Source :
Bulletin SHAP, tome XXVII (1900),
pp.
94-117
NOTES HISTORIQUES SUR LA COMMUNE DE TRÉLISSAC
(…)
CHAPITRE II. — histoire générale.
I
« Nous,
maire et consuls, seigneurs hauts justiciers, comtes et barons, gouverneurs,
juges civils, criminels et de police des ville, citté, banlieue et faux-bourgs
et juridiction de Périgueux … [1] », c'est ainsi que se qualifiaient
autrefois les administrateurs de l'agglomération périgourdine et de ses
dépendances.
Le territoire
actuel de la commune de Trélissac a, de temps immémorial, fait partie de la
banlieue de Périgueux. Il est donc indispensable de rechercher au début de
cette étude la nature des liens de droit qui régissaient les rapports des
citoyens urbains de Périgueux et des habitants de la banlieue.
L'un des titres des Archives
départementales de la Dordogne nous fournit des renseignements à peu près
complets sur cette question. Le voici[2] :
Attestation
faite, en 1684, par un certain nombre de personnes notables de Périgueux sur le requis de Jean
Audebert et de Maurice Juglard, notaires royaux, bourgeois de la ville, pour
constater que la ville de Périgueux et les six paroisses qui composent la
banlieue[3] ont toujours été unies, sont gouvernées
parles mêmes consuls et magistrats, jouissent des mêmes privilèges, supportent
proportionnellement les mêmes charges ; que les officiers ont toujours exercé
leurs fonctions tant dans la ville que dans la banlieue ; en un mot, que,
suivant l'usage observé de tout temps, il n'a jamais été fait de différence
entre la ville et la banlieue.
Malgré
cette affirmation si nette, il est néanmoins certain que les droits et les
devoirs des citoyens logés dans l'intérieur des murailles et ceux des habitants
de la banlieue n'étaient pas identiques. C'est ainsi, par exemple, que les citoyens
qui résidaient toujours dans l'enceinte ou ceux qui y avaient seulement une
maison d'habitation à leur usage exclusif, étaient tenus de loger les gens de
guerre de passage ou de payer le coût de leur logement dans une auberge. Ils
étaient, par compensation, exemptés de l'impôt personnel et territorial appelé
taille, perçu seulement sur les roturiers.
Les
habitants de la banlieue, au contraire, devaient certaines corvées : convoyer
les équipages des troupes de passage, transporter les matériaux nécessaires
pour les réparations du pavé ou des bâtiments communaux, fournir la paille
demandée pour les casernes... Ils étaient, en outre, soumis à d'autres charges
spéciales[4].
Sous l'ancien régime et jusqu'aux premières années du XIXe
siècle, Trélissac n'a pas eu de vie propre et indépendante. Son histoire est
l'histoire de Périgueux. Je me verrai donc forcé, ce que je ferai le plus
brièvement possible, de raconter certains épisodes de l'histoire municipale de
Périgueux ou de la province de Périgord : je rendrai ainsi plus compréhensible
le récit des faits importants qui ont eu pour théâtre le territoire de la
paroisse ou qui ont apporté des modifications dans la situation de ses
habitants.
II
Les
habitants de la communauté avaient habilement profité des longues guerres avec
l'Anglais qui désolèrent la province pour se faire reconnaître par les rois de
France un certain nombre de droits fort enviables et se créer une situation
privilégiée. Ces droits sont énumérés dans un grand nombre d'actes émanant,
soit de la royauté, soit d'arrêts de Cours souveraines qui les mentionnent et
en tirent les conséquences. « Feus nos prédécesseurs roys, dit Henri III dans
ses lettres patentes de 1575, les ont reçeus à hommaige tout ainsi que les
autres nobles de France[5], si les
ont déclarés unis et incorporés à perpétuité à la Couronne de France... [6] ».
Plus tard, en 1680, les consuls précisent les droits de leurs concitoyens[7].
Ils sont en possession de droits
dévolus ordinairement au souverain : Justice haute, moyenne et basse ; nomination
d'officiers publics, notaires et sergents. Ils appellent les milices sous les
armes et les commandent[8].
Ils jouissent en
toute liberté des droits que les municipalités actuelles ne peuvent exercer que
sous le contrôle sévère du Gouvernement et des Chambres : établissement de
taxes locales qui correspondent à nos droits d'octroi et de place et à nos
centimes additionnels, droits de boucherie, de boulangerie, de minage, droits
sur les pailles et foins, droits sur les marchands étrangers... faculté d'imposer
sur les habitants de la ville et de la banlieue les sommes nécessaires aux
affaires de la communauté... Enfin, privilèges encore plus appréciables, en ce
qui concerne les dépenses publiques d'intérêt général, ils sont exempts de
payer aucune taille ou impositions quelconques, ont pouvoir d'acquérir fiefs
sans en payer aucune finance...
Outre les droits et privilèges
concédés directement par les rois de France pour prix des services rendus, les
habitants de Périgueux en avaient acquis d'autres au préjudice des seigneurs
voisins contre lesquels ils luttèrent pendant de longs siècles et qu'ils virent
peu à peu disparaître ou dont ils eurent le bonheur de triompher.
III
Leurs plus
terribles ennemis furent les comtes de Périgord. Il est d'autant plus utile de
parler de cette longue querelle que trop souvent le territoire de Trélissac fut
le théâtre de la lutte et que les habitants de la paroisse eurent fort à
souffrir des déprédations des bandes à la solde des comtes.
Les adversaires évoluaient sur un
territoire si restreint et leurs.intérêts étaient si distincts que lors même
que les partis eussent été de bonne foi, il n'eût pas été possible d'échapper à
de perpétuelles difficultés : mais, du moins, dans ce cas, on eût pu arriver à
trouver un modus
vivendi qui eût
permis d'éviter les haines et les cataclysmes. La lutte engagée sur un plus
vaste théâtre entre les Anglais et les Français compliquait encore la
situation, car chacun des combattants avait besoin d'alliés et était disposé à
pardonner beaucoup à condition qu'on l'aidât un peu.
Au début, les
bourgeois et le comte se craignent réciproquement autant qu'ils se haïssent.
C'est l'époque où ils plaident autant qu'ils se battent, et on aboutit à des
transactions appliquées pendant quelques années.
En 1204, le comte et les délégués
de Périgueux se rendent auprès de Philippe-Auguste dans son camp devant Rouen.
Après avoir entendu l'exposé des droits de chacun, le roi reçoit, par deux
actes concomitants, mais séparés, l'hommage et le serment de fidélité du comte
de Périgord et de la ville de Périgueux.
En 1247, nouvelles prétentions du
comte. Les parties plaident devant saint Louis qui déboute Archambaud de sa
demande. Il est déclaré qu'il est sans droits sur la seigneurie du Puy-St-Front,
qu'il n'a aucun pouvoir pour investir les consuls, pour se mettre à la tête de
la ville ou exercer la police sur le mesurage des blés.
En 1280, on
règle les droits du comte et de la municipalité pour la Justice.
En 1311, Brunissende de Foix, veuve
en secondes noces d'Hélie VII, peut, sans difficultés, comme
tutrice de son fils aîné Archambaud IV, faire prêter les serments de fidélité et recevoir les
hommages des principaux vassaux parmi lesquels nous remarquons :
1°Jean de
Clarens, une paire d'éperons dorés d'acapte pour ses terres de Trélissat.
2° Hélie Monain,
pour ce qu'il acheta, avec sa mère, dans la môme paroisse, du dit Jean de
Clarens.
3° Pierre de
Périgueux, pour ses domaines et droits de Trélissat, du territoire des
seigneuries de Périgueux.
4° Hélie de Périgueux, pour ses domaines de Trélissat.
A partir de
l'avènement de Roger Bernard, frère et successeur d'Archambaud IV, la lutte prit un caractère de plus en plus grave, jusqu'au
moment où les violences et la mauvaise foi de ses successeurs, Archambaud V et Archambaud VI, compromirent définitivement leur
cause et firent consacrer par la royauté le triomphe de la ville-
En 1341, Roger
Bernard échangea avec le roi de France la seigneurie de Bergerac contre
certains avantages, parmi lesquels la perception de revenus perçus par moitié
avec le chapitre, tel que le droit du commun dû par plusieurs localités,
notamment par Trélissac.
Le comte ne
voulut pas se contenter du lot qui lui était échu. Fort de l'amitié de Jean-le-Bon,
il arracha à la faiblesse de ce monarque la perception complète du droit du
commun. Mais, ne voulant rien brusquer, il leva des troupes sous le prétexte
de poursuivre les pillards qui couraient la province pendant la trêve entre les
Anglais et les Français. Le maire et les consuls de Périgueux furent avertis le
21 .juin 1352 « par quelques amis de la ville... désireux de prendre soin de
son. honneur et de son intérêt... que le comte de Périgord avec toutes ses
forces, de l'obéissance des deux seigneurs, le roi de France et le roi
d'Angleterre, voulait à tort ou à raison faire la guerre à feu et à sang au
Puy-St-Front, et avait l'intention, de détruire... tous les bleds et toutes les vignes des
bourgeois, remplir de soldats et de pillards toutes les églises et autres
lieux, des environs... garnir et occuper les églises de Champsavinel et
Treillissac »[9] .
Les
consuls s'étaient laissé surprendre et n'étaient pas en mesure de se défendre
utilement. Ils firent quelques concessions pour laisser passer l'orage, dans un
traité conclu avec le comte le 7 juillet 1352. Mais cette fois c'en était trop!
Une guerre à mort s'engagea entre les adversaires. Les consuls se tournèrent
résolument du côté des rois de France queues comtes lassèrent par leurs
brutalités, leur arrogance et leurs défections successives.
IV
Les derniers actes de cette sanglante tragédie eurent lieu sous les
comtes Archambaud V et Archambaud VI, et ont été traités d'une manière
définitive par M. Dessalles dans son Histoire des deux derniers comtes de Périgord.
