Source:
Bulletin SHAP, tome IV (1877), pp. 62-63.
UN
MOT SUR LES STATUTS ET COUTUMES
de la ville de bergerac.
La ville
de Bergerac possède, dans ses archives, l'original très-précieux de la transaction
passée en 1322 entre Régnaut de Pons, seigneur de Bergerac, d'une part; Élie
Sinquenval, Arnaud Costatin et Arnaud Ruffat, syndics dudit lieu de Bergerac,
d'autre part. Cette transaction, rédigée sous forme d'articles, confirmée
d'abord par Charles IV, roi de France et de Navarre, et plus tard reconnue par
Edouard, fils aîné du roi d'Angleterre, m'a paru tellement intéressante, que
j'ai entrepris de suivre avec le plus grand soin les originaux rédigés en
latin, afin d'en transmettre une copie à la Société historique, qui voudra bien
en tirer le parti qui lui paraîtra le plus convenable. Mon intention est de
joindre en regard du texte latin la traduction française. Ces articles,
désignés sous le titre de : Statuts et
coutumes de la ville de Bergerac, furent mis en ordre en 1598 par
E. Trélier, syndic de la ville, qui écrivit à ce sujet la lettre suivante de
dédicace aux maire et consuls :
A Messieurs les Maire et Consuls
de la ville de Bragerac.
Messieurs, —
Il y a plus de trente ans, ie mis en françois nos statuts et privilèges qui ont
esté composez en latin rude et grossier, selon le temps auquel ils furent
faicts, qui estoit plongé en une fondrière d'ignorance. Il y auroit moyen de
les réduire en autre latin mieux poly, comme a faict Monsieur Ferron ceux de
Bourdeaux, Pyrrus ceux d'Orléans et de nostre sage Pierre Nannius, docte
professeur des bonnes lettres à Louvain, ceux de Malines en Braban. Mais il
n'en est besoin, veu que par l'ordonnance du roy François premier, tous actes
doivent estre mis en langage françois. Neantmoins, on a trouvé bon que ces
statuts ayent esté imprimez en deux langues, pour contenter les uns et les
autres : et ont esté adjoustées à la fin les confirmations de nos roys, afin
que nul ne doute de la validité diceux. Cest Edouard qui parle icy
fust fils d'autre Edouard, roy
d'Angleterre, qui fit mourir Aimon, prince de Galles, et bailla la principauté
à cesluy-ci. Charles, roy de France et de Navarre, fust le roy Charles-le-Bel,
quatriesme de ce nom, auquel succéda Philippe de Valois. La paix de laquelle
parle Edouard fust faicte à
Bretigny, près Chartres, le huictiesme jour de may mil trois cent soixante. Il n'y a pas autre chose icy qui mérite aucun
advertissement. Cependant, Messieurs, ie prieray Dieu qu'il vous tienne en sa garde. - De Bragerac, ce jour d'aoust mil cinq cens quatre
vingts dix huict.
Vostre humble et affectionné
serviteur.
Signé. : E. Trelier.
Pour extrait : Ch. Durand.