Source : Bulletin SHAP, tome XXVIII (1901), pp.
53-72.
JEAN
D'ASSIDE, ÉVÊQUE DE PÉRIGUEUX,
et
son mausolée. (1169).
L'attention des visiteurs de l'ancienne cathédrale
de Saint-Etienne de la Cité, si justement classée parmi les monuments
historiques, est tout particulièrement attirée par le mausolée plaqué contre le
mur du sud, à l'extrémité occidentale de la nef.
Ainsi que l'a dit Félix
de Verneilh, une description serait impuissante à faire connaître les jolies
sculptures de ce tombeau : il a été plusieurs fois figuré en tout ou en partie
d'après des dessins plus ou moins exacts. Grâce au talent de notre concitoyen
M. Georges Margat, il nous est donné de pouvoir en offrir une reproduction
photographique des mieux réussies.
Un fronton sans base
surmonte son arcade feinte, dont le cintre un peu ogival était supporté par
deux colonnes. Les fûts ont disparu ; il ne reste plus que les chapiteaux, sur
lesquels on voit des dragons ailés et des léopards. L'archivolte est chargé
d'ornements gothiques représentant des tiges de chardon entrelacées et
s'unissant à leur extrémité par leurs feuilles[1]
.
Au côté droit de
l'archivolte de l'arcade qui couronne ce monument funèbre, on lit cette
première inscription, gravée sur cinq lignes :
CONSTANTIN | DE IARNAC
FECIT | HOC OP...
Le comte de Taillefer,
qui donne une description minutieuse des inscriptions parfaitement conservées
de ce tombeau[2] fait
remarquer que celle-ci a 1 pied 3 pouces, 6 lignes de haut sur 11 et 8 pouces,
6 lignes de large, et que ses lettres sont de la hauteur de 2 pouces, tandis
que celles des suivantes n'ont qu'un pouce 9 lignes.
Au-dessous et sur le
pied-droit de l'arcade, immédiatement après la corniche, est gravée sur onze
lignes cette inscription sépulcrale :
ANNO | AB | INCARNATIONE
| DNI M | C | LX | NONO SCDA | DIE | MAII OBIIT | DOMNVS IO+S | HVIVS ECC+IE |
EPS | SEDIT AVTEM | IN | EPATV | NOVE | ANNIS SEPTEM | DIEBVS MINVS |
Immédiatement
au-dessous et sans aucune séparation, se trouve cette troisième inscription :
QVI PRESENTES LITTERAS |
LEGIS ET | CONSIDERAS IN | DEFVNCTI | NOMINE | DIC | ABSOLVE | DONE | VEL | DSC
VI | PROPRIVM AVT | SALTEM FIDELIVM...
Ces deux dernières
inscriptions prises ensemble ont 4 pieds, 6 pouces et 6 lignes, sur un pied, 5
pouces.
« Ce monument, comme
l'a fait observer l'abbé Audierne, est d'autant plus remarquable qu'il ne
laisse aucun doute ni sur son auteur, ni sur l'époque de sa construction, ni
sur sa destination, ni sur le nom et la qualité du personnage dont il
renfermait les cendres. »
La première des
inscriptions ci-dessus transcrites nous apprend, en effet, que le mausolée est
l'œuvre de Constantin de Jarnac Ce nom est-il celui du fondateur du monument,
ou de l'architecte ou du sculpteur ? Le comte de Taillefer pense avec raison
qu'on ne saurait rester dans le doute à cet égard, et que c'est à la main de
Constantin de Jarnac que nous sommes redevables de ce précieux morceau de
sculpture.
Mais où l'auteur des
Antiquités de Vésone s'est trompé, c'est lorsqu'il a fait du nom patronymique
de l'artiste un nom de lieu, en disant que c'était à un « Constantin natif de
Jarnac », à qui il fallait attribuer cette intéressante arcade sculptée en 1169
: assertion répétée depuis par tous ceux qui ont eu l'occasion d'en parler.
Comme l'évêque, en l'honneur duquel elle fut dressée, était originaire du
Poitou, on a vu là un argument de plus en faveur d'une œuvre exclusivement
poitevine.
Ce tombeau, dit Félix
de Verneilh[3], a été «
sculpté pour un Poitevin et par un Poitevin : car Jarnac, comme le reste de
l'Angoumois et de la Saintonge, appartint au xiie siècle à l'école
du Poitou, surtout en fait d'ornementation architecturale- C'est un type
excellent du style sculptural du Poitou. »
Cette appréciation de
l'éminent archéologue a été reproduite dans un des procès-verbaux du Congrès
tenu à Périgueux, en 1858, par la Société française d'Archéologie.
« Nous avons revu avec
plaisir, écrivait l'année suivante M. A. de Caumont, le tombeau de l'évêque
Jean d'Asside, œuvre remarquable d'un sculpteur de Jarnac... Il a été déplacé
depuis ma première exploration de l'église Saint-Etienne en 1834 »[4]
.
Le docteur Galy,
parlant aussi du « gracieux portique » qui surmontait le tombeau, est tombé
dans l'erreur commune. « Il fut sculpté par un artiste angoumoisin Constantin
de Jarnac, qui a signé son œuvre : elle le méritait »[5]
.