La situation n'était pas égale pour les belligérants. Les comtes,
cantonnés dans leurs places fortes et leurs châteaux qui commandaient une
grande partie du Périgord, pouvaient se ravitailler facilement et recruter de
nouveaux soldats. Les Anglais les aidaient dans leur œuvre de dévastation. La
banlieue, où Périgueux aurait dû trouver les ressources nécessaires pour
soutenir la lutte, était ravagée par les pillards, et les récoltes à peine
arrivées à maturité étaient enlevées avec les travailleurs.
Beaucoup
de ces faits de guerre se sont passés sur le territoire de Trélissac. J'en
mentionne quelques uns.
En 1352, les consuls envoient deux hommes à Trélissac pour savoir « si
les Francès eran deycofis. »
Le 1er
mars 1372, quatre hommes sont envoyés « per las vinhas » pour dire aux gens de
se retirer parce qu'il y avait des Anglais en embuscade autour de la ville.
Le 17 septembre
1375, l'année où Du Guesclin fit sa campagne de Périgord, les consuls font
ensevelir un homme tué par les Anglais au moulin « del Monar »
En 1382, cent
chausse-trapes sont placées dans les bois entre Trélissac et Antonne[10].
En 1385,
Archambaud V refusa de reconnaître le traité de pariage conclu en 1317, entre
les consuls et Brunissende de Foix, et pour briser la résistance des habitants
du Puy-St-Front, il engagea les hostilités, avec d'autant plus d'ardeur que
tous les alliés de ceux-ci étaient occupés à se défendre contre les incursions
des pillards anglais.
Périgueux était
presque entièrement entouré par les châteaux et les places fortes appartenant
au comte. Un seul côté, le nord-est, restait libre et permettait de se
ravitailler vers Thiviers et Limoges. Le château de Caussade commandait cette
route. En 1386, Archambaud le fit assiéger par ses partisans cantonnés à
Auberoche. Cette première attaque échoua. Pour se venger, les soldats du comte
pillèrent et incendièrent les villages des environs après avoir forcé les
habitants à payer rançon pour .racheter leur vie[11].
Les hostilités
continuèrent pendant longtemps, d'autant plus terribles que le comte, accablé
par la maladie, ne sortait plus de son château de Montignac et laissait toute
latitude à ses lieutenants. Parmi les faits qui intéressent Trélissac, il
convient de citer la prise d'assaut du château de la Rolphie par les bourgeois
de Périgueux commandés par Arnaud de Barnabé, que ses compatriotes
récompensèrent, l'année suivante, en le nommant maire de Périgueux, et une
incursion de la garnison d'Auberoche qui tua une personne et en blessa
plusieurs autres devant l'hôpital de l'Arsault.
Les souffrances
du peuple devinrent si vives et la situation si grave, que les consuls
obtinrent des ministres du malheureux Charles VI de faire assigner le comte devant le Parlement de Paris. Il va sans
dire que, quand même Archambaud V n'eût pas été cloué par la maladie au fond de
son repaire, il n'eût pas obéi à la sommation, mais cet acte n'eut aucune
influence sur sa conduite.
Le procès traîna
en longueur, grâce aux puissantes protections du comte de Périgord. Cependant
le Parlement se décida à rendre, le 3 février 1397, un arrêt qui déclara
Archambaud et ses complices coupables de tous les crimes à eux imputés, avec la
clause expresse « qu'il ne leur sera jamais loisible de dire ou de faire, sous
quelque prétexte que ce soit, rien qui leur permette de recommencer le procès.
La Cour les condamna en outre, notamment, à payer la somme de trente mille
livres tournois à titre de dommages-intérêts, et, « s'ils peuvent être trouvés
et appréhendés, à rester en prison jusqu'à ce qu'ils aient pleinement satisfait
à ces choses. » Enfin elle bannit à perpétuité du royaume de France Archambaud
et ses complices, et déclara à jamais confisqués les biens qui leur resteraient
après satisfaction faite.
Ce dénouement avait été hâté par un
fait grave qui démontrait la nécessité d'en finir avec les comtes de Périgord.
J'ai dit plus haut l'importance du
château de Caussade. Il est situé sur le plateau, au milieu des bois, à
proximité de Périgueux et d'une des routes les plus fréquentées aboutissant à
cette ville. C'était un poste avancé dont la prise devait mettre les défenseurs
du Puy-St-Front dans une situation très précaire. Caussade appartenait alors à
Jeanne Vigier, épouse en secondes noces d'un écuyer du pays de Guyenne, Henri
de Cugnac, lequel avait toujours tenu le parti de l'Anglais »[12]. Les époux de Cugnac, sentant
probablement que le roi de France gagnait du terrain et voulant rentrer en
grâces auprès de lui, firent leur soumission officielle. Ils obtinrent des
lettres par lesquelles le roi « avait remis et pardonné toute la peine, amende
et offense. » Mais par mesure de prudence, Mondisson de la Chassagne fut nommé
gouverneur de la forteresse le 22 novembre 1395. Celui-ci choisit pour
lieutenant Guillaume Mosnier, de Thiviers, qui eut le commandement effectif.
Malgré la prise de possession du château par les agents du roi, et quelques
semaines après cet événement, au commencement de 1396, les troupes qui tenaient
Auberoche pour Archambaud, tentèrent un nouveau coup de main[13]. L'assaut
réussit. Guillaume Mosnier, blessé, fut fait prisonnier avec tous ceux de la
garnison qui ne périrent pas. Les vaincus furent emmenés à Auberoche et
enfermés dans les cachots de cette forteresse. Mosnier fit vainement appel au
roi. Les vainqueurs le mirent à la torture et le pendirent.
Ce fut le signal de nouvelles
déprédations dont souffrirent plus particulièrement les habitants de Trélissac
soumis aux incursions de la nouvelle garnison de Caussade.
Archambaud V
survécut à peine quelques jours à l'arrêt qui le frappait. Peut-être même ne le
connut-il pas?
Il laissait
plusieurs enfants, parmi lesquels son fils aîné, Archambaud, retiré en
Saintonge, auprès de sa mère. Lorsque ce dernier apprit la mort de son père, il
vint prendre possession du comté de Périgord comme si la situation eût été
intacte, el sans se préoccuper de l'arrêt du 3 février 1397. Dès le premier
jour, il se montra encore plus violent et plus féroce qu'Archambaud V.
Pour faire
cesser les brigandages du nouveau comte, Jean d'Arpadène, sénéchal du Périgord,
et Guillaume Le Bouteillier, sénéchal du Limousin, à la tête d'une petite
troupe levée par eux ou fournie par la municipalité de Périgueux, se mirent en
campagne le 18 juin. Mais Le Bouteillier fut blessé et Archambaud VI résista
presque partout victorieusement. Enfin, un an après l'arrêt du Parlement, le 12
février 1398, les délégués de Périgueux, appuyés par le duc d'Orléans qui
convoitait le comté de Périgord, parvinrent à faire expédier au sénéchal de
Périgord et au premier huissier du Parlement des lettres pour faire ramener
l'arrêt à exécution.
Guillaume de Lespine, huissier au
Parlement de Paris, délégué à cet effet, n'osa pas aller sommer directement
Archambaud VI, dans son repaire de Montignac. Il se contenta de se rendre à la
Rolphie et à la Cité et de faire publier l'arrêt par le crieur public.
Archambaud savait par ses amis ce qui avait été décidé contre lui et il n'avait
pas besoin d'être touché par la citation pour être renseigné. Il n'eut garde de
se présenter.
Lespine mit donc
en vente tous les biens du comte, notamment : « item touz les cenz, rentes, bouades, seignourieset aultres
droiz et debvoirs quelconques que le d. comte avoit et levoit en la paroisse de
Treillissac, miz à priz par le d. procureur au d. nom et en deduccion come dict
est, à la somme de quatre cens livres tournois. »
Pendant que se
poursuivait cette procédure sur la place de la Clautre, à l'abri des remparts
de Périgueux, Archambaud VI se rendait chaque jour coupable de nouveaux crimes.
L'un des plus épouvantables fut commis aux portes de Périgueux. La garnison
d'Auberoche enleva un jour quarante paysans qui travaillaient les vignes
plantées sur les coteaux de Trélissac. Vingt-deux-autres cultivateurs et la
fille d'un sieur Jean Debert, croyant échapper au sort de leurs camarades,
s'enfuirent et se cachèrent dans un « cluzel qui es en las costas de Larsaut en
una vina de Joh. Debert. » Mais ils furent aperçus dans ce refuge. Les soldats
d'Archambaud firent brûler du soufre et asphyxièrent ces malheureux[14]. Pour sauver la vie des quarante paysans prisonniers, le
maire et les consuls durent livrer au comte, en échange, quatre de ses
complices qui étaient dans les prisons de Périgueux.
Enfin,
après quatre enchères ou subhastations à huit jours d'intervalle, tous les
biens saisis, moins « la moitié de la cour du célérier », furent adjugés
moyennant la somme de 9800 livres au notaire Guillaume de la Roche, seul
enchérisseur, agissant pour le compte de la communauté de Périgueux[15].
Cette vente ne
pouvait être régulière et définitive que tout autant qu'elle serait validée par
la Cour, en présence du saisi, de ses représentas, ou tout au moins avant de
donner défaut contre lui, après qu'il aurait été régulièrement cité.
Or, si de Lespine avait pensé, au
début de la procédure, qu'il était dangereux d'aller citer le comte à
comparaître, en parlant à sa personne, les faits dont il avait été témoin
depuis qu'il habitait Périgueux l'avaient rendu encore plus prudent. Dans son
nouvel acte d'ajournement devant la Cour, il expose les faits qui l'obligent à
suivre les mêmes errements, aussi, ajoute-t-il : «Je ne eusse ausé, senz péril
de ma personne aller en nulz des lieux du d. Archambaud, pour lui faire aucuns
adjournemens, au d. lieu du Claustre, et aussy à la derrenière barrière qui est
dehors lad. ville, du cousté devers le pont qui va droit à Montignac, ou y
celui Archambaud fait son domicile, ce d. jour, à voix, cry et son de trompe,
par la bouche du d. crieur, en yceulx lieux, adjournay le d. Archambaud filz, à
estre et comparoir par devant vous mes d. seigneurs au d. Parlement, au
vint-neufviesme jour du moys d'avril prouchain, ensuyvant que l'en dira quatre
vins et dix-huit (1398) pour là veoir par vous mes d. seigneurs, interposer et
faire l'adjudicacion du décret des héritages ci-dessus déclarés. ...»
