Source : Bulletin SHAP, tome XXVIII (1901),
pp.
599-619
GEOFFROY DE VIVANS GOUVERNEUR DE LA VILLE DE PERIGUEUX[1]
1578
Divers historiens ont
raconté la prise de la ville de Périgueux par les huguenots, commandés par M.
de Langoiran[2]. Elle
eut lieu le 6 août 1575 ; tous ces historiens se sont généralement inspirés du
récit fait par le P. Dupuy, dans son livre intitulé l’Estat de l'Eglise du Périgord, imprimé pour la première fois en
1629, à Périgueux. Les documents intéressant cette époque troublée durant
laquelle notre malheureuse province eut tant à souffrir, sont excessivement
rares ; la ville de Périgueux elle-même, dont, les archives sont si riches,
n'en possède aucun. Une heureuse chance ayant mis entre nos mains des pièces
précieuses et inédites, se rapportant à cette période, nous croyons devoir les
publier parce qu'elles intéressent, non seulement l'histoire de notre province,
mais encore l'histoire générale des guerres religieuses et par conséquent
l'histoire de France.
Par ordre chronologique, le premier des
documents dont nous venons de parler est une lettre écrite aux consuls de
Bergerac par M. de Bourdeille, sénéchal du Périgord, qui leur annonce la
surprise malheureuse tentée sur Périgueux par les catholiques le jour des
Saints-Innocents[3]; en
voici la copie :
Messieurs
les consuls, Je ne fus jamais plus marri et desplaisant que de ce quy est
arrivé à Périgueux. A ceste cause, j'envoye le porteur devers le roy de Navarre
et M. le mareschal de Biron, pour le leur faire entendre afin d'y mectre ordre
de bon heure, et que pour quelques particuliers tout en général ne souffre. Je
vous prye bien affectueusement de tenir la main que l'édict de pacification
soit observé, car je vous assure que le roy le veut et l'entend, et quand il
sçaura cela dont je l'ai averti, je crains qu'il ne le laissera pas impuny ;
quand à moi, je m'esforceray de tous mes moyens, d'obéir aux commandements du
Roy et du roy de Navarre. Sy vous voyez qu'il se fasse quelque chose au
préjudice de l'édict, je vous prye m'en avertir, car s'il est besoin, moy même,
j'irai et n'épargneray vye ni biens.
Vostre
affectionne bon amy.
Bourdeille[4]
De
Bourdeille, 30 décembre l577.
Le
13 janvier 1578, nouvelle lettre de M. de Bourdeille aux consuls de Bergerac ;
elle est ainsi conçue :
Messieurs
les consuls, J'envoie une copie des lettres patantes du Roy, pour les faire
publier et par icelles vous cognoistrés l'affection que Sa Majesté a que l’édict
de la paix soit entretenu, et hier mesme il m'envoya ung de ses coureurs avec
une lettre par laquelle il me mande qu'il est fort marri de ce qui est advenu à
Périgueux, et qu'il taira cognoistre à ung chascun qu'il désire que ses édicts
et commendements soient obéis par la punition qu'il délibère de faire de ceste
entreprinse, pourquoy je vous prie de tenir la main que le dict édict soit
entretenu, et de ma part j'en feray de mesme ; s'il vient quelque chose de
nouveau, je vous prye m'en vouloir advertir.
De
Bourdeille, le 13 janvier 1578.
BOURDEILLE[5]
.
D'après M. l'abbé Pécout[6],
Périgueux, souvenirs historiques, les
divers gouverneurs de cette ville durant l'occupation protestante, furent: Langoiran,
le vicomte de Turenne, de Choupes, de Vivans, et enfin le capitaine Belsunce,
qui, en 1581, se laissa enlever la ville par Jean de Chilhaud[7]
; il n'est pas fait mention dans cet ouvrage du baron d'Arros[8]
; le baron d'Arros, cependant, gouverna pendant quelque temps la ville de
Périgueux, comme le prouve le paragraphe suivant des Faits d'armes de Geoffroy de Vivans, publiés en 1887 par le
regretté M. Magen :
MM. de Langouyrand et de Vivant
estant demeurés en dispute pour le gouvernement, ils s'accordèrent d'y laisser
le baron d'Arros, pendant qu'ils alloient joindre le duc d'Anjou, avec de
belles troupes ; et au retour, le dit sieur d'Arros délivra la place au dit
sieur de Vivans, qui en demeura gouverneur, etc.
Ceci se passait en 1578
; dès le 17 janvier de la même année, Geoffroy est qualifié, par la jurade de
Périgueux, du titre de gouverneur.
Le 22 mars suivant, le roi de Navarre,
voulant assurer à son fidèle serviteur les subsides qui lui étaient nécessaires
pour remplir dignement ses nouvelles fonctions, rend l'ordonnance qui suit:
«
De par le roy de Navarre, comte de Périgord.
A
nostre amé et féal conseiller trésorier et recepveur général de noz maisons et
finances M. Michel Barariquier ou à M. Macé du Perran, son commis, salut. Nous
voulons, vous mandons et ordonnons que des premiers et plus clairs deniers de
vostre charge et récepte vous faictes paier bailher et délivrer comtant par M.
Jacques des Champs, trésorier et recepveur général de noz comté de Périgord et
vicomte de Limouzin à nostre cher et bien amé le seigneur de Vivans, la somme
de huict cens livres tournoys que luy avons ordonné pour son estat et
entretenement de gouverneur en la ville de Périgueulx pour quatre moys, à
commencer au premier jour du présent moys de mars et finir au dernier jour de
juin prochain et rapportant par vous ces présentes avec quittance du dict sieur
de Vivans de la dite somme de huict cens livres pour les dicts quatre mois,
nous voulons icelle vous estre desduite et rebattue de vostre dicte charge et
recepte passée et allouée en la mise et despance de voz comtes par nos amez et
féaulx les auditeurs d'iceulx auxquels mandons ainsi de faire sans difficulté.
Donné à
Foix, le XXIIe jour de mars, l'an mil cincq cens soixante et
dix-huict.
Henry Dallier .
Je soubs
signé, confesse avoir reçeu de Manne, affermier d'Excideuil, la somme de huict
cens livres tournoises que la Magesté du roy de Navarre m'a ordonné sur sa
recepte de la comté de Périgort et viscomté de Limosin suyvant le mandement icy
dessous attaché de la quelle somme de huit cens livres je le tien quitte et
prometz de jamais ne lui es rien demander.
En
foy de quoy j'ai signé la présente.
Faict
à Périgueux, ce 6 juing 1578.
Vivans[9].
Après cette ordonnance, nous trouvons un cahier de
dix pages écrites au recto et au verso, contenant les procès-verbaux de onze
séances tenues parles consuls de Périgueux, assistés de quelques officiers.
Elles étaient présidées par Geoffroy de Vivans, le nouveau gouverneur; le but
de tous était la garde et la défense de la ville. Nous n'avons pas besoin de
faire ressortir l'importance de cette pièce que nous allons fidèlement
reproduire, quoiqu'elle soit d'une lecture des plus difficiles.
Procès-verbaux
de onze séances consacrées à la défense de la ville de Périgueux, par de Vivans,
gouverneur, et les maire et consuls :
Du
xviie janvier 1578.
Acistans
messieurs de Vivans, gouverneur ; de Vallier, le maire ; Despeyrut, Ducros,
d'André, de Vige Martin et le cappne Batereaux et de Couder.
Couder
a pnté une letre de Monsieur de Turenne, du xiiii de janvier, icelle
a esté ouy, sur l'assemblée à Bragerac, par le corps de la ville, vers laquelle
il a voit esté depputté, qui a mys par devers le Conseil l'extrait de ce qui a
esté faict en lad. assemblée, et daultant que par icelle il a esté arresté que
la noblesse de Périgort entretiendroit vingt soldatz, oultre les ordonnés pour
la garde de la ville de Périgueux pour le premier moys, et pour le second le
tiers estat dud. pays de Périgort, et pour le tiers le pays d'Agenois. A esté
ordonné qu'en toute dilligence les lettres et despeches pour cest effect, par
le sieur de Turenne seroient envoyées aux gentizhommes de Périgort par
messagers exprès aux fraix des maire et consuls et que le moys pour le payement
des soldatz commencera aussitost que l'argent sera levé.
A
esté remonstré par Monsieur André que Me P. Arnaud, lieutenant criminel au
siège de Périgueux, avoit volonté de se retirer en ceste ville pour exercer son
estat, suyvy de quatre ou cinq conseilhers dud. siège, pourveu qu'il plaise à
Monsieur le gouverneur luy permettre.
Sur
quoy heu advis du conseil, a esté arresté qu'il en sera communiqué aux maire et
consuls et autres plus aparans de la ville.
Pour
fere le foussé et parrepied du fort, est ordonné que les maire et consuls
forniront des maneuvres, jusques à dix chacun jour et qu'ilz pourvoiront à
l'advitallement dud. fort en diligence.
A
esté ouy Monsr André sur l'accusation et responces de Dupuy, soldat.
A
esté ordonné que les prisons luy seront ouvertes et commandement de vuider la
ville incontinant à peyne de la vye.
Lundy
du xxe janvier.
Acistans
messieurs le gouverneur, de Vallier, de Lussas, Ducros, Goudin, Pasquet, de
Chalup, de Vige, Laporte et Couder.
Sur
les remonstrations de Monsr Goudin, consr magistrat
au siège, concernant l'entretient de Monsieur le gouverneur et de Mr Pre
Arg., lieutenant nommé aud. siège, pour son asseurance et de sa retraicte en
ceste ville, ensemble sur la remonstration faicte par Monsr de Lussas, maire,
comme ayant charge de Monsr Peti, consr aussi aud. siège.
A
esté arresté que led. sr de la Borie, viendra trouver Monsieur le gouverneur au
couvent des nonnains en ceste ville pour luy déclarer son intention, comme
pareillement ceulx de St-Astier depputeront ceulx que bon leur semblera pour
entrer en conférence de ce qui apartiendra à l'observation de l'éédict, et pour
ce faict sont despeschés passeportz, particulièrement aux susd. et autres, pour
l'asseurance de leurs personnes.
A
esté proposé par Monsieur le gouverneur que des informations faictes sur
l'entreprinse faicte sur le fort de ceste ville[10],
le double en avoit esté délivré au sieur de Coustures, et que le contenu en la
déposition de Bordes, prisonier, luy avoit esté écrite de mot à mot par ung
catholicque.
A
esté ordonné que Pieuche, commis du greffier, viendra comparoistre au conseil
en personne pour estre ouy sur ce dessus.
Et
incontinant led. Pieuche a esté ouy et faict serment en tel cas requis moyenant
lequel a dict à la damnation de son ame sur ce dessus interrogé n'avoir bailhé
ny délivré coppie desd. charges et informations ny audition à personne qui
soit, si n'est une coppie seullement pour envoyer vers le Roy de Navarre, et
qu'il n'a aulcune congnoissance avec led. Coustures, se soubmétant à toutes
rigueurs eu cas qu'il l'ayt faict.
A
esté aussi proposé par Monsieur le gouverneur l'inconvénient qui peut advenir à
défault de avitallier le fort, et que par cy devant avoit esté arresté de ce
fere et qu'à présent on n'en tient compte.
A.
esté arresté que Messieurs les maire et consulz pourvoiraient au dessus d. et
feroient dilligence de fere aporter à chacun chef de maisons des farines et
autres vivres au premier jour dans led. fort et seront mys en une chambre de
laquelle lesd. sieurs gouverneur et maire auront chacun une clef; toutesfoys
s'il se peult trouver des magaziniers seront receuz.
A
esté aussi arresté que les pouldres qui sont dans la maison de la ville seront
portées aud. fort pour plus grande asseurance ; toutesfoys il en sera laissé
quelque quantité en lad. maison de ville pour la garde d'icelle.
Sur
la remonstration des habitans de ceste ville touchant le commandement qu'ilz
désirent avoir entre eulx lorsquilz entrent en garde au fort.
A
esté arresté que celluy des habitans qui sera esleu par le consul qui sera de
garde commandera ausd. habitans estans en garde aud. fort à la charge que les
chefs de maison yront en personne à la garde ; toutesfoys Monsieur le
gouverneur commettra ung soldat qui gardera les clefz et aura l'œil sur les
déportemens desd. habitans.
Du xxviie janvier 1578.
Acistans
Monsieur le gouverneur, Messieurs de Lussas, de Puypeyroux, d'André, Vigoreux,
Pasquier, Veyrel et Couder.
Sur
la remonstration qui a esté faicte par M. le gouverneur de voulloir magaziner
le fort, comme il avoit esté cy devant arresté par les précedens conseils.
A
esté arresté que Mrs de Arpheure[11],
Couder et Ar. Peytevy y feront les dilligences dans deux jours d'amasser toutz
les vivres promis au conseil général pour l'avitallement du fort et en ce
supplient M. le gouverneur. A esté arresté aussi qu'on feroit pareilhe
dilligence envers les susd. d'assembler du fillet et estoupes de lin pour faire
cinq cens brasses de cordes d'arquebuze pour mettre dans led. fort et pour en
fere dilligence a esté commis led. sr de Vigoreux.
A
esté aussi arresté que pour randre les puitz dud. fort en bon estat que le sr
de Veyrie fera dilligence de recouvrer ung puzatier le plus diligemment que
faire se pourra.
A
esté arresté que à peyne de cent solz ung chaqun qui sera de garde se trouvera
aux ouvertures des portes en leurs propres personnes.
Aussi
a esté arresté que la porte de la Lymongeanne sera fermée et la porte de la
Guillerie ouverte, si mieulx les habitans de ladite ruhe de la Lymogeanne n'ayment
fere ung rasteaux en icelle.
Veu
les charges et informerions rapportées par M. de Puypeyroux, premier consul.
