Source :
Bulletin SHAP, tome XXVII (1900), pp. 57-59.
CRÉATION D'UN CHAPITRE SÉCULIER A ISSIGEAC.
En 1480,
Bertrand de Roffignac (1), évêque de Sarlat, obtint de Julien, légat du pape en
France, des lettres l'autorisant à instituer au doyenné d'Issigeac, qui
appartenait à l'ordre de St Benoît, un chapitre de sept prêtres à sa nomination
et qui exerçaient en fait depuis sept ans leur office dans le monastère. Comme
le doyenné avait été fortement éprouvé par les événements de guerre et n'était
pas encore rentré en possession de tous ses revenus, l'évêque réunit au doyenné
les deux paroisses de Saint-Christophe (2) et de Sainte-Marie-Madeleine (3),
pour servir à l'entretien des prêtres composant le chapitre. Ces lettres furent
exhibées dans le monastère d’Issigeac le 14 juin 1482 par le procureur général
de l'évêque, ainsi qu'en témoigne un acte dressé en présence de l'archevêque de
Bordeaux et de plusieurs autres titulaires ecclésiastiques.
Voici la teneur de cet acte :
« Dominus Andrea, archiepiscopus Burdigalensis...
Bertrandus de Castanea (4) ... Prior Ecelesiae secularis et Collegiae Sancti
Aviti senioris... Emericus... auctoritate appostolica in hac parte deputatus,
notum facimus... Quod anno 1482, 14 junii, apud Villarn de Issigiaco et in
valva monasterii ejusdem loci, Sarlatensi diocesi et seneschalia Petragoricensi,
comparuit Guillelmus de Valeta, archipresbyter de Audrico (5) et procurator generalis
Bertrandi de Roffignaco, episcopi Sarlatensis, qui ibidem exhibuit certas litteras...
Juliani,
Sabinensis episcopi, cardinalis et legati ad partem Galliarum... Cui Juliano relatum fuerat a Bertrando quod postquam olim .. Johannes papa
22... Decanatum Issigiacensem ordinis sancti Benedicti qui conventualis erat,
et ab ecclesia Sarlatensi prout dependet, dependebat, mensae episcopali
univerat... causantibus guerrarum turbinibus quibus, [pro---] dolor, tota
Aquitania ac civiles et dioecsis Sarlatensis afflictus fuerat, ilictus Decanatus cum
suis edificiis, etc., ad ruinam redactus... propterea que devinus (cultus) et
conventualitas in eo cessaverat, et cum partes in illo aliquantisper in pace
redactae fuissent... fructus et redditus non tamen recuperati. Et propter ea
dictus Bertrandus, cupiens decanatum ipsum in aliquo restaurare... 7 presbyteros conductivos ad nutum ejus, ponendos et
revocandos qui in eo decanatu jam per 5 annos servierunt horis nocturnis et
diurnis... et pro eorum sustentatione parochiales ecclesiae Sanctorum
Christophori et Marie Magdalenae invicem unitas, et praedictae mensae episcopali
olim canonice annexas, a dicto decanatu per duas leucas non distantes, uniri
perpetuo desiderabat... Litterae Juliani datae fuerunt Turonis anno 1480. Et
Bertrandus impetravit gratiam (6) ».
La sécularisation du doyenné
d'Issigeac parait avoir été confirmée sous l'épiscopat de Pons de Salignac (7).
Nous lisons, en
effet, ce qui suit dans les Chroniques de Jean Tarde :
« Le doyené d'Issigeac,
qui estoit de l'ordre de St-Benoit, est sécularisé l'an 1488, avec tous les
religieux qui y estoint, par le légat du pape qui pour lors estoit en France,
et ce, à la solicitation de Pons de Salignac, évesque, et y furent establis 7 chanoynes, savoir : un prévôt, qui auroit la cure
des ames et serait premier chanoyne, un secrestain qui auroit soin des choses
ecclésiastiques, concernant le service, deu par le chapitre, et cinq simples
chanoynes (8). »
Elie de BIRAN.
(1) Bertrand de Roffignac, XVIIe
évêque de Sarlat, élu en 1460, mort le 5 décembre 1485.
(2-3) Saint-Christophe. — « On peut, disent MM. Gaston de Gérard et
Gabriel Tarde, dans leur savante édition des Chroniques de Jean Tarde (page 133), hésiter entre Saint-Christophe-de-Montbazillac,
commune de Saint-Naixent, canton de Bergerac, et Saint-Christophe-de-Montferrand,
commune du canton de Beaumont. »
Suivant les mêmes auteurs, la chapelle de Sainte Marie-Madeleine,
mentionnée dans une bulle du pape Eugène III de l'an 1158(?), est indéterminée.
— En 1470, le revenu des paroisses de Saint-Christophe et de
Sainte-Marie-Madeleine, qui avaient été unies cette même année à la mense
épiscopale de Sarlat, était évalué à 60 écus d'or. — Bulletin le la Société historique et archéologigue du Périgord, t. VII, p. 134 (en note), article de M. Gaston de Gérard sur la Bulle d'union d'Issigeac.
(4) Bertrand
de la Cassagne était, en 1485, vicaire général de l'évêque de Sarlat et
chanoine de l'église de Capdrot. (Chroniques de Jean Tarde, pages 196 et 197.)
(5) Audrix était le siège d'un
archiprêtré.
(6) Bibliothèque Nationale, Collection du Périgord, vol. 36, p. 84. –
Manuscrit Prunis.
(7) Pons de Salignac, XVIIIe
évêque de Sarlat, élu en 1485, mort le 14 octobre 1492.
(8) Les Chroniques de Jean tarde, p. 208.