Et, plus récemment,
dans une lettre adressée à notre collègue M. le marquis de Fayolle sur
l'architecture de l'église cathédrale de Saint-Front, M. Anthyme Saint-Paul
disait au sujet de ce tombeau : « C'est là, dans toute son exubérance, le style
poitevin que nous retrouvons encore, bien près de Périgueux, à Chancelade »[6].
Constantin de Jarnac
était originaire du Périgord, non de l'Angoumois. M. Mandin l'appelle justement
« un artiste bien périgourdin »[7].
D'ailleurs, si Jarnac eût été un nom de lieu, le sculpteur aurait gravé DE
IARNACO, comme dans l'inscription du sceau de Guillaume de Bardon, archiprêtre
de Jarnac, de la seconde moitié du XVe siècle :
S.
Guilmi Bardonis, archipbri de Iarnaco.
Une famille du nom de
Jarnac habitait Périgueux, ou plutôt sa banlieue, au Toulon, où elle possédait
divers domaines. L'un de ses membres, Pierre de Jarnac, un fils peut-être du
sculpteur, un de ses parents à coup sur, s'est signalé par ses libéralités
envers les religieux de Chancelade.
On lit, en effet, dans
le cartulaire de l'abbaye : « Petrus
de Jarnac, Petracorensis, dedit illud hospitale quod aedificaverat in proprio
solo. » Pierre de Jarnac, en donnant aux Chanceladais cet hôpital,
construit avec toutes ses dépendances sur son propre terrain, au Toulon, ne
leur demandait en retour que des prières pour sa femme, dont le corps y
reposait.
Ce texte, déjà rapporté
par l'abbé Riboulet dans son histoire de Chancelade, peut servir à mettre à
néant l'opinion émise par Wlgrin de Taillefer au sujet de l'origine étrangère
de notre Constantin de Jarnac. Les anciens artistes qu'il est donné de pouvoir
citer en Périgord sont tellement rares que l'on comprendra notre insistance à
le retenir.
Il mérite de figurer
dans la liste des artistes français du XIIe siècle[8].
On ne connaît de lui que le tombeau de Jean d'Asside dans l'église de la Cité,
à Périgueux. Cependant, l'abbé Le Bœuf croit que le cycle pascal placé près du
chœur de la même église, au côté méridional, a été également gravé par lui[9].
Ce mausolée, si souvent
signalé par les écrivains[10],
a suffi pour rendre célèbre son auteur. Mais ce qui a contribué à assurer à ce
dernier une éternelle renommée, c'est qu'il avait eu l'heureuse inspiration de
signer son ouvrage. « On se passionne moins pour des œuvres anonymes, observe
M. Jules de Verneilh, que pour celles dont les auteurs sont connus ». Les
artistes romans eurent davantage le souci de leur personnalité et de leur
réputation que les moines leurs admirables successeurs. Constantin de Jarnac fut
du nombre de ceux qui éprouvèrent le besoin de consigner leur nom dans des
inscriptions apparentes, tandis qu'on cherche en vain la signature des maîtres
du XIIIe siècle. Silence funeste à leur gloire et à la popularité de
l'art gothique! s'écriait notre regretté collègue[11].
L'époque juste de la
mort du prélat inhumé dans l'église de la Cité est aussi clairement désignée.
On voit dans la seconde inscription que cet évêque, décédé le 2 du mois de mai
1169, avait tenu le siège neuf ans, moins sept jours. Il n'y a, il est vrai,
dans l'épitaphe que Johannes (Johs);
mais, ainsi que l'a fait ressortir l'auteur des Antiquités de Vésone, comme nous n'avons pas d'autre prélat du nom
de Jean jusqu'au XVe siècle, il est bien évident que ce ne peut être
que Jean d'Asside.
Cet évêque fut
d'ailleurs absolument digne de l'honneur qui lui fut rendu après sa mort. La
postérité doit garder sa mémoire ; car, — nous allons le montrer, — il fut tout
à la fois fidèle à l'Eglise et à la France.
Henri, roi
d'Angleterre, mari d'Eléonore, s'efforçait de placer ses créatures dans les évêchés
de son comté d'Aquitaine. Il avait voulu faire nommer à l'archevêché de
Bordeaux Sochius, principal de l'Université de Poitiers : ce fut l'évêque de
Périgueux, Raymond de Mareuil, qui y fut transféré. Il songea alors à Sochius
pour l'évêché vacant de Périgueux, mais il ne réussit pas mieux que dans son
premier dessein : car ce fut Jean d'Asside qui fut élu (1159).
Ce dernier, issu d'une
famille distinguée du Poitou[12],
était maître des écoles de l'église de Poitiers. Il devait occuper le siège de
Périgueux, selon les termes de son épitaphe, neuf ans, moins sept jours, et non
huit ans, moins huit, jours, comme on le voit dans la chronique publiée par le
P. Labbe[13].
A diverses époques, il
fut le bienfaiteur des abbayes de Chancelade, de La Sauve-Majeure et de
Saint-Cybard ; des églises d'Uzerche, de Cercles et d'autres localités, ainsi
que le rappellent les auteurs du Gallia
Christiana. Pierre de Mimet et Itier furent ses archidiacres.
En 1166, il prit part,
avec plusieurs autres prélats, à la consécration de l'église de Grandmont,
bénite par les archevêques de Bourges et de Bordeaux.
D'après Dessalles[14],
il se trouva, la même année, à l'assemblée du Mans, dans laquelle Henri II
déclara qu'il serait fait une collecte, pendant cinq ans, dans tous ses
domaines, pour la défense de la terre et de l'Eglise d'Orient.
