Source :
Bulletin SHAP, tome XXXVII (1910)
pp. 169-171.
VARIA
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Documents
français en Angleterre, etc…
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Les
débuts de la Réforme en Périgord
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Etienne
de La Boétie à l’université d’Orléans
DOCUMENTS FRANÇAIS
EN ANGLETERRE
DOCUMENTS RELATIFS A L'AGENAIS, AU PERIGORD ET A LA
SAINTONGE A LA FIN DU XIIIE ET AU COMMENCEMENT DU XIVE
SIECLE
par M. Ch. V. Langlois.
(Bibl. de l’Ecole des Chartes, tome 51, 1890,
p. 298).
«
Les archives et les bibliothèques d'Angleterre contiennent des documents de
premier ordre pour l'histoire de nos provinces aquitaniques, et si les Sociétés
savantes du midi de la France y pratiquent jamais des fouilles, elles seront
récompensées par des trouvailles. J'ai réuni, pendant un récent voyage à
Londres et à Oxford, quelques
notes que je soumets à l'attention des érudits de l'Agenais, du Périgord et de
la Saintonge, avec l'espoir de leur suggérer la pensée de publier dans leurs
recueils des, pièces d'une grande valeur au point de vue de l'histoire et de la
géographie locales …..
Périgord, Limousin, Quercy. Les empiétements
consommés par les rois de France sur les droits et les terres des rois
d'Angleterre, depuis les traités conclus entre Louis IX et Henri III jusqu'en
1310, sont exposés en détail, pour les provinces du Périgord, Limousin et
Quercy, par un mémoire qui a pris place dans le ms. Julius E. 1 (folio 212 v°
216.)
Informatio
facta per magistrum Arnaldum de Codico, judicem Petragoricensem, anno Domini
M.CCC.X., de occupatis in Petragoricinio, Lemovicinio et Caturcinio per dominum
regem Ffrancie et alios in prejudicium domini regis Anglie.
On
est confondu, en lisant ce mémoire très précis et très probant, des progrès
extraordinaires accomplis par la royauté française, en trente ans, sur toute la
ligne de ces frontières... ». (p. 300)
Quelques
années plus tard, dans un article de M. Jules Viard, sur les Documents français remis au Gouvernement anglais à la
suite du traité de Brétigny (Bibl. de l'Ecole des Chartes, 1897, tome 58,
p. 155), l'auteur nous dit qu'on avait cru longtemps sur la foi de Jules Delpit
et plus tard sur l'affirmation de M. Langlois qu'il n'y avait aucun document
français dans les archives anglaises, ou tout au moins qu'on n'en avait pas
trouvé; « mais, ajoute-t-il, il ne serait pas étonnant qu'ils fussent compris
dans la quantité encore considérable de documents non classés et inexplorés qui
existent dans ces dépôts ». En attendant qu'on puisse les retrouver, M. Viard
nous signale deux pièces prises dans les Extraits faits par Menant, à la fin du
XVIIe siècle dans la Chambre des comptes (Bibl. de Rouen, coll.
Leber. Extraits de Menant, t. II, fol. 9 v° à 11
recto et 18 à 19).
I
1362 (n. st.), 18 janvier. Mandement de
Jean le Bon enjoignant au sénéchal et au receveur de Saintonge de livrer aux
gens du roi d'Angleterre tous les livres, papiers, registres, comptes, chartes
et lettres qui seraient en sa possession et concernant les terres, domaines et revenus de
Saintonge, excepté les comptes qui ne sont pas encore réglés.
……………………………………………………………………………………
Item
en pareille forme aux seneschal et receveur de Caourssin et de Pierregort ».
II
1362 (n. st.), 19 janvier.
« Quittance donnée par les envoyés
du roi d'Angleterre à la Chambre des comptes, des livres et comptes énumérés
dans cette pièce.
……………………………………………………………………………………
Item,
de Perigort, de l'an 1298 et de l'an 1336 et de l'an 1353 ».
Enfin, je trouve dans la collection Lapeyre,
à la Bibliothèque municipale de Périgueux, une note manuscrite ou l'érudit
collectionneur relate un fait qu'il a entendu raconter à M. de Mourcin et qui
se rapporte à des événements bien plus rapprochés de nous.
« Le
Cadastre de l'Irlande venait d'être achevé, et un vaisseau portait à Londres ce
travail exécuté avec un très grand soin. C'était pendant nos dernières guerres
avec les Anglais. Le vaisseau fut pris par un croiseur français qui reçut ordre
du Gouvernement de déposer ce cadastre à la Bibliothèque nationale où il fut oublié.
