs. du chapitre deux de chacque corps de
chapitre, lesquels se joignirent à Mr. de Périgueux pour se présenter tous
ensemble au roy. Mr. de Chastillon, second président du présidial[266], portoit la parolle pour le présidial.
Paix de Bourdeaux.
Enfin, après quelques deux mois de siège, la
paix fut conclue, les articles principaux de la paix ayant esté envoies de
Paris par les soins de monseigneur le duc d'Orléans et du parlement de Paris
qui agissoit dans cette affaire par ses deputtés ; et le roy, avec Mr. le
cardinal et toute la cour, entra dans Bourdeaux au mois d'octobre, ou pourtant
ne fut nommé aulcun gouverneur. Mais Mr. de Selve, lieutenant de Mr.
d'Espernon, eut commandement de donner les ordres pour le roy en Guienne
pendant la disgrâce de Mr. d'Espernon.
Rétablissement de la confrérie de Nostre Dame des Agonisans à S.
Sillain.
1650. Au mois de
juillet, par les soings du révérend père Du Bourg, jesuitte[267], fut installée la confrérie de Nostre Dame
des Agonisans dans l'église de S. Sillain, dans laquelle les prestres religieux
et généralement lous les confrères se doibvent rendre lorsque quelqu'un est à
l'agonie, ce qui se scaura par le signal accordé de la cloche de la maison de
ville, qui frappera sept ou huict coups. La feste de la conception de la Vierge
a esté prise pour establir certain jour auxquels tous les confrères peussent
gagner indulgence plenière. Il y a seulement obligation de faire une prière
tous les jours pour ceux qui sont en l'agonie, et par ce moyen, l'on
participera à toutes les prières qui se fairont a ceste intention.
Pendant la guerre de Bourdeaux, le chasteau
de Vaire[268], tenu par ceux de Bourdeaux, pris par les
gens du roy, Mr. le Mazarin feit pendre soubs la haie de Vaire le commandant
nommé Richon[269] et Mr de Bouillon, en contrechange, en
feit de mesme dans Bourdeaux au baron de Laquenau[270], prisonnier et commandant le régiment de
Navaille.
[On lit en marge :] Celuy qui fut pendu a Bourdeaux par
l'ordre de M. de Bouillon s'appelloit Canoles, natif de Monpazier.
1650. Le l5 aoust, le régiment de Choupes
passa à Périgueux. Après la paix des Bourdelois, la pluspart de l'armée défila
en Periguord et y passa le régiment roial, le régiment Mazarin Paluau, Coudre,
Monpensier, Danville, La Meilleraye, de cavalerie et d'infanterie, et douze
compagnies d'iceluy hivernèrent à Périgueux et les aultres à Sarlat et en
d'aultres petites villes de Periguord.
Mort de M. le général de La Valette.
Mr. le général de La Valete[271], frère bastard de Mr. d'Espernon, duquel [fut l']attaque de Liste S.
George[272], au mois d'aoust ou septembre, receut un
coup de mousquet à une jambe, ou la gangrène s'y estant mise, il mourut peu de
jours après de sa blessure.
La paix de Bourdeaux fut arrestée à Bourg.
Madame la
princesse premier que le roy entrât dans Bourdeaux feit sa cour au roy et Mr.
de Bouillon de mesme, et tout se passa à Bourg ou le roy avoit séjourné[273] depuis son départ de Libourne audict lieu de
Bourg, et y eut des articles secrets accordés entre Mr. le cardinal et madame
la princesse, et entre aussy Mr. le cardinal et Mr. de Bouillon, auquel on
rendit sa femme au mois de novembre ou environ. D'aultres articles aussy furent
accordés avec les Bourdelois, comme seroit le changement de gouvernement et
leur dedomagement qu'ils faisoint monter à quatorze cent mille liuures.
Voiage du roy, 1650.
Le roy se rendit de Bourdeaux à Sainctes et
Poictiers, et enfin arriuua avec toute la cour à Fontainebleau ; et nonobstant
la paix de Guienne, l'archiduc prit en ce mesme temps Monsons, Rethel et
aultres petites villes avec dessein de s'y fortifier, faisant contribuer la
plus grand part de la Champagne à l'entretien de son armée.
Reddition de Rethel à Mazarin.
1650. Rethel, qui avoit este pris avec
quelques aultres petites villes par l'archiduc et le mareschal de Turene,
furend rendus au mois de décembre[274], après laquelle reddition Mr. le cardinal
Mazarin se jetta dedans. De quoy ayant ad vis, Mr. le mareschal de Turene et de
l'armée du roy qui n'estoit esloignée de luy que d'environ une lieue, commandée
par Mr. le mareschal Plessis[275] Pralin et recognoissant ne pouvoir plus
secourir ses places, songeoit a la retraicte ; neantmoins, les deux armées se
commencèrent à s'escarmoucher. Cela se finit en un combat asses considérable ou
l'avantage et le champ de bataille demeura aux armes du roy, quoyque neantmoins
quantité de gens de marque de la part du roy et officiers y demeurèrent sur la
place, entre aultres le fils de Mr. de Plessis Pralin[276], un frère du général Rose[277], de la part du roy fut aussi tué. Le
regimentaire alleman nommé Bains tué de la main propre de Mr. de Turene, le
régiment de la marine fut aussy deffaict, mais aussy du costé de Mr. de Turene
toute son infanterie, en partie espagnolle, fut rompue et deffaicte et luy fut
légèrement blessé à la main. Sa cavalerie fut aussy rompue et on feit assez bon
nombre de prisonniers, entre aultres un fils de feu Bouteville.
Traduction des princes au Hauure de Grace.
1650. Mrs. les princes furent traduits après
l'arrivée du roy dans Paris au Hauure de Grâce pour dissiper leurs intrigues,
ce qui estonna peu les frondeurs et obligea madame la princesse à présenter
requeste au Parlement pour faire faire le procès au princes s'ils estoint
coupables et pour les ouir les faire ramener à Paris.
Madame la princesse la douairière mourut au
mois de novembre ou environ de l'an 1650.
Te Deum chanté pour la deffaicte de M. de Turene.
1651. A raison de la victoire sus escritte obtenue
contre le mareschal de Turene, le roy feict chanter le Te Deum par tout son royaume, et il fut chanté à la
Cite, ou tous les corps avoint esté convocqués, Mr. l'evesque s'y estant rendu
et non Mrs. du chapitre S. Front à raison de leur differens[278] avec le chapitre cathedral, tellement que à
l'accoustumée à la fin de vespres, le 8 janvier, Mrs. les chanoines vindrent
prendre Mrs. de Périgueux a sa chambre, et de la s'estant rendus dans le cœur
de l'église S. Front pour commencer l’Exaudiat pour le roy. De la se rendirent a la Clautre ou le buchet estoit dressé,
lequel fut allumé a l'ordinaire, Mrs. de Périgueux ayant un flambeau à la main,
Mr. de Champagnac, premier président, un aultre, et Mr. Boudon, maire[279] de la ville, un aultre, et on tira mesme les
canons.
Arrest du parlement de Bourdeaux contre les gardes de M. d'Espernon.
1650. Au mois de décembre de l'an 1650, a
raison de quelques violences commises par des gardes de Mr. d'Espernon, le
parlement de Bourdeaux prit occasion de donner arrest tant contre Mr. d'Espernon
que les gardes faisant inhibitions et desfences par iceluy a toute sorte de
personnes de recognoistre Mr. d'Espernon pour gouverneur, a ses prétendus
gardes de prendre sa liuurée, à peine de la vie.
Mrs. du
parlement de Bourdeaux, environ ce mesme temps ou peu auparavant, tenoint dans
leur prisons un prisonnier assez considérable, qui estoit le lieutenant général
de Bergerac, nommé Chillaud, y ayant esté traduict par des gens appartenans à
Mr. le mareschal de La Force, qui luy faisoit partie, pour estre soubconnée
d'estre créature à Mr. d'Espernon et d'avoir recherché diverses procurations de
Bergerac et aultres lieus circonvoisins pour demender le restablissement de Mr.
d'Espernon pour le gouvernement de Guienne. Il estoit aussy accusé d'avoir
enlevé quelques prisonniers, que Mr. de La Force faisoit conduire à Bourdeaux
pour leur faire faire leurs pièces.
Liberté de MM. les princes.
1651. Mr. le cardinal ayant peu réussi à la
guerre de Bourdeaux, la Fronde se maintenant et augmentant tousjours, il fut
contrainct de quitter la France et porter luy mesme les nouvelles de la liberté
de Mrs. les princes à Mr. le prince, croiant l'attirer par ce moien encore à
son parti, pour se restablir encore un coup dans son premier esclat, tellement
que Mrs. les princes sortirent de prison au mois de febuurier ou environ contre
la volonté de la reine et de son conseil, après quoy ils se rendirent à Paris,
comme aussy Mr. de Bouillon et de La Rochefoucaud, qui furent tous bien receus
des Parisiens.
Les frondeurs de
Bourdeaux, croians avoir bonne part à l'eslargissement de Mrs. les princes,
feirent ensuitte quantité de feux de joye, accompagnés de beaucoup de feux
d'artifice dressés en diverses places de leur ville, 1651.
Mr. le prince,
après les premiers accueils faicts au roy et à la reine, séjourna à Paris
environ quatre ou cinq mois, avec quelque légère deffience qui l'obligea a en
sortir avec quelque mescontentement, lequel il prétexta de la visitte de Mr. de
Longueville, après quoy il se rendit à S. Maur, une de ses maisons asses proche
de Paris; et après quelques séjours en cette maison, ses amis, qui estoint en
bon nombre autour de sa personne, de quatre cents ou environ, l'obligèrent a
reveoir le roy à Paris, après quelle entreveue il se retira de rechef sur
quelques advis et n'y retourna plus, nonobstant toutes les semonces du roy et
du conseil qui tendoint à l'attirer à Paris pour assister à l'acte de sa
majoritté. De quoy s'estant excusé par une lettre de laquelle Mr. le Conti fut
le porteur, peu de jours après, il se rendit en Guienne pour prendre possession
de son gouvernement, et pour cest estat se rendit à Bourdeaux, et y estant
soudein feit donner arrest d'union au parlement, à laquelle se joignirent tous
les aultres corps de la ville. Il visita ensuilte Libourne, de laquelle
s'estant asseuré, il se rendit à Agen, lequel ayant signé la mesme union,
s'estant rendu à Villeneufve, s'estant au préalable saisi de tous les passages
de Garonne, jusques a Agen, il vint à Bergerac, lequel il confia entre les
mains du mareschal de La Force , auquel il donna ordre de le fortifier, et pour
les frais de la ditte fortification, il ordonna qu'il seroit levé un sol pour
liuure sur le passage des marchandises de transport ; il lui donna aussy le
gouvernement sur Ste-Foy et Clerac. De la il prit la route de Périgueux. Mr. de
Bourdeille luy estant venu au-devant jusques à Bordes et le maire de la ville a
l'entrée de la banlieue, les deputtés du présidial, le rencontrèrent à une lieue et
demy de la ville, à laquelle il arriuua en ceste compagnie le
quatorziesme octobre 1651[280]. A son entrée
furent tirées deux volées de canon, la musique S. Front l'aiant receu a la
porte, le chapitre S. Front estant sorti hors la ville avec la croix ; le poêle
luy fut aussy présenté par les consuls, et on cria en entrant : Vive le roy !
et puis : Vive le roy et Mr. le prince ! Ensuitte, il se rendit à l'église S. Front, dans le cœur, ou le Te Deum fut chanté et y presta le serment accoustumé par les gouverneurs. Cela
faict, il fut conduict dans l'evesché, ou il fut d'abord complimenté par tous
les corps de la ville. Le lendemain s'estant rendu à la maison de ville, la
cloche sonnant pour faire assembler les bourgeois qui n'estoint encore retirés,
il feit jurer pareillement l'union, laquelle fut signée par les plus apparens
qui s'y rencontrèrent, après quoy s'estant retiré après avoir maltraicté le
receveur des tailles, il laissa Mr. Andraut[281], conseiller au
parlement, pour recevoir les rôles des tailles. Dans le séjour de Mr. le prince
à Périgueux, Mr. de Bourdeille feut sollicité d'entrer a son parti, a quoy
il s'engagea par traicté, qui fut signé seulement le 21 novembre. Les
clauses principalles furent que Mr. de Bourdeille fairoit trois ou quatre
régiment, deux de cavalerie et l'aultre d'infanterie, qu'il seroit un des
quatre généraux de son armée, lesquelz estoint (ici une ligne a été laissée
en blanc) ; qu'il
n'entreroint d'aultres troupes en Périgord que les siennes. Le marquis de la
Douze [282] fut associé au traicté en qualité de
mareschal des logis et promit de faire un régiment de cavalerie et un aultre
d'infanterie.
Harsin, général pour M. le prince, arrive a son secours.
Marsin[283], commendant les troupes de Catalogne pour le roy, abandonna tout ce pais
pour seconder les desseins de Mr. le prince, et ayant traversé le Languedoc, se
rendit à Moissac, qu'il assiégea et prit en faveur de Mr. le prince. Le duc de
Richelieu, allié de Mr. le prince, prit Sainctes par l'assistance du comte
d'Oignon[284], lequel, peu de jours auparavant, avoit promis à Bourdeaux secours d'hommes
et d'argent à Mr. le prince. Le bruict fut grand aussy que l'espagnol avoit
aussy donné quatre mille hommes qui se rendirent à l'isle de Ré avec promesse
de cent mille escus par mois pour les mesmes desseins, ce qui obligea le roy de
se rendre à Poictiers, et le comte d'Harcourt fut choisi pour commander l'armée
du roy, le comte de Ribérac[285] s'estant absenté pour ne veoir pas Mr. le
prince, quelques troupes furent commandées d'aller loger dans ses terres.
1651. Le second
de febuurier 1651, mon frère célébra sa première messe aux religieuses de la
Visitation a la Cité.
1651. Mr. Baudon, estant en charge de maire,
convertit l'arsenal, proche de la porte de Taillefer, en la saline et le lieu
ou estoit la saline fut destiné pour les bouchers, grands et petits, et les
canons avec toute l'artillerie furent conduicts au consulat, ou est de présent
l'arsenal, et fut faict un portail pour lez faire entrer et sortir, le tout par
arresté public.
M. le
Prince pourveu du gouvernement de Guienne.
1651. Depuis la destitution de Mr. d'Espernon
pour le gouvernement de Guienne, les députiez de Bourdeaux ayant tousjours
faict instance a demender un prince pour gouverneur, Mr. le prince de Condé
leur fut accordé ; et la nouvelle n'en fut pas si tost certaine que les habitans
de Bourdeaux en tesmoignerent si grand joye jusques a deffoncer les tonneaux
dans les rues et à allumer quantité de feux par tous les quartiers de la ville,
avec quantité aussi de feux d'artifice. Quantité d'aultres villes prindrent
aussy part aux rejouissances de Bourdeaux ; ce fut au mois de may 1651. On
parloit de donner en récompense à Mr. d'Espernon le gouvernement de Bourgogne,
qui estoit à Mr. le prince.
1651. Les provisions de l'office de mon père
furent obtenues en ma faveur, le 2 de may 1651, et fus receu en la cour des aydes qui estoit pour lors à Libourne le 22
juin 1651, Mr. Bonnaud[286] estant président lors de ma réception. Mr.
Dicquen[287], conseiller, fut mon rapporteur, et preste
le serment par devant Mrs. les trésoriers généraux le 26 juin 1651. Mr. de
Pontac, le doien et président, me feit prester le serment[288] et fus installé (Mr. de Guillommias,
président[289], de la famille de Mr. de Montoson) le 3
juillet 1651.
1651. Il
s'estoit parlé aussy depuis la sortie de Mrs. les princes de la tenue des Estats,
la reine les vouloit tenir à Tours, et Mrs. les princes eussent désiré qu'ils
se fussent tenus à Paris pour leur plus grande seurté.
1651. Le quatorziesme novembre ou environ de
l'an 1651, il feit une grande inondation qui fut si grande que elle endommagea
fort quelques particuliers des fauxbourgs et mesmes Mr. Duchaine, lieutenant
général, qui avoit faict bastir quelques maisons et boutiques depuis ches la
Douze hoste jusques aux Recollets, la pluspart desquelles furent ruinées par
l'impétuosité de l'eau et ensemble les murelles du cimetière.
Cognac assiège, le siège fut levé à raison d'an grand débordement
d'eau.
1651. La ville
de Coignac, en Angoumois, fut assiégée par les troupes de Mr. le prince au mois
de novembre, et dans le mesme mois, le siège fut levé a raison des inondations
qui emportèrent un pont que Mr. le prince avoit faict bastir sur la Charente,
et par quelque léger secours des trouppes de Mr. de Harcourt qui se joignirent
à Mr. de Gonzac[290] qui gouvernoit dans le chasteau pour le roy
; et dans la ville de Cognac y avoit aussy quelques volontaires de la noblesse[291] et un maistre de camp de quelque régiment
envoie par le roy[292].
Majorité du Roy.
Au commencement
de septembre, le roy s'estant rendu au parlement, ayant un jour dans la
quatorziesme année, suivant l'ordonnance de Charles cinquiesme, fut déclaré
majeur en la séance de son parlement à Paris et entouré de ses princes, à la
réserve de Mr. le prince, gouverneur de Guienne, et de son frère et de Mr. de
Longueville.
Inondation.
Le 18 et 19 novembre
1651 feit une aultre inondation presque aussy grande que celle du 14 novembre,
mesme an que dessus.
Prise du Chasteau l’Evesque par Sauvebœuf, par Intelligence secrète.
1651. Les
derniers jours de novembre, par les menées de Mr. Labrousse de Verteliac[293] et aultres, Mr. de Sauvebœuf fut introduict
dans Nontron et y séjourna quelques jours, ce qui obligea Mr. de Bourdeille de
mettre sur pied ses forces. Mr. le marquis de La Douze en feit de mesme et s'en
vindrent tous à nos portes, roulant dans la banlieue et aux fauxbourgs.
Cependant, le 3 décembre, Mr. de Sauvebœuf s'empara des
chasteaux d'Agounnac[294], et y ayant laissé garnison, le 4 décembre
s'estant présenté devant le Chasteau Levesque, dans lequel estoit un certain
Raspiengens, habitant dudict lieu du Chasteau Levesque, auquel on avoit confié
la garde de ceste place ; neantmoins intimidé par les menasses de Mr. de
Sauvebœuf ou par aultres ordres secrets, il rendit la place au susdit Mr. de
Sauvebœuf, qui estoit accompagné seulement de Mr. de La Beilie , gentilhomme,
et de Ferran de Thiviers[295] et de quelques messieurs de Nontron, qui
feirent puis après les forces les plus considérables de Mr. de Sauvebœuf.
Pendant ces entrefaites, les forces de Mr. de Bourdeille se fortifièrent par
l'arrivée de huict vingt maistres, commandés par Mr. de Canillac, gentilhomme
d'Auvergne[296], et envoies de la
part de Mr. le prince ; nonobstant quoy ils ne donnèrent aulcune attaque au
Chasteau l'Evesque, qu'un seul jour ou il n'i eut qu'une très légère
escarmouche, sans aulcune effusion de sang. Après quoy, les troupes, augmentées
des forces que Mr. de Castelnau[297] ammenna, neantmoins ne feirent que rouler et
suiuure de loin Mr. de Sauvebœuf, quoyque non pas beaucoup fort. Le jour que le
Chasteau Levesque fut rendu, Mr. de Bourdeille se rendit à onze heures du soir
à Périgueux, accompagné de Mr. de Beauvais[298], cadet de la maison de Chantérac, et de Mr.
de St-Léger, cadet de la maison de la Brangelie[299]. Peu de jours auparavant, Mr. de Bourdeille
s'estant rendu dans le présidial, il fut tenu un conseil public qui se termina
a ce qu'on feroit une très exacte garde, le tout soubs les ordres de Mr. de
Bourdeille, lequel fut remercié de ses bonnes volontés et prié de les vouloir
continuer. Quelques jours après, Mr. de Beauvais, voiant que ceste armée ne
faisoit aulcun progrès à l'avantage de Mr. le prince, que on ne reprenoit
aulcun des postes tenus par Mr. de Sauvebœuf, quitta l'armée et s'en alla
trouver Mr. le prince dans son armée, du costé de Xainctes, et après quelques
douze ou quinze jours de séjour, s'en revint en la compagnie de Mr. de Mattra[300], cousin germain de Mr. de Bourdeille ,
envoie pour commander, de la part de Mr. le prince, les troupes de Periguord.
C'est pourquoy, le 29 décembre, ayant donné rendes vous à leur troupes du costé
du Pont-de-Ves[301], proche de Coulaures, Mr. de Mattra sortit de
la ville pour se rendre en ce lieu, comme aussy Mr. de Bourdeille fut de la
partie.
Deffense de l'abbaie de Chancelade contre les
troupes de Sauvebœuf.
Le 14 ou 15 au
mois de décembre, Mr. de Sauvebœuf ayant grossi la garnison de Chasteau
Levesque et ayant peine d'i subsister, parce que l'année estoit très disetteuse
en bled, il songea de se saisir de l'abbaie de Chancelade[302], et pour y mieux réussir, il feit un gros de
cavalerie de deux cent maistres ou environ et de cent fantassins, avec
lesquels, le tamhour battant, ils se rendirent à Chancelade, derrier le moulin
de l'abbaie, croians entrer par la. Les pères et religieux, advertis de leur
dessein, qui ne leur pouvoit qu'estre très nuisible, se munirent de quelques
gens du pareage et de leur terre au nombre de quelques cinquante, et avec ce
peu de secours, en feirent demeurer sur la place dix ou douze cavalier et
mesmes des officiers et en blessèrent jusques à une trentene ; ce qui les
obligea à faire sonner la retraite et porter les nouvelles de leur deroulte à
Mr. de Sauvebœuf, qui s'en estoit retourné d'asses proche de l'abbaie les
croians asses forts, ce qui recula les espérances qu'il pouvoit avoir d'entrer
dans Périgueux par l'intelligence de quelques particuliers, ce qui ne leur peut
réussir, la ville estant préservée de ses embusches par une bonne garde aux
portes et murailles.
Sommation de M. de Sauvebœuf à Périgueux inutile.
Peu de jours
après l'arrivée de Mr. de Sauvebœuf au Chasteau Levesque, ayant dressé deux ou
trois squadrons de cavalerie au dessous de Barbadau, croient diviser la ville
et se servir des amis que Mr. de Labrousse de Verteillac pouvoit avoir dans la
ville , il envoia sommer la ville par un trompette ; ce qui obligea Mr. de
Beauvais de se rendre au corps de garde, lequel luy ayant dict de se retirer,
neantmoins estant retourné pour une seconde fois, Mr. de Beauvais luy tira un
coup de mousqueton, duquel il tua le cheval du susdict trompette.
Trompete de M. de Canillac retenu par la garnison du Chasteau Levesque.
Peu de jours
après, Mr. de Sauvebœuf en eut raison, car les forces de Mr. de Bourdeille
estant sorties avec la compagnie de Mr. de Canillac et du régiment de La Douze,
le trompette de Canillac estant allé sommer la place du Chasteau l'Evesque ,
fut mené prisonnier par quatre mousquetaires et y demeura quelques jours
prisonnier, pendant lesquels Mr. de Sauvebœuf songeoit tousjours d'enlever
quelque cartier de quelque régiment. Il en trouva une occasion un matin, un peu
avant le jour, ayant surpris quelques compagnies d'infanterie de Mr. de
Bourdeille, a un village de Chariervineu, nommé Reiiallac[303], dans lequel fut tué Mr. de Larivière[304], fils de Mr. Chancel, capitaine d'une compagnie,
et menné blessé à la mort dans le petit ventre au Chasteau l'Evesque, ou il
mourut et y fut enterré. Canau, cirurgien, pour y aller en seurte, se servit
d'une lettre de Mr. de Labrousse de Vertellac qui luy servit de passeport, en
la compagnie de Mr. de La Rivière. Fut aussy blessé à la main, Mr. de Bourgogne[305], de la famille de Mrs. de Montoson.
Rémission
du Chasteau l'Evesque entre les mains de Mr. de Fonpitou, vicaire général, et
puis Mr. le prince, mit Chalepe en garnison, avec un de ses gardes. - Procez
verbal de l’estat du Chasteau Levesque
Le 27 décembre, par ordres du conseil ou
autres ordres secrets, les prisonniers du Chasteau l'Evesque estant sortis un
jour de devant, Mr. de Sauvebœuf avec Mr. de Labrousse quittèrent le Chasteau
Levesque, ensemble la garnison d'Agonnac s'y estant joincte, ils prindrent la
routte de Nontron pour de la se rendre en cour. Il fut commis quantité d'actes
d'hostilité dans le Chasteau Levesque, jusques à se battre en duel dans
l'église et à y faire mesmes des ordures, y tuer du bestail, boire dans les
calices, voler les ornemens du prestre ; enfin, les habitans du lieu, qui y
avoint réfugié tous leurs viuures, les perdirent et furent à la faim et grande
nécessité. Le 28 décembre, Mr. de Fonpitou, vicaire général, après la sortie de
Mr. de Sauvebœuf avec Mr. Montoson, advocat du roy, se rendirent dans le
chasteau pour veoir ses espouvantables desordres et faire faire procès verbal
de l'estat du chasteau. Le 29, Mr. de Forrières, lieutenant particulier,
accompagné de Mr. de Fonpitou et de Mr. Montoson, advocat du roy, commissaires,
y retournèrent pour travailler au susdict procès verbal et inventaire.
Députation secrète devers Mr. le prince.
La ville de Périgueux, aprehendant ces
desordres ou plustot les particuliers qui avoint signé l'union de Mr. le
prince, deputtèrent Mr. Moisson[306], advocat, devers Mr. le prince pour
l'informer de ce qui se passoit dans la province et dans la ville, et que le
général d'icelle ne se separeroit de son service et pour reclamer sa protection
et assistance, laquelle deputation depleut à Mr. de Bourdeille, craignant qu'on
ne parlast de luy.
Ph. Tamizey de Larroque. P. Huet. Cte de Saint-Saud.
(A suivre.)
LIVRE-JOURNAL DE PIERRE DE BESSOT
1609-1652 (Suite et fin.)
Cessation
des sermons des advents.
1651. En mesme
temps, au mois de décembre, les sermons cessèrent dans S. Front a cause de la
defflance des bourgeois qui aprehendoint le dedans et le dehors, et n'en fut
faict que trois ou quatre. Un jour de ce mesme mois, Mr. le juge criminel
receut[307] une lettre d'un certain Francpalais, qui
estoit en la compagnie de Mr. de Sauvebœuf au Chasteau l'Evesque, laquelle il
ne voulut ouvrir et l'apporta à M. de Bourdeille. Cette lettre tendoit a
descouvrir le sentiment de la ville sur les affaires du temps et pour avoir une
response, laquelle fut faicte par le maire que nous estions très bons
serviteurs de roy, mais que nous ne recognoissions personne pour entrer dans la
ville. La ville se maintint dans cette resolution et dans la continuation de la
garde.
1625. Mr. le Prince vint dans ceste ville
pour une seconde fois, le 25 janvier 1652, et feit son possible de reunir tous
les habitans dans les intérêts de l’estat pour la conservation du roy et de la
sienne, feit commandement a Chalepe de conserver le Chasteau l'Evesque et de
périr plustot que parlementer ou le rendre, la ville fournissoit tous-jours
pain de munition. Ce qui avoit effraie Chalepe, estoit la seconde arriuuée de
Mr. de Sauvebœuf qui rodoit aux environs de la ville, depuis quelques jours,
avec trois ou quatre cent cavaliers et quelques compagnies d'infanterie, et
tachoit de passer la rivière pour aller inquiéter le pareage ou se joindre avec
Mr. le comte d'Harcourt qui faisoit aprehender à Périgueux le siège. Ce que
voient Mr. le prince, avant son arrivée, envoia en ceste ville le marquis de
Chanlost[308] pour porter les habitans à prendre une
garnison et mesme d'accepter le régiment d'infanterie de Mr. de Bourdeille, a
quoy les habitans insistèrent et aymèrent mieux deputter devers Mr. le prince
pour luy protester de nos obéissances et scavoir par sa bouche ses volontés.
Ces rumeurs du siège de Périgueux s'augmentans, Mr. le prince feit cognoistre a
la ville qu'il estoit important pour la seurté de prendre des forces. C'est
pourquoy le régiment de Bourdeille entra dans la ville, et le 28 janvier le
régiment de Condé vint aussy à Périgueux pour le deffendre. Le régiment de
Baltasar vint ensuitte pour contrequarrer les desseins de Mr. de Sauvebœuf et,
a mesme qu'il fut arrivé et traversé la ville, on advertit Mr. de Baltasar[309] que Mr. de Sauvebœuf n'estoit pas loing, ce
qui l'obligea de prendre sa marche du costé de Chancevineau. Et, en effet,
assez proche de la et sur le chemin, il rencontra l'infanterie de Mr. de
Sauvebœuf, laquelle fut aysement taillée en piesses par M. de Baltasar qui n'en
peut faire de mesme de la cavallerie. Mais neantmoins la ville ayant esté
advertiedu combat de Mr. de Baltasar et de la cavallerie de Mr. de Sauvebœuf
composée de quatre squadrons, y envoia soudain quelque infanterie par le
secours de laquelle, et à sa faveur, Mr. de Baltasar rompit presque toute la
cavallerie, feit beaucoup de prisonniers, et en demeura sur la plasse trente ou
quarante de morts ou environs. La plus grand part de leur bagage fut aussy
enlevé, du bestail mesme qu'ils avoint pris[310]. Enfin,
Mr. de Sauvebœuf fut poussé jusques à Sept Fons[311] qui est à une lieue
de la ville. Cependant, la ville par les soings et ordres de Mr. de Chanlos,
qui avoit commencé à fortifier
ses dehors, continua de se renforcer par la vigilance des habitans et par leur
travail pour se disposer à repousser
leurs ennemis. Tous les habitans affectionnes au parti de Mr. le prince eurent
grande joye de cette deffaicte et le régiment de Baltasar logea dans la ville
le soir. On creut que Mr. de Sauvebœuf, auquel on avoit faict affront à Chancelade
peu de jours auparavant, luy ayant faict demeurer sur la place douze ou 14
cavaliers et blessé beaucoup d'aultres, vouloit avoir raison de cette deperte y
allant plus fort que l'aultre fois. Peu de jours après, Mr. Marsin tailla aussy
en piesses la plus grand part des forces que Mr. de Biron avoit mis sus pied,
qui consistoint en deux mille hommes de guerre ou environ, et mesmes dans le
combat rendu aux environs de Villeréal[312], mons. de
Biron[313] y fut blessé
à la teste et se sauva ayant contrefaict le mort.
[On lit en marge en quatre
endroits de ce long paragraphe] :
Arriuuée de Mr. le prince en ceste ville. — Garnison
de Mr. le prince du régiment de Condé du consentement des habitans, du régiment
de Bourdeille. — Le lieu du combat [entre Sauvebœuf et Baltasar] s'appelloit à
la Combe des Dames[314].
—Victoire de Mr. de Baltasar sur Mr. de Sauvebœuf, lequel dormit avec beaucoup
d'aprehension dans l'église de Tralissac. Arrivée de Mr. le comte d'Harcourt en Periguord, mesmes a Bourdeille. —
Mr. de Bourdeille, a I'arriuuée de Mr. le comte d'Harcourt, quitta la province.
Cependant Mr. le
comte d'Harcourt, tesmoignant avoir quelque pensée pour venir en Periguort,
séjourna pourtant au port de Parcouf[315], en Angoumois, douze ou quinze jours, après
quoy il despescha un trompete pour sommer la ville de Périgueux à luy bailler
passage dans la ville, ce qui luy fut refusé, et on travailla continuellement
aux fortifications et demy lunes. Dix ou douze en nombre furent dressées par
l’ordre de Mr. de Chanlost, commandant tousjours pour Mr. le prince, auquel
temps furent aussy démolies toutes les maisons voisinnes de la porte de
Taillefer, sans que personne en murmurast ouvertement. En ces entrefaictes, Mr.
le comte d'Harcourt, pour augmenter la terreur que les habitans pouvoint
raisonnablement avoir du siège, se rendit à Bourdeille le 4 de febvrier 1652
avec toute son armée, consistant par bruit commun en trois ou quatre mille
vedettes et deux ou trois mille hommes de pied. Partie desquelles trouppes s'en
allèrent a Brantôme[316], L’aultre partie fut envoyée à la Tour
Blanche[317] et a l’lsle[318], après avoir faict séjour pendant dix sept
jours aux susdicts lieux et consumé la plus grand part de leurs viuures et
fourrage et commis quantité d'actes d'hostilité, mesme en la personne des curés
et de leurs églises, forcé filles et femmes mesmes dans les lieux les plus
saincts qu'ils avoint convertis en escuries et boucheries et bordels ; comme il
veid que Périgueux ne demordoit point du parti du roy et de Mrs. les princes,
il prit resolution d'aller veoir le Sarladois. C'est pourquoy ayant passe sur
le pont de Ves et de Terrasson, il arriuua à Sarlat le 26 de feburier avec
quelques 50 ou 60 de ses gardes et en partit le lendemain, jour de dimenche.
Mrs. de Sarlat leur feirent grand accueil et changèrent de parti en sa faveur a
cause de la nécessité et présence de son armée qui passa tout contre Tourville.
Escarmouches de Baltasar sur des troupes de Mr. le comte d'Harcourt.
Pendant le séjour que Mr. le comte d'Harcourt
feit à Bourdeille, le régiment de Baltasar, qui s'estoit desja saisi du
chasteau de Grignols, se meit souvent en parti et leur enleva beaucoup de
prisonniers en divers rencontres et mesmes du régiment de Crequi, proche de
Lisle. Ces prisonniers furent eschangés. Mr. de Pontac Langlade[319], de Bourdeaux, fut aussy pris par Baltasar
au mois de febvrier 1652, et de la noblesse, Mr. de Frateau[320] et Mr. de La
Devise[321] qui furent mis à rançon et puis eslargis.
Victoire de Mr. le prince sur M. de S. Luc.
1652. Le vingt
et troisiesme de febvrier, il y eust aussy grand combat entre les troupes de
Mr. le prince joinct avec celles de Mr. de Conti, son frère, contre les troupes
de Mr. de S. Luc. La rencontre de la bataille fut entre Agen et Leictoure[322]; les troupes de Mr. de S. Luc estoint de
près de quatre mille hommes, lesquelles furent taillées en piesses et beaucoup
de prisonnier faicts, et Mr. de S. Luc fut poussé jusqu'à Leictoure. En ce
mesme temps, quelque Mr. de Poiannez[323], accompagné de quatre ou cinq cents hommes
de guerre, fut repoussé par ceux du Mont-de-Marsan en Gascogne.
Forces de Mr. d'Hareourt prétendues desfaictes.
M. le comte d'Harcourt qui, après avoir passé
à Sarlat et passé la Dordogne a Doume[324] pretendoit se joindre avec les forces de M.
de Biron, si plustost elles n'eussent esté desfaictes, et avec les troupes de
M. de S. Luc et faire un corps d'armée asses considérable, d'onze ou douze mille
hommes, pour pousser Mr. le prince.
Combat d'Angers et bon succès de Mr. de Rohan.
Des que la roine
et le roy eurent quitté Poictiers, leurs majestés se rendirent à Saumur
accompagnés du cardinal Mazarin pour se disposer au siège d'Angers qui refusa
de recevoir le roi qu'avec sa maison, Mr. de Rohan[325] estant dans le chasteau d'Angers, après
qu'il se fut saisi, pour le parti des princes, du Pont de Gé. Les troupes du
Mazarin et le fils de Mr. d'Hoquincourt[326], gouverneur de Peronne, assiégèrent Angers
et commencèrent l'attaque par le fauxbourg, duquel pourtant ils furent
repoussés avec huict cent hommes de perte et le susdict fils de Mr.
d'Hoquincourt demeura mort sur la place. Le fils de Mr. de Grancey[327] (3) fut aussy blessé à mort après ce bon
succès pour Mr. de Rohan et la ville d'Angers ; ils recourent encore secours de
quatre compagnies de cavalerie et quelques d'infanterie que Mr. d'Orléans leur
envoya, ce qui les feit résoudre à tenir tousjours bon pour le parti des
princes contre le Mazarin.