Dessalles nous apprend
aussi qu'il assista à une autre assemblée tenue dans le cloître de l'abbaye de
Sarlat par l'archevêque de Bordeaux, le comte de Périgord et autres évêques,
aux efforts desquels il s'associa pour obtenir une réparation de Guillaume de
Gourdon , qui avait incendié Le Bugue.
La haute estime qu'on
avait conservée de son mérite en Poitou le fit prendre pour arbitre en diverses
circonstances par ses compatriotes. Dom Fonteneau relate le traité conclu par
son entremise, en 1160, entre les abbayes de Bourgueil et de Montierneuf, qui
avaient eu longtemps des démêlés au sujet de l'église de Migné ; et le jugement
arbitral qu'il rendit sur un différend élevé entre le chapitre de
St-Hilaire-le-Grand de Poitiers et les chanoines d'Airvau, au sujet d'une
chapelle et de quelques dîmes dans la paroisse de Cuhon (1168)[15].
Aux vertus évangéliques
du pontife Jean d'Asside joignit, selon l'expression de l'abbé Audierne, le
courage héroïque du guerrier.
Voici en quelles
circonstances il dut saisir la bannière suspendue à l'autel du seigneur, et,
faisant appel à la force brutale des armes, montrer, d'après les Lennes du P.
Dupuy, « qu'il scavoit plus que fueilleter son bréviaire. »
Des bandes de
malfaiteurs venus du Languedoc avaient envahi son diocèse. Le château de
Gavaudun, en Agenais, était devenu le repaire d'une de ces bandes, qui, par le
nombre et l'audace de ses hommes, semait la terreur dans les campagnes
d'alentour.
L'évêque s'émut avec
d'autant plus de raison de l'irruption de ces farouches étrangers, que Gavaudun
était une dépendance de l'abbaye de Sarlat. Le chanoine Tarde nous apprend, en
effet, que parmi les paroisses de ce riche monastère énumérées dans une bulle
accordée en 1169 par le pape Alexandre III à Garin de Commarque, douzième abbé
de Sarlat, figure la paroisse de « Sainte-Marie de Gavaudun ».
De plus, les
conquérants de Gavaudun s'étaient publiquement déclarés des ennemis de l'Eglise,
des sectateurs d'hérésie. Non contents de briser les croix plantées sur leur
passage, ils renversaient aussi les autels et même les églises. C'est ce qui
leur fit donner le nom de ruptarii,
routiers.
Jean d'Asside essaya, avec
l'aide des religieux de La Sauve, d'évangéliser les nouveaux hérétiques. Mais
ce fut en vain. Du haut de leur roche presque inaccessible, où ceux-ci se
croyaient à l'abri de tout coup de main, ils bravaient impunément la colère des
populations rançonnées par eux, ne cessant de porter dans les deux diocèses
d'Agen et de Périgueux le pillage et la dévastation.
Ce fut alors que
contraint de chercher un remède à tant de maux, le pontife résolut une seconde
croisade. « Mais cette fois, dit M. l'abbé Pécout[16],
au lieu de recourir à la parole évangélique que ces misérables n'entendaient
plus, il appela sous sa bannière des bataillons armés et marcha à la tête des
catholiques non plus contre l'hérésie, mais contre le brigandage ».
Quelque imprenable que
fût Gavaudun, la forteresse avait pourtant un côté accessible quoique difficile
: d'Asside entreprit d'en faire le siège. L'assaut en fut donné aussi
victorieusement que rapidement. Au bout de quelques jours, elle était prise. On
ignore les moyens employés pour vaincre la résistance des assiégés. L'évêque de
Périgueux avait conduit cette expédition en capitaine consommé. Deux diocèses
célébrèrent sa gloire par des chants de triomphe.
Le plus ancien document
connu qui ait transmis le souvenir de cette croisade est cette notice anonyme
sur l'église du Périgord au XIIe siècle que le P. Labbe a publiée
dans sa Bibliothèque des livres
manuscrits et qui a été reproduite dans le Recueil des historiens des Gaules[17]
sous ce titre : Ex fragmento de Petragoricensibus
episcopis. La prise de Gavaudun par Jean d'Asside y est relatée en ces
termes :
« Obsedit, cepit, totumque subvertit. In eodem castro raptores
inhabitabant, viris religiosis plurima mala indique inferentes. »
Plus explicite, le Gallia Christiana[18]
donne sur le siège du château de Gavaudun les détails ci-après :
« Cum jam haeretici ac pravi homines regiones illas infestarent
haberentque perfugium castrum aliquod, suo situ munitissimum, Gavaudunum
nomine, ejusmodi pestibus diocœsim suam expugnare volens, collecta armatorum
manu, castrum expugnavit ac funditus subvertit ».
On s'est demandé si
dans ces « raptores » du premier texte ou dans ces « haeretici ac pravi homines » du second, il fallait voir des
affiliés à la secte des Henriciens ou des Manichéens, comme plusieurs écrivains
l'ont donné à entendre[19].
M. Ch. Lauzun[20] trouve
que ce serait peut-être aller un peu loin.
Quoi qu'il en soit, on
s'accorde à considérer les malfaiteurs de Gavaudun comme les sinistres
précurseurs des Albigeois.
