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Source : Bulletin SHAP, tome LVII (1930)

·        Le Fonds Périgord et les Archives du Vatican (Notes de J. Maubourguet)

·        Les sénéchaux du Périgord au XVIème siècle (rectifications et compléments) (G. Lavergne)

·        Ordres royaux de Saint Michel et du saint Esprit (extraits) (J. Durieux)

pp. 55-57.

LE FONDS PÉRIGORD ET LES ARCHIVES DU VATICAN

 

Qui veut étudier en détail l'histoire religieuse des diocèses de Sarlat et de Périgueux à l'époque féodale, doit, dépouiller certains tomes du Fonds Périgord, conservé à la Bibliothèque nationale, et consulter les Archives du Vatican. Faire le premier travail et négliger le second, c'est s'exposer à commettre de graves erreurs.

Chacun sait que le Fonds Périgord est un recueil de près de deux cents volumes manuscrits, auquel ont collaboré, au XVIIIe siècle, Bauudeau, Leydet, Prunis, Calés, et surtout Lespine (l). Ils ont visite châteaux, hôtels-de-villes, églises, monastères, copiant tous les documents qui leur paraissaient de quelque utilité pour compléter et parfaire l'œuvre de Lagrange-Chancel. Ils n'ont pas négligé les archives des papes. Mais là, contrairement à leur habitude, ils n'ont eu recours aux textes originaux que trop rarement ; la plupart du temps, ils se sont contentés de copier textuellement les schede du cardinal Garampi et les indices où l’on avait, fort succinctement, résumé une partie des registres Avignon.

Ces notes romaines, on les trouve surtout, en ce qui concerne le diocèse de Sarlat, dans les tomes XXXVI et XXXVII du fonds Périgord. Hélas ! pourquoi faut-il qu'on ait parfois si mal broché, puis relié les feuillets des chanoines de Chancelade et de Lespine ? Voici, dans le tome, XXXVI, une série de collations attribuées au dernier .les papes d'Avignon, Grégoire XI, ce Français devenu dans la mort le plus romain des pontifes, puisqu'il dort son dernier sommeil dans l'église Sainte-Françoise, au Forum. Après de brèves mentions relatives au premier des antipapes du Grand Schisme, Clément VII, le folio 163 nous fait, passer à son successeur, Benoit. XIII. Puis revient Clément VII. Jusque là, point de difficulté. Mais, au folio 171, sans que la moindre note l'ait laissé prévoir, nous retombons dans Grégoire XI (2). Or, si l'on veut bien se rappeler que les actes pontificaux étaient datés, non de l'année de l'ère chrétienne, mais de celle du pontificat du pape régnant; que, d'autre part, le tome XXXVI ne nous indique le nom du pape qu'en tête de certaines pages, se bornant ensuite à noter les années, on comprendra aisément les erreurs que peuvent provoquer de telles fantaisies dans la pagination.

Veut-on des exemples ? Qu'on suive, sans se méfier, les indications du tome XXXVI, et l’on donnera la prévôté de Sarlat à Bertrand Roux le 1er mars 1383, alors qu'il en a été investi huit ans plus tôt. On fixera au 12 juillet la nomination de Seguin de Cugnac au prieuré de Saint-Avit-Sénieur, alors que ce clerc a été mis à la tête de la collégiale le 12 juillet 1375. On fera démissionner le prieur claustral de Sarlat, Arnaud Requi le 14 janvier 1381 et on le retrouvera en fonction dix-huit mois plus tard, etc. On voit ce que deviendront les listes d'abbés, de prieurs, de dignitaires divers.

Cette cause d'erreur peut, à la vérité, être décelée sans avoir recours aux archives du Vatican. Il suffit, pour cela, de comparer les sources indiquées par le copiste à la suite de chacune de ses notes, et, singulièrement, celles qui figurent aux folios 102 et 171 d'une part, 170 v° et 171 d’autre part.

