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Meunier , Minotier, Secrets et Techniques.

(Ou la métamorphose des meuniers : par l’avènement de la minoterie).

 

 

  • Préambule

1.      « LE PETIT MOULIN AU FOND DE LA VALLEE» :

 survivance d’une époque révolue.

 


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Par un récit ponctué de quelques moments forts de l’histoire de ma famille et de mon moulin de la Pauze, je vous propose de suivre une subjective échelle du temps qui part de l’aube de l’humanité en passant par ; 1710, 1810, 1910, pour finir aujourd’hui presque en  2010, et qui va vous raconter la vie quotidienne dans les moulins. Après un rappel de la genèse de la mouture, je vous parlerais  de la transition entre l’ancien régime et la révolution industrielle, puis de la métamorphose, au cours du 20eme siècle, des moulins en minoteries. Ces dernières, de plus en plus importantes, transformeront la petite industrie en grosse entreprise. Le tout sera illustré par un diaporama suivi d’une discussion libre, si tel est votre désir.

 

 

 


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  • Sommaire.
  • La genèse de la mouture.
  • Les moulins archaïques.
  • la Pauze en 1710.
  • Généalogie de la famille MAZEAU.
  • D’autres moulins.
  • Les meuniers et l’impact sur leur environnement.
  • la Pauze en 1810.
  • Les retenues d’eau.
  • la mouture par meules.
  • Escapade au royaume du vent.
  • Les industries annexes.
  • Moteurs hydrauliques.
  • La Pauze en 1910.
  • Les moteurs dis :turbines.
  • Les minoteries.
  • La Pauze Vers 2010 .
  • Epilogue

 

 


 

 

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·         La genèse de la mouture

 


 


1.      Temps préhistoriques ; le broyage par choc :

 

 

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C’est le plus ancien geste technique de l’humanité pratiqué par les plus évolués des singes, nos cousins et les plus archaïques des hominidés, nos ancêtres. Cet ensemble « galet, pierre plate, mains, matière grise » peut être considéré comme la première action pensée. Se nourrir étant, la priorité absolue, on peut logiquement affirmer qu’à l’origine de notre lignée, cet acte de transformation par choc avait pour but de rendre plus facilement comestible un produit. D’ici à affirmer que le premier acte technologique de l’humanité fut réalisé par un proto-meunier, il n’y a qu’un pas … Après un saut en avant vertigineux dans les siècles, nous arrivons tout proche de nous dans les temps antiques où les grecs et les égyptiens furent adeptes de cette façon de faire. En ce qui concerne notre graminée préférée, le blé ou ses ascendants, de par sa dureté il est impossible d’obtenir directement une poudre à moins d’user de subterfuges tel la torréfaction préalable ou le conditionnement par humidification, mais le résultat final est alors une agglutination seulement propice à la confection de soupe ou de bouillies


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2.      La mouture :

      

 

 

Pour obtenir « farine », le produit obtenu par l’action précédente doit subir l’opération représentée ici. Nous obtenons alors très facilement et très rapidement une fine poudre. Celle-ci, mélangée avec de l’eau et grâce au gluten rendu absorbant par l’action mécanique, devient une pâte, qu’il est facile par cuisson de transformer en galette. Ce simple processus fut en son temps, un degré considérable dans l’escalier de l’évolution sociale. Il représente une suffisance alimentaire facile à conserver et à transporter qui rendit aux hommes une partie de leur temps libre. Il est d’usage d’attribuer la paternité de ce concept aux populations mésolithiques habitant sur le territoire qui deviendra l’Europe, il y a 12000 ans.


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3.      Pierre à moudre Néolithique :

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 Dans la multitude des outils archéologiques de ce type trouvés de par le monde, attestant de l’importance de ces objets toutes civilisations confondues, j’ai choisi de vous présenter un ensemble « meule molette Touareg » encore utilisé de nos jours. La simplicité de cet objet cache cependant beaucoup de technologie. C’est un ustensile pour nomades, léger et peu encombrant. La pierre de dessous ou gisante est creuse, ce qui autorise le pré broyage ‘effet mortier’. La courante est sphérique , ce qui permet une bonne préhension ‘effet pilon’. Pour la mouture, elle devient molette, son travail de frottement terminé il est facile de la ramener au point de départ en la faisant rouler. Ce geste permet d’aller vite, de moins se fatiguer et surtout de ne pas faire tomber le produit en cours de mouture. On constate également que dans la grande majorité des cas, la gisante est moins dure que la courante, il en résulte que par frottement elle se charge en électricité statique qui retient les particules ce qui facilite le travail. De plus, les surfaces de frottements sont : « piquetées par bouchardages ».


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4.      Moulin Olynthien 2600 ans avant le présent :

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Premier pas vers la meule tournante . Une trémie creusée dans la pierre de dessus distribue le grain à moudre par le milieu grâce à un trou dans le quel une badine sert de distributeur rudimentaire. De ce point central démarrent en croix deux rayons creusés dans la surface frottante de la meule courante. Ils facilitent la répartition du produit et la mouture par arrachement ‘prototype de rayonnage’. Les deux poignées permettent une semi rotation, qui autorise l’utilisation d’une pierre plus lourde. Cette machine efficace sera utilisée très longtemps en Corse.