Fuitte de certains habitans de la ville.
1652. Des que M. le comte d'Harcourt sembla
menasser Périgueux de siège par ses approches à Bourdeille[328] , certain nombre d'habitans se trouvèrent
absens de la ville, les uns couvrans leur fuitte d'aprehension, les aultres
furent contraincts de sortir par les ordres du commandant pour Mr. le prince,
d'aultres se retirèrent n'approuvans pas peut estre le parti des princes et
estans de contraire parti. Il y en eut quelques uns de taxés et la
taxe ne fut generalle.
Vœu de la ville de Périgueux pour la conservation de la banlieue.
1652. Le 1 de
mars 1652 toute la bourgeoisie de Périgueux, veu les maux généraux qui
accablaint la province et la ville, particulièrement menassée de siège par Mr.
le comte d'Harcourt, prit resolution de faire un voeu général pour la
protection de leurs familles et pour demander a Dieu la cessation de ses
fléaux. Depuis le mois de febuurier, les deux chapitres assemblés à S. Front à
la fin de l'office chantoint tous les jours en procession les litanies des
saincts. Enfin, pour estre plus pleinement exaucés, le premier jeudy de mars
auquel la communion generalle avoit esté indicté en présence du marquis de
Chanlost, gouverneur pour Mr. le prince de la ville, de Mrs. du présidial, des
maire et consuls, et de Mrs. les bourgeois, et de Mrs. des deux chapitres, la
messe fut chantée à l'honneur du S. Sacrement. Et à la fin d'icelle, Mr.
Faiolle, chanoine de S. Front[329], feit la lecture du vœu faict à Nostre
Seigneur, résidant au très adorable sacrement de l'autel, et à la bienheureuse
Vierge Marie, sa mère, à S. Anne, nostre libératrice, à S. Estienne, à S. Front,
nostre apostre et patron, à S. Joseph, espoux de la Vierge, au bienheureux
François de Salles lorsqu'il seroit canonisé, avec promesse de faire certaine
procession à toutes ses églises auxquelles on feroit station particulière, et
mesmes à Nostre Dame de La Garde et aux Augustins, à raison que l'autel de S.
Joseph est érigé dans leur église. Oultre ceste procession, on résolut d'aller
tous ensemble à la chapelle de Nostre Dame des Vertus[330], à laquelle on résolut d'offrir jusques à
deux cent cinquante liuures en réparations pour la chapelle ou aultrement. On
promit de plus de faire faire un tabernacle à l'honneur du très S. Sacrement à
S. Front de l'argent qui fut amassé par toute la ville pour ce subject.
Alexandre Godefroj créé général des Jesuittes.
Au commencement
de l'an 52 ou sur la fin de 51, Alexandre Godefroy, romain, fut créé general
des Jesuittes et fut créé en sa place le R. Père Michel de Cologne, aagé de 70
ans[331].
Siège du chasteau de Lardimarie.
M. de Chanlost, establi gouverneur dans
Périgueux pour Mr. le prince, désirant faire souslever toutes les paroisses en
faveur des princes, feit sonder la terre de Mr. de Lardimarie[332], laquelle ayant feict reffus de se joindre
au pareage, M. le gouverneur susdict, après avoir assemblé la plus grand part
du pareage et quelques uns aussy des terres du marquis de La Douze, se résolut
à assiéger le chasteau de Lardimarie[333], dans lequel Mr. de La Faie d'Auriac[334], oncle du seigneur et héritier du chasteau,
avoit faict mettre cent cinquante fusiliers. Neantmoins, la nuict du 13 mars,
tout ce gros de dix ou douze cent hommes estant parti avec quelques soixante
chevaux de la ville ou de la garnison de Condé et d'aultres habitans, le siège
fut posé devant le chasteau et y ayant mené un des petits canons de la ville,
après le refus qu'il feirent de remettre le chasteau, il y fut tiré douze ou
quatorze volées de canon, ce qui obligea le commandant de ce chasteau, avec les
soings aussy d'un gentilhomme du marquis de La Douze envoie exprès pour les
obliger a remettre le chasteau a Mr. de Chanlost, a capituler aux conditions
que Mr. de La Faie sortiroit du chasteau et que le chasteau seroit remis entre
les mains de M. de Calvimont[335], oncle aussy du seigneur de Lardimarie, pour
le faire offrir par le jeune seigneur de Lardimarie à Mr. de Chanlost et
ensemble toute sa terre pour se joindre à tous ceux qui prendroint le parti de
Mr. le prince ; et par cette capitulation, le chasteau ne fut gueres endommagé
par le canon et ne fut point pillé. Ce qui ne fut executté, La Faye estant rentré
dans le chasteau pour soustenir son premier parti contre celuy des princes.
Reddition de Xainctes.
Xaintes, dans
laquelle Mr. le prince de Tarente[336] avoit mis puissante garnison pour Mrs. les
princes, estant assiégée par Mr. Le (sic) Plessis Delière[337]; et Mr. de Montausier, gouverneur
d'Angoulesme et de Xainctes[338], après cinq ou six jours de siège, se rendit
par capitulation, et par intelligence selon le bruict commun, Mr. Jambon[339], créature de Mr. le prince, ayant abandonné
la ville aux assiégeans. De la, Mr. de Plessis Beliere, avec ses trouppes, alla
planter le siège devant Taillebourg[340], qui se rendit aussy.
Mort de Mr. de Bassencourt.
Le 12 mars 1659,
deceda à Paris Mr. de Bassencourt[341], frère de Mr. Brandon, evesque de Périgueux.
Il avoit pris de très grands soins au restablissement du séminaire et y feit de
très belles réparations et avoit desseigné de faire faire des manufactures pour
faire éprendre des mestiers aux enfans trouvés et abandonnés et au fils des
pauvres artisans de la ville et de la province. On luy feit un service dans S.
Front le 27 may 1652. Tous les corps de la ville assemblés et les deux
chapitres joincts à cause de la guerre des princes.
Éclipse de soleil.
1652. Le 8
auuril 1652, il y eut une éclipse de soleil asses consyderable, qui commencea
entre neuf et dix, et finit a onze heures du matin, ayant duré environ une
heure.
Mr. le prince
partit de Bourdeaux la veille des Rameaux pour se rendre à l'armée de Mr. de
Nemours[342].
Arriuuée de madamoiselle d'Orléans à Orléans.
1652. Madamoiselle
d'Orléans[343], par les ordres de son père, craignant que
la faction des Mazarins ne s'augmentast dans Orléans et sachant que celte ville
estoit fort muguettée et que Mr. le cardinal Mazarin en vouloit faire sa place
d'armes, se rendit dans laditte ville au commencement d'auuril, en laquelle
estant entrée par une eschelle avec une dame d'honneur et l'un de ses escuiers
une toque en teste garnie de plumes et une canne à la main, on cria incontinent : Vive le roy et son altesse roialle sans
Mazarin ! Mr. de Beaufort et Mr. de Rohan l'avoint accompagnée en sa
conduitte.
Deputation du parlement de Paris à Blois au roy.
1652. le roy
n'estant peu entrer dans Orléans, quoyque les deputtés d'icelle eussent offert
de luy recevoir, toutefois parce qu'ils adjoustoint à la fin de leurs offres
qu'ils ne pouvoint recevoir le Mazarin, le roy se rendit a Blois ou arriuuerent
les deputtés du parlement de Paris, dont Mr. de Nesmond, président[344], faisoit chef avec sept ou huict conseillers
pour le prier de faire executter les arrests et déclarations données contre le
Mazarin.
1652. Mr. de Chanlost, voiant que ceux de la
terre de Lardimarie estoint[345] tousjours opiniastrés dans leur premier
parti, feit sortir une partie du régiment de Condé avec quelques bourgeois et
s'en allèrent sur la un de mars, le jeudy saint, à Heiliac[346] ou ils bruslèrent la porte de l'église et ne
peurent pourtant s'en rendre maistres et y fut blessé et tué quelques soldats.
1652. Mr. de
Chanlost feit faire une aultre sortie ayant appris que la cavalerie de Bourdeille
(M. le comte de Besse estoit le commandent dans Bourdeille depuis le départ de
Mr. le comte d'Harcourt), [cette parenthèse est ajoutée en marge] au nombre de deux ou trois cent, estoit à Laguillac[347]; c'est pourquoy, partie du regimeut de Condé
avec vingt cinq maistres anglois, dont Mr. de Roquebi[348] anglois estoit le chef et quelques bourgeois
de la ville mesles avec eux et ensemble dans l'infanterie, furent à Laguillac
ou estans arriuues, soit que les cavaliers en eussent eu advis, ils furent
d'abort charges par trente ou quarante maistres, les aultres s'estant retirés
dans l'église et dans les maisons; et la charge fut bien si rude et la deffense
des nostres aussy bonne, que Mr. de Roquebi, commandant la cavalerie, y perdit
son cheval, et s'estant tiré des squadrons ennemis le plus promptement qu'il
peut, il se monta au despens d'un cavalier qu'il tua ; incontinent, le pareage,
qui s'estoit joinct avec l'infanterie de Condé et de la ville, feit aussy, en
ce mesme temps, assez bien la descharge et obligea tous les squadrons de
quitter la place. Dans la retraicte, Mr. Guerrier[349], capitaine de Condé , gentilhomme natif de
Bidonnet, en Quercy, fut tué, son corps fut abandonné, nos troupes se retirant
un peu à la haste craignant que les ennemis ne leur coupassent chemin dans
quelque rencontre ; mais soudain qu'ils furent arrives, Mr. de Chanlost envoya
demander permission au commandant de ce régiment, par un tambour, pour retirer
le corps, ce qui fut accordé, et fut enterré dans le porche, ou assistèrent
tous les officiers de Condé et ensemble beaucoup de la ville, de la
bourgeoisie. La conjecture que nos troupes avoint d'estre poursuivies n'estoit
pas hors de propos, car ils se rendirent à Chancelade en peu de temps, après
l'arrivée des nostres, et feirent paroistre leurs squadrons sur le tertre de S.
Sicaire[350], ce qui obligea nostre canonier de leur
envoyer de la terrasse de Taillefer une volée de canon qui les feit bientost
desloger. Cependant toute la ville se mit soubs les armes, et un nommé Bosviel
estant allé dehors recognoistre, fut blessé par les ennemis au dessous des
Jacobins.
Pendant la
guerre de Mrs. les princes, Mr. de Bouillon et Mr. de Vendosme et Mr. de
Plessis Praslin furent créés ministres d'Estat au mois d'avril 1652.
Arrivée des gardes de Mr. le prince au Chasteau L'Evesque.
1652. Sur la fin de mars, Mr. Desroches[351], capitaine des gardes de Mr. le prince,
arriuua en ceste ville avec quatre vingt gardes ayant esté démontés la pluspart
aux approches d'Agen pour se refaire, et Mr. de Chanlost leur donna pour cest
effect la place du Chasteau L'Evesque, ce qui obligea Chalepe de se retirer;
estans la, ils faisoint quelques courses du coté de Nontron et pris a une
sortie quatre vingt trois chefs de bœuf et faict quelques prisonniers.
Arriuuée de Mr. de Roquebi anglois. - Prise de Plasac par Mr. de
Roqueby anglois.
Il arriva aussy en ceste ville, presque en ce
mesme temps, Mr. de Roqueby, anglois, commandant 25 maistres, lesquels on logea
à la Cite. Ils estoint destinés pour courir sus aux garnisons ayant essayé de
loger à Plasac, Mr. de Roqueby ayant receu quelque niche par l'enlèvement de
quelque partie de son équipage et luy ayant enlevé aussy et tué deux cavaliers,
il se résolut d'y retourner en meilleur compagnie au mois d'auuril. Pour cest
effect, quelques parroisses du pareage furent mandées a Périgueux, une partie
aussy de la garnison de la ville fut commandée. Estant a Plasac, on trouva le
bourg barricadé ; lesquelles barricades furent enfoncées, et les habitans,
voyant qu'ils estoint reduicts au clocher de leur église et qu'on avoit bruslé
4 ou 5 maisons à la place, capitulèrent et promirent de porter quelque
subsistance qu'on leur demendoit.
Victoire de Mrs. les princes sur le Mazarin.
Le 7 avril 1652, il se donna combat entre les troupes de Mrs. les princes et
les trouppes du Mazarin ; le combat fut fort advantageux pour les princes,
ayant deffaict l'avantgarde du Mazarin conduicte par le maréchal d'Hoquincourt[352], lequel perdit dans cette rencontre tout son
équipage et bagage, ensemble celuy des officiers de son avant-garde, et une
cassete en son particulier, estimant la perte d'icelle a près de cent mille
escus.
Arriuuée de M. le prince a Paris.
Le 22 auuril, Mr. le prince arriuua à Paris.
Son altesse royalle luy fut audevant avec beaucoup de seigneurs. Ils furent
tous deux au parlement, ou tous les corps de ville ayant esté assemblés, Mr. De
Nesmond estant venu de sa deputation et n'ayant porté nouvelles du départ du
Mazarin, on résolut de depulter devers le roy pour la dernière fois et luy dire
de la part de Mrs. les princes qu'ils estoint prests a poser les armes, pourveu
que le Mazarin quittât absolument la France. A l'entrée de M. le prince au
parlement, on disoit qu'un président au mortier fut n'osé que de luy dire qu'il
s'estonnoit fort comme quoy estant criminel de lèse majesté et les mains encore
teinctes du sang des gens du roy, il se presentoit neantmoins à la face du
parlement, par lequel il fut desadvoué, n'ayant charge d'advancer telles
parolles.
Montargis estoit la place d'armes de l'armée
de Mrs. les princes. Mr. de Nemours conduisoit l'avantgarde, Mr. le prince le
corps de bataille et Mr. de Beaufort l'arrièregarde ; lors de l'attaque des
Mazarins, près de Gien, les troupes de Plessis Belière se joignirent environ ce
mesme temps à l'armée du Mazarin.
Le roy fut mené
a Auxerre, en Bourgogne. Le 20 auuril 1652, il y eut assemblée générale à
l'hostel de ville, ou deux de tous les mestiers furent mandés et généralement
de tous les corps de la ville et mesme de toutes les maisons religieuses,
jusqu'aux pères Chartreux, furent pareillement mandés pour conclure l'union et
la rendre plus forte, puisque on i intéressoit ceux mesme qui ont renoncé aux
affaires du monde. Le résultat de ceste assemblée sy célèbre et extraordinaire
fut de deputter encore devers le roy pour le supplier de congédier le cardinal
Mazarin et donner la paix a tout son roiaume.
Pendant ce mesme
temps, Mr. de Tavannes[353] mit en route quelques huit cent cavaliers du
régiment de Seneterre qui se venoint joindre au Mazarin.
Le 30 auuril 1652, Mr. de Conti détacha de
son armée quatre cent maistres conduicts par Mr. de Chasteauneuf[354], qu'on disoit estre d'Auvergne, pour chasser
les garnisons de Bourdeille, Agounnac. Pour cest effect, le 1er jour de may
ayant appris que le régiment de S. Arbre estoit à S. Jus[355] (le lieu s'appelloit au Chadeul, bourg
proche de S. Jus) [cette parenthèse est en marge), les gardes de M. le prince, avec la cavalerie de Duras, s'avancèrent pour
investir le lieu ou ils estoint. Ce que voyans, les ennemis feirent quelque
descharge et tuèrent deux ou trois cavaliers de Duras et des gardes ; mais,
sachant que le pareage avancoit, ils aymèrent mieux se rendre prisonniers entre
les mains des cavaliers qu'attendre l'arriuuée des paisans du pareage qui
estoint au nombre de sept ou huict cent. On faisoit estât que le nombre des
prisonniers estoint de sept vingt et dix. On avoit ammené un canon de la ville
conduict par l'infanterie de la ville et une partie du pareage; les prisonniers
faicts au Chadeul furent conduicts au Chasteau L'Evesque et les principaux
officiers dans la ville. Il fut bruslé dans le bourg du Chadeul trois ou quatre
maisons pour obliger ses cavaliers à se rendre plustost. Le canon fut ramené
sans rien faire.
Le 9 may, Mr. le mareschal de la Force mourut
à Bergerac[356].
1652. Le 10 ou
11 may, Mrs. les princes, voyant que l'armée du Mazarin s'estoit avancée
jusqu'à S. Cloud, feirent faire sortie aux Parisiens, au nombre de 18 ou 20
mille hommes, et les repoussèrent jusqu'à S. Germain, avec resolution d'aller
chercher le roy audict lieu et le ramener à Paris.
Baltasar, le 15
ou 16 de may, enleva aussy quelque cartier du régiment de Folleville[357], lieutenant Du Plessis Belière, et feit 60
prisonniers. Mr. le vicomte de Ribérac estoit joinct avec Folleville qui gagna S. Astier[358]; néantmoins, dans ce rencontre proche de
Monclar, Chasteauneuf fut blessé à mort et de là estant traduict à Bergerac y
mourut deux ou trois jours après ; son régiment pareillement se dissippa
presque tout. Baltasar estant arriuué un peut tard pour combattre Folleville,
prit pourtant Mr. Dataux et Mr. de Laborie de la Gaubertie[359], gentilhomme, qui estoit de parti contraire
et auquel on brusla quelque forge. De la, Baltasar prit sa marche à Liurac[360] et au Bugue et menassa Limeuil, qui avoit
tué quelqu'un de ses capitaines et faict trois prisonniers avec leur chevaux.
Mr. le prince,
après avoir asseuré le passage du pont de S. Cloud, poussa jusqu'à S. Denis et
s'en rendit maistre après avoir coupé la gorge a quatre cents Suisses et sept
ou huict cent fantassins. Le 14 ou 15 de may 1652.
Seconde reddition du Chasteau de Lardimarie.
Le chasteau de
Lardimarie fut assiégé pour la seconde fois par Baltasar avec le pareage, et le
gros canon y fut mené le 25 may 1652. Après quelques heures de siège, la place
fut rendue et on mit dedans un capitaine de Condé, avec 40 soldats et quelque
dix du pareage, le canon n'ayant tiré.
Le 28 may 1652,
M. de Baltasar assiégea et prit S. Astier, n'y ayant perdu qu'un homme.
Il y eut quelques maisons bruslées à S. Astier.
Le lieu et
l'église furent entièrement pillés. La Luminade[361], de la famille des Pontets, voulut soustenir
dans le clocher, mais les pareages luy ayant tué quelques uns de ses soldats[362], il se rendit prisonnier de guerre, et fut
mené dans Périgueux et mis en prison. Quelques particuliers de la ville, a qui
il avoit enlevé du bestail, estoint irrités justement contre luy ; il fut
ammenné avec luy quelque 20 prisonniers.
Prise de Beausejour.
Le chasteau de
Beausejour[363], appartenant à Mr. le comte de Grignols, fut
aussy pris le mesme jour, mais Mr. de Baltasar n'en eut pas si bon marché, y
ayant perdu cinq ou six cavaliers et trente ou quarante de blessés. Ces deux
places furent emportées sans canon, les cavaliers ayant mis pied à terre.
Le 2 de juin
1652, arriuua en ceste ville Mr. Marsin et en partit le 6 pour se rendre au quartier de Baltasar, à
Beausejour, et de la à Bourdeaux, à raison de quelques troubles arriuués dans
Bourdeaux.
Le 6 de juin
1652, le chasteau d'Agonnac se rendit à un capitaine de Condé qui y estoit allé
avec sa compagnie et quelques gens de la ville. Le commandant s'appelloit
Faiolle, natif de S. Junien, nepveu d'un nommé Dupon, qui y commandoit
auparavant, natif aussy de S. Junien. Les prisonniers furent menés à Périgueux
au nombre de 25 ou 30, puis échangés avec d'aultres. Le chasteau d'Agonnac fut
ensuitte démoli par les parroisses voisines par ordre de Mr. de Chanlost.
Le 8 de juin
1652, le chasteau de Grignols fut investi et menassé de siège, et le bourg fut
pris a mesme temps et quelques maisons bruslées, mesmement celle de Monsarral,
autrement Engolbert[364], commandant dans le chasteau; le siège
continua prétendant miner le roch du chasteau pour l'emporter à la faveur de la
mine. Gravelines a este repris par les Espagnols au mois de may 1652.
Levement du siège d'Estampes par Mrs. les princes.
Sur la fin de may, les trouppes de Mazarin
allèrent attaquer l'armée des princes retirée dans Estampes, laquelle se
défendit très bien et en feirent demeurer sur la place dix ou douze cent, et
feirent aussy des prisonniers ; il y fut deffaict sept ou huict cent Poulonnois
qu'on avoit laissé entrer jusqu'au milieu de la ville. De plus, l'armée des
princes, ayant faict une rude sortie, en feirent demeurer sur la place quatre
ou cinq cent des troupes conduictes par le mareschal de Turene. Enfin, le siège
d'Estampes fut levé à raison de l'arriuuée du duc de Lorrainne et de ses
trouppes qu'on faisoit de neuf ou dix mille hommes; après quoy fut tenu conseil
de guerre entre les princes et fut résolu d'exterminer et poursuiuure le
Mazarin en quel lieu qu'il fut. Les deputtez du parlement arrivèrent en mesme
temps et fort mescontens de la reine. C'est pourquoy, pour rendre conte de leur
deputation, le parlement pria Mrs. les princes de venir prendre leur place au parlement.
Le roy et le Mazarin estoit à Melun, lors du levement du siège d'Estempes.
Victoire
de M. de Baltasar emportée sur Folleville et Montausier le 17 juin 1658. —
Prise de Montançois par Mr. de Baltasar.
Le 17 juin, M.
de Baltasar ayant appris que M. le comte de Grignols et Mr. d'Argence[365] attendoit a remettre leurs chasteaux a
raison du secours qui leur debvoit arriuuer le mesme jour que dessus, scavoir
Mr. de Montausier, gouverneur d'Angoumois, accompagné de Mr. Folleville,
mareschal de camp. Cela se confirma par l'arriuuée de leurs trouppes aux
plaines d'Asnesse[366] et vindrent jusqu'au bord de la rivière en
nombre de mille cavaliers ou environ et aultant de fantassins. Mr. de Baltasar
ne manqua d'advertir de ceste occasion de combat la ville et le pareage qui se
rendirent a mesme temps sur le bord de la rivière, laquelle ils bordèrent et
feirent quelques descharges sur les ennemis. Mr. Gaston[367], officier dans la cavalerie de Baltasar, et
Domluc, aussy officier, impatiens d'en venir aux mains avec les ennemis,
passèrent la rivière avec trois cent cavaliers ou estoint ceux de la ville,
mesmement le fils de Mr. de Fonpitou, quy fut blessé dans la meslée légèrement.
Baltasar, voiant qu'ils attiroint sur eux toute l'armée, détacha de son corps
deux cent cavaliers, puis, pour avoir part à la gloire du combat, il passa avec
tout le restant de la cavalerie. Ce qu'estant faict, toute l'infanterie ennemie
feit la descharge sur eux ; après quoy Baltasar donna si vigoureusement, qu'il
rompit entièrement toute ceste infanterie et attaqua ensuitte si vivement
Folleville et toute sa cavalerie qu'il la mit toute en route et joncha toute la
campagne de morts, s'y estant faict un estrange carnage sans que Baltasar
perdit 25 ou 30 hommes tués. Il regretta seulement M. Fagot, major de son
régiment[368] ; mais en revenche, Folleville fut blessé à
ce qu'on dict à la teste et à un bras, et M. de Montausier aussy blessé.
Il y fut faict
aussy des prisonniers, entre aultres le marquis de Montandre[369] et aultres gentilshommes d'Angoumois. Beaucoup
de prisonniers furent aussy faicts de l'infanterie, la plus grand part desquels
ayant quitté leur régiment d'Anguien, à la reddition de Sainctes, se reunirent à leur corps d'Anguien, d'aultres prindrent
aussy parti en nos trouppes. L'effroy fut si grand pour les
ennemis qu'ils furent poursuivis jusqu'à Bourdeille ou ils avoint creu trouver
retraicte. On estimoit le butin de ceste petite armée à plus de cent mille
escus. Le moulin de Mr. d'Argence et quelque grange fust bruslée pour l'obliger
à remettre son chasteau. Pour cest effect, on sortit la calebrune et Mussidan
de la ville, le 18 juin. Ce mesme jour, Mr. d'Argence a remis le chasteau de
Moutançais[370] à Mr. de Baltasar, sa personne et ceux qui
estoint dedans avant la desfaicte de Folleville a discrétion, et pour ceux qui
estoint dedans depuis l'arriuuée de Folleville, il fut arresté qu'ils
sortiroint, les gentilshommes et officiers, l'espée au costé et le pistolet à
la main, et les soldats, l'espée au costé, sans aultres armes. Après la
reddition de Montancois, le canon roula jusqu'à Grignols. Le fils de Mr. de
Fontanilles, appelle Mr. de La
Rigale[371], fut recogneu
parmi les prisonniers. Le vieux Mr. de Soufferte[372], père de Mr. d'Argence, fut remis dans le
chasteau contre le gré de son fils. De Rive fut aussy faict prisonnier de
guerre, s'estant trouvé dans le chasteau de Montancois, desquels Mr. de
Baltasar pretendoit bonne rançon.
Reddition de Grignols à Mr. le prince.
Le chasteau de Grignols s'est aussy rendu à
Mr. de Marsin, le 21 juin 1652. Mr. Marsin s'estoit rendu à Grignols depuis le
20 juin M. de Conti authorisa par sa présence la reddition aux mesmes
conditions le 21 juin 1652.
Arriuuée
de Mr. de Conti à Périgueux. — Le chasteau des Bories se rendit le 83 juin à
Mr. de Conti.
Le 21 juin 1652, Mr. le prince de Conti est
arriuué à Périgueux à 5 heures du soir[373]. Il a esté harangué du maire de la-ville qui
luy a porté les clefs de la ville, et ensuitte de tous les aultres corps de la
ville. Le 22 juin, Mr. des Bories[374], quoyque de contraire parti à Mrs. les
princes, vint offrir son chasteau et sa personne à Mr. de Conti, lequel le
traicta avec toute la bonté d'un prince, luy ayant confié la garde de sa
maison, à la charge qu'il le fairoit garder par quarante hommes de sa terre,
entretenus aux despens d'icelle, tellement que le régiment d'Anguien qui estoit
allé aux Bories et Mr. de La Rocque en deslogèrent le lendemain, sur la
promesse de Mr. des Bories de demeurer tousjours dans le service de Mr. le
prince.
Reddition de Bourdeille à Mr. le prince.
Mr. d'Esprueil, de la maison de Chabans des
Hommes[375], quitta aussy le chasteau de Bourdeille le
23 juin 1652 à Mr. de S. Aubin, capitaine dans le régiment de Condé de la
garnison de Périgueux.
Mr. de Mortemar[376], cadet de la maison de Miremont, offrit le
chasteau de Beauregard[377], ou il demeuroit, à Mr. Marsin et à Mr. Baltasar, leur faisant veoir qu'il avoit tousjours
demeuré dans le service de Mr. le prince.
Mr. de Conti s'en alla le jour de S. Jean
Baptiste de Périgueux.
Siège de Villeneufve.
1652.
Villeneufve d'Agenois fut assiégée sur la fin de juin 1652 par les troupes de
Mr. le comte d'Harcourt. Mr. de Teaubon estoit dedans pour Mr. le prince pour
deffendre la place, ce qu'il faisoit, faisant mesme des sorties et enlevant
quelques cavaliers tousjours[378].
Prise du chasteau de La Tourblanche.
Le 3 juillet 1652, fut ammené en ceste ville
quelque quinze ou seze prisonniers de la Tourblanche, lesquels furent enlevés
et pris par M. de S. Aubin, capitaine de Condé, qui estoit en garnison dans
Bourdeille. Le chasteau fut aussi pris; le capitaine, appelle S. Marie, se sauva[379].
Desordres dans Bourdeaux.
Pendant le mesme
temps, sur la fin de juin, dans Bourdeaux, quoyque ils feissent tous semblant
d'estre unis pour les intérêts de Mr. le prince, toutefois ils en vindrent aux
mains les uns contre les aultres, le quartier de S. Michel s'estant assemblé au
nombre de quatre ou cinq mille hommes, qui s'estoint mis sous les armes contre
ceux du Chapeau Rouge[380], lesquels voians
que l'audace de ces gens la avoit esté si grande que de se saisir de la maison
de ville et prendre du canon pour le poincter contre la maison de Mr. de Pichon[381], dans laquelle attaque pourtant ils
perdirent quelques uns des leurs. Puis de la, s'estant aprochés de la maison de
Mr. de La Roche[382], la bruslèrent,
nonobstant une aultre grande descharge que on feit sur eux. Mr. de Conti et
Madame la princesse feirent leurs efforts pour dissiper ceste troupe de mutins,
quoyque leur prétexte fut d'exterminer les Mazarins. Ayant faict une
procession, le S. Sacrement en main, tout le monde eut respect pour le Dieu de
la paix et de la guerre, et en se retirant, on faisoit tousjours quelque
descharge sur eux, ce qui les obligea de se retirer pour ce coup.
Desordres de Paris.
Le 1er de
juillet 1653, sur quelque lettre que le prevost des marchands de Paris avait
receu du roy, par laquelle le roy faisoit cognoistre qu'il désiroit faire son
entré dans Paris, et ensuilte le prevost des marchands estant allé trouver Sa
M. pour l’asseurer qu'il pourroit entrer dans Paris, de la façon qu'il
voudroit, ensuitte de quoy luy ayant donc dict qu'il y iroit et enjoignit au
susdict prevost de tenir les portes fermées le jour susdict premier de juillet.
Auquel jour, Mrs. les princes, se deffians tousjours des artifices du Mazarin,
résolurent de faire entrer leurs troupes dans les fauxbourgs de S. Marcel et de
S. Victor à deux fins, l'une pour conserver Paris dans leurs interests,
l'aultre pour dissiper les factions des Mazarins dans Paris. L'exécution de ce
dessein fust interrompue par les advis que donnèrent les Parisiens Mazarins et
le mareschal de l'Hospital entre aultres, tellement que le Mazarin envoia le
mareschal d'Hoquincourt conduisant l'avant garde, Mr. de S. Maigrin[383] y accourut avec la cavalerie. Cela ne se
peut faire que Mr. le prince n'en eut advis a mesme temps, lequel ne perdant
point temps et rentrant dans Paris pour exhorter les Parisiens de son parti à
le seconder dans ceste occasion dans laquelle il s'agissoit de recognoistre les
uurays serviteurs du roy et seus [corr. ceux de] de Mazarin parmy les aultres. Sa valeur et sa
générosité, suivie de celle de madamoiselle d'Orléans, laquelle arrachant les
clefs de toutes les portes au prevost des marchands, feit sortir quantité de
Parisien, au nombre de deux ou trois mille, lesquels, par le courage de Mr. le
prince et de Mr. de Beaufort, conservèrent les fauxbourgs de Paris et éludèrent
les desseins du Mazarin. Pour ce coup, la meslée fut rude, à ce poinct que on
faisoit le nombre des morts d'un costé ou d'aultre de deux ou trois mille. L'armée
du Mazarin estoit de beaucoup plus forte que celle des princes sans
l'assistance de Paris. Mr. de S. Maigrin, du costé du Mazarin, fut tué dans
cette meslée[384], et beaucoup d'aultres seigneurs d'un costé
et d'aultre.
Ensuitte de ce
combat, il s'en feit un aultre dans Paris sur le subject d'une assemblée à
l'hostel de ville, à laquelle s'estant rendus Mrs. les princes le 4 juillet
pour representer l'importance de l'union de tout Paris pour chasser le Mazarin.
Cependant le peuple, impatient soudain après la sortie des princes de l'hostel
de ville, demenda ceste union avec telle presse que laditte union n'estant
conclue asses promptement au gré de ce peuple, ils essaierent d'entrer dans
l'hostel de ville par force, et estans repoussés et chargés, le nombre s'en
estant augmenté par la résistance qu'on leur faisoit, la porte de l'hostel de
ville fut bruslée, et ensuitte quelque trentene des personnes de toutes
conditions, consr, prestres et bourgeois, furent massacrés et
traittes de Mazarins ; ce qui obligea le restant l'assemblée de conclure
l'union avec Mrs. les princes sur le champ et déclarer Mr. le duc d'Orléans
gouverneur de Paris et Mr. de Beaufort son lieutenant, Mr. de Brouxel prevost
des marchands en la place de l'aultre soubçonné de mazarinisme. Mademoiselle
d'Orléans ayant seeu le desordre, après avoir exhorté tous ceux de l'assemblée
de s'unir bien tous pour leur liberté et pour le bannissement du Mazarin,
pacifia tout, ayant faict évader Mr. de l'Hospital et le prevost des marchands.
Le régiment de Mommoranci passa ici le 15
juillet 1652.
M. Philipert de
Brandon, evesque de Périgueux, mourut à sa maison de Laureau le 13 juillet
1652. Son service fut faict le 30 juillet 1652, ou tous les corps furent
mandés. Mr. Lemoine, théologal[385], feit son oraison funèbre.
Prise de Langon par Mr. de Lusignan.
Le chasteau et ville de Langon[386], qui s'estoint détachés du parti de Mr. le
prince, furent emportés dans deux jours, le 12 et 13 juillet 1652, par M. de Lusignan, accompagné des troupes de Mr. le
prince. La Roche Baltasar commendoit dans la ditte place et dans le chasteau de
Budols[387], qui est aussi sur la rivière, qui fut aussy
pris et on y mit garnison aussy bien qu'a Langon.
Mort de Manchini, nepven du Mazarin.
Le roy partit de
S. Denis le 27 juillet 1652, ou il avoit retenu les deputtés qui l'estoint
allés remercier de ce qu'il avoit tesmoigné vouloir esloigner le Mazarin. Mr.
d'Orléans et Mr. le prince, ayant sceu le départ du roy pour Pontoise, M. le
prince s'en alla à S Denis pour obliger les deputtés de s'en revenir à Paris,
lesquels pourtant ne jugèrent a propos de partir ce jour 27 de juillet sur la
promesse que le roy leur avoit faict de leur rendre response asseurée touchant
le départ du Mazarin. Mais le lendemain Mr. de Nesmond estant revenu avec les
aultres deputtés il rendit raison de sa deputation, après quoy le 29 juillet le
parlement de Paris donna un arrest extraordinaire et terrible pour les
Mazarins, par lequel le roy fut déclaré prisonnier et Mr. d'Orléans fut déclaré
lieutenant général du roy et de l'estat, avec pouvoir depourveoir à tous
offices et bénéfices vacans, d'avoir un sceau. Mr. le prince fut déclaré
général des armées aussy de S. M. Ce mesme jour mourut le nepveu du Mazarin,
nommé Manchini, qui avoit esté pourveu desjà de la charge de Mr. de S. Maigrin.
Il mourut de ses blessures qu'il receut au combat rendu au fauxbourg S. Antoine[388].
Mrs. d'Elbœuf et
de Manican estans allé au secours de Chauni, petite ville dans laquelle ils
s'estoint jettes avec quelque cavalerie, furent pris prisonniers par le
lieutenant de l'archiduc, l'armée duquel estoint composée, tant cavalerie
qu'infanterie, de dix mille hommes ou environ. Le lieutenant de l'archiduc
s'appelloit Puensaldaigna. Ceste petite ville fut depuis reprise par les gens
du roy.
1652. Au
commencement d'aoust, Mr. de Rieux[389], cadet de Mr. d'Elbœuf, fut mis en prison
dans la Bastille par ordre de Mr. d'Orléans pour avoir eu dessein sur la
personne de Mr. le prince.
Mr. de Nemours,
prince de la maison de Scavoie, ayant eu demeslé avec Mr. de Beaufort, fut tué
par un coup de pistolet devant l'hostel de Vendosme par Mr. de Beaufort qu'il
estoit allé attaquer jusques devant son hostel. Ce prince généreux fut regretté
par toutte la cour et mesme particulièrement par Mr. le prince.