A
esté ordonné qu'un nommé Lafontaine Marty et Jehan Honnor, soldaltz logés chez Yzalbert,
seront prins au corps pour respondre esdites charges et informacions et autres
conclusions que le procureur du Roy et instiguans vouldront prendre contre eux.
Du Ve febvrier 1578.
Acistans
Monsieur et Messieurs le maire, La Saulière, coner, Pasquet et
Vigoreux, advocatz du Roy, Puypeyroux, consul, Baptereau, sergent ma-jour,
Chalupz frères et Couder.
En
ce qui concerne le boys des gardes, a esté ordonné que les soldatz n'en
prendront à l'entrée des portes, ains les habitans, o la charge de fournir les
corps de garde ; et pour subvenir au tout en sera achapté vingt brasses et
chaqun des consulz fournira son jour qu'il sera de garde les corps de gardes.
Aussi sera imposé sur chacune paroisse de la banlliefve une charretée de boys
pour moys.
Pour
le regard du puitz du fort.
A
esté ordonné qu'il sera bailhé chaqun jour au cappne Baptereau
quinze maneuvres prins sur la balliefve et ledespartement sera faict par M.
Chalup.
En
marge se trouve une note ainsi conçue :
Le
V febvrier 1578.
Trélissac
— XV.
Champsevinel
— XV.
Boulazac
— XV.
Asturs
et St-Georges — XV.
La
Cité et St-Martin — XV.
Columpies et St-Pey Laneys — XV.
Pour
chascun jour de la sepmaine, garnys de brouetes et palles.
Pour
le regard du soldat acuzé de paillardise.
A
esté ordonné que M. le gouverneur l'expelliera de la garnison si bon luy semble
et que la putain sera banye de la balliefve de la présente ville, à peyne de la
corde de ne se trouver en icelle.
Pour
le regard des logis qui sont surchargés par des soldats et aydes.
A
esté ordonné que pour y mettre ordre, queLaporle, consul, rapportera le rolle
des soldatz logés pour en estre laissé coppie dans le présent registre et
cependant qu'il ne se fera aulcung changemens de logis sans en communiquer et y
estre pourveu par les consuls.
Du XIIe febvrier.
Acistans,
Monsieur, Messieurs le maire, Pasquet, Vigoreux, advocatz du Roy, Puypeyroux,
Charon, Chalups frères, Mugnier et Baptereau, sergent majour, et de Couder,
orphaivre.
Pour
le regard des manœuvres qui estoient tenus de venir cbaqun jour.
A
esté ordonné que ceulx qui ont été commandés de venir travailler et qui ont
fally seront exécutés comme pareilhement seront toulz les autres qui défaudront
doresnavent.
M.
le maire envoyera quérir toutz les soirs celluy qui sera de garde pour sçavoir
celluy qui manquera et le défailhant sera exécuté.
Et
entreront précisément les habitans à leur garde à six heures du soir aux peynes
que dessus.
Pour
le regard des logis surchargés.
Est
ordonné que le précédent appoinctement sortira a esfect et que Monsr.
Puipeyroux en advertira led. Laporte, lequel comparoistra pardevant monsieur
demain à VIII heures précisément à peyne de XXV 1., et néanltmoins sera faict
un bandoul[12] par la
ville, que tous ceulx qui ont souldatz lougés chez eulx, ayent à reporter les
étiquettes à lad. heure de VIII heures pour estre pourveu aux plainctes qui se
sont faictz pour raison des logis comme il apartiendra.
Du XIXe febvrier.
Acistans
Monsieur, Messieurs le maire, de la Saulière, Vigoreux, de Charon, de André, de
Chalups frères, de Mugnier, de Veyrel, de Couder et le cappne
Batereau, sergent-majour.
Pour
le reguard de ce que cy devant avoit esté ordonné que les rnanuevres
viendroient au jour qu'ilz seroient mandés.
A
esté ordonné que les maire et consulz y pourvoiront et que l'ouvrier ou les
sergens qui seront desputés en chacune paroisse feront venir hommes, charrettes
et beufz, pour le service de la ville, ainsi qu'il sera advisé et commandé par
lesd. maire et consulz.
Pour
le reguard de la guarde que les habitans sont tenus de fere.
A
esté ordonné que le précédent appoinctement sera exécuté et enjoinct à. M. le
maire qu'il prestera la main.
Pour
le reguard des logis surchargés.
Est
ordonné que le précédent appoinctement sera exécuté.
Du XXVIe febvrier.
Acistans
Monsieur, Messieurs le maire, de la Saulière, de André, Vigoreux, Pasquet,
Chalups frères, Mugnier.
Est
ordonné pour le reguard des maneuvres, quilz seront commandées venir aux jours
nécessaires, et que les défailhans seront exécutés et que à ces fins chaqun
sergent à son jour feront les diligences et en feront raport ausd. maire et
consulz.
Pour
le reguard de la guarde et rondes que les habitans sont tenus fere.
Est
ordonné que Monsieur fera un greiglement, lequel sera bailhe ausd. maire et
consulz pour icelluy fere observer de poinct en poinct aux peynes et que les
defailhans seront exécutés.
Pour
reguard des logis bailhés aux soldatz et des désordres qui sont commis.
Est
ordonné que le cappne Baptereau pourvoira aux viollances faictes
pour les soldatz et en sera faict justice.
Pour
le reguard du puitz et de faire recouvrir le moulin.
Est
ordonné que les maire et consulz feront diligences de recouvrer du boys et
tuille pour recouvrir led. molin et que l'on envoyera quérir ung puzatier pour
rabilher le puitz.
Est
ordonné pour le reguard du magazin que les bledz et farines qui sont, seront
visités peur scavoir s'ilz se gastent et qu'on y mettra le plus de vivres
nécessaires au premier jour.
Pour
le reguard des diligences de recouvrer argent pour la solde des soldatz que les
esglizes doibvent entretenir en ceste garnison.
Est
ordonné que M. le maire envoyera à Ste-Foy pour ce faict et autres lieux qui
seront nécessaires.
Du XIIe mars 1578.
Acistans
Monsieur, Messieurs de Saulière, d'André, Pasquier, Vigoureux, Puypeyroux, de Veyrel,
Mugnier, Charon, Couder et le cappne Batereau.
Est
ordonné pour le reguard des maneuvres desfailhantes que les maire et consulz y
pourvoiront suyvant le précédent appointement et qu'à ces fins lesd. maire et
consulz contraindront leurs sargens de ce faire et défault que lesd. sargens ne
feront en ce leur debvoir et faire venir lesd. maneuvres, seront lesd. sergens
exécutés pour la somme de cinquante solz et tenir prison.
Pour
le reguard de ferrer les rasteaulx.
Est
ordonné qu'il sera faict perquisition des portes de fer de St-Front, pour ce
faict estre employées à ferrer lesd. rateaulx, sy non sera prins du fer en la
maison du petit Pierre où il s'en trouvera et luy sera payé.
Pour
le reguard des logis et des insolances que les soldalz y font.
Est
ordonné qu'atandu que les calholicques désirent que les soldatz soient
restrainctz en lougis, qu'il sera advisé générallement pour le soulagement
d'ung chasqun qu'il y sera pourveu.
Pour
le reguard du molin et puitz.
Est
ordonné que Charon et Lardy yront visiter certaing boys apartenant à
l'hospital, estant au lieu de Charroux, à demain matin, avec les charpentiers
pour eulx ouys en leur raport en estre ordonné comme il apartiendra.
Est
ordonné que le magazin sera visité ordinairement.
Quant
aux diligences de recouvrer argent des esglizes pour l'entretient des soldatz.
Est
ordonné qu'il sera faict derechef diligence d'envoyer aulx églises pour
recouvrer argent.
Du XIXe mars 1578.
Acistans
Monsieur, Messieurs Saulière, André, Vigoreux, Ducros, ministre, Brugière,
Chalup, Charon, Thomasson, Martin Pelleau, et Premeyrol consulz, Lonvic,
Lavignac, Gravier, Lapierre, Orphaure, Couder et autres.
Sur
la délibération tenue sur certaine lettre envoyée par M. de Bordeilhe, sénéchal
de Périgord, à M. le maire de Périgueux, aulx fins de se trouver à
St-Astier,pour assister comme desfiniteur des Estatz et pourvoir à certains
affaires qu'il dict concerner tout le pays de Périgort.
A
esté advisé que sera escript aud. sieur de Bordeilhe une lettre par Messieurs
les consulz de la présent ville en absence dud. sieur maire, par laquelle on
luy donne entendre l'absance dud. sieur maire et luy remonstrer que de toute
antienneté on a tenu les Estatz aux principalles villes du pays, mesmes en la
present ville comme capitalle dud. pays,et qu'en la ville de St-Astier l'accès
ne peult estre libre à ceulx de Périgueux, pour les raisons qu'il sçait bien,
et qu'on désireroit bien veoir la commission en vertu de laquelle lad.
assemblée se faict, pour en advertir led. sieur maire, pour s'y trouver si
besoing est et en lieu non suspect. A esté aussi advisé d'escripre au Roy de
Navarre et à M. le visconte de Turenne, pour leur faire entendre le préjudice
que telles assemblées faictes en autres lieux que ceulx qu'on a de coustume,
elles affaires qui s'y peuvent traicter au préjudice du publicq et de leur
particulier, affin d'en escripre aud. sieur de Bourdeilhe, et que telles choses
n'abviennent plus, comme y ayant le principal interestz et tenans le premier
rang aux Estatz.
En
marge de ce paragraphe se trouve la note qui suit :
« N'aprouvant
l'assemblée dernière des Estatz tenuz à Nontron ny par conséquent sa nomination
des desfiniteurs et autres délibérations qui y ont esté faictes. »
C'est
en vertu d'une décision, prise au mois d'octobre 1577, à Bourdeilles que
l'exercice de la justice fut transféré de Périgueux à St-Astier. (Voir
Périgueux, souvenirs historiques, biographiques et archéologiques, de l'abbé
Pécout.)
Dudict
jour XIXe mars.
Acistans
Monsieur, Messieurs de Saulière, d'André, Vigoreux, Chalup, Charon, Pelleau,
consulz, Marty, les cappnes Domenge et Batereau et Couder.
Sera
différé le voyaige de celluy qui debvoit aller vers le Roy de Navarre pour le
reguard de la susd. journée jusques à ce qu'on aura entendu la résolution de ce
qui se fera à la diffinition de l'assemblée dud. sr de Bourdeilhe.
Et
pour faire led. voyaige, Messieurs le maire et consulz fourniront la moytié et
sera levée sur les parliculliers l'autre moytié. »
Du second de mars 1578.
Acistans
Monsieur, Messieurs les maire, la Saulière, André, Goudin, Vigoreux, Pasquier,
Charon, Mugnier et Orphaure.
A
esté ordonné que pour le reguard des manœuvres qui sont tenus venir travailler
que la Coche les fera travailler chaqun jour et qu'à ces fins l'ouvrier et
lesd. maneuvres yront vers Messieurs les maire et consulz scavoir le lieu où
ilz doibvent estre employés et les défailhans seront exécutés.
Quant
aux gardes que les habitans sont tenuz fere chaque soirs lors qu'ilz sont de
garde.
Est
ordonné que lesd. habitans qui seront ordonnés à fere gardes et rondes se
trouveront en personne et ceulx qui ny si pourront trouver, ayant excuze
légitime bailheront ung habitant natif de la ville, duquel y aura certain
tesmoignage de sa fidellité pour estre mys au lieu du vacquant et en sera faict
rolle chaqun jour, et surtout se trouveront en personne lesd. habitans aux
portes et citadelle, pour y demeurer jusques à ce qu'ilz seront rellevés de
leur garde, et paredhement se trouveront aux ouvertures des portes sur peyne
que ceulx qui défaudront à ce dessus seront exécutés.
A
esté ordonné pour le reguard de fere recouvrir le moulin et fere le puitz, que
l'on fera porter le boys et luille nécessaire, et qu'à ces fins le charpentier
y travailhera et qu'on fera venir le puzatier. » [13]
Ici s'arrête ce document dont l'intérêt nous fait
profondément regretter que les procès-verbaux des autres séances n'aient pas
été conservés.
Voici maintenant des
lettres écrites non seulement par le roi de Navarre, mais encore par Henri de
Bourbon au gouverneur de la ville de Périgueux. Ces lettres du roi de Navarre
ont été insérées dans le recueil des lettres missives du roi Henri IV, publié
par M. Berger de Xivrey ; nous les avons copiées non sur ce recueil, mais sur
les originaux qui sont en la possession de M. le comte de La Verrie de Vivans,
ce qui va nous permettre de rectifier quelques-unes des erreurs qui se sont
glissées dans cette précieuse publication.
Lettres du roi de
Navarre adressées à Geoffroy de Vivans, gouverneur de la ville de Périgueux :
Monsr
de Vivans. J'ay retenu encores icy le capne Dominge pour essayer de
luy faire porter le payement de la garnison de Périgueux dedans deux jours,
afin que daultant plustost il vous puisse aller retrouver, et par mesme moyen
je regarderay à vous faire satisfaire des deux cens liv. t. que le dict cappne
Dominge a empruntés de vous. Quand aux vingtz soldatz que vous désirés avoir,
je les vous accorde, et ay advisé qu'ilz seront départiz par la compagnie dudit
Dominge, et par les esquades, et que tous les soirs quand il fauldra aller en
garde à la citadelle, le nombre qui est ordonné et y estre quis y entrera par
billettes et selon que le sort tombera, ce qui me semble estre fort à propos
pour obvier aux inconvéniens qui peuvent survenir en telles choses et dont nous
avons desia veu l'expérience qui nous a cuydé couster cher, et sera presques
impossible de faire practiques de ceste façon si on n'avoyt gaigné une grande
partie de la compagnie, vous priant monsr de Vivans, trouver en cela
mon advis bon et l'ordonnance que j'en fay, pour la conservation de vostre
place et vous asseurer que vous me trouverez tousjours prest de m'employer pour
vous, partout où le moyen et l'occasion se présenteront, comme pour celuy que
j'ayme et dont je cognoy pris et estime la valeur et mérites. Sur ce priant
Dieu vous tenir monsr de Vivans, en sa saincte et digne garde.
