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Source: Bulletin SHAP, tome V (1878), pp. 255-259

 

SIX LETTRES INÉDITES DU ROI HENRI IV.

Lettre du roi Henri à Monsieur Baiuran de Berail.

 

Monsieur de Boisiuran, Ayant eu advis que vous et quelques autres entriés en quelque doubte et défiance de la continuation de ma bonne volonté et de celle que je porte à vostre conservation par l'artifice de quelques ennemis de tout repos, j'envoye vers vous et eux la Bruyer presant porteur, l'un de mes secrétaires pour vous faire entendre de ma part mon intantion et les dilligences qui se font pour vostre bien, ce qui vous doit occasionner, comme je vous en prie, vous contenir sagement, et le croire de ce que je l'ay chargé vous en dire, sur lequel m'afer-metant je prierai le Créateur vous donner, Monsieur de Boisiuran, ses saintes grâces. De Nérac ce XXVIII décembre mil cinq cens septante deux.

Vostre bien bon amy.

Henry.

 

Autre lettre du Roy au mesme.

Monsieur de Baioran, J'ay esté adverty que sur ses bruits de remuemans et émotions, il y en a eu quy se sont licenciés à faire plusieurs desordres aux villes et places quy ont esté saisies pour la seureté et conservation de ceux de la religion jusques à prendre les biens des catholiques, les constituer prisonniers et rançonner, piller les temples, tenir les champs et commettre plusieurs pareils actes à la foule, ruine et oppression du peuple et parce que je n'ay rien en plus grande detestation que tels desordres que pour rien je ne voudroye voir entre nous et souffrir, je vous prie, Monsieur de Bajoran, suivant la confiance que jay de votre vertu et intégrité et que je masseure qu'autre chose ne vous meut que le fait de la religion et la seureté commune contre les passions, pernicieux desseins et machinations de nos ennemis, tenir la main à faire cesser tels dégâts, confusions et violances, courir sus à ceux quy en useront et y continueront et par.un bon ordre et règlement conduire sy bien toutes choses au lieu où vous estes que le peuple soit soulagé, que chacun vive en repos, union et concorde soubz l'observation de redit de pacification suivant l'intantion que j'ay envoyé à Messieurs de St-B  de Campagnac et Benac, afin de mettre Dieu, les hommes et les veues en affections des gens de bien et paisibles de notre côté, à la confusion de ceux quy sont auteurs de ces misères n'ayant jamais voulu qu'il ayt estably et entreteneu la paix sy solennellement faite et quy estoit tant désirée et nécessaire à ce royaume, m'asseurant que vous en userés en tout devoir je ne metandray à vous en dire davantage sy ce n'est pour prier Dieu, Monsieur de Baioran, vous avoir en sa sainte garde, d'Agen, ce VII janvier 1577.

Vostre bien asseuré amy.

Henry.

 

Coppie d'autre lettre dudit Roy au mesme.

Monsieur de Boisiouran, J'envoye le sieur de Poullailles, controrolleur de ma maison, présant porteur, pour faire mettre en vante tous les bleds quy se trouveront en nature, provenant des fermes de la recepte de Issigeac, suivant la commission que j'en ay fait dépêcher audit Pollailles; je vous prie tenir la main quelle puisse bientôt exécutée et mon vouloir et intention suivy en cet endroit, en quoy vous fairés chose quy me sera agréable, et sur ce je prie Dieu, Monsieur de Boyjouran, vous tenir en sa garde. De Sainte Foy, ce XXVII octobre i58o, Vostre mellyeur amy.

Henry.

Et au-dessus : à Monsieur de Boyjouran, gouverneur d'Issigeac.

 

Coppie d'autre lettre dud. Roy au mesme.

Monsieur de Baiouran, Jay cidevant envoyé par Poullailier, controrolleur de ma maison, une commission adressante à Mais-sonial pour faire crier les rentes dhues à leveque de Sarlat à cause de la seigneurie d'Issigeac eschues au jour de saint Michel dernier, quy est cause que je vous ay bien vouleu escrire la presante pour vous prier incontin' icelle ressue faire en sorte que led. Maissonial, receveur par moy commis pour recevoir les dites rentes les reçoive au plutôt dautant que jay nécessairement a faire des deniers quy proviendront desd. rantes, accompagnant ou faisant accompagner ledit Meissonnial par tout où il luy sera nécessaire afin que ladite commission soit prontemant et entieremant effectuée et faire en sorte qu'il reçoive ledit argent dans samedy ou dimanche pour le plus tart, et massurant que ny fairés faute ne vous en diray davantage pour prier Dieu vous avoir Monsieur de Baiouran en sa très sainte et digne garde, Du Flays ce X jour de mars 1580. Vostre bien bon amy.

Henry.

Et sur le dessus il y a : à Monsieur de Baiouran, gouverneur de la ville d'Issigeac.

 

Coppie Dantre Lettre Du Roy au mesme.

 

Monsieur de Baiouran, J'envoyé presantemant Poullailier, controrolleur ordinaire de ma maison, pour faire contraindre les habitans d'Issigeac au payemant des lots et vantes appartenant à leveque de Sarlat à cause de sa seigneurie Dissigeac, eschuës au jour de saint Michel dernier, suivant la commission que j'en ay cidevant fait expédier à Meyzonnial, et d'autant que j'ay entan-deu quils font difficulté à payer ce courant du prétexte que la paix est faite, j'ay commandé audit Poulailler de ne bouger de la dite ville et de ne s'en revenir quil naye fait contraindre lesdits habitans au payemant desdites rantes et lots et vantes. Cepandant je vous prie Monsieur de Bajouran tenir la main à lexecution de maditte commission et faire en sorte que lesdits habitans payent lesdites rantes et lots et vantes, autrement j'envoyeray mes gardes loger en ladite ville quy leur fairont beaucoup plus de mal et de domage, et sy pour cela ils ne laisseront pas de payer, et massu-rant que vous fairés en sorte que mon intantion sera entièrement suivie et exécutée ne vous en diray davantage pour prier Dieu vous avoir Monsieur de Baiouran en sa très sainte et digne garde. Du Fleys, le XXIe jour de novembre 1580. Vostre bien bon et assuré amy.

Henry.

 

Et sur le dessus il y a : à Monsieur de Baiouran, gouverneur d'Issigeac.

 

Autre lettre du Roy au mesme.

 

Monsieur de Boisiouran, J'envoye mon cousin Monsieur de Turenne par delà pour pourvoir à toutes choses : vous saurés de lui à quoy un chacun se doit disposer vous priant de suivre ce quil vous dira de la part de vostre bien assuré amy.

 

Henry.

Ce 19 de mars.

 

Et sur le dos : à M. de Baiouran.

Par nous Notaires Royaux soubz signés extraction et vidimation a esté faite de la coppie des six lettres sus et des autres parts escrites pris sur leurs originaux à nous exibés par noble Charles de Berail, escuyer, sieur de Bajuran, sans y avoir rien adjouté ni diminué sinon comme auxdits originaux est conteneu. Après quoy ledit sieur de Baiuran a retiré le tout devers luy et a signé, à Monflanquin ce vingt-huitième septembre mil sept cent douze.

Baiouran. Capdeville, notaire royal.

GardEs, notaire royal.

 

Collationné à Monflanquin le 4 octobre 1712.

 

Capdeville, notaire royal.

 

Pour copie conforme : L'abbé Goustat.

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