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Source : Bulletin SHAP, tome XXVI (1899), pp. 285-358 & 424-488 (extraits).

 

 

RECHERCHES SUR LE COUVENT ET LE BOURG DE SAINT-PARDOUX-LA-RIVIÈRE [1].

 

I.                   LE COUVENT.

Au point où la Dronne abandonne les rochers granitiques du Limousin qui barrent sa route à chaque pas et forment de si pittoresques, mais sauvages paysages, pour se transfigurer en une paisible rivière coulant à pleins bords, et où les coteaux, qui, jusque-là, l'enserrent étroitement, s'écartent de ses rives pour donner naissance à l'une des plus belles et riantes vallées du Périgord, s'étale, presque correctement aligné, le bourg de Saint-Pardoux-la-Rivière[2] d'où la vue s'étendait autrefois sur la campagne environnante; aujourd'hui placé au fond d'un entonnoir, barrée qu'est cette vallée par-un immense et obsédant remblai, jeté là de par la volonté utilitaire, mais peu esthétique, des ingénieurs du chemin de fer ; remblai interrompu, il est vrai, par un élégant viaduc dont les quatre arches enjambent hardiment la rivière, la roule et la voie du tramway.

Ce bourg porte le nom d'un personnage dont le culte était très répandu en Limousin dès le xiiie siècle : saint Pardoux né vers 657 à Sardent, village du diocèse de Limoges, fut promu en 687 à la direction du monastère de Garactum (Guéret), où il mourut le 6 octobre 787. Il fut inhumé dans l'église de Saint-Aubin de cette ville qui jusqu'à la Révolution conserva ses reliques dans une curieuse châsse d'ivoire dont un fragment figure au musée de Guéret.

Plusieurs vies anciennes de saint Pardoux existent à la Bibliothèque nationale et mentionnent les miracles qui lui furent attribués : guérison d'aveugles et de paralytiques, délivrance de possédées, défaite des Sarrazins[3], etc. ; mais ni les unes, ni les autres ne donnent la moindre indication sur les causes qui firent adopter à notre bourg le patronage de ce saint. Il existe bien aux environs une fontaine dite de Saint-Pardoux, mentionnée dès 1318, mais les traditions qui s'y rattachaient sont perdues.

Il est vraisemblable d'admettre que le groupement d'habitants qui s'était constitué en ce point, — l'origine de la vallée fertile de la Dronne, — se mit sous la protection du saint limousin[4] et lui éleva une église dont le vocable fut pris pour le nom du village ; plus tard, pour le distinguer des nombreux bourgs du même nom, on ajouta les mots la Rivière, et on disait en latin, Sanctus Pardulphus de Ripariâ[5].

À la fin du XIIIe siècle, la fondation d'un couvent de l'ordre des Dominicaines vint accroître l'importance de cette petite paroisse rurale : pendant six siècles, ce monastère fut pour le bourg une source de profits de toute sorte ; aussi les religieuses étaient-elles fort aimées et considérées[6]. Rien ne saurait mieux en donner une idée que l'expression de nos dames dont les villageois se servaient pour lés désigner dans la conversation. En maintes circonstances, ils n'hésitèrent pas à prendre parti pour elles dans des conflits soulevés avec l'autorité civile ou ecclésiastique, quitte dépendant à leur intenter dés procès au sujet de la perception des dîmes ou de l’exercice du droit de four banal.

Cet ordre de Dominicaines avait pour fondateur saint Dominique de Guzman, moine espagnol, né à Carlange, dans la vieille Castille, l’an 1170. Ayant reçu du pape Innocent III l'autorisation de prêcher les Albigeois, il vint en France où il se conduisit avec tant de zèle et de prudence qu'il fut nommé inquisiteur en Languedoc.

.Ce l'ut alors qu'en 1206 il institua à Frouille, entre Carcassonne et Toulouse, un couvent de filles auxquelles il donna la règle de Saint-Augustin avec quelques modifications. De là ces religieuses se répandirent en France, Italie, Espagne et Portugal, si bien qu'au siècle dernier, elles possédaient 45 maisons en France et un grand nombre à l'étranger[7].

A l'origine, cet ordre n'admettait que des filles nobles issues d'un mariage légitime, tout au moins pour les religieuses de chœur. Leur habit consistait en une robe blanche avec chape tannée et voile noir; en hiver, elles pouvaient porter trois tuniques avec une pelisse, ou quatre, sans pelisse.

Elles ne pouvaient manger de viande qu'en état de maladie, devaient porter des chemises de serge, dormir sur des paillasses et consacrer leur temps à la prière et à la méditation, en filant la laine et le lin.

D'après.les constitutions de l'ordre, leurs couvents devaient être construits sans faste — mediocres domos et humiles ; — par suite les peintures et les sculptures qui « déforment la pauvreté », en étaient proscrites. Il leur était interdit aussi d'avoir plus d'une cloche; de même qu'il ne leur était pas permis d'accompagner leurs chants avec des instruments de musique : l'usage des orgues ne fut toléré qu'en 1515.

L'église était divisée en deux parties: l'une ouverte aux parents des sœurs ; l'autre, consacrée à celles-ci, était entièrement entourée d'un grillage percé d'une ouverture de la largeur d'une palme par où la communion leur était donnée. . En 1601, le pape Clément VIII réglementant les réceptions au parloir, ordonnait que celui-ci serait garni de deux grilles distantes de deux mains, et composées de barreaux de fer entrelacés et ne laissant entre eux qu'un espace de deux doigts ; deux religieuses voilées devaient assister aux visites.

Les punitions étaient dans l'ordre progressif : privation de la voix haute (vox activa), de la voix basse (vox passiva), des divers offices, des sacrements, enfin l'excommunication. La sœur qui ne chantait pas dans le ton suivi par ses compagnes était punie de huit jours de voix basse[8].

En raison de l'origine des religieuses, cette règle sévère ne fut pas partout observée et, au XVIe siècle, presque tous les couvents de cet ordre étaient tombés dans un relâchement extrême : à Aix, monastère fondé par Charles II, roi de Sicile, elles accommodaient l'habit religieux aux modes du temps ; une gravure ancienne nous les représente portant un vêtement blanc avec un scapulaire de la grandeur d'un tablier; derrière leur coiffure, savamment édifiée, est jeté en guise de voile un petit morceau de crêpe; la robe drapée d'une façon fort gracieuse, largement décolletée, relevée derrière en pouf, est garnie dans le bas d'un haut volant : costume d'un goût parfait que les élégantes du temps n'auraient pas désavoué. Une gravure de la même époque nous montre une religieuse de Montfleury, en habit d'hiver : robe blanche recouverte d'un manteau noir descendant jusqu'à mi-jambe, ouvert par devant et bordé de deux larges bandes d'hermine ; une pointe noire, comme les veuves en portaient jadis, tombe sur le front[9].

Nous verrons plus loin que le monastère de Saint-Pardoux ne fut point à l'abri de ces écarts.

A la fin du XIIIe siècle, la règle imposée par saint Dominique était encore suivie dans toute sa rigueur, et les religieuses jouissaient d'un légitime renom d'austérité et de vertu ; elles étaient particulièrement estimées en Limousin et en Périgord où l'ordre des Dominicains, fondé par le même religieux, possédait déjà plusieurs couvents.

Le Limousin, dont faisait alors partie Saint-Pardoux, était depuis 1263 sous le gouvernement de Marguerite de Bourgogne : fille du duc Hugues IV et de Yolande de Dreux, celle-ci avait épousé Gui VI, vicomte de Limoges, décédé à Brantôme en 1263, en revenant d’assiéger le château de Bourdeille.