Archambaud VI persista dans son
attitude. Par arrêt du 19 juillet 1399, le Parlement de Paris valida la
procédure. L'arrêt reconnut les droits du chapitre de St Front sur la moitié de
la juridiction de la cour du célérier. Les autres biens saisis furent
définitivement attribués à la communauté de Périgueux moyennant 7800 livres, à
déduire sur les 30,000 livres dommages et intérêts qui lui avaient été alloués
par l'arrêt du 3 février 1397.
L'arrêt
prononçait enfin la confiscation des biens du comte et le bannissait du
royaume.
Le Parlement ne faisait que
consacrer une situation déjà bien nette. Le maréchal Boucicaut avait été chargé
de mettre Archambaud VI à la raison. Celui-ci avait réuni à la fin de 1398 une
petite armée, avec quelques pièces d'artillerie fournies par Périgueux. A la
suite d'un siège de deux mois, le comte avait été forcé de capituler dans sa
forteresse de Montignac. Le roi lui ayant accordé la vie sauve, il traîna
jusqu'à ses derniers jours une existence misérable et abandonnée.
Les ennemis
d'Archambaud se partagèrent ses dépouilles. Le grand seigneur qui avait été un
des plus fervents soutiens de Périgueux, Louis d'Orléans, un des fils de
Charles V, se fit attribuer le comté de Périgord. Le 26 juillet 1400, Regnaut
de Sens, en prit possession en son nom.
Il constate que
parmi les droits appartenant autrefois au comte, et acquis par Périgueux à la
suite des incidents que nous avons notés plus haut, on trouve :
« Item,
tous les cenz, rentes, boades, seigneurie et autres droiz et devoirs
quelconques que le comte avoit et levoit en la parroisse de Treillissac...»
Item,
s'ensuivent les coustumes appartenens aussi au prévost tant seulement...
Item, est assavoir qu'esd. deux paraisses de
Treillissac et Champsavinel, contenues en leur décret, appartient toute haulte
justice; et là, avoit juge qui ressortissoit devant le d. juge des appeaulx ;
et sont à une lieue françoise de la d. cité de Pierregueux, auquelles aussi
appartient un devoir qui est appelé boade ; c'est assavoir, pour chascune paire
de bœufs estans esd. lieux, XII d. paiez une foiz l'an...»
V
La disparition des comtes de
Périgord ne fit pas cesser les maux qui accablaient le pays. La guerre avec les
Anglais et les incursions continuelles des pillards ruinaient les agriculteurs,
entraînaient une grande misère et de telles privations que le terrain était
admirablement préparé pour la propagation des plus cruelles épidémies.
En 1400, puis en
1523, la peste ravagea Périgueux et ses environs pendant de longs mois. Il faut
signaler aussi en 1484 une épidémie de « ladrerie » sur le territoire de la
paroisse de Trélissac.
Comme si les éléments voulaient
aider les hommes dans leur œuvre de dévastation, en 1410, un ouragan ravagea la
paroisse, et sa violence fut telle qu'il emporta le moulin de Barnabe !
C'est sur le territoire du Périgord
que se livre la bataille de Castillon, à la suite de laquelle les Anglais sont
chassés de la France[16]. Mais leurs soldats débandés
courent les campagnes et restent la terreur des paysans. La rude main de Louis
XI essaye de mettre un peu d'ordre dans ce gâchis. Ses successeurs, pendant
longtemps, n'ont d'autre objectif que la conquête de l'Italie, et laissent
l'administration du royaume au second plan. Alors les petits pouvoirs,
seigneurs de second ordre, communes ou municipalités, chapitres peuvent se
disputer entré eux et s'affaiblir réciproquement pourvu qu'ils ne s'avisent pas
de porter ombrage au roi.
VI
C'est dans cette période que nous
trouvons les longs démêlés des seigneurs de Caussade avec le Puy-St-Front.
Nous arrivons aux guerres de
religion. Périgueux se range du côté des catholiques : les Cugnac de Caussade
se font protestants, et jouent un rôle d'autant plus actif que comme, pour un
grand nombre de seigneurs huguenots de celte époque, il s'agit pour eux, en
faisant triompher leurs croyances, d'en tirer un profit immédiat et tangible.
Malgré des
succès partiels, les hostilités ne furent pas constamment favorables au
seigneur de Caussade. Son château fut
pris par une troupe commandée par des Bories et de Montardit, seigneur de la
Beylie, enseigne de la compagnie du sénéchal André de Bourdeille. M.
Dujarric-Descombes, qui a publié, dans le Bulletin historique du Périgord, des
lettres provenant du fonds St-Astier, dans l'une desquelles est mentionné ce
fait d'armes, le place entre 1570 et 1577. Il eut lieu probablement après que
Cugnac eût été chassé de Périgueux par suite de ses violences, mais celui-ci ne
tarda pas à rentrer en possession de son domaine[17].
En
l'année 1576, Jean de Cugnac, d'accord avec les seigneurs de Meymy et de
Lardimalie, négocia avec l'un des consuls de Périgueux, François Philippe, la
prise de cette place par surprise. Le 6 août, la trahison eut plein succès, et
Langoiran s'empara de la ville[18]. Il y
laissa Cugnac comme maire, Cugnac le vassal du Puy-St-Front et son plus mortel
ennemi !
Ce
dernier ne songea qu'à satisfaire son avidité et ses rancunes, et il se rendit
bientôt aussi insupportable à ses amis qu'aux habitants du Puy-St-Front. Il fut obligé de se
retirer dans son château de Caussade[19].
Son successeur,
Tranchard, essaya de pressurer les habitants de la banlieue : mais il fut
constamment battu.
VII
A l'avènement de Henri IV, le comté
de Périgord fut réuni définitivement au royaume.
On respire
pendant quelques années et on essaye de réparer les désastres accumulés par
plusieurs siècles de malheurs publics. On n'en a pas le temps. Les troubles et
les guerres recommencent pendant la minorité de Louis XIII et ne cessent en
réalité qu'au milieu du XVIIe siècle, quand les efforts de Richelieu et de
Mazarin ont réussi à assurer l'omnipotence absolue de la royauté.
Le Périgord est
une des contrées les plus troublées de la France, et la paroisse de Trélissac
subit le contre-coup de ces tempêtes.
En 1625, Sauvebœuf, chef des ligueurs,
essaye de s'emparer de Périgueux. Balthazar de Gachéo l'attaque à la
Combe-des-Dames, le repousse de coteau en coteau jusqu'au plateau de Septfonds,
où sa victoire est complète. Sauvebœuf se hâte de descendre les pentes rapides
qui le mènent à Trélissac, et il se barricade dans l'église pour pouvoir y
passer la nuit. Mais ne se trouvant pas assez en sûreté dans cette forteresse
improvisée, il s'enfuit dès le lendemain[20].
(…)
pp. 294-301.
NOTES HISTORIQUES SUR LA COMMUNE DE TRÉLISSAC
(Suite)
CHAPITRE XII. - Juridiction,
Justice, Police.
Le droit de
rendre la justice est un des apanages les plus importants de la souveraineté :
aussi n'est-il pas étonnant que le Puy-Saint-Front, le comte de Périgord, le
Chapitre, l'Evêque et le Roi, aient fait tous leurs efforts pour s'en emparer
en tout ou en partie. L'auteur du Mémoire pour la ville de Périgueux soutient que le Puy-Saint-Front
doit sa situation exceptionnelle de ville privilégiée, autant aux anciens
droits qui lui viennent du municipe romain qu'aux diverses concessions faites
en sa faveur par les rois. Mais en serrant l'histoire d'un peu près, il est
facile de voir que les habitants de Périgueux, réfugiés dans une ville forte,
difficile à prendre, et placée sur la lisière des possessions de deux puissants
rois en lutte pendant de longues années, représentant une des rares forces
organisées restées debout dans ce pays dévasté par la guerre, se firent
reconnaître facilement par les belligérants qui avaient besoin d'eux, une série
de droits ou de libertés que leur politique habile et persévérante accrut peu à
peu, soit en profilant de la ruine de leurs adversaires directs, soit en
achetant à beaux deniers comptants ce qu'ils ne purent obtenir de bon gré ou
par la force.
Dès le début, la
ville s'était débarrassée d'une partie des droits que le comte de Périgord
exerçait intra
muros. Moyennant
le paiement d'une rente annuelle de vingt livres, elle avait acheté l'exercice
des droits de justice criminelle[21] dans cinq cas : le rapt,
l'adultère, l'homicide, les violences faites avec port d'armes et le faux
mesurage du sel, de l'huile et du vin.
Plus tard, des difficultés s'étant
élevées sur l'application de cette convention, et notamment sur l'étendue de la
juridiction conférée à la ville, il intervint, en 1286, une transaction qui
engloba la banlieue dans la juridiction municipale, mais porta à 40 livres la
redevance annuelle à payer au comte à titre de dédommagement. On devait en plus
un marbotin d'or d'acapte à chaque changement de comte. Cette transaction fut approuvée
par le Roi.
Dans l'enquête
de 1305, on prit soin d'expliquer que le comte n'avait pas le droit déjuger,
mais seulement celui de percevoir les amendes imposées en punition du crime.
Le Puy-Saint-Front
et le comte de Périgord n'étaient pas seuls à émettre la prétention de rendre
la justice sur le territoire de la banlieue. Un litre de 1297 nous apprend
qu'une autre transaction intervint entre Hélies Talayran de Pierregort et
Pierre de Chastanet, rector, « pour raison de la justice de dixmes de Tralissac, par
lequel appointement la dixme demeura audit recteur la haute justice audit
seigneur à cause de la justice de la ville de Périgueux[22] ».