1652. Mr. de
Bouillon mourut aussi à Paris au commencement d'aoust de maladie.
Création des vicaires généraux.
Après la mort de
Mr. Brandon, evesque de Périgueux, furent créés vicaires généraux Mr. de
Beaufort, grand archidiacre, Mr. Dalesme[390] et Mr. Chalup, chanoines[391]. M. Dalesme fait l'office et dict la messe
dans S. Front, les deux chapitres estans assemblés à raison des désordres de la
guerre.
1655. Mr. de Monpouillan [392], de la maison de La Force, fut créé maire de
Bergerac au mois d'aoust 1652.
Mr. de Léger,
cadet de la maison de La Brangelie, fut créé premier jurat de Bourdeaux[393].
M. Marsin vint
pour une seconde fois à Périgueux pour les affaires de Mr. le prince, le 6
aoust 1652.
Mr. de Chanlost, voulant faire une imposition
de bled, argent et fourrage sur tout le plat pais, fut prié de la part de
beaucoup de bourgeois, qui s'unirent pour cela par un acte particulier signé de
plus de quatre ou cinq cent, de faire cesser ceste imposition; ce qu'ils
obtindrent affin de conserver l'amitié de la campagne pour le service du roy,
de Mr. le prince et la liberté de la ville et province.
1652. Le roy, voient que Paris estoit
constant aussi bien que le parlement dans le parti des princes, créa un aultre
parlement à Pontoise, composé de quinze ou seze conseillers, a la teste
desquels Mr. de Molé estoit en qualité de président. Ce que voiant, le
parlement de Paris donna des arrêts contre ce nouveau parlement pour éluder
tous les desseins du Mazarin.
Tout Paris fut en deuil à raison de la mort
de Mr. de Valois, fils à Mr. d'Orléans, deceddé à Paris aagé d'environ deux ans ; il mourut au commencement d'aoust.
Ici s'arrêtent les mémoires proprement dits, peut-être interrompus par la
mort, car il y avait encore bien des événements de la Fronde intéressants à raconter,
tels que la la prise de Périgueux en 1653. À la suite sont quelques pages
blanches sur lesquelles on a mis, à la fin du xviiie siècle, de
courtes notes de comptes, de prix de denrées et de payement de domestiques. On
trouve à la fin, écrites de la même main que les mémoires, les deux pages que
nous transcrivons.
Extraict de la natalice de mes enfans.
Le vingtiesme de
mars, trois heures après midy, le jour de S. Joachim, l'an 1640, ma femme s'accoucha pour la première fois d'une fille,
laquelle fut tenue a babtesme le cinquiesme aoust mesme année que dessus par
mon père, son parrein, et par ma tante d'Egliseneufve, tenant au lieu de
madamoiselle de Palisse, ma belle mère, laquelle estoit de la religion, et fut
appellée Judith Isabeau. Elle mourut le 4 décembre 1640.
1641.Le vingtiesme septembre, a
onze heures et demy de nuict, ma femme s'accoucha pour la seconde fois d'une fille, laquelle fut présentée à
babtesme à Mr. Palisse, mon beau frère, et à mademoiselle Françoise Mourcein,
femme en secondes nopces à mon père. Elle receut le susdict sacrement de
babtesme le 25 febuurier 1651 [les registres paroissiaux de Périgueux disent : 25
février 1642] par M.
Robert, vicaire.
1642.Ma femme s'accoucha pour la troisiesme fois d'un fils
le treziesme de novembre, jour de jeudy, et fut babtisé le 26 décembre 1645,
mon frère ayant esté son parrein, et marreine ma fille Françoise Bessot, au
lieu de madamoiselle de Souffron, tante de ma femme, Jaques fut son nom.
1644. Ma femme s'accoucha pour la quatriesme fois d'un fils,
le quatorziesme décembre, entre minuict et une heure, et fut babtisé le 26
décembre 1645. Mon père, son parrein, l'ayant tenu a babtesme avec madamoiselle
de Palisse, ma belle sœur, marreine ; Louis fut son nom.
1647. Le
treziesme febuurier, ma femme s'accoucha pour la cinquiesme fois d'un fils que je présente à Mr. Pierre Palisse, escolier, mon beau-frère,
et à madamoiselle de Laborie, ma sœur. Il nasquit un mercredy entre neuf et dix
du soir, et fut babtisé le 27 febvrier 1647 ; Pierre fut son nom.
1648. Ma f. . . .
foiz d'un fi. . .
heure après. . .
jeune des Palisse escolie[r]. . .
pour estre sa. . .
1650. Ma femm[e]. . .
le vingtiesme au. . .
et quatre après mi. . .
a babtesme par. .
.
son parrein et par. . .
femme en secondes nop[ces], . .
et fut babtisé le 24 au. . .
de s. Front. . .
1652. Le vingtiesme janv[ier]. . .
accouchée pour la huictiesme. . .
nasquit entre neuf et dix du so[ir]. . .
mille six cent cinquante et deux et. . .
et troisième janvier mille six cent cinq. . .
este son parrein Jacques Bessot, nostre. . .
[mar]reine madamoiselle de Charon, ma tante. . .
Joseph.
Cette page est en partie déchirée et la fin de toutes ces lignes manque.
Ph. Tamizey de
Larroque. P. huet. Cte
de saint-saud.
[1] Auch, grand in-8°, p. 34.
[2] Sur le père du chroniqueur, voir
plus loin, au bas d'une des premières pages du texte, une note spéciale, et
aussi la généalogie de la famille de Bessot imprimée à la fin du tirage à part.
[3] L'heureux père, non content de
mentionner toutes ces marques de sa fécondité en diverses pages de son livre de
raison, en a donné, à la fin du manuscrit, une liste récapitulative sous ce
titre : Extraict
de la natalice de mes enfans.
[4] Signalons, à cette occasion, la
transcription dans le livre journal de vers latins relatifs à l'exil et à la
misère de l'ancienne reine de France. Indiquons encore, au sujet de la mort de
Richelieu, deux petites pièces satiriques composées contre le grand homme
d'Etat. Plus loin, le narrateur a reproduit un malicieux quatrain contre Urbain
VIII et un enthousiaste sonnet sur le conseiller Broussel, l'homme alors le
plus, populaire de tout Paris et que l'on peut surnommer le La Fayette de la Fronde.
[5] Quelques-uns des événements relatés
par P. de Bessot se rattachent à l’histoire étrangère, tels que la révolution
du Portugal et la révolte de la Catalogne (1641), la mort du pape Urbain VIII
(1644), la révolte du royaume de Naples (1647), l'expédition du duc de Guise en
ce royaume (1648), la décapitation du roi d'Angleterre, Charles Ier (1650),
etc.
[6] Aux lecteurs qui se plaindraient
d'une certaine prodigalité dans les notes, je répondrais que la sagesse de nos
pères nous apprend que ce qui abonda ne v/c/o pas. Je répondrais encore que
la fécondité dans l'annotation est une vieille tradition française à laquelle
nous devons rester à jamais fidèles, comme nous le conseillait récemment, en
invoquant l'exemple et les paroles de Dayle, l'auteur d'un livre très
remarquable, M. Alfred Rébelliau (Bossuet, historien du
protestantisme, 1891, p.
XIII) : « bien que pour l'instant du moins, dit-il, l'érudition, et en
particulier l'érudition allemande, paraisse incliner vers une grande sobriété
d'annotation... » J'ajouterais enfin que, sur nos 400 notes environ, si
plusieurs sont de simples notes de rappel, la plupart des autres sont
nouvelles, en quelque sorte, soit qu'elles rectifient une erreur, soit qu'elles
complètent un renseignement déjà donné. Parmi ces autres, on distinguera surtout celles qui
en si grand nombre ont été tirées de documents qui n'avaient pas encore été mis
à contribution.
[7] Comme le manuscrit de la Bibliothèque nationale (Fonds français 14,429, in-4° de 62 pages) est
autographe, nous avons cru devoir conserver, sinon son impossible ponctuation,
du moins son accentuation. Nous avons aussi suivi l'ordre dans lequel se
succèdent les divers paragraphes, quoique cet ordre ne soit pas toujours
régulier au point de vue chronologique. Nous avons pensé que si l'on est
parfois autorisé à corriger une copie, on doit respectueusement s'abstenir de
toucher à la rédaction et même à l'orthographe d'un original.
Afin d'éviter des répétitions inutiles dans l'indication des sources pour
les notes qui sont en bas de pages, nous avons adopté les abréviations
suivantes :
A. D. I. — Archives départementales de la Dordogne : série C. Insinuations de la sénéchaussée
de Périgueux, non classées ni inventoriées.
A. M. P. - Archives municipales de Périgueux : série GG, registres des anciennes paroisses de la
ville.
C. C. — Histoire de
Périgueux par Joseph Chevalier de Cablanc, troisième volume : manuscrit inédit
à la Bibliothèque municipale de Périgueux.
F. P. — Fonds Périgord, ou collection Lespine : département des Manuscrits à la
Bibliothèque nationale.
Bib. nat. — Bibliothèque nationale, à Paris.
Arch. dép. — Archives départementales.
Moréri. — Grand dictionnaire historique par Louis Moréri. — Édition de 1709.
[8] Louis de Bessot, conseiller du roi
et contrôleur en l'Election de Périgueux, était fils de Etienne sieur de Loqueyzie
et de Catherine de Gentil. Il testa à Périgueux le 11 mai 1604,
instituant Jean-Jacques de Bessot, fils aîné de feu Pierre, l'auteur du Livre-Journal. (Archives
de M. A. de Lamothe). Il fut premier consul de Périgueux en 1637, il mourut en
1638.
[9] Anne de Charron était fille de
Pierre Charron, seigneur de Sencenac, trésorier de Catherine de Navarre,
duchesse de Bar, sœur d'Henri IV, et de Marguerite de Valbrune, sa deuxième
femme (F.
P. 128 Charron).
[10] Sencenac forme avec l'ancienne
paroisse de Puy-de-Fourche, une commune du canton de Brantôme. En 1579, noble
homme Pierre de Charron, habitant.Périgueux, acquit par échange la terre,
seigneurie et .juridiction de Sencenac, venant du domaine du roi de Navarre
comme comte de Périgord. (F. P.).
[11] « L'année 1628 fut très mauvaise.
La famine, la guerre et la peste envahissaient les provinces de France même
celle-ci, qui fut surchargée de tous les Limousins réduits à la fin qui furent
nourris avec la libéralité des gens de bien. Il s'y trouva plus de 6,000
pauvres auxquels on faisait l'aumône générale aux deux portes de la ville,
savoir, celle de Taillefert, entre les deux villes, et à celle du Pont (parties arrachées à la suite.) [F.
P. 50
f° 352].
[12] Jacques de Bessot, sieur de
Crespiat, avocat, puis prêtre. (A. M. P. — GG. 55, et testament de son père.)
[13] Jacques de Chalup, écuyer, sieur
d'Egliseneuve, conseiller et avocat du roi au présidial de Périgueux, fils de
Raymond, ecuyer, sieur de Fareyron, et de Marguerite Arnault de la Borie. Il
épousa Elisabeth (alias Isabeau) de Bessot, et était déjà
mort le 28 juin 1645, lors du mariage de son fils Bernard avec Marie de
Chapelle de Bastes. Il fut maire de Périgueux en 1604. (Armorial de d'Hozier,
reg. V; et A. D. I.).
[14] Egliseneuve-de-Vergt, commune du
canton de Vergt, était aussi désignée sous les noms de Egliseneuve du Souc, du
Sel, de Pissot. (Notes
de M. Villepelet).
[15] Jean de Simon, écuyer, sieur de
Saint-Paul (?) sieur de Queynat ou Seynal, épousa Marguerite Charron, sœur de
Mme de Bessot. Il testa le 18 mars 1649 et fut enterré à Saint-Paul Lizonne au
mois de juin suivant, étant âgé de 85 ans. Il fut père de Louis Simon, marié à
Louise du Burguet. (A. D. I. et reg. par. de Saint-Paul-Lizonne.
[16] Dans l'acte de baptême, Pierre
Bessot est dit : avocat au parlement ; le vicaire est dénommé : Pierre Charles,
probablement de la famille bourgeoise des Charles de Peyssard, (et non
Preissac) (A.
M. P. GG 42, folios 52, 53.)
[17] Depuis le mois de mai 1631 jusques au mois de novembre de
la dite année, Périgueux fut affligé d'une grande peste générale. (Notes de M. Villepelet d'après les
mss. de M. Lapeyre.)
Du 16 avril au 3 juin, sur 44 décès
enregistrés dans la seule paroisse de Saint-Front, 17 sont attribués à la
peste. (Note de M. Hardy.)
J.-B. Dartensec, dans son livre de raison publié par son descendant L. Peyroche
(Saint-Dizier, 1891, in-12°), dit qu'à la suite de la famine, il périt de la
peste deux mille personnes en trois mois.
[18] Les ouvrages à citer sur le siège
de La Rochelle sont presque innombrables. A côté du livre classique du P.
Arcère (Histoire
de la ville de La Rochelle, 1756-57, 2 vol. in-4°) on pourrait facilement indiquer des
centaines de relations. Voir la Bibliographie Bordelaise de Léopold Délayant qui, quoique
excellente, est loin d'être complète (1882, vol. grand in-8°, p. 211-290.) Nous
nous contenterons de signaler deux ouvrages de date récente, le premier
fournissant quelques détails nouveaux, le second résumant à merveille la
plupart des délails déjà connus : Lettres inédites de Philippe Fortin de la
Hoguette, publication
de la Société des Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis. La
Rochelle, 1888 grand in-8°; Le siège de La Rochelle par le vice amiral Jurien de la
Gravière. Paris, 1891, in-12°.
[19] Tous les mémoires du temps
s'occupent de la fameuse digue de La Rochelle. Voir notamment les Mémoires de
Bassompierre, de Fontenay-Mareuil, du cardinal de Richelieu, et ceux de Du
Plessis-Besançon dont la publication est toute récente (Paris, librairie
Renouard, 1892). L'éditeur de ces derniers mémoires, le comte Horric de
Beaucaire, a donné au tome XVIII des Archives historiques de la Saintonge et de
l'Aunis (1800),
une notice spéciale sur les travaux de l'ingénieur du-Plessis-Besançon devant
La Rochelle.
[20] Etienne Noyer, ou du Noyer, entra
dans la compagnie de Jésus le 21 mars 1615; il mourut à Poitiers en 1651. (Renseignement du R. P.
A. Denjoy, jésuite).
[21] Françoise de Mourcin était
peut-être fille de Jean Mourcin, sieur de Groulier,
élu pour le roi en Périgord, qui avait épousé Antoinette Valbousquet à la fin
du XVIe siècle (A.
M. P. — GG, 31.) ; ou bien de Jean de Mourcin, avocat, époux de Jeanne de
Lespine, décédé peu avant 1619 (Notes de M. D. de Boisville.)
[22] Anne de Bessot, née en novembre
1628, épousa en 1642 Pierre Chancel sieur de Laborie. (Voir plus loin.).
[23] L'université de Cahors avait alors
grande célébrité. Son histoire a été retracée (un peu incomplètement sur
quelques points) dans un ouvrage qui va être cité à la note suivante.
[24] D'après le Dictionnaire historique de L. Lalanne, Jean Lacoste dit
Janus a Costa, juriconsulte, né à Cahors vers 1560, serait mort le 13 août 1637
; mais d'après la Revue des Pyrénées (1891, p. 190), il vivait encore en
1638. On le suppose fils de Antoine Guibert de la Coste (de Costa), professeur
à la faculté de droit à Toulouse et conseiller au parlement de cette ville. On
trouvera divers renseignements sur Jean de Lacoste dans une note des Lettres inédites d'A.
Dadine d'Auteserre (Auch, 1876, p. 13), et deux lettres de lui (adressées à
Pierre Pithou, de Toulouse, en 1593 et en 1599) à la suite du Discours de la Vigne par François Roaldès (Bordeaux,
1886, p. 96-99.) Conférez l’Histoire du Quercy par Cathala-Coture, tome II, 1785,
p. 156-158 ; l'Histoire
de l'Université de Cahors, par MM. Baudel et Malinowski (Cahors, 1876, p. 119-121,
etc.)
[25] Daniel Guiny de Priézac, d'abord avocat au parlement de
Bordeaux, devint par la suite conseiller d'Etat. Il était fils de noble
Bertrand Guiny sieur de Priézac et de Suzanne de Stenay. Il épousa, le 22
juillet 1608, à Bordeaux, Marie du Bernet, fille de Salomon et de Jeanne
Disraël. (Renseignements
de M. de Boisvilic.)
Ajoutons que Priézac, né au château
de ce nom (Corrèze) en 1590, mourut à Paris en 1662, après avoir été, en sa
qualité de membre de l'Académie française, provisoirement immortel. On a de lui, entr'autres ouvrages,
des Discours
qui furent
imprimés à Bordeaux en 1621 (in-8°). A son fils, Salomon, appartient l’Histoire des Eléphants (Paris, 1650), bouquin peu commun.
Daniel de Priézac est le héros d'une des Historiettes de Tallemant des Réaux (la 327 eme édition, Paris, t. VI. p. 50-53.)
[26] Probablement François de Fonteneil (alias Fontaneil), avocat en parlement, bourgeois et citoyen de
Bordeaux en juillet 1602, puis, en août 1615, jurât de robe longue de celte
ville. Ou bien, Jacques de Fonteneil, aussi avocat, bourgeois et citoyen de
Bordeaux, puis, jurat de robe longue en 1642, qui était fils du précédent. Il
fit paraître, en 1651 l’Histoire des Mouvements
de Bordeaux, dont le
premier volume est seul connu : on croit que Mazarin arrêta l'impression du
second, à cause des Mazarinades qui y étaient contenues. (Renseignements de M. D.
Le Vacher de Boisvilic et Statistique de la Gironde.)
[27] Mathurin Lamothe-Fauvel, plus connu
sous ce dernier nom, mort avant 1663. Il fut reçu bourgeois de Bordeaux par ordonnance
des jurats du 14 août 1627 ; il avait épouse Jeanne de Pleu, demoiselle d'une
famille de robe du Bordelais. (Généal. ms. de la famille de Pieu, par M. D. Le
Vacher de Boisvilic.)
[28] Antoine d'Aguesseau, né en 1584, après avoir été conseiller
d'État, intendant de Picardie, fut premier président au parlement de Bordeaux.
Il mourut à Paris le 16 janvier 1645, ayant été marié trois fois, 1° avec Anne
Blondeau ; 2° avec Françoise Mareschal de Fontenay ; 3° en 1634, avec Anne de
Gives, veuve de François du Faure, chevalier, baron de Saint-Martial de
Valette, seigneur de La Roderie, Lussas, Augignac. (Généal. ms. des du
Faure, par de Saint-Saud.)
Catherine d'Aguesseau, sa fille,
fut enlevée, le 15 décembre 1648, « par certains personnages, en nombre de quarante ou cinquante, armez
d'espées, fusilz et pistoletz, par force et violence, » des bras de sa mère,
qui obtint que les ravisseurs fussent excommuniés par sentence de M. Amelote,
vicaire général de Périgueux. (Archives du marquis de La Garde.)
[29] Bessot commet là une double erreur : l'avocat général au
parlement se nommait Denis et n'occupait que la seconde charge. Denis de Mullet
était fils d'Arnaud, chevalier, président en la première chambre des enquêtes,
neveu de Romain de Mullet, procureur général, et frère de Lancelot de Mullet de
Volusan, abbé de Verteuil, curé d'Ambarès, ne résidant pas plus à l'un qu'à
l'autre, préconisé évêque de Sarlat en 1626, mais non sacré. Denis se démit de
ses fonctions en 1635 et mourut peu après. Il n'eut pas d'enfants de sa
première femme Jeanne de Gourgue ; de sa seconde, Marie de Bajaumont, il eut
Gabriel, mort conseiller au parlement en 1644.
C'est Denis qui ajouta un second L
au nom primitif de Mulet. En effet, un jour il intercepta un panier de pâtisseries
adressées au célèbre prédicateur jésuite Emond Auger ; ce dernier s'en vengea,
en exposant en chaire les raisons multiples qui avaient empêché Noé d'admettre
les mulets
dans l'arche. Le
nom de l'avocat général servit de texte à tant de plaisanteries, qu'il crut y
mettre fin en glissant un second L dans son nom; mais Emond ne se tint pas pour
battu, il lit une épigramme où on lisait que mulet ou mullet, animal ou poisson, ne pouvait être
que le nom d'une bête. (Le Parlement de Bordeaux, par Communay, et Un
curé d'Ambarès, par Hazera.)
[30] Jean de Pontac, chevalier, seigneur
de Montplaisir, fils de Jacques président aux enquêtes, et de Létice de
Nesmond, reçut, le 9 mars 1620, le brevet de l'office de procureur général au
parlement de Bordeaux ; il conserva cette charge jusqu'en 1643. Il fut enterré,
avec sa femme Jeanne de Pichon (fille de Jacques, trésorier général de France,
et d'Anne de Richard, dans la chapelle du couvent des religieuses de
Saint-Benoit qu'il avait fondé à Bordeaux. (A. Communay, déjà
cité.)
[31] Jean Olivier du Sault fut nommé, en
1607, premier (et non second) avocat général en remplacement de son frère
Charles, fonction qu'il résigna en 1657, à l'âge de 80 ans, en faveur de son
petit-fils Jean-Louis du Sault. Jean-Olivier était fils de Charles, seigneur de
Brie et Saint-Ciers en Saintonge, et d'Agnès de Godin, et frère de
Jean-Jacques, évêque de Dax, qui maria à Bordeaux Louis XIII avec Anne
d'Autriche. Jean-Olivier épousa Marie d'Alesme, fille de Gabriel, conseiller au
parlement de Bordeaux, d'une famille périgourdine. (A. Communay, déjà cité,
et Nob. de Guyenne, gén. du Sault.) Voir diverses autres indications,
les unes biographiques, les autres bibliographiques, dans une Note sur un recueil de
vers en l'honneur de J.-O. du Sault, à la suite d'Hercule d'Aiglemont (Bordeaux, Gounouilhou, 1890,
in-8°, p. 35-38.)
[32] François de Montozon, sieur de Roytz, conseiller au
présidial de Périgueux, était fils de Jean de Montozon , conseiller au même
siège, et de Marguerite du Chesne. Il épousa, le 18 mars 1638, Françoise
Gaultier, fille de M. Me Pierre, élu en l'Election de Périgueux, sieur de
Javerlhac, et de Marguerite de La Brousse. Le contrat fut passé au château de
Javerlhac et reçu par Desmoulins, notaire royal. (A. D. [.)
Peut-être est-il le même que
François de Montozon, avocat, époux, en 1625, de Jeanne Vigier, et premier
consul de Périgueux. (A. M. P., GG, 5, f° 68.)
[33] Pierre de Thinon, écuyer, sieur du
Petit-Chalout et de Fliac, conseiller du Roi, juge-mage et lieutenant-général
en la sénéchaussée et siège présidial de Périgueux. Il était fils de Jean de
Thinon et de Jeanne de Croizat. Il se
maria deux fois : 1° avec Catherine Houlier (alias Guillemine de Houlier): 2° avant
1617, avec Madeleine de Villedon. Il était beau-frère de M. d'Argenson,
ambassadeur à Venise ; il fit son testament par la main de Jean Thinon, élu à
Montignac-sur-Charente, au château de Montréal, le 12 avril 1652. Du premier
lit il eut : Marie, mariée en 1623 à Jean de Solminihac, écuyer, frère du
vénérable Alain. Du second mariage, il eut Madeleine, née en 1617, et filleule
de Madeleine de la Chastre, vicomtesse de Bourdeille et marquise d'Archiac,
puis Jean, baptisé le 12 janvier 1627. François du Chesne, vicomte de Montréal,
lui succéda comme lieutenant-général, parce qu'il avait épousé sa fille Anne,
dont une soeur, Charlotte de Thinon, s'allia à Charles d'Abzac, marquis de
Ladouze (A.
M. P. — GG, 43 et 47. — Biblioth. de Périgueux, Fonds Saint-Astier, testaments.
— Saint-Jean de Blagnac par L. Drouyn.)
[34] En 1245, la communauté du Puy-Saint-Front
, tant pour se créer une justice sur des domaines dont elle n'était que
propriétaire, que pour intéresser le roi de France à ses affaires, et ainsi
pouvoir mieux résister aux comtes de Périgord, céda la moitié de ses droits à
saint Louis : c'est là ce qu'on désigne sous le nom de pareage oa pariage. Cette seigneurie en paréage avec la
couronne de France s'étendait sur Chalagnac, Creyssensac, la Cropte, la Douze,
le Breuil, Egliseneuve du Sel, Marsaneix, Pissot, Saint-Laurent du Manoir,
Sainte-Marie de Chignac, Saint-Mayme, N. D. de Sanillac. — Dans la prise de possession du
comté de Périgord, en 1400, au nom du duc d'Orléans, il y a en plus :
Saint-Paul (en partie), Mortemar, Grun, Atur, mais il n'est pas question de
Pissot et de la Cropte.
[35] Creyssensac, ancienne paroisse,
qui, réunie à Pissot, forme une commune du canton de Vergt.
[36] Le Dictionnaire
topographique de la Dordogne indique quatre Nanteuil, dont aucun n'est dans le pareage; mais J.-D. Dartensec, dans son livre de raison, dit que le premier sergent fut
massacré à Nanteuil-de-Bourzac (canton actuel de Verteillac), puis la commune
s'éleva jusqu'à 50,000 hommes, chaque parroisse fit un capitaine et des
députés. »
[37] Jean de Jay, écuyer, seigneur d'Ataux, lieutenant
particulier au présidial de Périgueux après Jean du Chesne, qui décéda le 25
avril 1631 (A.
M. P. — GG, 52). Il
était fils de Bernard de Jay et d'Adriane du Lau. Il fut maire de Périgueux en
1631 et 1635. Il épousa le 10 août 1611 Calherine Blanquet de Ferrières, et
fut, ainsi que son frère Pierre, exempté de la taille en 1635, vu les lettres
d'anoblissement accordées à son père (F. P. 145). — Il naquit en 1591 et mourut en 1647
(Bulletin
de la Société archéologique du Périgord, 1882, p. 279 et 281.).
[38] François de Verthamon, marquis de Manœuvre, baron du Breau,
sieur de Vincy et de Vernois, était fils de François de Verthamon, sieur du
Breau, conseiller au parlement de Paris en 1588, et de Marie de Versoris. Il
fut successivement conseiller au même parlement le 17 août 1618, maître des
requêtes le 29 mai 1620, intendant de l'armée au siège de La Rochelle, puis de celle d'Italie et de celle de
Guyenne depuis 1630 jusqu'en 1638, conseiller d'Etat en 1643; il mourut en
octobre 1666 et il fut inhumé le 22 de ce mois dans l'église des Minimes de la
place Royale. Toutes ces précises indications sont tirées d'un recueil
manuscrit de la Bibliothèque nationale, conserve sous le n° 14,018 du fonds
français, et où l'on trouve, — nous sommes heureux d'en avertir MM. les
chercheurs, —
la biographie et
même la généalogie de tous les maîtres des requêtes jusqu'au XVIIe siècle, le
tout très exact et très détaillé.
Voir dans le Bulletin de notre Société diverses lettres
adressées par l'intendant Verthamon au chancelier Séguier à l'occasion des
troubles en Périgord (tome x, 1883, p. 384).
[39] Pierre de Gourgue, chevalier,
conseiller du roi et maistre d'hôtel de sa maison, baron de Roquecor, figure
comme parrain à Périgueux en 1628, avec la qualité de. président-trésorier
général de Guyenne (A. M. P. GG, 47). Il était fils d'Ogier, baron
de Vayres et de Finette d'Aspremont, et frère de Marc-Antoine de Gourgue,
premier président au parlement de Bordeaux, mort, dit-on, de chagrin d'avoir
entendu Louis XIII lui dire d'un ton courroucé en le saisissant par sa robe : «
A
genoux, petit homme, devant votre maître ! », quand il était venu lui faire à
La Rochelle des remontrances un peu fières. Pierre épousa Peyronne de Ferrand.
(Le Parlement
de Bordeaux, par Communay, et généalogie de Gourgue dans La Chesnaye Des Bois.)
[40] Le 19 juin 1635, il y eut une émeute à Périgueux.
Par suile de quelques soupçons mal fondés, une partie de la population s'était
soulevée contre le maire de la ville, Jean de Jay. Le maire étant parvenu à
s'échapper, la fureur des séditieux se tourna contre son secrétaire , Jean
Séguy « homme puissant et robuste», qui fut pris par la populace, tué et jeté
dans le puits du Coderc, Roy Mittard, dit Picaud, et Jean Peyrou, dit Coly,
étaient à la tête des factieux, avec un nommé Fialé. (Notes de. M. Villepelet,
d'après l’Histoire de Périgueux, par Chevalier de Cablanc.)
J.-B. Dartensec dit, dans son livre de raison : « le 20 juin 1635, jour de
mardi...., le sieur Dalaux, maire...., ayant voulu blâmer un artisan de porter
armes ….. son clerc, nommé Seguin
..... assommé à coups de haches.... »
[41]Jacques Bertin, avocat en la cour,
ecuyer, sieur de Saint-Martin, habitant de Périgueux, fils de François Bertin,
conseiller au parlement de Bordeaux, et de Lucrèce de Gravier. Il avait épousé
Marguerite Boucher, et est nommé dans le testament de son père du 22 octobre
1627. Il testa en 1662. (F. P. 121.)
[42] Hélie Alexandre, coseigneur de
Fonpitou, avocat, très proche parent, sinon le frère, de Pierre Alexandre,
sieur de Fonpitou, à la même époque, grand vicaire, dont il est parlé plus
loin. Fonpitou, ancien repaire noble dans Saint-Martial de Viveyrols, passa aux
Le Long par alliance. (A. D. I.) Hélie fut maire de Périgueux en 1635 et l636. (C. C.) Peut-être était-il fils de
Nicolas Alexandre, premier consul en 1092, marié à Marguerite de Chillaud.
[43] Plusieurs opinions ont été émises quant à l'origine de ce
mot. Selon d'Aubigné, il viendrait de ce que la première bande aurait pris les
armes au village du Croc, en Limousin.
Tarde, dans ses Chroniques,
dit la même chose. D'après notre plus
récent et notre meilleur dictionnaire, le Dictionnaire général de la langue française, par MM. A. Hatzfeld, A. Darmesteter et A. Thomas (p. 600) : « On appela Croquants les paysans de
Guyenne révoltés en 1594, parce que leur cri de ralliement était: Sus aux croquants, c'est-à-dire sus à
ceux qui croquent le peuple. Des révoltés de l594, le mot passa aux révoltés de
1637 Consultez dans le tome IV (1877) du Bulletin de notre Société
une étude de M. de Biran sur les Croquants,
leur soulèvement et leur soumission en
1636-1637, le siège et la prise de Bergerac.
Les croquants avaient à leur tête
de bons gentilshommes, tels que le marquis d'Aubeterre, Madaillan de la
Sauvetat, le vieux Constantin, le jeune Pineau, le nommé Cour…, l'ainé, de la paroisse de Neuvic (C. C. ; Archives
départementales de la Dordogne. R. 135; notes de M. Villepelet, d'après le
Cabinet historique de 1866). Chevalier de Cablanc raconte qu'après leur dispersion,
Madaillan s'en alla en Quercy où il se cacha, [Il finit par être exécuté], et
que le vieux Constantin vécut quelques années à Paris, déguisé chez un
saltimbanque, auquel il aydoit à débiter des drogues et à faire rire les gens,
quoyqu'il n'eust pas grande envie de rire. » Ce Madaillan pourrait bien n'être
pas un autre qu'un certain Marc de Madaillan, sieur de Grallet, qui habitait
près de Mussidan en 1624.
[44] II faut évidemment lire : à celle
de Taillefer,
comme le nom est
écrit plus bas. Il n'y a jamais eu à Périgueux de porte Tailletes.
[45] L'étang de Lavernide, non loin en
effet de Bordas, est situé dans la commune de Grun (canton de Vergt) et dépend
encore de la terre de la Pécoulie, qui appartenait jadis à la famille Chevalier de Saint-Mayme. (Renseignement du
marquis de Paysac.)
[46] Jean de Jay écuyer, seigneur d'Ataux,
dont il a été parlé plus haut. Chevalier de
Cablanc raconte qu'en 1637, M. d'Ataux, ne se trouvant pas en sûreté chez lui,
alla se réfugier, près de Saint-Astier, dans la maison de M. de Clermont
Labatut; mais il n'y fut pas plustost rendu qu'il fut investi par 8 à 10,000
paysans qui vinrent attaquer la place pour le prendre. Il fut remis entre leurs mainns sur la bonne foy de quelques qui estoient à la tête de cette
populace, et gardé prisonnier durant cinq semaines et cinq jours, pendant
lesquels sa maison fut pillée. » Puis 60,000 hommes s'assemblèrent à la
Vernide, (ce qui prouve qu'on ne sut jamais exactement le nombre des
croquants.)
[47] D'après la note qui précède, il faudrait lire Clermont : dans ce cas, il s'agirait de
Foucauld de Chaumont, écuyer, seigneur de Labatut, chanoine de Saint-Astier,
probablement fils de Antoine, chevalier de l'ordre, seigneur de Clermont et de
Labalut, et de Isabeau d'Aubusson ; ou bien de son frère Louis de Chaumont,
écuyer, seigneur de Clermont et coseigneur de Labatut, marié le 15 avril 1624 avec Louise de Pardaillan de la Mothe-Gondrin. (A. D. I.)
[48] Probablement Antoine du Puy,
écuyer, qualifié de sieur de la Motte de la Forest dans un acte de baptême de
1629 (A. M.
P. — GG, 6). Il était fils de François et de Marguerite
de Bayly. Il épousa le 12 février 1621 Jeanne d'Abzac de La Douze, fille de
Gabriel baron de La Douze et de Lastours, par sa femme Jeanne de Lastours.
Antoine avait un frère, Guillaume du Puy, qui se qualifiait aussi sieur de La
Forest. (F. P. 168, f° 5,
Taillefer). « Le chef
s'appelle M. de La Mothe de La Forest, homme d'âge, d'esprit et qui a quelques
pratiques dans les armes, dit le manifeste de 1636. C'était un gentilhomme des
environs de Périgueux, auquel les révoltés imposèrent le commandement en chef.
» (Bulletin
de la Société archéologique du Périgord, 1877, p. 329.) Il demeurait au Château-Barrière,
dans la Cité de Périgueux. [Livre de raison Dartensec.)
[49] André d'Alesme, écuyer, greffier
alternatif en l'Election de Périgueux dès 1633, eut de Catherine Brunet une
fille, Calherine, mariée en 1646 à Pierre de Monteil, conseiller au présidial. (A. D. I; A. M. P. — GG,
7.)
[50] Jean Vincenot (peut-être fils de
Géraud Vincenot, conseiller du roi en l'Election, et époux de Jeanne Dauriac
dès 1607) fut nommé receveur des tailles en l'Election de Périgueux par
provisions du 27 janvier 1623, charge qu'il occupait encore en 1662. Il épousa
Claire Albert, le 28 octobre 1625. Il était destiné à subir les rigueurs des
guerres civiles, car Chevalier de Cablanc raconte qu'à la suite de l'incendie
relaté ci-dessus, « le premier (Vincenot) se sauva à Cablan; et le dernier
(Salleton) là où il pust. » Quand il fit vérifier ses quittances au bureau des
Trésoriers de Guyenne en 1662 « dict aussy led. Vincenot que lors des dernières
guerres civiles en Guyenne ayant esté chassé de Périgueux, il auroit réffugié
tous ses plus précieux meubles et papiers aux religieuses de Nostre-Dame de la ville, et quelque temps
après, le sieur marquis de Chanlots, commendant dans lad. ville pour Monsieur
le Prince, et en haine de ce que led. Vincenot estoit au service du Roy, serait
allé aud. couvent accompaigné du sieur Doudon, maire de lad. ville, Fonlosse et
autres bourgeois, et par force et violence enlevé tous ses meubles et papiers.