Gui ne laissant qu'une fille âgée de trois ans, Marguerite dut prendre le gouvernement du comté; c'était, écrit Marvaud, une femme hautaine et ambitieuse, aussi implacable dans ses ressentiments que hardie dans l’exécution de ses desseins. Bientôt sa dureté souleva contre elle tous les habitants de la vicomté, en particulier les bourgeois de Limoges qu'elle accablait d'exactions. En 1270, ceux-ci, ayant obtenu des secours du roi de France, secouèrent le joug et chassèrent l'impérieuse vicomtesse qui dut se retirer avec ses troupes à Aixe et Chalusset ; « alors cette femme que la haine ne laissait plus dormir, courant çà et là dans le Limousin, chercher armes et gens de guerre, toujours à cheval comme un homme de bataille, criant, vociférant contre les bourgeois, fortifia les garnisons de ses châteaux d'Aixe et de Châlus et ordonna aux siens de piller partout les propriétés des bourgeois[10]. »

La vicomtesse avait auprès d'elle, comme instrument de ses vengeances, un seigneur du nom de Gérard de Maumont, homme cruel et astucieux, qui, par ses bassesses et ses flatteries, avait su capter sa confiance et s'était fait nommer gouverneur de Limoges. Pour être agréable à sa maîtresse, il profita d'une absence de celle-ci, pour, de concert avec son frère, Elie de Maumont, doyen de Saint-Yrieix, annuler de sa propre autorité toutes les franchises précédemment accordées par Marguerite aux bourgeois qui avaient fait leur soumission. La vicomtesse le récompensa de ce coup d'audace, en le nommant gouverneur du Limousin et en le comblant de présents.

Enfin Marguerite mourut[11]. La nouvelle de sa mort lut accueillie avec joie par tous Les habitants du pays qu'elle avait opprimés pendant de longues années ; maintes légendes ont porté jusqu'à nous le triste renom de Marguerite l’enragée, que ses compatriotes surnommèrent la vicomtesse-reine.

Marguerite fut, jusqu'au delà de la mort, l'incarnation la plus parfaite de ces temps féodaux où le seigneur, après avoir pillé indistinctement amis et ennemis, sans même respecter les biens de l'Eglise, se recueillait au seuil de l'autre vie, et, pour des fondations pieuses, instituait cette même Eglise légataire d'une grande partie de ses biens que fréquemment ses successibles, malgré les formules d'anathème insérées dans les actes contre les usurpateurs, ne se faisaient aucun scrupule de conserver.

Four racheter ces cruautés, la vicomtesse, par son testament qui ne nous est point parvenu, témoigna le désir de faire établir une communauté de Dominicaines au bourg de Saint-Pardoux qui lui appartenait : Gérard de Maumont, son exécuteur testamentaire, fut chargé de réaliser son désir.

Gérard, raconte le chroniqueur limousin, Bernard Gui[12], historien de l'ordre de Saint-Dominique et contemporain de ces faits, s'employa de tout son pouvoir et exécuter les dernières volontés de sa bienfaitrice et, suivant ses intentions, fit construire[13] un monastère qu'il dota de rentes et de la haute justice de Saint-Pardoux.

Vers la fête de Sainte-Agnès (21 janvier), étant à Paris, il offrit ce nouvel établissement à l'ordre de Saint-Dominique représenté par frère Guillaume Aurelie et Bernard de Bertrand, en présence du roi Philippe, qui, sur la prière de Gérard, accorda des lettres de sauvegarde à ce monastère le plaçant sous l'autorité royale, à charge de prières pour lui et ses successeurs. Ces lettres furent octroyées à Melun au mois de février suivant, 1292 (n. st.)

Cette donation fut acceptée au chapitre provincial tenu à Brive le jour de l'Assomption 1292 par Raymond Extranei[14], vicaire de la province, la charge de provincial étant alors vacante, et par quatre définiteurs : Raymond d'Hunald[15], prieur de Toulouse; Odon de Gausencio, prieur de Montpellier, Guiran, prieur de Marseille, et frère Jean Vigoreux. Pour rendre cette donation irrévocable, Gérard la renouvela solennellement au maître de l'ordre, Etienne Bisuntinum[16], le dimanche des Rameaux, dans le couvent des Dominicains de Paris, en présence de nombreux frères, parmi lesquels se trouvaient cinq maîtres en théologie, neuf bacheliers, Guillaume Aurelie, et Gérard de Bremont, du couvent de Périgueux, spécialement délégués pour terminer les négociations. Sur le champ, le maitre de l'ordre, du consentement des religieux présents et sur les nouvelles instances de Gérard de Maumont, manda aux religieuses de Prouille, d'avoir à envoyer quelques-unes des leurs pour occuper le nouveau monastère de Saint-Pardoux, et un accord fut conclu entre Gérard et Etienne Bisuntinum le samedi avant la Toussaint 1292.

Gérard, que les chroniques nous représentent comme « un grand et puissant tyran qui prenoit à dextre et à senestre »[17] profita de ce qu'il tenait en sa main les biens destinés par Marguerite pour la dotation du couvent, et de sa toute puissance comme clerc du roi de France, pour s'en approprier une partie, et il sut amener le maître de l'ordre à donner son assentiment à ses usurpations.

Par l'accord dont nous venons de parler, Gérard déclare bien délivrer à l'ordre de Saint-Dominique le couvent qu'il a fait construire, le bourg et la paroisse de Saint-Pardoux, tels que les tenait le vicomte et lui-même après le décès de la vicomtesse, sous réserve d'une rente de 12 livres données par celle ci aux Cordeliers de Nontron, et lui assigne comme dotation les terres acquises par la vicomtesse, de Raymond de Saint-Martin[18], la manse de la Bleynie, paroisse de St-Front la-Rivière, et la manse de la Roussie, paroisse de St-Martin-le-Peint ; mais reprenant d'une main ce qu'il abandonne de l'autre, il exige du maître de l'ordre d'immenses concessions : celui-ci consent à le laisser en possession du fort de Saint-Pardoux au-dessous duquel est construite l'église paroissiale, entouré de murs et de fossés avec toutes les terres sises à l'entour qui n'étaient ni la propriété de l'église, ni celle des particuliers ; il lui reconnaît la haute etl basse justice sur ce fort et ses dépendances, l'appel de la justice du bourg et de la paroisse ; le droit de conserver les vignes qu'il avait fait planter sur ce même territoire, du côté de Châlus, avec la faculté d'en établir de nouvelles ; d'acheter des terres; d'y construire des maisons et d'exercer sur ces biens les droits de haute justice.

Le maître de l'ordre s'engageait en outre, au nom de ses religieuses, à faire célébrer une messe chaque jour de l'an par un frère dominicain pour le repos de l'âme de la vicomtesse, de son mari, de ses parents et bienfaiteurs ; plus quatre anniversaires solennels pour la fondatrice : le premier le lendemain de la conversion de Saint-Paul (27 janvier) ; le deuxième, le lendemain de la fête de Saint-Marc, évangéliste, le troisième, la veille de la Sainte-Marguerite (19 juillet) et le quatrième la veille de la Saint-Luc (18 octobre).

Pour lui, Gérard obtint une messe quotidienne jusqu'à sa mort et après celle-ci, une messe des défunts dite chaque jour pour le repos de son âme, de ses parents et bienfaiteurs. De plus les religieuses étaient tenues de prier chaque jour en chapitre pour la vicomtesse, son mari, Gérard et les leurs. Enfin le maître de l'ordre consentit à admettre, à chaque mutation du seigneur de Châlus, une religieuse présentée par le nouveau possesseur. Pour plus grande confirmation de tous ces accords, Gérard apposa son sceau au pied de l'acte ; l'empreinte en cire verte présentait un écu fascé[19].