De
Lectoure le premier febvrier 1578.
Henry.
Monsr
de Vivans, je vous prye faire bonne garde des prisonniers quy ont esté prys à
la citadelle.
Ce
post-scriptum est entièrement de la main du roi. Au dos est écrit :
« Monsr
de Vivans, gouverneur de Périgueulx »[14].
Monsr
de Vivans, encores que je ne double point que vous n'ayez des affaires qui vous
pressent, si est-ce que, pour estre aujourd'huy le temps incertain, et la
disposition et estat des affaires peu asseuré, j'ay bien voulu vous faire la
présente pour vous prier de ne départir encores de la ville de Périgueux,
jusqu'à ce que nous voyons les humeurs de ce pays mieux rassises et quelque
meilleure espérance d'entretenement de paix. J'ay au reste envoyé les mémoires
qui m'ont esté naguères aporté des plainctes et doléances des habitans de
Périgueux à la Court, afin d'entendre sur icelles la response et volonté du Roy
monseigneur, pour après y pourvoyr. J'ay ordonné aussy pour le gouvernement et
commandement de la dicte ville en vostre absence, que je désire estre suivy,
puisque par cy devant il a eu lieu en semblable cas, vous priant plus que
jamais avoir l'œil à la conservation de la dicte ville et faire tousjours estat
de moy, que sur ce prie mon Seigneur, vous tenir, monsr de Vivans en
sa saincte garde et protection. De Nérac le XXV8 d'avril 1578.
Vostre
meilleur et plus assuré amy.
»
Henry. »
Au
dos est écrit : « A monsr de Vivans »[15].
Monsr
de Vivans. Estant icy les sieurs maréchal de Biron, de Foix[16],
conseiller, Molé[17] elle
Lyeur[18],
maistre des comptes, pour l'exécution de l'édict, et pour pourveoir aux
contraventions d'icelluy, j'ay faict grande instance et plainte de l'entreprise
qui a esté faicte sur la ville de Périgueux ; et a esté advisé qu'il y seroit
donné ordre. Jamais je n'ai ouy de plus belles parolles, auxquelles les esfectz
que nous voyons sont tous contraires. Ce qui me faict vous prier de regarder de
plus en plus à la conservation de vostre dicte ville. Par mesme moyen, je feray
ordonner pour le payement de vostre garnison et vous bailler assignation qui
sera ordonnée, sans que désormais vous ayez la penne de courir tous les jours
après ledit payement. Comme en toutes choses qui concerneront la seureté de
ladite ville, je n'obmetray aucune chose qui soit de mon pouvoir : sur ce, vous
priant faire tousjours estat des esfectz de ma bonne volonté, et mon Seigneur
vous tenir, monsr de Vivans, en sa très saincte garde.
De
Nérac le XVIe may 1578.
Vostre
meilleur et plus assuré amy.
Henry[19]
.
Au
dos est écrit : « A Monsieur de Vivans, gouverneur de Périgueux.
Monsieur
de Vivans. J'ay veu celle que m'avez escripte par le sieur de Lussas, ayant
esté infiniment ayse de ce qu'il m'a conté comme vostre esfort en l'exécution
de l'entreprinze sur Périgueux a bien reussy. Vous verrez le règlement que nous
avons faict pour ledict Périgueux, que portent les habitans qui estoient venuz
icy, lequel je vous prie faire establir et esfectuer de poinct en poinct, et
mettre ordre le plus diligemment que pourrez à vos affaires en vostre maison,
pour retourner incontinent audit Périgueux, où sans doute vostre présence est
bien nécessaire, m'advertissant d'heure à aultre de tout ce qui vous surviendra
de nouveau. A tant je prieray Dieu, Monsieur de Vivans, vous avoir en sa
saincte garde.
A
Nérac ce XIIe juing 1578.
Henry.
Au
dos est écrit : « A Monsieur de Vivans ». [20]
Monsieur de Vivans. J'ay reçu vostre lettre ; ayant
esté fort ayse du debvoir et dilligence dont vous avez usé à m'advertir .et
d'avoir préparé les hommes. Je vons prye ceste-cy receue de vous acheminer pour
aller secourir Figeac, amenant avec vous le plus grand nombre de gens que vous
pourrez et vous diligenter le plus qu'il vous sera possible, de sorte que par
vostre ayde et secours s'en puisse ensuyvre le succez qui en est à désirer et
que j'espère de vous, vous asseurant qu'oultre le bien que ce sera au général,
je demeureray obligé à vous rccognoistre comme si c'estoit pour mon particulier,
priant Dieu, Monsr de Vivans, vous avoir en sa saincte garde.
De Nérac ce XXVIe de
septembre 1578.
Vostre bien affectionné
amy.
Henry. [21]
Au dos est écrit :
« A Monsr de Vivans, gouverneur de la ville de Périgueux. »
Monsr
de Vivant. Ayant esté en la conférance prins résolution pour l'establissement
de la paix, il fault à présent reporter toutes délibérations à ceste résolution
; et pourtant je ne puys vous donner advis sur l'un des poinctz de vostre
lettre que celuy-là. Quant au payement de la garnison, Monsr le
mareschal de Biron m'a promis et asseuré qu'il vous pourvoira dans troys ou
quatre jonrs tant pour raison de ce que vous es deub jusques à présant que pour l'advenir, en sorte que vous n'en
serez aucunement en peyne ne en longueur, a quoy je tiendray la main de tout ce
que je pourray et qui dépendra de moy, vous priant, puysque nous avons la
paix, d'empescher que les soldatz ne facent rien au préjudice dont il puisse
venir plaincte. Je ne vous exhorteray de
veiller et prendre garde au faict de vostre charge, ni asseurant que vous avez
cella trop en recomendation et vous vous asseurerez de plus de mon amityé, et
que par tous esfectz je la vous feroy cognoistre de mesme affection que je prye
Dieu, Monsr de Vivant, vous avoyr eu sa saincte garde.
De
Nérac ce Ve jour de mars 1519.
Vostre
bien affectionné amy.
Henry.[22]
Au
dos est écrit : « A Monsr de Vivant, gouverneur de la ville de
Périgueux. »
Tous les mots en italiques dans cette lettre ont été
omis dans le recueil des lettres missives du roi Henri IV, publié par M. Berger
de Xivrey.
« Monsr de Vivans. J'ay receu
vostre lettre par le cappne Battereau auquel j'ay faict entendre la
response et mon intention de ce qu'il m'a proposé de vostre part. Dont je vous
prye le croyre et penser que je vous ay en telle opinion que je n'entreprendray
jamais ryen sans le vous faire savoir, vous remerciant au reste de vostre bonne
volonté, de laquelle je faiz estat, comme pouvez faire de ce que je vous ay
tousiours promis. Et remettant le surplus sur la créance[23]
dudit cappne Battereau, je ne feray ceste plus longue[24]
que pour pryer Dieu, monsr de Vivans, vous avoyr en sa très saincte
et digne garde. Escrit à la Bastide du Cerou le premier jour de décembre 1579.
Vostre
bien bon amy,
Henry.
[25]
Monsr
de Vivans. Puisqu'il n'a pas tenu à moy ny à ceulx qui m'ont assister à
l'entreveue de mon cousin Monsr le mareschal de Montmorency que nous
n'ayons faict quelque chose de bon pour rétablissement de la paix et repos des
subiectz du Roy monseigneur, j'en ay ma constance deschargée, mais je ne laisse
pas pourtant de considérer les maulx qui semblent se préparer sur les ungs et
sur les aultres; et affin que l'oraige ne tombe ez endroictz de mon
gouvernement d'où je suis esloigné, j'ay advisé de m'y acheminer et envoyer mon
cousin Monsr le vicomte de Turaine vers le hault Languedoc[26],
pour y faire retenir toutes choses en ung paisible estat et pourvoir de telle
façon à ce qu'il jugera estre besoing, qu'il ne s'y puisse rien altérer cy
après, vous priant tenir la main de vostre costé qu'on se conduise prudament en
vos quartiers, sans rien esmouvoir et m'advertir à toute heure de la
disposition des affaires, prenant garde surtout qu'on ne nous puisse imputer
d'estre des premiers remuans. Et sur ce je prye Dieu vous tenir, Monsr
de Vivans, vous avoir en sa saincte garde.
janvier 1580.
Vostre
byen asseuré amy,
Henry.
Le
post-scriptum qui suit est en entier de la main du roi :
J'espère
estre à Nérac le XXIIII de ce moys où je vous prye me venyr trouver, car j'ay
extrêmement à fayre de vous parler[27].
Mons. de
Vivans. Encor que j'aye juste occasion de me remettre dans mon chasteau de
Montaignac, et qu'après tant de requestes et remonstrances que j'en ay faictes
au Roy monseigneur, qui m'a déclairé le désirer, nul ne deust trouver estrange
les moyens que y ay tenus. Toutesfoys dautant qu'ilz ont donné l'alarme aux
catholiques et que les forces qu'avez assemblées leur ont porté quelque opinion
de guerre, je me suis résolu plustost pour le général quitter mon particulier,
joiut que mon cousin Monsr de Strosse[28]
est icy pour faire que de la pari desdictz calholiques il ne soye rien
entreprins. A ceste cause je vous prie, Monsr de Vivans, faire
retirer de devant Montignac celles qui se sont assemblées et que ceste
retraicte se fasse le plus doulcement qu'il sera possible, empeschant toutes
entreprises au préjudice des édictz. Et n'estant la présente a aultre fin
pryerai Dieu, Monsr de Vivans, vous avoyr en sa saincte et digne
garde.
A Nérac,
le IIIIe jour d'avril 1580.
Henry[29]
.
Monsr de Vivans. J'ay esté bien aise
d'avoir entendu de vos nouvelles par le cappne Battereau auquel j'ay
donné charge de vous faire entendre mon intention sur ce que vous avez a. faire
sur la façon de vous gouverner actendant que je vous voye, il vous dira les
importunitez dont on m'a usé. De quoy et de toutes autres particularitez que je
lui ay dictes, me remettant à luy et vous pryant de le croire comme moy mesmes.
Je ne vous feray la présente plus longue si ce n'est pour vous prier de faire
tousjours estat de moy et de ma bonne volonté en vostre endroit, et nostre
Seigneur vous tenir, Monsr de Vivans, en sa saincte garde et
protection. De Cahours ce IXe jour de juin 1580.
Vostre meilleur et plus
assuré amy,
Henry.
Je
vous prye vous gouverner de la façon que le capitaine Battereau vous dyra.
Les
mots en italiques et le post-scriptum qui est de la main du roi ne figurent pas
dans le recueil des lettres missives[30].
Monsr
de Vivans. D'autant que je désire pourveoir aux contributions des villes tenans
le party en vostre gouvernement, je vous prie d'envoier homme exprès qui soye
icy jeudy avec tous les roolles qui ont esté faictz pour les dictes
contributions, affin d'advizer à ce qui sera nécessaire, et d'hoster les
désordres et confusions qui sont ; et m'asseurant que vous y ferez tout devoir,
je ne vous feray plus longue lettre, sinon pour prier Dieu, Monsr de Vivans,
qu'il vous aye en sa garde. De Brageyrac, ce XIa juillet 1580.
Vostre
affectionné et assuré amy,
Henry[31].
Monsr
de Vivans. Le Sr de Caussade qui m'est fort affectionné, serviteur et ancien
hugenot, m'a présenté une requeste tendant affin de luy accorder
l'entreténement des six soldatz qui sont nécessaires pour la garde de sa maison
; et pour ce que je désire le gratisfier de cela et de plus grand chose, je
vous prie suyvre mon vouloir et intention en c'est endroict, et vous y emploier
d'aultant plus voluntiers pour l'amour de moy, qui prie le créateur, Monsr
de Vivans, vous tenir en sa saincte et digne garde. De Saincte-Foy le XXIIIIe
juillet 1580.
Vostre
affectionne et asseuré amy,
Henry[32].
Lettre
adressée à G. de Vivans par Henri de Bourbon, prince de Condé.
Monsieur
de Vivans,
D'aultant
que le sieur du Moustier vostre beau frère est tellement détenu par deçà en
l'exercice de son ministère qu'il ne luy est possible de s'acheminer hors ce
pays comme, il désirerait bien pour donner ordre à ses affaires, lesquels il
m'a faict entendre luy estre de grande importance. J'ay bien voulu par la
présente vous prier comme celuy qui doibt luy estre naturellement bien
affectionné d'avoir ses dictes affaires en réelle recommandation, que son
absence ne luy puisse apporter aulcun préjudice ny le faire succomber en
aulcuns inconvéniens, vous asseurant que sa demeure par deçà n'est tellement
nécessaire qu'il seroit très difficile à l'église de ce lieu de s'en pouvoir
passer ; le plaisir que luy feres pour ce regard et pour l'amour de moy me sera
si agréable, qu'en mon particulier je n'essayeray de le recongnoistre en tous
les endroitz où j'auray moyen de vous faire preuve de mon amytié. Au demeurant
je ne fay double que n'ayez sougneusement les yeulx ouverts à tout ce qui
deppend de la seurté, conservation de Périgueux et du reste de vostre
gouvernement, pour empescher les effectz de tout ce qui se pourroit
entreprendre pour en troubler le repos qui me gardera de vous en estendre plus
avant la présente, affin de prier Dieu qu'il vous donne, Monsieur de Vivant, en
bonne santé, ce que plus désirez.