Dès qu'ils
eurent acquis le droit de justice extra muros, les consuls n'eurent d'autre préoccupation que de bien délimiter
le territoire sur lequel ils pourraient opérer à l'avenir. D'après les
témoignages recueillis dans l'enquête de 1333, les témoins, et notamment un
certain Géraud Lefort, d'Atur, rapportent que d'après l'opinion commune, les
croix de la banlieue ont été plantées lors de la délimitation de la juridiction
consulaire.
Tous les titres
sont d'accord pour placer tout le territoire de la paroisse de Trélissac dans
les limites de la juridiction du Puy-Saint-Front. C'est pour assurer l'exercice
de leurs droits que les maires Guillaume Chaluel, en 1302 et 1304, et Léger
Barrière, en 1320, se transportent à la Moite de Paris, près de Septfonds et en
chassent les gens du comte.
Les archives
communales de Périgueux abondent en documents qui prouvent avec quel soin
jaloux, jusqu'à la fin de l'ancien régime, les municipalités qui se sont
succédées à Périgueux ont fait relever les bornes de leur territoire, et ont
rendu la justice à l'extrémité de la banlieue, notamment à la Pouretie, à
Caussade, à Septfonds[23].
Malgré les
transactions intervenues, le comte obtint du roi de France, en 1344,
l'autorisation d'établir un juge d'appel dans son comté[24]. Nous ne connaissons pas les
attributions qui turent conférées à ce magistrat. Mais il subsista longtemps,
car nous le trouvons mentionné dans l'acte de prise de possession du comté de
Périgord, du 26 juillet 1400, au nom du duc d'Orléans, après la défaite
définitive d'Archambaud VI. Ce même acte nous apprend, en outre, que la
juridiction du juge d'appel s'étendait sur deux paroisses de la banlieue,
Champcevinel et Trélissac.
« Item, est assavoir
qu'esd. deux parroisses de Treillessac et de Champsavinel, contenues en leur décret,
appartient toute haulte justice; et là, avoit juge qui ressortissoit devant le
juge des appeaulx ; et sont à une lieue françoise de la d. cité de Pierregueux,
aussi auxquelles appartient un devoir qui est appelé boade pour chascune paire
de bœufs estans esd. lieux, XII deniers païez
une fois l'an ».
Ce titre nous
apprend aussi que le comte continuait à faire rendre la justice par un
magistrat de première instance.
Nous ne
connaissons aucun document qui nous permette de dire quelles étaient ses
attributions, et s'il jugeait d'après le droit romain ou d'après une coutume.
Le roi avait
intérêt à ménager les deux partis. Aussi à peine eut-il accordé au comte le
droit d'instituer un juge de première instance et un juge d'appel, qu'il
décida, en 1347, que les habitants de la ville et de la cité ne plaideraient
plus qu'au Sénéchal ou au Parlement. Celte concession de Philippe VI de Valois
fut confirmée, en 1364, par le prince de Galles qui décida que les habitants «
devront être cités par notre procureur, au Parlement qui sera institué par
notre père, à cause de sa supériorité sur le duché de Guyenne.[25].
D'autres contestations
s'élevèrent entre la ville de Périgueux et les Cugnac, seigneurs de Caussade.
Le règlement de cette affaire dura plus de quarante ans[26].
Le 29 décembre
1474, Louis XI donnait ordre à son sénéchal de Périgord d'évoquer la cause
pendante entre les maire et consuls de Périgueux et Jean de Cugnac, écuyer.
Les premiers se
plaignaient que le seigneur de Caussade
« Depuis ung an en ça ou environ, s'est voulu
sans tiltre ni raison, dire et porter seigneur justicier du dict lieu et
parroisse de Treillissac, et soubz umbre de ce, a faict et perpétré, avecques
certains de ses filz et serviteurs, et aultres allez et complices, plusieurs
grans excès, port d'armes, voies de fait et surprimes sur la dicte ville et
jurisdiction d'icelle ».
Malgré les
prétentions de leur adversaire, les maire et consuls, pour bien affirmer leurs
droits, voulurent aller, en décembre 1490, tenir leur Cour à Caussade, qu'ils
persistaient à déclarer être soumis à leur juridiction, puisque le château
était sur le territoire de la paroisse de Trélissac; mais Cugnac et ses gens se
précipitèrent sur eux, les frappèrent et les forcèrent à prendre la fuite.
Les droits des
maire et consuls ne devaient pas être aussi bien établis qu'ils le soutenaient,
car ils ne purent arriver à les faire reconnaître d'une façon certaine, et ils
furent obligés de transiger. Par acte du 17 novembre 1509, Jean de Cugnac
déclara que ses prédécesseurs avaient déjà cédé à la communauté la vigerie et
justice, tant dans la ville qu'à Trélissac, et quelques autres droits dénommés
dans l'acte, et il en fit une cession nouvelle et définitive moyennant le
paiement en quatre annuités de 500 livres tournois.
Dans la
quittance du dernier pacte, en date du 15 janvier 1514, noble Jean de Cugnac
est qualifié « seigneur de Florimont en Sarladays et de Caussade en la banlieue
et juridiction de Périgueux».
A partir de
cette époque, Trélissac paraît avoir suivi le sort de Périgueux au point de vue
de l'administration de la justice (…).
CHAPITRE XIII. - Impôts.
Il ne peut
entrer dans le cadre de cette notice de faire une étude complète des charges
qui pesaient autrefois sur les contribuables de Trélissac. Je vais donc me
contenter dé fournir quelques renseignements particuliers qui me paraissent
intéressants.
Au point de vue
général, il faut rappeler quelques-uns des articles de la Déclaration de 1680:
Les maire
et consuls de Périgueux perçoivent, au
nom de la communauté, les droits de leyde, de [boucherie, de minage, de
boulangerie, et ceux appelés la coupe du saumon, les lods et ventes, la vinade,
les pailles et foins, les marchands étrangers. Ils ont pouvoir d'acquérir fiefs
et arrière-fiefs sans en payer aucune finance.... ils sont exempts de payer
aucunes tailles ou impositions quelconques… ils ont pouvoir et faculté
d'imposer sur les habitants de la ville et de la banlieue les sommes
nécessaires aux affaires de la communauté...
Tous ces
privilèges n'avaient pas toujours existé, et les consuls avaient été obligés, à
plusieurs reprises, de négocier pour se débarrasser d'impôts gênants ou de les
racheter à beaux deniers comptants.
Un fait relevé
dans les Archives communales de Périgueux prouve qu'en matière d'impôts les
droits des maire et consuls, si nettement affirmés par ceux-ci, n'ont pas été
toujours reconnus sans conteste par tout le monde. En effet, en 1400, on
accorda une gratification de 10 s. t. à Pierre Fumat, chapelain de Trélissac,
pour avoir exhorté ses paroissiens à payer leurs tailles au comptable de
l'Hôtel de Ville de Périgueux, et à reconnaître ainsi les droits de la
municipalité. A ce moment la puissance du comte de Périgord était bien
définitivement abattue, el on ne peut dire que les contribuables de Trélissac
ne voulaient pas payer les impôts entre les mains des représentants de la
municipalité par crainte de payer deux fois, ou par peur de subir les
représailles du puissant ennemi du Puy-St-Front. On est donc forcé d'admettre
que les droits invoqués par Périgueux étaient loin d'être, établi s d'une
manière indiscutable.
Parmi les
anciens impôts, il faut dire quelques mots d'un des plus lourds, disparu depuis
des siècles, au moins sous son nom et sous sa forme primitifs : « le Commun de
la Paix. »
D'après Moreau de Vormes, dans son Mémoire pour la ville et cité de
Périgueux, on
appelait Commun de la Paix cette imposition établie autrefois pour l'entretien
des troupes destinées à faire garder la trêve de Dieu. Mais, suivant la
coutume, pour les impôts établis pour un objet déterminé, la perception du
Commun de la Paix survécut aux besoins pour
lesquels il avait été créé, et il fut probablement employé à rémunérer d'autres
services publics. Aussi quelques auteurs ne lui ont-ils pas attribué son
véritable caractère.
Quoiqu'il en
soit, dès 1256, dans le compte des revenus de la Baillie du Périgord, rendu en
la Chambre des Comptes, on trouve le Commun de la Paix et le pariage de
St-Front appartenant au duc d'Aquitaine. Après celui-ci, l'impôt
fut perçu au profit du Roi.
Roger-Bernard,
fils d'Archambaud IV comte de Périgord et de Jeanne de Pons, qui
tenait de sa mère la seigneurie de Bergerac, l'échangea à Philippe VI de
Valois, contre certains autres domaines et quelques droits, parmi lesquels
celui de percevoir le Commun de la Paix sur diverses paroisses, notamment sur
Trélissac. La paroisse ne put donc bénéficier de la mesure d'abolition prise par Charles V pour
s'attirer la bienveillance des populations dans sa lutte contre l'Anglais. Il
fallut attendre la mise aux enchères d'Archambaud VI pour voir passer ce
droit à la communauté du Puy-St-Front, adjudicataire de tous les biens du
comte.
Il ne fut pas
cependant supprimé complètement, puisque par lettres patentes de 1495, Charles
VIII enjoignit aux Elus de percevoir plusieurs impôts, parmi lesquels le Commun
de la Paix, pour une somme de 14.500 livres[27].
C'est la
dernière fois qu'est mentionné cet impôt, d'autant plus dur à supporter qu'il
était perçu tout entier sur le Tiers-Etat.
Au moment, si important pour
l'histoire de Périgueux où la ville voit disparaître ses terribles ennemis, les
comtes de Périgord, il est intéressant de connaître le prorata fourni par la
paroisse de Trélissac dans les budgets de la communauté. En 1408, il s'agissait
de rétablir la partie des murs du Puy St-Front, compris entre la tour de
Giraudo et la tour Mataguerre. Une taille spéciale fut levée sur les habitants
et produisit 413 livres, 9 sols, 10 deniers tournois. Trélissac fournit pour sa
part 14 livres, 7 sols, 1 denier tournois, soit
environ la 31e partie[28].
(…)
pp. 386-405
CHAPITRE XIX. — BARNABE.