L'histoire de nos
provinces méridionales constate que, depuis plus de vingt ans déjà, la foi
menaçait de s'éteindre en Guyenne, au milieu de l'ébranlement de l'ordre
politique. Dès l'année 1147, saint Bernard, dont on a signalé le passage à
Bergerac, Périgueux et Sarlat, chargé par le pape de combattre les maux spirituels
de nos contrées, secouait, comme il l'a écrit dans une de ses lettres, la
poussière de ses sandales en quittant des villes impies, où l'on voyait des
églises sans peuple, un peuple sans prêtre, et le prêtre sans ministère. Le
désordre ne fit que grandir après lui, au point qu'un chroniqueur de ces temps
malheureux, Guillaume de Puylaurens, a pu dire que les ténèbres étaient
descendues, et que les bêtes de la forêt du démon erraient au milieu d'une nuit
d'ignorance.
La révolte contre les
doctrines de l'Eglise fut suivie bientôt d'attaques à main armée. Des troupes
de routiers sillonnèrent le pays, pillant les voyageurs et brûlant les
châteaux.
On vit des évêques
ceindre l'épée et marcher à la tête de la multitude contre le flot envahisseur
des hérétiques et des pillards. Jean d'Asside fut de ce nombre.
Le 19 mai 1163, il
assista, avec tous les évêques d'Aquitaine, au concile tenu dans la ville de
Tours, pour condamner l'anti-pape Victor et ses adhérents, par le pape
Alexandre III, qui s'était réfugié en France. Le canon quatrième de ce concile
est contre l'hérésie, qu'il fait naître dans le comté de Toulouse, et dont il
dénonce les progrès et le danger en ces termes : « More cancri ad vicina loca se diffundens, per Guasconiam exaltas
provincias quam plurimas jam infecit, quae dum in modum serpentis intra suas
evolutiones absconditur, quanto serpit occullius tanto gravius periculum in
simplicibus commolitur. »
Lorsque Jean d'Asside
arriva en Périgord, « l'hérésie, fait remarquer le P. Dupuy, avoit notablement gasté
les esprits de ces quartiers, si que desjà des paroles ils venoient aux armes,
se saisissoient des fortes places, exercoient toutes hostilités possibles
contre les catholiques, spécialement à rencontre des religieux, qui toujours
ont esté persécutés par les ennemis de l'Eglise. »
L'évêque n'endossa
l'armure du guerrier que pour la défense de la religion et de ses diocésains,
avides de paix et de sécurité. Il ne fut point, comme Géraud de Gourdon, poussé
à la guerre par un intérêt personnel. Son belliqueux prédécesseur avait voulu
punir le comte Audebert d'avoir décrié la monnaie qu'il avait émise ; pour
faire face aux frais de cette lutte ruineuse pour lui, on l'avait vu dans
l'obligation d'aliéner les fiefs d'Agonac et d'Auberoche, qui dépendaient de la
mense épiscopale de Périgueux.
La croisade entreprise
par Jean d'Asside fut populaire en Périgord. Un poète du temps en célébra le
succès dans des vers latins cités par le Gallia Christiana, d'où est extrait le
passage suivant :
« Factum memoria dignum, ac his versibus in epitaphium
conscriptis commendatum
posteris :
Perpetuis annis laus est
celebranda Johannis,
….. urbem decoravit et orbem.
Quippe Gavaudunum cui
par, vix credo, vel unum,
Saxo disjecit, post non
habitale fecit. »
M. Clergeaud observe que
le dernier vers est contredit par le monument lui-même de Gavaudun. Il est
évident, en effet, que postérieurement au XIIe siècle le château a
été habitable et habité. On voit même clairement, ajoute notre collègue de Tarn
et-Garonne, que le donjon actuel a été construit au XIIIe ou au XIVe
siècle sur la base encore existante du donjon détruit par Jean d'Asside.
Les membres de la
Société historique et archéologique du Périgord poussèrent, en 1890, une
excursion jusqu'à Gavaudun, dont M. de Roumejoux a décrit le site inaccessible.
On ne pouvait parvenir au sommet que par un escalier de 42 marches
grossièrement taillées dans l'intérieur même du rocher, « dont il suffisait de
retirer les échelles pour n'avoir plus à craindre que Dieu et les oiseaux »[21].
Tel était ce nid de
brigands, qui semble n'avoir été bâti que pour le séjour des hommes de proie.
Ce fut, en effet, sa première destination, au temps de Jean d'Asside.
L'auteur anonyme de l'Histoire des Evesques du Périgord[22]
mentionne en ces termes la prise de Gavaudun :
« Les rouptiers ou
briseurs d'images, hérétiques sortis du Languedoc, marchant sur les traces des
Petrobusiens, vinrent sur nos frontières, se saisirent de quelques places
fortes, et entre autres de celle de Gavaudun en Agenais, et de là en hors
firent tant de courses sur notre pays que nostre évêque Jean d'Asside se crut
obligé de lever des troupes pour les aller dénicher, et, en effet, les y ayant
assiégés en 1162, prit, emporta et fit raser la place, bien qu'elle parût
imprenable par sa situation. »
Ce glorieux fait
d'armes ne serait, d'après Dessalles, qu' « un acte d'une bien rude vigueur »
contre « quelques familles » de Manichéens, » que le chroniqueur, ajoute-t-il,
qualifie charitablement de rapineurs ». Quant à l'évêque de Périgueux, il ne
serait pas allé les expulser de leur retraite, s'il ne s'était senti « vivement
stimulé par les canons » du concile de Tours[23].