» Un Hélie de Vincenot est aussi qualifié de receveur des tailles dans le
contrat de mariage (6 février 1644) de sa fille Sicarie avec Hélie Alexandre
sieur de Leybardie, conseiller au présidial. (D'après 1es A. D. I;
les A. M. P.- GG. 5, 37, 51, et les Archives départementales de la Gironde, C.
4,080.)
[51] Jean Salleton fut receveur des
tailles en l'Election de Périgueux, du 22 avril 1613 au 27 juin 1648; ses deux
fils Jacques et Pierre lui succédèrent dans sa charge. (Archives
départementales de la Gironde, C. 4,080) Jean se maria deux fois : 1° avec
Hélène du Bourg, 2° avec Marie de Jay. (A. M. P.- GG. 8, 43, 55.)
[52] « Chalepe, archer du viceséneschal,
ayant esté chargé de signifier dans les paroisses des ordres pour faire
juger.... », ou se révolta et on mit le feu à sa maison (1637). (C.
C.)
[53] Magot était ennemi juré de M. de la
Mothe (et non de M. d'Ataux, car le texte assez confus ferait croire
que c'est ce dernier qui fut tué). Il forma un parti de 5.000 croquants contre lui; mais le général, comprenant le
danger, le poursuivit dans la citadelle, et Magot, atteint de trois coups de
pistolet, fut achevé par les hallebardiers. (Bulletin delà Société
archéologique, 1877, p. 339.
[54] Bernard de Nogaret, duc de la Valette, puis d'Epernon, né
en 1592, mort en 1661. Comme lieutenant-général en Guyenne (où il ne se fit pas
aimer, il prit à Périgueux, en 1637, une ordonnance défendant à toutes
personnes, et particulièrement à ceux du pays de Périgord, de tenir des
discours séditieux et de l'aire « cry de gabelleur », sous peine d'être châtié.
Au mois d'octobre de la même année, il défendit de donner assistance et
retraite au marquis d'Aubeterre et à Madaillan, de la Sauvetat, sous peine
d'être puni comme fauteur et complice du crime de lèse-majesté. (Archives départementales
de la Dordogne, B. 135.)
Dans les Documents inédits
pour servir à l'histoire de l'Agenais (Agen, 1875,
in-8°, p. 229-232) a été publiée une curieuse lettre datée de Périgueux, le 13
juin 1637, que le duc écrivait à son père, où il raconte sa marche victorieuse
contre les croquants, successivement chassés par lui de la Sauvetat, d'Eymet,
de Bergerac. Consulter aussi :
La Prise de la ville de Bergerac et entière dissipation des
croquants par le duc de la Valette. — Paris, du bureau d'adresse, 1637, in-8°.
La Défaite des croquants
par M. le duc de la Vallette. — Paris, G. Petit, 1697, in-8° — (Bibl. nat. I.b. … 3,117, — 3,118.)
[55] La Sauvetat d'Eymet ou sur Dropt (canton de Duras,
arrondissement de Marmande, à 20 kil. de cette dernière ville).
Il ne faut pas confondre la
Sauvetat du Dropt avec la Sauvetat-Grasset, commanderie de Malte, de la commune
de Douville, canton de Villamblard, et proche de la forêt de Vergt. La Gazette, de France extraordinaire du 15 juin 1637
raconte que la Valetle y défit 2,000 croquants qui s'y étaient retranchés. (Notes de M.
Villepelet.) Voir Notice sur la ville et
juridiction de la Sauvetat de Caumont, aujourd'hui la Sauvetat-du-Dropt, par A. Aloy (Agen, 1880, grand
in-8°.)
[56] Sainte-Foy-la-Grande, chef-lieu de
canton de l'arrondissement de Libourne, séparé du département de la Dordogne
par la rivière. Ancienne sénéchaussée d'Agenais et diocèse d'Agen. Voir sur
Sainte-Foy une excellente notice dans ce livre d'or que l'on appelle la Guyenne militaire.
[57] Il pourrait s'agir d'Antoine de
Ribeyreix, écuyer, sieur de Larthige ou Lartiga, père d'une jeune fille nommée
Marthe, et qui, en 1626 et 1629, était capitaine du comté de Grignols. (Registres paroissiaux
de Bourrou.) Chevalier
de Cablanc le nomme en effet « le Turc Ribeyreys ». Il eut la tête
tranchée à Périgueux. (Notes de M. Villepelet.) J.-B. Dartensec dit qu'il était
gentilhomme.
[58] Pissot, ancienne paroisse, réunie
actuellement au spirituel et au temporel à Creyssensac (canton de Vergt),
faisait partie du paréage.
[59] La Lande est une maison de la
paroisse de Pissot, auprès de la grande route de Périgueux à Bergerac. (Cassini.)
[60] Le texte donne Verguint, mais c'est par un lapsus de
l'écrivain que les deux mots Verg et Vint ont été réunis en un seul mot. Il faut lire sans aucun doute
: dans le chasteau de Verg vint à Périgueux. Vergt est un canton de
l'arrondissement de Périgueux; le nom ancien est Vern et lui vient du ruisseau
de ce nom qui alimentait les douves de son château, silué à 300 mètres du
faubourg Sainte-Marie. (Note du marquis de Paysac.)
[61] La foret de Vergt ou Vern s'étendait dans les anciennes
paroisses d'Eglise-Neuve, le Breuilh, Sainte-Marie de Vergt, Pissot,
Creyssensac, Chalagnac. (Carte de Belleyme.) Cette forêt, que l'on a confondue
parfois à tort avec celle d'Edobola (la Double), avait été ouverte
avant l'époque franque, puisqu'elle avait été traversée par la voie romaine qui
allait de Périgueux à Cahors. (Notes de M. Villepelet.) Dans la forêt de Vergt, il y a
plusieurs trous, et l'un d'eux est nommé « lo cro dé Grellety », car la
tradition raconte que le chef des croquants y cachait le fruit de ses pillages.
(Renseignement
du marquis de Paysac.)
Henri de Bourdeille, gouverneur du
Périgord par une ordonnance datée d'Atur, le 30 janvier 1639, enjoignit aux
curés, officiers et syndics de courir sus à certains voleurs et perturbateurs
du repos public, qui prennent leur retraite ordinaire dans la forêt de Vergt;
et au vice-sénéchal et autres officiers de la maréchaussée de faire des courses
fréquentes pour se saisir des coupables, et de brûler et démolir les maisons de
leurs chefs. (Archives départementales
de la Dordogne, B. 135.)
[62] Pierre de Bessot, sieur de
Beauregard, épousa le 15 novembre 1038, par contrat portant filiation et reçu
Scauret, notaire royal, Isabeau de Palisse, damoiselle, fille de M. Me Géraud
de Palisse, sieur des Plantades, avocat, juge de la ville et juridiction de
Belves, et de Judith Duffaux, alias Dufeaulx. Le mariage devait être célébré en l'Eglise
catholique. Notre chroniqueur reçut la promesse de tous les biens paternels, la
future 8,000 livres de dot. Présents : MM. de Charron, seigneurs de Sencenat ;
noble Pierre de Lescure, sieur du Duc; Raymond Bessot, bourgeois deCadouin;
Louis de Bessot, sieur de Laqueyzie; J.-B. Dartensec ; Jean Duffaulx ; Pierre
de Montoursier, sieur de la Penaudine, et autres parents. (Archives de. M. A. de Lamothe.)
[63] Belves, canton de l'arrondissement
de Sarlat. L'archevêque de Bordeaux en était seigneur depuis l'achat qu'Arnaud
de Cantaloup, archevêque de cette ville, avait fait de celte seigneurie en
1307. (Chroniques
de Tarde.)
[64] Voir sur ce mot, que l'on écrivait
plus souvent amenances,
une assez longue
note du Livre
de raison de la famille de Fontainemarie. (Agen, 1889, p. 69.)
[65] Monsieur maître Jean de la Brousse, écuyer, sieur de
Brognac, vice-sénéchal, épousa Narde Vidal, dont il eut Léonard, baptisé le 4
juin 1028, et Françoise, mariée en 1640 avec Pierre Chancel, grand-père de
Lagrange-Chancel. (d’Hozier, gén. Chancel et Archives municipales
de Périgueux. – GG, 47)
Chevalier de Cablanc raconte qu'on mit aux
mains du vice-sénéchal « de Broignac .. un certain nombre de prisonniers ;
avisé qu'on devait l'attaquer, il quitta le grand chemin; mais « pas
plustost arriué dans la Papussonne qu'il se vit attaqué de toutes parts...,
percé de coups et renuersé.... Ses gens le croyant mort perdirent courage....,
abandonnèrent leur prisonnier (Pineau). »
[66] La Papussonne, hameau de la commune
de Marsaneix, à 2 kil. à l'Est d'Egliseneuve.
[67] A défaut de renseignements sur
Pineau le
jeune (car on
le trouve aussi désigné de la sorte), voici quelques détails sur son père : M.
Pineau venait de La Rochelle, lorsqu'il fut retenu comme pasteur de l'église
réformée de Bergerac, le 9 novembre 1597, avec M. Magendier. Il recevait 500
livres par an de traitement. En 1605, il assiste à l'assemblée et colloque des
églises de Périgord tenus à Eymet. En 1610, il demande son changement, parce
que on s'était plaint de sa voix sourde, qui ne portait pas assez loin, ce qui
lui fut accordé; il resta néanmoins à Bergerac, car, en 1617, il représenta son
église, avec le pasteur Meisonnier et Isaac de Madaillan, au synode tenu à
Eymet. (Renseignements
de M. G. Charrier, membre de la Société
archéologique.)
[68] Etienne Foullé , seigneur de Prunevaux (fils de Jacques
Foullé et de Marie Charon), grenier des présentations du parlement de Paris le
17 juin 1624, puis conseiller le 14 mai 1632, premier président de la Cour des
Aides de Guienne le 22 août 1633, maître des requêtes le 5 août 1636, honoraire
le dernier décembre 1656; intendant en Languedoc, à Limoges et à Moulins, puis
des finances, en 1660; mourut, en 1673, à Rennes, et fut-inhumé à
Saint-Paul, à Paris. Il avait épousé : 1° le 10 janvier 1633, Marie Parfait,
morte le 15 janvier 1645, fille de Guillaume Parfait, seigneur de Beauvais,
conseiller au parlement, et de Marie Le Gros; et 2° Marie-Madeleine de
Lespinay, morte le 10 décembre 1686, fille de Pierre de Lespinay, trésorier,
des menus-plaisirs du roi, et de Michelle Hac (La Chesnaye des Bois.)
M. Fray-Fournier, ancien archiviste de la Haute-Vienne, dans
l'introduction de la série C de l'Inventaire
sommaire, dit qu'on ne sait rien de précis sur cet
intendant, qui se nommerait aussi bien Faullé que Foullé, et se demande s'il
est le même que l'intendant de ce nom, à Monlauban , en 1638, et maître des
requêtes au Conseil d'Etat, en 1660. En tout cas, il laissa à Limoges une
fâcheuse réputation. A peine arrivé dans celle ville, en 1649, accompagné du
financier Martin Tabouret, il rassembla des compagnies de soldats et d'archers,
rançonna les paroisses du Bas-Limousin et de la Basse-Marche, retint les
notables en otages. Le parlement de Bordeaux, le 18 mars 1650, dut casser ses
jugements et ordonnances.
Le nom de l'intendant est
incontestablement Foulé, comme on le voit dans le journal officiel d'alors, la Gazette du 3 février 1635 (p. 561 : « De
Lybourne, près de Fronsac, le 25 janvier. Le 17 du courant, le sieur Foulé,
premier président en la Cour des Aides d'Agen, accompagné des autres présidens
et de plusieurs conseillers de la même cour, la transféra en cette ville, où il
en a fait l'establissement, suivant la déclaration du roy du mois d'aoust
dernier. »
[69] Sur le château de Plassac (Charente-Inférieure), voir, dans
le bel ouvrage publié par le possesseur actuel, M. le marquis de Dampierre,
sous le titre de : Monographie du château de Plassac, en Saintonge,
le volume
spécialement consacre aux ducs d'Epernon considérés comme seigneurs du dit
château (La Rochelle, 1890, grand in-8°). On trouvera là tous les
renseignements désirables sur le séjour à Plassac du premier duc d'Epernon.
[70] On conserve, dans la bibliothèque
du Ministère de l'Intérieur, diverses pièces imprimées, relatives à l'affaire
de Fontarabie, notamment une apologie du duc de La Valette, où toute la
responsabilité du désastre est rejetée sur le prince de Condé. Ces pièces
doivent être d'une très grande rareté, car on ne les voit pas figurer dans le
Catalogue de la Bibliothèque nationale (Histoire de France).
[71] Henri de Bourbon, IIe du nom,
prince de Condé, premier prince du sang, pair et grand-maître de France, duc
d'Enghien, né le 1er septembre 1588, mourut le 26 décembre 1646. Il avait épousé, le 3 mars 1609, Charlotte-Marguerite de Montmorency ; il fut père du grand
Condé. (Moréri.)
[72] Peut-être Jacques Jonjay, sieur du
Chàtenet, deuxième consul de Périgueux, en 1617,
1618, 1636, marié avant 1600 à Jeanne Rey, ou son fils Jean,
avocat, né en 1600, marié vers 1623 à Jeanne Alcanon. Il y a quelques
années, un vieillard a fait le récit suivant au marquis du Mas-Paysac, de qui
M. Villepelet (qui nous l’a communiqué) le tient, et qui prouve combien les traditions orales sont chose respectable : Grellety
perdit un procès contre un M. de Jonjay, seigneur de Boiras et citoyen de
Périgueux. Voulant se venger, il se rendit dans le voisinage de Boiras (à 3 kilomètres de Vergt), tua un paysan
et trouva moyen de faire accuser du crime M. Jonjay, qui ne fut acquitté que
parce que un faux témoin soutenait l'avoir reconnu au clair de la lune et que
le lieutenant criminel, ayant ouvert un almanach, découvrit qu'à cette date
elle était nouvelle. Mais Grellety poursuivit sa vengeance et finit par faire
assassiner M. Jonjay Les Jonjay étaient destinés à périr de mort violente.
L'abbé Michel Jonjay (peut-être le Michel, fils de Jean ci-dessus, et baptisé
en septembre 1621), cure de Montrem, chanoine des deux
chapitres, magistrat au présidial, fut assassiné dans sa métairie de la Grange
(paroisse de la Cité), le 8 août 1651. (A. M. P. — GG,32, 46, 116, et notes de M. Villepelet.)
[73] Eymeric de Meredieu, sieur d'Ambois
et de La Gouderie, chanoine de Périgueux, était fils de Jean, conseiller au
présidial de celte ville, et de Jeanne Simon; il avait un frère plus jeune,
Hélie, qui fut chanoine également. (Archives de Montvert.) Il mourut en odeur de sainteté et
fut enterré à la Mission, le 20 octobre 1623. (A. M. P., Livre vert, f°231 et GG,60.)
[74] Henri de Champagnac, écuyer, sieur
du Mas, viguier de Valeuil, fils de Jean, écuyer, conseiller du roi et lieutenant particulier, assesseur criminel au présidial de Périgueux,
et de Marie de Lambert, il succéda à son père dans ses offices. Il épousa Antoinette du Chesne et testa le 10 octobre 1677. (A. D., minutes Paillet, et Bibliothèque nat.,
carrés de d'Hozier, vol. 165).
[75] François Tourtel, sieur de
Chassenac, conseiller du roi au présidial de Périgueux, maire ce cette ville ;
il avait épousé Marguerite de Chalup, sans nul doute fille de Jacques
(ci-dessus) et de Isabeau de Bessot. Il était fils de Jean, sieur de Chassenac,
conseiller et maire de Périgueux, et d'Armoyse de La Porte. Il fut père
dIsabeau, née en 1644, et de Jean, sieur de Chassenac, aussi conseiller, marié
à Marie du Doignon. (A. M. P.— GG, 6 et 31, et Notes de M. l’abbé
Brugière).
[76] Henri de Bourdeille, chevalier des
ordres du roi, sénéchal de Périgord, etc., était fils d'André et de Jacquette
de Montberon, et époux de Madeleine de La Chastre; il mourut en 1641. Voir sur
ses rencontres avec les croquants en 1594 1e Bulletin, t. VIII, p. 457, de notre Société.
[77] Probablement Hélie de Jehan, écuyer, seigneur de Varboulet (aliàs Valboulet), qui est qualifié de
vice-sénechal dans son contrat de mariage passé, le 22 mai 1642, avec Jeanne de
Chatard, fille de Monsieur maître Cosme, sieur de Puyboissier, et de Jeanne du
Theuilh. Helie était fils de Jean, écuyer, sieur de Borie-Porte, et de Marie
d'Arlot (A.
D. I.) – Dans un mémoire de famille (Arch. de M. de Livron),
il est dit :
sieur de Preissac et marié en premières noces à une demoiselle de Simon. Son
fils Charles fut maire de Périgueux et également vice-sénéchal.
Hélie et son frère Jean de Jehan,
écuyer, seigneur de Borie-Porte et La Rochejaubert, prirent toujours le parti
du roi lors des guerres de la Fronde, aussi leur château et une maison sise rue
de l'Eguillerie, a Périgueux, furent pillés par les frondeurs. Leur mère, Marie
d'Arlot, voulut en vain sauver les archives de la famille : elle offrit mille
livres, qu'elle se proposait d'emprunter, pour les racheter du pillage; son
offre fut refusée. Ils furent brûlés, sauf les plus importants, qui étaient
dans une boîte de fer blanc qu'un soldat emporta. Les soldats de la compagnie
d'Aubeterre, logés dans la maison susdite, y mirent ensuite le feu et la dame
de Valboulet faillit périr. Après avoir été fouettée, elle allait être jetée
dans les flammes, quand quelques braves femmes du quartier obtinrent de cette
soldatesque que Marie d'Arlot ne fut plus inquiétée. (Mémoire ci-dessus et
communication de M. de Froidefond.)
[78] Atur, commune du canton de
Saint-Pierre-de-Chignac : ancienne paroisse du pariage.
[79] François-Sicaire de Bourdeille, appelé le marquis de
Bourdeille, après la mort de son père, Henri, en 1641, fut nommé lieutenant
général en septembre 1650, puis chargé, un an après, de lever quatre régiments
de cavalerie, deux d'infanterie, en prenant, pour acheter des armes, les fonds
des tailles du Périgord, depuis 1647. La retraite de Condé dans son
gouvernement de Guyenne, renversa sa fortune, en ce qu'il ne s'attacha à aucun
parti; il aurait même refusé le titre de duc et la pairie plutôt que de
l'arrêter à son passage à Périgueux. Le sieur Vincenot et le conseiller
d'Andrault, l'un receveur des tailles, l'aulre placé comme intendant à
Périgueux lui auraient cependant donné la main.
Il mourut à Paris, le 8 mai 11572,
sans alliance. Le marquis de Laurière lui succéda comme sénéchal de Périgord. (F. P. 124, /> 142.)
[80] André de Talleyrand, comte de Grignols, baron de Beauville,
seigneur de Saint-Léon, Beauséjour, etc., (fils cadet de Daniel, prince de
Chalais, et de Françoise de Monluc), épousa, par contrat du 3 décembre 1639,
Marie de Courbon, fille de Jacques, seigneur de Roumegoux et de Marie de Tison.
Il testa le 30 avril 1003.
Il fut colonel d'un régiment
d'infanterie de 20 compagnies, en 1640, et fut grièvement blessé lors du siège
et de la prise de Grignols et Beauséjour, par Baltazar. (Note de M. de Gérard).
[81] Henri de Gentil, écuyer,
seigneur de La Vallade et de Croignac, épousa, le 14 octobre 1633 (alias 1635)
Marguerite d’Alloigny, fille de François, chevalier, seigneur du Puy-Saint-Astier, et de Charlotte de
La Porte.
Il était fils de Martial, capitaine
du château de Bourdeilles, et de Marguerite de Perrolt (alias Fériol,
Chérin).(P. Anselme, gén. Alloigny, et Nadaud, Nob. du Limousin.)
[82] Bertrand de Chillaud, écuyer,
seigneur de La Chapelle-Gonaguet et des Fieux, conseiller du roi, maire en 1614
et en 1639, vice-sénéchal en 1616-1618. Il épousa, le 5 novembre 1613, Isabeau de Fayolle, fille de Philippe,
écuyer, seigneur de Fayolle, et de Catherine de Taillefer. Il était fils de
Jean écuyer vice-sénéchal, et de Paule de La Porte. (D'Hozier, Armorial de
France, registre I; et Liste des maires de Périgueux, par A. de Froidefond.)
[83] « Pierre Grelety, habitant du village du Castaudour (?),
paroisse de Saint-Mayme, tirant vers la forest de Vern, estoit laboureur de son
premier mestier. » Ayant vu un officier tirer un coup de pistolet sur son père
dans une bagarre a Saint-Mayme, il lui déchargea son fusil. Sur ces
entrefaites, le sieur Jonjay fut tué, et, comme ils étaient ennemis (voir
ci-dessus la note de la page 91), on l'accusa de ce crime ; il fut condamné à
mort par contumace ; c'est ce qui le lança dans le parti des croquants. (CC.)
Il ne fut pas roué, mais gracié après la pacification ; une fois pardonné,
il fut conduit a l'armée d'Italie, où il mourut comme gouverneur du château de
Verceil. (Notes de M. Villepelet,
d'après Chevalier de Cablanc.)
Bessot dit du reste, plus loin, qu'ils étaient deux Grellety et qu'ils
furent graciés.
[84] François de Jussac d'Ambleville,
seigneur de Saint-Preuil, fils de François et d'Isabelle de Bourdeille, fit
prisonnier le duc de Montmorency à Castelnaudary. Sur son arrestation, son
jugement et son exécution (9 novembre), voir les Mémoires de Jacques de Chastenet, seigneur
de Puysegur (édition de la Société bibliographique, tome II, 1883, p. 3).
Puysegur donne à son compagnon d'armes cet éloge, que confirment d'autres
contemporains : « C'était un des plus braves et des plus hardis hommes qui
aient été en France depuis plusieurs siècles, et l'un des plus libéraux et des
plus généreux.» L'éditeur des Mémoires, qui cite, sur l'affaire de
Saint-Preuil, les historiens de Louis XIII, Le
Vassor, le P. Griffet, aurait pu citer encore les Mémoires de Bussy-Rabutin et les Historiettes de Tallemant des Réaux.
[85] Pierre Grant du Pouzet, écuyer,
seigneur de Tenteillac, était fils de Pierre, écuyer, seigneur de Teillac et
Tenteillac ; il naquit à la fin du XVe siècle et mourut à Tenteillac, près de
La Tour-Blanche, avant 1653. Ce fut un brillant officier, il commanda le
régiment de Bourdeille et fut blessé au siège de La Force, en 1622, où il
accomplit des actions d'éclat. De son mariage avec Olive Ruffler, contracté à
Cognac le 5 février 1624, il laissa deux fils : François, qui servit avec zèle
la cause du roi pendant la Fronde, et Henri. (Notice sur Grant du
Pouzet, par Dujarric-Descombes.) C'est le 22 janvier 1640 qu'il reçut du comte de Bourdeille
une commission, pour commander une troupe destinée à courir sus aux croquants. (Note de M. F. de Bcllussière.)
[86] Voir la note Chalup au
commencement. Isabeau de Bessot, femme de Jacques de Chalup, écuyer, seigneur
d'Eglise-Neuve.
[87] On a écrit, après coup, au-dessus
de ce mol, « peu » pour pu. Nous connaissons cependant des exemples de catholiques
parrains d'enfants protestants et vice versa.
[88] Charles d'Escoubleau, marquis de
Sourdis et d'Alluye fils de François et de Jeanne Babou, frère du célèbre
cardinal-archevêque de Bordeaux, fut maréchal de camp, conseiller d'Etat, etc..
Il mourut à Paris, le 21 décembre 1666 : il avait épousé Jeanne de Monluc,
princesse de Chabanais (La Chesnaye des Bois.)
[89] Monsieur maître Pierre Bourdier,
sieur de Beaumont, conseiller du roi au présidial de Périgueux, fils de Michel,
écuyer (?) sieur de Beaumont, d'Aixe, coseigneur de Saint-Pardoux-la-Rivière,
et de Marguerite Girard, épousa, le 18 novembre 1620, Marguerite de Grenier, il
testa le 18 octobre 1642. Leur fils Jean Bourdier, sieur de Beaumont, épousa
Thérèse-Jeanne Videau, en 1643. (Archives départementales de la Gironde, B.
1501; arrêts du Parlement de 1768.)
[90] Peut-être Jean-Baptiste Chancel,
conseiller au présidial de Périgueux, en 1623, et époux d'Anne de Gravier. (A. D. I.) Par vengeance, sans nul doute,
Grellety fit périr, en 1642, dans une attaque, le sieur Chancel de La
Veyssonnie, fils du maire de Périgueux Jean-Baptiste Chancel. (C. C.)
[91] Les Augustins furent établis à
Périgueux, on 1615 sur l'emplacement de l'ancienne prison, par M. de Tricard,
vicaire-general. (Note
sur Saint-Front, par le chanoine. René Bernard.)
[92] Henri de Bourdeille, marquis
d'Archiac, baron de La Tourblanche, n'est qualifié que de chevalier de l'ordre dans son acte d'enterrement a
Agonac le 14 mars ltiil. (Etat civil d'Agonac.)
[93] Chalepe (peut-être se nommait-il
Pierre et était-il né en 1603, (A. M. P., GG, 148), commandait 200 paysans du pariage,
sous Chanlost ; un de ses fils servait avec lui. fl fut tué, à la prise de
Périgueux, au coin de la maisou du sieur Dupuy et fut enterré, le 17 septembre
1J53, à Saint-Silain. (Bibliothèque de Périgueux, mss. Lapeyre XIII,
et A. M. P. - GG, 60.)
[94] Les Pénitents bleus, établis en
1585, se réunissaient dans la chapelle neuve de Saint-Front aujourd'hui
détruite. Il y avait aussi à Périgueux les Pénitents blancs et les Pénitents
noirs. (Notes
de M. le chanoine René Bernard sur Saint-Front.) Quant au nom de Margeot, nous le
trouvons, dans les registres paroissiaux de Périgueux, toujours suivi de la
profession de pelletier.
[95] MM. Pierre Alexandre de Fonpitou et
Jean Martin, conseillers, désireux de doter Périgueux d'un couvent de l'ordre
de la Visitation, sollicitèrent de la maison de Guéret l'envoi de quelques
religieuses. La Mère de La Grave, interrogée, dit qu'elle y viendrait avec
toute sa communauté. Le départ de Guéret ne fut pas sans y soulever quelque
opposition. Les bonnes soeurs, grâce à 4 charriots et une litière venus
d'Auvergne, se mirent en route et, après un séjour d'une semaine à Bourdeilles,
arrivèrent à Château-l'Evêque, puis à Périgueux où elles furent logées d'abord
à l'évêché, ensuite chez les Bénédictines. Le 24 mars, jour des Rameaux de
1641, fut choisi pour la solennité de leur établissement dans leur monastère. (La Visitation à
Périgueux, avant 1789, par C. Condaminas, membre de la Société historique et
archéologique du Périgord.)
[96] Yrieix de La Bermondie, écuyer,
sieur de La Salvagie (nous ignorons son ascendance et s'il a été marié). Il
demeurait à la Férilie, paroisse de Fanlac, et vendit, le 2 octobre 1610, à
Françoise-Gasparde de La Grave, supérieure de la Visitation de Gueret, et à la
Mère Chariel, assistante, « deux maisons et trois jardins, au dit lieu de la
Salvagie situé dans la Cité », pour 5,000 livres. (La Visitation à
Périgueux, etc.) Une
transaction qui se trouve aux Archives départementales de fa Dordogne, nous
fait supposer qu'il pourrait être fils de Jean, vicomte d'Auberoche, chevalier
de l'ordre, et de Françoise de Merle. M. de La Bermondie, eu 1625, avait fondé,
à Fanlac, un monastère de Bénédictines. (Monographie de Saint-Front, par l'abbé Carles).
Elles vinrent à
Périgueux dans sa maison, vers 1647. (CC.)
[97] La cérémonie fut présidée au nom de
l'évêque par M. Jean Martin, le membre du conseil de ville et du présidial de
Périgueux, qui avait été l'un des premiers promoteurs de la fondation. Il était
entré dans l'état ecclésiastique après la mort de sa femme, et venait d'être
ordonné prêtre, puis nommé père spirituel de la communauté. Il disait ce
jour-là sa première messe. (La
Visitation à Périgueux, déjà citée.) Il devait être de la famille,- à moins que ce
ne soit lui-même, — de Jean Martin, conseiller du roi au présidial de
Périgueux, maire de cette ville en 1617, marié à Jeanne de Penaud, et parent de
Mgr Martin, évêque de Périgueux. On trouve bien en 1639 un Jean Martin,
conseiller au présidial, époux de Guillemette Roy, mais deux ans semblent
courts pour enterrer sa femme, la pleurer et franchir les degrés canoniques
conduisant à la prêtrise.
[98] Louis de Bourbon IIe du nom, prince
de Condé, né en 1621, mort en 1686, marié en 1611 avec Claire-Clémence de
Maillé, duchesse de Fronsac, par sa mère sœur du cardinal Richelieu.
[99] Il y a erreur de la part de notre
auteur. Par contrat du 20 mars 1651, le duché d'Albret fut cédé à
Frédéric-Maurice de la Tour d'Auvergne, duc de Bouillon, vicomte de Turenne, en
échange de la principauté de Sedan. Les lettres d'érection en duché pairie
furent expédiées à Saumur en février 1652, puis confirmées en août 1662 en
faveur de Godefroy-Maurice, fils du précédent (Père Anselme. : Albret). A cette époque, le duché d'Albret
s'étendait bien au-delà de l'ancienne sirerie de ce nom. Il comprenait une
partie du Bordelais avec la sénéchaussée de Castelmoron, dans
l'Entre-deux-mers, et sa châtellenie de Puynormand descendait jusque sur les
bords de l’Ille, à St-Médard- de-Guizières. (Histoire de Libourne,
par Guinodie, III, 240.)
[100] Charles de Schomberg, marquis
d'Espinay, comte de Nantueil, chevalier des ordres, colonel général des
Suisses, mourut sans enfants à Paris le 0 juin 1056. Il avait épousé : 1° Anne,
duchesse d'Halwin, en 1621; 2° en 1616, une Périgourdine, Marie d'Hautefort,
dame d'atours de la reine, fille de Charles, marquis d'Hautefort. (Père Anselme et
Moréri.)
[101] Pierre d'Abzac de La Douze, écuyer,
seigneur de Reilhat, fils de Gabriel et d'Antoinette Bernard de Vieilleville,
épousa le 2 décembre 1612 Marie de Jay, veuve de Denis de la Porte, juge
criminel de la sénéchaussée de Périgueux, fille de Bernard et d'Adrianne du
Lau. (F. P. 116; et d’Hozier,
reg. III.)
[102] Jean de Bodin, fils de Pierre,
avocat et capitaine de 200 volontaires au siège de Bergerac, et dIsabeau de
Pindray; il mourut sans postérité en 1643, laissant sa charge de procureur du
roi au présidial de Périgueux à son frère Joseph, écuyer, seigneur de
Saint-Laurent du Manoir, la Roudetie, etc., dont la conduite remarquable pendant la Fronde, et la grande part qu'il
prit, à remettre Périgueux sous l'obéissance du roi en 1653, lui méritèrent des
lettres d'anoblissement qui lui furent octroyées l'année suivante. (Archives de M. Déodat
de Bodin de Saint-Laurent.)
[103] Jean du Cluzel, avocat, fut nommé
en 1611 syndic de la ville pour cinq ans, peut-être en remplacement de Grimaud
Bouchillou, nommé en 1624 (C. C). Il testa le 12 novembre 1657 ? nommant sa femme Marie
Bodin, sœur du procureur du roi, Joseph. (A. D. I.) Il eut comme enfant Pascal, né en
1641 (A. M.
P. — GG, 54), Jean
et Marie.
[104] Jean de Jay, écuyer, seigneur
d'Alaux, avait trois fils : 1° Bernard, écuyer, sieur de Ferrières, conseiller du roi,
lieutenant particulier, civil et criminel, marié le 22 décembre 1640 avec Marie
de la Mothe, fille de Pierre, avocat, juge de la Tour-Blanche, et de Blaise
Varailhon, et remarié en secondes noces à Sicarie de Vincenot le 19 août 1658 ;
2° Jacques, écuyer, sieur de Saint-Germain, marié le 12 juillet 1658 à Marthe
de Lestrade de Floirac; 3° Pierre, abbé de Tourtoirac. (F. P.
145.)
[105] Arnaud Audouin, époux de Catherine
Reymond, et l'un des huit prud'hommes en 1642. (Note de M. Hardy,
d'après les Archives municipales de Périgueux, BP. 15 et GG. 54). Il était fils ou parent,
probablement, d'un Audoüy, deuxième consul de Périgueux, mort à Bordeaux le 1er
août 1608 (C.C.).
[106] Grimon Chaignon (on trouve aussi la
forme Chanion), sieur de la Faucherie, avocat en parlement, fut nommé premier
consul en 1631. Il devait être proche parent de François Chaignon, époux de
Catherine Tourtel, deuxième consul en 1611. Il est probable qu'il est le père
de Dominique Chaignon, avocat en parlement, marié à Jeanne I.asvergnas le 23
avril 1642. (Note
de M. Hardy, d'après les Archives municipales de Périgueux, Livre-Vert, et GG, 56.)
[107] Jean Robert, sieur de la Céparie,
avocat, fut nommé troisième consul en 1633. (C. C.) Le Livre Vert, f° 90, désigne ce consul simplement
comme archer du vice-sénéchal. (Note de. M. Hardy.) Peut-être est-ce le même que le
Robert de la Céparie, tué en 1653 dans la lutte des citoyens de Périgueux
contre les frondeurs. (Armorial du Périgord, II, 126.)
[108] Pierre-Léonard de Montozon,
chevalier, sieur de la Chabaine, fils de Léonard, écuyer, sieur de la Coulessie,
avocat du roi au présidial de Périgueux, et de Ambroise Tourlel de Gramond. Il
est nommé au testament de son père (3 avril 1690), avec ses frères Robert et
Jean; il épousa Marie Borros. (Note du vicomte de Gérard, d'après Chérin et
les carrés de d'Hozier.) Léonard, le premier avocat du roi, fut maire de Périgueux
en 1646 avec Antoine de Jehan. (Fonds Périgord, 50.) Son fils Jean, avocat, veuf de
Jeanne de La Darde, semble s'être remarié avec Anne de Jaubert, fille de
François, écuyer, sieur de la Courre, et de Jeanne Couraudin. (Archives de Cumond.)
[109] Pierre de Verneuil, sieur de La
Peyre, avocat, premier consul en 1630, époux de Marie Dubois (A. M. P.- GG, 48.) Probablement père de Pierre de
Verneuil, avocat, qui épousa, le 19 avril 1656, Marie d'Alesme. (Archives dép. de la
Gironde, C. 3,334.)
[110] De 1632 à 1652, on trouve François
Banaston, avocat; en 1651, dans l'acte de baptême de Benoit, son fils, il est
également dit juge des juridictions de La Chapelle-Gonaguet et de Chancelade.
Il fut consul de Périgueux, en 1645 et en 1652;
il avait épousé, avant 1636, Françoise Dubois. (F. P. 49, et note de M.
Hardy d'après les A. M. P. BB 15 ; GG, 7, 54 et 58.)
[111] Louis de Bourbon, comte de
Soissons, de Clermont (fils de Charles, comte de Soissons et de Dreux, pair et
grand-maître de France, et d'Anne, comtesse de Montafié), né le 11 mai 1604,
fut tué à la bataille de la Marfée, près Sedan. (Moréri.)