En 1438, le Terrier des Barnabe, — qui est une des curiosités de la bibliothèque communale de
Périgueux, — porte la
mention suivante : « lo molin appellat lo molin del Prat.... entre le molin qui
fut de Corbarant Vigier, à présant détruit, duna part, et le molin de St-Front
dautre ….. ». Le moulin de St-Front, après avoir subsisté plus longtemps que
celui de Corbarant Vigier, a lui aussi disparu de nos jours, et lo molin del Prat, auquel la puissante maison de
Barnabe, qui l'a possédé pendant si longtemps, a donné son nom, est aujourd'hui
placé sur la rive droite de l'Isle, entre le moulin des Mounards en amont et
celui de Ste-Claire en aval. Il est probable qu'il compte parmi les plus vieux
moulins de la région, car, d'après le document déjà cité, il existait en 1299.
Ce n'était, du reste, qu'un moulin à deux paires de meules, et il est
vraisemblable qu'il n'était pas construit bien solidement, puisqu'il fut
emporté presque tout entier par l'inondation de 1410.
Sa situation
près des fortifications de l'Arsault semblait le prédestiner à jouer un rôle pendant
les guerres qui ont si longtemps dévasté la contrée. Les archives de Périgueux
mentionnent deux faits qui prouvent qu'à diverses reprises les gens de guerre
avaient jugé nécessaire de s'en emparer. En 1498, la municipalité de Périgueux
paye « 15 sols (au chirurgien) Maroto le barbier » pour la dépense des «
alacays » (coureurs de grands chemins) blessés au moulin de Barnabe. — En 1578, les ennemis de Périgueux soudoient Antoine
Duchier, meunier du moulin de Barnabe ; mais celui-ci est pris, et il est soumis
à la question préparatoire, comme accusé de trahison et de conspiration contre
la ville de Périgueux, en vertu d'une sentence rendue pendant que la Cour
présidiale réside à Saint-Astier.
Dès 1323, la
famille de Barnabe joue un rôle important dans l'histoire de Périgueux. Hélie,
que nous trouvons quatre fois consul jusqu'en 1339, est un de ceux qui
discutent et rédigent le traité de 1330 qui règle les droits des habitants du
Puy-St-Front et de la Cité. - Un autre Hélie est si riche qu'il peut prêter à
Du Guesclin, pour lui permettre de continuer sa route vers l'Espagne en 1365,
cinq cents francs d'or sans intérêts. Il fut maire en 1377 et 1381. — Arnaud fut en 1398 un des trois chefs des Périgourdins qui
assistèrent le vicomte de Meaux à la prise du château de la Rolphie. L'année
suivante, ses compatriotes l'élurent maire pour le récompenser. Nous le
trouvons encore à la tête de la municipalité en 1407 et en 1415.
(…)
CHAPITRE XX.
L'ARSAULT
L'Arsault était,
d'après quelques titres des archives de Périgueux, un des sept quartiers de la
ville, tout au moins à certains points de vue. Il faisait cependant partie de
la paroisse de Trélissac qui fut toujours classée dans la banlieue de
Périgueux. Nous avons vu aussi qu'il y avait une enclave de l'Arsault. Ce petit
coin de terre présentait donc, au point de vue administratif, une situation
extrêmement compliquée, impossible à définir en l'absence de textes formels.
L'importance de
l'Arsault paraît avoir été beaucoup plus grande au moyen âge ou dans les temps
modernes que de nos jours. La ville était si resserrée dans ses murailles, que
certains faubourgs s'étaient beaucoup agrandis. La situation de celui qui nous
occupe, contre de hauts rochers à pic qui l'abritent des vents du nord, fermant
l'étroit passage qui ouvre la vallée de l'Isle en amont, était des plus
favorables. Il paraît certain, du reste, qu'il était défendu par des
fortifications[29].
Les plus anciens
titres[30] nous parlent de « meyzos et »
d'hostals qui sont situats en la vila, en la quartieyra de l'Arsault ». Ces
bâtiments avaient dû se grouper autour de l'hôpital, signalé dès le
commencement du XIIIe siècle et que nos ancêtres dotèrent de rentes
diverses[31].
Aucun des titres
que j'ai consultés ne permet de préciser l'emplacement de cet hôpital. Le plan
de Belleforest (1575) indique un groupe de bâtiments situés entre le chemin qui
va vers Trélissac et la rivière de l'Isle, et il l'appelle simplement
l'Ardsault, sans autre indication[32].
On bâtit pour le
service religieux des malades la chapelle de Notre-Dame, dont l'emplacement
seul était connu au XVIIIe siècle; puis probablement pour la
remplacer, lorsqu'elle devint insuffisante ou qu'elle tomba en ruine, la
chapelle Saint-Côme et Saint-Damien[33].
Je n'ai pas pu
découvrir la date de la disparition de l'hôpital, pas plus que celle de sa
fondation. Il paraît certain, dans tous les cas, qu'il n'eut pas d'existence
propre à partir de l'acte royal, qui, dans le courant du XVIIIe siècle, mit un
peu d'ordre dans les administrations hospitalières de Périgueux, et les réunit
en une seule lors de la fondation de l'hôpital général.
Une autre cause
qui nous paraît avoir contribué à donner de l'importance à ce faubourg, c'est
la présence d'une fontaine abondante, d'autant plus appréciée autrefois que
jusqu'à des temps bien rapprochés de nous, Périgueux était une ville sans eau
de source dont les habitants se servaient exclusivement des eaux de l'Isle
montées sur le plateau par les moyens les plus primitifs. Les archives de la
ville mentionnent plusieurs essais, toujours restés infructueux, pour amener la
fontaine de l'Arsault dans l'intérieur des murs.
Pendant, le
moyen âge, Périgueux compta plusieurs « reclutsages ». Un de ceux qui paraît
avoir subsisté le plus longtemps est celui de l'Arsault.
On sait que les
reclus et les recluses étaient des personnes de grande piété, qui, avec
l'autorisation de leur évêque, consentaient à s'enfermer jusqu'à la mort dans
d'obscures et d'étroites cellules qui prenaient jour seulement sur une église
par de petites ouvertures. C'était par là qu'elles recevaient les sacrements et
la nourriture que leur offraient, soit les pouvoirs publics, soit la piété des
fidèles. La cellule ou reclutsage de l'Arsault devait être accolée à la
chapelle Sainte-Marie et disparut avec elle. Elle était occupée par une
recluse.
Dès 1310, nous
trouvons mentionnée une de ces pénitentes dans le testament d'Hélie de Vitrac,
bourgeois de Périgueux, que j'ai cité plus haut.
Item lego cuilibet inclusarum de l'Arssaut,
Sancti Eulalie et de Podio Rubeo quatuor denarietas panis semel....[34].
Le 5 août 1476, don à une autre
recluse par Jacquette Cothet, veuve de Fortanier de Saint-Astier, seigneur des
Bories :
Item plus lego, jubeo et ordino, ego dicta
testatrix honestae mulieri et pauperi vocatae la Reclusa de l'Arssaut, videlicet
quinque solidos monetae Turonensis, semel sibi per heredes et executores meos
infradictos solvendi ; et quod ipsa reclusa teneatur rogare et deprecari Deum
pro salute animae mae et parentum meorum defunctorum[35].
Enfin, les
archives communales de Périgueux constatent qu'en 1504 et 1505,1a ville fit
recouvrir le reclutsage de l'Arsault et donna du pain à la recluse.
Je dois enfin
signaler une « commanderie de l'Arsault » mentionnée dans un titre des
Archives départementales de la Dordogne, mais qui malheureusement ne contient
aucune indication permettant de rattacher cette commanderie à aucun des ordres
connus[36]. Voici les parties intéressantes
de ce titre:
A la requeste de Me Michel Chabannes, advocat,
Françoys Girard, procureur, et Jehan Faure, bourgeois et marchand, scindics
de l'hospital de la présante ville, en présence de M. le Procureur du Roy...
sont advenus pour affermer au plus offrant et dernier enchérisseur, tous les
fruicts, proficts et revenus du d. hospital pour le temps de six ans demy an qui a commencé à la vigille de jour de feste de St-Michel
dernier passé, et finissant à mesme jour prochain venant, aux charges et
conditions cy-après.... Et le d. jour 23 novembre 1609... les fruicts,
proficts, revenus, appartenant, tant sur le bailliage de Périgueux que sur
celui de Bergerac, à la commanderie de Charroux, ont été adjugés au sieur
Pierre Bouac, notaire royal pour la somme de sept vingt quatorze livres... . Et
sur la vente des cens, rentes, lods, vantes et aultres droicts seigneuriaux de
la commanderie de l'Arsault, Anthoine Dumayne a été déclaré anchérisseur
pour la somme de vingt livres
sur la criée du pré de l'hospital Ste-Marthe, autrement dit hospital de Brunet,
Françoys Mynard adjudicataire pour trente trois livres... Pour les droicts de
l'hospital Ste Marthe, Dumas a été déclaré enchérisseur pour trente cinq
livres... sur la criée des maisons joignant le d. hospital acquises de Brolyodie,
Bayoïe adjudicataire pour 17 livres...
sur le petit jardin acquis par les d. scindics, joignant l'hospital de St
Pierre autrement de Lacueille, Dumayne adjudicataire pour cinq livres...
L'Arsault
a été le théâtre d'événements importants pour l'histoire de Périgueux[37].
J'en ai déjà
cité plusieurs, et notamment le plus dramatique, l'acte féroce des soldats du
comte de Périgord brûlant de malheureux paysans dans un cluseau.
(…)
CHAPITRE XXII. — La
Jarthe.
La terre de la
Jarthe ou Lajarte qui parait avoir été toujours importante, ne fut pas portée
dans la liste des fiefs et des repaires indiqués au dénombrement de 1681.
Elle était
cependant qualifiée repaire dès le début du XVe siècle, et on la
trouve mentionnée avec ce titre dans un grand nombre d'actes de l'état-civil.
M.