Il est surprenant qu'au
lieu de critiquer le mot de raptores trop justement appliqué par la chronique
des chapelains de Saint-Antoine aux brigands de Gavaudun, Dessalles n'ait pas
plutôt relevé les termes de « ceste canaille d'heretiques » dont le P. Dupuy les
a qualifiés.
Personne ne s'étonnera
de voir un historien, dont la partialité gâte l'érudition, s'attendrir sur le
sort de ces « malheureux ».
Le pays se sentit
délivré des vexations, des déprédations sans nombre, commises sans scrupule par
ces révolutionnaires d'un autre âge. La reconnaissance publique s'est traduite
d'ailleurs en témoignages assez éclatants, assez durables pour qu'on n'ait
aucune illusion sur la réalité du service rendu par l'évêque à son peuple.
On n'est pas d'accord
sur la date de cette expédition de Jean d'Asside. Chevalier de Cablanc et le
manuscrit Vachaumard la placent avant le concile de Tours, en 1162. D'après l'Histoire du Périgord, elle aurait eu
lieu en 1164 ou 1165. Enfin, le Gallia christiana
l'a fixée à l'année 1169.
Ce qui rendit surtout
Jean d'Asside cher au Périgord, ce fut son entier dévouement à la cause
française.
Déjà, la Guyenne se
trouvait sous la domination de l'Angleterre, quoiqu'elle demeurât, médiatement
et par droit de suzeraineté, sous celle du roi de France. Henri Plantagenet la
possédait, depuis 1152, du chef de sa femme Eléonore, épouse divorcée de Louis
VII, roi de France.
Bien que Henri II
commençât sur le trône d'Angleterre une dynastie originaire de l'Anjou, les
Périgourdins ne négligèrent aucune occasion de se soustraire à son pouvoir.
Comme l'écrivait à la fin du XVIIe siècle l'auteur de l'Histoire des evesques du Périgord, ils
se montrèrent « toujours prêts à se déclarer contre les Anglais quand il
s'agissait de prendre les intérêts de la France ». Ils étaient loin départager
l'affection de certains prélats pour la cause anglaise. Ce ne fut pas sans
peine qu'ils virent notamment le successeur de Jean d'Asside, Pierre de Mimet,
investi de toute la confiance de Henri II et, à ce titre, faisant partie de la
brillante suite qui accompagna la fille de ce prince à la cour de son nouvel
époux Alphonse II, roi d'Aragon. Cette domination étrangère commençait à
paraître onéreuse et humiliante à nos pères qui se prenaient à regretter leur
indépendance sous la suzeraineté des premiers Capétiens.
Une mention
particulière est due aux bourgeois périgourdins, payant sans cesse de leurs
personnes et de leurs bourses pour le plus grand avantage de tous. Dessalles a
eu raison d'insister sur l'attitude trop méconnue de la bourgeoisie au XIIe
siècle. A cette occasion, il rappelle le passage d'un sirventès de Bertrand de
Born, où le guerrier-troubadour fait allusion aux préparatifs de défense des
Périgourdins contre l'Anglais, passage qui ne permet pas de douter de la part
prise par eux aux mouvements patriotiques du Périgord et du reste de
l'Aquitaine.
« Les bourgeois, dit
Dessalles, se montrèrent toujours et partout antipathiques à l'occupation
anglaise ; toujours ils opposèrent à ces étrangers une résistance plus vive et
plus soutenue que ne le firent les barons et les seigneurs du pays, dont le
patriotisme avait d'ordinaire pour base et pour mobile les intérêts
particuliers et qui passaient d'un parti à un autre, suivant qu'ils y
trouvaient plus ou moins d'avantages personnels. Aussi, il faut le dire,
pendant que les bourgeois s'appliquaient sérieusement à délivrer le pays de
l'occupation anglaise, les barons visaient plutôt à leur indépendance
individuelle qu'à l'affranchissement du pays ».
Jean d'Asside appuya la
résistance de ses diocésains. A cette même époque où Dessalles le fait guerroyer à Gavaudun, il soutenait
les habitants de Périgueux dans la défense de leurs antiques privilèges
contestés par les Anglais.
« En 1164, écrit le
maire-historien de Périgueux[24],
les Périgordins continuant à donner tous les jours de nouvelles marques de leur
attachement pour la France dans toutes les occasions où il y avait quelque
chose à démesler entre elle et l'Angleterre, s'attirèrent derechef
l'indignation du roy des Anglais qui voulut les quereller de nouveau sur le
sujet des privilèges qui leur avoient esté accordés par les précédens roys de
France et par les ducs d'Aquitaine leurs successeurs ; et l'affaire alla cette
fois-là si avant qu'ils prirent les armes pour se maintenir dans la possession
et qu'on en vint à une guerre ouverte.
Elle continua avec
chaleur toute l'année suivante 1165, et il ne fut pas possible à l'Anglais de
les ranger. La ville et la province demeurèrent toujours dans une parfaite
union, et les guerres civiles qui survindrent là-dessus en Angleterre donnèrent
moyen aux Périgordins de se conserver et de monstrer les dents à leurs ennemis
toutes les fois qu'ils eurent envie de les insulter. »
La révolte des trois
fils de Henri II contre leur père procura une diversion favorable à nos pères.