«
Escript à Sainct-Johan-d'Angély ce premier jour d'avril 1578.
Vostre
bien asseuré amy,
Henry
de Bourbon.
Au dos
est écrit : « A monsieur du Vivans, gouverneur de Périgueux soubz l'authorité
du Roy monseigneur ».[33]
Il y a un sceau de deux centimètres de hauteur qui
laisse voir dans l'écu du milieu trois fleurs de lys.
Monsieur
de Vivans,
Je
vous prie de croire qhe j'ay eu fort agréable l'advertissement et bon advys que
m'avez donné par vostre lettre du XVIIe de ce moys, duquel j'espère
bien faire mon profit et m'en servir à propos pour la conséquence qui mérita
bien d'y prendre sougneusement garde, comme aussi je m'asseure qu'en ce qui
concerne la conservation de vous et de vostre place, vous n'oublierez aucune
prévoyance, sachant combien elle y est nécesssaire et d'aultant que je désire
d'estre souvent informé de vos bonnes nouvelles et du général de delà, vous me
feres ung singulier plaisir de m'en mander par toutes les commodités qui s'en
présenteront, et mesmement de croire que n'aurez jamais prins pour amy qui
s'employe de meilleure affection pour vostre bien et contententement que moy,
qui prierai Dieu en cest endroict vous donner, Monsieur de Vivans, en bonne
santé ce que désirez.
Escript
à Sainct-Jehan-d'Angély, le XXIIIIe jour de novembre 1578.
Vostre
plus affectionné amy,
Henry
de Bourbon.
Le
post-scriptum qui suit a été ajouté par une autre main :
« Monsieur de
Vivans, Daultant que je ne puis bonnement juger qui est celuy duquel jay receu
les lettres avec les vostres, ne s'estant nommé, je vous prie par la première
commodité qu'en aurez me le faire entendre. »
Au dos est écrit : « A
Monsieur de Vivans, gouverneur de Périgueux »[34].
Monsieur
de Vivans,
Jay
esté très aise d'entendre de vos nouvelles par le sr du Moustier et des
lettres que par luy mesme m'avez escriptes, vous priant bien fort par la
présente et aultant affectueusement qu'il m'est possible de ne vous ennuyer de
vostre longue demeure à Périgueux, que comme scavez est une place de telle et
si grande importance quelle mérite bien d'estre baillée en garde à ung
gentilhomme duquel la vertu, fidellité et bonne affection allendroict du party
et de tout ce qui le concerne soit congnue d'ung chacun ; comme le Roy de
Navarre et moy avons très entière et parfaicte confiance de la vostre par les
tesmoignages qu'en avez cy devant renduz en tous lieux où l'occasion s'en est
présentée, en quoy continuant vous acquiérez oultre la louange perpétuelle qui
vous en est justement deue, une nouvelle obligation de vous générallement et de
moy en particulier, pour vous en faire ressentir par tous les plaisirs que
j'auray jamais moiens de vous faire, et ce daussi bon cœur que je prie Dieu,
après m'estre affectueusement recommandé à vous, vous donner, Monsieur de
Vivans, avecques sa saincte grâce ce que plus désirés.
Escript
à Sainct-Jean-d'Angély ce XXIIe jour d'avril 1578.
Vostre
meilleur amy.
Henri
de Bourbon
Au
dos est écrit « Monsieur de Vivans[35].
»
(A
suivre).
G. CHARRIER, Conservateur des
archives municipales de la ville de Bergerac.
pp.
785
GEOFFROY
de VIVANS Gouverneur de la ville de Périgueux 1578 (Suite et fin).
Voulant assurer la solde de la garnison
entretenue dans la ville de Périgueux, M. de Turenne écrit aux diverses églises
des environs pour leur demander leur aide. Voici la lettre reçue par l'église
réformée de Bergerac :
Monsieur,
Vous sçavès quelle peine et diligence met M. de Vivant pour l'entretenement et
sûreté de Périgueux qui, après Dieu, tient sa sûreté de sa bonne vigilance,
mais le peu de moyens qu'il y a font qu'il ne peut fournir à tout et en
particulier au payement des soldats qui lui ont été ordonnés, qu'il a quasi
tous jusques ici entretenus à ses despans et pour ce que nous tant tous
employer à luy aider comme à chose qui nous touche comme à lui ; je vous prie
avisiter entre vous, comme j'en prie les autres églises d'alentour à lui donner
quelques moyens d'entre vous pour subvenir aux frais dudit entretien et n'être
nullement relatifs ny paresseux à une chose si généralle et nécessaire.
A
Turenne, le 21 février 1578.
Turenne[36].
Toujours préoccupé de
tout ce qui peut assurer le succès de la cause qu'il défend, Geoffroy de Vivans
sachant qu'une entreprise devait être tentée sur Bergerac, prévient en ces
termes les consuls de cette ville :
Messieurs,
Je
vous avise qu'il y a une grande entreprinse sur vous, laquelle se doibt
exécuter seste seupmaine ou au commencement de l'autre ; croyez que ce ne sont
point nouvelles de parloirs, car je le sé de fort bon lieu. Prenez y garde. Si
je savoys et cognoisoys les auteurs, je vous le manderoys.
Je
me recommande à vos bonnes grâces, priant Dieu, Messieurs, vous conserver sous
sa saincte et digne garde. De Périgueux ce IVe de mars.
Vivans[37].
Le 6 juillet 1578,
nouvelle ordonnance du roi de Navarre, accordant à de Vivans la somme de trois
cents livres tournois pour ses appointements mensuels :
« Le roy
de Navarre,
Nos améz
et féaulx conseillera trésoriers et receveurs generaulx de noz maisons et
finances, maistres Michel Baranger et Gaillard Gallais, ou à leurs comis et à
chascun d'eux en l'année de son exercice ou à aultre nostre trésorier à venir,
salut. Estans bien et deuement certifiiez de la grande despence que faict
jusques à présant et fault que face cy apprès le sieur de Vivans exerçant
l’estat et charge de gouverneur de la ville de Périgueux et luy voulant donner
le moien de s'y entretenir honnestement selon sa qualité et importance de sa
dicte charge que nous avons bien et meurement considérée, nous luy avons
ordonné et ordonnons par ces présentes pour son dict estat de gouverneur en
ladite ville la somme de trois cens livres tournoizes, sur nostre recepte de
noz comté en Périgord et vicomte de Limozes, à compter le payement du premier
jour du présant moys, et à continuer pour l'advenir de mois en mois, jusques à
ce que par nous en soit autrement ordonné. A ceste cause, nous voulons, vous
mandons et ordonnons que par maistre Jacques Deschamps, nostre trésorier et
receveur en nos ditz conté et viconté, vous faictes paier, bailler et délivrer
doresnavant au dit de Vivans la somme de trois cens livres tournoizes par
chascun mois à compte, ainsi que dit est cy-dessus, de préférant et faisant
préférer par le dit Deschamps au paiement de la dite somme, à tous aultres
mendemens et assignations qui pourroient avoir esté octroiéz et expédiez sur la
recepte du dict Deschamps, et néantmoings voulons et vous mandons que des
deniers ja levez et receuz et qui sont à lever et recevoir du terme de la
Sainct-Jehan dernier escheu, vous faictes avancer par le dit Deschamps au dict
de Vivans, la somme de douze cens livres tournoizes, sur et en déduction de ce
que nous luy avons ordonné par ces présantes, et en cas de resfuz, longueur et
dilation par le dict Deschamps, voulions icelluy estre contrainct à ce faire
par toutes voyes et rigueurs de justice, comme pour les affaires le plus
priviliégez et importans nostre service ; et rapportant ces présantes ou
vidimus d'icelles, deuement collationné à l'original, pour une fois seullement
et qui tance du dict de Vivans par chascun mois du paiement de la dite somme de
trois cens livres tournoizes sur ce suffizante, nous voulions icelle estre
passée et allouée en la mise et despence de vos comptes et du dict Deschamps
qui paiée l'aura par nos amez et féaulx les auditeurs d'iceux ausquelz mandons
ainsi le faire sans difficulté, car tel est nostre plaisir.
Donné
à Montauban le sixiesme jour de juillet, l'an mil cinq cens soixante dix huict.
Signé
Henri,
et
plus bas, par le roy de Navarre en son conseil, de Mazelières, et scellées de
sa Majesté. Vidimé et collationné à l'original qui est demeuré en mains du dict
Deschamps, trésorier de Périgord, par mon greffier des comptes, De Nérac, le
XVIIIe jour de novembre m. vc soixante dix huict.
Debressey.
Je soubs signé
cognois et confesse avoir leu et receu de maistre Jacques Deschamps, trésorier
et recepveur général du roy de Navarre en ses comté de Périgort et vicomte de
Limoges, la somme de douze cens livres pour les moix de juilliet, aoust,
septembre et octobre, à moy assignées sur le dict des Champs par le dict
seigneur, pour les dictz qua tire moix à rayson de l'estat de gouverneur de la
ville de Périgueux, suyvant le mandement sur ce expédié par le dict seigneur à
son trésorier général au dict sieur des Champs, des sixiesme juilliet dernier,
de laquelle somme de douze cens litres je quitte le dict seigneur des Champs et
prometz ne luy en jamais rien demander. En tesmoing de quoy j'ai signé la
présente de mon seing manuel.
A
Périgueux, le vingt et deuxiesme septembre mil cinq cens soixante dix huict.
Vivans[38].
Le 8 février 1579, le
roi de Navarre nomme par des lettres patentes Geoffroy de Vivans, gouverneur du
Périgord et de la vicomté du Limousin, en remplacement de M. de Hautefort,
qu'il accuse d'avoir participé « aux désordres et faictz lamentables advenuz en
la dicte ville (Paris), au dict temps, à nostre grand regret. » Le roi de
Navarre fait ici allusion aux malheureux événements qui précédèrent et
suivirent la Saint-Barthélemy et dans lesquels, d'après lui, M. de Hautefort
avait joué un rôle actif.
Henry par
la grâce de Dieu, roy de Navarre, seigneur souverain de Bearn et des terres de
Damezan, de Haubourdin et de St-Merin, duc de Vandosmoys, d'Albret et de
Beaumont, comte de Foix, d'Armagnac, de Rhodetz, de Bigorre, de Marie, de
Commersan et de Périgort, vicomte de Limoges, pair de France, A nostre amé et
feal Geoffroy de Vivans, seigneur dudict lieu, salut. Dauttant que à l'ocazion
du triste accident advenu en la ville de Paris au moys d'aoust mil cinq cent
soixante douze, estans encore en bas aage et détenu en ladite ville, nous
fusmes contraintz et reduitz tant pour l'estonnement et crainte que par la
force et viollance descouverte de passer beaulcoup de chozes et bailher
plussieurs expédictions et provizions contre nostre concience et oultre nostre
gré et volonté, entre lesquelles a esté celle du gouverneur de nostre compté du
Périgort et vicomte de Limouzin bailhé au sr de Hottefort, ayant
lors grande et évidente participation aux désordres et faictz lamantables
advenuz en ladite ville audit temps à nostre tres grand regret. A ceste cause,
nous par l'advis de nostre Conseilh estans maintenens en aage pour remédier
aulx inconveniantz du passé, avons avec meure délibération cassé et révoqué,
cassons et révoquons par ces présentes ladicte provizion dudict sr
de Hottefort comme estant faicte contre nostre vollonté et liberté, estans
detennu audict temps, ainssin que chascung a peu voir et cognestre et aplain,
Nous confians de voz sens, suffisance, valleur, fidélité, experiance au faict
des armes et bonne dilligence, zele et affection au bien de nos afferes et
services, Vous avons donné et otroyé, donnons et otroyons le gouvernement de
nostre comté de Périgort et vicomte de Limouzin aprésent vacquant par la destitution
et privation dudict seigneur de Hottefort pour les considérations susdictes, et
parce que ainssin Nous a pleu pour en jouir doresnavant aux honneurs,
autorités, prérogatives, préhéminences, franchizes, libertés, droitz, profitz,
esmolumentz et gages accoustumés, tant qu'il nous plera, sy donnons ez
mandement à nostre amé et féal chancelier le sr de Glatenx que prins
et receu de vous le serement en tel cas requis etaccoustumé, il vous mette et
institue ou fasse mettre et instituer de par Nous en pocession et saisine
dudict gouvernement d'icelles, ensemble desditz honneurs, autorités,
franchizes, libertés, droictz, profitz et ésmolumens susdictz, vous fasse
souffrir et lesse jouir et uzer plaineinent et paisiblement et a vous obeyr et
entendre de tous ceux et ainssin qu'il apartiendra ez choses touchans et
concernant ledict gouvernement. Mandons en oultre à nostre amé et féal
trézorier de nostre comté de Périgort et vicomte de Limouzin que doresnavant
par chascung an il voua paye, bailhe, délivre comptent lesdictz gages et
rapportant par luy ces présentes ou vidimus d'icelles duhement collationné à
l'original pour une foys seulement avecques quictances dudict seigneur de
Vivant, somme suffizante par ung chascung an. Nous voulions lesdictz gages ou
ce que payé et balhé aura esté estre desduict et rebattu de sa charge et
recepte passée et alouée en la mize et despance de ses comptes, par nos ames et
féaux les auditeurs d'iceux, auxquels mandons ainssin le fere sans difficulté,
car tel est nostre plaisir, en tesmoingt de quoy nous avons à sesdictes
présentes signées de nostre main, faict mettre et appozer nostre scel.
Donné
à Neyrac le huictiesme jour de febvrier mil cinq cens soixante dix neuf.
Ainssin
signé : Henry.
Et
sur le reply « par le Roy de Navarre, comte de Périgort et viconte de
Limoges ».
Lallier.
Et
scellées du scel et armes dudict seigneur Roy[39].