Dujarric-Descombes a bien voulu me communiquer la note suivante copiée dans l’Histoire manuscrite de la ville
de Périgueux, par
Chevalier de Cablanc :
Le 24 novembre 1403, Arnaud de Berno et Hélies du Puy furent condamnés à payer aux maire et
consuls la rente qu'ils devaient sur le lieu de la Jarte. Du despuis Hélies
Dupuy, autrement de la Jarte, a donné en eschange au scindic de la ville, ou
assigné cette rente sur le village de Clairmont de la Chassaigne de bas, alias
de Bartamont, sans préjudice de l'hommage que la d. ville se réserve sur le d.
repaire de la Jarte et sans préjudice aussi de toute la juridiction. Du despuis
encore en ont faict homage J. Dupuy, par contrat du 17me octobre 1509 et noble Guillaume Dupuy seigneur de la Jarte le 7- février 1530.
La Jarthe était
donc un fief de la ville, et nous ne connaissons pas de fait qui ait pu
modifier cette situation. '
Un titre de la
collection Veyrel, aux Archives départementales, nous apprend qu'à la fin du XVe
siècle, en 1490, la famille Dupuy n'était propriétaire encore qu'en partie de
la terre de la Jarthe :
Petrus Belcierii notarius, burgensis et habitator villa Petrachorum, vendidit ….. nobili viro magistro
Gugliermo Chalupi licentiati ….. septem solidos turonenses annuatim per solvendos
per Ademarium Brun rationae cujusdam tenanciae nemorum et terrarum in loco de la
Jarta …..
En 1558, elle
appartenait à Hélie Dupuy, écuyer, sieur de la Jarthe et de la Raymondie.
En 1572, elle était la propriété de
Pierre Veyrel, banquier à Périgueux. Depuis cette époque, cette famille l'a
toujours possédée jusqu'à nos jours par les Bonneau, les Desvaulx et les Jarjavay.
Dans son
testament daté de 1587, ce Pierre Veyrel demandait à être enterré dans la
sépulture de sa famille dans l'église Saint-Front, et léguait à l'hôpital dix
écus pour la nourriture des pauvres de Périgueux.
Les Veyrel se
titraient seigneurs de la Jarthe et de Crézelou, et quelquefois aussi : «
seigneur en partie de la paroisse de Trélissac ».
Jean-Sicaire de
Bonneau « fils d'Hélie Bonneau » marié le 7 juin 1743 avec Marguerite
Veyrel, hérita de la terre de la Jarthe par testament de son oncle Jérôme
Veyrel de la Jarthe, « décédé le 7 février 1750 au repaire noble de la Jarthe
». En 1761, il demanda à être réintégré au rôle de la noblesse du Périgord. Il
fit remonter ses preuves de noblesse à l'année 1369, Il se qualifiait : écuyer,
seigneur du repaire noble de la Jarthe et y habitait…
(…).
CHAPITRE XXIII. — Caussade.
Au
nord-est de
Périgueux et de Trélissac, sur le haut plateau sec et couvert de maigres bois
qui domine la vallée de l'Isle, à droite de l'ancienne route de Paris en partant
de Périgueux, se trouve une des curiosités du pays, le vieux château de
Caussade. De loin, il a encore fort bon air, et il ne faut pas faire un trop
grand effort d'imagination pour se représenter dans tout son éclat la
forteresse des Vigier et des Cugnac, dont la possession assurait une situation
prépondérante dans la région. De près, l'aspect est moins redoutable. Les
fossés sont comblés. Les créneaux sont disloqués, et l'on n'aperçoit à travers
les meurtrières, ni armes de guerre, ni soldais valeureux. Ce sont d'honnêtes
fermiers qui vous reçoivent, et leurs manières sont aussi douces que
rassurantes.
La première
destination de Caussade, voulue par ses fondateurs, celle de forteresse, lui a
nui de nos jours, car les appartements manquent un peu de confortable, et on a
un peu délaissé le vieux manoir pour son gracieux voisin le château de Lammary,
plus luxueux et plus commode.
A quelle époque remonte la fondation de Caussade ? A
défaut de titre,
je ne puis donner aucune précision. M. de Mourcin croit devoir le dater de la
fin du XIVe siècle[38]. Il me paraît qu'il le rajeunit
beaucoup.
Il appartenait
dès le commencement du XIIe siècle aux Vigier, viguiers de
Périgueux, c'est-à-dire représentants de l'autorité royale, et qui avaient
droit de justice. On conservait autrefois dans les archives du château un titre
de 1131, concernant Hélie I de Vigier[39]. Himberge, femme de Bertrand de
Born, était une Vigier.
Le premier soin
de ces puissants seigneurs, fondateurs de dynastie, dut être de s'assurer un
refuge en cas de malheur, et un solide point d'appui en cas de lutte.
Ce fief resta la propriété des
Vigier jusqu'à la fin du XIVe siècle, époque à laquelle il passa aux
Cugnac par suite du mariage de la dernière des Vigier avec. Henri de Cugnac[40].
Corbarand de
Vigier, 2eme du nom, mourut dans le troisième
quart du XIVe siècle, laissant de son mariage avec Isabeau de Domme,
pour unique héritière, une fille en bas âge, Jeanne de Vigier, qui se maria
quinze ans après la mort de son père, avec Bertrand, marquis de Grésignac,
écuyer, fils de Bertrand de Grésignac, maître d'hôtel du Roi et viguier de
Toulouse. Le mari de Jeanne de Vigier mourut « à la bataille d'Espagne ». (Par
conséquent, soit à Navarette en 1367, soit à Montiel en 1369). La propriétaire
de Caussade resta veuve pendant dix ans. Mais elle était entourée d'ennemis, et
elle se remaria pour se donner un défenseur.
A ce moment,
l'étoile du roi de France avait peut-être un peu pâli dans la région par suite
de l'indécision de la cour à prendre nettement parti entre les comtes de
Périgord et le Puy-Saint-Front. Les comtes tenaient tout le pays : et, d'après
Jeanne de Vigier, aucun partisan du roi de France ne voulut l'épouser, parce
qu'il savait qu'il fallait défendre énergiquement son héritage, contre les
convoitises et les entreprises à main armée d'Archambaud. Ce fut alors qu'elle
se décida à prendre pour mari « un écuyer du pais de Guyenne appelé Henri de
Cugnac, lequel avoit toujours tenu le parti de l'Anglais. » Bien lui en prit,
car, quelques années après, en 1386, Archambaud essaya de s'emparer de
Caussade. Il échoua.
Les violences et les crimes des
comtes décidèrent enfin la Royauté à prendre des mesures sévères pour réprimer
leurs brigandages. Probablement les seigneurs de Caussade, qui eux aussi
avaient eu souvent à lutter contre les comtes, éprouvèrent alors le besoin de
se faire pardonner les antécédents d'Henri de Cugnac, et voulurent rentrer en
grâces auprès du roi de France. Ils obtinrent d'abord des lettres, « par
lesquelles on avoit remis et pardonné toute la peine, amende et offense. »
Malgré ces lettres, le Sénéchal du Périgord avait mis garnison dans le château
où Jeanne de Vigier et sa fille du premier lit étaient restées en quelque sorte
comme otages, et il avait confisqué leurs rentes et revenus. Par de nouvelles
lettres du 22 novembre 1395, le roi paraît rendre à la propriétaire la
jouissance de ses revenus, mais il persiste dans l'opinion qu'il a intérêt à
s'assurer de la forteresse, et il en nomme gouverneur M. de Mondisson de la
Chassaigne, écuyer, à charge par celui-ci de prêter serment entre « les
mains du chancelier ou du Sénéchal du Périgord, de bien garder le dit lieu sous
votre obéissance »[41].
Mondisson de la
Chassaigne ne paraît pas avoir pris le commandement effectif de -la garnison de
Caussade. Il délégua dans ses fonctions, Guillaume Mosnier, de Thiviers.
Ce choix ne fut
pas heureux. Soit incapacité, soit insuffisance de moyens, Mosnier ne put
défendre le poste qui lui était confié. La garnison d'Auberoche tenta l'assaut
de la forteresse, s'en empara et tua ou fit prisonniers tous ses défenseurs.
Mosnier, blessé, fut emmené à Auberoche, et malgré ses protestations et ses
appels au Roi, il fut mis à la torture et pendu[42].
Lorsque les comtes de Périgord
furent définitivement chassés du pays qu'ils avaient terrorisé pendant si
longtemps, Cugnac revint dans le château de Caussade, avec le titre et les
prérogatives de viguier qu'il tenait de son beau-père Corborand Vigier. Il
fonda une famille dont les descendants existent encore, et ont toujours occupé,
soit en Périgord, soit dans d'autres provinces de la France de hautes
situations.
La disparition
des comtes de Périgord augmentait l'importance des propriétaires de la
forteresse la plus redoutable des environs de Périgueux. Les Cugnac s'en aperçurent
bien vite, et semblent avoir recommencé pendant près de deux siècles contre le
Puy-Saint-Front la lutte engagée par le Périgord.
Par malheur pour
les bourgeois, leurs nouveaux ennemis avaient une situation officielle : ils étaient
viguiers. De plus, ils ne commirent pas la faute de se brouiller avec tout le
monde, et malgré quelques violences, ils usèrent surtout de moyens de
procédure, tant devant toutes les juridictions de la province que devant la
personne du Roi. Les archives communales de Périgueux nous ont conservé
notamment le souvenir d'un procès qui fut évoqué à nouveau en 1474 devant le
Sénéchal de Périgord en vertu de lettres patentes de Louis XI, et que Jean de
Cugnac avait trouvé le moyen de faire instruire précédemment par devant le Sénéchal
de Sarlat. Ce procès dura encore pendant quarante ans et ne fut terminé qu'en
1514.
Le litige avait,
en apparence, peu de gravité. Les maire et consuls avaient fait défricher sans
droit un tènement dépendant de Caussade et appelé le « Bosc au Vigier ». Mais
le fond était tout autre. Ce que Périgueux ne voulait admettre à aucun prix,
c'était le droit de justice que les Cugnac entendaient exercer en vertu de leur
titre de viguiers royaux tant dans la ville que dans la paroisse de Trélissac,
et les lods et ventes levés par eux dans la paroisse Saint-Silain, à Puy-Abry
et autres lieux.
