Source : Bulletin SHAP, tome XXXXIII (1916)
VARIA
pp. 250-251.
BULLE DU PAPE GREGOIRE IX CONCERNANT LE DIOCESE
DE PERIGUEUX
La bulle du pape Grégoire IX, dont on trouvera le texte
ci-après, est extraite du recueil des bulles de ce pape, publié par M. Lucien
Auvray (l). Datée du 17 juillet 1229, à Pérouse, elle est adressée à l'évêque
de Périgueux, alors Raymond de Pons, à l'abbé de Peyrouse (2) et à
l'archidiacre de Périgueux. Dans cet acte, le pape ordonne de ramener au
chiffre de vingt le nombre des chanoines, cinquante et plus, qui avaient été
ordonnés indûment dans l'église de Poitiers, et il déclare qu'il n'a jamais été
dans son intention que des enfants ni des personnes déjà titulaires de
bénéfices dussent être considérés comme idoines en une église où ils ne peuvent
remplir effectivement les fonctions de leur charge. La pénurie, pour ne pas
dire la disette absolue, des archives ecclésiastiques ayant trait à notre
province, nous a conduit à penser qu'il pouvait être intéressant de reproduire
dans notre Bulletin ce texte qui fournit une petite contribution à
l'histoire du diocèse de Périgueux.
R. V.
« ...Petragoricensi episcopo,
...abbati de Petrosa, Petragoricensis diocesis, et magistro A. Samathie,
archidiacono Petragoricensi. Super inordenata ordinatione quinquaginta
canonicorum et amplius in ecclesia Pictaviensi presumpta, vobis mandavimus ut
tante multitudinis numerum usque ad vicesimum, de quinquaginta predictis
implendum, si tot ex ipsis inveneritis idoneos, alioquin de aliis, auctoritate
apostolica reducere curaretis. Sed, cum quidam de institutis eisdem sufficienter
beneficiati sint alibi, quorum aliqui ecclesiasticas obtinent dignitates,
aliqui vero beneficia que curam habent animarum annexam, et quidam in puerili
existant etate, nos consulere voluistis an tales reputare idoneos debeatis. Cum
autem illi sint in ecclesiis idonei reputandi, qui servire possunt et volunt in
ipsis, vobis taliter respondemus, quod non fuit intentionis nostre, cum super
hoc scripsimus, quod pueri et beneficiati, qui non possunt in eadem ecclesia
deservire, in ea debeant idonei reputari. — Dat. Perusii,
XVI (decimo sexto die ante...) Kalendas augusti, pontificatus nostri anno
tertio. »
(Reg. 14, f° 130 r°, ann. III, c. 37 : — Moreau,
1184, f° 299 ; — Potthast, 8429 ; cf. ibid., 9629).
(1) Les Registres
de Grégoire IX, recueil des bulles de ce pape publiées ou analysées d'après les
manuscrits originaux du Vatican, par Lucien Auvray, dans Bibliothèque
des Ecoles Françaises d'Athènes et de Rome, 2e
série, t. IX. Cette bulle porte dans le recueil
le n° 323.
(2)
L'abbaye de Peyrouse était située sur le territoire de la commune actuelle de
Saint-Saud.
pp. 271-274 (extrait)
LA SEIGNEURIE
DE MONTPON EN PÉRIGORD (1344-1789)
Dans
tous les actes anciens, chartriers, papiers de famille, Montpon s'écrit, tantôt
Montpaon, tantôt Monpaon, quelquefois Monpon, mais jamais Montpont, avec la
lettre finale t.
On
a donné à cette ville, située sur la rive gauche de l'isle, une origine fort
ancienne : Montpaon dériverait de Mons Pavonis, montagne du Paon.
Cette
montagne, énorme butte de terre, était l'ancien Oppidum romain de
Puychalup dont l'académicien Henri de Jourdain de la Fayardie nous a laissé une
intéressante description. Plus tard, elle devint château fortifié, habité,
dit-on, au XVe siècle, par une bande de reîtres pillards, qui
rançonnaient les environs, arrêtaient les bateaux sur les deux rivières de
l'isle et de la Dordogne.
La
ville de Montpon — orthographe officielle — chef-lieu de canton de la Dordogne,
était avant 1789, le siège de la seigneurie de ce nom, qualifiée aussi de
baronnie (1).
Cette
seigneurie n'avait pas pour limites exactes, les territoires composant le
canton actuel ; elle s'étendait, en tout ou partie, sur quatorze paroisses
environnantes (2), remaniées depuis et attribuées à diverses formations
cantonales.
La
copie d'un acte sur parchemin, inventorié en 1760, et déposé aux archives du
château de Montpon, en témoigne, comme il en ressortira au cours de cette
notice.
Au XIVe
siècle, la terre de Montpon appartenait aux seigneurs Archambaud de Taleyrand,
comtes du Périgord, qui l'avaient reçue en 1344, à charge de foi et hommage du
roi Philippe de Valois, agissant en qualité de duc de Guienne. La seigneurie de
Montpon en Périgord faisait partie de ce duché, et relevait immédiatement du
Roi de France.