Tout étant ainsi réglé, six religieuses furent envoyées du monastère de Prouille ; elles arrivèrent à Saint-Pardoux le 9 des kalendes de juin (29 mai) 1293, jour de la Trinité, qui, cette année-là, coïncidait avec la fête de la Translation de Saint-Dominique : une foule immense composée du peuple, des prêtres et des nobles du pays tout entier, au milieu desquels se distinguait Gérard, versant d'abondantes larmes d'allégresse, se porta au devant d'elles et les accompagna en grande pompe au monastère en chantant des cantiques et des actions de grâce, avec maintes démonstrations de joie. Ces religieuses se nommaient : Fine d'Aragon, Elisabeth de Saves, Agnès de Bechevena, Beatrix de Bethesi et Claire Davine ; celle-ci dans la suite retourna à Prouille[20].

Fine d'Aragon leur fut donnée comme première prieure ; à côté d'elle on plaça un prieur syndic chargé de s'occuper des intérêts matériels de la communauté et élu par celle-ci : le premier prieur fut Guillaume Aurélie qui avait été délégué par l'ordre pour accepter la fondation de Marguerite de Bourgogne. La durée de cette charge, d'abord fixée à un an, fut ensuite portée à trois ans ; le prieur était indéfiniment rééligible.

Guillaume Aurélie, à l'expiration de ses fonctions, fut nommé prieur du couvent des Frères Prêcheurs de Périgueux et remplacé par Armand de Monte Agrario ; son successeur, Raymond de Curamonte, reçut l'investiture de Fr. Pierre de Godin, prieur provincial, l'an 1303[21].

La fondation et les origines de ce couvent ainsi retracées nous donnerons sous le nom de chaque prieure, pour utiliser d'une façon plus complète le résultat de nos recherches, les divers faits que nous avons recueillis sur cet établissement.

 

FINE D'ARAGON, la première prieure, appartenait sans doute à la famille royale de ce nom qui possédait alors en France le comté de Roussillon et la seigneurie de Montpellier dont Prouille, berceau de notre ordre, était fort proche[22].

L'année de la fondation, le vigier, qui gouvernait le château pour Gérard, fit recevoir sa fille, Pétronille Seguin, comme religieuse.

Peu de temps après, la communauté fut augmentée par l'arrivée de six autres religieuses : quatre venaient encore de Prouille, Marguerite Dardine, Elisabeth Vesine, Agnès de Bethesi et Bertrande d'Escayrac; les deux autres, qui avaient reçu leur éducation religieuse au même monastère, venaient de Pontvert[23] : Sereine d'Escayrac, sœur de Bertrande, et Azema Froment de Martel.

En 1295 l'église du couvent reçut la sépulture d'Elie de Maumont, doyen de St-Yrieix, frère du fondateur, qui, décédé à Paris vers la fête des Rameaux 1294 (v. st.), avait d'abord été inhumé dans le couvent des Dominicains de cette ville[24].

Gérard lui-même étant mort au château de Châlus dont il était seigneur, la veille de la Nativité de la Vierge (7 septembre) 1299, son corps fut apporté à Saint-Pardoux et enterré, selon son désir, dans l'église des religieuses, en grand appareil, le troisième jour après son décès[25].

Sur le testament d'Adhémar Seguin, qui, le 27 avril 1303, faisait une donation au couvent, figure le sceau d'Armand de la Brandie, prieur du couvent de Saint-Pardoux: l'empreinte en cire brune de forme ovale (35mm sur 24mm) porte, sous une arcade ogivale, la Vierge couronnée à mi corps, l'Enfant à sa gauche ; plus bas sous un arc de même forme, un moine tourné à droite, à genoux, les mains jointes. Autour se lit la légende :

....IORIS DE SCO PAR.. LPHO -ORA P. MICH.

Sigillum prioris de Sancto Pardulpho ; ora pro michi [26].

SEREINE D'ESCAYRAC, prieure en 1307, l'une des religieuses venue de Prouille, succéda à Fine d'Aragon. Elle pouvait être la fille de Bertrand d'Escayrac, vivant en 1267, et de sa seconde femme, Sereine de Saint-Privat,

Son obiit figurait à la date du 23 février dans un nécrologe qui existait encore au siècle dernier aux archives du couvent, où il fut consulté par l'abbé Nadaud. Des notes que celui-ci a laissées[27], il résulte que ce nécrologe était une sorte de calendrier contenant une vie des saints pour chaque jour de l'année : quand un décès ou un événement notable se produisait, les religieuses l'inscrivaient en marge de ce calendrier, en face du jour correspondant ; mais dans la plupart des cas le millésime de l'année était omis.

C'est, croyons-nous, un fragment de ce calendrier que nous avons retrouvé à Saint Pardoux : il consiste en une double feuille de parchemin contenant, d'une écriture du xive siècle, les vies des saints pour les 8e, 7e, 6e, 5e et 4e jours des ides de mai (8 au 12 mai); les lettrines sont dorées sur fond rouge et bleu ; les rubriques tracées à l'encre rouge. En marge se trouvent mentionnés des obiit et des anniversaires, les uns d'une écriture du XVe siècle, les autres écrits au XVIIIe; ces derniers sont presqu'entièrement effacés[28].

BEATRIX DE BELHES figurait dans le nécrologe comme prieure ; il y a sans doute identité entre elle et la prieure qui est désignée sous le nom de BESTRICT dans une copie faite au XVe siècle d'un important accord conclu en 1318 entre l'ordre des Dominicaines et le vicomte de Limoges, qui, devenu possesseur de la seigneurie de Saint-Pardoux, s'était emparé, à la faveur des guerres, de la haute justice et de divers droits en dépendant.

Cet accord fut passé en janvier 1318 entre Jean de Bretagne, vicomte de Limoges, et Isabelle de Castille, sa femme, d’une part ; frère Hugues, provincial des Dominicains pour la province de Toulouse, Helie de Planis, prieur de Saint-Pardoux et la prieure Bestrict, d'autre part. Le vicomte fit reconnaître son usurpation et ne laissa au couvent que la justice moyenne et basse sur le bourg et un territoire délimité du côté de Milhac et de Chaumeil, par la Dronne ; du côté du monastère, par la croix de la Môle et du côté du mainement de l'Age par la croix de la fontaine de Saint-Pardoux .

Dans l'étendue de ce territoire bien restreint, à l'intérieur des clôtures du couvent et dans les manses en dépendant sis dans la paroisse, le couvent pouvait connaître des causes dont l'amende ne dépassait pas 60 sous et un denier, et en cas de condamnation cette amende lui appartenait.

Il avait droit de tenir prison dans le bourg et dans sa manse de Nieul, et pouvait nommer prévôts, juges, greffiers et gardes avec faculté de tenir audience. Il conservait le droit de donner mesure à blé, à huile, à sel et à vin et les profits qui pouvaient en découler, mais cependant, jusqu'à concurrence de 60 sous et un denier.

Il fut aussi convenu que les appels de ses jugements ressortiraient au château de Nontron qui était la propriété du vicomte. Celui-ci lui reconnaît les droits de four banal, d'estang de vin[29] et celui de lever annuellement 13 livres de taille et 100 sous de commestion sur les habitants du bourg.

Le vicomte et la vicomtesse restent en possession de la haute justice du bourg et de la paroisse avec tous les droits, prééminences et émoluments qui y sont attachés. Ils consentent en outre à ne pas empêcher leurs vassaux de faire moudre leur blé aux moulins du monastère, tant qu'ils n'auront pas fait édifier de moulins banaux dans les paroisses de Saint-Pardoux et Saint-Front-la-Rivière. Enfin ils confirment les possessions du couvent dans la vicomté de Limoges, lui donnant la faculté d'acquérir dans tous leurs fiefs, réservé le droit de leurs vassaux, sans payer de droits féodaux, mais sans que toutefois la valeur des biens acquis puisse dépasser 30 livres. Les religieuses reconnaissent le duc et la duchesse pour leurs seigneurs temporels.