En
1816 ou 17, époque où les Anglais abondaient à Paris et portaient partout leurs
investigations, ils découvrirent le Cadastre Irlandais et s'empressèrent de le
faire réclamer par leur Gouvernement. Une note fut, en effet, remise ù l'un des
ministres français, qui se montrait assez disposé à accorder la demande du
Gouvernement Anglais, lorsqu'il en fit parler à M. Dacier, conservateur de la
Bibliothèque du Roi. M. Dacier demande une note à l'abbé Lespine, qui, très au
courant de tout ce qui nous avait été pris par les Anglais, écrivit un mémoire
par lequel il priait le ministre français de réclamer en contr'échange à
l'Angleterre une quantité de titres, qui nous avaient été enlevés à différentes
époques, et qui nous étaient indispensables pour l'étude de notre histoire.
L'Angleterre
ne voulant pas se dessaisir de nos titres, l'affaire en resta là. Et comme on
détériorait, à force de les feuilleter, les volumes qui contenaient le Cadastre
Irlandais, on finit par ne les communiquer que très rarement.»
F. V.
pp.
171-175
LES
DÉBUTS DE LA RÉFORME EN PÉRIGORD
M.
Henry Patry, archiviste aux Archives nationales, a relevé dans les actes du
Parlement de Guienne, aujourd'hui conservés aux Archives du département de la
Gironde, tous les arrêts de cette Cour qui concernent l'histoire des débuts de
la Réforme dans son ressort. Le tome XLIV (1909), sous presse, des Archives historiques de la Gironde, contient la
première partie de l'inventaire ainsi dressé, qui donne, pour chaque arrêt, une
analyse, et, souvent des extraits, plus ou moins copieux, suivant le degré
d'importance de l'acte (1). Ayant eu communication des bonnes feuilles du
travail de M. Patry, il nous a paru intéressant d'en extraire pour notre Bulletin les données qui visent le Périgord. Les
références fournies à la suite de chaque analyse permettront de se reporter
facilement aux documents ; les nombres notés après la référence indiquent, ceux
qui sont figurés en chiffres romains, la division, ceux qui sont figurée en
chiffres arabes, la page du volume des Archives d'où
ces données sont extraites.
R. V.
10
juin 1542. Arrêt ordonnant des poursuites contre Pierre Gasledius, médecin, habitant à Périgueux. (Arch. de
la Gironde, B. 24 [reg.], à la date.)
«
La Court ordonne que Me Jean de Belcier, juge-mage en la sénéchaussée
de Périgord, et, en son absence, le lieutenant particulier ou premier des
conseillers en ladite sénéchaussée, se transportera aux maisons de Jean Veyret,
apothicaire de Périgueux, et saisira tous les livres, papiers et autres choses
qu'il trouvera en ladite maison et hôtellerie, appartenant à un qui se nomme
Pierre Gasledius, qui se dit
médecin. Et desdits livres et titres d'iceux fera description et le tout
enverra incontinent devers ladite Cour, pour, le tout vu, être sur ce pourvu
comme il appartiendra.
N° XIII, pp.
100-101.
13
juin 1542. Ordre de bailler la somme nécessaire pour faire les poursuites
contre Pierre Gasledius, prisonnier ès
prisons du Parlement. (Arch. de la Gironde, B. 24 [reg.], à la date.)
N° XIV, p. 101.
4
août 1542. Ordre aux évêques du ressort de mettre par devers la Cour les sommes
nécessaires à la poursuite des hérétiques. (Arch. de la Gironde, B. 24 [reg.],
à la date.)
Ordre
relatif à l'exécution de l'édit royal du 24 juin 1589. L'évêque de Périgueux et
celui de Sarlat sont taxés chacun à 50 écus.
N° XXIV, pp.
109-110.
9
septembre 1542. Arrêt condamnant au bannissement Pierre Gasledius, .médecin hollandais. (Arch. de la
Gironde, B. 24 [reg.], à la date.) Cf. ci-dessus, n°s XIII et XIV.
N° XXXV, p. 116
26 septembre 1542. Arrêt ordonnant
l'élargissement de François de Alba, procureur au siège de Bergerac. (Arch. de
la Gironde, B. 24 [reg.], à la date)
L'élargissement
est accordé jusqu'à la prochaine fête de Saint-Martin d'hiver, moyennant une
caution de 4.000 livres tournois.
N° XLII, p. 119.
28
septembre 1542. Nouvel arrêt ordonnant l'élargissement de François de Alba.
(Arch. de la Gironde, B. 24 [reg.], à la date.)
Le
commis du greffe ayant refusé d'accepter les cautions fournies par François de
Alba, et, par suite, de l'élargir, le Parlement ordonne de nouveau
l'élargissement du prisonnier.
N° XLIII, p.
120.
17 octobre 1512. Arrêt prolongeant le
délai octroyé à François de Alba pour faire comparaître ses témoins. (Arch. de
la Gironde, B. 24 [reg.], à la date.)