En qualité de
gouverneur du Périgord et du Limousin, Geoffroy doit prêter serment de fidélité
au roi de Navarre ; mais comme il ne peut quitter Périgueux et que de son côté
M. Louis du Faur, chancelier du roi de Navarre, ne peut aller dans cette ville
à cause de ses fonctions, ce seigneur, par les lettres qui vont suivre, donne
plein pouvoir à M. J. André, juge du pariage de Saint-Front, pour recevoir le
serment de Geoffroy :
Nous Loys
du Faur, seigneur de Glattens, chevalier, conseiller du Roy, chancelier du Roy
de Navarre, chef et superintendant des maisons, affaires et finances de Madame
sa sœur, au sieur d'André, juge de pariage Sainct-Front et Sainct-Astier pour
ledict seigneur Roy. Comme il ayt pleu audict seigneur Roy de Navarre, pourvoir
le sr de Vivans de la charge et gouvernement de sa comté de Périgort
et viscomté de Limosin par ses lettres patentes données à Nérac le VIIIe
jour de février dernier, le serement duquel Sa Majesté nous auroit adressé ; et
parce qu'il seroit impossible audict sieur de Vivans s'en venir par deçà, ne
pouvant abandonner et délaisser la ville de Périgueux de laquelle il est
gouverneur, et moins aussy à nous de nous y transporter et esloigner de Sa
Majesté à cause de nostre charge ; et pour la parfaite cognoissance et
confiance que nous avons de vostre personne, voua avons commis, subrogé et
subdélégué, commettons, subrogeons et subdéléguons par ces présentes, pour, en
nostre absence et suyvant les susdictes lettres, procéder à la réception du
serement dudict sieur de Vivans de ladicte charge de gouverneur de ladicte
comté et vicomte, et tout ainsi qu'il est porté par icelles comme nous pourions
faire, de ce faire vous avons donné et donnons en vertu du pouvoir à nous
donné, puissance et mandement, en tesmoingt de quoy nous avons signé la
présente subrogation de nostre main et faict mettre le cachet de nos armes.
L.
du Faur, chancellier [40].
Peu de jours après, le
26 avril, Geoffroy de Vivans prête serment entre les mains de M. Jean André :
Cejourd'huy
vingt sixiesme du moix d'apvril, mil Vc soixante dix et neuf, par
devant nous Jean André, licentié en droit, juge du commung pariage Sainct-Front
pour le roy de Navarre, suyvant la subrogation à nous adressée par monseigneur
Loys du Faur, seigneur de Glatenx,chevalier, conseiller et chancellier du roy
de Navarre, chef et superintendant des maysons, affaires et finances de Madame
sa seur, ouy sur ce maistre Pierre Martin, procureur général dudict roy de
Navarre et de son consentement, avons receu de Jeoffroy de Vivant, seigneur
dudict lieu et de Doissac, gouververneur pour le roy en la ville de Périgueux,
le serment d'estat et office de gouverneur pour ledict sieur roy de Navarre, en
son compté de Périgort et viscomté de Limoges, qu'il a faict et preste et
icelluy avoir mis et institué en la possession réelle et actuelle dudict estât
de gouverneur, pour par luy jouyr des honneurs, auctorités, franchises,
libertés, droictz, renon et esmolumentz que y appartiennent et comme ses
prédécesseurs en ont accoustumé jouir, avons faict et faisons commandemans à
tous officiers et sujetz du roy de Navarre de lui obeyr et entendre en ce qui
concerne ledict estat, à peyne de deux mille escutz, et à mesmes peynes de ne
le y troubler et empescher ; et seront coppies et vidimus faictz par nostre
greffier ausquels sera adjousté foy, comme à l'original d'icelles, et envoyés
ez lieux, destroictz et jurisdictions dudict sieur roy de Navarre, pour icelles
faire lire, publier et enregistrer, afin que aucun ne prétende cause
d'ignorance. En foy de quoy avons signé ces présentes.
A
Périgueux les jour, mois et an que dessus.
J.
André, juge de pariage pour ledict sieur roy de Navarre.
Martin,
procureur général dudict sieur roy [41].
Si
les habitants de Périgueux savaient que de Vivans avait été nommé gouverneur du
Périgord et du Limousin et qu'il avait prêté serment en cette qualité, les
autres villes de ces deux pays l'ignoraient ; pour le leur apprendre des
messagers leur furent envoyés, avec ordre aux gouverneurs de faire publier à
son de trompe, dans les rues et carrefours, les lettres patentes du roi de
Navarre. Le messager envoyé à Excideuil était porteur de la lettre qui va
suivre, adressée à Geoffroy Broussard, capitaine du château :
Mon
cappitaine,
J'ay
bailhe à Monsieur Pasquet; présent porteur, un vidimus de mes lettres pour les
fere publier à Excideulh ; je luy ay dict aussi qu'il y menast le procureur
tenir sa court et qu'il ne luy seroit faict par vous ne par voz soldardz nul
desplaizir, ce que je vous supplie n'entreprandre, car je auroys ocazion de
m'en douloir ; mais s'il a faict quelque choze contre son debvoir, il en fault
fere informations et me les envoyer, et lors la justice en sera faicte comme
sera de besoing, Je vous prye voloir assister à ladicte publication sy fere se
peult, sy non advizer que le tout se fasse sy autentiquement qu'il est besoingt
; tenés-vous sur vos gardes, car je crains qu'il y aye quelque entreprinze sur
vous, bien vous assuré-je que ses contreveneurs à l'édict de passification ne
dureront guère et qui ne soient mis sur une roue et leurs biens confisqués, et
si j'ay du crédict en ce qui concerne la justice, je en veraye de beaux esclatz,
qui est tout ce que je vous puys dire, me recommandant bien affectueuzement à
vostre bonne grâce, priant Dieu vous donner,
Mon
cappitaine, Très longue et heureuze vie.
De
Périgueux, ce sixième julhet 1579
Vostre
plus assuré et plus parfet amy.
VlVANS.
Suivant les ordres de
M. de Vivans, ces lettrés furent publiées à Excideuil le 9 juillet, par Etienne
de Jouys, « comme plus entien praticien de la présent cour et abssence de
Messieurs les juge et lieutenent[42].
»
Viennent ensuite les lettres d'abolition
ou plutôt de rémission, accordées par le roi de Navarre à Geoffroy de Vivans,
absolvant ce dernier de certains faits de guerre dont ses ennemis lui
reprochaient la cruauté, entre autres l'incendie de la maison de M. de Lestang
(1577), lieutenant du sénéchal de Brive. À la sollicitation du vicomte de
Turenne, de Lestang attaqua, pour ce fait, Vivans au Conseil d'Etat. Il se
défendit en disant que cet incendie était arrivé par les suites d'une guerre
légitime et que par conséquent il ne devait pas en supporter les
responsabilités. Il fallut toute l'autorité du roi pour arrêter les poursuites.
Henry
par la grâce de Dieu, Roy de Navarre, seigneur souverain de Béarn et pair de
France, gouverneur et lieutenant géneral pour le Roy monseigneur en Guyeune, à
tous qui ces présentes verront, salut.
Comme
en l'an mil vc soixante dix sept nous eussions donné commission au
sieur de Vivans pour commander au hault et bas Lirnosin et y faire la guere
pour le service du Roy monseigneur et entretenement de ses édictz soubz nostre
authorité et commandement contre les ennemis du party que nous soustenions, le
dict sieur de Vivans exécutant noz commandemens se seroit allé jecter dedans
Brive environ le temps que la ville d'Hissoire fut prise, où estant arrivé, il
empescha la reddition de la ville d'Userche,ayant faict retiré le sr de Bussy
des faulxbourgs d'icelle, laquelle trouvant despourveue de vivres et munitions
et réduite à l'extrémité auroit pris une petite ville nommée Donzenac, assise
entre lesdits Brives et Userche, et de la prise d'icelle il auroit avictuaillé
les deux autres et icelle démantelée, démoly quelques édifices et rendue
inhabitable afin que l'armée du party contraire ny peust loger ne s'en
prévaloit aucunement. Audict démantelement et démolition d'icelle furent et
durant lesdicts troubles comprises quelques maisons et entr'aultres celle du
lieutenant du sénéchal de Brive y auroit esté bruslée ;depuis aussy aurions
baillé commission audict sr de Vivans pour commander en Périgord et
mesmes à Périgueulx, ville baillée pour seureté à ceux de la religion,sur
laquelle plusieurs entreprises et surprises en divers temps auroient esté si
souvent faictes et réitérées au veu et sceu d'un chacun par les perturbateurs
du repos public, jusques à entrer dans la citadelle et se jetter autresfois
dans les fossés, que finalement, contre la foy publique, violans l'ecdict de
paciffication, ilz l’ont surprise et la tiennent; auxquelles entreprises ledict
sr de Vivans et les siens, pour garentir lesdictes villes et
citadelle et conserver leur vie et honneur ont esté contrains de résister aux
dicts entrepreneurs et les endommager et en faire mourir et demeurer but la
place aucuns d'iceux et entr'aultres sur ung jour failly le secrétaire de
l'évesque de Périgueulx et deux autres dedans le fossé, du costé de la
citadelle, et ne se contentans de veoir assaillir ledict sr de
Vivans et ses soldatz et entreprendre sur eulx lorsqu'ilz estoient dedans la
ville et citadelle, ilz les auroient aguettez et espiez ordinairement
lorsqu'ilz en sortoient pour aller à leurs affaires, faisans continuellement
entreprises sur eux pour les tuer, et entre'aultres ung jour ayans sceu que
deux des soldatz dudict sr de Vivans estoient allés en leur maison à
Gringnault, les assiégèrent, brûlèrent la maison où ilz estoient et tuèrent la
femme de l'un ; de quoy ledict sr de Vivans adverty seroit monté à cheval pour
essayer de les secourir et tirer de ce danger, mais les tennans desia prins,
aurait poursuivy les preneurs jusques à St-Chastier où ilz auroient faict soulever
tout le pais avec son de tocsain et de bassins, de sorte que s'en retournant le
sr de Vivans et passant par ung bourg nommé la Guilla, il auroit esté tellement
chargé et sa troupe par quelques soldatz et gens de guerre, que les srs
de Belsunce et de Luzas et leurs chevaulx furent blesséz, ce qui contraignit
ledict sr de Vivans et ceux de sadicte trouppe de faire une charge
sur lesdicts gens de guerre, desquelz trois ou quatre furent tuez et y
demeurèrent, et généralement auroit faict plusieurs actes d'hostilité tant
audict haut et bas Limosin y commandant soubz nostre authorité ; que aussy
depuis estant gouverneur dedans ladite ville de Perigueulx, lesquels encores
qu'ilz soient aboliz par le édict de pacification et conférences, désirans
néantmoins pourveoir de nostre adveu et déclaration audict sr de
Vivans en ce que nous pouvons et devons, suivant le pouvoir à nous donné par le
Roy mondict seigneur, à ce qu'il ne soit à l'advenir indeuement poursuivy,
molesté et travaillé ;a ceste cause et suivant ledict pouvoir de Sa Majesté,
avons agréé, advoué et approuvé, agréons, advouons et approuvons lesdicls cas
et actes d'hostililé cy-dessus contenuz, comme estans couvertz et assopiz par
l'édict de pacification et ce qui en est ensuivy, et en avons deschargé et deschargeons
ledit sieur de Vivans et tous ceux qui l'ont accompagné à l'exécution desdicts
actes. Supplions le Roy monseigneur, prions les courtz de parlement,
séneschaux, baillifs, prévosts, leurs lieuteuans et autres justiciers et
officiers de Sa Majesté, mandons à tous aultres sur lesquelz nostre pouvoir
s'estend, de permettre et faire jouir ledict sieur de Vivans eteeux qui l'ont
accompagné et suivy à ladicte exécution de l'effect du présent adveu et
déclaration, sans faire ne souffrir qu'il soit vexé et molesté pour raison des
choses susdites et ce qui en deppend, comme estant le tout couvert et aboly par
les édictz du Roy mondict seigneur et suivant sa volonté ; ains si aucun
trouble leur avoit esté donné faire le tout cesser et mettre à deue réparation
en vertu du présent adveu que nous avons signé de nostre propre main et à
iceluy faict apposer nostre scel.
Donné
à Cadillac le VIIe jour de feuvrier, l'an mil cinq cens quatre
vingtz.
Henry.
Par
le Roy de Navarre, gouverneur et lieutenant general susdict.
Demazelierre[43].
L'église de Bergerac,
ne pouvant suffire au paiement de ses pasteurs, écrit à Geoffroy pour le prier
de lui accorder sur les dîmes ecclésiastiques la somme qui lui est
nécessaire :
A
Monsieur de Vivant, lieutenant-général pour le Roy en Périgord et Limosin, en
absence du Roy de Navarre.
Supplient
humblement ceux de l'église réformée de la présent ville, disant qu'ils ne
peuvent satisfaire au payement de la pension de leur pasteur, tant à cause de
leur notoire povreté, mort et absence de plusieurs de ladicte église que pour
ce que aucuns gentilshommes diffèrent de payer leur taux de ladicte pension
comme ils vous ont remonstré cy devant, pour raison de quoy ils sont en voye de
perdre leur dit pasteur qui seroit l'entière ruine et dissipation de ladicte
église. Ce considéré, en suyvant la volonté du Roy deNavarre contenue en la
provision cy attachée, ottroyée par sa Majesté à l'église de Bergerac et autres
églises, plaise vous de leur faire semblable faveur, et en ce faisant
leurottroyersur la recepte des dismes des ecclésiastiques romains, la somme de
cent cinquante livres, pour l'entretènement de leur dict pasteur et ils
prieront Dieu pour vostre prospérité et santé.
La provision dont il est parlé ci-dessus est datée
de Bergerac 17 juillet 1580, et signée Henry. Au bas de cette provision est le
certificat de paiement fait à l'église de Bergerac et à celles du colloque, par
Pierre de Supco, receveur de Bergerac[44].