Puis les parties, tant pour elles que pour leurs successeurs, leurs hommes et officiers, se remettent réciproquement leurs injures, insultes, forfaits, excès et dommages qu'ils ont pu se faire; en témoin de quoi le vicomte et la vicomtesse, le provincial, le prieur et la prieure apposèrent leurs sceaux au pied de l'acte ainsi que celui du couvent[30].

Ce même prieur, Hélie de Planis, passait une transaction le mardi avant la fête de Saint Georges 1320, avec Gui Flamenc, seigneur en partie de Bruzac, qui devait au couvent une rente de 100 sols pour Almoize et ses autres sœurs défuntes, reçues autrefois comme religieuses au couvent : Flamenc ne reconnut devoir que 90 sous qu'il assigna sur le mainement de la Faye, paroisse de Champagnac, sur celui de Bionnac, paroisse de Saint Front et sur celui de la Rosselie. Le prieur fit en même temps reconnaître la promesse faite par Gui, dès le lundi avant la Saint-Martin d'hiver 1317, en présence d'Hélie Malet, Imbert de Nanteuilh, clerc, et Hélie de Buyn, de donner une rente de 20 sous pour fonder son anniversaire.

A défaut de renseignements nous placerons ici trois prieures dont nous ne connaissons que les noms[31]: AGNÈS DE BETHESI, une des religieuses venues de Prouille, décédée le 1er décembre ; RICHEFINE ou RICHELINE dont l'anniversaire était célébré le 6 mars, et AGNÈS dont l'obiit était inscrit à la date du 30 avril.

C'est probablement sous l'une d'elles que fut rendu par le juge de la vicomté de Limoges, le jugement suivant sur des difficultés qui s'étaient élevées entre le prieur et les paroissiens de Saint-Front et de Saint-Pardoux, que celui-ci voulait contraindre à moudre leur blé aux moulins du monastère comme l'accord de 1318 l'avait décidé provisoirement :

Nos judei vicecomitatus Lemovicensis, notum facimus universis quod, cum Guillelmus Johannis, serviens de nostro territorio, citasset ad presentes asisias de nostro territorio, quod plures homines parrochianos burgorum Sanctorum Frontonis et Perdulphi de Riperia super factis quod moluerant blada sua ad alia molendina quod ad molendinum quod dominus vicecomes habet prope Sanctum Frontonem de Ripperia, cum diceret dictos parrochianos teneri blada sua molere ad dictum molendinum de statuto regni Francie, venerabili religiosoque viro priore Sancti Perdulphi de Ripperia opponente, se ad praemissa pro se et priorissa et conventu dicti loci et dicente se habere privilegium a domino duce Britannie vice-comiteque Lemovicensi quod nullus inpediretur per gentes suas quod posset molere bladum suum ad molendina dicti religiosi que sunt apud Sanctum Perdulphium et Ponbao ut circa et facta nobis fide de dicto privilegio per litteras magno sigillo dicti domini sigillatas confectas super compositione facto olim inter ipsum dominum, ex una parte, et dictum priorem et priorissam dicti loci, ex altera. Nos nolentes in aliquo decurtare privilegio dicto yminus (?) ipsum prout expedit pocius observare, inhibemus tenore presentium preposito et serviente de nostro territorio et cuilibet in sedis ne de cetero dictos parrochianos seu quovis alios inpediant seu perturbent quominus possint molere blada sua ad molendina prioris et priorisse predictorum, prout asueverunt facere temporibus retroactis, exceptis dumtaxat hominibus talhabilibus domini supradicti. Datum in assisias de nostro territorio die lune post diem dominicam qua cantatur Judica me, anno domini M.CCC° XX°. quinto.

MARGUERITE VIGIER DE HAUTECORNE (de Alto Cornu) fut, d'après l'obituaire, la sixième prieure : elle était sans doute proche parente de Catherine Vigier entrée au couvent en 1324, à qui son père Jehan Vigier, chevalier, seigneur de Hautecorne, avait constitué en dot une rente de 30 sols.

Suivant une pièce très mutilée du 7 des ides de novembre 13..7, le prieur Hélie de Julien et la prieure ...igeria accensaient à Pétronille de Planande une maison et des dépendances dans la paroisse d'Antonne, moyennant une émine de froment et 12 deniers.

Le 5 juin 1344, la prieure RICARDE DE LA BRANDE accordait l'investiture au prieur Pierre Darchier pour des rentes sises dans la paroisse da Quinsac. Le même jour, elle abandonnait au monastère les dîmes qui lui appartenaient sur le fief donné au couvent par Raymond Eyraud, à charge d'un anniversaire.

Parmi les donations les plus importantes faites aux religieuses vers ce temps, nous mentionnerons celle consentie par Seguin de Neuil le mercredi après le dimanche où l'on chante Oculi mei 1324 par laquelle il abandonne tous ses biens, le repaire de Neuil, rentes, revenus, moulins, acaptes, tailles, vassaux en dépendant, sa maison de Saint-Pardoux, son colombier et sa forêt ; la fondation par Guillaume Mallet, le jeudi après l'octave de Pâques 1347, de quatre obiits et de quatre grand'messes pour la célébration desquels il concéda 12 setiers de froment ; le testament d'Hélie de la Roche, vicaire perpétuel de Saint-Pardoux, daté du lundi après la Nativité 1822 par lequel il donne une émine de froment de rente pour la fondation d'un obiit.

En l'an 1342, les religieuses augmentèrent les droits que leur payaient les habitants et les fixèrent à 5 sols par feu.

FINE BRUNE DE CHAMPNIERS succéda à la précédente prieure; le lundi jour de l'Exaltation de la Ste-Croix (14 sep.) 1351, elle recevait, avec le prieur Hélie Darchier, la ratification par divers paroissiens de Quinsac de plusieurs contrats qu'ils avaient consentis au profit du monastère ; elle était encore prieure l'année suivante.

Le lundi fête de Saint Laurent 1360, Jean de Laurière, faisait donation au couvent de tous ses biens sous réserve de la moitié de ses revenus pendant sa vie et de l'autre moitié pendant celle d'Adhémar Jaucelin, prieur ; il donnait en même temps une rente de blé aux Dominicains de Périgueux pour la fondation d'un anniversaire le jour de Saint-Michel. En retour, il se réservait la faculté d'habiter le couvent de Saint-Pardoux, en habit régulier ou séculier, à son choix, et d'y finir ses jours. Par acte du 29 novembre 1362, sa soeur, Esclarmonde, veuve d'Hélie de la Borie, fit don à ce môme couvent de sa personne et de tous ses biens, sous la réserve de sa nourriture et de son entretien, à charge pour le couvent de la faire ensevelir honorablement[32].

Pendant les guerres anglaises, le monastère eut fort à souffrir des incursions ennemies qui ravagèrent tant les environs de Nontron que les contrées voisines. Pour aider les religieuses à relever le couvent de ses ruines, le pape Clément VI, unit au prieuré, à leur sollicitation, la vicairie perpétuelle ou cure de Saint-Pardoux, d'un revenu annuel de 50 livres, à condition de payer au vicaire une portion congrue de 50 livres. La bulle qui constate cette union est du jour des calendes de juillet (1er juillet) 1348.