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6.      Meule tournante à bras :

 

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Première meule tournante, insérée dans la gisante, elle est mise en mouvement par un bâton et les bras d’un homme. Les surfaces de mouture sont alors plates. Les premiers romains si heureux de cette découverte venue d’Asie, poussèrent leur reconnaissance jusqu’a rendre un culte religieux aux moulins, en créant et vénérant la déesse Mola.


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7.      Moulin Pompéien :

 

 

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Invention de la mouture par meules coniques. La meule inférieure fixe est dénommée « la méta » et la tournante en forme de sablier « le catillus ». La surface de mouture de la méta porte un sillon ou rayon oblique, facilitant là encore l’action mécanique de trituration. La partie supérieure du catillus est barrée par une pièce de bois transversale, et deux autres pièces, qui descendent le long de la paroi pour se raccorder au bras de levier horizontal fixé à l’intérieur de l’oreille de pierre. Au centre de la barre transversale ‘proto anille’, est fichée une tige de fer verticale plongeant directement dans un trou au sommet de la méta ‘proto crapaudine’. La conicité de la surface de mouture du catillus n’est pas parallèle mais plus écartée à la partie supérieure pour permettre au grain d’être introduit. Au bras de rotation s’attelent indifféremment des hommes ou des bêtes de somme.

 

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8.      Meules coniques gallo-romaines :

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 Le catillus a perdu sa forme en sablier, sa trémie centrale devient l’œillard, le cône de la méta s’est aplati, celui en creux de la tournante a un angle légèrement plus ouvert. Ceci facilite d’abord l’entrée du grain, puis par un rapprochement progressif des deux surfaces, le produit va devenir de plus en plus fin au cours de son cheminement vers la périphérie.

 Très fréquemment la rugosité des deux pierres, est décuplée par un rayonnage. En se croisant grâce à la rotation de la supérieure, les lèvres verticales des saignées facilitent le « décorticage » de la céréale.


 

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9.      Meule à anille de la villa du 1er siècle de saint Méard de Dronne :

 

 

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Diamètre cinquante trois centimètres, en haut à droite le trou d’emmanchement, et dans l’œillard à trois heures moins vingt, les deux encoches pour le scellement de l’anille, ou fer à moulin barrant le trou central de la meule tournante. Cette pièce archéologique, importante, en grès métamorphique est l’une des plus anciennes preuves de scellement de « fer à moulin » trouvé en fouille. Cette fameuse « anille », invention révolutionnaire qui deviendra l’enseigne des meuniers.

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10.  La reconstitution en action :

 

Nous voyons ici la même refaite à l’identique, mais en pierre meulière de Domme (24), calcédoine à 80% de silice pure. La conicité est extrêmement faible et il n’y a pas de rayonnage, mais la rugosité de la pierre dite éveillure à laquelles’associe le poids de la tournante permet une mouture parfaite sans bouchardage. Le centrage de l’anille sur le pivot se fait par un trou borgne et non pas un ajustage carré ou papillon. Trou borgne, méthode gauloise ; papillon méthode romaine.

 

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Les moulins archaïques

11.  Les moulins yougoslaves :

 

 

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Voilà l’outil de transition entre un acte culinaire individuel et domestique, et le même obtenu cette fois de façon collective et industrieuse grâce à la force hydraulique.

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12.  La trompe et son rodet :

 

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Conduite forcée, mais aussi embrayage et débrayage en faisant varier par déplacement l’angle d’arrivée d’eau.


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13.  Le rodet à cuillères de bois :

 

 La puissance hydraulique qui se libère de la trompe vient pousser

une pale puis l’autre, en exerçant une force perpendiculairement à l’un des rayons de la roue horizontale ancêtre des turbines. Noter le carré du centre du rodet, il se trouve juste avant l’extrémité de l’arbre qui tourne dans la crapaudine,  « le grain ». La crapaudine elle même fixée sur une poutre en porte à faux , permet à l’ensemble, en soulevant ou en abaissant l’extrémité libre de ce bras de levier, d’écarter ou de rapprocher les meules « la trempure ».

 


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14.  Le tournant de petit diamètre, sa trémie et son distributeur frottant rudimentaire:


 


 

 

 


 

 

Ce moulin comporte ‘les leviers de la trempure ’ ingénieux système  suspendant la meule tournante(G) par l’anille qui est en équilibre sur l’extrémité supérieure du gros fer(F), terminant l’arbre,. L’autre extrémité  de l’arbre étant prise dans l’alésage du rouet, puis dans la crapaudine de la poutre (D) mue par la trempure (B) et son levier(A).


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15.  Roue primaire à axe horizontal :

 

 

Une noria qui a mal tourné. Ce système antique fut presque oublié en occident, dans les premiers siècles de notre ère, à l’exception des roues en dessus qui ont toujours animé nos ruisseaux de montagne. La roue à axe horizontal remplacée par le rodet précédent, refit une timide apparition chez nous sur les moulins nef des Mérovingiens. Cependant le vrai retour de cette technique eut lieu après les croisades avec une sophistication du procédé qui est la roue en dessous où une lame d’eau heurte la pale qui se trouve « dessous » et la projette avec force avant de répéter l’opération sur la suivante


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16.  Renvoi d’angle rouet lanterne :

Associée au moteur précédent cette invention des charrons celtes permit d’atteler la grande force de la roue à la meule tournante. D’abord en permettant la transmission orthogonale du mouvement, ensuite en facilitant une démultiplication. Enfin grâce à la longueur des fuseaux de la lanterne, le gros fer peut monter et descendre sans débrayage des alluchons du rouet et ainsi permettre le réglage des meules par l’action de la trempure. Dans l’exemple présent ; « la meule d’une huilerie »  est rajouté un système de « débrayage »par translation du rouet par un levier.