Mais, .si l'on n'a pas auparavant étudié l'histoire religieuse du Sarladais au temps des papes d'Avignon, comment se rendra-t-on compte que telle pièce attribuée à Clément VII (1378-1394) est ou réalité du pontificat de Clément VI (1342-1352). Ici, la faute est imputable, non aux relieurs parisiens, mais bien à ceux de Rome. Nombre de lettres de Clément VI sont insérées dans les registres Avignon de Clément VII ou même de Benoit XIII et résumées, par suite, dans les indices de ces deux papes. On en trouve dans les registres Avignon 239, 249 (les l90 premiers feuillets), 227 (plus de la moitié du volume). Le registre 300, catalogué comme étant de Benoit XIII est, en réalité, plus qu'à moitié, rempli de lettres du même Clément VI ; etc., etc.

Bien entendu, l'erreur a passé des indices dans le fonds Périgord. Pour la découvrir, il faut tenir dans ses mains les originaux et voir les écritures ; alors, elle saute aux yeux.

Le dépouillement, des archives du Vatican ne nous permet pas uniquement de rectifier les erreurs du fonds Périgord, relativement rares malgré tout, il nous livre aussi nombre de documents qu'on chercherait vainement, même en résumé, dans le volumineux dossier de la Bibliothèque nationale. Dans le recueil des Chanceladais, ou compterait aisément les textes qui ne proviennent, ni des registres Avignon, ni des registres Vatican, ni des livres divers de la Chambre apostolique. Mais n'ya-t-il pas aussi Les registres Latran. les Suppliques — dont Dénifle a tiré un si bel ouvrage, — les Armoires, les Archives du château Saint-Ange, les Miscellanea, etc..

Sans les Suppliques, que dirait-on de l'état du pays à la fin de la guerre de Cent ans? Quoi de l'évêque Jean de Réveillon sans les Armoires et l’Archivium Arcis ? Saura-t-on que l'abbaye de Cadouin a été dotée, en 1452, de la liberté romaine, et que le monastère augustin de Domme fut fondé, non vers 1300 par le roi de France, mais en 1376 par l'un des plus célèbres parmi les féodaux de ce pays, Gilbert de Domme ?

Je me garderai bien de prétendre que le Fonds Périgord est négligeable. Il est, et doit rester à la base de toute étude sur notre province. Mais il faut contrôler les documents qu'on y puise chaque fois qu'existent encore les originaux. Grâce à cette précaution, on évitera bien des mécomptes.

Jean Maubourguet.

(1)          Voir Géraud Lavergne, Historiens et Archéologues périgourdins au XIXe siècle, Périgueux, 1924. (Tirage à part du Bulletin de la  Société historique et archéologique du Périgord).

(2)          N’ayant pas le tome XXXVI sous les yeux et devant par conséquent m’en rapporter à des notes prises dans un tout autre but que celui d’écrire cet article, je peux me tromper d’un folio et perdre de vue tel ou tel détail. Le fond de la chose reste le même.

pp. 226-228 (extrait).

LES SÉNÉCHAUX DE PÉRIGORD AU XVIe SIÈCLE

rectifications et complements (1)

Gautier de Peyrusse, seigneur des Cars et de Varaignes, ancien conseiller et chambellan de Charles de France, duc Guyenne, a été sénéchal de Périgord dès 1486 jusqu'à son décès, survenu en 1513 (2).

Son successeur fut Bertrand d’Estissac, chevalier, seigneur du dit lieu et de Cahuzac. Pourvu de l'office le 21 avril 1513 (Gironde, I B 2 f° 28), il le garda jusqu'à sa mort (1516).

François de Green, seigneur de Saint-Marsault, de Millançay, de Villefranche-sur-Cher et de Villebrosse, chambellan du roi François Ier, reçut le sénéchalat le 15 février 1516 et le conserva jusqu'en 1526 (3).

Antoine des Prez de Lettes, sieur du Fou et de Montpezat, gentilhomme de la Chambre, chevalier de l'Ordre du Roi, fut appelé à lui succéder le 17 août 1526 (Gironde, I B 3, f° 96 v°). Sur sa résignation, l'office fut donné, le 10 décembre 1532, à Charles de Gand, seigneur de Linards, de Plaigne et de Neufville (Gironde, I B 3, f° 189).