N° LI, pp.
125-126.
30
mars 1546. Arrêt ordonnant comparution de divers habitants du ressort, en
particulier du Sarladais, poursuivis pour hérésie, (Arch. de la Gironde, B. 26
[reg.], à la date.)
Cet
arrêt vise un jugement rendu par provision par lu Cour le 24 février 1515 contre
Me Jean Valade, Raimond Martin, Jean de Podio (Dupuy), Pierre dit Peyron de Rupe,
Antoine Griffoul, Raimond Magnanatel Guillem Mouraile ; il vise, d'autre part,
Pierre Turcault, détenu aux prisons de Sarlat, et Me Pierre
Lorganiste.
N° LXIX, pp. 138
139.
30
mars 1546. Arrêt prescrivant aux officiers du siège de Sarlat d'avancer
certaine somme pour les frais de poursuite des hérétiques. (Arch. de la
Gironde, B. 26 [reg.], à la date.)
Me
Antoine de Salis, lieutenant général, et Pierre Blanchier, avocat du Roi en la
sénéchaussée de Périgord au siège de Sarlat, payeront et avanceront à Me Pierre
de Carle, conseiller du Roi en ladite Cour, et à Antoine de
Lescure, aussi conseiller et procureur général en ladite Cour, la somme de 50
écus d'or sol, etc..
N° LXX, p. 140.
24
septembre 1519. Arrêt ordonnant des poursuites contre Pierre Teyssières,
libraire de Périgueux, et Antoine Brousse, son serviteur. (Arch. de la Gironde,
B. 28 [reg.], à la date.)
N° LXXXL p. 148.
28
novembre 1519. Arrêt condamnant Jean Seguin, dogmatisant, poursuivi par le
lieutenant du sénéchal de Périgord au siège de Bergerac, à la pénitence
publique et au feu. (Arch. de la Gironde, B. 28 [reg.], à la date.)
«
... Veu par les commissaires ordonnez par le Roy pour tenir la justice establie
en dernier ressort pendant la surceance du Parlement de Bourdeaulx, le procès
criminel faict à la requeste du procureur du Roy par le seneschal de Périgort
ou son lieutenant au siège de Bragerac a l'encontre de Me Jehan Seguyn,
prisonnier détenu en la conciergerie, chargé du crime d'herezie, confession
faite par led. Seguyn pardevant led. lieutenant de Bragerac, censure des
propositions et confession dud. Seguyn par les docteurs en théologie sur ce
députez, les livres trouvez en ung sac a luy appartenant aussi censurez et tout
considéré : dict a esté que lesd. commissaires ont declairé et declairent led.
maistre Jehan Seguyn avoir excédé et délinqué et pour reparacion des parolles
par luy dictes et profferées tant contre le Sainct Sacrement de l'autel que autres
mentionnées aud. procès contre la foy et détermination de saincte mère église
et avoir prêché et dogmatisé, ont condemné et condemnont icelluy Seguyn a estre
trayné sur une clye par les lieux et carrefours acouslumcz de la présent ville
de Bourdeaulx et cstre mené devant l'église métropolitaine Saincl-André de
Bourdeaulx et illec demander pardon a Dieu, Nostre-Dame, sainctz et sainctes du
paradis, au Roy et a justice, ayant une torche de cire ardent en la main, et,
ce faict, estre mené et conduict au devant le Palais roial de Lombrière, et
illec estre bruslé et son corps mis en cendres par l'exécuteur de la haulte
justice où seront aussi bruslez les livres reprouvez trouvez en ung sac a luy
appartenant et par luy recongneu; et oultre le condennent es fraiz et mises de
justice. »
N° LXXXIX, pp.
155-156.
1er
février 1550 (n. st.). Arrêt condamnant l'évêque d'Agen à rembourser à l'évêque de Périgueux tous frais faits
par celui ci dans les poursuites intentées à Jean Seguin, régent. (Arch. de la
Gironde, B. 28 [reg.], à la date.)
Jean
Seguin, qualifié ici de « regent d'escolles » est le même personnage dont
il est question dans l'arrêt précédent.
N° XCV, pp. 160-161.
1er
mars 1550 (n. st.) Arrêt déterminant les frais dus à Bernard de Laporte,
écuyer, pour avoir mené Jean Seguin de Bergerac à la conciergerie. (Arch de la
Gironde, B. 28 [reg.]. à la date.)