 

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17.       Nous voici au moulin de la Pauze en 1710 .

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Jean Mazeau dit « Barodaubouro » est le meunier métayer de l’abbaye de Peyrousse en Dordogne sur la Dronne prés de Ribérac. Il écrase 2 quintaux (200kg) de blé par jour, ce qui génère 1 balle (100kg) de farine qui produiront 126 kg de pain et alimenteront 158 personnes. La consommation de pain par jour et par habitant en France est considérable car le pain est la base de l’alimentation. Dans la paroisse de 500 âmes qu’est Saint Méard de Dronne, il y a trois moulins à eau, un appartient au seigneur et deux au clergé, dont la Pauze. Un autre moulin, celui-ci à vent appartient au propriétaire d’une exploitation agricole. Les roues hydrauliques sont archaïques, qu’elles soient à axe vertical ou horizontal. Elles sont le moteur le plus fréquent dans les moulins, le nombre de ceux mus par le vent est très inférieur. La mouture se pratique à la grosse sans nettoyage du grain, un seul passage entre les meules et un tamisage rudimentaire dans un cône de tissus blutant : « l’étamine ».


 

 

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18.   Tour sur tertre d’un très vieux moulin à vent Bergeracois : (Un autre moulin, celui-ci à vent appartient au propriétaire d’une exploitation agricole.)    

 

Système rapporté par les croisés aux alentours du 11 ème siècle, le moulin à vent fut d’abord un outil de liberté par rapport au régime de monopole féodal, mais aussi une source de stimulation pour le développement des techniques, car l’ingéniosité devait suppléer aux caprices et à la rareté des vents qui rendaient obligatoire l’optimisation du rendement.

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2.      Généalogie de la famille MAZEAU :

 

A la fin du 17 eme siècle ma famille est propriétaire d’un petit moulin (avec peu d’eau et de chute) sur une dérivation de la rivière Dronne en nord Dordogne. Le fils aîné Jean dit « Gayau » du nom de sa mère , part en 1710 métayer d’une abbaye en amont immédiat de chez son père dans le moulin qui jouit de la troisième plus haute chute de la rivière « la Pauze ». Son surnom ou « chaffre » en occitan a changé, il est alors appelé « Barodaubouro » qui signifie dans notre langue « qui ferme de bonne heure » ! Nous exercerons sur ce site durant 11 générations. La dernière meunière de la Pauze a été ma fille Caroline qui avec l’aide de son compagnon m’ont aidé après une tentative de résistance aux regroupements, à réaliser notre fonds de commerce industriel pour me permettre de redémarrer dans une dynamique d’écomusée. Le phénomène de concentration entre meuniers n’est pas nouveau, car jusqu'à mon grand père inclus, tous mes ancêtres ont épousé des filles de collègues, ce qui induisait la fusion des moulins.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

3.      Une lignée de meuniers

19. 


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·         D’autres moulins.

 

 


20.  Moulin nef de cahors : le moulin des mérovingiens.

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Barcasse flanquée de deux roues pendantes « qui ne tournent qu’avec la force du courant ». Ce moulin avait pour avantage, de suivre la fluctuation des crues. Facilement déplaçable, ce qui permettait d’abord de rechercher les endroits au courant optimum, mais aussi de rendre les moulins plus difficilement contrôlables pour les autorités. L’inconvénient majeur d’entrave à la circulation fluviale les fit interdire partout, cependant quelques uns subsistèrent jusqu’au début du 20 ème siècle. Cette reconstitution fut mise hors d’état de flottaison lors de la tempête de 1999 ; où il vint se fracasser contre un quai. Ce fait divers souligne un autre danger dû à leur utilisation sur nos rivières et notamment pour les piles des ponts.


 

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21.  Moulin en forme de bateau de Bourdeilles :

 

Forme minéralisée du précédent, les moulins de la rivière Dronne sans exception au moyen âge avaient adopté cette architecture. Ceci n’est pas étonnant lorsque l’on connaît l’influence très importante de la culture mérovingienne sur ses rives.

 

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22.  Moulin à marée de Bréhat :

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Autre façon de capter l’énergie dispensée par la nature, cette technique largement utilisée sur notre littoral atlantique, consiste à laisser la marrée remplir une retenue et lorsque la mer se retire, les flots contenus, en se vidant, animent une roue.


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23.   

Les meuniers et l’impact sur leur environnement.

 

24.  Méandres de la Pauze :

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Exemple de remaniement du paysage afin de générer un maximum de force hydraulique. A cet endroit il y avait un vaste marécage parsemé de bras d’eau. Ce site fut engendré par un effleurement calcaire retardant l’écoulement naturel de la Dronne. Au cours des siècles, les hommes ont concentré le maximum d’eau dans le chenal le  plus propice à générer la plus haute chute. Sur la langue de pierre furent implantés les deux premiers moulins. Un autre bras secondaire suivant la ligne de plus faible pente fut conservé en eau de façon a ce que le trafic de fret par gabareaux, puisse se poursuivre en évitant les moulins sans trop leur nuire.