[112] Le baron Guillaume de Lamboy, né en
Belgique, mort vers 1670, prit du service à l'âge de 14 ans dans les armées de
l'Empereur. Il secourut Dôle, en 1636; fut nommé feld-maréchal, en 1639.);
reçut deux blessures à Lens (1648), et prit sa retraite après la paix des
Pyrénées, 1659. (Notes
de Barry, dans l'Histoire de la guerre de Guyenne, par Baltazar.
[113] Gaspard de Coligny, duc de
Chatillon, etc., maréchal de France, naquit en 1584 et mourut le 4 janvier 1640
: c'était le petit-fils de l'amiral tué à la Saint-Barthélemy. (Moréri.)
[114] Françoise, morte avant 1664, fut baptisée le 25 février
1642. (A. M. P. –GG, 55, f° 9.)
[115] Geoffroy Robert était vicaire de
Saint-Front, commis par le chapitre de celle église. (A. M. P. — GG, 48, 54, etc.)
[116] Antoine Fargeas succéda, en
septembre 1631, à Pierre Simounet, comme curé de Saint-Silain ; il était
bachelier en théologie. Il décéda le 8 septembre 1647, et fut enterré le
lendemain dans ses tombeaux qui sont dans la chapelle de Nostre-Dame de la
Pitié ou des Trois-Maries, » dite aussi Notre-Dame de La Sauvetat. (A. M. P. — GG, 115 et
116.)
[117] Les Jacobins ou Dominicains, fondés
en 1241 par Pierre de Saint-Astier, avaient leur couvent là où sont aujourd'hui
les Ursulines. (Notes
de M. le chanoine René Bernard sur St-Front.)
[118] Pierre Chancel, écuyer, sieur de Barbadaud, Boriefrogne (aliàs Borieroque), qualifié aussi de
sieur de La Borie, fut baptisé, le 8 septembre 1613, comme fils de noble Jean,
sieur de La Fouillouze et Barbadaud, et de Marguerite de Jehan. Les registres
de Saint-Front donnent bien, comme date de son mariage avec Arne de Bessot, le
19 janvier 1642. (A. M. P. — (GG. 41, f° 111, et
56, f° 19); d’Hozier, Armorial général, reg. III, Chancel.)
Le contrat reçu par Philipot,
notaire royal, avait été passé le 22 septembre 1641. (La Chesnaye des Bois.)
[119] On trouve le nom Pierre Durand,
vicaire à Saint-Front, de 1636 à 1647 environ. (A. M. P. — GG.55.)
[120] Les Ursulines de Périgueux, venues
du couvent de Bazas, furent fondées en 1641 par Marguerite de Calvimont, fille
de Jacques, baron des Tours de Montaigne, qui fut leur première supérieure;
elles habitaient en face du couvent qu'elles occupent aujourd'hui, rue de
Bordeaux qu'elles occupent aujourd'hui, rue de Bordeaux. (Notes de M. le chanoine
Bernaret sur Saint-Front, et Saint-Allais dans sa généalogie Calvimont.) Cependant les registres paroissiaux
de Saint-Etienne de la Cité (A. M. P. — GG, 13) donnent au 23 avril 1669
l'enterrement dans l'église des religieuses de Saint-Benoit, de Marguerite de
Chillaud, « fondatrice
des Ursulines. »
[121] Pierre Devige, prêtre, prébendier
de la Cité, vivait en 1636. Guinot Vige, époux de Jeanne Jacoby, vivait en
1636. Pierre Vige, époux de Marguerite Gayaud, vivait en 1637 : tels sont les
seuls paroissiens de la Cité dont les noms figurent sur les registres paroissiaux.
Guilhem de Vige, époux de Marguerite Cheyrat ou Cleyrac, messager ordinaire de
la ville, vivait en 1642, mais il fait baptiser ses enfants à Saint-Front ou à
Saint-Silain. (Note
de M. Hardy, d'après les Archives municipales de Périgueux, GG, 8, 54, 55,
115.)
[122] Il y avait à cette époque quatre
avocats appartenant à la famille Alexandre : 1° Jean, qui maria en 1641 sa
fille Bertrande à Odet Le Long, écuyer, conseiller ou présidial, et avait
épousé avant 1615 Marie de Valbrune ; 2° François, époux de Michelle de Montozon, dont Thibaut, né
en 1643. (A.D.I. et A- M. P. – GG. 55) ; 3° Léonard, mari de
Catherine du Teilh qui était en 1628 procureur général du roi aux comté de
Périgord et vicomté de Limoges (d'Hozier, généalogie Chalup, et A. M. P. – GG.
47); 4°
Nicolas, sieur de la Roulandie, député du Tiers-Etat pour Périgueux aux
Etats-généraux en 1649, dont le fils François fut anobli en mars 1654. (Archives
départementales de la Gironde, Cour des Aides, registre 1674-78.
[123] La chapelle de cet ancien
pèlerinage était située au nord et non loin de Périgueux, en face de la
chapelle actuelle des Clarisses, rue de Paris. -La maison de la Garde (Domus Gardiae , 1482) était une communauté de
femmes, dont la date de fondation n'est pas connue, et qui fut unie en 1462 à
l'abbaye de Peyrouse. (Note de M. Hardy, d'après Lespine, Gourgues,
Taillefer et Carles.)
[124] Trigonan, ancienne paroisse,
formant une section de la commune actuelle d'Antonne, canton de
Savignac-les-Eglises.
[125] Ce fut le 13 janvier que mourut au château de Loches, où il était
interné, Jean-Louis de Nogaret, duc d'Epernon, âgé de 88 ans. De la monographie
déjà citée publiée par M. le marquis de Dampierre, il faut rapprocher la plaquette spéciale de M. George de
Monbrison, comme on rapproche d'un grand tableau une exquise miniature.
[126] Henri de Lorraine, comte
d'Harcourt, fils de Charles de Lorraine, duc d'Elbeuf, et de Marguerite de
Chabot, naquit le 20 mars 1601 et mourut le 25 juillet l666). Sur cet habile
capitaine, comme du reste sur la plupart des capitaines célèbres mentionnés en
ces pages, nous nous plaisons à renvoyer aux derniers volumes de l'Histoire des princes
de la maison de Condé, où l'éloquence des récits égale leur exactitude.
[127] Erreur de notre chroniqueur! Le
comte d'Harcourt ne fut jamais gouverneur de la Guyenne. Voici la liste de ces
gouverneurs dans la première moitié du xviie siècle, telle que la donne la Chronique Bourdeloise (édition de 1703, in-4°, p. 190) : Henry de Bourbon prince de Condé; — Henry de
Lorraine, duc de Mayenne; — Jean-Louis de Nogaret, duc d'Epernon; — Bernard de
Foix, duc d'Epernon; — Henri de Bourbon, prince de Condé ; — Armand de Bourbon,
prince de Conti; — Bernard de Foix, duc d'Epernon.
[128] Henri Coiffier, dit Ruzé, marquis de Cinq-Mars, eut
beaucoup de part aux bonnes grâces du roi Louis XIII. Il fut capitaine aux
tardes, puis maitre de la garde-robe du roi en 1637, et deux ans après,
grand’écuyer de France. Le cardinal de Richelieu, qu'il voulait perdre,
l'observa si bien, qu'il surprit un traité que Cinq-Mars avait fait avec
l'Espagne. Il fut arrêté à Narbonne et conduit à Lyon, ou il eut la tête coupée
le 12 septembre 1642, n'ayant que 22 ans. (Moréri.)
Ajoutons , sans parler du roman
fameux d'Alfred de Vigny, qu'on peut consulter sur la conspiration et le
supplice de Cinq-Mars, un mémorable travail de feu Avenel, l'édileur des Lettres et papiers d'Etat
du cardinal de Richelieu, travail où tout est dit et excellemment dit.
[129] François-Auguste de Thou, fils aîné
du président Jacques-Auguste de Thou, le grand historien, était encore
adolescent, même presque enfant, quand il fut nommé grand-maître de la
librairie, du roi (1617). Il devint intendant d'armée, conseiller d'Etat, fut,
comme son père, un fervent bibliophile; il fut aussi un grand voyageur. On a publié dans la Revue rétrospective ses impressions de voyage en Italie
et en Orient.) Son nom figure souvent dans les Historiettes de Tallemant des Réaux et dans les Lettres de Fabri de Peirese, duquel il fut
le correspondant et l'ami.
[130] Josué, comte de Chavagnac,
appartenait à une ancienne maison d'Auvergne, sur laquelle on peut consulter le
registre II de l’Armorial de d'Hozier. Après avoir servi dans
les guerres de religion sous le duc de Rohan, il devint premier chambellan du
duc d'Orléans. Quoi qu'en dise notre chroniqueur, il n'eut pas la tête
tranchée en 1642, et il devait la garder
assez longtemps encore sur ses épaules. La vérité est qu'il fut mis en prison
et qu'il y resta jusqu'à la mort de Louis XIII. On ne doit pas le confondre
avec son fils Gaspard, un des plus brillants lieutenants de Condé, déjà
maréchal de bataille en 1646, à l'âge de 22 ans, et dont la vie aventureuse est
racontée dans ses intéressants Mémoires (1699, 2 vol. in-12°).
[131] Frédéric-Maurice de la Tour
d'Auvergne, duc de Bouillon, prince de Sedan, vicomte de Turenne, possédait en
Périgord la comté de Montfort et la vicomté de Lanquais. Etait entré en 1643
dans un traité avec le duc d'Orléans ; il fut obligé de donner Sedan au roi. Il
mourut le 9 août 1652. On serait étonné de ne pas nous voir citer ses Mémoires rédigés par son secrétaire le
périgourdin Langlade.
[132] Lanquais, commune du canton de La
Linde, dont le château était arrivé aux Latour par le mariage de Marguerite de
la Cropte avec Gilles de la Tour, baron de Limeuil, des vicomtes de Turenne,
sous Henri II, puis passa aux d'Antin
qui le vendirent aux Gourgue. (Bulletin de la Société historique du Périgord,
XVI, 75.)
[133] Henri d'Orléans, duc de Longueville
et d’Estouteville, prince souverain de Neufehàtel,etc., né en 1595, mort le 11
mai 1663. Il épousa : 1° en 1617, Louise de Bourbon, fille du comte de Soissons
; 2° Anne-Geneviève de Bourbon, fille du prince de Condé, en 1642. Il fut un
des chefs de la première Fronde. (Dictionnaire de Lalanne.)
[134] Sur la dernière et misérable
période de la vie de la mère de Louis XIII, voir un ouvrage spécial (en un gros
volume in-8°) d'un érudit belge, le major Heurard : Marie de Médicis dans
les Pays-Bas, ouvrage
auquel un de nous a donné de grands éloges dans la Revue critique, il y a quelques années.
[135] On les trouvera plus loin, page
115.
[136] Le clos des Commeymies (las Coutz de Meymi) est, près de Périgueux, sur la
route de Sarlat, en sortant du faubourg Saint-Georges ; la maison, bâtie en
1642, serait voisine, si ce n'est elle-même, du logis ou manoir de Montplaisir, qui appartient de nos jours encore
a la famille de Bessot, ou du moins à Juliette-Marie de Royère, veuve de
Jean-Baptiste-Achille de Bessot de Lamothe (Renseignements, de M.
Villepelet.) Cependant,
le manoir de Montplaisir, lui-même, ne serait venu aux Bessot que par une
alliance avec les de Jehan. (Renseignements de M. de Bessot de Lamothe.)
[137] La capitulation est du 29 août ;
l'entrée des troupes françaises est du 9 septembre.
[138] Après trois mois et quelques jours
de tranchée ouverte. L'Art de vérifier les dates assure que Richelieu écrivit au roi
: « Sire,
vos ennemis sont morts et vos armes sont dans Perpignan. » C'est là un des innombrables mots
célèbres qui n'ont jamais été dits ou écrits. Le piquant volume d'Edouard
Fournier sur L'esprit
dans l'Histoire pourrait
facilement être plus que doublé.
[139] Ainsi que le maréchal de La Meilleraye.
[140] Beauregard réuni à Bassac forme une
commune du canton de Villamblard. Consulter le Périgord illustré de l'abbé Audierne, et le Bulletin généalogique
de France qui, en
1892 (col. 185), a reproduit sa charte de 1280. Ancienne bastide construite sous
Edouard Ier, défendue par un château et dont la châtellenie comprenait quatre
paroisses.
[141] Jean-Jacques de Bessot, sieur de
Lamothe, épousa le 3 juin 1671 (A. M. P.-GG.118, f° 22 v°) Sicarie du Cheyron, fille de
Théophile, écuyer, conseiller au présidial, et de Diane de Vincenot ; il testa
le 15 août 1690. Son fils ainé Théophile, substitut des gens du roi, n'eut
qu'une fille de Marguerite de Montozon : le second, Bernard, continua la
descendance, et est le bisaïeul de MM. de Lamothe existant de nos jours.
[142] Madeleine-Marguerite de La Chastre,
fille de Gaspard seigneur de Nançay et de Gabrielle de Batarnav, une fois
séparée de Charles de Châtillon, seigneur d'Argenton, épousa Henri, vicomte de
Bourdeille, baron de La Tourblanche, etc., par contrat du 14 janvier 1694. (A. D. I. et La Chesnaye
des Bois, gén. Bourdeille.)
[143] Cette note, sur Richelieu est bien difficile à faire. Que
dire d'un tel homme? On propose de rappeler tout simplement que : Armand-Jean
du Plessis de Richelieu, le plus grand de nos hommes d'Etat, n'était âgé que de
57 ans au moment de sa mort. (L’Art de vérifier les dates dit à tort 58.)
[144] Gabrielle-Henriette-Louise de Thou,
à laquelle son malheureux frère donna un souvenir du haut de l’échafaud, (voir
la touchante relation insérée par P. Paris, dans son édition de Tallemant des
Réaux, tome II, p. 113), épousa, le 11 octobre 1632, Armand de Pontac, seigneur
de Salles, Belin, Roliet, Haut-Brion, Bisqueytan, premier président au
parlement de Bordeaux, par succession de son père Geoffroy de Pontac. Voir le
contrat de mariage dans les Archives historiques de la Gironde, tome VIII, page 259.
[145] Jacques Dinet, né à Moulins en 1580, reçu dans la Compagnie
de Jésus en 1004, se distingua dans sa prédication. Il fut recteur d'Orléans,
Tours, Reims et Paris, provincial de France et de Champagne, confesseur de
Louis XIII et de Louis XIV. Il mourut dans la maison professe de Paris, le 12
décembre 1653. On a publié deux relations de la mort de Louis XIII tirées des
manuscrits de son confesseur : 1° L'idée d'une belle mort ou d'une mort
chrestienne, dans le récit de la fin heureuse de Louis XIII, surnommé le Juste,
roy de France et de Navarre, tiré de quelques Mémoires du feu P. Jacques Dinet,
son confesseur, de la Compagnie de Jésus. Et dédié au roy, par le P. Antoine
Gérard, de la mesme Compagnie. A Paris, de l'imprimerie royale, 1676, in-f° de
60 pages, reproduit dans le tome XXIII, des Documents du P. Carayon; 2° Derniers moments de
Louis XIII, racontés
par le P. Dinet, son confesseur, dans le Cabinet historique de. Louis Paris (1866, tome II, p.
225-259.) Voir, sur les autres ouvrages du P. Dinet, la Bibliothèque des
écrivains de de la Compagnie de Jésus, par le R. P. Carles Sommervogel (Bruxelles et Paris, in 4°,
tome III, 1892, colonne 85).
[146] L'évêque de Lisieux était alors
Philippe Cospeau, né dans le Hainaut le 15 février 1571, mort le 8 mai 1646.
[147] Dominique Séguier occupa le siège
de Meaux, d'août 1037 à mai 1659.
[148]
Jean-Baptiste-Gaston de France, duc de Valois et d’Alençon, [d’Orléans, de
Chartres, naquit le 25 avril 1608] frère puîné de Louis XIII, mourut à Blois le
2 février 1660. (Moréri)
[149]
Jules Mazarin était alors âgé de 41 ans. Il avait été nommé cardinal quelques
mois auparavant (le 16 décembre 1641). De même qu’il faudra toujours citer sur
son prédécesseur les travaux de feu Avenel, il faudra toujours citer sur
Mazarin les travaux de feu Chéruel. Mentionnons de plus, un tout récent et très
important ouvrage de M. le Comte Jules de Cosnac : Mazarin et Colbert
(Paris, 1892, 2 vol. in 8°.
[150]
Pierre Seguier, chancelier de France, duc de Villemer, comte de Gien, pair de
France et garde des sceaux des ordres du roi, né à Paris le 29 mai 1588, fut
président à mortier pendant neuf ans au Parlement de Paris. Il fut honoré par
Louis XIII de la charge des sceaux en 1633 et devint chancelier par la mort
d’Etienne d’Aligre en 1635. En 1650 et 1651, il quitta les sceaux, qui lui
furent rendus et les posséda jusqu’à sa mort, arrivée à St Germain en Laye le
24 janvier 1672, à l’âge de 84 ans. (Moréri).
On ne saurait trop recommander la monographie qui lui a été consacrée par M.
René Kerviler. (Paris, 1874, in-8°) Si on voulait, à côté d’un livre très
sérieux, lire une notice très anecdotique, il faudrait s’adresser à Tallemant
des Réaux, tome III, p. 385.
[151] Sur
les secrétaires d’Etat, Claude Bouthillier et son fils Léon Bouthillier, comte
de Chavigny, on peut encore consulter (passim) les Historiettes où, comme on l’a fait justement remarquer, les
médisances sont plus nombreuses que les erreurs.
[152] La prise de Thionville est du 10
août.
[153] Il s'agit sans nul doute de doublons, monnaie espagnole, dont la valeur a
varié suivant les époques. Les derniers frappés depuis Charles III à Ferdinand
VII ont une valeur d'environ 80 francs.
[154] Sur la journée de Rocroy, il n'y a,
après le sublime récit de Bossuet, qu'un seul récit à citer, celui de l'auteur
de l’Histoire des princes de
la maison de Condé. Nous ajouterions que c'est la plus belle page d'histoire
écrite de notre temps, si le plus récent récit de la bataille de Fontenoy par
le duc de Broglie n'obligeait à partager entre les deux académiciens le premier
prix de narration.
[155] Plusieurs historiens ont espagnolisé à la fois le nom et l'homme et
appelé comte de Fuentes
le comte de
Fontaine, né en Lorraine d'une famille originaire du pays basque, qui s'était
fixée dans le nord du duché de Bar dès le XVe siècle, comme vient de le
rappeler (Intermédiaire
des chercheurs et curieux du 30 octobre 1892, p. 453). m. Léon Germain, auteur (en collaboration avec M. Charles
Guyot) d'une brochure intitulée : Paul Bernard, comte de Fontaine, mort à Rocroi
en 1643 (Nancy,
1886, in-8°).
[156] Et de mari, pourrait-on ajouter, si
l'on en croyait cette mauvaise langue de Guy Patin et plusieurs autres
mauvaises langues contemporaines.
[157] Jean Palisse, avocat, épousa
religieusement à Sarlat, le 23 novembre 1643, Marthe de Kupe de Surguier (Etat civil de Sarlat). Il eut un fils, dont le prénom est
inconnu, également avocat, marié avec une fille de Géraud de Cordis, sieur de
Tordes, conseiller au présidial de Sarlat, époux d'Anne de Saint-Clar. (Renseignements du
vicomte de Gérard.)
[158] Jacques Nompar de Caumont, duc de la Force, pair et
maréchal de France, général des armées du roi, était fils de François de
Caumont et de Philippe de Beaupoil. Dès son plus jeune âge, il porta les armes,
et s'attacha au roi Henri IV, qu'il servit en diverses occasions à la journée
d'Arques. Sous le règne de Louis XIII, il prit le parti des prétendus réformés
contre le roi, et emmena quelques troupes pour empêcher celles de Sa Majesté
d'entrer dans Montauban en 1621 ; puis, s'etant soumis au roi, il fut fait
maréchal de France à Sainte-Foi, le 27 mai 1622, et lieutenant-général de
l'armée de Piémont. Le roi érigea sa terre de la Force, dans le Périgord, en
duché et pairie en 1637. Depuis, le maréchal s'étant retiré chez lui, à cause
de son grand âge, mourut à Bergerac le 10 mai 1652, âgé d'environ 97 ans.
L'indication dans le manuscrit du
décès du maréchal en 1644 doit être une erreur, ce qui expliquerait pourquoi le
paragraphe a été barré
[159] Le narrateur n'aurait-il pas été
trompé par quelque faux bruit? Nous ne voyons aucun membre de la grande maison
de Coligny-Chastillon mourir en 1644. Un fils du maréchal, appelé Gaspard,
comme son père, et qui était duc de Chatillon, fut tué au combat de Charenton,
le 9 février 1649, trois ans après la mort du petit-fils de l'amiral (4 janvier
1646). Rien ne semble confirmer l'assertion de P. de Bessot. Mais ne voit-on
pas, de nos jours, annoncer souvent le décès de gens qui se portent assez bien? Les erreurs de ce genre devaient
être encore plus rares au XVIIe siècle qu'en notre siècle de lumière.
[160] De nos jours encore, les paysans
appellent oncle,
tante, le second
mari de leur mère, ou la seconde femme de leur père. Dans les actes anciens, ces
expressions sont souvent employées par toutes les classes de la société, et
peuvent ainsi induire en erreur celui qui n'est pas averti.
[161] Cet enfant mourut avant 1664.
[162]
« Le 6me juillet, 1er
jeudi de ce moys, fut estably la confrérie du Sacrement dans l'esglise de St
Front par ordonnance de Mr l'evesque ; Mrs les maire et
consuls y contribuèrent généreusement par leurs soins, leur bonté et leur bon exemple. » (C. C.)
[163] Louis Chancel, écuyer, sieur de La
Dorie, épousa le 13 mai 1678 Françoise de Montozon. (La Chesnaye des Bois.) Un autre Louis Chancel, sieur
deLaBorie, épousa le 25 juin 1665 une autre Françoise de Montozon, fille
celle-ci de Léonard, maire de Périgueux, et de Françoise Tourtel ; celle qui
est citée par La Chesnaye était fille d'une Jeanne de Chancel. (Renseignement du comte
E., de Montozon.)
[164] Françoise de La Brousse, mariée le
10 novembre 1640 à Pierre-Jean Chancel, écuyer, sieur de La Grange, et ainsi
belle-sœur d'Anne Bessot, était fille, selon La Chesnaye des Bois, de Jean,
chevalier, seigneur de Verteillac, et de Narde Vidal; mais d'Hozier la dit
fille de M. Me Jean de La Brousse, écuyer, sieur de Brognac, vice-sénéchal et
conseiller du roi, ce qui est continué par un acte (A. D. I.), où Marie de La Brousse, veuve de
M. de Chancel, est dite en 1650 remariée à Mathieu de La Brousse, écuyer, sieur
du Mazet.
[165] Garaison, monastère dans la commune de Monléon-Magnac,
canton de Castelnau-Magnoac, arrondissement de Bagnères-de-Bigorre, ancien
diocese d’Auch.
L'acte le plus ancien mentionnant la chapelle, lieu du pèlerinage, est du
22 novembre 1530; elle faisait à cette époque-là partie de la cure, elle en fut
désunie en 1607. Il est dit dans des lettres de confirmation de privilèges,
datées de septembre 1721, que « depuis plus de deux cent ans, les peuples
accourent non seullement de tous les endroits de notre royaume, mais même de
toutte la chrestienté » à Garaison « où les miracles bien vérifiez qui s'y sont
faits ont tellement augmenté cette dévotion que les deffunts roys Louis XIII et
Louis XIV....par leurs lettres pattentes des moyg de may 1639.... may 1655 ont
confirmé et approuvé rétablissement de la Société et congrégation de douze
prestres chapelains perpétuels. » Une bulle d'Urbain VIII a confirmé au
spirituel cette maison en mai 1625. (Renseignements
de M. P. Labrouche, archiviste des Hautes-Pvrénées.)
Le pèlerinage à N. D. de Garaison
est mentionné dans un autre livre de raison de notre région, le Livre de raison de la
famille Fontainemarie, p. 103, et ce qui permet de rapprocher encore plus le
document de Marmande du document de Périgueux, c'est que, dans les deux cas,
c'est un bon mari qui voyage pieusement pour obtenir l'amélioration de la santé
de sa femme
[166] Jean-Baptiste d'Artensec, écuyer et avocat, naquit le 24
octobre 1597, du mariage de François, procureur aux sièges royaux, et d'Anne
Boucher, et se maria le 1er juin 1629, à Saint-Paul-Lizonne, avec Marguerite de
Simon, probablement fille de Jean, sieur de. Queynat, et de Marguerite de
Charron. Il fut anobli par lettres patentes, du 15 mai 1655, confirmées en août
1675 pour les services rendus pendant les troubles de la Fronde, notamment lors
de la reprise de Périgueux sur Chanlost. (A. M. P. GG,62. - A. D. I ;
Arch. dép. de la Gironde, cour des Aides, et Renseignements du
vicomte de Gérard.)
Jean-Baptiste fut mis par Chanlost
à la question, et resta infirme toute sa vie. Il mourut le 18 avril 1670, ayant
eu onze enfants. (Livre
de raison déjà cité.)
[167] Antoine Barberin, cardinal,
archevêque et duc de Reims, grand aumônier de France, etc. Après la mort du
pape Urbain VIII, son oncle, il se réfugia en France, ayant été disgracié comme
tous les Barberini par Innocent X ; mais réconcilié avec ce pontife, il mourut
à Nemi, près de Rome, en 1671, âgé de 64 ans. (Moréri.)
[168] François de La Beraudière, sieur de
Sigon, fils de René, seigneur de Rouet en Poitou, et de Catherine Herbert, fut
nommé conseiller au parlement de Paris en 1587 et se maria la même année avec
Isabeau des Dormans. Après la mort de sa femme, il entra dans les ordres, fut nommé,
en 1597. abbé de Nouaillé, évêque de Périgueux en 1612, sacré en 1614 (la prise
de possession est du 26 juillet), il mourut le 14 mai 1640, âgé de 90 ans et
fut enterré le 23 mai. (F. P. 32 et 49. — Dict. génial. du Poitou par B. Filleau.)
[169] Château-l'Evêque, commune du canton
de Périgueux, résidence des prélats de celle ville.
[170] Jean-Jacques Cloche (aliàs de Cloche) entra au noviciat de la
compagnie de Jésus, à Bordeaux, le 14 août 1622, il en partit en septembre 1644
pour venir à Périgueux comme recteur du collège ; il fut ensuite recteur des
collèges de Limoges et de l'an. (Renseignementsdu R. P. A. Denjoy, jésuite.) Il avait dû succéder à Périgueux au
R. P. Ladevize, recteur en 1631.
[171] Inexplicable erreur du chroniqueur.
Aucun duc d'Epernon ne mourut en 1646, car le premier duc d'Epernon était, comme nous l'avons vu,
mort en 1642 et le second duc d'Epernon ne devait mourir qu'en 1661. La phrase
« grand capitaine et qui avait eu de grands emplois semble bien s'appliquer à
Jean-Louis de Nogaret ; peut-être y a-t-il eu quelque transposition dans le
texte et la mention relative à l'année 1642 a-t-elle été rejetée à l'année
1640.
[172] Crespiat serait dans Pissot, mais ni ce nom ni la Conteirie
ne figurent dans le Dict. topogr. de M. de Gourgues. La branche de Périgueux de
la famille Bessot, bien qu'elle ne fût pas encore noble à cette époque, pouvait
posséder des rentes en Limeuil.
[173] Limeuil, commune du canton de
Sainte-Alvère, ou la famille de Bessot possédait des biens nobles très
anciennement, et où résidait la première branche qui fut anoblie.
[174] Les obliges ou oublies étaient primitivement des pains
ronds et plats dus au seigneur ; ils s'étendirent plus tard à toute espèce de
rente, et finirent par être souvent convertis en deniers. (Glossaire du droit par
Laurière.)
[175] Maison du
bourg de Limeuil. (Dict. topogr. par de Gourgues.)
[176] Jean du Chesne, avocat du roi, maire 1646-1647.
Il n'exerça pas longtemps la charge
de maire, car on voit dans Chevalier de Cablanc, qu'il eut pour successeur le
11 février 1647 Jean Girard de Langlade, écuyer, seigneur de La Vaysse,
conseiller du roi. Peut-être est-ce le même que Jean du Chesne (ou son fils),
lieutenant civil et criminel en 1605, et époux de Marthe de Muguet.
[177] M. Duchaisne... y étoit entré par la
porte d'honneur... cependant un
peu trop de complaisance et de longueurs maladdroitement ….. à rendre ses
devoirs au gouverneur de Guyenne fut cause que M. d'Espernon alors le destitua.
» (C.
C.)
[178] Jean Girard de Langlade, écuyer,
sieur de La Vaysse, conseiller du roi, maire de Périgueux en 1647, élu en l'Election le 17 janvier 1635,
en remplacement de son père, puis président au même siège, fut baptisé à
Périgueux le 30 juillet 1606, comme fils de Geoffroy, écuyer, Seigneur d'Eyliac, et de Suzanne du Peychier. Il épousa par contrat
du 3 décembre 1637 Renée de La Borie fille de Philippe, écuyer, sieur de La
Rampinsolle et de Jeanne Broulhet. (B. N. Mss. Ecoles militaires. Vol. 1, et Arch. dép. de la Gironde
C. 4080). Il mourut
à La Combe, en Eyliac, le 22 septembre 1686. (Note de M. Cyprien de
Langlade.)
[179] C’est par inadvertance sans doute
que le chroniqueur a écrit prise de Lerida. C'était échec devant Lérida qu'il fallait
écrire. On connaît la cruelle exclamation d'un individu qui, un jour où l'on
représentait devant le vainqueur de Rocroy je ne sais
quelle pièce, faisait du bruit au parterre : Condé, qui avait l'impatience
facile, ayant demandé qu'on s'emparât du perturbateur et qu'on l'expulsât,
1’autre, en s’esquivant, s’écria : On ne me prend pas. Je
m'appelle Lérida.
[180] Henri de Lorraine IIe du nom, duc de Guise,
etc., pair et grand chambellan de France, né le 4 avril 1614, mort le 2 juin 1661, sans avoir été marié. On prétendit pourtant qu'il avait
épousé à Bruxelles, le 11 novembre 1641, Honorée de Glimes, veuve d'Albert-Maximilien de Hennin, comte de Bossu, et fille de Geoffroy, comte de Grunbergh. (Moréri.)
Sur 1’expédition de Naples qui
ressemble a un chapitre de roman d'aventures,
on peut consulter, outre les Mémoires du due de Guise, le recueil de documents qu'ont publié deux
érudits Orléanais de haute valeur, M. Jules Loiseleur
et M. Baguenault de Puchesse.
[181] Jean de La Cropte, archiprêtre de
Chantérac, fils de Charles, chevalier, seigneur de Chantérac, etc., et d'Isabeau d'Auzaneau : il était en grande relation
avec Saint-Vincent de Paul. Il mourut dans un âge avancé le 20 août 1715. (Saint-Allais XI, p.
90.)
[182] L'hôpital de La Cœuille, ainsi
appelé du nom de sou principal bienfaiteur, Jean de La Cœuille, de Montanceix,
était situé au nord du cimetière de Périgueux. (Renseignement de M.
Hardy, d'après les A. M. P. BB. 17 ; et Les Antiquités de Vésone, par Taillefer.)
[183] Josias comte de Rantzau, maréchal
de France, né le 18 octobre 1600 dans le Holstein, mort à Paris le 4 septembre
1650. Il entra au service de la France en 1635 ; arrêté sur des soupçons de
trahison le 27 janvier 1649, il fut mis en liberté le 22 janvier 1650. Il avait
perdu à la guerre un oeil, un bras, une jambe et une oreille,
ce qui lit dire dans son épitaphe :
Epitaphe du maréchal de Rantzau.
Du corps du grand Hantzau tu n'as qu'une des parts
L'autre moitié resta dans les plaines de Mars ;
Il dispersa
partout ses membres et sa gloire :
Tout abattu qu’il
fut, il demeura vainqueur ;
Son sang fut en
ces lieux le prix de la victoire
Et Mars ne lui
laissa rien d'entier que le cœur.
Charles beys.
[184] Charles de La Porte duc de La Meilleraye, maréchal de
France, fils d'un modeste avocat, naquit en 1602 et mourut en 1661. Il épousa:
1° Marie Ruzé d'Effiat, 2° Marie de Cossé-Brissac.
On sait que la véritable forme du
nom de terre de Charles de La Porte est La Meilleraye. On sait aussi que Tallemant des
Réaux a consacré à ce cousin germain du cardinal de Richelieu — lequel le
poussa beaucoup ; le népotisme n'a-t-il pas été de tous les temps? — une de ses
plus intéressantes historiettes (T. II, p. 216). On peut rapprocher des
révélations du grand anecdotier quelques passages bien curieux aussi des Mémoires de Puységur sur le maréchal duc de I.a
Meilleraye. Voir notamment le récit de sa querelle avec Gassion à Gravelines,
1644. (Tome II, p. 21 de l'édition, déjà citée, de 1883.
[185] Cela arriva quelques années plus
tard. Quand Périgueux tomba au pouvoir des Princes, les sièges royaux furent
transportés à Nontron, où ils restèrent de 1651 à octobre 1653). (Monographie de Nontron,
par B. de I.augardière, p. 85.)
[186] N'est-ce pas la une protestation
d'honnête homme, un cri de justice et de charité? Et combien d'autres
sentiments généreux se montrent sans s'étaler jamais dans ces pages d’un
chroniqueur auquel s’applique si bien le mot de Tacite : Vir antiquae
probitatis !
[187] Le Bugue, canton de
l'arrondissement de Sarlat, sur les bords de la Vézère; la forme patoise lo Buguo était employée par les gens parlant
français aussi bien que par l'administration jusqu'à la fin du XVIIe siècle. —
Cadouin est un canton de l'arrondissement de Bergerac, célèbre par son
pèlerinage motivé par le Saint-Suaire, encore conservé dans sa vieille
église, dont les cloîtres gothiques sont connus de tous les archéologues.
[188] Jean Charron, écuyer, sieur de La
Real, fils de Denis et de Jeanne de Jay, était cousin-germain de l’auteur.
Comme il épousa, en 1636, Anne de Salleton, fille de Jean, receveur des tailles
et de Jeanne du Bourg, il semble difûcile d'expliquer comment il put devenir
son beau-frère. (F.
P. gén. Charron.)
[189] Marguerite de Chalup, fille de
Jacques, écuyer, avocat du roi au présidial et d'Isabeau de Bessot; femme de
François de Tourtel, sieur de Chassenac, conseiller du roi.
[190] Le 1er janvier 1645, baptême à Cadouin de Jean
Bessot, fils de Jean, juge de Moulières, et de Suzanne Ribière.
Le 1er mai 1686, sépulture de M. Me
François Bessot, sieur de Farfal, veuf d'Isabeau Martin et âgé de 69 ans, donc
né vers 1617. Un Raymond Bessot dut épouser, peu avant 1615, une Marthe
Lafaurie (Communication
de M. l’abbé Constat d'après les
registres paroissiaux de Cadouin, dont les actes de sépulture ne remontent qu’à 1664.)
[191] Pierre Broussel, fils de Jacques,
sieur de Bazencourt et de Marie Hemon, fut conseiller clerc au parlement de
Paris, puis doyen de sa grande Chambre. Il épousa Marie-Marguerite Bousserat,
et fut enterré le 17 septembre 1654. (Bibl. nat. Dossiers bleus. 139). Après la Fronde, où il joua un
grand rôle comme gouverneur de la Bastille eu 1649 et prévôt des marchands en
1651, il fut exilé. Consultez sur l'auteur de la Journée des barricades les notes des Mémoires du cardinal de Retz (édition
Hachette, collection des Grands Ecrivains) à la rédaction desquelles un de nous
a pris part.