«
... Il sera tauxé aud. de Laporte avecques ung homme a cheval et son laqay
quatre journées a raison de vingt quatre solz parisis par jour, et pour la
garde et conduicte dud. Seguyn depuiz Brageyrac jusques en ceste ville de
Bourdeaulx, luy seront tauxées huict journées pour douze hommes a cheval a deux
solz parisis par homme et six hommes a pied et pour chascun d'eulx six sols
parisis par jour et pour led. de Laporte, son homme a cheval et laquay vingt
quatre solz parisis pour une chacune desd. huict journées ; ... ...
N° XCVI, pp.
161-162.
29 mai 1551. Arrêt
renvoyant par devant le lieutenant du sénéchal de Périgord au siège de
Bergerac, Pierre Begon, orfèvre dans
celte ville, présentement détenu en la conciergerie du Parlement pour crime
d'hérésie. (Arch. de la Gironde, B. 43 [liasse], à la date.)
N° CXX, pp.
182-183.
6
juin 1551. Arrêt ordonnant le payement de certaine somme à l'occasion du transfert de Pierre Begon, de Bergerac, à la conciergerie.
(Arch. de la Gironde, B. 44
[liasse], à la date.)
N° CXXIV, pp.
181-185.
5 août 1551. Arrêt ordonnant
d'administrer témoins en l'affaire de Pierre Begon. (Arch. de la Gironde, B. 46
[reg.], à la date.)
N° CXXIX, pp.
187-188.
19
septembre 1551. Arrêt ordonnant supplément d'information sur le cas de Pierre Begon, orfèvre de Bergerac, et
élargissement de celui-ci. (Arch. de la Gironde, B. 36 [liasse], à la date.)
N° CXXXV, p.
192.
(1) Sous ce titre : Arrêts du Parlement de Guienne concernant l'histoire
des débuts de la Réforme dans le ressort de ce Parlement, transcrits par M. H.
Patry.
pp. 412-414.
ETIENNE
DE
LA BOÉTIE
A L'UNIVERSITE
D'ORLEANS.
Il existe dans le précieux fonds de
l'Université d'Orléans aux Archives du Loiret, sous la cote D 476, deux actes
concernant les frais de l'examen de licence en droit civil subi par notre
illustre compatriote, Etienne de la Boétie, devant celle Université, le 23
septembre 1533. Ces actes ne sont pas inédits. Feu Jules Doinel, ancien
archiviste du Loiret, les a publiés dans une brochure tirée à 50 exemplaires
(et partant rarissime), intitulée : Documents du
XVIe
siècle tirés des Archives orléanaises (Etienne La Boëtie, Lambert Daneau, Geoffroy Vallée, François
Daniel, Théodore de Bèze, Marie Touchet, Agrippa d’Aubigné), par Jules Doinel,
archiviste paléographe. Orléans,
Herluison, 1876, in-8°, 10 pages (pp. 7 et 8). Les textes, tels qu'ils sont
reproduits dans celle brochure, n'étant pas, semble-t-il, irréprochables, nous
avons demandé à M. J. Soyer, actuellement archiviste du Loiret, une copie
exacte de ceux qui intéressent l'auteur du Contr'un. Celle transcription nous a paru pouvoir figurer utilement
dans les Varia de notre Bulletin, car rien de ce qui touche La Boétie ne saurait nous
laisser indifférents. On la trouvera ci-après.
R. V.
1re pièce, papier.
Eodem die pro licencia magistri Stephani
La Boëtie, Sarlatensis diocesis, in jure civili, anno et die quibusupra (sic) [23 septembre 1553] :
Pro domino
scolastico....................... xl s.
Pro bidello
(1) nationis (2)................... v
s.
Pro procuratore................................ ii s. vi d.
Pro natione........................................... x
s.
Pro bursa
Universitatis....................... xxx
s.
Pro
receptore generali...................... ii s.
Proscriba.............................................. xii
d.
Pro bidello generali ceterisque........ xlviii s.
Quia baccaloreatus. (Le scribe
avait d’abord écrit : Et
est au lieu de quia.) [en blanc].
Mynier, loco rectoris
(Signature autographe).
2e pièce,
papier.
Eodem die quo supra, ordinatum fuit
a domino rectore et collegio Universitatis Aurelianensis quod magister Stephanus
La Boétie Sarlatensis diocesis, solvet pro jure sui gradus licencie in jure
civili triginta asses turonenses et pro jure nationis decem alios. Nihil autem
pro juranda quia baccalaureus. Actum in dicto collegio, anno Domini millesimo
quingentesimo quinquagesimo tertio, die vero, vicesima tertia mensis
septembris.
Cheteau, pro scriba. (Signature autographe).
(1) Appariteur; même mot que bedellus dont on a
fait bedeau.
(2) Les étudiants
de l'Université d'Orléans étaient divisés en plusieurs nations, suivant leur
pays d'origine : nations de Bourgogne, Ecosse, France, Lorraine, Allemagne,
Picardie et Champagne, etc.