En 1371, une contestation s'étant élevée entre l'évêque et le couvent au sujet de la présentation à la vicairie, les religieuses représentèrent au pape Grégoire XI « qu'il estoit malaisé de traicter avec led. sr. évesque à cause qu'il demeuroit dans les terres subjectes aux Anglois"[33] et que led. lien de Saint-Pardoux étoit tenu par les François ». Elles lui demandèrent de nommer un arbitre devant qui le différend serait porté. Par lettres du 4 septembre 1371, Grégoire désigna Pierre[34], cardinal diacre de Saint-Eustache qui, à son tour, délégua l'abbé de Chancelade et le doyen de Saint-Yrieix pour procéder séparément à une enquête : après avoir ouï leur rapport, le cardinal décida que la présentation appartenait à la prieure et la collation à l'évêque[35].

BONNE DE LESPINATH qui est indiquée dans le nécrologe comme ayant été la huitième prieure, vivait en 1384 et en 1403. Ce fut à sa supplication que le pape Boniface accorda au couvent, en 1390, une bulle le dispensant à cause des souffrances endurées et des pertes subies pendant les guerres, de dîmes, tailles et autres subsides jusqu'en l'année 1404.

Aux prieures dont les noms suivent, d'après le catalogue, nous n'avons pu accoler la moindre date : AGNETTE DE LA BARDE, morte le 14 novembre, et GAILLARDE DE LA RIGAUDIE.

GUILLEMETTE DE SOLIO affranchit, en 1428, les habitants « de la subgection d'aller cuire au four banal », à charge de payer annuellement une rente de 5 sols par feu ; elle mourut le 9 février 1480.

PÉTRONILLE DE MAUMONT, alias DE MARMOYT, donnait à bail, avec Marie Béchade, sous-prieure, Gratienne de la Grelière et Marie Autier, religieuses, le 22 novembre 1445, des domaines sis à Saint-Martin-le-Peint ; elle décéda le 6 juin 1451.

Ce fut à cette prieure que Jean de Bretagne, vicomte de Limoges et comte de Pierregort, accorda, le 17 décembre 1445, des lettres confirmant les privilèges concédés par ses prédécesseurs, «aux prieur, prieures, soeurs et couvent», « attendu, dit-il, que nous désirons à ung chascun garder ses droiz et privilèges et mesmement à l'Esglise et non point diminuer ».

Vers ce temps, le pape Nicolas V (1447-1455) concéda des indulgences à tous ceux qui visiteraient le couvent le jour de la Sainte-Anne, ainsi qu'il est constaté dans des lettres d'Hélie, évêque de Périgueux du jour des calendes de juin 1451 ; deux ans après, ce même évêque instituait une confrérie en l'honneur de sainte Anne.

La prieure suivante, CATHERINE DE LA GRELIÈRE, passait le 29 juin 1452 avec Hélie Raoul, de Nontron, une transaction concernant un ténement à Saint-Martin-le-Peint. Elle est conclue in capitulo dominarum sororum, ante ferratum[36] monasterii : tous jurèrent de tenir les conventions arrêtées, la prieure, le prieur et deux religieuses en mettant la main sur la poitrine, et Raoul en touchant le livre des Evangiles.

Le 21 avril 145S, elle obtenait du roi Charles VII des lettres mandant au sénéchal de Périgord de contraindre les habitants de Saint-Pardoux au paiement de 13 livres de taille et 100 sols de commestion dus au monastère en vertu de l'acte de 1318 ; elle avait eu l’adresse de faire insérer dans ces lettres que la juridiction de Saint-Sulpice lui appartenait en entier.

En affermant diverses maisons sises à l'intérieur du fort, le 14 décembre 1453, elle se réservait le droit, comme le pays n'était pas entièrement pacifié, de se retirer dans ces bâtiments dans le cas où, à cause des gens d'armes, elle serait obligée d'abandonner le couvent.

Sa mort était inscrite dans l'obituaire à la date de 1457.

PERRETTE DE LA. MARCHE, décédée le 16 avril, fonda en 1447 un obiit à charge de 10 sols de rente sur le repaire de Neuil ; à cette date, elle n'était pas encore prieure.

SOUVERAINE DE POMPADOUR : dans l'obituaire on lisait : Anno 1473 et die 14, mensis augusti, obiit honorabilis domina Sobeyrana de Pompadoria, que fuit priorissa hujus monasterii.

MARIE AUTHIER, religieuse au couvent pendant 55 ans, était prieure en 1477 ; elle décéda le 19 août 1498 ; le 3 mai 1482, les habitants lui rendaient une déclaration constatant qu'ils étaient ses justiciables et qu'ils étaient soumis à sa banalité ; pour s'affranchir de celle-ci, ils s'engagèrent, comme en 1428, à lui payer 5 sols par feu.

Sa parenté avec noble Antoine Authier, qui, le 4 mai 1447, léguait au couvent, pour fonder un anniversaire, une rente sur son moulin de la Bastide, paroisse de Coussac-Bonneval, parait probable.

JEANNE DE GUYENNE. La plus remarquable par la naissance des prieures qui gouvernèrent le couvent de Saint-Pardoux, est assurément Jeanne, bâtarde de Guyenne, petite-fille du roi Charles VII et par suite nièce de Louis XI.

Charles VII avait eu de son mariage avec Marie d'Anjou, fille du roi de Sicile, huit filles et quatre fils ; de ces derniers deux seulement survécurent : Louis, qui lui succéda sous le nom de Louis XI, et Charles, d'abord duc de Berri, puis duc de Normandie et de Guyenne, né au château du Montil-lès Tours le 28 décembre 1446. « Cestuy monseigneur Charles, dit Commines, estoit homme qui peu ou rien faisoit de luy, mais en toutes choses fut manié et conduict par autruy[37] ». Cette appréciation de Commines est exacte et toute sa vie Charles fut le jouet de ses courtisans qui, plusieurs fois l'excitèrent à lever contre son frère l'étendard de la révolte : en 1461, il fut placé par eux à la tête de la Ligue du Bien Public dont le roi ne vint à bout que par des prodiges de diplomatie.

En 1471, de puissants seigneurs, exploitant sa faiblesse et son ambition, le firent entrer dans une nouvelle ligue formidable : le roi d'Angleterre devait descendre en Normandie, le duc de Bourgogne le rejoindre par la Picardie, tandis que le duc de Lorraine attaquerait par la Champagne et le duc de Bretagne par la Touraine ; à Charles était dévolue la conduite des bandes gasconnes qu'il devait amener au cœur même du royaume. Un hasard ayant mis le roi sur la trace de cette conjuration, il envoya, pour gagner du temps, aux ducs de Bourgogne et de Guyenne, des députés qui, par des promesses, essayèrent de les détacher du complot ; en même temps, il massa des troupes sur les frontières.

La situation du roi était toujours très critique, quand subitement Charles, l'âme de la conjuration, tomba malade : se trouvant, en octobre 1471, à Saint-Sever, il partagea avec sa maîtresse, Colette de Chambes, dame de Montsoreau, une pêche qui avait été pelée par son aumônier, Jourdain Faure, dit Versois, abbé de Saint-Jean-d'Angely ; ce fruit était empoisonné : quelques instants après, tous deux furent pris de douleurs aiguës. Colette décéda le jour même, Charles languit plusieurs mois et mourut à Bordeaux le 12 mai 1472. On ne manqua pas de voir, avec quelque vraisemblance, l'intervention de la main du roi, dans cette mort survenue si fort à propos, bien que Louis ait donné pendant la maladie de son frère les marques de la plus vive douleur[38].

Faure et Henri de la Roche, écuyer de bouche, son complice, furent arrêtés et incarcérés à Nantes ; leur procès était déjà commencé, quand un jour on annonça que la foudre en tombant sur la prison, avait tué les accusés[39].