[192] René Potier sieur de Blancmesnil, président à mortier aux
enquêtes du Palais. Son oncle, l'évêque de Beauvais, Augustin Potier, grand
aumônier de la reine Anne, parut un moment, en 1643, contrebalancer la puissance de Mazarin, et fut mis en
avant par le parti des Importants allié à celui des Dévots ; mais Mazarin l'emporta et le
renvoya dans son diocèse. Les Potier, déçus dans leurs espérances, se jetèrent
dans le parti de l'opposition; M. de Blancmesnil, un des plus ardents dans ce parti, car personne ne déblatérait plus dans le parlement, fut arrêté avec le bonhomme Broussel; ce fut là sa seule
gloire. Il intrigua dans quelques conjurations avec la princesse Palatine, mais
joua un rôle fort effacé. Son cousin germain
Nicolas Potier, sieur de Novion, après avoir figuré avec les mécontents, sut
s'arranger à temps avec la cour et devint premier président.
Michelet marque René dans ses jugements a l'emporte-pièce de ces trois épithètes : « pur, utopiste, fou. » Pur,
c'était certainement un honnête homme, puisqu'il ne tira rien de la Fronde; fou, c'est trop dire,
il n'était que fort original, d'après Guy Patin, qui était son ami.
Il était fils de Nicolas Potier,
sieur d'Ocquerre, secrétaire d'Etat sous Louis XIII, et de demoiselle Barre de Cousteau ;
il épousa sur la soixantaine une demoiselle de Grimouville de La Meilleraye
dont il n'eut qu'une fille non mariée.
[193] Il y avait d'abord malheurs qui a été barré.
[194] Armand de Bourbon, prince de Conti,
comte de Pezenas, naquit en 1629 et mourut à Pezenas le 21 février 1666. En
1654, il avait épousé Anne-Marie Martinozzi, nièce du cardinal Mazarin, et fut
gouverneur de Guyenne, puis, l'année suivante, général des armées françaises en
Catalogne. (Moréri.)
[195] Charles de Lorraine II du nom, duc
d'Elbeuf, pair de France, comte d'Harcourt, de Lillebonne, de Rieux, gouverneur
de Picardie, né l'an 1590, mourut le 5 novembre 1657, âgé de 61 ans, ayant eu
de Catherine-Henriette, légitimée de France (fille de Henri IV, et de Gabrielle d'Estrées, duchesse de Beaufort, qu'il
avait épousée en février 1619,) Charles de Lorraine III du nom, duc d'Elbeuf,
et plusieurs autres enfants. (Moréri.)
[196] Philippe de La Mothe Houdancourt, duc de Cardonne, comte de
Beaumont-sur-Oise, vice-roi et lieutenant-général des armées du roi en
Catalogne, maréchal de France ; après la perte de Lérida, il fut arrêté et
conduit dans le château de Pierre Encise, à Lyon, d'où il ne sortit qu'au mois
de septembre 1618, après que son innocence eut été pleinement justifiée au
parlement de Grenoble. Le roi le fit une seconde fois vice-roi de Catalogne au
mois de novembre 1651. Il y força les lignes des ennemis devant Barcelone le 23
avril 1052, et défendit pendant cinq mois cette place contre les meilleures
forces d'Espagne. Il avait épousé Louise de Prie, fille de Louis, marquis de
Toucy, et de Françoise de Saint-Gelais de Lusignan, dont il eut un fils mort
jeune et plusieurs filles, et mourut à Paris le 24 mars 1657. (Moréri.)
[197] César duc de Vendôme, fils naturel
d'Henri IV et de Gabrielle d'Estrée, naquit en 1594 et mourut à Paria en
octobre 1605. On sait combien il se mêla aux intrigues politiques sous le règne
de Louis XIII, spécialement avec son fils, le duc de Beaufort, comme chef de la
faction des Importants. Il épousa Françoise de Lorraine, fille du duc de
Mercœur (Dict. de Lalanne.
[198] Sir pour Bodin.
[199] Philibert Brandon était fils
d'Antoine, conseiller du roi, trésorier de France à Moulins, maître ordinaire
en la chambre des comptes, et de Charlotte Gayant. Il fut conseiller du roi au
parlement de Paris le 18 février 1622, et épousa Marie-Charlotte de Ligny, fille
de Jean, maître des requêtes, et de Charlotte Séguier, dont il eut Antoine
Brandon, capitaine au régiment des gardes du roi, décédé en 1674. Une fois
veuf, il entra dans les ordres, fut nommé évêque de Périgueux le 28 septembre
1648, puis sacré à Pontoise la même année, et prit possession de son siège le
23 mars 1649. (Bib.
nat. Mss. Pièces originales 492 ; Dossiers bleus.)
[200] Nicolas de Sevin, abbé de
Saint-Vulmar, fut nommé évêque de Sarlat à la suite de la démission de Jean de
Lingendes; il fut coadjuteur du vénérable Alain de Solminihac à Cahors, puis
son successeur en 1658, et mourut en 1678. (Sigillographie du
Périgord, par Ph. de Bosredon, 2e édition, n°369.} On a publié, dans le Bulletin de la Société des Etudes du Lot, le
testament de ce prélat. La famille de Sevin (à Agen) possède son portrait.
[201] Emmanuel Galiot de Lostanges (fils
de Jean-Louis et d'Elisabeth de Crussol d'Uzès) chevalier, marquis de
Sainte-Alvère, baron de Saverdun et du Vigan, seigneur de Puydarèges, Bidonnet,
de Milloles, sénéchal et gouverneur du Quercy, fut institue héritier
universel par le testament clos de Jean.-Louis, son père, du 18 juillet 1617.
Il était capitaine d'une compagnie de chevau-légers, en 1636. Louis XIII lui
écrivit, le 14 mars 1636, pour lui ordonner de se rendre en diligence à son
armée d'Italie, avec sa compagnie. Il recut plusieurs autres lettres du même
prince, et il fut nommé avec le seigneur de Beduer son cousin, et député par la
Noblesse du Périgord le 2 mars, 1649, pour aller à Orléans, où le roi avait
convoqué les Etats-Genéraux. Il épousa, le 25 juin 1648, Claude-Simonne Hébrard
de Saint-Sulpice Pelegri, dame du Vigan, La Mothe, Cassel, etc., veuve de
Guyon, comte de Clermont-Toucheboeuf, et testa en 1678. (F. P. 149 f° 37.)
[202] Jean-Louis de Lostanges, chevalier,
comte de Beduer, capitaine commandant le régiment de Candale-cavalerie. Il
était fils de Louis-François, baron de Beduer dans le Haut-Quercy et de Jeanne
de Marquessac. Il avait épousé Françoise de Gourdon de Genouillac, et fut
député de la Noblesse du Périgord en 1049 (St-Allais, généalogie
Lostanges, XIV, p. 99.)
[203] Ce gentilhomme est mentionné dans l'Histoire de la vie du
duc d'Espernon par
Guillaume Girard (Paris, 1655, in-f°). Nous regrettons de ne pouvoir fournir
sur lui de précises indications.
[204] Pierre-Front de Chillaud, écuyer,
seigneur d'Adian, était fils du premier mariage d'Hélie de Chillaud, juge royal
de La Linde et de Anne de Jay, lequel se remaria en 1636 avec Jeanne de Tours,
veuve de messire Jacques Dauroux, maire de Bergerac, et décéda en août 1646.
Pierre-Front succéda à son père comme lieutenant-général de Bergerac (provisions du 24 mars 1647), dont il fut nommé
maire en 1670 ; il était conseiller d'Etat depuis 1660. Il mourut âgé de 80 ans
le 9 octobre 1709, laissant d'un mariage contracté le 27 décembre 1655 avec Marie du Lyon de Delcastel (veuve
d'Emmanuel de Houx, écuyer, seigneur de Campagnac, fille de Jean, écuyer, et de
Madeleine de Lusignan), un fils, Hélie, installé lieutenant-général en mars
1710, et qui mourut le 23 décembre 1711. (F. P. 48. — Archives municipales de Bergerac.
— Arch. dép. de la Gironde, enreg. des Edits royaux à la cour des Aides.)
[205] Pierre Brousse (fils de Raymond de
La Brousse et de Marguerite Bridat, fille de Pierre Bridat, greffier en chef à
Sarlat, assassiné, en 1577, par les factieux de la Religion pendant les guerres
civiles). Avocat au parlement de Bordeaux, épousa le 31 décembre 1600, Jeanne
de Gonet. Il fut pourvu de l'office de lieutenant-criminel au siège de Sarlat,
sur la résignation de son père, le 4 février 1603, et reçu le 3 mai suivant il se trouva en qualité de
syndic-général aux Etats-Généraux tenus à Paris en 1614, et aux Etats tenus à
Périgueux en 1649, et résigna son office à son fils Jean, en 1638. Il fut aussi
conseiller du roi, enquêteur par provision du 14 novembre 1615, obtint lettres
de confirmation et d'anoblissement en tant que besoin, pour lui et ses enfants,
au mois de mars 1650 ; il fut également capitaine au régiment de Sauvebœufpar commission
de l'an 1651. (F.P. 125).
[206] Louis-Emmanuel de Valois, comte
d'Alais, puis duc d'Angoulême, fils de Charles de Valois comte d'Auvergne et
duc d'Angoulême, et par conséquent petit-fils du roi Charles IX et de Marie
Touchet, fut nommé, dans l'automne de 1637, gouverneur de Provence en
remplacement du maréchal de Vitry. Voir sur son administration que troublèrent
tant d'orages, l'excellente Histoire de la ville d’Aix par J. de Haitze (en cours de
publication dans la Revue Sextienne.)
[207] C’était un fils d'Henry du Plessis,
le frère aîné du grand cardinal, qui s'appelait Armand-Jean de Wignerod du
Plessis, duc de Richelieu. Il n'avait alors qu'une vingtaine d'années et allait
épouser, le 26 décembre 1649, Anne Poussart, veuve de François-Alexandre d'Albret,
sire de Pons.
[208] Le comte de Carces appartenait à la
famille de Pontevès, une des plus anciennes de Provence. Peiresc, dans une
lettre du 8 janvier 1636 (Correspondance avec les frères Dupuy, tome III, 1892,
p. 429), s'exprime ainsi: « M. le comte de Carces, dont le pouvoir de
lieutenant de Roy a este vérifié et publié à l'audience depuis hier, est parti
[d'Aix] cejourd'huy... »
[209] Charles Paris d'Orléans IIe du nom,
duc de Longueville, et d'Estouteville, prince souverain de Neufchâtel, né le 25
janvier 1649, fut tué au passage du Rhin le 12 juin 1672, sans avoir été marié,
dans le temps qu'il allait être élu roi de Pologne. (Dict. de Lalanne.)
[210] L'archevêque de Toulouse était
alors Charles de Montchal qui avait succédé, en janvier 1628, à Louis de Nogaret, cardinal de La Valette, et qui
mourut le 22 août 1654. Charles de Montchal, qui était un docte prélat, fut
remplacé par un prélat encore plus docte que lui, l'illustre historien du Béarn
Pierre de Marca. Outre ses Mémoires (1718, 2 vol. in-12), Montchal a laissé d'intéressantes
lettres qui ont été publiées les unes par M. Eug. Muntz. (Le Puy, 1882), les
autres par M. Léon G. Pélissier (Rome, 1886). Les lettres écrites par Peiresc à
Montchal figureront dans la série du recueil consacré aux Lettres à divers.
[211] Pierre Alexandre, sieur de Fonpitou, conseiller au
présidial de Périgueux, épousa Galienne Romanet, dont il eut Catherine, qui fut
tenue sur les fonts baptismaux le 6 janvier 1630 par Hélie Alexandre, sieur de
Fonpitou (dont il a été parlé plus haut), et qui fut nommée, eu 1667,
supérieure du couvent de la Visitation, qui était une seconde maison de famille
pour les Alexandre. Il eut aussi un fils qui hérita de sa charge de conseiller
au présidial.
Galienne Romanet mourut le 30
octobre 1642 et fut inhumée dans le nouveau couvent de la Visitation, à la
fondation duquel son mari avait contribué; quant à lui, il entra alors dans les
ordres sacrés, devint directeur spirituel de cette communauté, official et
grand-vicaire de Périgueux; il fut enterré à l'hôpital de la Cœuille le 20
févier 1657. (La Visitation
à Périqueux, par C. Condaminas, et notes particulières de notre même confrère.)
[212] L'abbaye de Peyrouse (commune de
Saint-Saud, canton de Saint-Pardoux-la-Rivière) dont les ruines sont dans un
complet et fâcheux abandon, dépendait de l'ordre de Citeaux. Son abbé était
alors Nicolas II de La Brousse, fils de Thibault, sieur de Puyrigard, chevalier
de l'Ordre, et d'Antoinette du Mazeau. Il mourut en 1674. [Bulletin de la Société
archéologique du Périgord.)
[213] M. Joujay dut devenir curé au
commencement de 1647, ou à la fin de l646. Il succéda à M. Breuilh, et fut
remplacé par M. Coutegent, docteur en théologie, archiprètre de la Quinte vers
le milieu de l'année 1651. (A.M.P, GG, 10, 11.)
[214] François de Jay (deuxième fils de
Pierre de Jay, seigneur de Beaufort et de Marguerite de Marquessac), prêtre,
grand et premier archidiacre en l'église Saint-Front de Périgueux (F. P. 145)
où il fut enterré le 3 février 1688. (A. M. P.
GG, 75, f° 63.)
[215] Denis Amelote, docteur en
théologie, prieur de Champdolant, supérieur de l'Oratoire, naquit à
Saintes le 15 mars 1606 du mariage de Méry Amelote écuyer, et de Madeleine Goy. Il
mourut à Paris en 1678. Il fut grand vicaire de Monseigneur de Brandon en 1648, auquel, il avoit enseigné la théologie ainsi qu'à son frère
de Bassencourt. On a de lui de nombreux ouvrages de théologie, et
particulièrement des ouvrages contre le jansénisme, ainsi que le Rituel du diocèse de Périgueux. (Bibliographie
saintongeaise, par Rai-guet et Bibl. nat. Mss. Pièces originales, Vol. 53.) Voir sur Amelote la Bibliographie
oratorienne du P.
Ingold, et diverses communications faites en l'année 1892, au Bulletin de la Société hist. et arch. du
Périgord.
[216] Henri de La Tour vicomte de
Turenne, maréchal de France, naquit en 1611 et fut tué par un boulet le 27
juillet 1674. Il avait épousé en 1653 Anne de Caumont, fille du duc de La
Force.
[217] Guillaume d'Afils baron de
Langoiran, seigneur de Goudourville, fils de Jean et de Catherine de Louppes,
sa première femme. D'abord conseiller au parlement de Toulouse, il succéda, eu
1633, à son père comme président a mortier au parlement de Bordeaux, et mourut
sans postérité en septembre 1653, après avoir joué, pendant les troubles de sa
province un rôle diversement apprécié par les historiens. (Statist. de la Gironde
II, 163; et Parlement de Bordeaux
par Communay.)
[218] Benjamin de Pierre-Buffières, marquis de Chambaret (alias Chambrer), fils de Louis et de
Marie de La Noue, remariée au maréchal de Thémines, fit partie, quoique de la
R. P. R., de la maison militaire de Louis XIII. Il fut tué de trois coups de
pistolet, sous Libourne, le 26 mai 1649 ; cependant la France protestante (édition des frères Haag) le fait
vivre jusqu'en 1684, ce qui est d'autant plus erroné, qu'il était déjà âgé en
1649. (Communay
dans ses Notes sur l'Ormée à Bordeaux, et Histoire du Parlement de Bordeaux, par Boscheron
des Portes.)
Il épousa Louise Aubéry, fille de
Benjamin Aubéry du Maurier, ambassadeur, née en 1614 et tenue au baptême par
les Etats-Généraux de Hollande et la princesse douairière d'Orange ; elle
mourut en 1672. (Nobil.
du Limousin, par Nadaud.)
[219] Jacques de Pontac, comte de
Belhade, seigneur de Montplaisir, était fils de Jean, dont il a été parlé plus
haut. Il succéda, en 1641, à son père dans la charge de procureur général. Sa
femme, Jacquette-Finette d'Alesme, fille de Toussaint, conseiller au parlement
de Bretagne, et de Paule de Pontac, lui apporta la baronnie de Belhade ou
Balade, dans les Landes, qui avait appartenu à une autre famille du Périgord,
les de Lanes, barons de La Roche-Chalais. Belhade fut érigé en comté en 1654,
pour les services que J. de Pontac rendit à la cause du roi durant les troubles
de l’Ormée.
(Le Parlement, déjà cité, et Arch. de La Valouze.)
[220] Fonteneil, dans son Histoire des mouvements
de Bordeaux, et
Boscheron des Portes, dans l’Histoire du parlement de Bordeaux, l'appellent du Hautmont. Il
appartenait peut-être à la famille périgourdine de ce nom, qui possédait La
Garde dans Beaussac et avait embrassé le protestantisme. Dans ce cas, il
pourrait être Ms de Moïse de Hautmont, écuyer, sieur de La Garde, et de Judic
de La Porte.
[221] Les Piliers-de-Tutelle, ruines d'un
temple romain consacré à la déesse Tutelle, dont il ne reste plus aucun vestige.
[222] Charles-Antoine de Ferrières,
chevalier, marquis de Sauvebœuf, premier baron du Limousin par sa première
femme, conseiller du roi en ses conseils, lieutenant-général de ses armées,
fils de Jean, baron de Sauvebœuf, Pontbreton, et de Claude des Cars. Il épousa
: 1° en 1626, Marguerite de Pierre Buffières, veuve du marquis de Châteauneuf;
2° par articles du 25 mars 1636, Marie-Claude de Rousiers, dame de Chéronnac et
Longoussat, fille de feu François sieur de La Motte-Chéronnac et de Françoise
de La Roque-Senetzergues, dame douairière des Bories. (B. N. Mss. Pièces
originales 1132, et F. P. 160. — Nobiliaire
du Limousin.) Il servit
lout d'abord la cause du Parlement et des Princes. Déguisé en chasseur, il
traversa le Périgord et fut reçu eu audience solennelle au parlement de
Bordeaux, ou il prêta serment comme général des armées du roi (sic) dans l'étendue du ressort. Il
s'empara du Château-Trompette et fut surnommé Sauve-Peuple par les Bordelais. (Hist. du parlement de
Bordeaux, par Boseheron des Portes).
[223] C’était François III de Lusignan,
fils de François II de Lusignan et de la Périgourdine Jeanne d'Escodéca de
Boisse. Il joua dans la Fronde bordelaise le rôle le plus actif et
fut en plusieurs occasions le général des révoltés. Voir dans l'opuscule : De la fondation de la
Société des bibliophiles de Guyenne (p. 34), la mention d'une mazarinade qui
semble aujourd'hui perdue et intitulée : Récit des exploits de M.
le marquis de Luysignan durant les troubles de Bourdeaux et de la Guyenne, pour
servir à l'Histoire. (Bourdeaux, par Guillaume de La Court, imprimeur du Roy et de son Altesse, 1651, in-4°.)
François de Lusignan figure dans bien d'autres mazarinades. Voir, sur ce
personnage, sur son père et ses aïeux, sur sa femme (Aune de Montpezat, sur son fils Armand,
mort à Agen, sans postérité, le 19 janvier
1684), divers renseignements dans le Recueil de documents inédits relatifs à l'histoire de l'Agenais,
de la page 175 à
la page 223, passim.)
[224] Charles de Rochefort de
Saint-Angel, marquis de Théobon, captal de Puchagut, seigneur de Monneins, né
en 1593, fils de Charles de Rochefort, baron de Saint-Angel et d'Elisabeth de
Royère. Il avait épousé, le 30 octobre 1616, Jeanne d’Escodéca de Boisse, fille
d'Hector d'Escodéca et de Marie de Ségur, dame de Pardaillan (Plaquettes
Gontaudaises, n° 6, f° 54). Il joua un rôle des plus importants pendant les derniers temps des
guerres de religion. Gouverneur pour les huguenots de Sainte-Foy, dont il
s'était emparé, il refusa d'assister au traité par lequel le duc de La Force
rendit cette ville à Louis XIII. Il testa le 13 décembre 1658. (Hist. de Libourne, par Guinodie, III, p. 10 et
11.) Sur ce
Théobon et sur sa famille, voir divers renseignements dans le texte et dans les
notes du Livre
de raison de N... de Lidon, sieur de Savignac, publié dans Deux livres de raison de
l'Agenais (Alph.
Picard, Paris, 1892, gr. in-8°.)
[225] Le Château-Trompette capitula le 18
octobre 1649, et les troupes en sortirent le 19. (Renseignements de M. D.
de Boisville.) La
garnison comprenait 260 hommes non compris les malades, (Histoire du parlement
de Bordeaux, par Boscheron des Portes).
[226] Chef-lieu de canton de
l'arrondissement de Bordeaux où se trouve le château des ducs d'Epernon converti
en maison centrale de détention pour les femmes. Un érudit, qui s'est occupé
beaucoup de l'histoire du parlement de Bordeaux et de la Fronde bordelaise,
avait l'intention de publier une Chronique du château de Cadillac pendant un
siècle (1550-1650),
chronique qui aurait été formée de mille et mille renseignements empruntés à
toute sorte d'imprimés du xvie et du xviie siècle, et surtout à toute sorte de
documents inédits.
[227] Voir, sur la maison appelée
Puypaulin, le très remarquable ouvrage de M. Léo Drouyn : Bordeaux vers 1450. Description topographique (1875, in-4°.) Voir, encore, si parva licet componere
magnis, une note
des Mazarinades
inconnues (fascicule
IV des Plaquettes
Gontaudaises, Bordeaux,
1879, p. 134.)
[228] « Le régiment de Picardie, fort de
30 compagnies, vint en ville, ce qui causoit une grosse dépense à la
communauté. » On alla se plaindre au duc d'Epernon ; mais le sieur « de
Pauliac, qui commandoit alors ce régiment..., commença à faire mille menaces
contre la ville. » Des désordres s'en suivirent, qui furent apaisés grâce à Msr
Brandon, M. d'Artensec et M. Godervilliers, capitaine a ce régiment, « si
dévot, qu'on dit qu'il faisoit tous les jours 7 heures d'oraison. » (C. C.)
[229] Lormont est une commune du canton
de Carbon-Blanc. A Lormont naquit Richard II, roi d'Angleterre.
[230] La Bastide, située, comme Lormont,
sur la rive droite de la Garonne, fait depuis quelques années partie de la
ville même de Bordeaux.
[231] Podensac, situé en amont de
Bordeaux, est un canton de cet arrondissement.
[232] Sur Aimard, marquis de Chouppes,
lieutenant-général d'artillerie en 1643, plus tard gouverneur du Roussillon,
puis de Belle-Isle, nous ne voyons rien de mieux a citer que ses propres Mémoires qui parurent pour la première fois
en 1753 (in-12) et qui ont reparu de nos jours, par les soins de M. C. Moreau,
dans la Bibliothèque
elzévirienne (1861).
On ignore la date précise de la naissance et du décès de celui qui fut, pendant
la Fronde un des meilleurs lieutenants de Condé, et on est obligé de se
contenter de ces deux dates approximatives : né vers 1612, mort vers 1673.
[233] Voir Relation inédite de
l'arrestation des Princes (18 janvier 1650) écrite par le comte de Cominges (extrait de la Revue des questions
historiques du 1er
octobre 1871). Paris, grand in-8°. S'il nous était permis de joindre aux
curieuses anecdotes réunies dans cette brochure une anecdote de notre temps,
nous dirions que le marquis de Lasteyrie, membre de l'Assemblée constituante,
homme distingué s'il en fut jamais, ayant été chargé par l'annotateur et éditeur
d'offrir sa plaquette a l'historien des Condé, celui-ci se récusa ou, pour
mieux dire, dit, en riant, semblant de se récuser, s'écriant : comment
voulez-vous que j'ose présenter au duc d'Aumale un travail dont le titre est si
compromettant : l'arrestation des Princes ?
[234] Antoine d'Aumont de Rochebaron,
marquis d'Isle et de Villequier, né en 1601, mort en 1669, tour à tour
capitaine des gardes du roi, lieutenant-général (1644), maréchal de France
(1651), gouverneur de Paris (1662), duc et pair (1665).
[235] François de Cominges, comte de
Guitaut, mourut à Paris, d'une attaque d'apoplexie, le 12 mars 1663, âgé de 82
ans.
[236] Gaston Jean-Baptiste de Cominges,
seigneur de Saint-Fort, de Fléac et de La Réole, si célèbre sous le nom de
comte de Cominges, naquit en 1613. Il était fils de Charles de Cominges et de
Marie de Guip. Il était, depuis 1644, lieutenant de la compagnie des gardes du
corps de la reine-mère, compagnie dont le capitaine était son oncle susnommé,
le comte de Guitaut. Sa biographie, très détaillée, précède la Relation citée plus haut. Un de nos
compatriotes, M. J. J. Jusserand vient de publier en Angleterre, et en langue
anglaise, un ouvrage important sur le comte de Cominges considéré comme
ambassadeur à la cour de Charles II (Londres, 1892, in-8°).
[237] Charles de l'Aubespine, marquis de
Châteauneuf, né en 1580, mort en 1653, avait été déjà garde des sceaux de 1630 à 1633. Tous les mémoires du temps s'occupent de son double
ministère.
[238] Marie de Rohan duchesse de
Chevreuse, née en 1600, morte le 13 août 1679. Fille d'Hercule, duc de
Montbazon, épousa, en 1617, le connétable de Luyes, et peu après la rnort de
celui-ci (1621), Claude de Lorraine, duc de Chevreuse. Elle commença alors une
vie de galanterie et d'intrigues qui la força de se réfugier en Angleterre. A
la mort de Richelieu, elle reparut à la cour, et jouit quelque temps de toute
la faveur d'Anne d'Autriche ; mais ses menées contre Mazarin la firent de
nouveau éloigner, et, dès lors, elle se trouva mêlée à toutes les conspirations
ourdies contre lui avant et pendant la Fronde, par le duc de Beaufort, la
duchesse de Montbazon et le coadjuteur, qui devint l'amant de sa fille, et qui,
dans ses mémoires, nous a retracé de main de maitre ses honteuses et misérables
intrigues. (Dict.
de Lalanne). Voir,
sinon comme complète contre-partie, du moins comme plaidoyer réclamant le
bénéfice des circonstances atténuantes, le livre du galant philosophe Victor
Cousin, intitulé Madame de Chevreuse, qui a mérité d'avoir d'aussi
nombreuses éditions que plusieurs de nos romans à la mode.
[239] François-Philibert du Chesne,
chevalier, vicomte de Montréal, seigneur de Montaut, Labatut, et le Breuil,
lieutenant-général et juge mage de Périgord, épousa en premières noces le 12
mai 1639 Marianne de Thinon, fille de Pierre de Thinon, seigneur de Fleat,
lieutenant-général au sénéchal de Périgueux. Il acheta de son beau-père sa
charge pour 70,000», et se remaria le 29 octobre 1678 avec Catherine
d'Aubusson, fille de Jean, chevalier, seigneur de Beauregard et de Jeanne de
Loudat (F.
P. 128). François-Philibert
était fils de Jean, avocat du roi au présidial de Périgueux et de Antoinette de
Jehan. (A. D. 1.)
[240] Anne Petit, deuxième femme de Denis
Charron, écuyer, seigneur de Sencenat, qui s'était converti au catholicisme. (F. P. 128.)
[241] François, duc de La Rochefoucauld,
prince de Marcillac, naquit en 1613 et mourut a Paris en mars l680; il avait épousé Andrée de
Vivonne dame de La Châteigneraye. S’étant attaché à Anne d'Autriche, il fit de
l'opposition à Richelieu, ce qui lui valut huit jours de Bastille et l'exil.
Pendant la Fronde, il suivit le parti des Princes et fut blessé sous les murs
de Paris. Ses Maximes
et ses Mémoires sont dans toute bibliothèque
sérieuse. Voir la complète notice sur cet homme politique et littéraire, mise
en tête de l'édition de ses Œuvres qui fait partie de la collection des Grands écrivains de
France, et où ont
paru quelques lettres inédites qui étaient conservées dans les archives de M.
Pol du Rival, à Cahusac, seigneurie des La Rochefoucauld, et patrie d'un érudit
dont le nom est cher au Périgord comme à l'Agenais, Martial Delpit.
[242] Marqueyssac, repaire noble de la
commune de Saint-Pantaly-d'Ans, (canton de Savignac-les-Eglises), ayant haute justice sur plusieurs
paroisses.
[243] Dans le département de la Corrèze,
autrefois Bas-Limousin. Sur le château et la vicomté de Turenne, voir les
renseignements donnés par L’Art de
vérifier les dates.
[244] Beaumont-du-Périgord, canton de
l'arrondissement de Bergerac. Bastide fondée dans la seconde moitié du xiiie
siècle par Luc de Terny, officier anglais ; sa châtellenie comprenait huit
paroisses.
[245] Trémolat, commune du canton de
Sainte-Alvère ; monastère de l'ordre de Saint-Cybard d'Angoulême.
[246] Canton de l'arrondissement de
Bergerac. Edouard II, roi d'Angleterre, y bâtit une bastide auprès d'une
paroisse de ce nom. Sept paroisses dépendaient de sa châtellenie. (Dict. top. de la Dord. par de Gourgues.) Voir, sur cette ville, le volume de
notre savant confrère, M. l'abbé Goustat : La Linde. (Périgueux, imp. Dupont, 1884, in-8°.)
[247] Sendrieux, ancienne ville close, commune du canton de
Vergt. On trouve aussi écrit Cendrieux.
[248] Canton de l'arrondissement de
Sarlat. Abbaye de l'ordre de Saint-Benoît dont la juridiction s'étendait sur
plusieurs villages.
[249] Commune du canton de Montignac-sur-Vézère,
appelée jadis Rouffignac-de-Lair, et actuellement Rouffignac-de-Montignac.
[250] Thenon, canton de l'arrondissement
de Périgueux, ancienne ville close.
[251] Plazac, commune du canton de
Montignac, dont l'évêque de Périgueux était co-seigneur avec le baron de
Segonzac. (Chroniqueur du Périgord, II,
179.)
[252] Montclar, commune du canton de
Villamblard ; son château avait juridiction sur neuf paroisses. Souvent ce nom
revient dans nos annales perigourdines. — Il y a aussi un Montclar en
Agenais dont le nom revient également souvent dans le Livre de raison de N... de Lidon,
sieur de Savignac, déjà cité.
[253] Clermont-de-Beauregard commune du
canton de Villamblard : ancienne ville close. Consulter Villamblard et Grignols par E. Garraud. (Paris, Dumoulin, 1868,
in-8°.)
[254] La Monzie réuni à Montastruc, commune du canton de
Bergerac.
[255] Repaire noble sur les bords de
l'Ille, dans la commune de Douzillac, qui appartenait aux Taillefer depuis le
xive siècle. La princesse de Condé s'y arrêta en 1619. (Villamblard deja cité,
p. 70.)
[256] Coutras, chef-lieu de canton de
l'arrondissement de Libourne, au confluent de L’Isle et de la Dronne ;
dépendant de l'ancien duché de Fronsac.
[257] Sarran de La Lane, président à
mortier au parlement de Bordeaux, fils de Lancelot et de Finette de Pontac. Il
était « le troisième de son nom revêtu de père en fils de ce haut grade (membre
du parlement), il comptait déjà (en 1639) dix-neuf années de service. » Il fut
destitué en 1640 pour s'être reconnu coupable du crime de rognure des bords des pièces d'or, puis
rétabli en 1644 dans sa charge et non sans difficultés, car le premier arrêt
rendu contre lui, par contumace il est vrai, l'avait condamné à mort. (Histoire du parlement
de Bordeaux) Il avait
épousé Marie-Thérèse de Mons. (Archives de La Tresne, analysées par notre savant, autant
qu'obligeant, confrère M. Léo Drouyn.)
[258] Dans les Annales historiques de
la ville de Bergerac on lit : « — 1645 - Messire Jacques Loyseau, conseiller et
lieutenant criminel pourveu par lettres du 1er février 1641, fut décapité par
arrest du parlement de Bordeaux. » Jacques Loyseau pouvait être fils, ou de
Jacques Loyseau, lieutenant criminel en 1610, ou de Guillaume Loyseau,
chirurgien ordinaire du roi, qui avait extrait une balle de la poitrine d'Henri
IV. Il pouvait être frère de Guillaume Loyseau, lieutenant criminel en 1635.
Quant à lui, il fit partie des douze otages envoyés à Nérac pour la garantie de
l'exécution d'un arrêté du 15 juillet 1629 du duc d'Epernon, relatif à la
démolition des fortifications de la ville. Renseignements de MM.
Charrier, Labroue et Dupuy, de Bergerac). Il fut premier consul de Bergerac
en 1637 et en 1638, puis maire en 1641. (id.) Lors de la surprise de cette ville par les Croquants, il
eut une conduite très digne; il avait, du reste, rempli plusieurs fois des
missions de confiance. (Bulletin de la Société hist. Et arch. du
Périgord, déjà cité.)
Elisabeth de Lacoste, demoiselle,
est indiquée comme sa veuve dans un procès pendant le 5 août 1651, devant le
parlement de Bordeaux, entre elle et Marguerite Petit, veuve de Nailhars
Lasserre, et le sergent Bouchard. Elle demandait qu'un arrêt du 31 décembre
1647 fût casse, arrêt dont la minute n'existe plus malheureusement. (Notes de M. D. de
Boisville d'après les Arch. dép. de la Gironde, B. 822.)
[259] Voici comment Montglat dans ses Mémoires raconte ce fait, négligé par la
plupart des historiens. « L'Archiduc, après la prise de Gravelines, bloqua
Dunkerque, par terre et par mer, mais ne le voulant pas attaquer présentement
….. il laissa seulement ses vaisseaux à l'entrée du port, et fit faire des
forts et des redoutes autour pour empêcher les vivres d'y entrer ….. et lors
étant pressé par les Princes de France d'aller à leur secours, il y envoya le
comte de Fuensaldagne avec une armée. Ce comte
attaqua Chauny de tous côtés. Le duc d'Elbeuf ….. voyant la tête de
l'armée tournée contre Chauny se jeta dedans; mais comme cette ville n'est
point fortifiée, et que le comte de Fuensaldagne la battoit rudement, le duc
d'Elbeuf fut bientôt contraint de capituler. (Chauny fut repris quelque temps
après par le maréchal de La Ferté.
Tallemant des Réaux (Historiettes, tome IV, p. 104), reproduisant une
lettre écrite par Jean-Louis Guez de Balzac à Conrarl sous la signature de
Girard, mentionne les politesses du diplomate espagnol pour l'ermite de la
Charente : « Adjousteray-je encore à cecy les complimens extraordinaires qu'il
reçut, il n'y a pas longtemps, du comte de Pigneranda ? Cet ambassadeur, fameux
pour la rupture de la paix de l'Europe, ayant passé a Angoulesme, s'enqueroit,
à l'ordinaire des estrangers de ce qu'il y avoit de plus remarquable dans le
pays. On luy proposa Incontinent M. de Balzac comme la chose la plus
rare... ». Entre autres compliments, Pigneranda appela Balzac une personne si
célèbre dans tous les lieux ou les grandes vertus sont en estime. »
[260] François de Champagnac, écuyer, seigneur de Puyhardy (fils
de Jean de Champagnac, écuyer, sieur du Mas, lieutenant assesseur au présidial
de Périgueux, maître des requêtes de l'hôtel de Catherine, sœur de Henri IV et
de Marie de Lambert), épousa, le 31 octobre 1632, Almoise Girard de Langlade
fille de Geoffroy, conseiller du roi en l'Election, et de Marguerite du
Peychier de Chaumont. (Bibl. nat. Carrés de d'Hozier, 165, f° 349.)
Il fut anobli par lettres patentes
enregistrées au greffe du consulat le 15 mai 1655 (C. C.)
[261] Bertrand Baudon, avocat, est
premier consul en 1636 (F. P. 50.) Pierre Baudon est conseiller du roi
en l'Election, en 1650 et 1662. (Arch. dép. Gir.C. 4080.) Voir plus bas la note sur le maire
de Périgueux.
