DICTIONNAIRE TOPOGRAPHIQUE
DU
DÉPARTEMENT DE LA DORDOGNE
COMPRENANT
LES NOMS DE LIEU ANCIENS ET MODERNES
RÉDIGÉ SOUS LES AUSPICES
DE LA SOCIÉTÉ
D'AGRICULTURE, SCIENCES ET ARTS DE LA DORDOGNE
PAR
M. LE VTE DE GOURGUES
MEMBRE DE CETTE SOCIÉTÉ
CORRESPONDANT DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE POUR LES TRAVAUX
HISTORIQUES
PARIS
IMPRIMERIE NATIONALE
M DCCC LXXIII
INTRODUCTION.
DESCRIPTION PHYSIQUE.
LE
SOL.
Le département de
Il
est borné au nord par les départements de la Haute-Vienne et de
Sa
superficie est de
Voici
ses dimensions, d'après le Tableau des Communes, par M. Marrot :
« La
plus grande longueur N. S., depuis l'extrémité nord de la commune de Busseroles
jusqu'à l'extrémité S. de la commune de Loubéjac, suivant une ligne qui
fait avec le méridien un angle de 0° 27'
7", est en arc de 1° 13' 30", et en mesures linéaires de
La
plus grande largeur E. O., depuis l'extrémité E. de la commune de Nadaillac
jusqu'au pont du Chalaure (commune
de Sainte‑Aulaye), suivant une ligne qui fait avec le parallèle un angle
de 0° 4' 57", est en arc de 1° 29' 13", et en mesures linéaires a de
La
largeur E.O., depuis le point où
Il
occupe la dernière assise des contre-forts sur lesquels s'appuie à l'ouest le
plateau central, et est ainsi placé sur un plan général d'inclinaison.
Le
niveau le plus bas est l'extrémité occidentale de l'arrondissement de Bergerac;
il se confond alors avec celui des plaines de
En
deçà de Bergerac, les pentes montent graduellement dans les directions sud, est
et nord; c'est à la circonférence que sont les hauteurs les plus considérables.
Vers le nord, entre
Sur
la limite de l'est, dans les arrondissements de Périgueux et de Sarlat, les
hauts coteaux ont de 300 à 350 mètres; ils s'abaissent au sud-est de Bergerac,
et Biron, le point culminant du vaste plateau qui s'étend sur la rive gauche de
Le système hydraulique pour le cours des eaux est la
résultante de l'adossement de la contrée aux plateaux du Limousin et aux rampes
de l'Auvergne. Les rivières qui sillonnent presque parallèlement entre elles le
nord du département, et dont les principales sont
La
constitution géologique, qui exerce une si grande influence sur la nature et la
richesse de la végétation, est ici très diverse. .
Une
note de M. Raulin, professeur de géologie à la faculté des sciences de
Bordeaux, expose que « le département de
Les
terrains primitifs, composés principalement par des micaschistes et des
talschistes, forment au N. E. du département une bande qui s'étend de Terrasson
à Bussière-Badil, au N. de Nontron, ou les granites dominent presque
exclusivement.
Le terrain
houiller constitue un petit bassin exploité au Lardin et à Cublac, et dans
lequel des recherches ont été récemment faites sur les confins de
Un
système d'argiles et de grès rouges lie de vin, verts ou bigarrés, appartenant
au trias, existe aussi dans les environs de Terrasson et de Hautefort.
Le terrain
jurassique forme parallèlement au terrain primitif une bande beaucoup plus
importante, qui court du S.E. au N.O., depuis les bords de
L'étage oolithique inférieur,
assez développé autour d'Exideuil et au N.O. de Nontron, est formé par des
calcaires compactes et oolithiques ou plus ou moins «cristallins, durs, jaunes,
dont les fossiles ne sont pas très-distincts.
L'étage oolithique moyen,
principalement développé entre Thiviers et Souillac, est formé par des
calcaires compactes et oolithiques jaunâtres, dans lesquels les fossiles sont
encore plus rares.
L'étage oolithique
supérieur existe
aussi; mais il est partout recouvert par les terrains suivants, qui s'avancent
transgressivement et d'une manière inégale sur les étages précédents.
Le terrain crétacé[2],
qui apparaît sur près des trois quarts de la surface du département, est
représenté seulement, comme dans toute la bande qui s'étend de Cahors à
Rochefort, par le tiers supérieur du terrain.
Le gault, le grès vert et
l'étage néocomien manquent absolument. — M. d'Archiac y a établi les quatre
divisions suivantes : 1° sables et grès verts ou ferrugineux et calcaires à
ichthyosarcolithes; 2° calcaires marneux jaunâtres avec ostracées et ammonites;
calcaires marneux gris blanc ou jaunâtres; calcaires blancs ou jaunâtres à rudistes;
3° craie grise, marneuse ou glauconieuse et micacée; 4° calcaires jaunes supérieurs.
Les terrains tertiaires forment
une bande allongée du N. O. au S. E., qui borde les départements de la Gironde
et de Lot-et-Garonne, de la Roche-Chalais à Montpazier, et qui n'est que la
terminaison de la nappe éocène qui existe dans ces deux départements. Ils
présentent, à la partie inférieure, des marnes et des molasses sans fossiles
et, à la partie supérieure, des calcaires d'eau douce à limnéus et planorbes.
A partir de cette bande
s'avancent, vers le N. E., de nombreux lambeaux qui masquent partiellement les
terrains crétacés et jurassiques, et qui près de Nontron viennent même jusque
sur le terrain primitif. Ces lambeaux isolés n'ont pas toujours une épaisseur
très-grande et sont formés généralement par des sables et des argiles,
quelquefois avec cailloux roulés quartzeux ayant de l'analogie avec les dépôts
diluviens et renfermant souvent de l'hydroxyde de fer, qui sur certains points
devient assez abondant pour donner lieu à des extractions de minerai, comme aux
environs de Nontron et d'Exideuil, de Saint-Cyprien et de Belvez. C'est encore
au milieu de ces dépôts que, conformément aux opinions de M. Coquand, se trouve
le minerai de manganèse de Thiviers, qui avait d'abord été rapporté à l'étage
jurassique inférieur.
Les terrains d'alluvion comprennent
les dépôts diluviens à cailloux souvent primitifs, qui se trouvent dans le fond
et sur les pentes des vallées et sur les bas plateaux qui les avoisinent, et
aussi les dépôts limoneux des hauteurs dont la terre végétale est souvent
composée.
Les alluvions modernes
consistent en dépôts de sable et de grève dans les parties basses des vallées.
»
Aujourd'hui
l'aspect physique du sol se résume par le tableau suivant, dressé par
l'administration départementale.
ÉTAT INDIQUANT PAR NATURE DE
TERRAIN LA SUPERFICIE DU DÉPARTEMENT DE LA DORDOGNE.
PROPRIÉTÉS IMPOSABLES.
Terres labourables et
terrains évalués par assimilation à ces terres. 339,682h 21a 59c
Prés et herbages...................................................................................... 75,558 58
65
Vignes....................................................................................................... 95,615 26 95
Bois et forêts........................................................................................... 203,956 10 99
Vergers, pépinières,
jardins potagers.................................................. .. 3,262 55
05
Oseraies, aunaies,
saussaies................................................................. 359 86
33
Carrières et mines.................................................................................. ........ 3 14
10
Mares, canaux
d'irrigation, abreuvoirs............................................... 146 34
85
Canaux de navigation...................................................................... .. 71
Landes, bruyères,
marais, rochers, tourbières................................... 98,481 74 83
Étangs...................................................................................................... .... 823 85
71
Châtaigneraies....................................................................................... 71,839 34
91
Noyers...................................................................................................... 25 54
30
Total
des propriétés non bâties
imposables.................................. 889,755 29
26
Total
des propriétés bâties imposables.......................................... .. 4,570 44
34
Total
général de la contenance imposable........... 894,325
73 60
Routes[3],
chemins, rues, places et promenades publiques............... .. 18,158 52 5
Rivières, lacs et
ruisseaux..................................................................... .. 5,607 87
77
Cimetières,
presbytères, églises, bâtiments d'utilité publique......... .... 161 04 81
Autres objets non imposables.............................................................. ........ 1 10
30
Total
général des propriétés non imposables...... 23,928 55 73
Contenance imposable......................................................................... 894,325 73
60
Contenance non
imposable................................................................. 23,928 55
73
Superficie
totale du département................................ 918,254 29
33
Mais cet état ne peut donner
qu'une idée bien imparfaite de ce que fut, dans les temps anciens, l'aspect du
pays.
Un guide certain, pour
arriver à cette connaissance, serait l'étude suivie de la nomenclature
topographique elle-même; car le nom n'est pas une formation fortuite dans l'origine,
il fut la désignation, la description sommaire de ce qui tombait sous la vue;
il a dû dès lors se reproduire toutes les fois que le même aspect se
présentait, et dans chacun des idiomes qui tour à tour ont laissé quelques-unes
de leurs locutions dans le langage du pays; c'est ce qui explique la
multiplicité des mêmes mots et la diversité des formes, ayant une même
signification, dans un grand nombre de localités. Puis, tous les idiomes
auxquels ils appartenaient ayant successivement cessé d'être en usage, leur
sens a péri. Pour le retrouver, il faut remonter aux temps contemporains de ces
mots, surtout à celui où la même langue était parlée dans toute la Gaule, et
c'est ce qui explique comment plusieurs noms de lieux du Périgord existent
aussi dans les provinces du nord et du sud avec la même signification.
Cette universalité de
similitude dans la forme et le sens est la garantie la plus assurée que les
noms ont une valeur réelle, et ce n'est que ceux qui, sortant d'une même
racine, ont donné naissance à de nombreuses familles de dérivés que l'on peut
appeler en témoignage.
Cette nomenclature primitive
est encore entourée d'obscurité; mais on a reconnu certains groupes dans ce
vieux fonds indigène, et les plus considérables ont rapport aux forêts, aux rochers
et aux eaux : ces objets sont donc ceux qui frappaient le plus souvent la vue
en Périgord, et qui en constituaient le véritable aspect. Voici le peu que l'on
sait à cet égard:
1° FORÊTS.
Gau ou Gal, entre lesquels il n'y a qu'une différence de prononciation,
remonterait aux Gaulois[4]
: d'où Galan, Galine, Galibert, etc. Gal se change aussi en Jal : d'où
Jalmoutier, Prioratus de Gallo rostico. De Gau viennent Gaubert,
Gaudine, Gaugeac, Gaumerie, Gaumier, Gauterie, etc. De Jal, devenu Jau, on
a eu Jaubertie, Jaumarie, etc.
« Agia, dit M. Quicherat[5],
est un mot que les Barbares apportèrent en Gaule et par lequel on désigna les
hautes futaies au ve et au vie siècle. Au xe
siècle, la forêt d'Orléans a le nom de sylva Leodige, Legium, et plus
tard forêt aux Loges.»
Agia, principalement dans le nord[6]
devenu Leia, Laeye (Ducange), puis Laye (Saint-Germain-en-Laye) est resté en Périgord l'Age (écrit
ordinairement Lage), les Ages, Ageas, Ajat, etc. Cette forme se
retrouve aussi dans le centre : les Ages, commune de Savigné; les
Ages, près de Gençay, Agias Gentiaco; les Ages, près du Blanc.
(Jaubert, Glossaire, etc.).
— Leia, Legium, ont produit Légé, lieu
important dans la Double. — Ajat, écrit par la lettre identique en
prononciation, z, qui a fait Azay dans les Deux-Sèvres, Prioratus
de Monte--Azesio, a pris en Périgord la forme Azel (Boumazel), Azeau
(Montazeau), etc.
— Aia, ordinairement précédé dans
le nord d'un h, Haya, a reçu en Périgord une lettre similaire, f[7] :
d'où les noms de la Faye[8]
et les diminutifs Fayolle, Fayet, etc. Agia prenant la même lettre a
formé le Flageat[9].
Aia entre, comme racine, en composition dans une foule de mots dont le sens
se rapporte à la forêt : ainsi, entre autres dérivés, le cens payé pour
paissage et glandage se disait pailhum[10],
d'où Pailholes ou Payolles, partie de la forêt de Lenquais, Palene, herbe
des bois, etc.
Haia, Hagia[11],
signifiait
aussi une partie de forêt réservée. Ces grands bois, dont plusieurs entouraient
les châteaux, et qui dans le nord sont appelés parcs, avaient ici
d'autres noms : d'abord Breuil, Breil[12],
d'où les diminutifs Brouillet, Brouillol, Brouillac, Brouillayré, etc.
Les forêts, qui n'étaient pas communes à tous pour les droits de chasse
et d'usage, recevaient,
selon M. Maury, une dénomination particulière : «C'est l'origine des bois de Segrais,
de celle de Servais, qui par corruption est appelée Serval.» Ces
noms se retrouvent
dans la Dordogne : camp Segret, Serval, Servenches, et, par le
changement si habituel de lettres occasionné par la prononciation, Cerval,
Cherval, Cherveix, etc. Un nom
très-usité en Périgord était Bos del Deffès, Defeix [13]
; dans la partie qui touche à la
Charente, certains de ces bois se nommaient l'Espau[14];
plus récemment on a dit Bos-Barrat, Barrieyrou, etc.
Parmi
les noms qui expriment les bois en général et qu'on retrouve dans tout le département,
il faut citer, avec tous leurs dérivés, la Baysse ou Besse, par
changement du h en v, devenus Vaysse, Veyssière[15];
la Barte[16]; la Brousse. Les noms
dans lesquels le latin Bos est entré sont plus nouveaux : Bosc,
Bost, Boisse, la Boissière, Bosredon, etc.; leur première forme Buxus[17]
s'est conservée dans Busseroles, Bussières, Buisson, etc.
La Vaure, mot formé peut-être par la
substitution du v à la lettre f, est identique avec le nom la
Forêt, et l'un et l'autre nom est attaché à bien des endroits où il n'y a
plus un arbre aujourd'hui (voy. Dictionnaire, p. 333).
Certains lieux ont pris le
nom de la nature des arbres qui y croissaient, de l'obscurité qu'ils produisent, de l'épaisseur ou de la couleur du feuillage :
de là les noms de Brouille,
Brouillot[18], Brulet, la Brouoc;
Garrigues[19], Jarrige, Chassaigne,
Casse, Cassaigne, Rouveral, qui désignent les lieux où croissait le
chêne;
La Gorse, Gorsade, Chatenet,
Castang[20],
le châtaignier;
La Vergne, Vern[21],
Vernode, l'aune
(vergne en patois);
Laumède, Loumcau, Loulme, les
Hommes, l'ormeau.
Enfin, l'Escure[22],
les Escures; la Fouillouse, Fouleix, la Feuillade[23];
Ver[24],
Vert de Biron, Tour du Vert, en latin de Viridi, et
ses composés Verteillac, Verdon, etc. Verdier a retenu le nom des préposés
à la garde des forêts. Les bois dévastés,
où restent quelques rares arbres au milieu des genêts et bruyères, ont aussi des noms très-variés: très-anciennement Absalas[25],
Apsalas, d'où Abjat, Abzac; Lerm, Landes, Lard[26];
et les mots comme Landrivie, Merlandie, Lardit, et tant d'autres où entrent ces radicaux. Il faut y ajouter Jaure,
Jorie, Bruguerie, Brocarie, Ginestet, Seguinie[27], Desert, etc. Garrigues, Jarrige, avaient pris
aussi la même signification.
Eyssart,
Yssart, en français Essart, indique un défrichement ; il
faut y ajouter beaucoup de mots dont, par contraction, l'initiale est réduite à
Sar, comme Sarrazy, Sarrazignac, et les dérivés Sarlhac, etc.[28]
La langue latine a contribué
à cette nomenclature, mais en petite proportion : quelques noms viennent de Silva
et de Saltus, comme Sehe, Boansault, Pronsault, etc.
ROCHERS.
La
représentation de l'aspect du pays serait imparfaite si les rochers et les
coteaux escarpés
qui présentent leurs crêtes en tant d'endroits n'y prenaient une large part
dans la nomenclature.
Les rochers ont, dans les
temps reculés, servi d'habitation, d'abord dans les nombreuses cavernes dont
souvent ils sont naturellement percés, puis sur les points culminants qui
offraient un difficile accès.