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25.  La configuration actuelle du site :

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Le moulin le plus gros se trouvait à l’emplacement de l’actuelle maison du  meunier, son bief en lieu et place de la cour et la roue au sud sous ce qui est aujourd’hui la terrasse. Le moulin s’agrandit après 1789 au nord par une étrave supportant un bâtiment flanqué de deux autres roues. C’est encore peu ou prou sa configuration en 1892 lors de la transformation en minoterie, le socle de l’étrave servant d’assise centrale.

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27.  Meule de grès du 2me moulin de la Pauze :

 

Par tradition orale je connaissais le probable emplacement des supposés vestiges du deuxième moulin, jouissant du trop plein du premier bief mais d’une chute plus haute. Le grand barrage actuel de 1892  mit hors d’eau cette dérivation avant que je ne la réhabilite pour alimenter une petite usine électrique en 1973. En effectuant ces aménagements je trouvais le marqueur incontestable de la présence d’un moulin ; une demi meule.

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28.  Moulin originel de Rochereuil:

 

Ce 2eme moulin de la Pauze en se référant à son implantation au sol avait l’aspect type de celui ci, qui est le dernier spécimen intact de notre rivière. Le petit bâtiment abritait la machinerie et la famille du meunier. C’est pour placer les machines à nettoyer le blé au dessus des meules à la fin de la banalité que nos toitures s’ornèrent de rehausses à fenêtres que chez nous on nomme « calustrous ».

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29.             Revenons à la Pauze en 1810 « Photo prise en 1878 » :

 


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Jean Mazeau dit « Chambaud » n’est plus métayer mais fermier du régisseur de l’abbaye qui est devenu propriétaire du moulin à la révolution. Il a optimisé sa chute de 2m pour10m3 par seconde, grâce à deux nouveaux barrages qui animent trois roues à palettes plates, deux paires de meules à farine de froment, une autre à céréales secondaires et enfin une huilerie à noix . Il écrase 24 qx de blé par jour, ce qui génère 18 B de farine qui produiront 2268 kg de pain et alimenteront 3240 personnes. La consommation du pain par jour et par habitant en France est encore importante. Le moulin à vent a disparu, celui en amont est devenu un four à chaux, l’autre en aval, une maillerie qui produit des draps de chanvre. La mouture à reprise après blutage, dite à l’anglaise a notablement amélioré le rendement et la qualité de la farine. On peut dire que l’art de moudre avec des meules de pierre et des bluteries est à son apogée.


Les secrets du rhabillage et du tamisage sont nombreux et farouchement gardés. Le Général ingénieur Poncelet travaille sur une roue horizontale à pales courbes ; Ailleurs Euler se penche sur ce qui plus tard se nommera la turbine ; John Collier débute ses expériences avec son comprimeur à cylindre de porcelaine, ancêtre de nos broyeurs à cylindres.


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·         Les retenues d’eau.

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30.  Gué de Chamboulet et sa chaussée de pierres :

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Le fond du gué était empierré pour faciliter la traversée, ceci créait un rapide artificiel, de plus souvent comme ici il se doublait d’une chaussée de pierres pour que les piétons traversent à pied sec. Ces deux effets cumulés générateurs de courants, ne manquèrent pas d’attirer les moulins.

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31.  Le barrage du moulin du blé :

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Lorsque au 9ème siècle la technique des barrages se généralisa, les ancestraux passages à gué furent noyés par les biefs. En effet le moulin resta à l’endroit d’origine, et de l’amont du bâtiment le gué migra vers l’aval.

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32.  Le barrage de Larcy :

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Bien souvent le barrage suit le tracé du gué pour bénéficier de l’assise damée constituée au cours des siècles. La technique la plus ancienne consiste à édifier deux palissades parallèles de part et d’autre du vieux passage ; des branches sont entrelacées entre les piquets, et l’espace entre les deux est bourrée d’argile et de pierres. Celui ci défit la force de l’onde depuis mille ans ; et sert encore de lieu de traversée.

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33.  Le barrage de la Pauze :

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Les barrages récents du 19 ème siècle, tel celui ci, destinés à alimenter les quatre turbines d’une minoterie, sont dotés d’un déversoir en pente douce et font largement usage du béton.

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34.  Le barrage de Chenaud (16) :

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Très longue retenue, le barrage doit être toujours plus long que la rivière n’est large, pour ne pas freiner la vitesse du courant mais essayer de l’accentuer, car lorsque l’on double la vitesse de l’eau on multiplie par 8 sa puissance.

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35.  Le barrage à aiguilles de Ballan-Miré :

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Lorsque le meunier ne pouvait obtenir l’autorisation d’édifier une chaussée, parfois il contournait l’interdit par une retenue amovible. Une passerelle est édifiée à l’endroit à barrer , sur le fond en retrait vers l’aval est édifié un muret de faible hauteur. Par la force du courant, il laisse se coller des chevrons de bois retenus en haut par le bord de la passerelle et en bas par le muret.

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36.  Une aiguille :

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Ces chevrons de faible section pour pouvoir être facilement retirés par leur poignée, lorsqu’ils sont à touche-touche réalisent une retenue acceptable.

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37.  Le pont cintré de Bourdeilles :

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Pour traverser d’une rive à l’autre nous connaissons les ponts, eux aussi souvent associés aux gués ancestraux, mais leur rareté dans les époques reculées incitèrent à trouver des supplétifs.

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38.  Le moulin pont et le bief de la Pauze :

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Cette vue aérienne permet de se rendre compte de l’aubaine que représentaient pour les piétons la plupart des moulins pour franchir les cours d’eau.