Il n'en est pas moins vrai qu'ils furent soutenus par l'évêque, dont le
dévouement a été caractérisé en ces termes par le chroniqueur anonyme de la
bibliothèque de Périgueux: «Il s'estoit déclaré hautement pour nous. »
On ne s'étonnera plus,
devant la popularité dont jouissait cet évêque si français, des grandes
querelles qu'occasionna sa mort arrivée à Périgueux en 1169.
Les deux chapitres de
la cathédrale de Saint-Etienne et de l'église abbatiale de Saint-Front se
disputèrent l'honneur de garder sa sépulture.
Jusqu'à Jean d'Asside,
les corps des évêques de Périgueux avaient reposé dans la collégiale à côté de
l'apôtre saint Front. Celui du dernier évêque fut enlevé violemment par les
clercs de la Cité, qui l'enterrèrent dans leur église.
Cette violation de
l'ancienne coutume fut la cause d'un procès « qui coûta beaucoup de part
et d'autre ». Mais le chapitre cathédral l'emporta, et, jusqu'à l'invasion
protestante, les évêques eurent leur sépulture dans l'église de Saint-Etienne.
Ce fut en 1600 que le prélat consécrateur de Saint-Vincent-de-Paul, François de
Bourdeille, vint rejoindre les premiers évêques dans la collégiale, qui n'a
plus perdu son privilège.
On dut considérer que
dans ces temps troublés le voisinage du palais épiscopal assurait plus de
sécurité et de respect aux cendres des évêques défunts. Sous le prédécesseur de
Jean d'Asside, Henri d'Angleterre n'avait pas craint d'enlever du trésor de
Saint-Front, pour en faire des monnaies anglaises, une table d'argent où l'on
voyait représentés les douze apôtres. De pareilles scènes ne se renouvelèrent
pas sous le successeur de Raymond de Mareuil.
Le héros de Gavaudun
avait été inhumé dans le mur du nord de l'église de la Cité, conséquemment du
côté de l'évangile. Ce fut là que Constantin de Jarnac fut appelé par le
chapitre à élever en l'honneur du regretté prélat un monument digne de lui. Le
docteur Galy observe qu'au-dessous de l'arcature si délicatement sculptée
devait se trouver la statue couchée de l'évêque[25].
Les proportions de l'arcature, moins large que haute, autoriserait plutôt à
croire que le prélat devait y être représenté à genoux.
Quoi qu'il en soit, on
ne peut que regretter, en la déplorant, la disparition de la statue qui formait
le complément de l'œuvre de Jarnac : on serait heureux de voir revivre après
sept siècles l'image d'un grand évêque français.
Sans parler de
l'inscription qui a transmis tout à la fois à la postérité le nom du prélat et
celui du statuaire, ne serait-il pas permis de chercher aussi dans la forme des
animaux accrochés à chacun des chapiteaux du mausolée une allusion discrète aux
deux principaux actes qui honorèrent l'épiscopat de Jean d'Asside? De pareilles
figures ne sauraient être un capricieux produit de l'imagination de l'artiste,
une inexplicable fantaisie. Le symbolisme de ce siècle de foi nous invite
d'ailleurs à trouver un sens caché dans ces sculptures.
Si, d'un côté, l'on ne
saurait reconnaître sans quelque doute le léopard d'Angleterre devant lequel
l'évêque n'humilia jamais sa houlette pastorale, de l'autre côté l'on a du
moins la certitude d'avoir la représentation de l'esprit infernal : c'est le
dragon exprimant par ses replis les astuces du démon, tel que nous l'a dépeint
le quatrième canon du concile de Tours, l'hérésie échouant à la limite du
diocèse qu'il voulait engloutir. La tradition catholique n'avait pas de
propagateurs plus éloquents que les imagiers de nos vieilles basiliques.
L'usage n'était pas
encore bien établi d'y faire alors des mausolées saillants, comme l'a rappelé
au sujet de ce tombeau le regretté chanoine René Bernaret; l'Eglise avait à cet
égard, depuis le VIIIe siècle, des régies sévères, qui furent transgressées
plus lard, mais qui furent renouvelées par saint Charles Borromée et par les
conciles du XVIIe siècle. Saint Charles fit raser tous les tombeaux
saillants qui étaient dans sa cathédrale de Milan, ne voulant pas qu'aucun
tombeau, renfermant la corruption de notre pauvre nature, surpassât en beauté
l'autel du Dieu vivant.
C'est pour cette raison
que le mausolée de Jean d'Asside a été plaqué contre la muraille. Il était
encore du côté nord, où on l'avait primitivement établi, lorsque l'abbé
Audierne le décrivit en 1842 dans ses Notes
critiques et historiques sur l'ouvrage du P. Dupuy, et en 1851 dans son
Guide monumental de la Dordogne. On avait planté devant une énorme croix de
pierre, dont la première marche du piédestal touchait ses deux pieds-droits. Le
commentateur du P. Dupuy réclama contre un pareil voisinage qui nuisait au «
magnifique monument » ; «là n'est pas la place de cette croix de mission,
écrivait-il; elle serait infiniment mieux dans le cimetière, où devrait la
faire transporter l'autorité municipale ». Ce fut peu de temps après la
publication du Périgord illustré que
le mausolée fut déplacé, pour être porté au sud, où nous le voyons aujourd'hui
et orner, en les surmontant, les fonts baptismaux de l'église de la Cité.