Ce dernier fut remplacé, le 3 septembre 1543, par Jacques des Cars, chevalier, gentilhomme de la Chambre du Dauphin. On ne s'est pas attaché à identifier ce personnage, qui ne parait pas être le même que Jacques, comte des Cars, qui fut lieutenant général pour le Roi en Limousin et en Périgord, de 1568 à 1570. Le sénéchal Jacques des Cars mourut en effet avant le 19 mars 1540, date à laquelle l'office qu'il détenait, passa à Guy Chàbot, seigneur de Montlieu et de Sainte-Aulaye (Gironde, I B 6, f° 19 v°). On peut se demander si ce prétendu Jacques des Cars ne serait pas Gabriel des Cars, dit de Peyrusse, seigneur de Saint-Bonnet, qui mourut effectivement à Paris, le 17 mars 1546 (n. st.) (Nadaud, Nobiliaire du Limousin, t. I, p. 372).

Guy Chabot de Jarnac s'étant démis de son office (4), le Roi le donna, le 20 décembre 1552, à Me Jacques Andre, licencié ès droits, conseiller du Roi et lieutenant général de la sénéchaussée de Bazadais depuis 1542. Ses provisions furent enregistrées au Parlement de Bordeaux le 11 janvier 1553, son serment reçu le 20 mai de la même année, il fit une brillante entrée à Périgueux le 30 mai.

Jacques àndre depuis chevalier et seigneur du Repaire-Martel, a exercé son état jusqu'à son décès, antérieur au 22 août 1573. De longue date, sa succession paraît avoir été briguée par Messire André de Bourdeille, frère de l'historiographe Brantôme. Notre confrère, M. le marquis de Bourdeille, a bien voulu nous communiquer un brevet du 6 mai 1571, par lequel le Roi, étant à Annet, « en considération des recommandables services faictz à Sa Majesté durant ses diverses guerres et des pertes souffertes en icelles par le sieur de Bourdeilh; », lui faisait don de l'état de sénéchal du Périgord, « vacquant ou prêt à vacquer par la mort ou extrême maladie » de Jacques André. Les lettres ou provisions requises ne devaient être expédiées que si l'événement attendu se produisait. La santé du sénéchal dut se remettre, puisqu'en 1572, André de Bourdeille revint à la charge et obtint un nouveau brevet du Roi, à Duretal, le 17 novembre 1572. Il n’eut pas plus d’effet que le précédent, et ne n'est qu'au trépas de Jacques André que M. de Bourdeille reçut le sénéchalat si convoité. Ses lettres de provision sont datées de Paris, le 22 août 1573 (Gironde, l B 12, f° 111). Il prêta le serment accoutumé au Parlement de Bordeaux, le 14 décembre, et fit enregistrer ses patentes à Périgueux le 11 janvier 1574 (5).

On se bornera à rappeler ici que lorsqu'André de Bourdeille sentit sa fin prochaine, il songea à conserver dans sa maison la charge qui y était revenue, grâce à lui, après une interruption de cent cinquante ans. Il demanda au Roi de la résigner en faveur de son fils aîné, Henri de Bourdeille. Mais celui-ci n'avait pas l'âge requis peur l'exercer, et, sur la demande du seigneur de Bourdeille, le Roi conféra, par brevet du 12 lévrier 1582, le titre de sénéchal à son gendre, David Bouchard d'Aubeterre.

Celle décision fut un rude coup pour Brantôme qui s'attendait, paraît-il, sur la promesse du Roi, à succéder à son frère comme sénéchal de Périgord, quitte à passer l'office à son neveu quand le temps en serait venu.

Henri de Bourdeilles n'obtint sa charge qu'au décès de son beau-frère Bouchard, ses provisions sont du 21 octobre 1593 (Gironde, I B 15, 274) et son serment au Parlement du 14 décembre. Lorsqu'il mourut (14 mars 1641),

(…)

Géraud Lavergne.