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39.  La passerelle des Bigoussies :

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Des passerelles « ou planches », en occitan « chabroux », identiques à celles ci reliaient les deux moulins et les deux berges, doublant le gué, au 18me

 siécle au temps où les meuniers de la pauze étaient aussi passeurs et parfois bateliers l’hiver.

 

·         Abordons maintenant la mouture par meules, l’art du meunier  _____________________________________________________________________

40.  : « Le tournant de meule du moulin haut » Rouffignac Dordogne :

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Ensemble complet d’un moulin type à meule, mû par rodet, crapaudine, sur trempure, et trompe ; archure cylindrique, distributeur à auget, babillard, trémie pyramidale.

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41.  Sans l’archure :

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On enlève le haut !

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42.  En mouvement :

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On lance le rodet en ouvrant la pelle de la trompe et en réglant le jet au plus prêt par la bricole.

43.  Description de la mouture économique par tournant de meule et bluterie :

En préambule ; nettoyage du blé par le tarare qui allie vannage et criblage.

Il faut une paire de meules ou tournant ; le produit de mouture ou boulange tombe dans un baquet l’huche ; à coté une bluterie munie d’une structure tournante hexagonale garnie de tissus blutants :l’étamine et ses soies

1er passage du blé propre dans les meules réglées écartées, dans l’huche tombe la boulange de première, que l’on introduit dans l’étamine d’une bluterie à deux soies la première dite fermée : « avec de petits trous » la seconde dite ouverte« avec de gros trous ». Le produit passant au travers de la fermée l’extraction est le fin minot, l’extraction de l’ouverte la repasse, Le produit ne passant pas au travers ou  refus est le son.

Reprenons la repasse sur les meules réglées milieu + serrées, dans l’huche tombe la boulange de seconde, elle est reprise dans la bluterie,. L’extraction de la fermée est le minot rond, l’extraction de la soie ouverte le remoulage, le refus est l’areze ou son fin.

Reprenons le remoulage sur les meules réglées à toucher, dans l’huche c’est la boulange de queue, qui est reprise dans la bluterie,. L’extraction de la fermée est le minot gras, l’extraction de l’ouverte le fleurage, le refus doit être infime mais si il existe c’est la recoupette.

Le produit final ou minot = la farine du meunier à meules, alors que le minotier est celui qui avec des cylindres réduit le minot

La farine de meule ou minot est le mélange des trois premiers minots  ;

( fins+ ronds+ gras) Proportion 40% fins minots, 20% minots ronds, 12% minots gras,

Restent les issues : le fleurage 8%, l’areze ou son fin. 6%, le son 12%,

la recoupette 2% .

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44.   Levage de la tournante :


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œillard monolithique, anille double hache dite antique, ou gallo-romaine.

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45.  Rhabillage et calage du boitard :

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Exemple à ne pas suivre.

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46.  Balade au pays des meules ;

 Meule diamètre 1m80 monolithique en grès:

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Meule gisante à l’envers ; seuil de la porte du moulin de grenier prés de Brantôme.

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47.   Le rayonnage hélicoïdal :

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. Meule diamètre 1m60 monolithique en granit :

Table communale de saint Antonin noble val dans le Tarn et Garonne, bien que présenté comme le secret des secrets à la fin du 18 me siècle, n’améliore en rien les performances, tout au plus peut-il favoriser l’aération des meules pendant la mouture.

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48.  Meules à carreaux en calcaire pièce d’œillard carré :

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Ici on essaie de compenser les piètres qualités de la pierre par le poids de la courante.

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49.   Meules dite « à l’anglaise »:

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A quartiers, diamètre 1m50 en calcédoine. Ce qui s’est fait de mieux pour essayer de contrecarrer les cylindres. Issue de la Générale Meulière de la ferté sous Jouarre, le premier cercle ou cœur est en pierre de Domme 24, très éveillée « rugueuse », le second ou entre pied en pierre de la Ferté sous Jouarre éveillée et dure , et le troisième ou feuillére également en pierre de la Ferté mais lisse et très dure. Le rayonnage dit à la française et à rayons, contres rayons et cannelures. Les rayons à dent et à dos, et les meules se mettent dos sur dos.

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50.  Meule multi-carreaux de calcédoine :

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Meule bretonne pour le sarrazin, tout en pierre identique à même éveillure fine.

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Brève escapade au royaume du vent  _____________________________________________________________________

51.  : Le moulin pivot de Valmy .

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Notre propos ne peut passer à coté de ces machines qui furent des outils d’indépendance par rapport à la banalité, mais aussi de formidables terrains d’expérimentations pour les techniques.

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52.  Le moulin petit pied de Craca à Plouézec .

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On dit que le surplomb permet de hisser le sac plus facilement sans qu’il ne frotte contre la parois de la tour .

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53.  La Voilure dite du nord au vieux moulin d’Ivry sur seine, attesté depuis 1380.

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Le meunier doit adapter la surface de ses toiles en fonction du vent, tel le matelot il grimpe alors sur l’échelle que constitue l’aile.

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54.  Le moulin tour de Peyrelevade, dans l’île d’Oléron.

à queue et à toit tournant.

 

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Tour modeste en hauteur, mais trapue pour résister au tempêtes atlantiques, la queue  sert à l’orientation en faisant tourner le toit léger car recouvert de bardeaux de bois, sur un chemin de roulement circulaire également en bois.

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55.  Un moulin portugais.

