13 août 1192
Pierre de Castillon, à son retour de la 3e
croisade (1189-1192), met le château de Gurson sous
la protection du Saint-Siège.
Extrait : Le liber censuum de
l’Eglise romaine, Paul Fabre, 1889, tome II, 5e fascicule, p. 39.
La chapelle du château de Gurson appartenait déjà à l’église romaine en 1122.
Voir : http://www.guyenne.fr/ArchivesPerigord/BNF/Tome35/BnF_T35.htm
(fol. 155 r°).
Sans doute, Pierre Ier
de Castillon l’avait également mise sous la protection du Saint-Siège avant de
partir pour la première croisade (1096), ou peut-être à son retour. On ignore
s’il est revenu de cette croisade. Son compagnon d’armes en Terre sainte,
Raymond Ier de Turenne, est revenu en 1103.
Le pape Célestin III met le
château de Gurson
sous la protection du Saint-Siège
moyennant un sou d’or.
Celestinus (1) episcopus
servus servorum Dei dilecto filio nobili
viro Petro de Castellione salutem et apostolicam benedictionem.
Cum nuper de Ierosolymitanis
partibus rediens et per nos faciens
transitum ad propria festinares, nobis et beato Petro quecumque in castro Gurson ad presens justis modis obtinere dinosceris, devotione propria spontaneus obtulisti. Nos igitur devorionis tue sinceritatem benignius attendentes et volentes te nostre puritatis (?) gratia gloriari, personam tuam cum omnibus bonis que in presentiarum
rationabiliter possides aut in futurum justis modis Deo propitio poteris adipisci sub beati
Petri et nostra protectione suscipimus, statuentes ut tam tu quam successores tui ex que in predicto castro nobis et ecclesie Romane pontifices debeatis recognoscere amodo et tenere, et ad hujus indicium liberalitatis et protectionis nobis nostrisque successoribus aureum unum solvere annuatim. Nulli igitur omnino
hominum liceat hanc paginam nostre
protectionis infringere vel ei ausu
temerario contraire. Si quis
autem hoc attemptare presumpserit, indignationem omnipotentis Dei et beatorum Petri et Pauli apostolorum ejus se noverit incursurum. Datum Lugduni (2), idus augusti, pontificatus nostri anno secundo.
(1) Lyon (?), 13 août 1192. Le pape
Célestin III prend sous la protection du Saint-Siège, Pierre de Châtillon (sic;
il faudrait lire Castillon) et son château de Gurson
(diocèse de Périgueux), moyennant une redevance d’un sou d’or. C’est la
justification d’un cens catalogué ci-dessus, t. I, p. 207 (voir l’extrait
ci-dessous).
(2) Il faut évidemment corriger : Laterani.
Extrait de Le liber censuum de
l’Eglise romaine, Paul Fabre, 1889-1905, 2e fascicule, tome I, page
206-207.
In episcopatu Petragoricensi.
Monasterium (1) Tostoriacense, I marabotinum.
Episcopalis (2) sedes,
II marabotinos.
Ecclesia (3) sancti
Frontonis, II marabutinos.
Ecclesia (4) sancti
Austerii, I marabutinum.
Monasterium (5) Sarlatense,
I marabutinum pro se et alium
pro Fitensi et alium pro Isagriensi.
Capella (6) sancti
Orrichii sita in castello de Gorzon, X solidos.
Hospitale (7) de Scornabove, I mazamutinum.
Castrum (8) de Gurson, I marabutinum.
(1) Tourtoirac,
sur l’Auvézère, au nord-est de Périgueux; monastère
fondé en 1025 par Guy, vicomte de Limoges (charte, G.C., t. II, p. 489). Il fut
offert au Saint-Siège par le fondateur lui-même, comme il est marqué dans une
bulle de protection, délivrée par Calixte II (J., 6727) en 1119; cette pièce
fixe le cens, aureum unum.