(1)     Cf. Bull. de la Soc. hist. et arch. du Périgord, t. XVIII (1891), p. 420-426 et t. LII (1925), p. 224.

(2)     Bosredon, 1484-1510

(3)     Bosredon, 1522-1527.

(4)     Bosredon, 1546-1551.

(5)     Tous ces actes, en original,  au château de Bourdeille.

 

pp. 212-221 (extraits)

ORDRES ROYAUX DE SAINT-MICHEL ET DU SAINT-ESPRIT

Ordre de Saint-Michel

 

Le 1er août 1469, au château d'Amboise, Louis XI institua l’Ordre de Saint-Michel « en l'honneur de Monseigneur Saint-Michel premier chevalier qui, pour la querelle de Dieu, livra victorieusement bataille contre le Dragon, ancien ennemi de nature humaine».

L'historien Brantôme rapporte qu'il fallait, pour entrer dans cet Ordre, quantité de prouesses ou bien en faire une très signalée. Le grand collier se composait de coquilles d'argent. Les chevaliers portaient aussi une médaille suspendue à une chaîne d'or ou à un cordonnet de soie noire. Il était sacrilège de vendre ou d'engager le collier. A la mort d'un chevalier de Saint-Michel, ses héritiers étaient tenus de rendre le collier au Roi, qui le gardait pour un autre chevalier. Le titulaire ne pouvait quitter son insigne, même dans les plus grands dangers : « J'ai ouï dire, a noté Brantôme, que François Ier réprimanda vivement un chevalier qui, a va ni été pris dans un combat, avait ôté et jeté son cordon afin que, ne le connaissant pas, on ne le mît a si grande rançon, disant le Roi que pour tous les biens du monde il ne fallait cacher un si grand honneur. »

Louis XI, premier chef et souverain grand maître de l'Ordre, nomma chevalier, vers 1478, Odet d'Aydie, sire de Lescun, comte de Comminges, sénéchal, conseiller chambellan ordinaire du Roi, amiral et gouverneur de Guyenne, dont la famille se fixa plus tard en Périgord.

Vers 1486, Charles VIII décora du même Ordre Louis Malet, sire de GraviIle, amiral de France, conseiller cham

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bellan du Roi, capitaine des cent gentilshommes de sa Maison, issu d'une famille de Normandie et à laquelle se rattacheraient peut-être les Malet du Périgord.

François Ier admit dans l'Ordre de Saint-Michel : Guy de Gontaut baron de Saint-Geniez et de Badefol, mort avant 1531, et Jean de Souillac de Montmège, commandant l'arrière-ban du Périgord, mort en 1528.

Sous la règne de François II, on trouve, à la date du 18 septembre 1560, Nicolas d'Anjou marquis de Mézières, comte de Saint-Fargeau, seigneur de Mareuil et de Villebois, gouverneur d'Angoulême en l'absence du roi de Navarre, Né à Saint-Fargeau en 1518, il avait épousé à Paris, en 1533, Gabrielle de Mareuil, fille du baron Guy et de Catherine de Clermont, laquelle mourut centenaire après avoir été, témoigne Brantôme, une très belle femme, en sa jeune saison. Il fut père de quatre filles et d'un fils, Nicolas, né en 1545.

Charles IX associa à l'Ordre de Monsieur Saint-Michel, le 25 mai 1561, le sieur de la Douze. Il fit chevaliers, en 1562, deux Périgourdins: Jean de Losse, seigneur de Thonac, Banne, Thenon, né en 1504, gentilhomme ordinaire de sa chambre, conseiller en son conseil privé, capitaine de la compagnie écossaise des Gardes du Corps, maréchal de camp en 1652, capitaine du Louvre, gouverneur de Verdun, chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit en 1578, mort en 1579 et inhumé-dans l'église de Thonac, et Armand de Gontaut, baron de Biron, né au château de Biron en 1524, maréchal de France en 1577, grand maître de l'artillerie, tué près d'Epernay en 1592.

Jacques de Montberon, seigneur d'Auzances, capitaine de la porte du Roi et gentilhomme ordinaire de sa chambre, gouverneur de. Metz, ambassadeur en Espagne, fut nommé chevalier en 1563.