Le 11 mai 1580, les
consuls de Périgueux, suivant les ordres de leur gouverneur, se préoccupent de
faire lever sur leurs administrés une somme de 3153 écus un tiers, destinée
non-seulement à entretenir la garnison, mais encore à l'augmenter de quatre
compagnies. Il fallut plusieurs criées ou enchères successives pour trouver
quelqu'un qui voulut se charger de faire cette levée.
Nous
maire et consulz des ville, cité, banlieue et jurisdiction de Périgueux, à tous
qu'il appartiendra savoir faisons, que aujourd’huy unziesme du moys de may an
mil cinq centz quatre vingtz, par vertu des lettres de commission du seigneur
de Vivans, gouverneur et lieutenant-général pour le Roy au pais de Périgort et
Limosin, en absence du Roy de Navarre, du dixiesme des mois et an que dessus,
signées Vivans et plus bas par commandement de mondict seigneur gouverneur et
lieutenant susdict de la Rivière, à nous addressantes, par lesquelles nous est
mandé imposer deniers pour le paiement et la solde et entretènement de cinq
compaignies de gens de pied, ordonnées pour la garnison de ladicte ville et
sûreté d'icelle, pour le présant mois et avril dernier passé, la somme de neuf
centz quarante six livres pour chascune compaignie sur les contribuables dudict
pays de Périgort et paroisses circonvoisines, le ressort de Bergerac excepté,
et de les contraindre comme pour les propres deniers et affaires du Roy, avons
procédé au despartement de ladicte somme, revenant le tout à la somme de trois mil cent cinquante trois escutz ung tiers et en présence de
maistres François Pasquet, et Baptiste
Vigoreux, advocatz du Roy, et ordonné que ladicte somme de trois mil cent
cinquante trois escutz ung tiers d'escut seroit criée au moins disant, par
trois diverses foys, au parquet et auditoire royal de consulat, suivant les
ordonnances, la première desquelles criées seroit faicte le vendredy après en
suivant, treiziesme dudict présant mois, et afin que aucun n'en prétendist
cause d'ignorance, seroit la présante ordonnance publiée et proclamée à son de
trompe et cry public, par les quantons et carrefours de ladicte ville
accoustumez à faire telles publications, ce que auroit esté faict le mesme jour
comme appert par l'extraict de nostre ordonnance, signée Ruffet, greffier, et
publication signée Deyssagnes, sergent royal.
La
teneur de ladicte commission et ordonnancé et publication s'ensuit : Geoffroy
de Viyans, seigneur dudict lieu de Doyssac, Gryves, gouverneur et lieutenant
général en Périgort et Limosin, en absance du Roy de Navarre, aux maire et
consulz, manans et habitants de la ville de Périgueux, salut. Comme par les
lettres de nostre commission dudict seigneur Roy, du premier de ce mois, nous
soit mandé pourvoir à la garde et seurté tant de ladicte ville de Périgueux que
autres de nostre dict gouvernement, afin que l'ennemy et contraire party ne
s'en puisse prévalloir, et que à ces fins sadicte Maiesté ait ordonné faire
levée de quatre compaignies de gens de pied, oultre celle qui est desjà dressée
en ladicte ville, et que pour ce faire vous ayez à imposer sur les habitans du
ressort de ladicte ville et parroisses circonvoisines, pour la solde et
entretenement desdicts gens de guerre la somme que verrons estre pour cest
esfect nécessaire. A ce moyen, suivant le pouvoir à nous donné, nous vous
mandons et commettons par ces présantes, que tout incontinant et sans délay, le
plus promptement que faire se pourra, vous procédiez au despartement de la
somme de (la somme n'est pas indiquée) sur les habitans et contribuables dudict
ressort et parroisses circonvoisines, paiable dans le quinzième de ce mois et
rendue en ladicte ville de Périgueux, es mains d'ung trésorier et receveur
solvable et résidant en ladicte ville, qui par vous sera commis et depputé,
pour estre ladicte somme employée à la solde et paiement desdicts gens de
guerre, tant pour le présant mois que passé et seroient les contribuables et
cotisez pour le paiement de ladicte somme contrainctz par toutes voies deues et
raisonnables, comme pour les propres deniers et affaires du Roy, le tout par
provision, attandant nostre arrivée en ladicte ville de Périgueux. Donné à
Vivans, soubez nos saing et scel de nos armes, le dixiesme jour de may mil cinq
centz quatre vingtz.
Ainsi
signé : Vivans.
Et
plus bas par mondict sieur gouverneur, lieutenant sus dict de la Rivière, et
scellé de ung placart de cire rouge.
Voici
maintenant la publication qui fut faite à son de trompe dans la ville de
Périgueux :
De
par le Roy. On faict assavoir que qui vouldra prendre et lever la somme de
trois mil cent cinquante trois escutz ung tiers, au moins disant, pour la solde
des gens de guerre ordonnez pour la garde de ceste ville, pour les mois d'avril
dernier et présant mois, ait à se présanter en la maison commune de consulat de
ceste ville, vendredy prochain, heure de huict heures du matin et il y sera
reçeu en baillant bonne et suffisante caution.
Faict
à Périgueux le unziesme jour de may mil cinq centz quatre vingtz, par
commandement de messieurs les maire et consulz, commissaires en ceste partie
députez.
Signé
Rousset, grefier.
Les
jours, mois et an que dessus, par moy François Deyssagnes, sergent royal soubz
signé, la susdicte ordonnance, à son de trompe et cry public, a esté leue et
publiée par les quantons et carrefours de la présant ville, lieux acoustumés à
faire tels actes et exploitz, par moy.
Signé
Deyssagnes, sergent royal.
Et
advenant ledict jour treziesme desdicts mois et an, heure de huict heures du
matin, par devant nous maire et consulz.susdictz, au parquet et auditoire de
consulat, la liève de la susdicte somme de trois mil cent cinquante trois
escutz ung tiers, auroit esté criée par plusieurs et diverses fois, au moins
disant, ez présence dudict maistre François Pasquet, advocat pour le Roy, par
Deyssagnes, sergent royal, à la charge de bailler bonnes et suffisantes cautions,
faire lever les commissions qui seront expédiées et faire autres fraiz et
advances nécessaires ; a laquelle criée se seroit présenté M. Hélies de Baynes,
habitant de la présant ville, lequel auroit offert faire la liève de la
susdicte somme à raison de trois sols pour livre et bailler bonnes et
suffisantes cautions, et par ce qu'il ne se seroit présenté autres moins
disans, aurions octroié acte audict procureur duRoyde ladictecriée, et audict
Baynes de son enchère et ordonné que la seconde criée seroit faicte ledict
jour, heure de quatre heures après midy, etc.
Personne
ne s'étant présenté à cette seconde criée, il fut décidé que la troisième et
dernière aurait lieu le lendemain à huit heures du matin. Les enchères furent
chaudement disputées par deux enchérisseurs et le prix d'adjudication diminué
d'une manière sensible. Lisons le procès-verbal :
Et
advenant le lendemain quatorziesme jour desdictz mois et an et heure de huict
heures du matin, au parquet et auditoire dudict consulat. Nous maire et consulz
susdicts, en présence dudict maistre Baptiste Vigoreux, advocat du Roy, suivant
nos appoinctemens, avons faict crier au moins disant par Deyssagnes, sergent
royal, ladicte somme de trois mil cent cinquante trois escutz un tiers o les
conditions et qualitez cy-dessus déclairées et spécifiées, à laquelle se seroit
présenté ledict Bayues qui auroit persisté en ses offres et dires.
Ce
seroit aussy présanté Me Martial Dupuy, trésorier pour le Roy audict
païs, qui auroit offert faire la susdicte liève à raison de deux sols, six
deniers pour livres.
Ledict
Baynes à deux sols.
Ledict
Dupuy à vingt deniers.
Ledict
Baynes à dix huict deniers.
Ledict
Dupuy à quinze deniers.
Ledict
Baynes à quatorze deniers
Ledict
Dupuy à ung sol.
Ledict
Baynes à dix deniers.
Et
parce qu'il ne s'est présenté autre moins disant, aurions ladicte liève
délivrée audict Baynes comme dernier moins disant, o les qualités et conditions
susdictes à luy déclairées, sauf si aucun se présentoit et moins disoit, dans
l'heure de midy dudict jour, au greffe, et ordonner que ladicte heure escheue
et passée, il bailleroit par tout le jour ses cautions, pour ce faict estre
procédé comme de raison.
Et
ledict jour après ladicte heure de midy, nous maire et consulz susdictz, avons
mandé pardevant nous ledict Baynes, ensemble ledict Dupuy et sommé ledict
Baynes suivant son enchère et offres, en presance dudict Vigoreux, advocat du
Roy, de bailler ses cautions, lequel auroit dict et faict response que ses
cautions luy avoient manqué et ne le vouloient cautionner veu l'injure du
temps, et partant se désistoit et despartoit de son enchère et moins disant et
n'empeschoit ladicte liève estre délivrée à autre.
Surquoy
avons interpellé ledict Dupuy présant s'il vouloit persister en son enchère et
bailler cautions et la susdite délivrance luy seroit faicte à ung sol pour
livre, lequel auroit faict response que si la délivrance luy eust esté faicte
ledict jour du matin, il eust faict ses diligences de bailler ses cautions
qu'il avoit faict venir en ceste ville, et parce quelle ne luy avoit esté
faicte, ilz s'en seroient retournez, déclarant ne vouloir persister en ses
offres et enchère, et sans ledict de Baynes il eust eu ladicte liève à raison
de deux sols pour livre. Quoy veu, nous maire et consulz susdictz, aurions
faict ladicte délivrance au premier desdictz Baynes ou Dupuy qui présenteroit
ou bailleroit ses cautions par tout le jour, dont aurions faict procès-verbal
en présence dudict Vigoreux, advocat du Roy, comme dessus.
Et
advenant le lendemain quinziesme jour desdicts mois et an, au greffe, se seroit
présenté Annet Chalup sieur Dobige, habitant de ceste dicte ville, lequel avoit
offert faire la liève de la susdicte somme à raison de deux sols pour livre et
bailler cautions jusques à la somme de dix mil livres, dont avons obtenu acte
comme nostre greffier nous auroit rapporté. Et ledict jour mesme, ledict Dupuy
a esté sommé et requis de bailler et présenter ses dictes cautions, lui
déclairant que à faulte de ce faire il y seroit par nous pourveu comme de raison,
attendu l'urgente nécessité qu'il y avoit, lequel avoit faict response qu'il
n'en vouloit point, sinon en luy baillant ladicte liève à raison de deux sols
pour livre.
Et
advenant le dix septiesme jour desdictz mois et an, par devant nous maire et consulz
susdictz, en la maison de consulat et presance dudict de Vigoreux, advocat du
Roy, se seroit présenté Jean Dumas, marchand, habitant de ladicte ville, lequel
auroit offert faire la liève desdictz deniers à raison d'ung sol pour livre et
bailler bonnes cautions et parce qu'il ne se seroit présenté autres qui y eust
voulu moins dire, aurions faict ladicte délivrance de ladicte liève de la
somme, à raison d'ung sol pour livre audict Dumas, o la charge de bailler par
tout le jour ses cautions et de faire tenir les commissions de faire les fraiz
requis et nécessaires, dont aurions faict procès-verbal comme dessus.
Et
ledict jour par devant nous maire et consulz susdictz, audict consulat, ledict
Dumas en personne auroit présenté à caution Mécheliac de Laporte, advocat,
habitant de la présant ville, y présant, qui l'auroit pleigé et cautionné pour
la liève des deniers qu'il feroit des contributions susdictes et en auroit
faict son faict et debte propre, soubz l'obligation et rigueurs que de droict,
comme il est à coustume faire pour les propres deniers etaffaires du Roy.
Et
illec mesmes Mrs Jean Fayard, consul, et André du Jaroir, procureur,
présans, ont dict et attesté ledict Laporte estre solvable et responsable de ce
que dessus, dont du tout avons comme dessus faict procès-verbal, en présance
dudict Vigoreux, advocat du Roy, et ordonné que l'assiete et despartement de la
susdicte somme et estat des fraiz par nous faictz et commissions expédiées par
nostre greffier, seront baillées etdélivrées audict Dumas, pour faire diligence
de les faire tenir et amasser les deniers y contenus, ce que luy a esté
enjoinct à peyne de dix mil escutz et autres peynes que de droict, faict comme
dessus[45].
Le
roi de Navarre, étant à Bergerac, écrit la lettre qui va suivre à Geoffroy de
Vivans :
Monsieur de Vivan,
Dautant
que je désire pourvoir aux contributions des villes tenant le party en vostre
gouvernement, je vous prie d'envoier homme exprès qui soyt icy jeudy avec tous les
roolles qui ont esté faictz pour les contributions, affin d'advizer ce qui sera
nécessaire et d'hoster les désordres et confusions qui sont ; et m'asseurant
que vous y ferez tout devoir, je ne vous feray plus longue lettre, sinon pour
prier Dieu, monsieur de Vivant, qu'il vous aye en sa garde.
De
Brageyrac ce XIe juillet 1580.
Vostre
affectionné et asseuré amy,
Henry[46]
(2).
M. de Lestang, seigneur de Bélestang, président du
Parlement de Toulouse, recommença ses poursuites contre de Vivans et obtint le
30 juin 1583, un arrêt du Grand Conseil par lequel de Vivans fut condamné à
avoir la tête tranchée.
On le voit, ses ennemis
étaient puissants ; mais de Vivans se préoccupait fort peu des jugements rendus
contre sa personne ; le triomphe de sa cause, les services à rendre à son idole
le roi de Navarre étaient ses seuls soucis. Il était du reste toujours au
milieu de ses soldats qui pour lui, malgré sa sévérité, se seraient fait tuer
jusqu'au dernier. Il n'eût pas été facile de le prendre au corps pour l'exécution
de la sentence.