Roffi[29] est resté, dans le langage
de la partie méridionale du département, l'expression dont on se sert pour
désigner une caverne, et par extension il a été appliqué à des repaires cachés, pour la défense, dans les bois ou des creux
de rochers. Ces retraites avaient
comme cryptes d'approvisionnement les souterrains refuges[30], ces monuments
inexpliqués jusqu'au travail de M. le docteur Noulet (Revue archéol. du Midi, 1870). Ce nom, qu'on écrit Raufie ou Roffy (prononcez
Roufie), est le père d'une longue série
de noms dans la composition desquels il entre : Ruffet, Ruffenc, etc. Le
propre des saints du diocèse appelle le
lieu où fut transporté, au vie siècle, le corps de saint Avit nemus de Ruffiaco, et cette origine agiographique indique
l'ancienneté de la dénomination ;
puis viennent les composés Roufiat, Rouffignac, Roufillac, etc.; à ce
groupe appartient le nom du château que Boson, comte de Périgord, fit
construire aux portes de Périgueux, dit la Rolphie, mais écrit la
Rouffia dans l'arrêt de 1399. Le radical est resté dans la langue anglaise, et le souvenir de ces lieux sauvages et
redoutables est représenté par les
mots Rough (prononcez Rof), dur au toucher, et Ruffian, voleur de grand chemin. Roffiœ, au
moyen âge, était le nom générique des bêtes sauvages[31].
L'habitation
dans des lieux bas ou souterrains s'est longtemps prolongée et a encore comme
témoin les noms de Clusel, Cluseau, la Cropte, la Fosse, etc. quand ils
sont appliqués
à des demeures féodales.
Quand la défense fut portée
du souterrain sur le faîte du rocher, elle prit par une légère déviation le nom
de Rocia, prononcé Rossia avec le c doux, Roka, Roqua, avec le
c dur. Rossia est le point de départ de cette longue famille des Roussarie,
Rousseille, Rousselie,
Roussie, Roussille. La Roque
désigne particulièrement des rocs escarpés sur lesquels étaient placés
des repaires nobles.
Les
sommets de coteaux, considérés en dehors de l'idée de lieux fortifiés et comme simples
élévations naturelles, portent, avant leur nom particulier, un préfixe qui se
dit également Pech, Pey, Peuch, Pouch, Puech, Puch, Puy, pour
indiquer leur situation; quelquefois il entre dans la formation même du
mot, comme Poujol, Pouvellerie, etc.
Puch, prononcé durement et
changeant sa première lettre, est devenu Tuq, d'où Tuquet; Cuc, d'où Cumont, Mont-Cuq, formé par l'union du mot ancien Cuc, déjà
en désuétude, avec l'expression
latine nouvellement importée Mons, qui en était la traduction.
Cette alliance de deux noms ayant la même signification est le signe d'une
époque de transition où le langage ancien, à peu près oublié, avait besoin
d'interprétation.
EAUX.
Les noms les plus répandus
sont formés de la langue indigène dans la Gaule.
La plupart des rivières ont leur finale en one :
Drone, Risone, Lisone, Béone, etc., conservant ainsi la racine ona, qui
chez les Celtes signifiait fontaine [32].
Dour a la même signification.
Les Celtes ont laissé ce nom par toute la contrée. Ils
l'avaient donné à ces hautes montagnes de l'Auvergne, les monts Dores, d'où
deux torrents descendent : la Dore, celle qui se jette dans l'Allier, et
une autre Dore tombant du pic le plus élevé de ce groupe, et à laquelle,
pour la distinguer, ils ajoutèrent par redondance la finale ona : Dor-ona, Duranius, devenue Dourdonha, Dordogne, par suite de
la prononciation locale, qui d'Avernia a fait Auvergne, de Campania,
Campagne, etc.
Dour a produit le nom si
répandu de la Dou, par suite de la prononciation locale qui annule
toutes consonnes finales. La Dou est ensuite entrée dans la composition des noms, comme initiale dans Douzillac, la
Douze, Douzelle, etc. cours d'eau ou lieux situés sur ses bords;
comme finale, dans le Caudou, Beouradou, Leydou, Naudou, etc. ou dans le
milieu du mot, Brungidouyre, Bouldoyre, etc. Dou est l'origine du mot de
Douet, encore usité dans le pays pour signifier une rigole ouverte dans
un pré afin d'y amener l'eau d'irrigation. L'aqueduc romain qui conduisait
l'eau à Saintes, et qui subsiste en partie, s'appelle dans le pays la grand
font du Douhet.
Dour, prononcé durement,
donne son nom à ces belles eaux vives sortant au pied de massifs de rochers, et
dont l'abondance permet d'établir un lavoir à l'endroit même où elles jaillissent. Ces sources portent le nom
de Touron, comme à la Roquette, Font-Roque, Rouffignac, et dans
un grand nombre de lieux.
Gauille (prononcer Ga-ouil,
Gaw-euil) est usité généralement pour indiquer une petite source dans les
prés. Les Gaunies[33],
que l'on écrit en un seul mot, Leygonie, comme Leydou, dérive de
cette même racine celtique qui a produit le nom identique de Gave, donné
aux torrents des Pyrénées.
D'autres radicaux se
retrouvent aussi dans toute la France : Nau a donné naissance à une longue série de noms désignant la présence
d'eaux souvent marécageuses, d'où Nauchadou, Naudou, Nanfons,
Naussanes, etc.
Dans le Sarladais, deux petites rivières se nomment la Nause[34],
en latin Noasa, Naosa, une autre est la Néa; auprès
de Liorac, le lac de Néautone; Néautoneix, hameau dans la commune de
Douzillac. Dans la Double, les terres exposées à être couvertes d'eaux
stagnantes se disent les Nauves.
Il en est de
même de Rau, radical d'où descend celte longue suite de Rauzel,
Rausan, Rausieres, etc. que l'on écrit à tort par un o; ces mots servaient à désigner des terres inondées et couvertes
de joncs.
Les Lesches[35],
Leychérie, etc. la Saigne, ont la même signification.
Dans
des temps plus récents, le nom actuel de l'eau est entré dans la composition des mots Aygues-Parses,
Eygurande, etc.
Le vocabulaire primitif
était plus pauvre pour exprimer la terre cultivée. Le radical le plus répandu était champs[36],
d'où les dérivés Champagnac, et dans le sud du département, Campagnac.
Ici, comme dans le Berry, l’Angoumois, etc., l'expression de Champagne signifie une contrée plate et cultivée. La nomenclature s'est ensuite
agrandie, et l'on a eu Eyraud,
Condamine, Versannes, Cours, Coustal, Couture, Artigue, Mas, Barde,
Borde, etc. Le mot Borgne signifie un pré[37].
HABITANTS.
ÂGE PRÉHISTORIQUE.
Le Périgord est une terre
classique pour l'étude de l'âge préhistorique. L'industrie des hommes de cette
époque a laissé de nombreux monuments; ils commencent au temps de la faune
quaternaire, alors que les animaux disparus aujourd'hui du sol vivaient encore dans la contrée, et ils
s'étendent jusqu'à la naissance de l'époque historique qu'ouvre le texte
de César : «Apud Petrocorios, ferri prœclara sunt metalla. »
Dès le moyen âge, les blocs mégalithiques
que l'on a appelés pierres druidiques, dolmen, menhir, etc., avaient attiré
l'attention des habitants, et sont cités dans des actes du xiie
siècle sous le nom de Peyra Levada ; ils servent aussi de bornes
féodales.
C'est en Périgord que se tirent sur les silex taillés par l'homme ces
premières études qui
depuis sont continuées dans tout pays avec tant d'ardeur. Dès 1820 Jouannet publiait dans le Calendrier de la Dordogne des notices sur des armes
et autres instruments en
pierre et en bronze découverts en Aquitaine. Vers la même époque, Wlgrin de Taillefer
donnait le catalogue de la collection de Mourcin, s'élevant déjà à plus de 5,000
pièces.
Mais deux événements considérables donnèrent à cette étude, un immense
développement. Vers 1830, Boucher de Perthes fit
connaître au public les découvertes que ses patientes recherches
l'avaient amené à faire dans les terrains de transport de la Somme; et quelque
temps après que M. Audierne eut publié à Périgueux en 1863 un écrit sur l'âge
de pierre en Périgord et les trois grottes de Badegol, Combe Granal et Pey de
l'Azé, MM. Edouard Lartet et Christy vinrent explorer les cavernes situées sur
les bords de la Vézère.
C'est de là que date
l'illustration des monuments de l'âge préhistorique en Périgord, et que l'on
eut pour la première fois connaissance de cette merveilleuse industrie, enfouie
jusqu'alors dans des foyers de cendre ou dans le plancher de brèche qui servait
de sol aux cavernes.
Les rapports de MM. Ed. Lartet
et de Vibraye, l'exposition de 1867, les salles du musée de Saint-Germain
et le Reliquiae Aquitanicae ont porté à la connaissance de tous les
découvertes faites dans les cavernes des bords de la Vézère, de la Drone et
de la Dordogne; mais ce n'est pas dans les habitations troglodytes seulement
que l'industrie préhistorique peut être étudiée en Périgord.
Les silex taillés se
rencontrent aussi dans l'intérieur du pays à la surface du sol en égale abondance; mais il existe entre ces deux
milieux une différence notable: les cavernes ne présentent que des silex
généralement de petite dimension, aucun n'est poli, beaucoup
d'instruments sont en bois de renne ou en os d'animaux; sur les plateaux, les
grosses pièces dominent; rien en bois de renne ou en os jusqu'ici?
Ces instruments particuliers
aux plateaux, presque tous en silex a faujasia, silex de la craie, qui
est la roche du pays, n'ont été l'objet d'aucune étude spéciale, et le local du
musée de Périgueux n'a pas permis jusqu'à présent de leur attribuer une place
distincte et suffisante. Il est dès lors bon de les signaler sommairement, en
s'arrêtant à ceux qui paraissent appartenir
au 1er âge de la pierre; voici les objets les plus caractéristiques
de cette fabrication, mais sans ordre chronologique :
Premier
type. —Instruments avec tranchant, connus généralement sous le nom de Haches.
On peut diviser ces silex en
deux grandes classes, malgré l'irrégularité de forme qui est la suite d'une
industrie aussi rudimentaire.
Dans l'une, les deux
extrémités.sont semblables; dans la seconde, les extrémités ont une forme
distincte.
La
première classe pourrait être dite subrectangulaire : elle semble
procéder d'un rectangle
dont on aurait abattu les angles; la circonférence offre un bord également
tranchant sur toute la longueur d'une courbe continue qui se prolonge autour de l'instrument; les
dimensions varient de 30 centimètres de hauteur sur 15 de largeur, 26 sur 8, 18
sur 10, 10 sur 6, etc.[38]
Le principe fondamental de
la taille, dans la classe des haches, est que la plus grande épaisseur est au
centre; des deux côtés part de ce point un amincissement progressif en sens
opposé, de telle sorte qu'il ne reste plus à la rencontre des deux surfaces
qu'une arête tranchante, rendue un peu ondulée par l'enlèvement des éclats sur
les bords.
Plusieurs de ces instruments
ont les deux côtés convexes : c'est parmi eux que sont les plus grossiers de
taille et de forme; plusieurs aussi n'en ont qu'un : l'inférieur a été enlevé presque toujours par une seule
percussion et présente un plan uni, souvent concave, précédé d'un bouton
conchoïdal, indice du point où a porté la percussion. Les silex de cette
variété ont une taille plus fine; M. de Mortillet a trouvé une de ces haches aplaties à Abbeville, et il la figure sous
le nom de Hache ovoïde allongée du lehm de Menchecourt (Matériaux,
1865, p. 360, n° 84). Dans cette
classe peu de variétés :
Variété
A. Le centre, fort bombé, se relève comme le sommet d'un cône; la circonférence de la base, très
amincie sur les bords, est toujours une courbe unique, mais courbe aiguë aux
extrémités et sans le renflement sur le bord qui caractérise les grattoirs.
Le bombement, dans certains
silex, se prolonge sur toute la longueur et finit en croupe arrondie aux deux
bouts2.
Variété B. La même courbe ne
se prolonge plus sur toute la circonférence; un côté est en ligne
verticale, et quelquefois concave. Ces silex sont bi-convexes.
Variété intermédiaire entre les deux classes :
Une extrémité est rétrécie;
n'étant pas dans l'axe de l'instrument, ce n'est pas une tête, mais une poignée
inclinée servant pour tenir et frapper par le côté?
La seconde classe des haches
a les deux extrémités différentes. La circonférence n'est plus toujours une ligne continue; elle se compose ordinairement
de courbes distinctes, qui se coupent à leurs jonctions.
Dans l'arc du haut,
réduction de largeur; l'arc du bas, demeuré entier, devient la partie
tranchante, et les deux côtés sont en lignes droites inclinées vers la tête.
Il faut noter comme variétés bien distinctes :
1° Les haches du genre de celles qui ont atteint la
perfection du type. Elles sont pour la plupart de grande dimension et toutes
sont convexes des deux côtés.
Tête à peu près
aussi large que le tranchant, quelquefois plus étroite, mais non en pointe. La
taille est à très-petits éclats et conduite avec Beaucoup de méthode pour ne
pas endommager le galbe arrondi des surfaces. Le tranchant est une section
régulière d'arc de cercle, quelquefois allant jusqu'à l'hémicycle, et qui
rencontre les deux courbes latérales à la même hauteur avec tant de précision,
que l'axe de l'instrument est perpendiculaire au milieu de la ligne que l'on
tirerait entre les deux points d'intersection;
les grandes haches polies qui annoncent l'art le plus avancé sont faites sur ce
modèle,
Auprès de ces
silex prend place un groupe qui leur ressemble par la forme générale, mais qui
s'éloigne de l'ampleur de la taille du Périgord par le rétrécissement de son
aspect et l'extrême réduction de l'arc du tranchant. Le coin en bronze ou
hache unie du Finistère, figuré n° 147, p. 525 (Matériaux, 1870), en est
la représentation. Il faut y joindre les silex semblables à ceux auxquels sir
Lubbock donne avec doute le nom de haches
triangulaires; il les signale comme se trouvant dans les kjœkken-mod-dings
et les figure (n°s 79 à 84, page 73) en les appelant hache danoise et
aussi hache de la Nouvelle-Zélande. Ils diffèrent essentiellement de la forme
ordinaire en Périgord, en ce que les côtés sont en lignes un peu
concaves pour obtenir un plus large tranchant, lequel n'est plus une section de
cercle, mais une ligne légèrement courbe et plus
inclinée d'un côté que de l'autre. Ces silex, assez rares, sont de moyenne
grandeur.
2°
Les haches dont la tête a subi un tel rétrécissement qu'elle n'est plus qu'une
pointe plus ou moins acérée.
Il existe de nombreuses
variétés :
Variété A. Les
silex, arrondis et épais à la base, se réduisent graduellement, ou après un
renflement, pour se terminer en pointe. Cette forme, identique à celle que
Boucher de Perthes a vulgarisée[39],
a reçu plusieurs noms : hache diluvienne, de Saint-Acheul, lancéolée, quaternaire, en amande. Les ouvriers, dans la Somme, les connaissent sous
celui de langue de chat.
Sous-variété
dite têtes de lance, dénomination excellente en ce que ces silex
semblent appropriés
à servir d'armatures. Ils sont entièrement ovalaires, peu bombés et quelquefois allongés en feuilles de châtaignier. Les
bords sont très-aigus sur tous les côtés. Cette forme est une des plus
répandues, et elle se reproduit dans toutes les dimensions. Les réductions s'étendent jusqu'à ces pointes entières ou non
qui ont été appelées pointes du Moustier.
Il faut
distinguer dans ces silex ceux qui, très-aplatis sur les deux surfaces, ont été
quelquefois désignés sous le nom de subtriangulaires. La base,
la partie la plus large, l'est en effet au point d'être quelquefois égale à la hauteur; souvent
elle est aussi presque en ligne droite, ce qui donne à ces silex une forme très
obtuse.
3° La forme ovalaire
disparaît ; la plus grande largeur est à la corde de l'arc du tranchant, et de
là l'instrument se rétrécit, rapidement jusqu'à la pointe. Moins la courbe du tranchant, ce sont des triangles
isocèles souvent très-aigus : un de ces silex, haut de 24 centimètres,
n'en a que 4 de largeur.