[262] « Le 30e du moys de juillet de
ceste année (1650) M. de La Meilleraye …..
estant venu en ceste ville, les corps de ville s'assemblèrent pour luy
aller au devant. M. Brandon notre evêque l'alla recevoir à une grande lieue de
la ville, et quantité de bourgeois à cheval; les six compagnies de la ville se
mirent soubs les armes ….. M. d'Artensec le harangua.... le sieur maire à
l'entrée de la ville lui offrit les clefs ….. » (C. C.)
[263] L'archiduc Léopold avait pris, en
1647, le commandement des troupes impériales
dans les Pays-Bas, et, après nous avoir enlevé quelques
places (Armentières, Landrécies, Courtrai, Lens), allait être battu, à plate
couture près de celle dernière ville par Condé (20 août 1647.)
[264] La prise du Câtelet est du 15 juin,
la levée du siège de Guise est du 1er juillet et la prise de la Capelle est du
3 août.
[265] Aubeterre-sur-Dronne, canton de
l'arrondissement de Barbezieux, appartenait autrefois à l'évêché de Périgueux,
bien qu'étant de l'Angoumois.
[266] François de Simon, écuyer, seigneur
de Chastillon, maire de Périgueux en 1651, puis premier président au présidial
; il pouvait être lils de Pierre de Simon, sieur de La Gardie, conseiller au
présidial de Périgueux, qui acheta en 1633 à noble Louis Dexans, la noble
maison du Masgerent en Saint-Paul-Lizonne, «autrement dicte de Chastillon. » (Arch. de M. Pasquy
Ducluzeau) et qui
avait épousé Anne de La Bermondie. François épousa Jeanne Martin le 29 janvier
1647. (A.
M. P. GG. 114.) Il eut
Jean de Simon, écuyer, sieur de La Gardie, marié le 18 décembre 1673 avec
Philippe de Beaupoil. (A. D. I.)
[267] Moïse du Bourg était Ms de
Dominique du Bourg, sieur du Pérou, de Dion, maire de Saintes en 1598 et 1599,
médecin ordinaire de Henri IV, et de Catherine Caillect.
Il entra au noviciat des Jésuites à Bordeaux, en 1615, et mourut au collège de
Limoges le 3 mars 1662. Ce fut un zélé prédicateur et un laborieux écrivain; il
était de la même famille qu'Antoine du Bourg, chancelier de France en 1525; son
frère Dominique fut conseiller au parlement de Bordeaux. (Renseignements du R. P.
A. Denjoy, jésuite.)
[268] Château de la commune du même nom (canton de Libourne, Gironde), bâti sur une
légère éminence de la rive gauche de la Dordogne, qu'il touche. Il
appartenait en 1649 pour un tiers à Olive de Lestonnac, femme de Marc-Antoine
de Gourgue (son 3e époux) et pour les deux autres tiers à Jean-Jacques de
Gourgue, dont le cousin, le capitaine de Gourgue, s'était emparé. Le parlement,
comptant sur lui, lui en confia la défense pour résister aux efforts de
d'Epernon et envoya des troupes éprouvées. Mais soit dissentiment entre chefs, soit
trahison de de Gourgue, le château ne put tenir longtemps, et les
Epernonistes, après avoir pillé l'église et tué le curé, s'en emparèrent. (La Guyenne militaire
par Léo Drouyn.)
[269] N.
Richon, sieur de La Houdière, fils de Jean de Richon et de Catherine Mercade, né à Guîtres,
fut capitaine au régiment de Périgord, puis gouverneur du château de Vayres ;
il fut pendu sous la halle de Libourne, malgré l'engagement
que le maréchal avait pris de lui laisser la vie sauve. (Statist. de la Gir. II, 539.) Voir divers détails sur
Richon et sur sa farnille dans l’Histoire de la ville et du canton de Guitres par A. Godin et J. Hovyn et Mr. de Bouillon, en de Tranchère, (Libourne, 1889,
grand in-8°), soit dans le texte (p.64-71), soit aux pièces justificatives (p.
37-43), où l'on trouve à côté de lettres échangées où l'on trouve à côté de
lettres entre le marquis de La Vrillière et le président Pichon, au sujet de
Richon La Roudière et du chevalier de Canolle, la généalogie de la famille de
Richon. Il y est dit que M. de Bouillon garda Canolle quelques jours prisonnier
avant de le pendre. Quant à Richon : « Ce pauvre garçon a voulu se perdre, car
M. le maréchal de La Meilleraye a faict depuis quelque tems toutes les
diligences possible» pour luy faire connoitre.... qu'il ne devoit pas attendre
miséricorde s'il attendoit le canon ». (Arch. nationales, K. K.
1228, f°s 429, 430, 440.)
[270] Les auteurs qui se sont occupés de
la Fronde et les généalogistes n'ont pu identifier ce Canolle, officier des
armées royales, commandant l'isle-Saint-Georges, et immolé en représailles de
la mort de Richon. O'Gilvy (Nob. de Guyenne, II, 148) le suppose d'une branche cadette
restée en Périgord. Bessot semble confirmer le fait et est le premier à lui
donner le titre de baron de Laqueneau, nom qui ne figure cependant pas dans le Dict. top. de la Dord. par de Gourgues. Chevalier de
Cablanc parle ainsi de lui : « Le baron de Canoules, capitaine dans le
régiment de Navailles. » Boscheron des Portes, dans l’Histoire du Parlement déjà citée, raconte que le
capitaine Canot ou Canolle fut pendu, aux Chartrons, la nuit et avec tant de
hâte qu'on lui refusa un prêtre qu'il demandait pour abjurer, car il était huguenot.
Voir, sur le baron de Canolle, deux communications, faites sur notre demande, à
l’Intermédiaire
des chercheurs et des curieux, tome XXVI, 1892, p. p. 80, 353.
[271] Jean-Louis, dit le chevalier de La
Valette (fils bâtard de Jean-Louis de Nogaret de La Valette, duc d'Epernon),
lieutenant-général de l'armée navale des Vénitiens en 1645, gouverneur de
Bergerac, mourut, pendant les troubles de Guyenne, en 1650, et avait épousé
Gabrielle d'Aymar, fille d'Honoré, président au parlement de Provence. (Moréri.)
[272] L'Isle-Sainl-Georges, commune du
canton de La Brède, arrondissement de Bordeaux, sur la rive gauche de la
Garonne, à 20 kil. au S-E. de cette ville ; il y a les restes d'un vieux
château. (Renseignement
de M. Roborel de Climens.)
[273] Bourg-sur-Gironde, canton de
l'arrondissement de Blaye. On désigne cette petite ville également sous les
noms de Bourg-sur-Mer et Bourg-du-Bec-d'Ambès. (Gr. dict. géogr. par
Vivien de Saint-Martin.)
[274] Ce fut le 13 décembre 1650, selon
le Dictionnaire
de L. Lalanne, le 14,
suivant l'Art de vérifier
les dates, que la ville de Rethel fut reconquise sur les Espagnols par
le maréchal Duplessis qui, le 15 du même mois, remporta sur Turenne et sur Don
Estevan de Gamare, la bataille dite de Rethel. La ville de Mouzon, qui nous
avait élé enlevée le 6 novembre 1650, fut reprise à l'ennemi le 26 septembre
1653. Le narrateur mêle un peu tous les événements en cette partie de la
chronique. Revenons à la bataille de Rethel, sur laquelle P. de Bessot va
donner quelques détails et rappelons que l'on en trouve une ample et fidèle
description dans les Mémoires de Puységur, lequel prit grande parti la
victoire (t. II, p. 103-130.)
[275] César duc de Choiseuil, comte du
Plessis-Praslin, pair et maréchal de France, naquit en 1598 et mourut en
décembre 1675. Lors de la Fronde, il rendit d'éclatants services à la cause
royale et battit Turenne à Rethel le 23 décembre 1650. Ses Mémoires, parus en 1676, sont attribués
généralement à Segrais. (Diet. de Lalanne.)
[276] Ce fut Puységur qui annonça au
maréchal du Plessis la mort de son fils Charles de Choiseul, comte du Plessis,
maréchal de camp, alors âgé de 24 ans, lui disant (Mémoires, t. II, p. 129) : « Vous vous en
devez consoler. Il est mort dans une belle action, qui est une bataille donnée
et gagnée par Monsieur son père ».
[277] Voir une note de l'éditeur des Mémoires de Puvségur (t II p 194) sur
Reinolt de Rozen, seigneur de Crosroop, en Livonie, d'abord un des lieutenants
du duc de Weimar, puis (1644) lieutenant-général des armées du roi de France
gouverneur de l'Alsace en 1652, mort en 1667 ; souvent nommé dans les Mémoires de Richelieu, dans ceux de Monglat,
dans les Lettres
du cardinal Mazarin, etc.
[278] Ce différend ne se termina que le
11 janvier 1669, lorsque l’évêque de Périgueux, abbé de Saint-Front, fit de son
monastère du Puy-Saint-Front son palais épiscopal. On avait travaillé pendant
près d'un siècle à l'union des deux chapitres. L'église de la Cité de
cathédrale devint alors paroissiale. (Notes sur Saint-Front, par R. Bernaret.
[279] Pierre Boudon, écuyer, sieur de Fougerat, conseiller du
roi, fut maire de 1650 à 1653. Par ordonnance du duc de Candale, en dale du 29
septembre 1653, il fut destitué ainsi que les consuls, et le même M. de Candale
nomma, par ordre du roi, pour le reste de l'année et la suivante, mais sans
déroger aux prérogatives de la ville, François de Simon, écuyer, seigneur de
Chatillon, conseiller du roi en ses conseils d'Etat et privé, et premier
président. (Liste
des maires de Périgueux, par de Froidefond.)
De 1638 à 1650, on trouve deux
Pierre Boudon, tous deux conseillers en l'Election en même temps, l'un avait
épousé Catherine de Puyffe, l'autre Marthe Gravier. (Note de M. Hardy
d'après les A. M P., GG 54 et 58. L'un d'eux fut nommé lieutenant
particulier en l'Election le 10 décembre 1625, fonction qu'il résigna le 23
décembre 1643 en faveur de Jean Piat, sieur du Chadeuil. (Arch. de la Gir., C.
4080.)
[280] Suivant l'auteur de la généalogie
de Bourdeille, le sieur Vincenot, receveur des tailles, aurait proposé à M. de
Bourdeille d'arrêter le prince de Condé quand il vint à Périgueux, et cette
entreprise paraissait d'autant plus facile à exécuter que M. d'Andrault,
conseiller au parlement de Bordeaux, placé comme intendant de celle ville, y
prêtait la main. (Bibl.
de Périgueux : Manuscrits Lapeyre.)
[281] André d'Andrault, pourvu le 16
février 1646 d'un office de conseiller au parlement de Bordeaux en remplacement
de son oncle, Joseph d'Andrault. Pendant l’Ormée, il créa de sa bourse un régiment
qu'il commanda. En 1704, il abandonna sa charge à son petil-fils M. Le Berthon
qui devint le premier président. (Statistique de la Gironde par E. Feret.) Attaqué, en 1652, par un assassin,
il reçut à la poitrine un coup de pistolet, dont la balle alla s'aplatir sur
son scapulaire. (Nobil.
de Guyenne,II, 31.)
[282] Charles d'Abzac, marquis de La Douze, baron de Lastours,
seigneur de Barrière, eut une existence des plus mouvementées. Accusé d'avoir
contribué à l'assassinat de son frère Gabriel, il fut condamné à mort, par
défaut par sentence rendue à Orléans, mais il obtint une sentence d'absolution
l'année suivante. Néanmoins, ayant enlevé sa belle-sœur, la veuve de Gabriel,
il fut condamné à être rompu vif par arrêt du parlement ; mais il obtint des
lettres de grâce en 1639. Lors des troubles de la Fronde, il se jeta dans le
parti des Princes, puis bientôt servit avec zèle la cause royale : nommé
maréchal de camp en 1650, il leva à ses frais — après s'être échappé par une
forte rançon des mains de Baltazar - un régiment d'infanterie et un de
cavalerie. Il prit, en 1653, le château de Grignols, commandé par Eytier, puis
fut mis à la tête de la moitié de l'armée royale.
Il fut cruellement puni par ses
enfants, des actions dont il ne put se laver. L'un est l'infortuné époux de
Finette de Pichon ; l'autre, le marquis de Vergt, qui, au lieu d'aller porter
au roi la soumission de son père, s'empara à main armée du château de Lastours.
Charles testa le 11 (alias le 20) février 1659, ayant été
marié deux fois ; 1° en 1621 avec Anne-Louise Chapt, fille du marquis de Rastignac
; 2° en 1628 avec Charlotte Thinon fille de Pierre, lieutenant-général de la
sénéchaussée de Périgueux (F. P. 115 f° 4, et 116, f° 308.)
[283] Jean-Gaspard-Ferdinand, comte de Marcin (on trouve les
formes Marsin et Marchin), originaire du pays de Liège, entra au service de la
France et commanda l'armée française de Catalogne en 1648. Il subit une
détention de treize mois à la suite de ses intelligences avec Condé dont il
suivit la fortune. En 1651, il épousa Marie de Dalsac, fille du marquis de
Clermont d'Entragues.
Dans la nouvelle édition de Saint-Simon de la Collection des Grands écrivains de la
France, on trouve
sur ce Liégeois
de très peu de chose une note de M. de Boislisle, renvoyant aux Mémoires de Monglat, de Lenet, de M- de La Guette, aux Souvenirs du règne de
Louis XIV, au Ministre du cardinal
Mazarin par
Chéruel ; puis un important fragment inédit de Saint-Simon sur le Maréchal de Marchin (IX, p. 30, 31, 354-357.)
[284] Louis de Foucaud comte de Doignon, gouverneur de Brouage,
de La Rochelle, des iles de Ré et d'Oléron, eut une des existences les plus
singulières de ce temps. D'abord page du cardinal de Richelieu, puis gouverneur
d'Armand de Maillé-Brezé, beau-frère de Condé, il quitta précipitamment la
flotte après la bataille d'Orbitello où son chef avait été tué (14 juillet
1640) pour revenir en France se saisir de Brouage avant qu'on y connut la mort
de Brézéqui en avait le gouvernement..... Il vint à Bordeaux offrir ses services au prince de Condé sous
l'expresse condition du bâton de maréchal de France. Son concours ne fut guère
utile au prince. Il refusa de lui livrer son «ouvernement comme base
d'opérations. Détesté à La Rochelle, il en fut bientôt chassé par le comte
d'Harcourt et dut se réfugier à Brouage, où il attendit les événements (1651).
Il fit son accommodement avec la cour et fut créé maréchal en 1653.
Il mourut en 1659, ne laissant que des
filles de son mariage avec Marie Fourré de Dampierre. L'abbé Nadaud, dans ce
trésor appelé Nobiliaire du Limousin, lui consacre une longue notice (II, 47 à 50). Voir aussi les notes de Barry dans l'Histoire de la guerre de
Guyenne, par Baltazar.
[285] François d'Aydie comte de Ribérac, vicomte d'Epeluche,
seigneur en partie de Puy-Paulin, de Cadillac, servit en qualité de capitaine
dans le régiment de son père au siège de La Rochelle à l'âge de 14 ans,
commanda ce régiment, dans Cazal, après la mort de Jacques-Louis, son frère
aine, et fut l'un des otages donnés aux Espagnols lors du traité de Cazal. Il
servit depuis en Flandre, en Italie et en Guyenne, (Père Anselme VII.)
Il épousa le 4 mars 1631 (?) Anne de Raymond, dame de Bellevue, fille de Gabriel,
écuyer, et de Jeanne de Raymond; Marguerite de Foix, sa mere, le déshérita, en
1638, pour avoir introduit dans la maison de Ribérac une personne qui n'était
pas assez noble. Il fut enterré à Ribérac le 26 mai 1694, âgé de 84 ans. Son
fils Joseph-Henri-Odet, marquis de Ribérac, mourut sans postérité. (Ms. du Ban de 1689,
ann. par A. de Saint-Saud.)
[286] Jacques de Bonnaud, président en la
cour des Aides de Guyenne, était petit-fils de Jacques de Bonnaud, conseiller
du roi, receveur-général des finances en la généralité de Guyenne, reçu
bourgeois de Bordeaux en 1582. Jacques épousa Marie-Madeleine de Gascq ; ayant
rendu au roi de signales services pendant la Fronde, il souffrit des
persécutions et fut ruine, aussi le roi permit-il à son fils Léonard d'être, en
1656, conseiller à la cour que son père présidait. (Notes de M. Dast de
Boisville.)
[287] François de Sauvage, écuyer,
seigneur d'Yquem, fils de Jacques, conseiller au Grand-Conseil, épousa Marie de
Calvimont, veuve dès 1692. (Notes de M. D. de Boisville.)
[288] Pierre de Pontac, baron
d'Escassefort, fils d'Etienne, grenier en chef du parlement de Bordeaux et de
Catherine de Geneste, mourut sans enfants le 24 août 1661, époque ou Blaise de
Suduirault le remplaça comme premier président de la cour des Aides (Nob. de Guyenne, II, 355). Pontac soutint contre le parlement
une lutte violente et bien en rapport avec ces époques troublées
[289] « Jean de Montozon sieur de Guillaumias de la Tayé » [ou
mieux de La Faye], père de Catherine, mariée à Pierre du Cluzel, fut nommé
président en l'Election le 5 juillet 1657 (C. C. et Arch. dép. de la Gir. C,
4080).
Il avait épousé Catherine du Reclus, veuve de Jean de Chillaud, fille de
Thibaud, conseiller du roi, et de J. de Chambes, et mourut vers 1676. (Note
du comte E. de Montozon.) Il serait le même que Jean de Montozon, sieur des Rocs, conseiller élu en
Périgord, fils d'autre Jean élu en 1605, et d'Anne Alexandre, et qui aurait
reçu les lettres de provision en remplacement de son père le 29 mai 1629 ; en
1662, il est dit doyen en l'Election. (Arch.
dép. de la Gironde. C. 4080.)
A cette époque, le procureur du roi
en l'Election [1639 à 1662.] se nommait Hélie de Montozon.
[290] Probablement Alexis de
Sainte-Maure, comte de Jonzac, fils de Léon et de Marie d'Esparbès de Luisan :
il fut lieutenant-général de Saintonge et Angoumois après son père, et premier
écuyer du duc d Orléans. Il mourut en 1677 ne laissant que des filles de
Suzanne de Castellan, (Rainguet, Biographie Saintongeaise.)
[291] C'étaient les sieurs de Blénac,
Bellefonds, Rippe de Beaulieu, d’Authon, Saiut-Orens, Brémond d'Ars,
Château-Chesnel, Réal d'Angeac, des Fontenelles (Histoire de Coignac par
l’abbé Cousin. — Bordeaux,
Gounouilhou, 1882,
in-8°.)
[292] Voir à ce sujet : « Relation véritable de ce qui
s'est passé à la levée du siège de
Coignac... à Paris par les imprimeurs et libraires du Roy, MDCLI.
[293] Thibaud de La Brousse, fils de
Thibaud et d'Antoinette du Mazeau, écuyer, seigneur de Verteillac, La Pouyade,
naquit en 1610. Capitaine de chevau-légers sous le duc d'Angoulême, il fut
anobli en considération de ses services et de ceux de son père par lettres du
mois d'octobre 1654, confirmées en juin 1671. Il épousa, le 22 février 1637,
Bertrande du Chesne, fille de Jean, premier avocat du roi au présidial de
Périgueux, et d'Antoinette de Jehan. (F. P. 125, et Carrés de d'Hozier,
137.)
[294] Agonac, commune du canton de
Brantôme, l.'évêque en était seigneur, et son château était défendu par quatre
tours bâties sur la motte d'Agonac, et portant les noms des familles
chevaleresques Bruzac, Chabans, Chambarlhiac, et Montardit, à qui la garde en
était confiée.
[295] Maître Jean Forant était, en 1630,
conseiller du roi, lieutenant particulier assesseur, vimier et premier
conseiller au siège royal de Thiviers. (Généalogie de Vaucocour.)
[296] Peut-être Gaspard de
Beaufort-Canillac-Montboissier, chevalier, seigneur de La Roche-Canillac, fils
de Gilbert, vicomte de La Motte-Canillac et de Claude d'Alegre, marié en 1648 à
Marie d'Auriouz de Crux. (La Chesnaye des Bois.)
[297] Henri Nompar de Caumont, marquis de
Castelnau, duc de La Force après la mort de son père, né en 1582, mort en
janvier 1678, pair et maréchal de France. Il avait épousé, le 17 octobre 1602,
Marguerite d'Escodéca, dame de Boisse, fille de Armand et de Jeanne de Coustin
de Bourzolles. (Dict.
de Lalanne.)
[298] François de La Cropte, seigneur de
Beauvais, lieutenant-général des armées du roi, épousa Charlotte Martel,
comtesse de Marennes en Saintonge. Il était mestre de camp de cavalerie en
1649. (F.
P. 130.)
[299] Antoine Joumard, vicomte de Léger, fils du seigneur de La
Brangelie. Voir la dernière de toutes les notes, elle le concerne.
Des Joumard, la terre de la Brangelie,
en Vanxains, passa aux Beynac, puis aux Chasteigner, aux Lostanges, et enfin
aux di'Auga. Voici comment M. Salleix en est propriétaire par succession.
[300] Barthélémy de Bourdeille, comte de
Malhas, baron de Touchainville, épousa, en 1639, Anne de Coutance, fille
d'Hardouin, sieur de Bâillon, et de Marie du Bois. (F. P. 124.)
[301] Pont-de-Vey, hameau de la commune
de Coulaures (canton de Savignac-les-Eglises), au confluent de l’Ille et de la
Loue. (Dict.
de la Dord., déjà cité.)
[302] Chancelade forme avec Beauronne une commune du canton de
Périgueux; c'était une abbaye célèbre fondée en 1128 et appartenant à l'ordre
de saint-Augustin.
En 1551, l'abbé de Chancelade élait
encore le vénérable Alain de Solminihac, quoique évêque de Cahors, car il ne
donna sa démission d'abbé que le 15 novembre 1652. (Bulletin de la Société
archéol. du Périgord, IX. p. 353.) Alain de Solminihac naquit au château de Belet le 23
novembre 1593 du mariage de Jean, écuyer, seigneur de Belet, et de Jeanne de
Marquessac. Il fut pourvu de l'abbaye de Chancelade à 22 ans, fut nommé en 1636
évêque de Cahors ou il mourut en 1659. (Généal. Solminihac, par Drouyn.)
[303] Il faut lire Réjaillac, petit
village de la commune de Champcevinel, qui est peu éloigné, en effet, de
Château-l'Evêque. Champcevinel est une commune du canton de Périgueux.
[304] Peut-être Pierre de Chancel, sieur
de La Rivière, marié à Marie du Reclus, et dit mort avant 1672, lors du mariage
de son fils Gabriel, avec Jeanne Poulard. (Etat civil de
Bourdeilles.)
« La Rivière-Chancel, capitaine
dans le régiment de Bourdeille, se trouva, enveloppé dans un méchant poste...;
il mourut le lendemain de ses bles sures et fut enterré à Château-l'Evêque. (C. C.)
[305] « Montozon, son lieutenant (de
Chancel de La Rivière), qu'on apeloit parmi ses camarades Biénard sieur de La
Bourgoigne, fit aussi très bien son devoir. » (C. C.) Il pouvait être frère d'Etienne de
Montozon, sieur de La Bourgougne, marié à Antoinette du Cluzel et vivant en
1659. (A.
M, P., GG, 62.)
[306] François Moisson, avocat, épousa Jeanne
Louvic, le 20 mai 1643, don !, née en 1047. (Note de M. Hardy
d'après les A. M. P., GG. 55 et 56'
[307] Nicolas d’Alesme, juge criminel, fut nommé maire de Périgueux en
1648. Il était fils de Martial d'Alesme, lieutenant criminel, décédé en 1647 et
d'Anne de Chalup. (C. C.) Par sa sœur, Anne d'Alesme, femme de Jean Chevalier, écuyer, sieur de
Cablanc, il était oncle de Joseph Chevalier, écuyer, seigneur de Cablanc, Saint-Mayme, Puvgombert, etc., auteur
de l’Histoire
de la ville de Périgueux, encore en manuscrit (que nous avons citée souvent dans nos annotations),
dont le tome III seul est à la bibliothèque de la ville de Périgueux.
[308] Louis-Hilaire de Piédefer, chevalier, marquis de Chanlost,
« premier officier de Monsieur le Prince, mareschal de camp dans les armées du
Roy » (A. M.
P., GG. 50), était
fils de François de Piédefer et de Catherine de Châteauneuf. II avait
épousé, en 1646, Catherine Durand de
Villegagnon.
(Bib. nat. Pièces
originales, V. 2270. Piédefer). Il fut tué à la reprise de Périgueux en septembre 1653, à la porte de la maison du sieur Bodin (Recueil des titres). Bien que ce Recueil, et un manuscrit conservé a la
bibliothèque de Périgueux (portefeuille X), semblent l'identifier avec le sieur
de La Roque-Gassion, Chevalier de Cablanc en parle cependant comme de deux
personnages distincts. Voici ce qu'il dit de ce dernier : « La Roque Cusson,
autrement nommé LaRoque Gassion, parce qu'il avoit servi longtemps et avec
réputation sous ce maréchal, et qui étoit lors lieutenant-colonel au régiment
de Ballhazar.» M.
Charles Barry, dans ses
notes sur Baltazar (p. 58) parle de ce colonel La Roque comme ayant été en
garnison à Périgueux. — Du reste, il y eut un régiment nommé de La Roque Cusson, appartenant à noble Jean de
Lamouroux, écuyer, sieur de La Roque, fils de Jacques et de Jeanne de Mirandol,
marié à Damaris de Vivant, veuve dès 1666. (Notes du vicomte de
Gérard.)
[309] Jean Baltazar ou Balthazard, (fils de Jean Balthazard de
Gacheo capitaine des gardes du corps de l'Electeur Palatin, Frédéric V, tué à
la bataille de Prague en 1620 et de Marguerite de Rahire), était né à Simmeren
en 1600. Il commença à porter les armes sous Gustave-Adolphe, roi de Suède, et
le grand duc Bernard de Saxe-Weimar. Après la première bataille de Nordlingen
(1634), il quitta l’armée suédoise et vint en France au service du roi, soit
qu'il y fût attiré par M. de Gassion, depuia maréchal de France, soit que la
réputation du colonel Baltazar, son grand-oncle, maréchal de camp tué à la
bataille d'Ivry (1590), lui en eût ouvert le chemin. Il servit d'abord en
Picardie, puis en Roussillon et en Catalogne, sous les ordres du maréchal de
Brézé, en 1641, et du maréchal de La Meilleraye en 1642. Comme
lieutenant-colonel du régiment d'Alais, il fut envoyé au secours du maréchal de
La Mothe-Houdancourt, et contribua à la prise de Collioure et à la victoire de
Lérida. Il resta en Catalogne jusqu'en 1647, année où il servit eoua le grand
Condé, et fut nommé maréchal de camp. Le 25 juillet 1648, il épousa Madeleine
de Brignac, fille de François de Brignac, baron de Montarnaud. En novembre
1651, il se décida, par suite des mécontentements qu'il avait esauyés de la
part de la cour, à rejoindre en Guyenne son régiment qui avait suivi Marsin. Il
s'y rendit fameux dans plusieurs combats sous le prince de Condé. A la paix de
Bordeaux, il parvint à obtenir du duc de Candale un traité fort avantageux,
puisqu'on l'envoya en Catalogne pour y servir en qualité de lieutenant-général
sous le prince de Conti et en chef en son absence pendant la campagne de 1654,
dans laquelle il se signala par de brillants faits d'armes. Dans les années
suivantes, il fut envoyé extraordinaire du roi dans les cours de Brunswick et
Lunebourg pour y négociera paix, laquelle étant faite, l'Electeur Charles-Louis
comte palatin du Rhin, l'engagea, avec la permission du roi, d'entrer à son
service et le fit généralissime de ses troupes et son
ministre d'Etat en 1657. Après la paix de Nimègue, il se serait retiré du
service pour habiter en Suisse sa baronnie de Frangins, où il serait mort en
1688. (Bib.
Nat.; Dossiers bleus, Vol. 54.) II a écrit une histoire de la guerre de Guyenne, dont le
texte authentique a été publié et annoté par Ch. Barry. (Bordeaux 1876).
M. de Cosnac, dans ses Souvenirs du règne de
Louis XIV, prétend
que Baltazar n'est qu'un nom de guerre et que le véritable nom du colonel est
Jacques de La Croix. L'origine de ce renseignement nous étant donnée par M. de
Cosnac, nous avons voulu nous en rendre compte par nous-mêmes. Nous avons pu
nous convaincre qu'il ne s'agissait pas de notre héros, mais d'un certain
Gabriel Balthazard (vulgo : Jacques de La Croix) nommé le 5 juillet 1653 à
l'office de prévôt pour l'exercice de la justice près et à la suite de M. le
maréchal de Grancé. Cette place eût été indigne du grand capitaine auquel
l'armée des Princes était redevable de ses succès en Guyenne. (Arch. du Ministère de
la guerre, vol. 138, f° 329).
[310] «Baltazar après
avoir oir pris
tout le bagage du marquis de Sauvebœuf et dé ses troupes qui's'étoient
enrichies de pillage...., fit porter ce butin dans la place publique de
Périgueux, où, ayant fait appeler les habitants à son de trompe, il leur dit
qu'il savoit bien que ce butin étoit composé des dépouilles du pauvre
peuple...., que chacun put reconnoîlre et reprendre ce qu'il reconnoitroit à
lui. (Notes
de M. Villepelet d'après un ms. appelé : Défaite des trouppes du sieur de
Biron.)
[311] Hameau de la commune de Trélissac, qui est du canton de
Périgueux.
[312] Villeréal, chef-lieu de canton de
l'arrondissement de Villeneuve-sur-Lot, bastide fondée au XIIIe siècle. (Tarde, Chroniques.)
[313] François de Gontaut, marquis de
Biron, lieutenant général des armées du roi, mort le 13 mars 1700, âgé de 80
ans. Il avait épousé : 1° Elisabeth de Cossé, fille de François duc de Brissac
et de Guyonne de Ruellan; 2° Béatrix Le Dour. (Moréri.)
[314] La Combe des Dames, petit hameau de
la commune de Périgueux. Baltazar est très bref sur ce combat.
[315] Il faut lire : pont de Parcoul.
Parcoul, ancienne sénéchaussée de
Saintonge, dont il fut même le chef-lieu pendant quelques années au moyen âge,
est une commune du canton de Sainte-Aulaye (Dordogne), tout à côté de
l'Angoumois. François Ier, qui possédait cette paroisse et son château, comme
seigneur foncier direct, les donna en échange en 1523, à François Green de
Saint-Marsault, sénéchal du Périgord. (Arch.
du chât. de Parcoul.) Les ponts de Parcoul (ainsi les désignent les manuscrits) ont servi maintes et maintes fois de
passage aux troupes qui se rendaient d'Angoumois en Guyenne : on voit encore
sur la Dronne leurs ruines pittoresques.
Le duc d'Harcourt établit son camp
à La Roche-Chalais, à 6 kilomètres au sud de Parcoul; il s'y trouvait le 1er
février 1652. (B.
N., carrés de d'Hozier, vol. 352, p. 170; note de M. de Gérard.)
[316] Canton de l'arrondissement de
Périgueux, célèbre abbaye dont la fondation, dit-on, remonte à Charlemagne. On
a publié beaucoup de choses intéressantes sur celle abbaye et plusieurs de ses
abbés, notamment sur Pierre de Bourdeille, dans le Bulletin de la Société
hist. et arch. du Périgord.
[317] Châtellenie de l'Angoumois,
enclavée en Périgord, et relevant de l'évêché de Périgueux. M. de Bourdeille en
était baron. C'est maintenant une commune du canton de Verteillac,
arrondissement de Ribérac.
[318] Lisle, commune du canton de
Brantôme Les Fumel et les Pressac comme successeurs des Lioncel, possédaient
cette baronnie par indivis.
[319] Gabriel de Pontac, seigneur
d'Anglade, Fourens, etc., commandant de 100 hommes d'armes, demeura fidèle au
roi pendant les troubles de la Fronde, et servit utilement, en l645, le duc
d'Epernon aux troupes duquel il facilita les moyens de se servir du château de
Vayres. Condamné à mort et exécuté en effigie, il s'enferma dans son château
d'Anglade, véritable place forte, construite près du bourg d'Izon, sur les
bords de la Dordogne. Gabriel de Pontac échappa de la sorte au courroux des
Bordelais. Il fut tué par la suite en faisant, à la tête de ses vassaux, le
siège de Villeneuve-d'Agen, pour remettre cette ville sous l'autorité de Louis
XIV. On l'accuse aussi d'avoir fait la guerre pour son propre compte. Il avait
épousé Marguerite Ferron de La Peyrière. (Histoire du parlement,
par Boscheron et Nobil. de Guyenne, II,
359, déjà cites.)
[320] François Grimoard, écuyer, sieur
des Jonies, ou plutôt son frère Jean, écuyer, sieur de Frateaux, nommé maréchal
de camp en 1652. Il avait épousé, le 9 mai 1651, Charlotte de Villoutreix. (F. P. 144.)
[321] Noël-François Juilhot, chevalier,
seigneur de La Devise, baron de Cazillac, fils de Bertrand, chevalier, seigneur
des mêmes lieux, gentilhomme de la chambre, et de Jeanne de Fonmartin, épousa
Marie Gillet, et mourut en septembre 1682. Le fief de La
Devise, dans St. Barthélémy de Bellegarde, passa, par le mariage de Marie
Juilhot, en 1722, à son époux Jean-Paul Déalis de Saujean, écuyer, dont les
descendants le possèdent encore. (Généal. Juilhot en ms., par A. de St-Saud.)
[322] C'est le fameux combat de Miradoux
sur lequel ou a tant écrit soit au xviie siècle (plusieurs récits spéciaux
indiqués dans le Catalogue
de la Bibliothèque nationale, Histoire de France), soit de notre temps (Revue de l'Agenais, Revue de
Gascogne, etc.),
sans parler des pages écrites par des plumes telles que celles de Victor Cousin
et du duc d'Aumale.
[323] C'était Henri de Baylens, marquis
de Poyanne, chevalier des Ordres du roi, lieutenant-général pour le roi en
Navarre et Béarn, gouverneur de Dax, Navarreins et Saint-Sever, sur lequel,
comme sur tous les Poyanne, il faut citer surtout les savantes études de M. le
chanoine Jules de Carsalade du Pont, secrétaire-général de la Société des
Archives historiques de la Gascogne, notre confrère de la Société archéologique
du Périgord.
[324] Domme, canton de l'arrondissement
de Sarlat, ancienne bastide fondée en 1282 par Philippe-le-Hardi, qui acheta
cette colline à Guillaume de Domme, damoiseau, dont la famille continua à
posséder Domme-Vieille. (Tarde, Chroniques : Annotations de Gérard.)
[325] Henri de Chabot avait épousé, en
1645, la fille unique de Henri, premier duc de Rohan, et de Marguerite de
Béthune, appelée, comme sa mère, Marguerite, et il avait ajouté le nom de Rohan
au nom de Chabot. Plusieurs, au lieu de dire Rohan-Chabot, disaient tout simplement Rohan. Avant d'être duc de Rohan-Chabot,
Henri était connu sous le titre de sieur de Sainte-Aulaye. Voir, sur sa femme
et sur lui, la peu édifiante historiette de Tallemant des Réaux sur Mesdames de Rohan (t. III, p. 410-471.).
[326] Jacques de Mouchi, seigneur
d'Inquessen, fils du maréchal d'Hocquincourt et de Louise d'Estampes, tué au
siège d'Angers, l'an 1652. (Moréri.)
[327] Un fils de Jacques Rouxel de
Médavy, comte de Crancey, gouverneur de Montbéliard, de Graveline, de
Thionville, maréchal de France (1651), mort à Paris le 20 novembre 1680, à
l'âge de 78 ans.