Elle
change de mains en 1399, et devient la propriété du duc d'Orléans, Louis I,
frère de Charles VI, assassiné à Paris en 1407. Le duc d'Orléans n'avait pas
acheté cette terre, mais il la tenait du Roi de France, lequel l'avait confisquée
sur les seigneurs Archambaud père et fils, pour cause de crime de lèse-majesté.
Par
acte du 23 janvier 1399, le duc d'Orléans Louis I, rend hommage au Roi de
France. (Copie à l'inventaire de 1760). Son fils, Charles, comte d'Angoulême,
lui succède.
De
la famille d'Orléans, Montpon passe dans celle de Jean de Bretagne, bâtard
d'Orléans. La vente du comté de Périgord et des terres qui en dépendent par le
duc d'Orléans au prince Jean de Bretagne, est en date du 4 mars 1438.
Son
frère Guillaume lui succède, laissant pour héritière Françoise de Bretagne,
comtesse de Penthièvre et de Périgord, dénommée aussi vicomtesse de Limoges et
dame de Montpaon.
Celle-ci
apporta la terre de Montpon, dans la famille d'Albret, par son mariage avec
Jean d'Albret, vicomte de Tartas.
Le
chartrier de Montignac révèle plusieurs pièces d'un procès pendant devant le
Parlement de Bordeaux, entre le sire d'Albret comte de Périgord et vicomte de
Limoges et le syndic des Chartreux de Vauclère (sic), châtellenie de
Montpaon, pour le territoire des Barthes. Et aussi un instrument de transaction
faite par les tuteurs de Françoise de Bretagne et confirmation par Jean de
Tartas, son mari, dont il appert que les dits sieur et dame se réclament de la
qualité de fondateurs du couvent de Vauclère.
Ainsi,
l'alliance contractée entre la maison royale de France et celle d'Albret, fit
passer les biens de cette dernière dans la maison de Navarre.
En
conséquence, les rois Jean (1491-1516) et Henri (1516-1555) de Navarre, furent
successivement comtes de Périgord et seigneurs de la terre de Montpon, devant
foi el hommage au Roi de France, duc de Guienne.
Jeanne
d'Albret, fille de Henri, qui avait épousé en 1548 Antoine de Bourbon, duc de
Vendôme, et donné le jour en 1553 à un fils qui devait être Henri IV, roi de
France, succéda à son père en 1555 et mourut en 1572.
Par
contrat signé à La Rochelle, le 24 janvier 1571, Jeanne d'Albret, reine de
Navarre, vend à Michau de Lur, seigneur de Longas, quatre forêts de la terre de
Montpaon, dénommées le Poyal Blanc, Ferrachate, Puy-Chalus et le Buzet. Celle
vente est faite pour la somme de soixante mille livres, avec faculté de rachat
et réserve de l'hommage lige. La dame Reine se réserve en outre tout le bois
nécessaire pour la construction de prisons qu'elle entend faire construire en
la ville de Montpaon (3).
Dix
ans après la mort de Jeanne d'Albret, son fils, Henri de Navarre, par acte
notarié devant Mirambeau, du 24juil-let 1582, cède la terre de Montpon, telle
qu'elle se comporte, avec tous ses droits, à son cousin René, vicomte de Rohan,
pour le tenir quille des droits et successions collatérales qui lui reviennent
comme fils et principal héritier d'Isabeau de Navarre sa mère, sur les biens
délaissés par Jean et Henri, rois de Navarre.
Henri
de Navarre ne se réserve aucun droit d'hommage en sa qualité de comte de
Périgord, mais il stipule un pacte de rachat de dix ans pour la somme de cent
mille livres, payables en un seul pacte.
Le
délai de réméré expirant en 1592 ne fut pas exécuté et, en conséquence, le vicomte
de Rohan devint propriétaire définitif de la terre de Montpon.
Cependant Henri
de Navarre, étant devenu roi de France en 1589, réunit par le fait de son
accession à la royauté tous ses biens personnels au domaine de la Couronne,
lequel était déclaré inaliénable. Or, son droit de réméré sur la terre de Montpon
n'expirant qu'en 1592, il ne lui était plus possible d'y renoncer et ce droit
n'a pas cessé d'appartenir à la Couronne de France.
C'est
grâce à lui que le Roi
de France a pu, à maintes reprises, intervenir dans le règlement des
difficultés pendantes entre le seigneur de Montpon et ses divers voisins.
(…)
(1) En 1882, et après une délibération du
Conseil général de la Dordogne, il a été décidé que le nom de cette ville
devait s'écrire : Montpon. M. Philippe de Bosredon défendit avec élégance
devant cette assemblée la légende de l’oiseau favori de Junon, et on lui donna
des armes parlantes.: « Un paon au naturel étalant sa queue ocellée sur un Puy,
en forme de gâteau » : Mons Pavonis.
(2) Les quatorze paroisses ressortissant à la
seigneurie baronnie de Montpon, sont les suivantes :
Saint-Barthélemy
; Ménesterol ; Montignac; Saint-Martial; Menesplet ; le Pizou ; Eygurande; Gardedeuil ; Saint-Laurent
(partie) ; Saint-Michel (partie) ; Montpon (qualifiée de ville et paroisse);
Saint-Remy; Saint-Géraud ; Saint-Sauveur.
(3) L'acte complet est aux mains de M. l'abbe Comte, curé de Ménesplet.