4°
Enfin, une
dernière classe de haches a ses côtés en ligne presque droite et parallèle
jusqu'aux trois quarts de la hauteur. Le tranchant n'a pas plus de largeur que
le corps de l'instrument, 4 centimètres
sur 12 de hauteur, et la pointe est obtuse.
De nouvelles modifications
altèrent encore le type primitif et donnent naissance à des instruments qui
s'en éloignent tout à fait.
Le tranchant de la section
d'arc opposée à la pointe dans les têtes de lance est remplacé par un bourrelet
épais, à angles grossièrement arrondis, ce qui pouvait faciliter la préhension par la main dans cette
partie; l'arme alors appartiendrait au second type, variété poignard.
Dans les silex dont la
partie inférieure a été enlevée, et qui sont plats en dessous, le bourrelet,
réduit à moitié, n'est plus qu'un rebord à croupe arrondie; cet endroit est d'un travail particulièrement soigné; le
dessus est prismatique, à 2, 3 et quelquefois 5 facettes. Ces instruments, de moyenne dimension, sont minces, étroits
et allongés en pointe comme pour servir de flèches; on les confond dans
le genre grattoir.
L'arc en bourrelet disparaît
à son tour et est remplacé par une arête droite ; il y a eu enlèvement en plan
oblique, évidement plus ou moins haut de l'épaisseur, jusqu'à la base. C'est
une transition à un type triangulaire comme outil ou projectile. Enfin, il n'y
a plus ni arc ni corde opposés à la pointe; mais l'instrument, taillé eh une
sorte de losange, fait pointe à ses deux extrémités, et semhle ainsi préparé
pour être emmanché alternativement par l'un et l'autre bout. Cette forme est la
première classe du second type.
Second type. — Silex sans tranchant.
1° La forte hache devient aiguë aux deux extrémités
et prend la forme bien connue, dans la moyenne et la petite dimension, sous le
nom de pointes de Solutrê ou de Laugerie-Haute.
Une rareté de ce dernier
genre a 24 centimètres de haut: la plus grande épaisseur est en bas, où
la pièce est coupée net, et n'a qu'un centimètre; un des côtés est droit,
l'autre courbe, et leur réunion présente une pointe; la largeur de l'instrument
a 9 centimètres au foyer de la courbe et 7 centimètres et demi dans le bas.
2° Pointe d'un seul côté; l'autre finit
comme coupé carrément.
Grande diversité de formes
de pointe dans les outils minces et plats : tantôt elle est droite et produite
par un amincissement général, tantôt elle ne commence qu'un peu avant
l'extrémité; la plus grande épaisseur alors est à quelques centimètres
seulement de la pointe, pour donner plus de force à la pression du perçoir.
Quelquefois, au bout de certains silex, il n'y a qu'une petite corne arquée.
C'est
dans cette 2e variété que se distingue le genre poignard. Quelques-uns
ont une lame bombée et amincie sur les bords, comme celle des
poignards avec manche du Danemark; mais nos instruments du Périgord ont un caractère plus rude.
Les uns, presque carrés dans le haut, marquent quatre arêtes saillantes jusqu'à
la pointe, qui est aiguë; d'autres, plats d'un côté et triangulaires, n'ont
qu'une arête en dessus, et le côté opposé à la pointe finit en biseau[40].
3° Pointe avec talon à l'autre extrémité.
Ces forts silex, qui ont
précédé les bouts de flèches barbelées, sont assez rares. Il y en a, hauts de 5
centimètres, qui ont la moitié en talon; d'autres, hauts de 22 centimètres sur
5 de large, n'ont qu'un talon de 4 centimètres;
généralement, sur une hauteur de 10 à 15 centimètres, la longueur du
rétrécissement qui forme le talon est de 4
centimètres; au-dessus, l'élargissement de la tête ne dépasse pas 4
centimètres, ce qui donne à cette arme une forme très-élancée. Plate en
dessous, il y a une longue arête sur la face supérieure; les petits éclats ne
sont que sur les bords. M. Audierne dit n'en avoir rencontré qu'à Badefol et à
Madrazès, près de Sarlat (Age de la pierre, p. 41); les miennes viennent de
Grandval, près de Bergerac.
Troisième type. — La partie
utilisée de l'outil est le côté seulement.
A cette forme
appartiendraient la variété B du premier type et la variété intermédiaire entre
les deux types. Il y a d'autres petites formes, entre lesquelles je citerai :
Des
instruments triangulaires : trois faces égales séparées par trois arêtes
courbes longitudinales
se terminant en pointes et ayant chacune 4
centimètres de largeur sur 19 de longueur, ou 7 sur 19, etc.;
Des variétés plates, à
l'imitation des croissants de Danemark: le tranchant est sur la corde de l'arc;
d'autres ont le tranchant en ligne courbe, et le côté plus épais est droit.
Dans aucun, il n'y a de petites dents nettement marquées.
Tel est, aussi sommairement
que possible, l'ensemble de ces silex de forte dimension qui se rencontrent sur
les plateaux en Périgord. Ils sont, sans superposition de couches, mêlés à la
surface du sol, au milieu de silex taillés de toutes formes, de toutes
dimensions, haches polies, entières, ou dont les fragments ont été retravaillés
par petits éclats pour devenir un nouvel instrument utilisable sous une plus
petite dimension; bouts de flêches à ailerons, nuclei, lames droites ou
arquées et pointues qui en proviennent, grattoirs, disques de fronde, aplatis,
arrondis ou polygonaux, enfin presque tout l'outillage connu de l'époque de la
pierre[41].
Ce mélange de toutes formes
et de tout âge n'existe pas dans les cavernes ; les restes de l'âge préhistorique s'y présentent plutôt à l'état de
vestiges d'habitations appartenant à des temps distincts et à des mœurs
différentes. Aucun reste d'oiseaux ou de
poissons n'a été trouvé au Moustier, à Gorge-d'Enfer, tandis qu'aux Eyzies et à la Madeleine ils
abondent. Ici, les animaux éteints ou.émigrés d'Europe; ailleurs, ceux de la
faune actuelle; quelquefois les deux. Les instruments varient aussi, et il y a
des formes qui ne se rencontrent que dans certaines cavernes spéciales.
M. Éd.
Lartet avait proposé de prendre comme signe d'une sorte de chronologie entre les cavernes les vestiges
des animaux les plus anciennement disparus, et il avait établi quatre âges
successifs, qu'il désigne ainsi, en
suivant l'ordre de priorité : âge de
l’Ursus spelœus, âge du Mammouth
et du Rhinocéros tichorhinus, âge du Renne, âge de l’Auroch.
Mais les seuls restes
abondants en Périgord sont ceux du Mammouth et du Renne; des autres races
disparues, quelques débris seulement subsistent, dents ou cornes, pas d'os longs. Au Moustier, à Gorge-d'Enfer et à Pey
de l'Aze, on a trouvé l'Ursus spelœus et l'hyène; aux Eyzies, le
métacarpe du Felis spelœa; mais rien dans ces débris n'annonce l'usage
que l'homme en aurait fait, et dès lors la contemporanéité entre eux.
Aussi les directeurs du
nausée de Saint-Germain ont cru devoir tenir les considérations tirées de la
faune comme secondaires et ont cherché leurs motifs de classification des
cavernes, par partie, en dehors de la paléontologie; ils se sont appuyés sur
«les produits de l'industrie rencontrés dans ces stations primitives, qui,
s'étant modifiés d'une manière générale à plusieurs reprises, peuvent fournir
le moyen de faire des coupes claires et nettes[42]».
«Ce qui m'a frappé tout
d'abord, dit M. de Mortillet, c'est la grande prépondérance des instruments de
silex dans les stations qui paraissent posséder la faune la plus ancienne, la
plus franchement quaternaire, et au contraire l'abondance des instruments d'os
dans les stations qui ont un caractère plus récent[43]. »
Ils ont, par ce motif, divisé
les cavernes en quatre classes, dont les noms sont en partie empruntés aux
cavernes de la Dordogne.
« Première époque, époque du
Moustier (commune de Tayac), la plus ancienne.
Caractéristique : la hache
de pierre taillée en amande, type de Saint-Acheul, et les pointes de silex à base fruste, ayant une face
lisse, l'autre finement retaillée. Les instruments en os font presque
défaut. (Musée de Saint-Germain, salle n° 1, vitrine 22.)
Caverne
synchronique : Pey de l'Aze, commune de la Canéda, et station de
Chez-Pouré (Corrèze).
Deuxième
époque, époque de Solutré ( département de la Haute-Saône) ou de Laugerie-Haute (commune de
Tayac).
Caractéristique
: pointes en silex finement retaillées sur les deux faces et aux deux
extrémités, considérées comme le complément et le perfectionnement des pointes
du Moustier.
Chez beaucoup, à partir du milieu de la longueur, tout un demi-côté,
c'est-à-dire la moitié de la largeur, est enlevé franc. Ces pointes ont une
tendance à avoir à la base.un pédoncule. (Matériaux, 1867, p. 190.)
Les haches de silex ont
disparu. Les instruments en os sont rares. (Vitrine 23.)
Troisième époque, époque
d'Aurignac (Haute-Garonne).
Caractéristique : grand
développement des instruments en os ou Lois de renne; presque plus de pointes
en silex : elles sont en os et sont fendues à la base pour que la hampe d'un
bâton puisse y pénétrer. Les haches font défaut.
Caverne synchronique:
Gorge-d'Enfer et sépulture de Cros-Magnon (commune de Tayac), caverne des Fées
(Allier). (Vitrine 25.)
Quatrième époque, époque de
la Madeleine (commune de Tursac).
Caractéristique : lames et
pointes de silex fort nombreuses; instruments en os ou bois de renne du travail
le plus délicat; aiguilles à chas; harpons barbelés, c'est-à-dire avec dents
recourbées d'un seul côté, et le plus souvent des deux côtés opposés; pointes
longues à tige ronde, à base en biseau, garnies de lignes en creux pour fixer
le manche; enfin des bâtons de commandement : ce sont des portions assez
volumineuses de bois de renne plus ou moins ornées et toujours percées d'arc ou
de plusieurs larges trous ; le nombre des trous varie de un à quatre. Ces
bâtons, ainsi que «les pointes de lance à base en biseau, sont ornés de
gravures formant des traits, des chevrons, mais encore représentant des fleurs,
surtout des animaux. Les représentations les plus fréquentes sont celles des
chevaux et des rennes, puis les bœufs, cerf commun, mammouth. (Vitrine 24.)
Synchronique: station de
Laugerie-Basse (Tayac) (vitrine 26); grotte des Eyzies (Tayac), Massât
(Ariége), Bruniquel (Tarn-et-Garonne) (vitrine 27). » Tout ceci est textuellement
extrait des Matériaux, Promenade au musée de Saint-Germain, p. 460 et suivantes, 3me
année.
Viennent en dernier ordre
les cavernes où se trouvent les restes des animaux de la faune actuelle; elles
n'ont plus le môme intérêt.
Cette classification est
généralement reçue; pourtant elle semble ne pouvoir être acceptée pour le
Périgord qu'avec une certaine réserve; en voici la raison :
Pour quels motifs, en effet,
le Moustier, où les instruments en os font fresque défaut, a-t-il la
priorité sur les Eyzies, la Madeleine, où les restes franchement
quaternaires, enfouis en abondance, portent les traces de la main de
l'homme?
Il y en a deux : 1° la présence de la hache type de Saint-Acheul
;
Pour que cette conséquence
fût rigoureuse, il faudrait que la hache de ce type eût été entraînée au
Moustier par un banc diluvien, et qu'elle ne se rencontrât que dans des
terrains de transport analogues à ceux de la Somme.
Or ni l'une ni l'autre de
ces conditions n'existe pour les cavernes de la Vézère[44].
Les silex sont en général
empâtés dans un très-adhérent ; mais il est dû à l'infiltration d'eaux
calcarifères à travers les fissures de la roche de la caverne, et la fraîcheur
des angles de la taille annonce qu'ils n'ont pas roulé dans une eau
torrentielle. Même, d'après le témoignage de M. Massenat, qui a fait une étude
particulière des foyers de Laugerie-Basse,
les eaux de la Vézère ne seraient jamais montées jusqu'à leur hauteur.
Une des preuves, selon lui, est l'absence complète de «terre «argileuse et grasse, résultat naturel
d'immersions plus ou moins prolongées dues aux débordements de la
rivière.» On s'était aussi appuyé, pour justifier cette excessive élévation des eaux, sur la présence de galets
roulés. M. Massenat oppose les blocs de granit, de quartz, de micachiste
non roulés, que l'on y trouve même en plus grand nombre et qui évidemment y ont
été apportés par l'homme, selon cet usage si connu parmi les habitants des cavernes[45], de transporter de loin
dans leurs demeures les blocs qu'ils voulaient convertir en instruments;
il a constaté des faits analogues dans plusieurs
autres stations, Badegol, Puy-de-Lacan, celle de Chez-Pouré : ces observations
attestent qu'il n'y a pas eu remplissage par un flot diluvien et que les haches
en amande ont été apportés par l'homme ainsi que les silex bruts qu'il
voulait ouvrer.
Nous avons dit que la hache type
de Saint-Acheul est une des formes qui se rencontrent communément sur, les
plateaux dans la Dordogne, que les angles de taille sont aussi nets que s'ils
venaient de sortir de la main de l'ouvrier.
Les silex du Moustier étant
dans la même condition que ceux des plateaux, il n'y a pas de raison pour leur
donner une origine différente; mais s'il on est ainsi, il en résulte une
conséquence qui serait en opposition avec la classification attribuée aux
produits du Moustier dans les vitrines du musée de Saint-Germain.
Les hommes, en effet, ne se
sont établis dans l'intérieur du pays que longtemps après qu'ils s'étaient
confinés dans les cavernes à raison de leur sûreté personnelle : dès lors les
silex taillés sur les plateaux appartiennent à une date moins reculée dans
l'âge de pierre que ceux qui sont recueillis dans les cavernes.
La hache en amande se trouvant
également dans les bancs diluviens de la Somme et à la surface du sol sur les
hauts plateaux de la Dordogne, deux stations que l'on pourrait considérer comme
les deux extrêmes[46]
de la période archéolithique, on doit dire de cette hache qu'elle est de toutes
les époques dans ce premier âge; mais alors c'est
le gisement, et non la forme, qui doit donner la date. Donc la
caractéristique prise de la similitude
de forme seulement ne serait pas un signe assez certain pour assurer au Moustier
l'égalité d'ancienneté quaternaire avec le diluvium de la Somme.
Seconde caractéristique du
Moustier: «les pointes de silex à base fruste, ayant une face lisse et l'autre
finement retaillée. »
Ici,
comme pour le type de la seconde classe des cavernes, Laugerie-Haute ou Solutré,
«ces pointes retaillées sur les deux faces et aux deux extrémités,» je ne puis faire qu'une seule et même
observation.
Tous ces silex à une ou deux pointes, base fruste ou retaillée, se
trouvent sur le sol à toutes les hauteurs; il y a donc lieu d'appliquer à ces
types ce qui a été dit au sujet de la hache de Saint-Acheul. De plus, les
doubles pointes de Solutré ont été rencontrées dans plusieurs dolmens, à
Durfort, Grailhe, la Galline, Truaus (Matériaux, 1866); ce n'est pas un signe
d'ancienneté et un titre pour passer avant le travail quaternaire sur les os du
mammouth et du renne[47].
Ainsi, loin d'être un indice
d'une primitive antiquité, le caractère de ces silex, signalés au Moustier et à Laugerie-Haute par les directeurs du musée de Saint-Germain
comme exceptionnels et étrangers
au travail ordinaire des autres cavernes sur les bords de la Vézère,
prend une date, par la similitude qu'ils ont avec les silex taillés sur les
plateaux; cette similitude étant une probabilité de contemporanéité, et
peut-être de communication, entre les troglodytes et les percuteurs de mêmes
silex à travers le pays, il en résulterait pour l'habitation au Moustier et à
Laugerie une date de temps plus récente que celle de l'habitation dans les
cavernes qui ne présentent pas ces formes exceptionnelles de silex taillé :
Aussi, pour des cavernes de
la Dordogne, un classement tout à fait en ordre inverse semblerait
naturellement indiqué par les objets qui y ont été trouvés.
Les hommes ont tous commencé
par vivre de la chasse et de la pêche; la chronologie des produits de l'industrie doit donc suivre la succession des
habitudes dans les populations, et finir par ceux destinés au travail de
la terre.