(2) La cathédrale Saint-Etienne de
Périgueux. Voy. J., 16003 (Urbain III). Cf. Dupuy, L’estat de l’église du Périgord, t. II, p. 66.
(3) La basilique Saint-Front. Le
monastère, reconstitué à la fin du dixième siècle, se transforma d’assez bonne
heure en chapitre. Cet état de choses existait déjà en 1187. Cf. la bulle
d’Urbain III, note précédente.
(4) Saint-Astier, sur l’Isle,
au-dessous de Périgueux. C’était encore une collégiale, fondée vers l’an mil,
par l’évêque Rodolphe. Une bulle d’Alexandre III, de l’année 1178, est citée
dans le Dict. topogr. de la Dordogne, p. 284. Je n’ai
pu la retrouver.
(5) Le monastère de Saint-Sauveur de
Sarlat existait déjà depuis quelque temps, mais il végétait quand, vers 937,
Bernard comte de Périgord, le donna à l’abbaye de Cluny (G.C., t. II, p. 495, Instr.). Eugène III (J., 9718) lui délivra, le 3 mai 1153,
un privilège où sont mentionnés les monastères nommés dans le L. C.: « Ad indicium autem huius a sede apostolica
percepte libertatis, de supradicto Sarlatensi monasterio aureum unum, de Fitensi vero alterum,
de Issigiacensi alium, quotannis nobis nostrisque successoribus persolvetis ». Issigeac est une
commune de l’arrondissement et à vingt kilomètres au sud-est de Bergerac. Quant
au monasterium Fitense, où
il y avait une église de Sainte-Foy, il n’a pas été identifié. Cf. de Gourgues,
Dict. topogr. de la Dordogne, p. 289. Sarlat fut
érigé en évêché par Jean XXII en 1317.
(6) Le château de Gurson,
commune de Carsac, canton de Villefranche-de-Longchapt (Dordogne), possédait une chapelle sous le
vocable de saint Orice, qui fut donnée en 1122 à
l’abbaye de la Sauve (Silvae majoris,
diocèse de Bordeaux) par Guillaume d’Auberoche,
évêque de Périgueux. L’acte, conservé dans le cartulaire de la Sauve, à la
bibliothèque de Bordeaux, marque que l’église appartenait au Saint-Siège, et
que l’évêque de Périgueux agissait en vertu d’un mandat du cardinal Boson et de
Gérard d’Angoulême, légat du pape (G.C., t. II, p. 1463).
(7) Ecorneboeuf,
côteau sur la rive gauche de l’Isle, en face de
Périgueux. On y construisit, vers 1230, une maladrerie ou léproserie dont il
subsiste encore des restes. On l’appelait aussi hôpital de Charroux (de Caroffio).
(8) Voir la note 6 de
la col. précédente.
F.B. Les abréviations G.C., J., sont respectivement pour
Gallia christiana, et Jaffé.
Extrait de : Le liber censuum de
l’Eglise romaine, Paul Fabre continué par Louis Duchesne, 1889-1905 (5 premiers
fascicules); le dernier fascicule est paru en 1952.
Censius, qui devait être plus tard le
pape Honorius III, fut le camérier, c'est-à-dire l’intendant général des
finances pontificales, du pape Célestin III et au début du pontificat
d’Innocent III. C’est en cette qualité qu’il entreprit de composer le Liber censuum qui énumère, évêché par évêché, tous les cens dûs à la curie pontificale. Sont adjoints à l’énumération
des cens, diverses bulles et actes pontificaux qui servent d’instruments de
preuves ou cartulaire. En fait, ce livre continue et complète des œuvres
entreprises plus tôt par le cardinal Deusdedit et le
cardinal Albinus. Il a également été complété plus
tard, notamment par Paliano et Serrone,
et devait, selon le vœu de Censius, être continué
jusqu’à la « fin des temps ».
Voir l’étude détaillée sur ce document très important pour
l’histoire et la géographie de l’Europe chrétienne depuis le haut moyen-âge
jusqu’au début du XIIIe siècle :
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5110_1984_num_96_1_2745