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Avec sa voilure typique, constituée par des voiles latines de bateau, à laquelle s’ajoute une batterie de poteries percées qui font office de sirène, et servent d’indicateur auditif de la vitesse.

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56.  Le moulin cavier du champ des iles à Varennes-sur-loire:

    

Les meules et les machines sont dans un vaste rez de chaussé ou cave, qui donne de l’aisance au travail. L’Anjou est une région à forte concentration de ce type de moulin .

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57.  Le moulin à haute tour de Rairé en Vendée et ses ailes Berton :

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Moulin de plaine à l’intérieur des terres, il faut aller chercher les courants d’air le plus haut possible. La voilure est constituée de lamelles de bois imbriquées qui se déploient ou se replient.

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58.  L’embrayage Berton :

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Révolutionnaire invention qui permet d’adapter en marche, et de l’intérieur, la voilure sus citée, à la force du vent et au travail de la mouture.

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59.  Eolienne Bollée de Dolus-le-sec :

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La turbine à courants d’airs à orientation automatique, géniale invention du temps où les ingénieurs étaient aussi d’ingénieux mécaniciens !

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60.  Moulin de type Afghan :

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Le rotor se trouve à l’intérieur de la tour, ouverte au vent dominant, dans les plus anciens, la meule se trouve en bout d’arbre au sommet de la tour, comme pour les moulins à eau, ici ils sont caviers.

 

 

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·         Autres utilisations de la force de l’eau, les industries annexes

 

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61.  Maillets à Savignac Lédrier (24) :

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Encore appelé Brocard.

L’arbre à cames mue en rotation par une roue de dessus anime les marteaux qui ici battent le fer, mais ils pouvaient aussi fouler les chiffons pour la pâte à papier, où assouplir les draps de chanvre et le moulin devient alors une maillerie. Ou battre l’écorce des chênes dans un moulin à tan .

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62.  Forge en Savoie, le martinet :

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Un lourd marteau de fer est emmanché dans l’arbre, et grâce aux cames frappe l’enclume, « le martinaïre » (mot occitan) dirige la manœuvre.

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63.  Scie battante:

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Une scie battante, à lame aux dents inversées, montée sur son cadre pour reproduire de façon mécanique et automatique, le mouvement des scieurs de long, grâce au travail d’une roue et de son système bielle-manivelle.

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64.  Entrons dans un moulin noir  ou huilerie à noix :

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Meule à cerneaux à axe horizontal  où est réduite en pâte la pulpe de la noix .

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65.  La poêle et son « boueïradour » (mot occitan):

        

On chauffe cette pâte jusqu'à ce quelle chante, ni plus ni moins.

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66.  La presse :

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Par pression on extrait l’huile.

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67.  La pêcherie de Peyrousse :

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Sur nos rivières certains édifices étaient équipés d’un système pour la pêche, ici spécialement pour l’anguille. Face au courant une grille en pente montante de l’amont vers l’aval, au bout de cette montée un décrochement amovible en forme de panier parallélépipédique, le poisson est précipité sur la pente par un fort courant qui se glisse sous une vanne, il roule et tombe dans le panier. Il est recommandé de faire des levées fréquentes pour garder les prises vivantes car les remous assomment et asphyxient les animaux. Les moulins fondés en titre jouirent du droit de pêche jusqu’en 1982.

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68.  Bref inventaire des moteurs hydrauliques.

 

69.   Roue de poncelet en mouvement au moulin de la Roche Berland :

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La magie d’une roue qui tourne, ce spectacle nous est encore offert grâce à de nombreux passionnés qui y consacrent beaucoup de leur temps et de leur argent.

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70.  Changement d’arbre à Salles  en Dordogne:

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·         Mais leur passion a aussi pour effet de préserver la mémoire des techniques, et ses savoir faire d’une autre époque méritent bien de ne pas tomber dans l’oubli.

71.        

72.    Le moulin chabrol en charente :

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Roues simples en dessous, à palettes plates ;

Le plus simple des systèmes à axe horizontal, souvent par en dessous.

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73.  Le moulin de salles (24) :

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Roue double à palettes plates .

 

Cet outil de travail, est soit en dessous, amélioré par une vanne inclinée générant une puissante lame d’eau ; soit de poitrine, l’eau arrive alors légèrement au dessus de l’axe médian. Par rapport au procédé précédent il s’ajoute la force généré par le poids de l’eau. Chez moi si l’eau arrive légèrement en dessous de l’axe on dit que la roue est de coté.

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74.  Roue de poncelet :

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Le rendement est amélioré par les pales courbes qui permettent un fonctionnement sans choc lors de l’entrée et de la sortie de l’eau, et un plus long maintien de celle ci dans les aubes.

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75.  Roue à augets en dessus :

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Travail uniquement par la force du poids de l’eau nommée en hydraulique : « l’action ».

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76.  Roue en dessus de grand diamètre :

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Moins il y a d’eau, plus le diamètre doit être grand afin de démultiplier le rendement par le couple.

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77.  Moulin de Ballan-Miré :

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Au centre de ce moulin planté au beau milieu du Cher, le porche de l’énorme roue. 

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Roue pendante :

 

Ne fonctionnant que par la force du courant, elle doit être descendue ou remontée pour être à la hauteur optimum par rapport au débit de la rivière.

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78.  Roue de Sagebien de Verdelot (77) .