Cette base donnée, tel serait l'ordre entre nos
ateliers de silex taillé :
Première.époque. — La
Madeleine, Laugerie-Basse, les Eyzies.
Les engins de pêche et de
chasse sont caractérisés dans ces stations; ils ne le sont autant dans aucune
autre. — Ce sont les seules où l'on ait trouvé des os d'oiseaux et de poisson.
Les outils en silex qui ne sont que grattoirs ou lames faibles et pointues
auraient été seuls insuffisants contre le mammouth, le renne, le bœuf ou le
cheval; il fallait les prendre aux filets, et les aiguilles en os, pour les
faire, sont restées sur place.
Seconde époque. — Cros-Magnon, Gorge-d'Enfer.
Plus de flèches barbelées ni
de harpons: aussi aucun reste d'oiseau ou de poisson. La faune actuelle s'étend
: on y trouve le bœuf, mais c'est le cheval qui abonde; le sus est rare; la chèvre, la brebis, manquent; aucun animal ne semble
avoir été en domesticité; le chien y est représenté par le loup et le
renard. Encore des flèches en bois de renne, mais la forme en est changée; une
taille plus soignée du silex se manifeste ici sur les grattoirs et atteste que
cet atelier de transition se rapproche de la période où la seconde industrie,
celle du silex, va prendre tout son développement.
Troisième époque. — Laugerie-Haute.
Plus de bois de renne. —
L'homme demeure encore dans ses abris sous roche, mais il commence à se répandre
au dehors. — Il veut pour sa vie nouvelle des armes qui aient plus de force; le
silex alors remplace l'os : on le rend bombé des deux côtés, La taille toute
par éclats est préférée à la taille prismatique, qui n'enlevait que de longues
ou faibles lames. Les flèches à une ou deux pointes se multiplient.
Quatrième époque. — Le Moustier.
Les produits de cette
caverne deviennent similaires de ceux des plateaux par la taille, la dimension, la forme : la taille se fait
à grands éclats divergents ; les racloirs, ordinairement petits, sont
assez forts pour recevoir le nom de haches à main (Matériaux, 1867, 1 91
). On y fabrique les têtes de lance, variété de la hache, cette dernière et
principale invention de l'âge de pierre, et qui restera la forme utile pour les
travaux de la terre jusqu'à l'âge de bronze, dont les premiers essais
s'attachent à l'imiter.
Une
distinction notable doit être faite en faveur des hommes qui habitaient les
cavernes de la première époque : c'est qu'ils avaient dû connaître quelque
chose de la civilisation avant de quitter leur pays natal, et qu'ils l'ont
perdu ici par l'effet de leur isolement. Quant aux autres, nés sauvages, ils ont suivi l'évolution
contraire.
Car
cette priorité d'ancienneté accordée aux stations de la Madeleine, de
Laugerie-Basse et des Eyzies s'appuie sur une autre très-importante
considération : c'est l'illustration toute particulière à laquelle ce groupe a droit comme ayant été
le foyer principal d'œuvres d'industrie et de connaissances en arts plastiques
qu'on n'aurait jamais pu soupçonner, si elles n'avaient été manifestées par des
monuments nombreux, sur des bois de renne ou des plaques d'os et d'ivoire
restés enfouis dans les cavernes. '
« A Laugerie-Basse, dit M. Ed. Lartet, nous avons surtout pu nous procurer,
outre des flèches et des harpons barbelés, cette grande variété
d'ustensiles dont quelques-uns sont ornés
de sculptures et d'un travail véritablement étonnant, eu égard au moyen d'exécution,
entre autres ces aiguilles de bois de renne finement appointées par un bout, l'autre extrémité percée par un trou
destiné à recevoir un fil; à Laugerie-Basse encore, des représentations,
sur bois de renne, de formes animales, les unes gravées en creux, d'autres
sculptées en ronde-bosse et en plein relief.
«A la
Madeleine, une plaque d'ivoire sur laquelle se voit gravé au trait en creux le
mammouth; front bombé, trompe nettement caractérisée, jambes bien accusées. Une
véritable
crinière pend entre la trompe et les jambes; queue touffue retroussée en forme
de fouet.
Le spécimen le plus
remarquable est peut-être un poignard taillé dans une corne de renne, et auquel l'artiste a ingénieusement
adapté les formes de l'animal représenté. La position a été habilement
choisie pour ne pas blesser la main : le nez au vent, les cornes sont rejetées
sur le cou, les jambes de devant repliées sous le ventre et celles de derrière
étendues le long de la corne. Ainsi, sans être trop violentées, toutes les
parties du corps sont pliées à la destination usuelle du manche de l'arme. »
Une plaque d'ivoire
représente un combat de rennes, «où l'attitude du vainqueur a un sentiment de
vérité qui a de quoi surprendre.» (M. de Vibraye.)
Une
industrie assez intelligente pour s'essayer, avec la pointe aiguë d'un caillou,
à l'imitation
des formes naturelles, et qui a pu réussir même à faire preuve d'un sentiment artistique par la vérité ou l'habileté des
poses, ne peut se confondre avec le perfectionnement si pauvre qu'a
obtenu le travail ordinaire de l'âge de la pierre; celui-là a atteint son plus
haut degré à l'époque des cités lacustres : or, là, rien au delà de dessins
géométriques sur la poterie; même sur les premiers bronzes, aucune imitation de
forme naturelle, animal ou plante. Les sculpteurs de la Madeleine ne procèdent
donc pas du Moustier ou de Laugerie, et leur art n'est pas un progrès qui soit
l'œuvre du tenms, dans la taille du silex. Ici comme partout, les arts de la
civilisation ont été apportés du dehors. Ces
temps primitifs appartiennent à l'époque où l'épanouissement sur la
terre était la grande affaire du genre humain; des groupes de famille
s'associaient pour aller au loin chercher des terres nouvelles, et c'est une de
ces immigrations qui a implanté sur nos rivières un savoir exotique.
Jusqu'à
présent les traces d'un art analogue ne se sont montrées que dans le sud-ouest de la France[48]
: le point de départ connu est à l'orient des Pyrénées; la ligne remonte le long des rivières jusqu'au 46e degré de
latitude environ, et l'on retrouve des établissements à Massat, dans
l'Ariége; sur les bords de l'Aveyron, à Bruniquei; dans le Périgord, sur les
bords de la Dordogne, de l'Ille, de la Vézère et de la Drone; sur la Charente,
grotte de la Chaise, et sur la Vienne, grotte du Chaffaut; à l'est, ils ne dépassent
pas la Corrèze. D'où venait cette colonie errante? On l'ignore jusqu'à présent;
mais parmi les squelettes de Cros-Magnon était celui d'une femme ayant sur la poitrine un collier de coquilles marines, Littorina
littorca. M. Massenat a depuis découvert à Laugerie-Basse .un
squelette sur le corps duquel des coquilles méditerranéennes étaient restées fixées[49]. La nature de cet ornement annonce que, soit
dans ses migrations, soit par le commerce, cette race eut connaissance
de la mer.
Dans les temps historiques,
le pays le plus proche de la mer dont les antiques monuments portent des
figures imitées de la forme naturelle des animaux et des plantes fut l'Egypte.
Il est donc à croire que les hommes qui s'arrêtèrent sur les bords de la Vézère venaient d'Orient. Ce qui
confirmerait cette opinion, c'est la parfaite ressemblance entre les aiguilles
de bois de renne, à la Madeleine, et les aiguilles découvertes dans les
monuments de l'Egypte, selon la remarque de M. Ed. Lartet, qui cite à cette occasion la célébrité historique de l’Acus
Phrygiœ et de l’Acus Babylonis (Matériaux, 1817, p. 366).
Quelle
fut la durée de cette époque artistique? Les premières générations purent conserver l'enseignement de la
mère patrie; mais, par suite de l'état misérable où elles furent réduites,
cette industrie périt avant même que le renne eût quitté le Périgord; et c'est ainsi que nos premiers habitants, qui
étaient nés dans L’âge historique de l'Orient, ont passé dans L’âge
préhistorique de l'Europe, en se transportant en Périgord.
Période mégalithique. —
Aucun de ces monuments n'a été exploré avec méthode. Le pays fut couvert d'un
très-grand nombre de dolmens, comme l'indique la multiplicité du nom de
Peyre-Levade; la plupart sont ruinés, et rien n'annonce qu'ils aient été
enfouis sous terre : on a signalé cependant, aux environs d'Issigeac,
l'existence d'un dolmen resté longtemps inconnu sous un amas considérable de
pierres; il recouvrait une rangée de squelettes, et l'on en a retiré des bouts
de flèche en silex. (Lettre de M. Vergnol des Saintongés, près Issigeac.)
Il existe dans la Dordogne
deux rocs branlants : ils sont d'une forme différente. Celui de Saint-Estèphe
est monolithe et posé sur le sol; celui de la Francherie présente un ensemble de supports sur lesquels une table
horizontale, comme celle d'un dolmen, est en équilibre[50]. Ces rocs branlants
sont-ils des monuments élevés par les hommes? L'objection la plus forte
contre cette opinion est que ces blocs oscillants ne se sont rencontrés jusqu'à
présent que dans les contrées granitiques. (Voir à ce sujet la dissertation sur deux rocs branlants du
Nontronais, par M. Charles des Moulins; Bordeaux, 1849.)
AGE
DES MÉTAUX.
Epoque du bronze. — A peine
connu; au musée de Périgueux, huit haches avec rebords pour emmanchure (Saint-Aignan-d'Hautefort, catalogue du musée).
— Trois entièrement plates, abords, en ligne concave, pour l'élargissement du
tranchant (Saint-Aubin-de-Cadelech); deux grandes ayant : hauteur, 13
centimètres; largeur à la tête, 5 centimètres; 8 centimètres au tranchant; la
plus grande épaisseur, au milieu, est de 1 centimètre. La petite hache n'a que
7 centimètres de haut (mon cabinet). — Une sépulture, en 1859 (Singleyrac), contenait auprès
d'un squelette une douzaine de morceaux de fils d'or pur de 1 millimètre et
demi de diamètre, roulés en spirale assez grossièrement pour former un collier;
une hache plate en bronze, type des précédentes; un poignard en bronze dont la
poignée creuse est garnie à l'intérieur de mastic rouge, la partie inférieure
porte une rainure arrondie dans laquelle la lame est fixée par des rivets à
tête ronde; la lame d'une composition plus dure, cassante, brisée en plusieurs
morceaux; d'un côté elle est légèrement arrondie : longueur totale, 40 centimètres. Ces objets, portés à
Bordeaux, ont reçu une destination inconnue. Hache à ailerons (Prigonrieu). —
Dépôt de haches à talons et à bords droits (Mussidan). — Haches à bords droits
(Bergerac).
Epoque du fer. — L'activité
de l'industrie à l'âge de pierre se retrouve à l'âge du fer, mais il ne
subsiste que les résidus de la fabrication. Des amas considérables de scories
se voient presque partout. Dans le Nontronais, on retrouve des moules en terre
glaise portant encore l'empreinte des doigts qui les ont pétris, et percés de
trous circulaires par lesquels on faisait couler le métal fondu : quelques-uns
sont quelquefois encore garnis de petites gueuses rondes, ou aplaties d'un
côté, ayant un diamètre de trois centimètres.
Ces forges primitives sont
quelquefois isolées sur des hauteurs escarpées, et leurs débris précipités sur
la pente couvrent le champ inférieur d'une poussière noirâtre, devenue sol
arable, comme à Saint-Front-de-Coulory; il y en a aussi sur le bord des
ruisseaux. Les vestiges de petites exploitations sont nombreux, même sur le
territoire d'une seule commune : à Lanquais, il y en a plus de trente.
Ces scories n'offrent jamais
aucune trace de vitrification; leur analyse a montré qu'il y restait 50 %
d'hématite et qu'elles pourraient encore être utilisées. (Note de M. Laurent,
ancien professeur de chimie à Bordeaux, 1840.)
TEMPS
HISTORIQUES.
A l'époque de la conquête,
le territoire était occupé par un peuple nommé Petrucorii, Petrocorii, et
que César cite à raison du contingent de 5,000 hommes envoyé au secours de
Vercingétorix. L'emplacement qu'occupait sa ville principale paraît avoir été,
en raison des antiquités retirées du sol, sur la rive gauche de l'Ille, entre
la Boissière et Ecorneboeuf, dans le vallon de Campniac : ce lieu porte encore
le nom de Vieille-Cité.
M. de Sauley attribue à ce
peuple des monnaies de bronze aux noms de chefs gaulois, avec le sus pour
emblème. — Sur un denier d'argent, on lit Petrucor. Sous les Romains, ce territoire forma une cité,
la cinquième de la seconde Aquitaine, dont Bordeaux fut la métropole[51].
L'agglomération
de ces six peuples préexistait-elle entre ces mêmes populations à l'époque gauloise ?
On peut en douter, car
quand, au xiie siècle, l'unité de l'usage de la langue latine établie dans les Gaules par la conquête se rompit,
et avec elle l'unité pour les noms de lieux de la désinence en acum, répandue
jusque-là sur tout le territoire, le Périgord fit sa révolution, comme le Quercy et le Limousin , en remplaçant acum par
ac, tandis que la Saintonge et le Poitou substituèrent les finales ey,
y ou e à acum. Cette
divergence indique qu'il y aurait eu
dans l'œuvre romaine une pression administrative pour rompre d'anciennes
affinités, et que ces populations de races diverses revinrent à leur indigénat
quand la main du vainqueur cessa d'exercer une contrainte sur elles.
A celte époque, la ville des
Petrocorii était sur la rive droite de l'Ille, et des ruines en restent
dans la partie de la ville actuelle nommée la Cité.
Des
inscriptions au musée apprennent que son nom était Vesuna, Augusta Vesunna, écrit dans d'anciens textes Ouesona;
de magnifiques fragments de sculpture attestent la splendeur des monuments
qui la décoraient, temples, amphithéâtre, thermes, etc.
Les
Pétrocoriens avaient des relations avec les divers peuples de la Gaule :
plusieurs inscriptions
au musée, relatives à des citoyens de Narbonne, Cahors, etc., le témoignent.
Parmi
ses illustres habitants il faut compter un groupe de la puissante famille Pompeia : une inscription
trouvée dernièrement dans le Rhône apprend qu'un lien étroit existait entre Cn. Pompeius Sanctus, prêtre de
Rome et d'Auguste à Lyon, et M. Pompeius Sanctus, prêtre d'Apollon
Cobledulitave à Vésone. (Revue
archéol. t. V, 318.)
Des bronzes égyptiens, des
médailles de divers peuples, des pierres gravées grecques, des monnaies
celtibériennes recueillies à Vésone, attestent le mouvement que le commerce y
apportait.
ÉTENDUE DU TERRITOIRE.
1° DANS L'ANTIQUITÉ.
Selon l'opinion généralement
reçue, le territoire d'un diocèse correspond au territoire antique de la cité. La raison est que les empereurs avaient établi
un évêque dans chacune des cités, et comme aucun démembrement de diocèse
n'a jamais eu lieu qu'en vertu d'une bulle du souverain pontife, l'absence de
l'acte pontifical montre que le territoire antique n'a subi aucun changement.
Pour Périgueux, l'identité
paraît d'autant plus certaine, que les cinq peuples qui dépendaient de la
métropole de la seconde Aquitaine, Bordeaux, étaient exactement les mêmes que
les cinq diocèses qui dépendent de cette métropole ecclésiastique.
L'ancien diocèse se mesure par l'étendue des
archiprêtrés qui le composaient.
Le premier pouillé parvenu
jusqu'à nous est du xiiie siècle; mais l'état qu'il présente doit remonter bien
plus haut, puisque les noms de quelques-uns de ces archiprêtrés se retrouvent
dès le xie siècle, et que le nom de celui dans lequel est situé Périgueux, la
Quinte, appartient aux temps mérovingiens.
L'archiprêtré qui faisait la
limite au nord, du côté de Limoges, était celui de Condat. Un texte du viie
siècle énonce la ligne de séparation entre les deux diocèses:
«Aquitania montem habet qui
equalibus pene spatiis Petragoricam et Lemovicam civitatem dirimit; nomen montis ex tunc Leucus est : ex nomine montis
castrum illud sortitum est. .... » (Vie de saint Vaast, écrite avant
667.)
Au viie siècle, Chalus, Castrum Leuci,
est donc sur la limite.