Si les ennemis de
Geoffroy étaient puissants, il avait, aussi de puissants amis qui ne restaient
pas inactifs ; nous n'en voulons pour preuve que la lettre de Charles de
Lorraine :
Monsieur
de Vivans, Encore que ie vous aye escript naguères, ce présentant la commodité
de ce pourteur, ie ne l’ay voullu perdre sans vous faire ce mot qui sera pour
vous asseurer de la volonté que j'ay de vous tesmoigner ce que ie vous suis,
laquelle vous cognoistrés par effect en tout ce qui deppendrade moy. Vous en
apprendrés davantage par Monsr de Pérignac, auquel ie mande bien
amplement mon intention, me promettant que le croyrés aiosy que ie le désire.
Je fais une recharge bien affectionnée à M. le présidant de Brive pour
l'affaire qu'avés ensemble dont ie désire vous tirer aullant que vous mesme, en
cella et toutes aultres choses qui vous toucheront et où ma puissance pourra
apporter quelque bien ; je vous prie croyre que n'avés amy qui plus volontiers
sy dispose que moy. Sur ceste vérité je finiray, priant Dieu vous donner Monsr
de Vivans, en bonne santé, heureuse et longue vie.
A
Dijon le XXX» de juing 1588.
Vostre
antièrement plus affectionné et meilleur amy,
Charles
de Lorraine[47].
Catherine de Navarre voulant
réunir le plus grand nombre d'hommes pour s'opposer à la Ligue qui disputait la
couronne à son frère, s'adresse à tous ses amis. Voici la lettre qu'elle
écrivit à de Vivans :
Monsieur
de Vivans, Vous aurez entendu la dissipation de l'armée de Gascoigne, qui
advint peult avoir deux mois, et les avantaiges que lesennemys cuydarent adoncq
prendre là dessus, et voiant à présent que mon cousin monsieur le mareschal de
Matignon s'estoit mis aux champs pour restablir en ladicte province l'authorité
du Roy monseigneur et frère, je désire de luy assister, non seulement des
hommes qui se pourront lever en ceste souveraineté, mais aussy atteus tous mes
meilleurs amys dont je vous tiens du nombre, afin que les ligueurs qui ja se
sont estendus durant quelques temps, jusques à se venir louger près de ce lieu
et entreprendre de vouloir faire contribuer ceste souverainetté, puissent estre
repoussés et tellement abatus, qu'ils ne puissent mesquy se tenir debout. Cela
me faict vous prier de venir trouver mondit cousin monsieur le mareschal de
Matignon, avec les forces que pourrez assembler, si tant est que n'avez
commandement contraire du Roy mondit seigneur et frère, et luy assister en
l'exécution de la louable et saincte entreprisse qu'il faict de purger la
Gascoigne de telles gens et la remetre en l'obéyssance de saMaiesté, à laquelle
je scay l'affection que vous rendez en toutes occasions et l’estat aussi
qu'elle eu faict pour ne vouloir laisser passer ceste cy devant vos yeulx, qui
est si belle et légitime comme vous la jugez. Faictz doncq que l'asseurance que
j'ay prins de vous et la recommandation que je y apporte, avec la conservation
de mon intérest recoyve le fruict que je me prometz de vous, croyant tousiours
que je demeureray, monsieur de Vivans,
Vostre
bien affectionnée amye.
Catherine
de Navarre.
A
Pau, ce VIme de may 1590[48].
Quelque temps après
Henri IV, indigné des poursuites incessantes de M. de Lestang, accorda à son
vaillant et aimé serviteur Geoffroy, de nouvelles lettres de rémission ; elles
sont ainsi conçues :
Henry,
par la grâce de Dieu, Roy de France et de Navarre, à tous présens et à venir
salut. Nous avons receu l'humble supplication de nostre bien amé Geoffroy de
Vivans, sr dudict lieu, contenant qu'en l'année m vc lxxvii
le dict sieur de Vivans, commandant lors eu tiltre et qualité de général pour
la nouvelle religion au païs de Limozin, estant logé en la ville de Brive
audict païs, auroit esté mis le feu en la maison de M. de Lestang, lors
président présidial au bas Limozin, au siège de Brive, dont ledict de Lestang,
présuposant que cela avoit esté faict du commandement du suppliant et de propos
délibéré en vindicte et pour quelque inimité que nostre cher et amé cousin le
vicomte de Turenne auroit conceue contre luy et contre le sr de
Lestang, son fils à présent pourveu dudict osfice de président, en auroit faict
informer et en vertu des dictes informations, auroit en l'année mil vc
iiiixx iii (1583) tant poursuivy par devant nos amez et feaulx les
gens tenant nostre Grand Conseil, que arrest de condamnation de mort s'en
seroit ensuivy contre ledict suppliant donné par défault et contumace et encore
par icelluy condamné en la somme de douze mil escuz d'amende, moictié à nous et
l'aultre moictié à la partie et le surplus de ses biens adiugez pour les
despens, comme plus au long est porté par ledict arrest, et encore que ledict
faict et cas cy-dessus soit commis en faict de guerre et hostillité et compris
es édictz faictz entre feu nostre très honoré s. et fre à nous pour
la pacification des troubles estainct et aboly par iceulx éedictz, néantmoings
et crainct que cy-après l'on l'en vouloist rechercher et attenter à sa personne
et biens, en vertu dudict arrest ou autrement s'il n'avoit sur ce nos lettres
nécessaires, lesquelles il nous a tres humblement supplié et requis luy
octroier. Savoir faisons que nous voulant en cest endroict subvenir audict
sieur de Vivans, en considération des bons et signallés services qu'il nous a
faictz puis vingt ans, au cours de nos guerres, en grandes et honorables charges
que nous luy avons commises, ny aiant espargné sa personne en toutes les
occasions qui se sont offertes, avons dict, déclaré et ordonné, disons,
déclarons et ordonnons le faict et cas dessus dict, avoir esté faict et commis
et faict de guerre et hostilité, et comme tel compris es eedictz de
paciffication faitz entre nostre dict feu frère et nous et de ceulx aboliz et
estainctz par lesdictz eedictz, et lequel cas ainsi qu'il est cy-dessus déclaré
et en quelque autre sorte et manière ont et puisse avoir esté faict et commis.
Nous avons de nouveau en tant que besoing seroit, de nostre grâce spéciale et
plaine puissance et auctorité royal, estainct et aboly, estaignons et
abolissons par ces présentes sur ce que ledict sr de Vivans en
puisse estre aucunement recerché, poursuivy ou molesté à l'advenir en ses
personne, biens et honneurs, soit en vertu dudict arrest de nostre dict Grand
Conseil ou autrement que nous avons cassé, révocqué et annullé, cassons,
revocquons et annullons par ces dictes présentes, ensemble les procès,
proceddures et tout ce qui en auroit esté faict contre ledict sieur de Vivans
pour raison de ce que dessus, déclairant ledict sr de Lestang et
toutes aultres parties sanc aucune action pour ce regard,et en avons imposé et
imposons silence à nostre procureur général présent et à venir et à tous
autres, nonobstant que l'on vouloit prétendre ledict faict de ceulx qui sont...
et réservez par lesdictz édictz et non estainct par iceulx ce que ne voulons
avoir lieu pour son regard et combien qu'ils fust advenu hors lesdictes
guerres. Avons pour ces mesmes causes et considérations icelluy sr
de Vivans excepté et exceptons des dictes réservations et entendons qu'il
jouisse de l'abolition portée par lesdicts édictz sans aucun empeschementl. Et
donnons en mandement à nos amez et féaulx conseillers les gens tenant nostre
Grand Conseil, que du contenu en ces présentes ilz facent, sousfrent et
laissent ledict sieur de Vivans jouir, user plainement et paisiblement sans luy
faire ne sousfrir luy estre faict, mis ou donné aucun trouble ou empeschement
au contraire nonobstant que ledict de Vivans ne se soit présenté en nostre dict
Grand Conseil depuis ledict arrest donné dedans les cinq ans portez par nos
dictz édictz et ordonnances pour ce faictz, ce qu'il n'a peu faire à cause de
l'assidu et continuel service qu'il nous a rendu près nostre personne et de
nostre très exprès commandement dont nous l'avons de nos grâce, puissance et
auctoritéque dessus, relevé et dispensé, relevons et dispensons et ausdictz
(édictz) et ordonnance pour ce regard seullement et sans tirer à conséquence
dérogé et dérogeons par ces dictes présentes, car tel est nostre plaisir. Donné
au camp de Pont-Sainct-Pierre, au mois de novembre, l'an de grâce mil cinq cens
quatre vingtz dix et de nostre règne le deuxiesme. Signées sur le reply par le
Roy, Forget, et à costé visa contentor, Combaud, et scellées du grand seau de
cire verd en laz de soye rouge et verd, et au dos registrata.
Collalionné
à l'original estant par devers le greffe du Grand Conseil du Roy, par mon
subzsigné commis à l'exercice dudict greffe à Tours le premier de mars an m vc
iiiixx x.
Du
Sault[49].
M. d'Hautefort, en
apprenant la nomination de Geoffroy de Vivans au gouvernement des comté de Périgord
et vicomté de Limoges, adressa à MM. du Parlement cette requête :
A nos
seigneurs de Parlement,
Supplie
humblement Esme Dautefort (sic), chevalier de l'ordre du roy, gouverneur pour
sa Maiesté au pais de Limosin, et pour le roy de Navarre en ses conté de
Périgord et viconté de Limoges, disant que de loctroy de certaine prétandue
provision, exécution et de tout ce que j’ai le moyen d'icelle s'en peult estre
ensuivy, concernant ledict gouvernement desdicts conté de Périgord et viconté
de Limoges, pour ledict sieur roy de Navarre, le tout faict et octroyé à son
préjudice, en faveur de Geoffroy de Vivans, le suppliant en aurait appelle et
son appel relevé en la Cour, et en icelle deepuis présenté requeste, pour faire
casser tout ce que, au préjudice dudict appel auroit esté faict, où sur le
tout, ayans les parties compareu, le supplyant communique ses pièces à maistre
Louis Boyframé, procureur dudict de Vivant, pour plaider sur le tout, lequel
Boyframé auroit gardé lesdictes pièces puis le moys de febvrier, jusques au
mois de may ensuivant, et à présent le suppliant voulant poursuivre la justice
de sa cause, ne l'ayant peu faire cy-devant, à cause des troubles, ledict
Boyframé a différé de procedder pour retarder et empescher que le suppliant
n'aye justice, lequel suppliant ne scait où faire appeller ledict de Vivans,
qomme n'ayant domicilie ne lieu certain de sa demeure, moings aulcun sergent
vouldront exploicter contre luy à cause de sa qualithé qui est notoyrement
cogneue de tous. Ce concédé, il vous plaise, de vos grâces, ordonner que ledict
Boyframé qui a comparu et occupe en ladicte cause et matière, et laquelle,
comme dict est, est encorres indécise en la Cour, procedder en icelle, prendra
pièces, recouvrera mémoyres et instruction dudict de Vivant, dans huictaine si
bon luy semble, pour venir plaider et procedder en ladicte matière, suivant les
derniers.
Au
premier jour après ledict délai, de redonner mémoyres escheu, le tout à peyne
de cinq cents escus et de tous despans, dommages et intérests, au nom propre
dudict Boyframé, attandu la matière dont est question, qui requiert scélérité,
comme estant question dudict gouvernement desdicts conté de Périgord et viconté
de Limoges, se ferez bien.
Soit
monstre au procureur général du roy et audict Boyframé. Faict à Bourdeaulx en
Parlement, le tresiesme jour de décembre, mil cinq cent quatre vingtz dix.
Ainsi
signé : De Garroy.
Le 21 août 1592,
Geoffroy de Vivans trouve une mort glorieuse au siège de Villandraut, où il
avait été appelé par le maréchal de Matignon. En apprenant ce malheur, Henri IV
s'empresse d'écrire à Jean, fils de Geoffroy, cette magnifique lettre dans
laquelle il fait l'éloge de la fidélité et de la bravoure de celui qu'il
considérait comme l'un de ses plus plus vaillants officiers :
Monsieur
de Vivans,
J'ai
entendu avec beaucoup de desplaisir la mort de feu sieur de Vivant, votre père,
pour la perte que j'y ai faicte d'un très bon et très fidelle serviteur ; comme
sa fin en a encore rendu très assurée preuve et confirmation de ce qu'il avoit
de si longtemps fait connoistre de la valeur et de l'affection qu'il avoit à
mon service. Je le plains aussy grandement pour l'amour de vous à qui la perte
touche plus avant que nul autre ; mais l'honneur dont il a accompagné toutes
ses actions jusqu'au dernier soupir de sa vie, vous demeure pour consolation,
avec l'assurance que vous pouvez avoir de retrouver en moy la mesme faveur et
bonne volonté que je luy portois pour ses mérites. Comme j'espère que vous
serez héritier de sa vertu et fidélité pour en rendre tous bons effets en ce
qui sera de mon service, suyvant l'instruction et exemple qu'il vous a donnés,
ainsy que durant sa vie vous avez déjà fait cognoistre par expériences en
plusieurs bonnes occasions, le vouloir en cela dignement imiter. Et pour vous
donner moyen de faire plus honorablement valoir cette bonne volonté, je vous ai
volontiers accordé la compagnie de gens d'armes de feu vostre dit père,
ensemble la charge et gouvernement de Caumont[50]
et des autres places de la maison dudit Caumont, où il avoit commandement, et à
vostre frère[51] la
compaignie destinée pour la garde de la ville dudict Caumont qui étoit sous
vostre nom, ayant de tout fait faire et baillé à vostre homme les expéditions
nécessaires pour vous le porter, avec ordonnance aussi pour vous faire employer
en l’estat de l'extraordinaire de mes guerres aussi et en la mesme qualité et
appointement que vostre dict père estoit.