Le P. Dupuy, qui ne
mentionne pas la première inscription relatant le nom du sculpteur, a mal
reproduit la date : MCLDX nono au lieu de MCLX nono, comme elle est marquée
dans l'épitaphe, que rédigea probablement l'archidiacre Pierre de Mimet,
successeur de Jean d'Asside au siège épiscopal de Périgueux. Il y est
recommandé a ceux qui la liront de réciter, pour l'âme du défunt, l’Oremus : Absolve Domine..., ou celui : Domine, vel Deus, cui proprium..., ou
du moins l'oraison : Fidelium...,
après lequel mot, dans une note manuscrite, M. Léon Lapeyre, bibliothécaire de
Périgueux, ajoutait ceux-ci pour compléter l'inscription : Deus omnium conditor.
Il existait une
quatrième inscription, qui ne paraît plus. D'après le Gallia Christiana, elle se trouvait sur un des côtés de l'arcade ;
les auteurs de ce recueil assurent qu'on la voyait encore de leur temps : elle
se composait des deux lignes suivantes en vers léonins, où la naissance
poitevine du prélat défunt était rappelée :
Pictavia natus praesul hic pausat humatus.
Filius
ergo Dei propitietur ei.
Le P. Dupuy les avait
déjà cités comme « le commencement » d'une « poésie qui ressent la rudesse de
ce siècle. »
Le comte de Taillefer,
qui a rapporté ces vers, en changeant toutefois la construction du premier,
prétend qu'ils devaient se trouver dans l'arcade même.
Félix de Verneilh émet
aussi l'avis qu'ils avaient dû être gravés dans l'intérieur de l'arcade, et,
ajoute-t-il, «probablement au dessous de la statue qui a disparu ».
Pour l'auteur des Antiquités de Vésone, qui ne l'a connue
que par le P. Dupuy, cette dernière inscription avait été gravée sur quatre
lignes, et était propre à donner une idée de la versification de cette époque,
où la rime était assez en usage, même dans les vers latins. Il pensait qu'elle
était détruite, ou peut-être cachée sous le pavé de l'église.
Ce morceau
d'architecture n'est pas le seul souvenir matériel que l'on ait conservé de
Jean d'Asside.
Notre distingué
collègue M. Philippe de Bosredon a découvert le sceau de l'évêque à la
Bibliothèque nationale, dans un volume du fonds Clairambault. Ce sceau, qui est
appendu sur lacs de cuir à une charte de 1168, par laquelle d'Asside fait don,
en présence de Hugues, son chapelain, et de Rigaud, chanoine de Brive, à l'abbé
et aux moines de Saint-Amand-de-Coly, du tiers des droits de Geraud de Mons sur
l'église d'Archignac, est frappé sur le côté plat d'un bloc de cire blanche de
forme semi-ovoïde. Il est parfaitement conservé. La légende porte ces mots: Johannes, Petragoricensis episcopus ; le
dessin représente un évêque assis, mitre d'une mitre cornue, crosse et
bénissant. Ce sceau a cela de particulier, qu'il est le plus ancien, sceau
périgourdin connu en empreinte originale. Il est antérieur de près de quarante
ans au sceau de Périgueux au type de l'aigle, qui, avant la découverte de M. de
Bosredon, était le plus ancien qui fût arrivé jusqu'à nous[26].
On a comparé le
mausolée de Jean d'Asside avec la porte latérale de l'église du Grand Brassac,
de la fin du xin6 siècle, où l'on voit des statuettes d'un style étranger en
quelque sorte à celui du Périgord, si pauvre en bonnes sculptures des XIIIe
et XIVe siècles. M. le baron de Verneilh a constaté que la plupart
des sculptures de cette porte avaient été transposées là de chez quelque bon
faiseur plus ou moins éloigné. A coup sûr, ce n'est pas un produit de l'art
local.
Quand il s'agissait,
observait notre collègue, d'une œuvre considérable, comme le tombeau de Jean
d'Asside à l'église de la Cité, on trouvait plus simple de faire venir
l'artiste. L'exemple était assez mal choisi, puisque Constantin de Jarnac
habitait aux portes de Périgueux.
Mais, quand il fallait
des chapiteaux sans tailloir destinés à des colonnettes, ou des statuettes
qu'on appliquait contre les montants d'une porte ou le tympan d'une arcade,
comme à Brassac, on avait plus tôt fait d'acheter ces objets tout prêts et de
les transporter, soit en charrette, soit à dos de mulet.
En émettant cet avis, M
de Verneilh s'appuyait sur cette remarque, que les chapiteaux calcaires
employés dans des édifices en granit ne s'adaptaient pas toujours très
exactement aux colonnes qu'ils surmontaient, et étaient parfois trop gros ou
trop minces, étant évident que s'ils avaient été exécutés sur place, on aurait
mieux pris ses mesures[27].
Le mausolée de Jean
d'Asside, avec son intéressante arcade, est digne d'être étudié à plus d'un
titre. Il a été dessiné par Willemin dans ses Monuments français ; le Bulletin
monumental (1859) et l’Abécédaire de
M. de Caumont en ont publié un fragment (la moitié à gauche avec
l'inscription), d'après le dessin de M. Bouet, de Caen, membre de la Société
française d'Archéologie, publié par M. Parker, d'Oxford. Plus récemment, on l'a
fait figurer dans la France-Album,
illustration de la France par arrondissement, publication parisienne dirigée
par M. Karl (n° 30).