Or Firbeix, dernière commune du diocèse actuel de la
Dordogne sur la limite de la Haute-Vienne, était à la fois de la justice de
Chalus et Courbefy et faisait partie de l'archiprêtré de Condat. Il est juste
de rappeler qu'un lieu au sud de Firbeix, Jumillac,
diœcesis Gemiliacensis, fut réclamé en 484 par Rurice, évêque de Limoges, auprès de
Chronope II, évêque de Périgueux, comme paroisse dépendante de Limoges, et
qu'un tiers de sol y fut frappé avec le nom de Gemiliaco, et au revers,
le sigle de Limoges autour de la croix, LEMO. Mais l'évêque de Périgueux
soutint son droit, et il fut reconnu, puisque cette paroisse est toujours
restée depuis dans le diocèse.
Il est donc presque assuré
que la station Fines, placée dans l'itinéraire d'Antonin entre Vésone et
Augustoritum, doit être aux environs de Chalus.
A l'ouest, les archiprêtrés
de Pillac et de Peyrat, qui faisaient partie de l'ancien diocèse, doivent être
restitués au territoire actuel du département pour retrouver les limites de la
cité des Petrocorii. Le territoire autour de la Tour-Blanche était une
enclave dépendante de l'évêché d'Angoulême; mais quant au spirituel il a
toujours appartenu à l'évêché de Périgueux.
A l'est, l'archiprêtré d'Exideuil n'a pas éprouvé de
changement.
Au sud-ouest, le diocèse de
Cahors s'étendait au delà de la Dordognc et comprenait Carlux, Salignac et plusieurs lieux adjacents ; mais les deux
rives du Drot appartenaient alors au diocèse de Périgueux. Au xiiie
siècle, il y eut une contestation entre les évêques de Périgueux et d'Agen
relativement à la possession de Castillonnès, et cette petite ville resta à
Périgueux, par décision de l'archevêque de Bordeaux, choisi pour arbitre, et figura toujours depuis comme
paroisse du diocèse, ainsi que plusieurs petites communes qui aujourd'hui en sont
distraites.
Au
reste, cette partie est très-confuse dans le pouillé du xiiie
siècle, le nombre des paroisses extrêmement réduit, leurs noms très-altérés, et le tout est
groupé dans le seul archiprêtré Sarlatensis. Il semble que la partie
méridionale du diocèse était à peine connue lorsqu'on rédigea cet état.
L'étendue
de l'ancien diocèse, divisé en vingt-deux archiprêtrés, est figurée par les deux cartes dressées en 1679
par le géographe Samson[52],
et donne ainsi la représentation fidèle de ce que dut être la cité des Petrocorii.
Ces
archiprêtrés étaient groupés en sept archidiaconés, qui au xive siècle
furent réduits à cinq, sous les noms de Major, Duppla, Braggeriaci,
Sarlatensis, Ultra Dordoniam.
Chacun de ces archidiaconés
comprenait un certain nombre d'archiprêtrés.
Le
premier avait cinq archiprêtrés: la Quinte; Thiviers; Exideuil ou Saint-Méard; Condat, nommé plus tard
Champagnac; Biras, plus tard Valeuil;
Le
deuxième en avait trois : Neuvic, plus tard Villamblard; Villadès, plus tard
Saint-Marcel;
Montrevel, plus tard Vélines;
Le
troisième en avait trois: Parducensis, plus tard Chantérac;
Vieux-Mareuil et Pillac:
Le quatrième en avait deux : Sarlatensis, plus
tard Saint-André, et Daglan ;
Le cinquième en avait deux : le Bugue et Carves,
plus tard Palayrac ;
Le
sixième en avait trois : Baianensis, plus tard Bouniagues; Capdrot et
Gaiacensis, plus
tard Flaugeac.
Le septième
en avait trois : Villabone, plus tard Peyrat; Bost, plus tard Goûts; et la Double, plus tard Vanxains[53].
Un grand changement eut lieu
au xive siècle, mais il fut seulement intérieur: le pape Jean XXII partagea l'évêché primitif en
deux diocèses, sous les noms de Périgueux et de Sarlat; la Vézère, et
après la jonction des deux rivières, la Dordogne, servit de séparation entre
eux. Le seul archiprêtré traversé par ces rivières fut modifié, Sarlatensis; et il y eut alors deux
archiprêtrés de plus, par la formation de deux archiprêtrés du nom
d'Audrix, un pour chacun des deux évêchés. Le nouveau diocèse de Périgueux
contint seize archiprêtrés; celui de Sarlat en avait sept.
Ce fut aussi peut-être alors
que leurs noms furent en partie changés; mais, à l'exception de ceux ci-dessus
désignés, la circonscription des autres demeura la même, comme les pouillés le
témoignent, puisqu'ils furent composés des mêmes paroisses avant et après.
Le nombre des anciennes
paroisses est presque impossible à connaître aujourd'hui, car il y a des lieux
portant ce nom dans des chartes et qui ne figurent dans aucun pouillé. Selon une liste dressée suivant le
règlement des conférences ecclésiastiques fait le 11 septembre 1732 par
monseigneur l'évêque de Périgueux, le nombre dans son diocèse était de 442.
Une
semblable liste imprimée en 1781 à Sarlat, par ordre de monseigneur l'évêque, donne pour le diocèse de
Sarlat le nombre de 192 paroisses.
La cité
Pétrocorienne était traversée par plusieurs grandes voies. Le travail de la Commission de la carte des
Gaules sur les voies romaines mentionne Vesunna comme station sur
chacune des trois voies secondaires complétant le second réseau, celui du centre; elle en présente le
tableau avec celui de la voie de Lyon à Bordeaux (les distances sont en lieues
gauloises, environ 2,221 mètres) :
STATIONS |
CHIFFRE des DOCUMENTS |
DISTANCE RÉELLE. |
DÉSIGNATION des DOCUMENTS |
IDENTIFICATION. |
|
A DE LIMOGES A BORDEAUX
PAR PERIGUEUX |
|
||
1.
Augustoritum |
Il |
Il |
Il |
Limoges. |
2.
Fines |
XXVIII |
28 |
Itin. de 462. |
Thiviers[54] |
3. Vesunna |
XIIII |
14 |
Table de
Peutinger. |
Périgueux. |
4. Cunnaco |
X |
15 |
Idem. |
Saint-Louis?[55] |
5. Corterate |
XVIIII |
19 |
Idem. |
Coutras. |
6. Varatedo |
XVIII |
18 |
Idem. |
Fargues[56] |
7. Burdigala |
V |
5 |
Idem. |
Bordeaux. |
|
B. DE SAINTES A PERIGUEUX |
|
||
1.
Mediolanum |
Il |
Il |
Il |
Saintes. |
2.
Condate |
Il |
II |
Table de
Peutinger. |
Cognac? |
3.
Sarrum |
X |
21 |
Idem. |
Cherment. |
4.
Vesunna |
XX |
25 |
Idem. |
Périgueux. |
|
C. DE CAHORS ET D'AGEN A PÉRIGUEUX. |
|
||
1. Aginnum. |
Il |
Il |
Il |
Agen |
2.
Excisum. |
XIII |
13 |
Table de
Peutinger. |
Eysses |
3.
Trajectus. |
XXI |
24 |
Itin.
de 461 |
Port de Couse[57] |
4.
Vesunna. |
XVIII[58] |
23 |
Idem. |
Périgueux |
|
VOIE PRINCIPALE DE LYON À
BORDEAUX |
|
||
Lugdunum. |
Il |
Il |
Il |
Lyon |
Dibona |
Il |
Il |
Il |
Cahors |
Diolindum |
XVIIII |
19 |
Table de
Peutinger. |
Duravel. |
Excisum |
XXI |
16 |
Idem. |
Eysses |
Aginnum. |
XII |
13 |
Idem. |
Agen |
Fines,
etc. |
Il |
Il |
Il |
Il |
Burdigala. |
Il |
Il |
Il |
Bordeaux |
Ces voies sont restées
inconnues; les identifications présumées ne reposent que sur des conjectures, relatives
au calcul des distances. Peut-être y aurait-il un moyen de retrouver plus facilement
quelques parties de ces lignes : ce serait de rechercher, dans les premiers
temps du moyen âge, les chemins en état de viabilité qui suivaient le même
parcours que les voies de l'itinéraire romain ; il est certain que plusieurs
chemins, dans ces mêmes directions, ont subsisté jusqu'après le xve
siècle. Ils portent dans les anciens textes
des noms particuliers, comme chemin ferré, chaussée (causada) Peyrat, estrade, etc.; et presque partout, en France, on les
désigne comme ayant été d'anciennes voies gauloises ou romaines.
VOIE A.
Il est fait mention, au xiie
siècle, d'une voie allant de Périgueux à la chapelle d'Agonaguet[59] ; au xve
siècle, d'une voie allant de Périgueux à Limoges. (Supplément, p. 382.)
A la même époque, un chemin
passant dans cette direction à Agonac a le nom de voie ferrée (Dict. 344), et un siècle après, dans
cette même commune, ainsi qu'à Périgueux, il est question d'une via
Chava (ibid. et
Suppl. p. 365).
Quant
à l'identification du Fines sur cette voie, la Commission, tout en
indiquant Thiviers, reconnaît que Firbeix s'accorderait
mieux avec les limites de la cité, et le texte cité plus haut doit faire renoncer à éloigner
ainsi Fines de Chalus.
VOIE B.
Aucune station indiquée sur
le territoire.
Tout ce que l'on sait sur
cette voie est qu'en sortant de Vésone elle passait par Vigneras, commune de Marsac, car c'est dans le
vallon au-dessous de ce village qu'a été trouvée la borne milliaire au nom de
l'empereur Florien et portant l'indication prima leuga.
Au xive siècle,
un chemin allait de Périgueux à Vigneras[60]
: il est à présumer que c'était la voie
antique. Ce chemin passant par Vigneras porte, paraît-il, dans le pays le nom
de Schomi Bourna (le Périgord illustré, p. 474); or, au sortir de la contrée des Petrocorii,
la voie passait auprès de Villebois. Ce territoire, Villaboense, Villaboen, nommé
plus tard Peyrat, avait donné son nom à la voie antique; on la nommait
en Saintonge chemin Boisne (Statist. de la Charente).
En tenant compte de
l'altération dans la prononciation du patois, il est à croire que le même nom se retrouve aux deux extrémités de
cette ligne, et peut aider aussi pour rechercher le reste du parcours.
voie c.
La carte itinéraire publiée par
la Commission de la carte des Gaules propose, pour la ligne de Vésone à Agen et
à Cahors, la direction suivante :
«La
voie ferrée tendant à ces deux villes serait commune de
Vésone à Excisum; là, elle se bifurquerait : une ligne allait à Agen par
Saint-Antonin, l'autre à Cahors par Diolindum.
«Excisum
serait Eysses (Lot-et-Garonne), Diolindum serait Duravel (Lot):
cependant ces
deux identifications sont suivies d'un point d'interrogation.
«Pour la partie située dans
le département entre Vésone et Eysses, la Commission fait suivre à la voie le parcours du chemin d'intérêt commun n° 6, par
Notre-Dame-de-Sanillac, Eglise-Neuve, Vern, Saint-Michel, Saint-Laurent,
Sainte-Foy, Grand-Castang et la Linde; elle descendait à Couse, où serait la
station Trajectus, intermédiaire entre Vésone et Excisum, et de là, par Beaumont, Villeréal et Monflanquin,
elle se dirigeait sur Agen.
La Commission, par ce tracé
nouveau, met entièrement de côté un agger antique qui a été détruit il y a cinq
ou six ans, dans la ligne de Vésone à Agen, et n'en tient aucun compte.
A-t-elle eu raison, et les archéologues de Périgueux
ont-ils tous été dans l'erreur ?
L'agger
commençait à 300 mètres environ du port du Noyer, sur la Dordogne, commune de
Saint-Germain-de Pont-Roumieu, suivait la plaine supérieure au vallon de Pont-Romieu, et était
parfaitement reconnaissable au Bas et au Haut Terme, aux Justices et à Bonnard,
jusqu'au-devant de Grand-Mons; là il prenait à gauche, mais bientôt on en perdait tout vestige. Dans ce parcours, cette
partie était connue par les gens du pays sous le nom de voie romaine. Des titres du xviie
siècle en signalent l'existence à la Croix-de-Fenis
sous le nom de chemin ferré. Un titre du xive
siècle lui donne le nom de Causada
aux abords d'Issigeac. Avant
d'arriver dans cette ville, on le retrouvait en bon état de conservation devant
Ferrand, et ayant des blocs énormes sur ses accotements.
Dans la partie rapprochée de
la Dordogne, cet agger avait au-dessus du sol une. hauteur de 1 mètre à 1 mètre
et demi, et sa largeur moyenne entre fossés était de 7 à 8 mètres.
L'empierrement, partout où
il subsistait, était épais de 60 à 80 centimètres; une première couche de blocs très-larges, posés
horizontalement; les matériaux de la couche supérieure liés par une
sorte de ciment de chaux[61]
et parsemés de fragments de scories
de fer.
L'existence
de cette voie se prolongeant jusqu'aux abords de la Dordogne avait fait jusqu'ici placer à
Mouleydier la station Trajectus.
Cette opinion
était corroborée par les vestiges d'une voie semblable sur l'autre rive, allant dans la direction de
Vésone.
Aux abords de la rivière, un lieu est dit Pont de
l'Estrade.
Tout
auprès, dans un champ, ont été trouvés, il y a deux ans, plus de 400 deniers d'argent très-usés, à l'un
des types de Rhodanusia, au milieu de quelques pièces gauloises attribuées aux Pectavi? quelques-unes
de ces pièces sont entre les mains des amateurs du pays; le plus grand
nombre a été vendu à M. Rollin, de Paris.
Peu
d'années avant, on y avait rencontré un statère d'or à l'imitation des Philippe
de Macédoine.
Il appartient à M. Javersac, de Mouleydier.
Au lieu même où était établi
le passage avant la construction du pont, est une ancienne habitation nommée château de la Roque, où ont été trouvés des
fragments de sculpture et une quantité considérable de monnaies du Haut
et Bas Empire, et entre autres pièces du moyen âge, un roi d'Arménie, que
Pellerin a figurée (Recueil des Médailles de rois, etc. Tome IX, lettre 2,
planche 1).
Wlgrin de Taillefer assure
que des vestiges de cette voie ont été découverts dans la forêt de Vern, à
Merlande, entre la Maison-Neuve et Pont-Roumieu de Vern, et que d'anciens actes
la mentionnent sous le nom de vieux chemin ferré (Antiq. de, Vésone, II,
245).
Il y a donc ici une réunion
de témoignages sérieux pour justifier l'avis exprimé par tous les antiquaires
périgourdins, de l'identification de la voie de Vésone à Agen avec la direction
de cet agger, ainsi que celle de Trajectus avec Mouleydier.
Cependant il faut ajouter
qu'il serait possible qu'il y eût eu une voie secondaire dans la direction
donnée par la Commission. A défaut d'explications fournies dans son travail
pour appuyer sa conjecture, on peut supposer que cette trajectoire a été choisie
comme étant en ligne presque perpendiculaire entre les deux villes. Mais il y a
plus : un acte du xve siècle mentionne une voie allant de Couse à
Périgueux (Supplém. p. 352); un autre du xviie siècle mentionne un
chemin appelé Peyrat dans la commune de Saint-Félix (ibid. p. 363).
Même dans ce cas ce ne
serait pas à Couse qu'eût été placé le passage de la rivière, mais un peu en
aval. Entre Couse et Varennes existe un ancien ténement appelé Bassac, autrement
Lena : ce lieu est désigné dans un acte de 1170 sous le nom de Portus de Lenaco, sur l'une et
l'autre rive. Dans ce même endroit, sur la rive gauche, j'ai recueilli
plusieurs objets antiques : la pointe d'une amphore, un style en bronze, une
monnaie de Nîmes, etc.
De
plus, dans le terrier de 1755 est cette mention: confronte au chemin de
Beaumont au
port de Lena. Cette
direction devait dès lors passer à Bane, lieu nommé vicus dans la Vie
de saint Avit, et où l'on a mis à découvert un cimetière antique qui a
offert des vases en verre, une médaille de Vespasien, etc., mais dont la
fouille n'a pas été suivie. Autour de
Beaumont on retrouve l'indication d'anciens chemins[62].