Par transaction
du 17 novembre 1509, Jean de Cugnac céda, à nouveau, ces droits en toute
propriété aux maire et consuls présents et à venir, moyennant la somme de 500
livres tournois « qui luy seront payées le jour de la feste des Roys. »
Quittance définitive de cette somme fut donnée le 15 janvier 1514 par noble
Jean de Cugnac qui est qualifié, dans le titre, « seigneur de Florimont en
Sarladays et de Caussade en la banlieue et juridiction de Périgueux[43] ».
Il y avait en
outre, et surtout, une affirmation de suzeraineté du Puy-Saint-Front sur
Caussade ! Et cette prétention, que nous voyons soutenir avec tant d'énergie
par Périgueux dès qu'il a conscience de sa force, et qu'il maintiendra jusqu'à
la fin de l'ancien régime
(…)
Les atroces
guerres civiles dont la Réforme fut une des causes permirent à toutes les
haines et à toutes les convoitises de se faire jour, sous prétexte de défendre
soit l'autorité religieuse, soit la libre interprétation des livres sacrés.
Les Cugnac
furent parmi les plus ardents huguenots. Il est possible qu'ils fussent entrés
par conviction religieuse dans le sein du protestantisme, et je l'admets
volontiers. Mais il est certain qu'ils profitèrent de l'anarchie du pays pour
arrondir leurs possessions territoriales aux dépens des monastères catholiques.
Le prieuré de Lamblardie, dépendant du monastère de St-Pardoux la-Rivière,
était propriétaire d'un tènement important appelé de Planando, et limitrophe de
Caussade. Les anciens propriétaires de Caussade avaient été les bienfaiteurs de
ce prieuré, et on cite un legs important fait en 1324 par Jean Vigier en faveur
du monastère de St-Pardoux. Les Cugnac ne continuèrent pas ces traditions, et
pendant qu'ils bataillaient avec le Puy-St-Front, ils cherchaient à s'emparer
en 1469 du tènement de Planando, et ils plaidaient contre St-Pardoux devant la
cour d'Auberoche : mais cette fois ils perdirent leur procès.
Jean de Cugnac
fut plus heureux que son ancêtre, et à la faveur des troubles il ruina le
prieuré de Lamblardie et s'empara du tènement qu'il convoitait. Puis, pour
masquer son usurpation, il divisa cette propriété en trois parties auxquelles
il donna trois noms différents : Planando, Queyroulies et les Farges[44].
L'année
suivante, Jean de Cugnac fut un des principaux artisans d'un des plus
épouvantables désastres qui aient frappé Périgueux, la prise de la ville, le 6
août 1575, par suite de la trahison d'un nommé Petit-Pierre et avec la
connivence des consuls. Ses complices le récompensèrent du concours actif qu'il
leur avait prêté en le laissant s'installer maire.
En 1577, fut
maire Jean de Cugniac, sieur de Caussade, vassal de lad. ville et son ennemi
juré depuis longtemps. Il fit tant de violences dans la pensée de se rendre
maire perpétuel qu'il se rendit insupportable tant aux habitants qu'aux
huguenots, en sorte qu'il fut contraint de quitter la ville pour aller à son
château de Caussade.
En l'absence du baron de Langoiran, le sieur de Tranchard fut nommé son lieutenant.
Il fut battu plusieurs fois par les catholiques.... Les huguenots furent aussi
battus à Sorges[45].
Les ennemis de Cugnac ne tardèrent
pas à prendre leur revanche, car il paraît certain que Caussade fut pris par
les catholiques à celle époque. On doit placer ce fait d'armes avec
vraisemblance pendant la durée de la campagne qui aboutit à la défaite des
huguenots à Sorges[46].
Après ce
désastre, Jean de Cugnac ne tarda pas à se convertir au catholicisme. Il mourut
âgé de 76 ans en 1585, et fut enterré dans l'église de Trélissac avec sa femme
Isabeau de Goulard morte en 1587[47].
Il résulte d'une
lettre écrite le 23 juillet 1580 par Henri IV à de Vivans, gouverneur de
Périgueux, qu'il avait donné à Geoffroy (fils des précédents), « ancien
huguenot » l'autorisation d'entretenir dix soldats pour la garde de sa
maison.
(…)
[1] V. Arch. départ. de la
Dordogne, série E, Papiers Veyrel et Donneau,
10 octobre 1759. — On trouve dans beaucoup
de documents publiés une autre formule moins longue et qui est la suivante : «
Nous, maire et consuls, seigneurs
comtes et barons des ville, cité, banlieue
et juridiction de Périgueux.... »
[2] Arch. départ, de la
Dordogne, série B. 192.
[3] La banlieue comprenait en 1493 :
Champcevinel, Trélissac, Boulazac, Atur, St-Pierre-ès-Liens et Coursac (Arch. commun. de Périgueux, série CC. 94), et en 1786 :
S.-Martin, Champcevinel, Trélissac, Boulazac, Atur, St-Pierre-ès-Liens,
St-Georges, Coulounieix et la Cité-hors-l'Enceinte. (Arch. commun. de Périgueux, série CC. 36.)
[4] V. Arch. départ. de la Dordogne, série E, Papiers Veyrel et de Bonneau. — Procès soutenu devant l'Intendant de Guyenne contre les maire et consuls de Périgueux par
Jean de Bonneau, propriétaire d'immeubles dans Périgueux, mais habitant la
Jarthe, paroisse de Trélissac, auquel on voulait imposer le logement des gens
de guerre. Mai 1762.
[5] V. Mémoire pour la ville et cité de Périgueux, par
Moreau de Vormes. 1775.
[6] 1547 à 1611. Arch. commun. de Périgueux, Série AA. 16.
[7]
« Après
avoir déclaré que de tous temps et ancienneté, ils sont
vassaux, hommagers et feudataires
du Roi, et que les habitants leur prêtent à
cause de cela serment de fidélité à toute
nouvelle création du corps consulaire, les maire et consuls
disent qu'ils rendent hommage au Roi pour le
droit de justice haute, moyenne et basse, qu'ils exercent
dans la ville, cité, banlieue et juridiction
de Périgueux, et pour les repaires
tenus d'eux en arrière-fiefs... Les
maire et consuls de Périgueux
ont, de plus, le droit de créer des notaires et sergents
sous le scel de ville, et perçoivent
au nom de la communauté les droits de leyde, de boucherie,
de minage, de boulangerie,
et ceux appelés la coupe du saumon, les lods et
ventes, la vinade, les pailles et foin et les marchands
étrangers. Ils ont pouvoir d'acquérir
fiefs et arrière-fiefs sans en payer
aucune finance, de tenir le sceau à sceller
contrats, sentences, condamnations, commissions et autres
actes de justice; sont exempts de payer
aucune taille ou impositions quelconques ; aussi sont exempts du ban et de l'arrière-ban
; ne peuvent être contraints d'aller
plaider ailleurs que devant le Sénéchal de Périgueux en première instance ; ont
pouvoir et faculté d'imposer sur les habitants de la ville et banlieue les
sommes nécessaires aux affaires de la communauté ; enfin sont en possession du
droit de geôle. Tous les susdits droits sont domaniaux à la ville et communauté
et les dits maire, consuls et syndics en ont joui, et leurs prédécesseurs en
ont joui de tout temps et ancienneté comme ils font encore à présent... » V. Arch. commun. de Périgueux, 1680, série DD. 14.
Arrêts du
Conseil d'Etat ordonnant que les bourgeois de Périgueux seront maintenus dans
leurs exemptions et privilèges, en ce qui concerne le port d'armes, le tirage
de la milice, les droits de francs-fiefs et autres charges et contributions
roturières. Arch. commun. de Périgueux, 25 mars
1774, série BB. 38, el 17 mai 1780, série BB. 39.
[8]
Le
capitaine d'Auberoche voulant obliger les hommes de Trélissac à faire le guet,
quoiqu'ils relevassent de la commune de Périgueux, les maire et consuls portent
leurs plaintes, d'abord au capitaine de Montignac, puis au roi de France. V. Arch. commun. de Périgueux, 1400,
série CC. 70.
Le
sergent du Consulat est envoyé le 23 juillet 1408 à Trélissac pour mander à
tous les hommes de la paroisse, « que fussan lendoma à la manobra ». V. Arch. commun. de Périgueux, série CC. 71.
[9] Voir Histoire du Périgord par Dessalles.
[10] Voir Arch. commun. de Périgueux, série CC. 63, 66, 67, et 68.
[11] C'est à tort que Dessalles, dans
son Histoire des deux derniers comtes de Périgord, place le
château de Caussade dans la commune d'Antonne. Il a toujours fait partie de la
paroisse de Trélissac, et il est encore aujourd'hui dans cette dernière
commune.
[12] Voir Généalogie historique de la maison de Cugnac, par
l'abbé Lespine.
[13] Voir au chapitre Caussade, un
récit intéressant tiré des Preuves de Dessalles.
[14] Voir Arch. comm. de Périgueux, série CC. 69. Dessalles parle de ce fait, mais le
place à tort au Trou de l'Andrive. L'entrée de ce souterrain est encore visible
dans les dépendances de la tannerie de MM. Aubarbier
frères à l'Arsault.
[15] Voir pour les détails de la
saisie, Arch. comm. de Périgueux, série FF. 33 et 34, et Dessalles
: Les deux derniers comtes de Périgord. Preuves.
[16] 13 juillet 1453.
[17] Le document publié par M.
Dujarric-Descombes ne dit pas s'il s'agit de Caussade en Quercy ou de Caussade
en Périgord. Mais il me paraît qu'il ne peut y avoir doute et qu'on a
certainement voulu parler du château qui est situé dans la paroisse de
Trélissac, car tous les personnages cités dans cette lettre sont des
Périgourdins habitant les environs de Périgueux. Voir Bulletin de la
Soc. hist. et arch. du Périgord, année. 1899, p. 66.
(1)[18]
« En
1576, fut maire Géraud Faure seigneur de la Roche-Pontissac et de Laroderie.