L'année suivante, on enregistra la nomination dans l’Ordre de Monsieur Saint-Michel de Juan de Galard de Béarn, comte de Brassac, gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi, capitaine de cent hommes d'armes.

En 1565, ce fut le tour de Gilbert d'Hautefort, baron de Thenon, seigneur de la Mothe, gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi, capitaine de cinquante hommes d'armes de ses ordonnances, et de Germain-Gaston de Foix, marquis de Trans, comte de Gurçon et du Fleix, gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi.

Nous trouvons, en l568, André vicomte de Bourdeille, seigneur de la Tour Blanche, gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi, capitaine de cinquante hommes d'armes, né vers 1510, sénéchal du Périgord on 1572, mort au château de Bourdeille eu janvier 1582, auteur de Maximes et Advis du maniement de la guerre et de Lettres (1).

En 1569, on voit mentionner Clinet d'Aydie, seigneur de Ribérac ; Jean de Montardit, seigneur de Lascoux, de la Beylie et de Feuilhade ; Germain, baron de Saint-Aulaire, seigneur de Ternoc et de la Grénerie ; Edme d'Hautefort, frère de Gilbert précité, gouverneur et sénéchal du Limousin, ami du duc de Guise et l'un des principaux chefs de la Ligue, lieutenant général d'Auvergne, puis de Champagne et de Brie, tué au siège de Pontoise, le 13 juillet l589, d'une arquebusade au ventre ; Antoine Vigier, seigneur de Saint-Mathieu (en Poitou) et de Javerlhac, baron de Saint-Pardoux la Rivière et de Saint-Martial de Valette, mort en 1581 ; Gabriel d'Abzac baron de la Douze, seigneur de Barrière, La Cropte, Reilhac, Vergt (2).

En 1571 ; Jean de Beynac, seigneur de la Roque-Meyrals, gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi, capitaine de cinquante hommes d'armes ; François Flamenc, écuyer seigneur de Bruzac, Puyberal et en partie Sorges, qui reçut le collier d'André de Bourdeille, entre les mains duquel il fît promesse de fidélité à la couronne, le 29 décembre 1570 (3).

En 1571 : Geoffroy de la Martonie (Saint-Jean-de-Côle), qui avait épousé, en 1553, Marguerite de Mareuil de Villebois ; Gaston de la Martonie, seigneur de Saint-Jean de Côle, de Bas-Bruzac et de Puyberal, gentilhomme de la chambre du Roi, ambassadeur à Rome ; Jean de Gimel, seigneur de Paluel ; Armand de Salignac de la Mothe Fénelon.

En 1571 : Bernard de Gontaut de Saint-Geniès et son compatriote Michel Eyquem, seigneur de Montaigne, reste justement célèbre, conseiller à la cour des aides de Périgueux, puis au parlement de Bordeaux, gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi, maire de Bordeaux, citoyen romain, né au château de Montaigne le 28 février 1533, mort audit lieu, le 13 septembre 1592, à l’âge de 56 ans et demi.

Dans ses Ephémérides, Montaigne enregistrait ainsi celle distinction :

« Octobre 18, l'an 1571, suivant commandement du Roi et la dépêche que Sa Majesté m'en avait faite, je fus fait chevalier de: l'Ordre de Saint-Michel par les mains de Gaston de Foix marquis de Trans. »

Voici, d'autre part, en quels termes l'auteur des Essais parle de sa nomination :

« Etant jeune, je demandais à la Fortune, autant que chose au monde, l'Ordre de Saint-Michel, car c'était l'extrême marque d'honneur de la noblesse française, et très rare. Elle me l'a plaisamment accordé. Au lieu de me hausser pour l'atteindre, elle m'a plus gracieusement traité, car elle l'a ravalé et rabaissé jusqu'à mes épaules et au-dessous. »

Il s'est volontiers paré du titre de chevalier.