Au
reste, la multiplicité de voies secondaires descendant de Vésone, traversant la
Dordogne, et
tendant à Cahors, Agen ou Aiguillon, semble autorisée par le grand nombre
d'anciens chemins mentionnés dans cette direction.
Une
carte du duché d'Aiguillon (Duval, 1677)
figure un ancien chemin sous le nom de Cami Errat, allant de Sainte-Livrade à
Aiguillon[63].
Au sud de la Dordogne, un
très ancien chemin passant par Molières, Urval, Bouillac, Vielvic et Belvez porte encore dans le pays le nom de Cami
Ferrat. On l'appelle aussi Chemin
de la reine Blanche, sans doute par suite d'une tradition locale d'après laquelle
une reine Blanche aurait été enfermée dans le castel de Molières, construit par
les Anglais en 1360.
Au xve
siècle, plusieurs actes de reconnaissance mentionnent le chemin de Belvès à Cahors[64].
Jouannet,
auteur de la Statistique du Sarladais, a émis l'opinion que la route de
Vésone à Cahors
suivait la plaine de Saint-Cyprien et passait à Constaty, lieu qui a
offert beaucoup d'antiquités, des mosaïques, un atelier de poterie, et dont le
nom dérive, selon lui, de cumstatione.
Quoi
qu'il en soit, il importe de remarquer que ces dénominations de cami ferrat,
causada, via chava, employées dans le
département de la Dordogne, se retrouvent aussi hors du département, et dans les directions
qui concordent avec nos voies romaines.
Au
nord, une voie allant de Vésone à Chassenon et à Poitiers est vulgairement
connue sous le nom de chemin ferré; et il est ajouté, dans la Statistique
de la Charente et dans la Notice du pays des Santons, que
c'est le seul vestige de voie antique en Angoumois qui se nomme ainsi.
Dom Fonteneau, dans son Etude
sur les voies romaines du Poitou, mentionne que celle qui allait de Poitiers à Limoges portait aussi ce nom de chemin
Ferrat «populairement».
Dans
des titres du xve siècle on lui donne le nom de via cava, iter de
la chavau, via chave, et au xvie siècle grand chemin de la
chaussée (Bulletin de la Société des Antiquaires de France, 1868, p. 187).
Cette
coïncidence de la répétition des mômes noms : chemin ferré, entre Agen
et Périgueux,
Périgueux et Limoges, Périgueux, Chassenon et Poitiers; causada, chaussée, chava, cava, à Périgueux, entre Périgueux et Limoges,
Périgueux et Agen, Poitiers et Limoges, indique un même groupe formé de
plusieurs voies antiques dont le point de
départ est Poitiers, et la direction sur Vésone par deux embranchements, l'un
par l’Angoumois, l'autre par le Limousin.
Au sud de Vésone deux
directions aussi: l'une sur Agen et Excisum, par Trajectus (Mouleydier) et Issigeac, et
peut-être une seconde par le port de Lena, Banes et Beaumont ; l'autre sur
Cahors directement, sans passer à Excisum, et par la vallée de la
Dordogne et Belvez?
Cette ligne par
Agen, Vésone, Chassenon, Poitiers, dut être la grande communication entre la Celtique et l'Aquitaine. Au temps de
César, les Helvètes, voulant envahir la province romaine, se rendent au pays
des Santons, parce que, est-il dit, il n'y a pas loin de là au pays des
Tolosates[65]. Ils
y trouvaient effectivement une voie allant de Saintes à Toulouse par Vésone,
Agen, etc. . .
Au viiie
siècle, ce fut le passage principal des armées. Abdérame brûle Périgueux et est vaincu sous les murs de Poitiers. Saintes,
Angoulême, Périgueux et Agen sont nommés par les historiens comme les
villes dévastées par Pépin dans la campagne contre Waifre, et ce fut en
Périgord, dans la forêt d'Edobola, qu'eut lieu le dernier épisode de cette guerre d'extermination.
(Frédégaire, Sigeberti chronic.)
ÉTENDUE DU
TERRITOIRE AU MOYEN AGE.
Il est à croire que le comté de Périgord avait la même
étendue que le Pagus Petrogoricus, et que
l'un et l'autre représentaient la circonscription du diocèse. Le premier changement territorial eut
lieu au xiiie siècle.
.Lorsque saint
Louis envoya un sénéchal en Périgord, on ajouta à la juridiction de cet
officier, qui réunissait la supériorité civile et militaire, un territoire
appartenant à d'autres diocèses : ainsi Nontron, archiprêtré du diocèse de
Limoges et y restant, fut compris comme châtellenie dans la sénéchaussée du
Périgord ; il en fut de même pour Carlux, Salignac et les paroisses de ces châtellenies,
qui restèrent aussi du diocèse de Cahors.
Ce fut alors
peut-être que le sénéchal d'Agenois acquit le ressort sur plusieurs paroisses
autour du Drot, qui étaient du Périgord.
Cette innovation a prévalu, et elle a été consacrée depuis par la délimitation
des départements.
Par suite du
droit d'hommage, certaines parties du territoire ne relevaient pas du comté de
Périgord.
En 1243, Guy,
vicomte de Limoges, rendait hommage à l'évêque d'Angoulême comme tenant de lui
les châtellenies périgourdines d'Ans, de Nontron, de Mareuil, de Bourzac et
autres lieux. Relevaient aussi de l'évêché
d'Angoulême :
La châtellenie de la
Tour-Blanche, qui formait une enclave et qui n'appartenait au Périgord
que pour le spirituel, et dont les dépendances étaient Montabourlet et parties
de Verteillac, Cherval, Grezignac, Rossignol, Goûts et Léguillac;
La
châtellenie de la Roche-Beaucourt, partie en Périgord et partie en Angoumois: dépendances : Édon,
Combiers, Hautefaye et Rognac;
La châtellcnie de Sainte-Aulaye; dépendances :
Saint-Michel et le Bost;
La châtellenie d'Aubeterre,
dont relevaient quinze paroisses et les justices de Chenau, Puy-Mangou et
Nabinaud. (Statistique de la Charente.)
DIVISIONS INTÉRIEURES.
ÉPOQUE
MÉROVINGIENNE. — PAGI.
Pagus
major. Le Périgord en était un; pagus Petragoricus (Grégoire de Tours) ; pagus Petrocius, 823 (Prœcepta Lud. Pii pro
Lamberto), etc. . . .
Il avait la même étendue que le diocèse.
Pagus minor. Un
seul est connu: pagus Burdillensis, P. de Bourdeilles.
« Obiit
in pace, in Aquitania, in pago Burdillense, in villa quœ dicitur Baneth,
670 » (Gesta Berarii Cenom. urb. episcopi).
Banet, village de la commune de Bourdeilles.
CENTAINES.
Deux
connues : la centaine du Bugue et la centaine Berciacinse ou de Gouts.
1° « In pago Petragorico, in
centena Albucense, villa quae dicitur Miliacus, 856» (cartulaire de
Saint-Martial de Limoges).
Millac-d'Auberoche, à l'extrémité nord de
l'archiprêtré du Bugue.
2° «In pago Petragorico, in
centena Berciacinse, in villa quae dicitur Guz» (cartulaire
de Saint-Cybard).
Berciacinse est un nom inconnu; mais
Guz, Gouts, commune de
l'arrondissement de Ribérac, détermine la situation de cette centaine. Gouts
était le siège d'un archiprêtré qui se nomma d'abord archiprêtré de Bost : or
ce mot a une grande similitude, quant au sens, avec Berciacinse.
Ducange fournit les exemples
suivants d'un vieux mot français qui serait l'explication du nom de cette
centaine.
«
Ad intrandum boscos causa bersandi. » «En foret pour chassier et berser. »
(Roman de Garin.)
Chassier, chacier, a
précédé chasser; on a pu dire Berciacinse avant Bersacinse[66].
Centena Bost ou Berciacinsis est
la centaine des bois, autrement de la chasse; là sans doute était la forêt,
rendez-vous général pour ce grand divertissement des Francs et du moyen âge. Ce
lieu était d'autant plus propre à ces nombreuses réunions, que l'archiprêtré de
Bost touche à l'archiprêtré de la Double, qui prit son nom de la forêt Edobola;
tout ce pays alors n'était qu'une immense forêt.
Berciacinse pourrait avoir laissé son
nom à plusieurs lieux dans les environs de Goûts
:
Dans la
commune, Puy-de-Versac, Obertias; dans celle de Cercle, Verchiat; dans
Vandoire,
Bourzac, castellum sur motte de terre, siège d'une châtellenie dont dépendaient quatorze paroisses, et dont plusieurs
portent encore le nom; castrum de Borziaco,
au xiiie siècle. Il
n'y a pas loin de Berciacinse à Borziacense.
VICAIRIES.
Une
connue, la vicairie de Pillac.
1° «In
vicaria Piliacense, castrum cui Albaterra nomen est, 1009» (cartulaire
de Saint-Cybard).
Pillac, aujourd'hui dans la
Charente, était le siège d'un archiprêtré du diocèse de Périgueux, dont
dépendait la paroisse d'Aubeterre.
Il est fait mention aussi des vicairies de Larche et
de Chavagnac.
«In pago
Petragoricensi, in vicaria de Cavaniaco, ecclesiam suam de Grezas»
(cartulaire du
Vigeois).
«In pago
Petragoricensi, in vicaria Arcamacer, in villa quae dicitur Lodorniac de
«Del-albuga»
(cartulaire du Vigeois).
Cavaniaco,
Chavagnac; Grezas, Grèzes; Lodorniac, Ladornac: trois
communes voisines
du canton de Terrasson.
Au xive siècle, ces paroisses dépendaient
de Larche.
Arcamacer
est-il Larche? Larche était une des châtellenies du Périgord,
quoiqu'alors le château fût en Limousin, selon ce que porte la bulle d'érection
du siège de Tulle, castrum de Larcha, quod est in Lemovicino. La
situation en Périgord de toutes les paroisses de cette châtellenie
et le texte de cette vicairie peuvent faire présumer qu'originairement Larche dépendait
du Périgord. Est-ce Archignac? Archignac est
nommée Archanac, en 1158 (arch. de l'abbaye de Saint-Amand-de-Coly),
et cette forme rapproche du nom Arcamacer?
Ces
deux dernières vicairies, Arcamacer et de Cavaniaco, et les
localités qui y sont énoncées, sont tellement voisines, qu'elles ne sauraient être
considérées que comme des vigueries du moyen
âge. La vicaria Piliacense serait la seule vicairie mérovingienne dont
le nom serait venu jusqu'à nous,
A
défaut de document précis sur l'étendue comparative des territoires de ces
divisions intérieures, centena ou vicaria; archiprêtré
et châtellenie, la présomption de correspondance entre celles qui étaient à la fois centaine
et châtellenie résulte de l'identité de
situation : ainsi la vicaria Piliacensis était au lieu même de
l'archiprêtré de Pillac, puisqu'Aubeterre appartenait à l'un et à
l'autre ; Aubeterre était aussi une châtellenie.
De même pour le pagus
minor de Bourdeilles par rapport à l'archiprêtré de Biras et à la
châtellenie de Bourdeilles : sur les 23 paroisses de l'archiprêtré, la
châtellenie en comprenait 17.
Exideuil
comme archiprêtré contenait 40 paroisses;
comme châtellenie, 25 de ces mêmes paroisses.
La
Quinte, archiprêtré (42 paroisses),
était aussi le siège de la châtellenie de Périgueux, qui comprenait 12 de ces paroisses.
Les
termes de comparaison manquent pour l'ensemble de ces juridictions ; du peu d'exemples fournis il paraît
constant que la division ecclésiastique était plus étendue que la division
féodale, mais que l'une et l'autre semble originairement établie selon une
distribution dejuridiction territoriale commune, altérée seulement par les
circonstances politiques des temps[67].
ÉPOQUE FÉODALE. - CHÂTELLENIES.
Le castellum, qui reçut
le titre de châtellenie, différait essentiellement du castrum que les
Romains établissaient dans les pays qu'ils avaient soumis. Celui-ci avait pour
objet la protection de la contrée entière, et le nombre en était restreint; le
castellum était seulement un lieu de défense pour un territoire adjacent et
limité.
Son origine remonte au temps
où Charles le Chauve, ne pouvant défendre le pays contre les invasions des Normands, rendit les bénéfices héréditaires
pour assurer aux populations une
protection qu'il ne pouvait accorder par lui-même. Les officiers royaux devinrent
propriétaires des lieux fortifiés qu'ils commandaient ; mais cette propriété
était sujette à confiscation si les châtelains n'étaient pas fidèles au serment
de féauté envers le prince en ne défendant pas le pays contre ses ennemis.
Des
rapports nouveaux, fondés sur des droits et devoirs réciproques, s'établirent
alors entre le
châtelain et les habitants d'un certain nombre de paroisses. Dans un rayon
déterminé, droit était, pour des familles nobles, d'avoir un logis dans la cour
du château; pour toutes les autres, de se renfermer avec leurs meubles et leurs
bestiaux, en temps de guerre, dans des enceintes secondaires en dedans des
défenses et des fossés. De leur côté, les
habitants devaient travailler aux fortifications et être soumis à une juridiction
qui prit le nom de châtellenie.
C'est avant le ixe
siècle que remontent les donjons sur mottes, entourés de palissades et haies
vives, ou situés à l'extrémité d'un coteau escarpé.
Les premiers forts qui
soient connus pour avoir été construits en pierre et être devenus des sièges de
haute juridiction sont peu nombreux; on cite : Aubeterre, Ribérac, Montignac,
Puy-Guilhem, Hautefort, Exideuil; ceux aussi élevés par Frotaire, évêque de Périgueux. Leur nombre augmenta
bientôt. Plusieurs causes y contribuèrent :
1° Le démembrement par suite
de l'aliénation que firent les seigneurs de certaines parties de la châtellenie
de première origine : ainsi Limeuil fut séparé de Montignac; partie de Gurson
et Montrevel, de la vicomte de Castillon, etc.[68]
2° La
création des bastides ou villes neuves, que les rois de France et d'Angleterre érigeaient en châtellenies[69];
3° La concession d'exemption de toute
juridiction, accordée à des abbayes et à certains lieux[70].
Les droits du seigneur supérieur passaient par la
donation à des fiefs inférieurs, qui
prenaient alors le nom de châtellenies ou de hautes justices seulement.
L'état le plus ancien que
l'on possède des châtellenies du Périgord et des paroisses qui dépendaient de
leur juridiction est de 1365. Il y en avait alors 59 ; mais, par suite des
causes mentionnées plus haut, ce nombre s'éleva dans la suite jusqu'à 360 (voy.
au chapitre des juridictions en 1760).
ETAT DES CHATELLENIES DU
PERIGORD,
AVEC LE NOMBRE DES PAROISSES
QUI EN FORMAIENT LA JURIDICTION[71]
1. Périgueux............................................ 19 3. Ans...................................................... 16 3. Auberoche........................................... 15 4. Agonac................................................ 12 5. Grignol................................................ 9 6. Saint-Astier......................................... 18 7. Exideuil............................................... 26 8. Hautefort............................................. 9 9. Larche.................................................. 11 10. Bourdeilles......................................... 14 11. Bruzac............................................... 11 13. Les Bemardières................................ 4 13. Nontron............................................. 40 14. Brantôme........................................... 3 15. Chapdeuil.......................................... 3 16. Mareuil.............................................. 11 17. Bourzac............................................. l2 18. Montagrier......................................... 3 19. Ribérac.............................................. 16 20. Gurçon............................................... 4 21. Villefranche-de-Longchapt................ 2 22. Mussidan........................................... 9 23. Montpont ou Puy-de-Chalus............. 18 24. Montrevel.......................................... 18 25. Le Fleix.............................................. 3 26. Saint-Front-de-Pradoux..................... 2 27. Vern................................................... 8 28. Roussille............................................ 6 29. Beauregard......................................... 4 30. Estissac.............................................. 3 |
31. Montréal...................................... ...... 1 32. Limeuil...................... •................ .... 16 33. Clérans........................................ 11 34. La Linde...................................... 7 35. Montclar...................................... 9 36. Bigaroque.................................... 4 37. Reillac.......................................... 2 38. Millac.......................................... 2 39. Miremont..................................... 4 40. Montignac................................... 14 41. Bergerac ou Mont-Cuq................ 34 42. Couse.......................................... 2 43. Badefol........................................ 4 44. Beynac........................................ ...... 8 45. Montfort et Aillac........................ ...... 6 46. Montferrand................................ 5 47. Beaumont.................................... 7 48. La Barde...................................... ...... 3 49. Issigeac........................................ 7 50.