Colette de Chambes, fille de Jean, baron de Montsoreau, gouverneur de La Rochelle, et de Jeanne Chabot, avait épousé, le 24 janvier 1466, Louis d'Amboise, vicomte de Thouars, prince de Talmont, qui fut pour elle un véritable bourreau, la maltraitant et la tenant renfermée dans une prison du château de Thouars[40]; restée veuve en 1469, encore toute jeune, elle fut persécutée.par Louis XI qui lui refusait son douaire et se réfugia près du duc de Guyenne qu'elle séduisit « plus pour ses grâces et vertus que pour sa beauté, car elle sçavoit éloquemment parler et élégamment escrire en prose et rithme, voire jouer de tous instruments musicaux »[41].

Charles eut d'elle deux filles : Jeanne, notre prieure, pour qui, en raison de son illustre origine, on fit fléchir les règles de l'ordre de Saint-Dominique qui proscrivait les bâtardes ; et Anne, qui épousa, en 1490, François de Volvire, seigneur de Ruffec, conseiller et chambellan du roi; décédée sans postérité.

Jeanne fut d'abord sous-prieure de Blaye, puis vint en la même qualité au couvent de Saint-Pardoux dont elle fut nommée prieure en 1498. La proche parenté de la prieure avec le roi de France ne pouvait être pour le monastère qu'une source de profits ; et en effet son gouvernement, qui dura 43 ans, fut une période de prospérité pour les religieuses qui, par elle, reçurent de nombreux dons.

En octobre 1490, le roi Charles VIII accordait sur sa demande, aux habitants de Saint-Pardoux le droit de tenir marché le jeudi de chaque semaine et deux foires par an : l'une le lendemain de la Sainte-Catherine (26 novembre), l'autre le lendemain de Sainte-Anne (27 juillet).

Les habitants, à l'instigation de la sous-prieure, avaient présenté au roi une requête faisant ressortir que St-Pardoux étant assis sur les grands chemins de Périgueux et Limousin tirant à Bordeaux, nombre de marchands traversent ce bourg dans lequel et aux environs « croissent plusieurs biens », que la création de marchés et de foires ne manquerait pas de les retenir et qu'ainsi la richesse du pays se trouverait augmentée.

Le roi accéda à cette demande par lettres données au château du Montil-les-Tours, en octobre 1490, voulant, y est-il dit, « que toutes denrées, marchandises licites, honnestes et permises soient vendues et distribuées aud. bourg durant lesd. foires et marchés, à charge pour les habitants d'establir, au lieu où seront ordonnées lesd. foires et marchés estre tenues, places, estaux, loges et autres choses nécessaires pour l'exercice d'icelles, en tenant en bonne seureté lesd. marchands, ensemble leurs denrées et marchandises durant icelles foires »[42].

Cette autorisation avait été concédée par le roi, « pourveu qu'il n'y ait aucunes foires ou marchés aux jours dessus déclarez à quatre lieues à la ronde » ; condition qui ne se trouva pas remplie, car d'autres lettres données à Saint-Martin-de-Candes en avril 1491 reportèrent le marché au mercredi, la première foire à la Saint-Nicolas (6 décembre), et la seconde à la Sainte-Anne (26 juillet), jour où avait lieu au couvent le pèlerinage institué par le pape Nicolas V[43].

La faveur royale n'abandonna pas Jeanne de Guyenne au cours de sa longue carrière[44] et par lettres du 27 mai 1538 données à Moulins, François Ier lui continua une pension annuelle de 100 livres sur la recette des tailles du Périgord que Charles VIII avait accordée à sa cousine[45].

Vers 1518, le couvent fut pillé et perdit tous ses meubles, argenterie, ornements d'église et titres : le 10 mars 1518, l'official de Périgueux fulminait un monitoire contre les auteurs de ce vol qui fut sans doute commis par une bande d'aventuriers semblable à celle qui, cinq ans plus tard, sous la conduite de Maclou et de Commarque, devait ravager le Poitou et l'Anjou[46].

Jeanne de Guyenne décéda le 31 janvier 1541 (v. st.) laissant une grande partie de ses biens aux religieuses qui, reconnaissantes, mentionnèrent ainsi son décès dans leur nécrologe : Anno Domini 1541, et ultima januarii, obiit generosa domina Joanna de Guiene, priorissa hujus monasterii, que mansit in officio priorati 43 annis et quamplurima bona dedit, procuravit monasterio.

LOUISE DES BROUSSES, prieure, figure avec Anne de Foix, sous-prieure, dans une reconnaissance de rente du 22 janvier 1542 (v. st.)

LOUISE DE CANTUEL, alias CHANTUEL, CHANLUET,

(...)

pp. 457-458

 

La paroisse de Saint-Pardoux dépendait de l'archiprêtre de Champagnac, diocèse de Périgueux[47]. La présentation et la collation de la cure ou vicairie perpétuelle appartenaient primitivement à l'évêque, mais nous avons déjà dit que le pape Clément V avait uni cette cure au couvent par bulle du 1er juillet 1347, à charge de payer au curé une portion congrue de 50 1ivres. Voici cette pièce d'après une copie insérée dans la collection Lespine[48] :

Ad perpetuam rei memoriam.

Prudentes virgines, que mundanis abdicatis illecebris, virginitatem suam Filio Virginis devoventes, separant, accensis lampadibus obvio irresponso, tanto propensioni consuevit sedes apostolica studio prosequi cantat. Quanto ipse in earum necessitatibus majori propter fragilitatem sexus indigere suffragio dinoscitur. Ex tenore si quidem petitionis pro parte dilectarum in Chxisto filiarum, priorisse et conventus rnonialium monasterii Sancti Pardulphi de Riparia, per priorissam soliti gubernari, ordinis Sancti Augustini, Petragor. dioces., secundum instituta et sub cura Fratrum ordinis Predicatorum viventium quibus etiam licet habere proprium in locum ex indulto sedis apostolice speciali, nobis nuper oblate percepimus quod ipse facilitates non obtinent que ipsis pro earum sustentatione sufficiant et ad incumbentia eis onera supportando, et maxime quia propter guerras que noviter tam circa castrum de Nontronio, Lemovic. dioces. quod predicto monasterio est vicinum, quam etiam in aliis locis circumvicinis illarum partium, peccatis exigentibus, viguerunt, ipse, notorie de paupertate existant, nec possunt opportunum sibi implorare subsidium tum propter perpetuo sunt incluse, quare dicte priorisse et conventus nobis humiliter supplicarunt ut p. hujus modi earum relevandis et facilius p. ferendis oneribus, parrochialem ecclesiam ejusdem loci Sancti Pardulphi de Riparia, ad collationem episcopi Petragoricensis, qui est pro tempore, pertinente, et jus fructus, redditus et proventus quinquaginta libr. Turon. parvorum serv. taxatione decime valorem annuum non excedunt, cum omnibus juribus et pertinences suis, prefato monasterio ex nunc unire, anectere, incorporare et applicare perpetuo de benignitate apostolica dignaremur. Nos igitur, eisdem priorisse, conventui et monasterio, paterno in hac parte compatientes affectu ac hujus modi eorum necessitatibus de subventionis alicujus auxilio opportune providere votentes earumdem priorisse et conventus supplicationibus inclinati, predictam parrochialem ecclesiam, etiam si forsitan sit eadem ecclesiam quomodolibet reservata, cum omnibus juribus et pertinenciis suis, prefatis priorisse et conventui et monasterio ex nunc auctoritate apostolica unimus, incorporamus et anectimus in perpetuum, ac etiam applicamus ac in suos proprios usus ipsorum priorisse et conventus et monasterii concedimus et etiam deputamus eisdem priorisse et conventui que nunc sunt et pro tempore fuerint, auctoritate predicta, nichilominus Concedentes quod cedente, vel decedente dilecto filio ….. (sic), rectore dicte ecclesie, qui nunc est, vel ecclesiam ipsam quolibet dimittente liceat eisdem priorisse et conventui per se vel procuratorem suum ejusdem ecclesie, juriumque et pertinentiarum ipsius corporalem possessionem auctoritate propria libere ingredi apprebendere recupere ac etiam retinere prefati episcopi et cujuscumque alterius assenssu, licentia vel auctoritate minime requisitis, reservata tamen primitus et assignata realiter de fructibus, redditibus et proventibus antedictis, ipsius ecclesie, pro perpetuo vicario canonice instituendo prout dicte priorissa et conventus id a nobis cum instantia postularunt quinquaginta libr. parvorum turonen. ad dicti episcopi arbitrium annua et perpetua portione, ex quibus dictus vicarius procurationem episcopalem solvere, hospitalem servare et alia sibi et dicte ecclesie incumbentia teneatur onera supportare nonobstantibus si aliqui super provisionibus sibi faciendis de hujus modi ecclesiis vel aliis beneficiis, etc., etc. (sic.).