[328] Bourdeilles, commune du canton de Brantôme. Cette
importante seigneurie, qualifiée au xvie du titre d'une des quatre baronnies du
Périgord, appartenait dès le commencement du xiiie siècle aux comtes de
Périgord. Alain d'Albret, comte de Périgord, la vendit, malgré sa femme, le 14
février 1480, pour 4,000, écus d'or, à François de Bourdeille, dont les
descendants en possèdent encore le château. (Arch. dép. de la
Gironde, C. 4,143.)
Un paysan des environs de
Bourdeilles, qui se faisait appeler : le petit Baltazar, attaqua Bourdeilles, le prit, et
Chanlost fit capituler la garnison et y mit Saint-Aubin, l'un des plus braves
et anciens officiers de M. le prince. » (C. C.)
[329] Jean Fayolle, chanoine et official
du diocèse, testa le 9 août 1685, laissant sa fortune a maître Pierre Fayolle,
avocat, son neveu. (A. D. I.)
[330] Notre-Dame des Vertus est une chapelle près de Périgueux,
distant d'une lieue de ceste ville, dit Livre Vert, ou l'on se rendait on pèlerinage.
N.-D. de Sanilhac, commune du canton de Saint-Pierre-de-Chignac, mais proche de
Périgueux, se nommait aussi N.-D. des Vertus,
(Note
de M. Hardy).
[331] Le R. P. Alexandre Gottifredi,
italien, fut général de la Compagnie de Jésus du 21 janvier 1652 au 12 mars
suivant; il mourut durant la Congrégation générale qui l'avait nommé. Le Ménologe mentionne son zèle, sa force d'âme
et son esprit de prière. Il fut remplacé par le R. P. Goswin Nickel, ancien
provincial du Bas-Rhin, qui fut général de 1652 jusqu'en 1664, date de sa mort
a Rome. Sous son genéralat, après cinquante ans d'exil, la Société de Jésus fut
rétablie dans la République de Venise. (Renseignements du R. P. A. Denjoy, jésuite.)
[332] Henry de Foucauld, chevalier,
seigneur de Lardimalie, Auberoche, fut orphelin de bonne heure. Il était fils
de Jacques, baron d'Auberoche, et de Marie de Calvimont. Quoiqu'à peine âgé de
13 ans, il défendit vaillamment Lardimalie avec le secours de son oncle,
François de Foucauld, seigneur de La Faye. (Bibl. de la ville de
Périgueux, mss. Lapeyre, carton xiii.) Il épousa, le 21 avril 1658, Suzanne de Losse, fille
de Jean baron de Losse et de Jeanne de Montaut-Bénac. Il fut capitaine de
chevau-légers, et mourut avant 1710. (Courcelles, généalogie Foucauld.)
[333] Lardimalie, château situé dans la
commune de Saint-Pierre-de-Chignac, à l'est et non loin de Périgueux. Les
Foucauld le possédaient encore au commencement de ce siècle.
[334] François de Foucauld, écuyer,
seigneur de La Faye d'Auriac par sa femme, était fils d'Henri, seigneur de
Lardimalie, et de Lucrèce de Saint-Astier, et ainsi oncle du jeune Henry.
Chevalier de Cablanc raconte que M. de La Faye d'Auriac « oncle du seigneur de
Lardimalie incommodoit fort les paysans et faisoit des courses jusque dans les
portes de Périgueux. Il avait épousé Catherine Arnal, dame de La Faye et
d'Auriac (fille d'Antoine, écuyer, et de Françoise de Sanaux), qui testa le 6
mars 1655. (Bibl.
nat., Chérin 78 et minutes de Boisset,
notaire royal à Montignac.) Il vivait encore en 1683. Registres paroissiaux
d'Auriac.)
[335] Probablement Charles de Calvimont,
chevalier, seigneur de Montagnac, marié avec Jacquette de La Lanne, et qui
défendit, en 1653, Castillon avec la compagnie qu'il commandait. Il était fils
de Marguerite de Lansac-Roquetaillade. Son père Jacques, baron des Tours de
Montaigne, s'etant remarié en 1644 avec Marguerite de Ségur Pitray, il ne peut
y avoir hésitation qu'entre lui et son frère aîné Léon, marie en 1635 avec
Marie de Beynac. (Saint-Allais,
généalogie Calvimont.)
[336] Henri-Charles de La Trémouille,
prince de Tarente et de Talmont, duc de Thouars, pair de France, général de
cavalerie des Etats de Hollande, gouverneur de Bois-le-Duc, né en 1621, mort à Thouars le
14 décembre 1672. Il joua un rôle dans la Fronde, ou, après avoir servi la
cour, il embrassa le parti de Condé, passa on Hollande, puis rentra en France
(1655), où il fut arrêté et resta plusieurs mois en prison. Deux ans avant sa
mort, il se convertit au catholicisme. Il avait épousé le 1er mai 1648 Amélie de Hesse, fille de
Guillaume V, landgrave de Hesse-Cassel. (Dict. de Lalanne.)
[337] Jacques de Rougé, marquis de
Plessis Bellière, était, en 1647, premier capitaine au régiment de Breze et
gouverneur d'Armentières qu’il fut forcé de rendre aux Espagnols après trois
semaines de la plus vigoureuse résistance. Il assista à la levée du siège de
Cognac et à la prise de La Rochelle. Après la prise de Taillebourg, on mars
l652, il conduisit ses troupes au roi et prit part au combat de Bleneau (7
avril 1652). Après la Fronde, il passa en Catalogne, puis reçut, en 1654, le
commandement de l'armée envoyée sur les côtes de Naples; il y fut tué près de Castellamare en
novembre 1654. (Notes
de Barry dans Baltazar, déjà cité.)
[338] Charles de Sainte-Maure, duc de
Montausier, né en 1610 et mort en 1690. Il épousa Julie d'Angennes en 1645, se
convertit au catholicisme et fut nommé lieutenant-général. Pendant la minorité
de Louis XIV, il maintint la Saintonge et l'Angoumois sous l'obéissance royale,
et combattit les troupes des Princes en Périgord. (Moréri.)
[339] M. Audiat, président de la Société des Archives historiques
de la Saintonge, nous apprend qu'il se nommait le sieur du Chambon, de la
famille du Lau. Il s'agit alors de :
Armand du Lau, chevalier, comte de
Chambon, seigneur de Champniers, Celettes et autres places, gouverneur de
Saintes, maréchal des camps et armées du roi ; (fils aîné de Henri du Lau et
d'Henriette de Pons Mirambeau.)
Il épousa le 30 mai 1655, Sibylle
Jaubert de Saint-Gelais, fille de feu François, chevalier, seigneur d'Allemans.
Il mourut avant 1696. (Bibl. nat. Pièces originales, 1658 du Lau f°
30.)
[340] Cette petite ville de Saintonge
(sur la rive droite de la Charente, à 15 kilomètres sud-ouest de
Saint-Jean-d'Angély), est une des villes de France dans laquelle, ou autour de
laquelle, on s'est le plus battu. Nous rappellerons les combats ou sièges de
1179, de 1187, de 1194, de 1242, de 1346, de 1385, de 1441, de 1584, de 1585,
etc. Parmi les combattants, on remarque, outre le grand Condé, Richard
Cœur-de-Lion, le comte de Derby, et notre jamais assez admiré saint Louis dont,
l'été dernier, la Société des Archives historiques de la Saintonge et de
l'Aunis, à propos du 650e anniversaire de la victoire du 20 juillet, a
magnifiquement fêté la glorieuse mémoire.
[341] Balthazar Brandon, sieur de
Bassencourt, conseiller du roi, maître ordinaire en la Chambre des comptes,
puis prêtre de la Mission. (Voir la fiche relative à Monseigneur Brandon, son
frère. (Bibl.
nat. Mss. Pièces originales et dossiers bleus de
d'Hozier.)
[342] Charles de Savoie, duc de Nemours,
de Genevois, d'Aumale ; né en 1624 de Henri duc d'Aumale et d'Anne de Lorraine,
héritière de Nemours, épousa le 11 juillet 1643, Elisabeth de Bourbon Vendôme,
fille de César, duc de Vendôme et de Françoise de Lorraine. Deux filles
seulement lui survécurent, Marie devenue duchesse de Savoie, et autre Marie,
reine de Portugal. Il fut tué en duel en 1652 par le duc de Beaufort. (Nobil. de Guyenne, IV,
59.)
[343] Anne-Marie-Louise d'Orléans, (fille
de Gaston de France, duc d'Orléans, et de Marie de Bourbon duchesse de
Montpensier), souveraine de Dombes, princesse de La Roche-sur-Yon, dauphine
d'Auvergne, duchesse de Montpensier, etc., née le 29 mai 1627, morte sans alliance le 5 avril 1693 (Moréri).
[344] François-Théodore de Nesmond,
seigneur de Saint-Dizant et de Maillou, était fils d'André de Nesmond, premier
président au parlement de Bordeaux, et d'Olive Daste, ou de Aste (et non de L'Hugs d'Asthe comme dit La Chesnaye). Il fut
successivement conseiller au parlement de Bordeaux, (lettres du 10 avril 1619),
maître des requêtes (10 décembre 1624), président à mortier au parlement de
Paris (20 décembre 1636), puis premier président de cette cour. Il s'acquit,
dit La Chesnaye, beaucoup d'honneur dans les négociations de la Fronde, et
soumit les Parisiens à tout ce que le roi voulut leur imposer. Il mourut âgé de
66 ans le 25 novembre 1664. Il avait épousé, le 10 septembre 1624, Anne de Lamoignon,
fille de Chrétien, premier président au parlement de Paris. L'un de ses fils,
François-Théodore, fut évêque de Bayeux ; un autre, Henri fut président au
parlement de Bordeaux. (Renseignements de M. Dast de Boisville). On peut ajouter que cette famille
bâtit, sous Henri IV, 55, quai de la Tournelle, à Paris, un superbe hôtel,
malheureusement bien mutilé depuis.
[345] Le seigneur de La Faye d'Auriac,
contrarié sans nul doute que son jeune neveu ait fourni des subsides aux
troupes des Princes, s'empara de lui une seconde fois, pour organiser la
résistance à Lardimalie. (C. C.)
[346] Eyliac, commune du canton de
St-Pierre-de-Chignac, à 15 kilomètres de Périgueux.
[347] Léguillac-de-Lauche, commune du
canton de St-Astier, à 17 kilomètres de Périgueux.
[348] Chevalier de Cablanc en fait
mention, mais sans grands détails.
[349] « Guerrier, capitaine au régiment
de Condé, l'un des plus habiles officiers du party ». (C.C.)
[350] Hameau de la commune de Périgueux,
avec une ancienne chapelle sur le coteau portant ce nom. (Diction, de la Dord.
déjà cité.)
[351] N... des Hoches, lieutenant des
gardes du duc d'Enghien en 1644, servit avec distinction au siège de Mardick.
Devenu capitaine des gardes de M. le Prince, il sortit de France avec son maître à
la fin de 1652. Il fut fait prisonnier à la bataille des Dunes, et laissé à
Mardick sur parole. (Notes de Barry déjà citées.)
[352] Charles de Mouchi, marquis
d'Hocquincourt, maréchal de France, né en 1599, marié à Eléonore d'Etampes,
suivit le parti du prince de Condé, et fut tué au siège de Dunkerque en l658. (Dict. de Lalanne.)
[353] Jacques de Saulx, comte de
Tavannes, lieutenant-général des armées du roi, bailli de Dijon, un des braves
guerriers de son temps et un des plus expérimentés, mourut le 22 décembre 1683,
âgé de 63 ans. Ses Mémoires contiennent les guerres de Paris depuis la prison des
Princes en 1650 jusqu'en 1658. Il avait épousé Louise-Henriette Potier, (fille
puinée de René, duc de Tresmes, pair de France, et de Marguerite de Luxembourg.
(Moréri.)
[354] Jean de Rieux, comte de
Châteauneuf, vicomte de Donges, fils de Guy de Rieux IIe du nom et de Catherine
de Rosmadec, dame de la Hunaudaye.
[355] Saint-Just, commune du canton de
Montagrier. Elle relevait de la baronnie de Bourdeilles et appartenait alors
aux Sescaud qui la tenaient des des Ailes. (Archives de Montardit.)
[356] Le Dictionnaire
historique de la France, de M. Lud. Lalanne, qui, ainsi que le vieux Dictionnaire de Moréri, a été si utilement
consulté par nous (ce sont, en tant qu'imprimés, les sources principales de
notre annotation), fait mourir Jacques Nompar de Caumont, non le 9, mais le 10, et non à Bergerac même, mais au château de La Force, non loin de cette ville. Nous
croyons devoir donner la préférence au témoignage du chroniqueur qui était sur
les lieux et qui, en qualité de voisin, devait être, pour les circonstances du
décès, mieux informé que tout autre. La Gazette (n° du 1er juin 1652, p. 537) donne tort à notre
chroniqueur en ce qui regarde la date, mais lui donne raison en ce qui regarde
le théâtre de l'événement. J. du Lac, dans son Histoire de Bergerac, dit aussi que le maréchal, qui
s'était retiré à Bergerac, y mourut.
[357] Guillaume Le Sens, chevalier, puis
marquis de Folleville, lieutenant général des armées, épousa Marie Malherbe,
par contrat du 20 mars 1646, où il est dit fils de feu Isaac, chevalier de
l'Ordre du roi, capitaine de chevau-légers et d'Anne de Mainbeville ; il fut
aussi conseiller d'Etat. (Bibl.nat. Mss. carrés de d'Hozier, 580, f° 325).
[358] Saint-Astier, canton de
l'arrondissement de Périgueux, sur les bords de l'Ille. L'église collégiale de
cette petite ville fut pillée, et procès-verbal du vandalisme fut dressé, le 9
juillet 1652, d'après l'ordre de !a cour sénéchale de Périgueux, en présence de
M. Pierre Lavandier, curé et chanoine de l'église. On accusa les gens de
Baltazar .l'avoir commis ces déprédations, le 27 mai précédent. (Notes de M. Villepelet,
d'après le procès-verbal, Mss., portefeuille X, à la Bibl. de Périgueux.)
[359] « Le sieur de La Borie de La Gobertie, brave gentilhomme,
voisin, s'était jeté dans la forge de Monclar avec ses domestiques. La fermeté de ce gentilhomme ne parut
pas seulement dans sa résistance.... elle fut toujours la même.... » Il empêcha
Baltazar de rejoindre Folleville. Ainsi s'exprime Chevalier de Cablanc au sujet
de Raymond de Véra de La Gaubertie, chevalier, seigneur de La Borie (fils de Gabriel et de Catherine de La Brousse)
qui épousa, le 2 octobre 1629, Anne Brunet de Pujol, fille de Jean-Jacques
Brunet, baron de Pujol, et de Catherine du Faulx (alias du Saulx).
Baltazar, dans son Histoire de la guerre de
Guienne, dit que :
« Tout fut tué
dans la ferrière
de Montclard à la réserve de Laborie et de quelques autres. » Cette affaire est
du mois de mai 1652. Il est possible que Raymond ait succombé quelque temps
après à ses blessures. Ledit Raymond mourut cette même année 1652, et
l'inventaire des meubles du château de La Borie eut lieu le 10 octobre 1652. (Archives du vicomte A.
de Tessières et de M. Xavier du Pavillon.)
[360] Liorac, commune du canton de La
Linde.
[361] Raymond de Beaupoil de
Saint-Aulaire, baron de La Luminade, seigneur de Pontet, La Beylie, etc., fils
de Jean, écuyer, et de Marguerite dul Puy II aurait été maréchal de
camps. Il se maria deux fois : 1° le 8 novembre 1638, avec
Jeanne Lestrade de La Cousse; 2° le 19
octobre 1672, avec Jeanne du Mas de La Beylie, dans l'église
Saint-Hilaire-d'Estissac. Il mourut le 5 février1679. (Bibl. nat., Carrés de d'Hozier. et reg., par. de
Saint-Hilaire-d'Estissac.) - Chevalier de Cablanc, qui avait pu le connaître, le qualifie simplement de maréchal des batailles, ce qui doit être plus exact.
[362] Le capitaine du Laurier fut tué
dans le clocher, aux côtés de M. de La Luminade. (C. C.)
[363] Commune de Saint-Léon-sur-l'Ille,
canton de Saint-Astier. Ce repaire noble des Talleyrand de Grignols dont
relevaient Neuvic et Puyferrat appartient maintenant à la ville de Chalais, qui
a hérite de tous les biens que le dernier duc de Périgord, prince de Chalais,
de la branche aînée, possédait dans la Charente et la Dordogne.
[364] « Montsarrat, vieux soldat et homme de résolution », se
défendit de la façon la plus courageuse, mais fut obligé de capituler le 20
juin. (C.
C.)
Grignols, situé sur le Vern (ou
Vergt) est très ancien, il en est parlé dans le Cartulaire de l'abbaye de
Cadouin et dans la Chronique de Geoffroy, prieur de Vigeois, vers 1185. Celle
châtellenie comprenait, en 1301, mille feux; 10 paroisses et 35 nobles, en
1365. Elle fut érigée en comté, en 1613, en faveur de Daniel de Talleyrand. (Calendrier historique
du Périgord, par Laussinotte. Notes de M. Villepelet.) Consulter Villamblard et Grignols,
brochure par Garraud, déjà citée.
[365] François de Joumard, baron de
Dirac, seigneur de Sufferte, appelé Tison d'Argence, par substitution de la
famille de sa mère Gabrielle Tison, dame d'Argence, etc. (voir plus loin),
épousa : 1° une Beaupoil de Saint-Aulaire ; 2°le 11 mai 1655, Marie des Cars. (F.
P.
118, f° 19.)
[366] Annesse forme avec Beaulieu une
commune du canton de Saint-Astier, et est distant de Périgueux de 15
kilomètres.
[367]
« Gaston, l'un des
meilleurs capitaines et des plus braves soldats de son régiment, eut en partage
le régiment de Rochefort que le sieur de La Pouyade Saint-Martin commandoit....
il enfonça vigoureusement ce régiment, et le rompit ..... Ayant été blessé par
M. de La Pouyade, il vit bientôt ce dernier tomber au pouvoir des siens. Il lui
offrit alors la vie pour 100 pistoles. La Pouyade, pressé de fuir, lui remit sa
bourse, jurant sur l'honneur de compléter la somme si c'était nécessaire. Le
soir, Gaston, en l’ouvrant trouva sept pistoles de
plus, et, malgré ses camarades, les renvoya à La Pouyade. CPétait un
soldat de fortune, l'un des plus hardis des troupes frondeuses, sans naissance,
mais plein de sentiments délicats. (C. C)
[368] Chevalier de Cablanc donne les
détails les plus intéressants sur cette bataille ; il n'indique que
quelques-uns des morts, parmi lesquels : La Casse, capitaine de Baltazar. Paget
(peut-être le Fagot sus-nomme) fut blesse d’un coup de sabre à la tête.
[369] Charles de La Rochefoucauld, marquis de Montendre, fils aîné
d'Isaac baron de Moutendre et seigneur de Monguyon, épousa le 27 septembre 1633, Renée Thevin. Il mena une compagnie de 100 gentilshommes de ses voisins et
vassaux au secours de l'île de Ré, attaquée par les Anglais eu 1625. Son beau-frère, Geoffroy de Durfort-Duras, baron du
Cuhzngais, l'aida dans cette entreprise. Toiras, commandant pour le roi la
citadelle de Saint-Martin-de Ré, le dépêcha en 1627 vers le duc de Buckingham, mouillé devant la place, avec
les propositions de paix.
Il avait relevé les noms et armes
des Fonsèque, sur le désir de sa mère Hélène de Fonsèque, fille du baron de
Surgères. (Etudes
historiques sur l'arrondissement de Jonzac, par Rainguet.)
[370] Montences (ou Montanceix), est un
château de la commune de Montrem, canton de St-Astier. Il appartenait alors à
François Joumard, baron de Dirac, seigneur de Sufferte, un des quatre barons
d'Angoumois. (Notes
de M. Villepelet). Le 15 juillet 1653, il fut dressé procès-verbal des
déprédations commises lors de ce siège, et des malheurs éprouvés par M. de
Joumard. (F.P.
124, f° 290, consulter
aussi le Bulletin
de la Société, III, p. 47.)
[371] Paul Beaupoil de Saint-Aulaire,
fils de David, écuyer, seigneur de Fontenilles, de Douchapt, de La Rigale, et
d'Isabeau de Raymond, mourut après le combat de Montanceis. (Bibl. nat. Dossiers
bleus 1702). «
Enseigne au régiment des gardes » fut fait prisonnier. (C. C.)
[372] Gaspard Joumard, chevalier,
seigneur de Sufferte, La Borde et co-seigneur de La Double, épousa le 11 juillet 1608 Gabrielle Tison, dame d'Argence,
Dirac, La Roche Audri, etc., fille et héritière de François, gentilhomme de la
chambre et de Françoise de La Rochebeaucourt. (F.P. 118), avec obligation de donner le nom de
Tison d'Argence à leurs enfants, ce qui fut exécuté. (Voir ci-dessus). Les armes
des Tison sont sur les vitraux de l'Hôtel-de-ville d'Angoulême.
[373] Le prince de Conti était venu à
Périgueux sans qu'on ait jamais pu savoir le dessein qui l'y amena. Il fit La
Roque colonel avant de l'envoyer aux Bories. Une fois les Bories pris, on y établit
en garnison Charleroy, capitaine au régiment d'Enghien. (C. C.) Il doit s'agir de M. de La Roque
Cusson, sunommé Gassion, comme il a été dit plus haut, et qui M. Barry (Guerre de Guyenne déjà
citée), croit
être des La Roque Saint-Amand.
[374] Jean-Jacques de Saint-Astier,
chevalier, marquis des Bories était fils d'Henri baron des mêmes lieux,
gentilhomme de la chambre, et de Jeanne de Marquessac. Il avait d'abord
embrassé l'état religieux, mais à la mort de son frère ainé il se fit relever
de ses vœux et épousa, le 25 juillet 1637, Catherine de Montesquieu-Monluc. Il
mourut le 3 janvier 1659. Durant ces troubles, il eut son château des Bories
pris et pillé, car il n'avait cessé d'être du parti du roi, il fut même fait
prisonnier ; mais s'étant échappé, il reprit son château, soutint un second
siège, que M. de Chavagnac, accouru de St-Robert, vint faire lever. Ils mirent
en fuite les troupes du marquis d'Aubeterre et délivrèrent le pays, à quatre
lieues à la ronde des environs de Périgueux, des partisans des Princes. (F P. 100.)
[375] Antoine, marquis de Chabans, dit de
Saint-Preuil, seigneur de La Chapelle-Faucher, était fils de Gaspard et
d'Henriette de Jussac d'Ambleville. Il épousa : 1° une dame romaine appelée
Marguerite Sabari ; puis, en 1681, Suzanne de Losse. Chevalier de Cablanc en parle à chaque instant; Antoine fut
en effet un brave militaire qui parvint au grade de maréchal de camps. Ses
frères s'étant emparés de son château et ayant embrassé le parti des Princes,
il dut les y assiéger ainsi que sa mère, qui donna les preuves de la plus
grande intrépidité ; mais la vieille demeure seigneuriale n'en tomba pas moins en ses mains (juillet 1653(Généalogie de la maison
de Chabans, par Courcelles) Voir plus haut une note sur François de Jussac, seigneur de Saint-Treuil.
[376] Jean d'Aubusson, chevalier,
seigneur de Mortemar (section de la commune de Saint-Felix-de-Reillac) et de
Beauregard, fils de Jean, seigneur de Villac, et de Marguerite de La Tour, épousa, le 27 juin 1643,
Jeanne de Loudal, veuve de Charles d'Aubusson, seigneur de Beauregard. (La Chesnaye des Bois).
[377] Le château, dont il ne reste que
des débris, était bâti sur un plateau entre deux vallées qu'arrosent les ruisseaux des
Neuf-Fonts et de La Crempse. Philippe-le-Bel l'échangea
à Hélie de Talleyrand, en 1301 ; des d'Abzac, il passa aux d'Aubusson, puis aux
Souillac en 1704. (Villamblard et Grignols, déjà cité.)
[378] Sur le siège de Villeneuve-sur-Lot
et sur la vaillante conduite du défenseur de cette ville, le marquis de
Theobon, on connaît plusieurs relations spéciales. Voir le tome II du Catalogne de la
Bibliothèque nationale, (Histoire de France), à l'année l652. Un trouvera quelques détails sur
le siège et sur Théobon, dans le texte et dans les
notes du Livre
de raison de M. de Lidon, déjà cité.
[379] Peut-être Hélie d'Arlot de Frugie,
chevalier, seigneur de Cumond, La Linde, Sainte-Marie-de-Frugie, etc., dit : Monsieur de
Sainte-Marie. Il était
fils d'Antoine, gentilhomme ordinaire de la chambre des rois Henri IV et Louis
XIII, et de Marie de Coustin ; il épousa, en 1654, Françoise de Baudet, fille
et héritière de Raphaël, chevalier, seigneur du Puch de La Linde et de La
Roque, et de Charlotte de Losse; il mourut à Frugie en avril 1672, mais fut
enterre à Cumond, en présence de quarante prêtres ou religieux. Capitaine au
régiment de Montmège, il servit sous d'Epernon, La Meilleraye, le maréchal de
Chatillon, et fut grièvement blessé au siège de Gravelines. (Archives du château de Cumond) Chevalier de Cablanc mentionne la
prise de La Tour-Blanche, sans détails.
[380] Le Chapeau-Rouge, une des plus
belles voies et la plus large du quartier central actuel de Bordeaux, tire son
nom d'une hôtellerie célèbre. Un curieux usage, renouvelé de nos jours dans les
hotels et gares de chemin de fer, avait permis d’y installer un tronc pour
recevoir les aumônes des vovageurs sous le contrôle d'une sorte de confrérie,
qui houspilla, un beau jour, si bien deux écoliers de passage à l'hôtellerie du
Chapeau-Rouge, pour les forcer à donner grosse somme, qu'une sentence des jurats,
confirmée par le parlement en 1582, réprima ces abus et ordonna que la boîte à
aumônes serait fermée à double clef. (Variétés bordeloises, par Baurein, IV, 21.)
[381] Les historiens s'accordent a dire que le président de
Pichon-Longueville fut chassé et proscrit de la ville de Bordeaux par les
factieux de l'Ormée qui, avec un canon, l'assiégèrent dans son hôtel situé an Chapeau-Rouge. Bernard de Pichon fils de François
et de Catherine de Ravolier, seigneur de Carriet, devint baron de Longueville
par son deuxième mariage du 8 septembre 1646 avec Anne Da..is( ?), veuve
de Gabriel de Jaubert,-comte de Bourzac, en Périgord. Finette, fille de sa
première femme Catherine de La Lanne (épousée en 1633), se maria avec
l'infortuné marquis de La Douze. Bernard de Pichon, outre la charge de grand
président au parlement de Bordeaux, fut conseiller du roi en ses conseils
d'Etat et privé. Il joua, pendant la Fronde, un rôle militant, car, lors d'une
affaire à Blanquefort, il eut un cheval tué sous lui; nous le voyons, en 1650,
aller haranguer le roi à Libourne, affecter de ne pas saluer Mazarin, ni même
le regarder, ce qui ne l’empêcha pas d'être traité de Mazarin deux ans après.
De sa maison et de celle du conseiller de La Roque partit une vive fusillade,
quand les Ormistes s'y présentèrent; mais ils purent s'en approcher cependant,
grâce au canon, et y mettre le feu après l'avoir pillée. Elle dut être
rapidement reconstruite, car ce fut dans l'hôtel de Pichon-Lougueville que le
roi reçut l'hospitalité, lors de son passage à Bordeaux, en 1659. (Notes de M. de Boisvillr, et Histoire du Parlement,
déjà citée.)
[382] Charles de La Roche, seigneur
et baron de Guimps, Aurillac, Queyries,
fut reçu conseiller au parlement de Bordeaux, le 22 décembre 1643; il était
fils de Fronton, conseiller au dit parlement, et de Jeanne de Métivier. Il
épousa une fille de Jean-Jacques de Pichon, conseiller-notaire et secrétaire
audit parlement. (Notes
de M. de Boisville.)
[383] Jacques de Stuer [ou Estner,
marquis de Saint-Mégrin , marié en 1651( ?), le 20 novembre à Elisabeth Le
Féron, fille de Dreux, conseiller au parlement, dont il n'eut pas d'enfants. Il
était fils de Louis Stuer de Caussade, prince de Carency, et de Diane des Cars.
(Nob.
du Limous. par Nadaud.)
[384] On lit dans la Gazette du 6 juillet 1652 (p. 657) : « Le 2
de ce mois, fut ici [Saint-Denis] apporté le corps de messire Jacques Stuard (sic), marquis de Saint-Maigrin,
lieutenant géneral des armées du Roy et capitaine-lieutenant des deux
compagnies de chevaux-levers de la garde du Roy et dela Reyne, qui avoit esté
tue ce jour là au combat d'entre les troupes du Roy et celles des Princes, à la
teste des gens d'armes et chevaux-legers de S. M. Il estoit âgé d'environ
trente-six ans, et pendant les dix-huit campagnes qu'il a fait en Allemagne,
Lorraine, Flandre et Catalogne, où il a commandé seul, il avoit acquis une si
haute réputation que Leurs Majestez ont este sensiblement touchées de sa mort,
et, pour marque de l'estime qu'elles faisaient de luy, ont voulu qu'il lust
enterre dans l'église abbatiale de cette ville. « De cet éloge, il faut
rapprocher ce que dit du brillant officier le duc d'Aumale en son vivant récit
du combat du faubourg Saint-Antoine (dernier volume paru de l’Histoire des princes
de la maison de Condé).
[385] Martial Moyne, chanoine théologal,
décédé à l'âge de 75 ans, le 11 mars 1679, fut enterré en l'église de
Saint-Front « dans laquelle, suivant la coutume d'icelle, on a sonné a deuil,
et toute la nuit ; son corps a esté porté dans la présente église Saint-Svlain
où l'on a commencé à sonner que ce matin (12 mars) et à la manière ordinaire.
Le Libera y a esté chanté par le chapitre suivant le concordast passé entre
led. chapitre et moy curé, et ensuite le corps a esté porté dans l'esglise
Saint-Front. » (A.
M. P. GG, 121, f° 19, r°).
[386] Canton de l'arrondissement de
Bazas, sur la rive gauche de la Garonne. On écrivait de Bordeaux, le 18
juillet, à la Gazette
(n° du 27
juillet 1652, p. 717) : « Le 12 de ce mois, le marquis de Lusignan, partit
d'ici avec quelques troupes, pour aller reprendre la ville de Langon. » D'après
la communication faite à la Gazette, le château de Langon fut battu de quatre pièces de canon le
14 juillet et emporté d'assaut le 15.
[387] Château de la commune de Budos, (canton de Podensac,
arrondissement de Bordeaux) bâti par la famille de ce nom en 1306, dont il
reste encore des ruines imposantes. Laserre s'en étant emparé avec les troupes
royales, le saccagea, en pilla les archives; mais Baltazar envoya contre lui
des troupes qui le firent prisonnier. (La Guyenne militaire, par L. Drouyn, II, 152.) Voir sur la maison de
Budos, éteinte dans la maison de Montmorency, une notice spéciale d'André
Duchesne (p. 447 de l’Histoire généalogique de la maison de
Montmorency). Un
Raymond de Budos avait épousé la sœur du pape Clément V. Les Archives historiques de
la Gironde ont
publié de nombreux documents sur les Budos. On trouve le sceau d'André de
Budos, capitaine du lieu de Budos (1re moitié du XIVe siècle), dans le XXIIe
fascicule des Archives
historiques de la Gasconne, Sceaux gascons du moyen âge, 1892, p. 634. Le chevalier de
Courcelles (Gen.
Chabans: dit, mais
sans preuves, que les Farges, seigneurs de La Chapelle Faucher en Périgord,
étaient de la même famille que les Fargues du Bordelais, et que (d'après
Baluze) ces derniers étaient de la même souche que les Budos.
Voir, sur la prise du château de
Budos, la Gazette
du 3 août 1652,
p. 741. On voit, là que le sieur d'Espagnet, conseiller au parlement, s'était
jeté dans le château de Budos à dessein de le conserver pour un sien neveu qui
en était propriétaire.
[388] On conserve aux Archives nationales
une liasse spéciale formée de documents relatifs à la mort et aux funérailles
du neveu du cardinal Mazarin. Ce dossier n'est pas cité par l'historien des
princes de la maison de Condé et ne semble, du reste, avoir été connu d'aucun
de ceux qui, en ces dernières années, ont eu à s'occuper de la Fronde
parisienne.
[389] Ce ne fut pas au commencement
d'août, mais bien le dernier jour de juillet, que, selon le témoignage de la Gazette (n° du 3 août, p. 744), « le
comte de Rieux, second fils du duc d'Elbeuf, fut mis dans la Bastille par ordre
de S. A. R. pour avoir, dans le palais d'Orléans, offensé le prince de Condé,
qui neantmoins travaille puissamment pour sa liberté. » Offensé est un des plus remarquables
modèles d'euphémisme que l'on puisse citer. L'offense n'était rien moins qu'un
formidable soufflet appliqué par le comte de Rieux au vainqueur de Rocroy.
Faut-il croire que les généreuses démarches de ce dernier valurent au brutal
gentilhomme sa mise en liberté le 23 septembre suivant (Gazette du 28 septembre, p. 923)?
[390] Pierre d'Alesme, chanoine de la
Cité et de Saint-Front, archidiacre de Sarlat, grand archidiacre de Périgueux,
prévôt de Trémolat en 1647. Il avait un frère, le R. P. Archange d'Alesme,
cordelier. (F.P., vol. 32; A. D. I; C. C.). Il décéda le 26 février 1674 et fut
enterré dans la chapelle Saint-Jacques, en présence de Mgr. l'évêque. (A. M. P. GG, 13.)
[391] Pierre Chalup, doyen de la
cathédrale Saint-Etienne testa le 21 octobre 1683 : il était fils de Joseph,
écuyer, sieur de la Faucherie, et de Marguerite Bodin de Saint-Laurent (d’Hozier, V, 1ere
partie).
[392] Armand de Caumont, marquis de
Monpouillan, fut nommé maire de Bergerac en 1652 par le prince de Conti, charge
qu'il occupa aussi en 1653 (Archives nunicip. de Bergerac.) Il mourut à La Haye en 1701, âge de
86 ans, ne laissant qu'une fille de son premier mariage contracté avec
Wilhelmine de Brederode; il s'était remarié en deuxièmes noces avec Françoise
Arazela de Onale. Après maintes campagnes, on le retrouve, en 1641, en
Catalogne où il servit comme mestre de camp en 1651, quand il embrassa le parti
des Princes; il fut arrêté en 1653, enfermé dans la citadelle de Blaye, et se
réconcilia avec la cour. Créé lieutenant général en 1655, il servit sous les
ordres de Turenne. Il eut le même grade en Hollande, où il s'était réfugié
après la révocation de l’édit de Nantes (La Chesnaye des Bois, et Notes de Barry dans la
guerre de Guienne, déjà cité.)
[393] Antoine Joumard des Achards, vicomte
de Léger, fils d'Antoine, chevalier, seigneur de La Brangelie et de Louise
Pasquier, fut tué au Mas d'Agenois (La Chesnaye des Bois.) La liste des jurats de Bordeaux
manque de 1649 à 1652; mais heureusement la Gazette (n° du 17 août, p. 777; annonce, à
la date du 1er août la nomination comme jurats de Bordeaux, de «
Léger de La Brangelie, gentilhomme du Périgord, Robert, avocat en ce parlement,
et Brignon. » Le même journal raconte en ces termes la mort tragique du nouveau
jurat (n° du 14 décembre de la même année, p. 1162) : « Bordeaux, 5 décembre.
On a ici avis que le Mas d'Agenois [arrondissement de Marmande], a este pris
d'assaut par le sr Marchin, lequel après avoir esté repoussé aux deux premiers
avec grande perte des siens par les seuls bourgeois de cette, petite et
meschante place, l'a emportee au troisiesme, nonobstant la résistance des
habitans, qui ont mieux aimé mourir pour le service du Roy que d entendre à
aucune capitulation. Le sr de La Brangelie, l'un de nos jurats, y a esté tué. »