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La plus sophistiquée et la plus performante, de par la multiplicité et l’inclinaison de ses aubes, ainsi que par son grand couple, elle était dans certaines circonstances plus performante qu’une turbine.

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79.  Mi-roue mi-turbine à entrée forcée intérieure :

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Machine hybride rencontrée en Savoie, certainement sortie de l’imagination d’un concepteur local, la trompe envoie le flux à l’intérieur de la couronne d’aubes, (système à rapprocher du principe Fourneyron que nous découvrirons plus avant).

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80.       Retour chez moi en 1910 :

 

 

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Blaise Mazeau dit « Chambaudou » devient le deuxième plus gros minotier de la rivière Dronne. Avec l’argent gagné pendant la période de fermage, son père a racheté la Pauze et Blaise fait construire une minoterie à cylindres, mue par quatre turbines, deux « fontaines », une « francis », et une « américaine ». Il écrase 123 quintaux de blé par jour, ce qui génère 93 Balles de farine qui produiront 11718 kg de pain et alimenteront 19530 personnes. La consommation de pain par jour et par habitant en France est de 600g. Grâce à ses quatre appareils à cylindres Schneider dit « pot de fleur » et sa bluterie à tamis plat ou  « planschiter », la performance de l’usine et le métier du patron font un ravage dans la population meunière de la vallée ! ! ! Les moyens de transports modernes (trains et camions) se sont généralisés en même temps, Brault et Teisset de Chartes installent à tout va des turbines, des appareils à cylindres et des Planschisters.

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81.  Les forts en farines :


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Les meuniers avaient « entres autres » la réputation d’être des costauds. Un sac de blé en 1803 pesé 100kg «  le quintal » et une b alle de farine à la même époque 199 kg. Les plus forts des forts aux halles à Paris c’était eux, les plus belliqueux aussi ! mais également les mieux fédérés et rémunérés. En 1970 nous portions encore des sacs de 80 kg de blé, et 100 kg pour la farine, et ceux de ma génération qui ont porté ces poids en sont très fiers et n’ont pas forcement plus mal au dos que d’autres, mal assis devant leur écrans.

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·         Les moteurs hydrauliques sophistiqués  dit :turbines.

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82.  Turbine fontaine :

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La transition entre la roue et la turbine, le distributeur qui n’est autre que la symétrique inversée et fixe de la roue tournante, allie à l’action de la puissance du courant la réaction, car le flux arrive perpendiculairement aux aubes, et ceci sur chacune d’entre elles.

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83.  Turbine fontaine installée et son renvoi d’angle, moulin de Menet (16): .

L’ensemble mécanique réduit à sa plus simple expression, mais d’une grande efficacité qui permit d’optimiser l’énergie de nos modestes cours d’eau.

84.  Dessin d’une turbine Fourneyron :

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Pure mise en application de la science, ce compliqué système de turbine, avec l’entrée d’eau par un distributeur à directrices mobiles, à l’intérieur de la roue, le tout surmonté par une cuve de réserve. Bien que précurseur, ce principe lourd et fragile n’a eu qu’une diffusion modeste. Cependant nous retrouvons beaucoup des innovations qu’elle renferme et qui furent notamment reprises par l’ingénieur Morgan Francis dans ses turbines dites américaines.

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85.  Roue Pelton :

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Forme améliorée de la roue en dessus à aubes, idéal pour les très fortes chutes équipées de conduites forcées.

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86.  Roue « hélice » Kaplan :

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Le plus sophistiqué de tous les systèmes, les pales de l’hélice sont variables et son pas de vis est adaptable en permanence au débit de l’eau. Installée dans un siphon elle travaille à l’action, à la réaction et à l’aspiration.

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87.  Roue Francis :

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Le moteur idéal des minoteries du début du 20me siècle, efficace en faible chute, forte en puissance, avec une vitesse de rotation lente adaptée à la transmission par arbres, poulies et courroies.

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88.   Distributeur et cloche d’une turbine « hercule » :

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Dans le distributeur dont nous voyons les directrices il y a la roue. Entre les directrices et les pales de la roue coulisse la cloche. Cette vanne cylindrique est protégée dans son dôme, lui même percé en son centre par le boitard duquel sort l’arbre vertical. La cloche en montant et en descendant donne ou sort de l’eau ; donc de la force et de la vitesse.

·         Les minoteries.

89.   L’ensemble meunier de Barbegal :

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C’est ici qu’apparaît à tort dans les textes pour la première fois le terme Minoterie. Cette succession de moulins dans une pente d’époque gallo-romaine, animés par le flux que déverse un aqueduc est le premier moulin industriel. Mais étant équipé de meules et non de cylindres il n’a pas le droit , selon moi, à l’appellation minoterie.

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90.  La minoterie de Lambardemont :

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A l’apogée de la révolution industrielle, voilà à quoi ressemblait une minoterie hydraulique, sur la rivière L’isle en Gironde, avec la maison du minotier. Ces grands bourgeois bordelais alimentaient en farines nos colonies. L’origine de leur fortune provenait de l’ancien régime. La rente en blé (impôt en nature prélevé localement par les seigneurs) leur était vendue par les aristocrates d’aquitaine, et une fois transformée en farine elle remplissait les navires en partance du port de Bordeaux.

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91.  Le couple conique :

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Les progrès de la métallurgie permettent de couler de lourds et solides pignons en fontes, avec une denture en alluchons de bois comme l’engrenage

 

 les grands volants « divisés » permettent de relativement facilement remplacer ou arranger la denture.