Datum Avinion. Kal. Junii, anno sexto.



[1] Qu'il me soit permis dès les premières lignes de ce travail d'adresser publiquement l'expression de ma vive reconnaissance à toutes les personnes qui ont bien voulu me donner leur précieux concours pour mener à bonne fin cette longue monographie, toute à la gloire du petit bourg où les hasards de la vie administrative m'ont fait passer, grâce à l'amabilité de ses habitants, quatre des meilleures années de mon existence. Ce sera m'acquitter envers eux que de fixer les faits et gestes dateurs ancêtres.

Je dirai tout d'abord Madame Petit de Plas, qui on me communiquant les anciennes archives du couvent sauvées par une de ses parentes, m'a donné l'idée première d'entreprendre ces intéressantes recherches. C'est aussi à son obligeance que je dois la plupart des vieilles coutumes que j'énumère plus loin. Elle me permettra de l'assurer de ma plus respectueuse gratitude.

M. Durand de Ramefort, notaire, à Saint-Pardoux, M. Jamain, notaire à Miallet, M. Duroy, notaire, à Saint-Saud, ont mis à ma disposition avec un empressement que je ne saurais trop reconnaître, leurs anciennes minutes, mine des plus riches où j'ai puisé à pleines mains.

M. le docteur Sireyjol, maire de Saint-Pardoux, m'a laissé prendre connaissance des anciens registres d'état-civil où se trouvaient nombre de renseignements précieux, et des registres municipaux de la période révolutionnaire.

Je n'oublierai pas mes bienveillants et érudits confrères de la Société archéologique : M. Dujarric-Descombes, qui, au cours de ses nombreuses recherches, a relevé à mon intention tout ce qui concernait Saint-Pardoux ; M. le comte de Saint Saud qui a eu l'obligeance d'annoter mes listes de religieuses et de me donner de nombreux renseignements sur les anciennes familles ; M. Villepelet, archiviste du département, et M. Cailliac, bibliothécaire de la ville, qui, avec une complaisance infinie, ont guidé mes recherches dans les riches dépôts dont ils ont la garde; M. le chanoine Brugière, qui, très libéralement, m'a communiqué ses précieux cartons ; M. le marquis de la Garde, qui m'a ouvert ses archives du château de la Pouyade ; mon excellent ami Paul Petit de Plas qui m'a fait d'intéressantes trouvailles aux archives et à la bibliothèque de Bordeaux.

Enfin toutes les personnes de Saint-Pardoux qui m'ont communiqué leurs papiers de famille : Madame Larrel-Lagrange, MM. Chartroule, Dupeyral, Desmarthon, etc.

A tous j'adresse mes plus vifs remercîments.

[2] Une notice sur le couvent de Saint-Pardoux a déjà été donnée par M. de Laugardière dans le Bulletin de la Société (1884.)

L'auteur n'a eu communication pour rédiger son travail que du terrier du couvent ; il n'a point eu connaissance de la fondation, des faits survenus en 1553, 1625 et l685, ainsi que de tous les événements concernant l'histoire du bourg, lacunes que le dépouillement de près de 30,000 minutes de notaires, des registres d'état-civil, de nombreux papiers de famille, ainsi que des recherches aux Archives départementales de la Dordogne et de la Gironde, aux Archives et à la Bibliothèque nationales, et à Rome, nous ont permis de combler.

[3] Cf. la Vie de saint Pardoux, palrmi de Guéret, par M. Coudert de la Villatte ; Guéret, 1835.

[4] Il nous paraît curieux de faire remarquer que la dévotion à saint Pardoux n'a guère dépassé la région sise autour du Limousin, si l'on en juge du moins par la distribution géographique des localités qui portent le nom de ce saint. La Corrèze en possède 5 ; la Creuse et la Dordogne, chacune 4 ; deux en Lot-et-Garonne ; une saute dans l'Allier, la Charente Inférieure, les Deux-Sèvres, le Lot, le Puy-de-Dôme et la Haute-Vienne. Ce nom s'écrit indifféremment Pardoux, Pardoult et Perdoux.

[5] Pendant la Révolution, le bourg s'appela les Sables-de-Dronne.

[6] Au XVIIe siècle, nous avons rencontré plusieurs procès où la prieure est choisie comme arbitre.

[7] P. Touron, Histoire de saint Dominique, Paris, 1789.

[8] Cf. le P. Echard, Scriptores ordinis Predicatorum recensiti, notisque historicis et criticis illustrati. Paris, 1719.

[9] Histoire des ordres monastiques, religieux et militaires, avec gravures, Paris, Gosselin, 1720 ; t. III. p. 240 et suiv.

[10] M. Marvaud, Histoire des vicomtes et de la vicomté de Limoges, p. 300 et suiv.

[11] Moréri place sa mort en 1290, tandis que M. Marvaud, t. I, p. 341, la met en 1277 : la chronique de Saint-Martial dit que Marguerite mourut le vendredi après la Saint-Barthélemy, 1277.

[12] Ou Bernard Guidonis : voir sur ce chroniqueur limousin une intéressante étude biographique et bibliographique de M. l’abbé Arbellot, dans les bulletins de la Société Archéologique du Limousin, t. XLV. Né en 1260, Bernard Guidonis prit l’habit de Saint Dominique la 16 septembre 1279 dans le couvent de Limoges ; après avoir rempli diverses dignités, il fut nommé prieur de ce couvent en 1305, puis en 1307 inquisiteur à Toulouse et enfin en  1324 évêque de Lodève ; il mourut le 3 décembre 1331 laissant de nombreux ouvrages d’histoire et de théologie. C’est dans son histoire de la fondation des couvents de l’ordre des Frères Prêcheurs publiée par Dom Martène, dans l’Amplissima Collectio, t. VI, que nous avons retrouvé la relation concernant les origines du couvent de Saint-pardoux.

Il existe trois copies anciennes de cette histoire, l’une conservée aux archives des Frères Prêcheurs à Rome, la seconde à la bibliothèque de Bordeaux et la troisième à celle de Toulouse.

Le R. P. Maur. M. Kaiser, bibliothécaire de l’ordre des Frères Prêcheurs à Home, a bien voulu nous envoyer une copie de la première qui est cotée dans ses archives lib. KL. p. 308 et 314 ; elle reproduit avec quelques variantes le texte publié par D. Marlène, et une note fait connaître qu'elle fut envoyée en 1307 aux religieuses de Prouille.

M. le baron de Rivières, inspecteur de la Société française, d'archéologie, a bien voulu confronter ce texte avec celui conservé à Toulouse.

[13] On nous a assuré avoir vu autrefois dans les archives du couvent un papier où il était indiqué que les ouvriers qui travaillaient à cette construction touchèrent un denier et un oignon par jour.

[14] Originaire de Montbrun en Limousin, il était prieur de Brive en 1291-1293.

[15] Raymundus Hunaudi de Loantario, Tolosanus, dixième prieur provincial ; Amplissima collectio, t. II, col. 427.