Dès le commencement de l'année, on fut averty quil se tramoit quelque
conspiration contre la ville, mais ceux qui estoient en charge négligèrent cet
avis et ne mirent pas ordre à la trahison qui fut faite par François Philippe,
l'un des consuls, avec Jean de Cuniac, seigneur de Caussade, et les sieurs de
Meymy et de Lardimalie qui estoient du complot...
... Les nouveaux maire et second consul firent
semblant de refuser d'accepter leurs charges et se firent presser pour prêter
le seremant jusques là même que le maire dit qu'on luy balioit cette charge
contre son gré, mais qu'on s'en repentiroit et que plusieurs pleureroient. En
effet, il fut si négligent qu'enfin la ruine de la ville s'en ensuivit,
laquelle fut prise le 6 aoust 1576, et il advint divers malheurs, la famine
dans le païs dès le commencement de l'année.
Le 8e mois, les
Huguenots au nombre de 10 cuirasses et montés sur des chevaux espaniols,
partant de Bergerac furent prandre Beauregard et arrivèrent icy sur le soir, à
l'heure de la promenade du côté des prés du Pont, Pierre fournier, nostre
esvèque, fut tué au Château-Lévéque, la nuit, le 14 juillet, par ses propres
domestiques.
La ville fut
prise de cette sorte.
A l'auberge du Chapeau Rouge, là ou fut fait les premiers prêches, ainsy
que nous l'avons dit, là se fit le complot. La trahison estoit préparée depuis
longtemps par Langoiran ; l'hôte du logis nommé Petit-Pierre, Normand
d'extraction, facilita l'exécution. Ce fut le 6e aoust, sous l'assurance de
1000 livres de récompense. Il introduisit dans la maison, à la faveur de la
nuit, 4 ou 500 arquebuziers choisis et 40 gentilhommes bien armés. Tout le
monde, bien instruit, garda un profond silence ….. »
On sait
que pendant l'occupation de la ville, le tombeau de St-Front fut profané, et
que ses reliques disparurent. (Voir Arch. commun. de
Périgueux, série BB.
17).
[19] Voir chapitre Caussade.
[20] Voir Bulletin de la Soc.
hist. et arch. du Périgord, tome XX.
[21] Voir Mémoire pour la ville et cité de Périgueux, par
Moreau de Vormes, avocat, 1775. Beaucoup de titres postérieurs à la transaction
de 1286 parlent encore de la haute justice appartenant au comte de Périgord sur
la banlieue. Si le rédacteur du Mémoire n'avait
pris soin de préciser les faits criminels dont la municipalité de Périgueux
avait acquis le droit de connaître, on eût pu croire que les conventions de
1280 n'avaient jamais été appliquées.
[22] Voir Archives départementales des Basses-Pyrénées, E. 874 et
collection Lespine à la Bibliothèque
nationale, tome X.
[23] Voir Archives communales de Périgueux, série BB, passim.
[24] Voir Histoire du Périgord, par Dessalles, tome II, p. 194.
[25] Papiers Lespine, cités par
Dessalles, dans Les deux derniers comtes de Périgord.
[26] Voir Archives communales de Périgueux, série FF. 18.
[27] Voir Dessalles, Histoire du Périgord.
[28] Arch. commun, de
Périgueux, série GG. 71.
[29] Dans le tome XLIX de la
collection Périgord à la Bibliothèque nationale on trouve mentionnée « la Tour
de l'Arsaut » au Xe siècle. (Note due à M. Lespinas). On peut voir cette tour
sur le plan de Belleforest, à gauche de la route en partant de Périgueux.
[30] Voir notamment (passim) au fonds
Saint-Astier de la
Bibliothèque communale de Périgueux, le très curieux Terrier des Barnabe. «
C'est le papier des hôtels, moulins, bories, jardins, rentes, terres, prés,
bois et autres héritages qui sont de Mathelin des Nohes et à Catherine
Chabrole, sa femme, héritiers universels de défunt Arnaud de Barnabe, en son
vivant bourgeois de Périgueux... »
[31]
V. passim, Archives communales de Périgueux, notamment
série FF. 177, série GG. 175 et 178.
V. Terrier des Barnabe. Voir
aussi le testament d'Hélie de Vitrac aîné, de Périgueux,
qui, eu 1310, donne : « Item cuilibet pauperi infirmanti die sepulturae
meae, seu qui infirmabitur infra septimam diem sepulture mei£ tantum in
hospitalibus Sancti Silani, de l’Arsaut, de
Caroffle, et Sancti Petri Petragoricensis duas denariatas panis semel »
[32] L'aspect général de la gravure
semble indiquer une église.
[33] V. plus
haut, chapitre : Chapellles publiques.
[34] Archives communales
de Périgueux, série GG. 178.
[35] V. collection Périgord à la
Bibliothèque nationale. Note communiquée par mon excellent ami Edmond Lespinas.
[36] Archives
départementales de la Dordogne, série B. 130.
[37] D'après de Gourgues : Nom d'un
faubourg et d'une ancienne porte de la ville de Périgueux. Larsaut 1260 (Lesp.
Périg.). - Burg. voc. del Saut (arch. de l'Evêché). — Hospitalis de Arduo
Saltu 1290. (Périg. 41-3). Sainte-Marie de l'Arsault 1360.
(Courcelles, Généal. de Laurière). Laguilhou et tour de Larsault. (Lesp.
Dénomb. au XIVe siècle). Lard-Sault 1657. (Cosmographie de Belleforest). Larceau
(Cassini).
[38] V. Annales agricoles et
littéraires de la Dordogne, tome IX. Année 1848. Château de Caussade, Aug.
Dupont et de Mourcin.
[39] V. Généalogie historique
de la maison de Cugnac.
[40] V. Généalogie historique
de la maison de Cugnac par l'abbé de Lespine, augmentée
par le marquis de Cugnac, 1894.
[41] M. Dessalles ne connaissait pas
ce titre, car il dit dans son Histoire des deux derniers comtes de Périgord, que c'est
volontairement que les propriétaires de Caussade avaient placé leur château
sous la sauvegarde royale, alors qu'il paraît bien certain que cette protection
leur fut imposée.
[42] J'extrais des Preuves mises à
la suite du livre de Dessalles, le récit suivant de la prise de Caussade. «
Charles, etc... pour ce que, tant par information souffisante... come par la
relation et clameur de plusieurs nos officiers, gentils hommes, etc … de notre
païs de Pierregort …. Qu’environ la Thiphaine dernière passée, Jehan Coutet
autrement dit d’Auvergne, Jehan le Normand, Olivier Mercure, Bernin de Saint-Pierre,
Mandou d’Alle, Guillaume Caussaudou, Robinet le Grosset, Bernard de Massaut,
Bertandou de La Gaudelie, Bernard du Pont, Marou le Comte, etc… et autres
complices du comte de Pierregort, qui pour lors demeuroient avec luy dans son
chastel d’Auberoche, vinrent, accompagnés de plusieurs Anglois, rompeurs de
tresves et autres malfaiteurs, devant le lieu de Caussade, près de nostre ville
de Pierregueux, et prinrent par force, à manière de guerre, le d. lieu de
Caussade, ensemble le capitaine ou le lieutenant du capitaine du d. lieu,
appelé Guillaume Mosnier, écuyer, qui tenoit et gardoit le d. lieu de par nous
et sous nostre main, et blessèrent durement le d. escuyer, et le menèrent pris
et blessé au d. Auberoche, et là, il fut plusieurs fois géhenné et très
durement traité par Me Guillaume Jaubert et autres de sa compagnie, non obstant
que le d. escuyer se dit estre nostre officier et s’appellast toujours à nous,
et le d. Jaubert ne voulut oncques obtempérer aux d. appellations, mais reprocha
plusieurs fois au d. escuyer que pour le guérir des meaux qu'il souffrait pour
nous, il nous venist quérir en nostre
ville de Paris et plusieurs autres vilenies, et finalement le pendirent Nous qui voulons, ces maléfices,
dont nous avons eu en notre cœur très grand courroux, estre ainsi passes sans
en faire raison, commandons au 1er nostre sergent que ceux qui coopérèrent à la
d. prise et au d. meurtre, tu prennes et arrêtes de par nous... hors le lieu
saint, et les amènes devant le plus prochain nostre justicier royal pour les punir — 18 septembre 1396.
Biblioth. du Roi. Papiers Lespine. Cart. des Comtes de Périgord. .
[43] Voir aux Arch. comm. de Périgueux, série FF. 117, un curieux procès
intenté en 1530 contre Jean de Cunhac, seigneur de Caussade, âgé de 20 ans,
pour coups et blessures aux frères La Vernhe demeurant au Chourat. — Cugnac ne
parait pas avoir tous les torts. La solution du procès n'est pas indiquée.
[44] Voir Bull. de la Soc. hist. et arch. du Périgord, t. II, p. 338
et 339. — Livre-terrier du monastère de Saint-Pardoux-Ia-Rivière. — Dans un inventaire fait à
Caussade en 1760 (cité plus bas), on trouve mentionnés cinq actes sur parchemin
intéressant ce ténement : 1° Reconnaissance de la 3e partie du ténement du
Planandon du l7oct. 1475; —2° autre reconnaissance de la même partie du
ténement du 13 janvier 1512 ; — 3° autre reconnaissance de deux tiersses
parties dud. ténement en faveur du sieur de Caussade en date du 12 janvier 1512
; — 4° autre reconnaissance du Rapt et de Planandon du 26 septembre 1482 ; — 5°
contrat d'acquisition de la rente sise sur le ténement du Planandon faite par
Chabanier d'un Cugnac seigneur de Puyregard, le 3 janvier 1622
[45] Voir Arch. comm. de Périgueux, série BB. 17.
[46]
Voir Bull. de la Société hist. et arch. du Périgord, année
1899, p. 66, « Lettres à Mr des Bories », publiées par notre savant
vice-président M. Dujarric-Descombes.
«
Monsieur, avant recepvoir vos lettres, j'avoys fait entendre à Monseigneur
l'admiral la prinse de Caussade faicte par le sr Montardit.... ( — seigneur de
Lascoux et de la Beylie, enseigne de la compagnie du sénéchal André de
Bourdeille - ) » De Bourdeaux ce premier may. Signé : de la Borie. »