 

92.  Une machine à vapeur :

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De tributaire des exigences de la nature, le meunier se libère de ses contraintes et peut moudre selon ses désirs, finies les longues heures de chômages en attendant que le bief se remplisse pour que débute l’éclusée. Revers de la médaille la compétition entre meunier minotier, tourne vite à l’avantage du second, car il dispose de plus gros moyens financiers et donc de plus de facilités pour se faire aider par ces premiers moteurs auxiliaires .

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93.  Minoterie de Chamberlane (16) :

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Survol de l’équipement type de la quasi totalité des minoteries avant les années 1980.

La turbine se situe entre le sous sol aux arcatures, et la cave dont le plafond est le niveau d’eau aval. Au dessus trônent cinq niveaux indispensables.

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94.  Rez de chaussée , la salle du mouvement:

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Le grand volant d’inertie sur l’arbre vertical de la turbine, régule, démultiplie et transmet le mouvement au contre arbre qui lui même l’apportera à l’arbre du bas .

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95.  Premier étage, la salle de mouture :

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Les appareils à cylindres, en prise direct par poulie et courroie avec l’arbre du bas.

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96.  Etage intermédiaire la salle pour la distribution par gravité :

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Les tuyaux de descente, la vis double à farine, les brosses à son, l’arbre intermédiaire tourne avec celui du bas par une courroie de renvoi qui les joint.

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97.  Troisième et quatrième étage, la salle du blutage:

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Les planschisters, et le sasseur pour les semoules.

Au dessus 5me niveau, la salle des détacheurs, des écluses d’air, des remontées pneumatiques et du turbo aspirateur. Tout l’ensemble est mu par le troisième arbre, dit du haut. Ces arbres reliés entre eux par les courroies de renvoi, remontent le mouvement de la cave au toit.

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98.  Complément indispensable le nettoyage du blé :

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Le trieur cylindrique Mercure ;

Un nettoyeur séparateur multi-grilles avec une  aspiration, la grille la plus ouverte recueille ce qui est plus gros que le grain ; la seconde classe le produit à moudre et les particules plus fines, blé cassé ou graines rondes, sont extraites, alors que la poussière est aspirée.

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99.  Brosse « petite colonne » Lafond :

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Un rotor muni de brosse tourne dans une garniture tronc conique en grillage, le tout fortement aspiré par le ventilateur. Le blé en traversant cette machine a son sillon débarrassé de la terre emmagasinée lors de la récolte.

Voilà deux incontournables du début du 20me siècle.

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Comment un petit  moulin du fond de la vallée s’est transformé en une usine.

 


100.                                              La marche de l’évolution  :


 

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1710

 

 

 

  

 

1878

 

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1892

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1904

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.1926

 

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1960


101.                             Projection vers 2010 à la Pauze.

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Alain Mazeau dit « Banette », a cessé son activité de minotier en 2003, il écrasait alors 215 qx de blé par jour, ce qui génère 161 B de farine qui produiront 20286 kg de pain et alimenteront 67620 personnes. La consommation du pain par jour et par habitant en France était alors de 300g, après être passée par un seuil de 200g. Plus de 50% du pain est vendu par la grande distribution et les industriels. Son moulin avec quelques innovations (remontées pneumatiques qui ont remplacé les élévateurs à godets, et énergie électrique extérieure) est resté par choix, proche de celui de son arrière grand père ; les turbines qui produisent 150 chevaux ne suffisent plus, même à l’optimum de la chute, à faire tourner l’ensemble. L’attachement du patron à la vraie technologie meunière le met en porte à faux par rapport à toutes les nouvelles normes de sécurité et d’hygiène. Après avoir racheté lui même, cinq moulins au cours de sa carrière, il décide de céder son fonds de commerce pour transformer le site de la Pauze en écomusée. Son repreneur écrase 800 qx de blé par jour, ce qui génère 600 B de farine qui produiront 75600 kg de pain et alimenteront 252000 personnes.. Son moulin usine est au firmament de la modernité et son patron fera très certainement partie du club très restreint des 300 directions de minoteries en France. Rappelons qu’en 1809 il y avait 98187 moulins et autant de meuniers.

Epilogue.

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102.               Salle des planschisters d’une usine actuelle :

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Gigantisme et informatique ont remplacé gestion d’énergie, et ingéniosité.

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103.               Ligne de cylindres d’aujourd’hui :

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Les machines ne s’ouvrent plus et le réglage entre pouces et index de chaque main à la sortie des cylindres est interdit. Il est bien que tous les meuniers du futur conservent la totalité de leurs phalanges, mais le toucher, sorte de septième  sens tactile de cette profession va se perdre pour toujours ; à moins que nous, qui savons, arrivions à intéresser les jeunes générations par le biais du ludique .

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100 Boulangerie 1900 du conservatoire du moulin de la Pauze :

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Les récompenses du meunier et les finalités de son travail sont évidemment les plaisirs gastronomiques que procurent le pain. Un meunier qui n’aime pas ce produit part avec un lourd handicap. Personnellement très vite j’ai voué une passion aussi grande aux deux métiers, et si un jour, vous le souhaitez, je pourrai également vous faire découvrir celui de Boulanger.

 

FIN

 

 

Achevé d’écrire au moulin de LA PAUZE , le 26 mars 2008

Par Alain MAZEAU, avec la collaboration  efficace et éclairée  de Jean Claude PUYBAREAU .

 

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