Roquepine................................... 6 51.
Puy-Guilhem............................... .... 14 52.
Eymet.......................................... 7 53.
Belvez.......................................... 14 54. Castelnau..................................... ...... 5 55. Berbiguières................................ 5 56. Comarque.................................... 3 57. Mont-de-Dome............................ 1 2 58. Villefranche-de-Belvez................ 6 59. Le Pariage, entre le comte et ensuite entre le roi et le chapitre
de Saint-Front 12 |
PAROISSES HORS CHATELLENIES.
Firbeix. Mialet. La Roche-Beaucourt (chapitre). Saint-Pierre-de-Frugie. Saint-Priest. Andrivaux (commanderie du Temple). Dourle (membre de cette commanderie). Coursac. Saint-Jean-de-Cole (prieuré conventuel). Condat près Brantôme. Lisle (bastide du xive siècle). Celle. Bertric. Burée. Saint-Médard-de-Drone. Coutures. La Feyliet ( membre de la commanderie de Combeyranche) Lusignac. Chassaigne. Saint-Privat (prieuré conventuel). La ville de Sarlat (relevant directement du roi,évêché). Saint-Geniez. Temniac (relevant de 1'évêché de Sarlat). Campagnac (id.). Saint-Quentin (id.), |
Alas (relevant de l'évêché de Sarlat). Lavaur. Besse. Prats, La Trape. Bouillac. La Cassagne. La Roche-Saint-Christophe (relevant de
l'évêché de Périgueux). Campagne. Rouffignac. Siorac. Saint-Avit-Sénieur ( chapitre ). Molières (bastide et bailliage royal). Plazac (relevant de révêché de Périgueux). Tourtoirac (abbaye). Paunat (abbaye dép. de Saint-Martin de
Limoges). Rampieux. Montpazier (bastide et bailliage royal). Biron. Aigues-Parses. Saint-Rabier. Saint-Cyprien (prieuré conventuel). Tursac. |
En tête de cette liste il faut
placer la ville de Périgueux, qui avait conservé son indépendance et qui, au
commencement du xiiie siècle, relevant immédiatement du roi, lui
portait directement son hommage au même titre que le comte dePérigord.
La
division en châtellenies était tellement passée dans les habitudes, que
certains territoires
avaient un nom collectif emprunté à celle dont ils dépendaient. Celui qui relevait de Gurçon était dit Gorsonesium (manuscrit
de Wolfenbuttel); d'Agonac, territorium Agonacense (cartulaire
de Ligueux), etc. On disait aussi en Montrevel, etc.
Ces appellations ont survécu
.et servent encore de désignation ; on dit : Granges-d'Ans; Saint-Pantaly,
Sainte-Eulalie, Saint-Pardoux, la Boissière d'Ans; Cause de Clérans; Saint-Sernin
et Saint-Félix de Reillac; Cône et Saint-Sernin de la Barde; Montagnac et
Millac d'Auberoche; Nanteuil, Auriac de Bourzac, etc., etc.
Au-dessous de ces
subdivisions territoriales il y en avait quelques-unes dont le nom se retrouve
dans des titres anciens, mais dont l'identification est douteuse. En 1322, il est fait mention d'une terre in
Rossinagesio. L'acte où ce nom se trouve est relatif à Castelnau;
c'est dans cette châtellenie qu'il faut le chercher sans doute[72].
Un
acte de 1253 donne aux terres qui environnent Bergerac le nom de terrœ
Baian. et Baiaden. (circumjacentes ad villam de Brigerac), est-il ajouté
dans l'acte.
L'archiprêtré
de Bouniagues (arrondissement de Bergerac) se nommait jadis arch. Baianencis, Baiacensis.
Le
testament de Marguerite de Turenne (1273) fait
suivre le mot Bajanosium de cette explication : quidquid habet apud
Yssigiacum.
Ce même territoire près
d'Issigeac est dit : Basaneg (Rôles gasc.), Barsaneium, Benaseium (Man. de Wolf.), enfin Bajanès (Généalogie des Sires de Bergerac,
Courcelles) ; Saint-Aubin-de-Cadelech est appelé Sanctus Albinus in
Banesio, 1273 (Hommages de Guill. de Mons). La mémoire de ce nom semble
être retenue par des lieux voisins : Banes, cité dans l'hagiographie de
Saint-Avit-Sénieur au ve siècle, enfin le ruisseau qui passe à Issigeac, la Banége. Bayac, si voisin
de Banes, rappellerait la forme Baianesium.
Le
même acte de 1278 fait mention d'un autre territoire ayant nom Marmontesium.
L'acte de consécration de
l'abbaye de Cadouin, en 1154, donne ce nom au territoire dans lequel l'abbaye
fut fondée. (Dict. p. 189).
Dans un acte du xiiie
siècle, le Marmontesium paraît limitrophe du Baianesium[73].
Dans
les derniers temps, il n'y avait plus de noms particuliers que pour les grandes
divisions du pays.
Ainsi, avant 1789, on divisait le
Périgord en haut et bas, et encore en blanc et noir. Le
haut ou blanc était celui où sont Périgueuxet Bergerac, le bas ou noir avait pour chef-lieu Sarlat. Cette
séparation est exactement celle qui existait entre les diocèses de
Périgueux et de Sarlat, et elle était tellement entrée dans les habitudes que souvent dans les anciennes chroniques on
trouve cette locution : aller en France, pour le fait seul
d'avoir traversé la Dordogne et passé du Sarladais dans le Périgord.
On a dit depuis le Sarladais,
le Ribéraquois, le Bergeraquois et le Nontronais.
La
Double était une contrée dont la partie comprise dans le
département de la Dordogne couvre une étendue de 48,763 hectares sur le plateau qui s'étend
entre la Drone et l'Ille. Au nord, elle ne
dépassait pas une ligne allant de Sainte-Aulaye à Saint-Vincent-de-Connezac
; à l'est, celle qui de Saint-Vincent descend à Mussidan.
Légé en était le chef-lieu.
La Double avait le titre de vicomte et se nommait,encore terre de la conquête[74].
(Atlas de Blaeu).
Un nom qui a quelque rapport
avec celui-ci, pays de nouvelle conquête, était donné à un district qui
comprenait, sur la rive droite de la Dordogne, le Fleix, Ponchat, Montazeau,
Gurçon, Montravel, et sur la rive gauche, en dehors du département, Sainte-Foy, qui en était la capitale, Théobon,
Puichagut, Villeneuve, Duras, Gensac, Civrac, Rauzan et Pujols ; et l'on
a expliqué ce nom par une sorte d'affiliation que la ville de Bordeaux avait faite pour le commerce avec ce pays contigu à
sa sénéchaussée (Chronique bordeloise). Cette raison semblerait exclure
toute relation entre les deux noms, car la
Double, pays boisé et marécageux, comme l'indique son ancienne dénomination Saltus
de Dobla, Silva Edobola, n'offrait aucun avantage pour le commerce.
ETABLISSEMENTS HOSPITALIERS
EN PERIGORD.
DISTRIBUTION
TOPOGRAPHIQUE.
Aujourd'hui ces
établissements sont centralisés dans quelques villes; on y compte 26 hospices,
ainsi répartis:
Périgueux : hospice de Sainte-Marthe,
à la Cité; — Bergerac : un hôpital, une maison de la Miséricorde, au bourg de
la Madeleine; — Sarlat : un hôpital.
Les
autres villes, comme Beaumont, Eymet, Montpazier, Nontron, Thiviers, Brantôme,
Exideuil, Ribérac, Mussidan, Montpont, Dôme, Montignac, le Bugue, Belvez, Villefranche-de-Belvez,
Terrasson, ont chacune un hôpital.
Il existe aussi des hospices
à Hautefort, Fouleix, Bourdeilles, Bourrou, Sainte-Alvère et Sainte-Aulaye.
Au moyen âge, les refuges
pour les pauvres, les malades et les infirmes étaient répandus sur toutes les
parties du territoire, villes et campagnes.
Ces établissements avaient différentes
dénominations.
Le nom
le plus connu est celui d'hôpital, Espital au moyen âge. Mais il faut
distinguer sous
ce nom deux genres de maisons, quoique toutes elles n'aient eu qu'un même but,
le soin des malades et des pauvres :
1° Les asiles, placés dans
les commanderies du Temple ou de Saint-Jean de Jérusalem et de Saint-Antoine;
2° Les asiles ouverts dans
les villes et campagnes par la charité publique; ils étaient de fondation
royale, ou seigneuriale, ou commune.
Il y
avait ensuite les malauderies, autrement dits malaudies, maladreries,
molettes, malauries,
ou les malets.
Les établissements
spécialement consacrés aux lépreux avaient nom léproseries, ladreyries, ladrières et peut-être ledriers. Le
nom, retenant la prononciation du temps, est
resté à des paroisses : Saint-Germain, dit en 1618 Saint-Germain lou
Lepdroux, est plutôt Sanctus
Germanus le Dros; Sainte-Marie de la Cité à Périgueux, en 1782, est Sancta
Maria de Lesdrosa en 1363, puis Leydrouse; Saint-Etienne le Droux était
Sanctus Stephanus deux Ledros, en 1252, le Drier en 1365.
Une des quatre léproseries
de Périgueux se nomma Salvango, Salvajou, Sauvajou, et une commanderie
du Temple, Salvitas-Grasseti, Sauvetat-Grasset. Plusieurs lieux se
nomment Salvagie, Sauvagie, etc.
Dans
la commune de Saint-Vincent-de-Paluel il existe une habitation dite la
Salvie, en patois lou Salvadou; on y a trouvé une
baignoire circulaire avec degrés pour y descendre, une grande quantité de tombes. Ce nom de Salvie
est assez répandu. Il y avait à Belvez et à Saint-Cyprien une porte dite de
Salvier, et dans ce dernier endroit on a mis à découvert une baignoire
circulaire avec marches, comme à la Salvie.
L'étymologie
latine salvitas, guérison, indiquerait que les lieux dont le nom en est dérivé auraient été des
refuges ouverts aux malades.
1°
COMMANDERIES DU TEMPLE OU DE SAINT-JEAN
DE JÉRUSALEM, ET MEMBRES EN DEPENDANT.
DIOCESE DE PÉRIGUEUX.
Noms et
situation.
Commanderie. Andrivaux,
commune de Beaurone.
Membre
annexe : Dourle, commune de Lisle.
Id. Vaunac, commune de ce nom.
Commanderie.
Saint-Paul-la-Roche, id.
Commanderie. Puymartin.
Membres :
1° Saint-Maurice de Jumillac;
2°
Saint-Jean-de-la-Trappe, en partie dans
Condat et dans
Saint-Laurent-de-Gogabaud.
Commanderie. Le Soulet,
commune de Goûts.
Commanderie. Pont-Arnaud,
commune de Saint-Crépin-de-Richemont.
Commanderie. Combeyranche,
même commune.
Membre : La Feylie,
commune de Bertric.
Membre : Chambeuil,
commune de Ribérac.
Commanderie. Chante-Geline,
commune de Mensignac.
Commanderie. La
Sauvetat-Grasset, commune de Douville.
Commanderie. Mortemart, même
commune.
Membre : Château-Miscier,
même commune.
Commanderie. Bonneville, même
commune.
Membre :
Saint-Avit-de-Fumadière et Bonnefare, même commune.
Commanderie. Aubeterre.
Membre : Les Eyssarts,
Saint-Michel-Ia-Rivière, Born.
Com. Le Temple-la-Guyon, même
commune.
Membre : Le Temple-de-l'Eau,
à Cherveix; le Pont-Saint-Martial, à Hautefort.
Membre : La Chapelle
Saint-Jean-de-la-Recluse, à Exideuil.
Membre : Ajat, commune de Thenon.
Commanderie. Fontenilles, même
commune.
Commanderie. Puy-Lautier,
commanderie de Saint-Pierre-d'Eyraud.
Membre : L'Espaut,
commune de Fraysse.
Commanderie. Buzet, commune de Menesplet.
Plusieurs lieux sont dits le
Temple : dans la forêt de la Roche-Beaucourt, à Sencenac,
Saint-Jean-de-Cole, Brassac, Verteillac, dans le vallon de la Sauvanie, à
Saint-Martial-de-Viveyrol, Chassagne, Siorac, etc. —Vov. ces noms.
DIOCÈSE DE SARLAT.
Noms et situation.
Commanderie. Saint-Naixent,
même commune.
Membres : Naussanes, Cours,
Lembras, Pontbonne et le Bignac.
Commanderie. Condat, même
commune.
Commanderie. Sergeac, même
commune.
Commanderie. La Canéda, même
commune.
Commanderie. Montguyard, même
commune.
Membre : Falgueyrac, même
commune.
Commanderie. Tourliac, commune de Rampieux.
II faut ajouter l'hospitalis
de Comarque et celui de Sernato, peut-être Sermet; une ancienne construction,
appelée le Temple, à Font-d'Eylias, commune de la Rouquète-d'Eymet,
devait être une grange de cet ordre. Un ancien grand chemin et un dolmen sont
près de là.
2° COMMANDERIES DE L'ORDRE DE
SAINT-ANTOINE.
Noms. . |
Date de la mention. |
Localités |
La
maison supérieure en Guyenne |
1648 |
Aubeterre. |
Hôpital |
1310 |
Saint-Antoine-de-Pizou. |
Id. |
1648 |
Exideuil. |
Id. |
1501 |
Bergerac,
au faubourg de la Madeleine. |
Id. Commanderie de Saint-Antoine du Grand- Châtaignier |
1648 |
Grand-Castang? |
3° HÔPITAUX[75].
Noms. . |
Date de la mention. |
Localités |
Hôpital
de Saint-Hilaire |
xiie siècle |
Ville
de Périgueux. |
-
de Saint-Silain |
Id. |
Id. sur la paroisse de ce nom. |
-
de Saint-Pierre |
1290 |
Id. au cimetière de la Cité. |
-
de Charroux |
1270 |
Id. bord de Tille, au bas d'Ecornebœuf. |
-
de l'Arsaut |
1360 |
Id. faubourg de ce nom. |
-
de la Claustre |
xiie siècle |
Id. au Puy-Saint-Front. |
Hôpital |
Id |
Id. faubourg de l'Aiguillerie. |
-
de la Daurade |
1307 |
Id. près de la fontaine Saint-Hippolyte. |
-
de Brunet |
1339 |
Id. près du moulin de Saint-Front. |
Hôtel-Dieu
n° 385 |
xviie siècle |
Id. |
-
pour les pauvres, au
prieuré de la Faye |
1214 |
Léguillac-de-Lauche. |
Hôpital |
1372 et 1746 |
Agonac. |
-
Domus eleemosynaria |
1153 |
Montpont |
Hôp. de la Providence fondé par
Mlle de Foix. |
xviie siècle |
|
Domus
eleemosynaria |
1252 |
Nontron. |
Xenodochium |
vie siècle. |
Terrasson. |
Hôpital |
1260 |
|
Hôpital
Saint-Jean-1'Évangéliste |
1337 et 1480 |
Montignac-sur-Vézère. |
Hôpital
de Saint-Michel |
1273 |
Sarlat. |
— au faubourg de la Bouquerie |
1348 |
|
Hôtel-Dieu
n° 392 |
xviie
siècle |
|
Hôpital |
1279 |
Saint-Amand-de-Belvez. |
Id |
1379 |
Saint-Pompon. |
Id. |
1260 |
Loubéjac. |
Hôpital
pour les pauvres |
1211 |
Abbaye
de Cadouin. |
Hôpital |
1476 |
Clérans. |
Id |
État
des sect. 1791 |
Vie. |
Id |
1450 et cadastre |
Le Bugue, paroisse Saint-Marcel,
devant la
place de Landrivye. |
Lieu-dit
l'Hôpital |
cadastre |
Eymet |
Porte de l'Hôpital |
1682 |
Issigeac |
Hôpital
pour recevoir les pauvres de Dieu |
1317 |
Bigaroque. |
Hôpital
du Saint-Esprit |
1118 |
Bergerac |
— dit Pedolha |
1450 |
|
Hôtel-Dieu
n° 382 |
xiie siècle |
|
L'Hospice
actuel avait été fondé en 1700 |
|
|
L'Hôpital
vieux |
1621 |
Montrevel |
L'Hôpital |
1632 |
|
Pré de
l'Hôpital |
Cadastre |
Paunac |
Hôpital,
aujourd'hui maison d'école |
Id |
Bourdeilles |
L'Hôpital |
1648 |
Au port
du Fleix |
Hôpital |
|
Saint-Cyprien. |
Fondation
d'une chapelle dans l'Hôpital |
1350 |
Mussidan. |
Hôpital
de la Croix-de-Fromental |
xiiie
siècle |
Notre-Dame-de-Sanillac. |
Font
des malades |
Cadastre |
|
Porte
de l'Hôpital |
Id |
Saint-Louis. |
Hôpital |
Id |
Mialet. |
Id |
1408 |
Peyzac,
commune de la Nouaille. |
Id |
1669 |
Hautefort. |
Maison
de Charité-Hôpital |
1775 |
Montpazier. |
Hôpital |
1476 |
Clérans. |
Maison
des pauvres |
Atlas de
Belleyme |
Sireuil. |
LIEUX QUI PORTENT LE NOM
D'HÔPITAL ET QUI POURRAIENT ÊTRE UNE DEPENDANCE
D'UNE COMMANDERIE.