[16] « Etienne de Besançon, né de maison médiocre, releva son extraction par la sincérité de ses vertus et fut aussi grand prédicateur qu'il était admiré dans les escholles ». Docteur en théologie, il fut régent du couvent Saint-Jacques de Paris, provincial de France en 1291, puis général de l'ordre en 1292. Il mourut à Lucques en Toscane le jour de Sainte-Cécile 1296, laissant plusieurs ouvrages.

V. Histoire des saints, papes, cardinaux et autres hommes illustres qui furent supérieurs ou religieux du couvent Saint-Jacques de l'ordre des FF. Prêcheurs de Paris, par  le F. Antoine Mallet. Paris, 1634, p.  400.

[17] Ancien manuscrit cité par Daguesseau, Œuvres, t. VI, p. 475. La légende que nous citons plus loin l'accuse d'avoir fait un pacte avec le diable pour la construction du couvent.

[18] La vicomtesse avait acheté ces terres par acte du mercredi après l'octave de Pâques, 1265 (Nadaud, t. III, page 97.)

[19] Nadaud dit cependant, t. III, p. 209, que les armes de Gérard de Maumont sont deux lions passants.

[20] Après l'histoire, la légende : Gérard de Maumont, raconte-t-elle, fit un pacte avec le diable pour construire le couvent, et tous deux arrêtèrent de l'édifier sur les hauteurs de Couderfery, point culminant de la région, à demi-lieue de Saint-Pardoux. Alors le diable apporta sa pleine poitrine de pierres; mais lorsqu'il lui fallut de l'eau pour faire le mortier, il s'aperçut qu'il aurait beaucoup de peine pour la monter à celte hauteur, et il prit pour l'emporter un panier percé ; de telle sorte que lorsqu'il arrivait, il n'en restait plus une goutte.

De dépit, il abandonna son tas de pierres — en cet endroit le coteau est couvert de rochers et une carrière qui y est aménagée porte le nom de carrière du Diable ; non loin on trouve aussi toute une suite de tombelles, — et il décida que le couvent se construirait où tomberait son marteau : du haut de Couderfery, le diable «  tira son marteau » qui alla tomber au bord de la rivière. Il se mit alors à l'œuvre.

Gérard lui ayant demandé quelle hauteur auraient les bâtiments, le diable lui répondit qu'ils seraient limités par son marteau et il le lança en l'air: cet outil s'arrêta à une certaine hauteur et resta ainsi suspendu jusqu'à ce que la maçonnerie fût arrivée à son niveau.

(Conté par la Bouniune, vieille mendiante âgée de 93 ans, noyée vers Pâques 1898, derrière le couvent.)

[21] Arch. des FF. Prêcheurs de Rome, lib. K. L. p. 314.

[22] D. Francisco de Bofarull, archiviste général de la Couronne d'Aragon, a bien voulu faire, à notre demande, dans les célèbres archives de Barcelone, sur la filiation de Fine d'Aragon, des recherches qui sont restées infructueuses. Elle n'est pas nommée, nous a-l-il écrit, dans l'important ouvrage publié par son aïeul, D. Prospero de Bofarull : Los Condes de Barcelona ; pas plus, du reste, que dans toutes les généalogies de la famille d'Aragon qu'il a pu consulter.

Il voudra bien trouver ici l'expression de notre très respectueuse gratitude.

[23] Pontus Viridis, Pontvert près Condom, prieuré fondé en 1280; parmi les religieuses de ce couvent, Bernard Gui cite Serena de Scayrac, Cartusensis, et Azema Fromento de Martello, (Ampl. Collectio, col. 126.)

[24] Nadaud dit qu'il mourut entre le lundi et le mardi de la semaine de la Passion 1294, t. III, p. 209.

[25] Anno M° CC° II xx XIX obiit magister G. de Malo Monte apud Chaslutz Chabrol et fuit sepultus in monasterio monialium S. Pardulfi. (Chron. de Saint-Martial de Limoges.)

[26] M. de Bosredon, Sigillographie du Périgord, 439, et Arch. des Basses-Pyrénées, n° 1045.

[27] Bibl. nat. Collection Lespine, t. XXXV, f° 123: n Catalogue des prieures fourni par M. Nadaud, curé de Teyjac et f° 13L : « Extrait d'un martyrologe très ancien où ou a inscrit sans ordre les articles suivants. »

[28] En marge du 8 e jour des ides (8 mai) on lit ; Anniversarii domini Helie de Machmat el Therii de Machmat pro faciendo convention hahuit... x s. rend. ;

Du 6e (10 mai) : anniversarii Riche.... domicellus angliscus.

Du 5e (11 mai) : obiit soror Agnès Pantheus.

Du 4e (12 mai) : obiit soror Magdalena ( ?) Despani.

Toutes ces notes paraissent tracées au xve siècle. Celles écrites au dernier siècle sont presque entièrement effacées. De l'une on lit encore : Hac die decima et... rex hoc monasterio pro...urus ann...um singulis.

Celte pièce nous a été très gracieusement offerte par Mme Larrel-Lagrange, de Saint-Pardoux.

[29] En vertu de ce droit d'estang ou d'estreing de vin, le couvent avait le privilège exclusif de vendre du vin pendant un mois.

[30] D'après une copie provenant des archives du couvent ; tous les faits cités sans indication de source, dans la suite de ce travail, ont même origine.

[31] D'après la liste de la collection Lespine, t. XXXV, f° 129.

[32] Nobiliaire de Courcelles, t. IV, art. Laurière.

[33] Le P. Dupuy dit en effet que l'évêque Pierre Tisou était un partisan des Anglais.

[34] Pierre Flandrin, originaire du Vivarais, doyen de Bayeux, créé cardinal en 1371, mourut à Avignon le 23 janvier 1381. (Moréri).

[35] Le couvent de Saint-Pardoux était compris, en 1382, pour une aumône de 10 sols tournois dans les charités du mardi-gras de la ville de Périgueux. (Note de M. Dujarric-Descombes.)

[36] Tous les actes des XVe et XVIe siècles et du commencement du suivant sont passés devant le ferat ou au ferret du couvent. Ce mot que nous ne retrouvons pas dans les glossaires désigne sans doute la grille de fer qui divisait le parloir, et par extension le parloir lui-même.

[37] Commines, édition Buchon, p. 60.

[38] Mérimée dans ses annotations des Oeuvres de Brantôme, édit. Elzevir, t. III, p. 48, dit que la complicité de Louis XI dans la mort de son frère n'est guère douteuse.

[39] Bouchet, Annales d'Aquitaine, édit. de 1644, p. 277 et suiv.

[40] Berthre de Bourniseaux, Histoire de Thouars, 1824, p. 159.

[41] Bouchet, p. 277. De Bourniseaux dit cependant que « sa conversation amusante était soutenue par la bonté de son caractère et les charmes de sa figure ».

[42] Archives nationales, Registres de la chancellerie : JJ. 221, f° 83, r° ; ces lettres sont signées par Louis de Luxembourg, Comte de Ligny, et Louis Malet de Graville, amiral de France.

[43] Archives nationales, JJ. 222 31, r°.

[44] Voir le P Anselme, t. I, p. 118.

[45] Id. J. 960 f° 78v° ; PP. 136 p. 198 et Gallia christiana, t. II col. 1507.

[46] Cf. Bouchet, loc. cit , p. 375 et suiv. ; Bourdigné, Histoire agrégative des annalles et cronicques d’Anjou, t. II, p. 338 et suiv.

[47] Pouillé d'AIliot (1648) qui lui donne 100 1. de revenu.

[48] Extraite des archives du Vatican, registres du pape Clément VI, année VI, lib. IV, p. 2 f° 76, v°. n°. LXV.

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