«
Escript à Sainct-Denys, le 28 octobre mil cinq cens quatre vingtz douze.
Henry.
Et
plus bas Revolt.
En 1597, nouvelles
lettres patentes du roi portant rémission à feu Geoffroy de Vivans et à son
fils Jean, des prétendues violences qu'on leur reproche ; le roi déclare
qu'elles ont été commises par « exprès
commandement » et pour le bien de ses affaires. Ces lettres patentes se
trouvent dans les archives de la famille, liasse 23, n° 29.
Henry,
par la grâce de Dieu Roy de France et de Navarre, à tous ceulx que ces
présentes lettres verront, salut. Nostre cher et bien amé le sr de
Vivans, cappitaine de cinquante hommes d'armes de noz ordonnances, Nous a faict
remonstrer que le feu sr de Vivans, son père, auroit toute sa vie
porté les armes pour nostre service et y auroit esté tué au siège de
Vilondraulx, ayant durant icelle par nostre commandement et soubz nostre authorité
prins ou esté à la prinse des villes de Périgueux, Sarlat, Caumont, Domme,
Milhau et autres places, et depuis commandé en icelles et faict plusieurs
entreprises et exécutions sur les villes, chasteaux, temples et maisons fortes
tenues par noz ennemis, faict fortiffier, razer et desmollir aulcunes
d'icelles, imposé et levé deniers, magazins de vivres, pouldre, salpestre et
aultres choses nécessaires pour la conservation desdictes places, selon qu'il
estoit utille et proffitable pour le bien de nostre service et soulagement du
pays, de quoy il nous auroit tousiours rendu si satisfaisantz que nous luy
aurions continué le gouvernement d'aulcunes d'icelles jusques à son décès, et
aprésent en aurions baillé la charge audict exposant, son fils, qui s'en est acquitté
à nostre contentement ; et affin que l'on
ne puisse revocquer en doubte la droicte intention et bon debvoir desdictz
sieurs de Vivans père et fils à nostre service, il nous a requis l'en
voulloir sur ce pourveoir de déclaration nécessaire. Pour ces causes et pour les grandz, signalés et recommandables
services que ledict feu sieur de Vivans nous a faictz, tant auparavant nostre
advènement à la couronne que depuis et qui nous sont continuez par sondict
fils, Avons dict et déclaré, disons et déclarons par ces présentes, les
entreprises faictes sur lesdits villes, exécutions qui s'en sont suyvyes,
fortiffications, desmolitions, abattements de chasteaux, églises et maisons
fortes, establissement de garnisons, levées et conduicte de gens de guerre,
impositions, levées et distributions de vilvres et deniers, tant par nos
commissions que aultrement, perception et jouyssance des biens, fruictz et
revenuz appartenans à noz ennemys, butins, ransons, jugemens et exécution
d'iceulx, confection de pouldres et salpestre et générallement tout ce qui a
esté faict par ledict feu sieur de Vivans durant les guerres,et à l'exécution
d'icelles en quelque sorte et manière que ce soit au reste faictes par nostre
exprès commandement et pour le bien de noz affaires et service, et avons le
tout approuvé et advoué, approuvons et
advouons par ces présentes, sans que ledict exposant et héritiers dudict
feu sieur de Vivans et ceulx qui l'ont assisté, ny semblablement ceulx qui ont
esté par luy employés à la levée desdictz deniers et des biens, fruictz et
revenuz de nosdictz ennemys et qui ont faict la distribution d'iceulx par
commandemens, ordonnances et quictances dudict feu sieur de Vivans et dudict
exposant en puissent estre recherchés ne inquiétez, ores ne pour l'advenir,et
les en avons deschargés et deschargeons de nostre grâce spécialle par ces
dictes présentes, encores que l'ordre sur ce faict maimement et distribution
desdictz deniers n'aye esté gardé ny ensuyvy suyvant noz ordonnances ; de quoy
nous l'avons relevé et dispensé, relevons et dispensons, imposant sur ce
silence perpétuel à nostre procureur général, ses substitudz et tous aultres. Si donnons en mandement à noz amez et
féaulx conseillers les gens tenant nostre court de Parlement de Bourdeaux,
baillifs, seneschaulx ou leurs lieutenans et tous aultres nos officiers
justiciers qu'il appartiendra, que ces présentes ilz vérisfient, intérinant, et
dt contenu facent, souffrent et laissent jouir et user plainement et
paisiblement ledict sieur de Vivans, tant de ce qui a esté faict par son dict
feu père et luy à l'exécution des choses susdictes, ensemble ceulx qui les ont
suyviz et assistez et qui ont esté par eulx commandez, employez et advouez à
l'exécution desdictes choses, leurs hoirs et ayant causes, cessant et faisant cesser
tous troubles et empeschemens au contraire ; car tel est nostre plaisir. En
tesmoing de quoy, nous avons faict mettre nostre sceel à cesdictes présentes.
Donné
à Paris le douziesme jour de mars, l'an de grâce mil cinq cens quatre vingtz et
dix sept, et de nostre règne le huictiesme.
Signé
: Henry.
Et
sur le reply par le Roy, Potier, et scellé sur double queue du grand sceau de
cire jaulne, et à costé dudict reply est escript : Enregistré suyvant l’arrest
huy donné à Bourdeaulx en Parlement le vingt huictiesme jour de novembre mille
cinq quatre vingtz dix sept, signé du Pontac.
Collationné
à l'original, etc.
En terminant ce long travail, qu'il nous soit permis
de dire que Geoffroy de Vivans, ce vaillant capitaine huguenot que divers
historiens ont accusé d'excès et de cruautés de toutes sortes, fut un des plus
intrépides et des plus hardis compagnons de celui qu'on appelait alors le
Béarnais et qu'on nomma plus tard le père du peuple. Pour lui il dépensa sans
compter ses deniers et ceux de ses enfants ; dès 1567, il versa son sang avec
prodigalité pour la défense de sa cause et fit même, en 1592, le sacrifice de
sa vie pour le triomphe de celui qu'il appelait son bienfaiteur.
Si les historiens qui
se sont occupés de Geoffroy de Vivans avaient lu, comme nous et sans parti
pris, les archives qui l'intéressent, les lettres que lui ont adressées les
grands personnages de cette époque, même ses ennemis, les certificats de
bravoure que lui délivrèrent Henri III et Henri IV, ils n'auraient jamais osé
écrire ce qu'ils ont écrit sur la vie de ce héros qui, porté pour mort à la
bataille de Coutras, obligeait, par sa belle conduite, le roi Henri III à dire
: « Il ne serait pas bon au roy de Navarre de gaigner tous les jours des
batailles par la perte de tels capitaines. » C'est, je crois, le plus grand
éloge qu'on puisse faire d'un soldat périgourdin, dont le corps couvertde
blessures était le plus éloquent témoignage de sa bravoure et de sa sincère
affection pour son roi.
G. CHARRIER, Conservateur
des archives municipales de la ville de Bergerac.
[1] Documents divers extraits des
archives de la maison de La Verrie de Vivans.
[2] Guy de Montferrand, baron de
Langoiran, capitaine du roi de Navarre, frère cadet de Charles de Montferrand,
gouverneur de la ville de Bordeaux.
[3] Cette entreprise fut tentée le
lendemain de Noël 1577, par le sieur Couture.
[4] Archives de Bergerac, collection
Faugère, quatrième carton, n° 17 copie.
[5] Archives de Bergerac, collection
Faugère, quatrième carton, N° 17, copie.
[6] Pécout (Théodore), né à
Périgueux le 12 juin 1537, prêtre, curé-doyen d'Hautefort (Dordogne).
[7] Dana une note écrite par un de
Chilhaud, donnant quelques renseignements sur cette famille, nous trouvons :
« La ville de Périgueux fut reprise
sur les ennemis de l'Etat, le jour de Sainte-Anne, de l’an 1581, par Jean de
Chilhaud des Fieux, mon cinquiesme ayeul. Le roi Henri III lors régnant luy
témoigna la satisfaction qu'il avoit de ses services et lui envoya des lettres
de noblesse, avec des armoiries relatives à l'action ». (Archives de
Bergerac, collection Faugère, 3e carton, n° 44). Le même écrivain fait remonter
plus haut la noblesse de sa famille, puisqu'il dit qu'un capitaine Chilhaud
conduisit sa compagnie au siège de Castillon (1451) et s'y distingua ; que ces
compagnies étant composées de cent hommes d'armes, chaque homme d'armes ayant
avec lui quatre ou cinq hommes, le capitaine devait forcément être gentilhomme.
Il ajoute : « Je n'entrerai pas
dans le détail des honneurs et privilèges accordés par la ville de Périgueux a
son libérateur toute la province sait qu'on en rappelle chaque année la mémoire
dans un sermon. »
[8] Bernard, baron d'Arros, un des
douze barons du Béarn.
[9] Archives des Basses-Pyrénées, B.
23. 22.
[10] Il est sans doute fait allusion
à l'entreprise malheureuse tentée par Guillaume de Leymarie, sieur du Rat, les
Bories, d'Hautefort, de Rognac de Trigonant et autres.
[11] On a voulu sans doute désigner
François Orfaure, qui fut maire de 1578 à 1579.
[12] Publication faite à son de
trompe ou de caisse.
[13] Archives de La Verrie du Vivans,
liasse 22, n° 3.
[14] Archives de la Verrie de Vivans,
liasse 23, n° 34.
[15] Archives de La Verrie de Vivans,
liasse 23, n° 35.
[16] Il était fils de Jean de Duèze
dit de Foix Carmaing, et de Madeleine de Coupène. Il se rendit très célèbre par
son esprit et par son habileté comme négociateur, et avait été promu en 1577, à
l'archevêché de Toulouse ; mais il mourut à Rome en 1584, sans avoir été sacré.
[17] Nicolas Molé, seigr
de Jusanvigni-des-Hayes et de Vitry-sur-Seine, conseiller du roi et de la reine
sa mère, intendant général des finances, fils de Nicolas Molé, conseiller au
parlement, et de Jeanne Hennequin. Il mourut le 6 décembre 1586 à l'âge de
cinquante ans.
[18] Jean le Lieur, maître des
comptes, seigr de Marchais, fils de Jacques le Lieur, seigr
du Chesnay, correcteur des comptes, et de Jeanne de Thou, était beau-frère du
célèbre historien de Thou
[19] Archives de La Verrie de Vivans,
liasse 23, n° 37.
[20] Archives de La Verrie de Vivans,
liasse 23, n° 38.
[21] Archives de La Verrie de Vivans,
liasse 23 n° 39.
[22] Archives de La Verrie de Vivans,
liasse 23, n° 40.
[23] Le recueil des lettres missives
au lieu de ces trois derniers mots dit par erreur : « sur les avances. »
[24] Le recueil que nous venons de
citer dit : « Je ne scaurois estre plus long. »
[25] Archives de La Verrie de Vivans,
liasse 23, n" 42.
[26] Le journal de Faurin nous
apprend que le lendemain même, 21, le vicomte de Turenne arriva à Castres et y
fut reconnu commandant général du pays.
[27] Archives de La Verrie de Vivans,
liasse 23, n° 43.
[28] Philippe Strozzi, second du nom,
fils de Pierre, maréchal de France, naquit à Venise en 1541 ; embrassa à 15 ans
la carrière des armes, fit son apprentissage sous Charles de Cossé, assista à
diverses rencontres, reçut une arquebusade au travers du corps à la prise de
Blois. Mestre de camp du régiment des Gardes, colonel à la seconde guerre des
réformés et colonel-général de l'infanterie française après la mort de M.
d'Andelot. Le 1er janvier 1579, il reçut du roi Henri III le collier
de l'ordre du Saint-Esprit. Il fut pris par les Espagnols aux Açores et remis
entre les mains du marquis de Sainte-Croix. Il fut tué de sang froid, contre
les lois de la guerre et de l'honneur, et fut jeté dans la mer.
[29] Archives de La Verrie de Vivans,
liasse 23, n° 44.
[30] Archives de La Verrie de Vivans,
liasse 23, n° 45.
[31] Archives de La Verrie de Vivans,
liasse 23, n° 46.
[32] Archives de La Verrie de Vivans,
liasse 23, n° 47. C'est la dernière lettre du roi de Navarre portant au dos « à
M. de Vivans, gouverneur de Périgueux ».
[33] Archives de La Verrie de Vivans,
liasse 23, n° 96.
[34] Archives de La Verrie de Vivans,
liasse 23, n° 98.
[35] Archives de La Verrie de Vivans,
liasse 23, n° 97.
[36] Archives de Bergerac, collection
Faugère, 4e carton, n° 17.
[37] Archives de Bergerac, collection
Faugère.
[38] Archives des Basses-Pyrénées, B.
2333.
[39] Archives de La Verrie de Vivans,
liasse 21, n° 7.
[40] Archives de La Verrie de Vivans,
liasse 21, n° 7.
[41] Archives de La Verrie de Vivans,
liasse 21, n° 6.
[42] Archives de La Verrie de Vivans,
liasse 32, n° 4.
[43] Archives de I.a Verrie de
Vivans, liasse 22, n° 19.
[44] Archives de La Verrie de Vivans,
[45] Archives de La Verrie de Vivans,
liasse 22, n° 6.
[46] Archives de La Verrie de Vivans,
liasse 23, n° 46.
[47] Archives de La Verrie de Vivans,
recueil des lettres missives.
[48] Archives de La Verrie de Vivans,
liasse 23, n° 94.
[49] Archives de La Verrie de Vivans,
liasse 1re, n° 1
[50] Caumont-sur-Garonne, commune du
canton du Mas-d'Agenais, Lot-et-Garonne.