Puisqu'il attire à un
si haut degré l'attention publique, ce rare spécimen de la sculpture au XIIe
siècle a droit à tous les respects. La fabrique de l'église Saint-Etienne de la
Cité doit veiller avec un soin jaloux à sa conservation. En 1875, un habile
architecte, M. Levicomte, signalait aux Périgourdins « le mausolée de Jean
d'Asside, dans l'église de la Cité, si précieux à tant d'égards, dont le cadre
d'un tableau cache les sculptures, où des mains barbares ont impitoyablement
enfoncé de nombreux clous »[28]
(1).
Nous ne doutons point
que les fabriciens de cette église ne prennent les mesures nécessaires pour
prévenir le retour de semblables désordres, et que, grâce à leur constante
surveillance, à leurs soins intelligents et éclairés, le mausolée de Jean
d'Asside ne continue longtemps encore, en perpétuant le souvenir d'un grand
évêque, à exciter, par ses belles sculptures, l'admiration des archéologues et
des touristes.
A. DUJARRIC-DESCOMBES.
[1]
A cette description sommaire il convient d'ajouter celle que M. Faure-Lapouyade
en a donnée en 1856 :
« Ce
tombeau, ouvert dans le mur, forme un avant-corps composé d'une arcade et de
deux pieds-droits, larges chacun de 48 centimètres ; ils sont surmontés d'une
corniche de 16 centimètres d'épaisseur, ayant encore pour point d'appui deux
chapiteaux sculptés. Les pieds-droits ne s'élèvent qu'à 1 m. 60 centimètres du
sol de l'église, parce que, par suite de l'exhaussement du pavé, ils se
trouvent enfoncés à plusieurs mètres sous le sol ; ils se prolongent de 80
centimètres au-dessus de la corniche ; ils supportent un fronton sans base,
dans lequel s'ouvrent deux arcs ou archivoltes reposant en partie sur les
chapiteaux dont nous avons parlé, et en partie sur les pieds-droits. Ces arcs,
un peu aigus, sont décorés dans le goût du xiie siècle. » (Souvenirs historiques : Vésone, Périgueux).
[2] Antiquités de Vésone, II, p. p. 568-9.
[3] L'Architecture byzantine en France, Paris, Didron, 1851, p. 177.
[4] Bulletin monumental, p. 386.
[5] Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord,
1880, p. 272.
[6] Ibid. XXII, p. 69.
[7] Ibid. XXVI, p. 530.
[8] Lance, Dictionnaire des Architectes français, I, p. 379.
[9] Le docte chanoine d'Auxerre
redresse l'erreur dans laquelle Scaliger était tombé au sujet de la nature et
de l'âge de ce dernier monument. L'évêque ou le chapitre auraient fait graver,
en 1162 ou 1163, cette table, dont il donne la reproduction, pour apprendre aux
fidèles quel jour on devait solenniser la fête de Pâques et en quel temps
commençait le carême. Elle commence à une année où Pâques tombait au 24 de
mars, et elle finit à la 91ème case. L'abbé Le Bœuf la compare avec l'épitaphe
du mausolée de Jean d'Asside, placée vis-à-vis, dont le caractère est « un
peu moins régulier, mais avec les trois points perpendiculaires après chaque
mot, comme dans la table. Elle est gravée eut un des pilastres qu'un nommé
Constantin de Jarnac avait commencé pour l'ornement de cette sépulture, mais qui
n'ont pas été achevés, non plus que la table paschale ». (Histoire de
l'Académie royale des inscriptions et belles-lettres, tome XXIII, p. 210.)
[10] De Caumont, Abécédaire ou rudiment d'archéologie, Caen, Le Blanc-Hardel, 1870,
p. 375 ; — Marion, Notes d'un voyage
archéologique dans le Sud-Ouest de la France, p. 37, etc.
[11] Bulletin monumental, 1869, p. 9555 : Compte-rendu du Dictionnaire raisonné de l'architecture
française, de Viollet-Le-Duc.
[12] Un de ses membres, Hector
d'Asside de Surat, était déjà évêque de Cahors, siège qu'il occupa de 1150 à
1199.
[13] Fragmentum de episcopis Petregoricensibus.
[14] Histoire du Périgord, I, p. 280.
[15] Recueil de dom Fonteneau, XIV,
p. 281, et XI, pp. 53 et suivantes.
[16] Souvenirs historiques et
biographiques sur la contrée du Fleix, 1884, p. 72.
[17] Tome XII, p. 392.
[18] II, p. 1467 : Ecclesia Petracoriensis.
[19] L'abbé Barrière : Histoire monumentale et religieuse du
diocèse d'Agen, I, p. 331 : — M. Clergeaud, dans le Bulletin de la Société archéologique de Tarn-et-Garonne, 1888, p.
110.
[20] Revue de l'Agenais, mars-avril 1899, p. 97 : Le château de Gavaudun.
[21] Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord,
XVII, p. 487.
[22] Bibliothèque de Périgueux: manuscrit Vachaumard.
[23] Histoire du Périgord, I, p. 280
[24] Histoire de la ville de Périgueux, I, folios 148 et 149.
[25] Catalogue du musée archéologique du département de la Dordogne,
Périgueux, Dupont.
[26] Bulletin de la Société
historique et archéologique du Périgord, XXI, p. 135. — Sigillographie du
Périgord, n° 1031.
[27] Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord,
1879, p. 380.