Avec une vanité bien humaine ou, comme on l'a noté, avec une exagération puérile, il fit graver ou peindre le collier de son Ordre dans tous les coins de son château, au-dessus du linteau des parles intérieures et sur le cadre des cheminées, comme sur des pierres ovales encastrées aux murs de l'enceinte extérieure. On retrouva même, parmi les décombres de l'incendie, des médailles frappées à l'effigie de Saint-Michel (4).

Les diverses éditions des Essais, publiées de son vivant en 1580, 1582, 1587 et 1588 à Bordeaux et à Paris, ne manquent pas de signaler que messire Michel, seigneur de Montaigne, est chevalier de l'Ordre du Roi et gentilhomme ordinaire de sa chambre. En 1581, lors de son voyage a Lorette, il a soin de faire attacher et clouer parmi les ex-votos un tableau orné de quatre figures d'argent, dont la sienne, avec celle inscription : Michael Montanus, Gallus Vasco, Eques Regii Ordinis (Michel de Montaigne, Français et Gascon, chevalier de l’Ordre du Roi).

Le 7 octobre 1576, Henri III reçut dans l’Ordre, avec Philibert de Bourdeille, chevalier et baron de Montanceix et de la Rolphie, Antoine de Beaupoil de Saint-Aulaire, seigneur de Coutures et de Lammary, lieutenant de cinquante hommes d'armes, qui sera sénéchal de Périgord en 1593.

Henri IV nomma chevalier en 1609 Jean de la Bermondie, vicomte, d'Auberoche, Fanlac, Clérans, Mongaillard.

(…)

(1) Un certain nombre de lettres royales adressées à André de Bourdeille ont paru dans le même volume des Œuvres de Brantôme, et, en 1929, par les soins du marquis de Bourdeille, dans le Bulletin  de la Soc. hist. du Périgord.

(2) Deux lettres inédites de Henri III adressées à ce seigneur, les 17 août 1575 et 21 mars -1576, ont paru dans notre Bulletin  en 1885, p, 194-195.

Le marquis de Bourdeille conserve dans ses archives-particulières les lettres de Charles IX et de Henri III  à  André de Bourdeille, pour la prestation de serment, en qualité de chevalier de Saint-Michel, des sieurs de la Douze, de Lascoux, de Parcoul, de Montanceix et de Couture.

(3) Les deux documents (ordre du Roi et serment), communiqués à notre Société par le marquis de Bourdeille, sont reproduits dans le Bulletin de 1929, p. 200-201.

(4) Joseph Neyrac, Montaigne intime (1904), p. 64.

 

 

Ordre du Saint-Esprit

Sous le règne de Henri III, on appelle « collier à toutes bêtes» l'Ordre de Saint-Michel, tellement avili, dit Pierre de l’Estoile dans son Journal, qu'on ne faisait de ses membres non plus de compte que de simples hobereaux ou gentillâtres. Ce discrédit, attribué aux libéralités de Catherine de Médicis, détermina le Roi à fonder, par un édit de décembre 1578, l'Ordre du Saint-Esprit, qui conserva toujours, lui, un vif éclat.

Jean de Losse, gouverneur de Verdun, avait été compris dans la première promotion.

En l'église des Grands-Augustins de Paris furent reçus Chevaliers de l'Ordre de Saint-Esprit :

Le 31 décembre 1579, de Salinnac, seigneur de la Mothe-Fénelon.

Le 31 décembre 1581, Armand de Gontaut-Biron, maréchal de France, parrain du cardinal Richelieu.

Le 31 décembre 1585, Gabriel Nompar de Caumont, comte de Lauzun; René de Bouillé, comte de Crancé, gouverneur de Périgueux; David Bouchard, vicomte d'Aubeterre, gouverneur de Périgord, capitaine de cinquante hommes d'armes, tué d'un coup de mousquet le 10 août 1593 au siège de Lisle.

Le 31 décembre 1591, Charles de Gontaut-Biron, maréchal général des camps et années, ensuite duc de Biron, pair amiral et maréchal de France.

En 1604, Jean de Gontaut, baron de Salignac, ambassadeur à Constantinople, qui mourut sans avoir été reçu.

(…)

J. DURIEUX

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