Noms. . |
Date de la mention. |
Localités |
Lieu-dit
les Hôpitaux ou l'Hôpitaux |
Cadastre |
Trélissac
et Salagnac. |
Lieu-dit
l'Hôpital |
1468 |
Saint-Sébastien. |
Id |
Cadastre |
Coutures. |
Id |
Id |
Saint-Étienne-des-Landes. |
Id |
Id |
Segonzac. |
Id |
Id |
Celle,
au hameau de Saint-Mandé. |
Id |
1460 |
Servanches. |
Terre
dite de l'Hôpital |
Cadastre |
Saint-Martin-l'Astier. |
Id |
xiiie siècle |
Pillac. |
Id |
|
Angoisse. |
Id |
1500 |
Villac. |
La fon
de l'Hôpital |
|
Négrondes. |
Pré de
l'Hôpital |
|
Savignac-les-Églises,
à l'entrée du bourg. |
Croix
de l'Hôpital |
1233 |
Saint-Léon. |
Oratoire
et Hôpital |
1247 |
Gabanelle,
commune de Bergerac. |
Hôpital
de Combeys |
1178 et 1500 |
Chantérac. |
Hôpital
de Cherveix |
Cadastre |
Même
commune. |
Id |
Atlas de Belleyme |
Molières. |
4° MALADRERIES.
Noms. . |
Date de la mention. |
Localités |
Maladrerie
de fondation commune |
1648 |
Saint-Astier. |
Lieu-dit
la Maladrie, et aux Blanquets |
Cadastre |
Cercle. |
Maladrerie
de fondation commune |
1648 |
Mussidan. |
-
de fondation royale |
Id |
Aubeterre. |
-
de fondation commune |
Id |
Nontron. |
-
idem |
Id |
Chignac. |
Maladrerie |
1648 |
Bruzac. |
Maladrerie
de fondation royale |
1254 et 1648 |
Sarlat,
près d'une fontaine qui en a conservé le nom. |
Lieu-dit
Croix de la Malaurie |
Tradition locale |
A
Capellou, environs de Belvez. |
Maladrerie
de fondation commune |
1648 |
Villefranche-de-Belvez. |
Champ
dit de la Malaudarie |
Cadastre |
Saint-Avit-Senieur,
village de la Cabane. |
Maladrerie
de fondation royale |
1648 |
Molières. |
-
et lieu-dit la Malauderie |
Id. et cadastre |
Beaumont. |
Maladrerie
de fondation commune |
1648 |
Lenquais, aux Trois-Croix. |
Lieu-dit
Malladene et Malaudene |
1775 |
|
La
Malauderie |
1473 |
Sainte-Alvère. |
Maladrerie
de fondation commune |
1648 |
Beynac. |
Ténement
de la croix de la Maladrerie |
1482 |
Le
Bugue, chemin du Bugue à Campagne. |
Maladrerie
de fondation commune |
1648 |
La
Force. |
—
de fondation royale |
1450, 1732 |
Bergerac. |
—
de fondation commune |
1350 et xviie se. |
Montrevel. |
— idem. |
1648 |
Saint-Marcel. |
Ténement
des Malets |
1791 |
Vie. |
Maladrerie |
Tradition locale |
Naillac,
au Puy de las Maleytias. |
Id |
Cadastre |
Vitrac,
au Pech de Malet |
Lieu-dit
la Malaudie |
Id |
Carsac
- Proissans. |
Malets
(Les) |
Id |
Tursac. |
Id |
Id |
Manzac. |
Id |
Id |
Saint-Paul-de-Serre. |
Id |
Id |
Fouleix. |
Id |
Id |
Bars. |
Id |
Id |
Terrasson. |
Lieu-dit
la Maladrerie |
Id |
Saint-Martin-le-Pin. |
Id |
Id |
Bourdeix. |
Id |
Id |
Millac-de-Nontron. |
Lieu-dit
la Maladrerie |
Cadastre |
Nontroneau. |
Maladrerie
de fondation commune |
xviie siècle et id. |
Nontron. |
Id |
1648 |
Eymet. |
Id |
1648 |
Terrasson. |
Terre,
taillis des pauvres |
Cadastre |
Cabans,
Daglan, le Coux, Mouleydier, etc. |
5° LÉPROSERIES.
Noms. . |
Date de la mention. |
Localités |
Saint-Hippolyte |
1290 |
Périgueux,
au bord de l'Ille. |
Salvange |
1246 |
Saint-Martin. |
Saint-Antoine |
1290 |
Le
Toulon. |
Au pont
Saint-Jacques |
1265 |
Couvent
de Sainte-Claire. |
Léproserie |
1284 |
Pont de
la Beaurone. |
Id |
1302 |
Vanxains. |
Léproserie
dite de Landot |
1319 |
Près de
la Tude. |
Léproserie |
1266 |
Terrasson
(près du chemin dit de l'Hospitalet?). |
Léproserie
de Peyruscles |
1251 |
Canton
de Montignac-sur-Vézère. |
Léproserie |
1381 |
Condat-sur-Vézère. |
Église
des Lépreux de Saint-Avit-Sénieur |
1286 |
Peut-être
le lieu nommé Saint-Avit ou celui dit la Sauvagie dans la Bessède. |
Léproserie |
1271 |
Vallereuil. |
Id |
1321 |
Montclar. |
Id |
Id |
Campagne. |
Id |
1324 |
Bigarroque |
Id |
1459 |
Bertric,
au Feyliet. |
Id |
1308 |
Bergerac, vers Saint-Martin. |
Id |
Id |
|
Lieu-dit
les Ladres |
Cadastre |
Coulounieix. |
-
Fon des Ladres |
Id |
Villetoureix. |
-
cimetière des Ladres |
Id |
Saint-Jean-de-Cole. |
JURIDICTIONS AVANT 1789. SÉNÉCHAUSSÉE ET JUSTICES LOCALES.
La
distinction entre les pouvoirs judiciaire et administratif n'existait pas dans
les premiers
temps. Toute autorité était l'apanage de la haute justice.
Le comte la réclamait comme un
droit inhérent à sa qualité de comte de Périgord, mais il eut toujours des
opposants : Périgueux d'abord, qui affirmait que la haute justice, dans la juridiction de la ville,
appartenait aux maire et consuls, sous l'autorité immédiate du roi;
plusieurs seigneurs aussi, entre autres le sire de Mussidan, refusaient de lui
rendre hommage et le portaient directement au duc de Guyenne.
Pour réprimer les désordres
qui furent la suite de ces luttes intérieures[76],
saint Louis envoya un sénéchal en Périgord et l'investit d'un pouvoir supérieur
devant lequel toute juridiction locale
pouvait se pourvoir en appel. Il n'y eut d'abord qu'un sénéchal; mais
chacun des deux rois de France et d'Angleterre en eut un jusqu'au xve
siècle dans la partie du pays qui lui était soumise.
La sénéchaussée fut depuis
partagée en trois : celles de Périgueux, Bergerac et Sarlat, chacune de ces villes ayant un présidial. Les appels des
justices locales furent divisés entre ces trois cours; quelques-uns
cependant étaient portés hors du Périgord.
Ainsi ressortissaient en 1760 :
1° DU SÉNÉCHAL DE LIBOURNE.
La justice du Fleix, avec Montfaucon.
Celle de Gurson, avec Carsac et Saint-Martin.
Celle de Saint-Méard, avec Saint-Géraud.
Celle de la Mothe-Montravel, avec les paroisses de la
châtellenie.
Celle de Montpont, avec les paroisses de la
châtellenie.
Celle de Ponchat et de Montazeau.
3°
DU SÉNÉCHAL DE SAINT-YRIEX, PAR APPEL.
La
justice de Beausoleil, dans Sarlande.
Celles d'Angoisse, de Sarlande, Sarrazac, Frugic, Firbeix, Mialet,
Laxion, Nantiat, Saint-Priest-les-Fougères, la Valouse, Saint-Paul-la-Roche, Jumillac et
Chalusset, son annexe.
3° DU SÉNÉCHAL D'AGÉNOIS.
Justices locales |
Paroisses qui en dépendent. |
Castillonès |
La paroisse, Cavar, Ferransac,
Saint-Didier, Saint-Maurice, Saint-Quentin. |
Le Rayet |
La paroisse, Moulceyroux, Saint-Grégoire. |
Cahusac |
La paroisse, Douzains, Gassas, la
Landusse. |
Villeréal |
Doudrac, Mazières, Naresse, Parisot,
Perranquet, Rives, Saint-Gassien,
Tourliac, etc. |
SÉNÉCHAUSSÉE DE PÉRIGUEUX.
Justice royale |
Paroisses qui en dépendent. |
La Linde |
Sainte-Colombe
et, dans la sénéchaussée de Sarlat, Saint-Front, Pontours et Bourniquel. |
Justices locales |
Paroisses qui en dépendent. |
Abjat |
La paroisse. |
Agonac |
La paroisse et les paroisses de la châtellenie. |
Ajat |
La paroisse et Bauzens. |
Allemans |
La paroisse. |
Andrivaux |
Id. |
Anesse |
Id. |
Ataux |
Id. |
Azerat |
Id. |
Badefol |
La paroisse et Châtres. |
Bassillac |
La paroisse. |
Beauregard |
La paroisse et Breuil. |
Beaurone |
La paroisse. |
Beaussat |
Id. |
Bernardières (Les) |
La paroisse et Champeaux. |
Boissière-d'Ans (La) |
La paroisse. |
Bories (Les) |
La paroisse et Antone, Sarliac, Savignac-les-Eglises. |
Bourdeilles |
La paroisse et les paroisses de la châtellenie. |
Bourdeix |
La paroisse. |
Bourgnac |
La paroisse et Sourzac. |
Bourzac |
La paroisse et les paroisses de la châtellenie. |
Brantôme |
La paroisse et Cantillac. |
Brassac |
La paroisse. |
Breuil (Le) |
Id. |
Bruzac. |
Id. |
Bugue (Le) et Limeuil |
La paroisse et les paroisses de la châtellenie. |
Burée |
La paroisse. |
Bussière-Badil |
Id. |
Chadeuil |
La paroisse et Bourg-des-Maisons. |
Chalagnac |
La paroisse. |
Chalais |
La paroisse avec partie de Chalais avec le
clocher, partie de Saint-Paul sans
clocher. |
Champagnac |
La paroisse. |
Champniers |
La paroisse, avec Augignac et Pluviers. |
Chancelade |
La paroisse. |
Change (Le) |
Id. |
Chantérac |
ld. |
Chapelle-Faucher (La) |
Id. |
Chapelle-Gonaguet (La) |
Id. |
Chassagne |
Id. |
Chaumont |
La paroisse, avec un village dans Ajat. |
Cherval |
La paroisse. |
Clérans |
Id. |
Clermont |
Id. |
Connezac (Neuvic) |
La paroisse et Saint-Vincent. |
Connezac (Nontron) |
La paroisse et Hautefaye. |
Coulaures |
La paroisse. |
Coursac |
Id. |
Coussière (La) |
La paroisse et Saint-Saud. |
Coutures |
La paroisse. |
Cros-de-Montaignac (Le) |
La paroisse, avec Saint-Antoine et partie de Limeyrac. |
Cubjat |
La paroisse. |
Cumont |
Id. |
Douze (La) |
La paroisse, avec la Cropte, Saint-Félix et Saint-Sernin-de-Reillac. |
Douzillac |
La paroisse. |
Escoire |
Id. |
Espeluche (La vicomte d') |
La paroisse, avec Combeyranche, Villetoureix et Allemans, moins le
bourg. |
Exideuil |
La paroisse et les paroisses de la
châtellenie. |
Fleurât |
La paroisse. |
Fontaine |
Id. |
Gabillou |
Id. |
Gemaye (La) |
Id. |
Granges (Les) |
Id. |
Grezignac |
Id. |
Grignol |
..La paroisse, avec Bruc et Grun. |
Hautefort |
La paroisse et les paroisses de la châtellenie. |
Javerlhac |
La paroisse. |
Jumillac |
Id. |
Lanmary |
La paroisse, les trois quarts de Sorges et deux villages dans Antone. |
Lardimalie |
Saint-Crépin, Saint-Pierre, Eylias, Born et Blis. |
Laxion |
Corgnac, Eyzerat, Nanteuil, Saint-Jory, Vaunac. |
Léguillac-de-Cercle |
La paroisse. |
Léguillac-Fon-de-Lauche |
Id. |
Ligueux, |
Id. |
Limeyrac |
Id. |
Lisle |
La paroisse. |
Longa |
Sainte-Foy
et Grand-Castang. |
Lusignac |
La
paroisse. |
Lussac |
La
paroisse et Fon-Troubadu. |
Marouil |
La
ville et quatre paroisses. |
Marqueyssac |
Saint-Pantaly,
Sainte-Eulalie, Chourgnac, Saint-Pardoux, Brouchaud. |
Marsaneix |
La
paroisse. |
Mas-Valeix |
Id. |
Mauzac |
Id. |
Mayac |
Id. |
Mensignac |
Id. |
Mei'laride |
Id. |
Mialet |
La paroisse et Lambertie. |
Miremont |
Mauzens,
Savignac, Mortemart. |
Montagrier |
La
paroisse et Saint-Victor. |
Montaut |
Montaignac,
Beleymas, Saint-Julien. |
Montclar |
La paroisse. |
Montencès |
Montren. |
Montréal |
Issac, Église-Neuve, Saint-Jean-d'Eyraud et la Veyssière. |
Mothe-de-Thenon
(La) |
Partie
de Thenon. |
Mussidan |
La ville, Saint-Front, Saint-Méard, Saint-Martin. |
Naillac |
La paroisse. |
Nantiat |
Id. |
Neuvic |
Id. |
Nontron |
La
ville. |
Périgueux |
La ville,
Saint-Pierre-ès-Liens, Boulazac, Coulounniex, Atur, Trélissac, Champsevinel. |
Paunac |
La
paroisse et Tremolac. |
Peuch
(Le) |
Le
Moustier. |
Plazac |
La paroisse. |
Pressignac |
Id. |
Pout-Eyraud |
Id. |
Quinsac |
Id. |
Hazat |
Id. |
Ribérac |
La paroisse.et les paroisses de la châtellenie. |
Richement |
Saint-Crépin
et Montmoreau. |
Roche
(La) |
Le
quart de Sorges. |
Roche-Beaucourt
(La). |
La
paroisse. |
Rouffignac |
Id. |
Sainf-Angel |
Id. |
Saint-Apre. |
Id. |
Saint-Astier |
La
ville. |
Saint-Astier
(Le Puy-) |
Un
village dans Saint-Astier. |
Saint-Front-la-Rivière |
La
paroisse. |
Saint-Jean-de-Cole |
La
paroisse et Saint-Pierre. |
Saint-Just |
La
paroisse. |
Saint-Laurent-du-Manoire |
La paroisse. |
Saint-Louis |
Id. |
Saint-Martial-de-Valette |
Id. |
Saint-Martial-de-Viveyrol |
Id. |
Saint-Martin-le-Peint |
Id. |
Saint-Maurice |
La paroisse et Saint-Laurent-des-Bâtons. |
Saint-Mayme-de-Pereyrols |
La
paroisse. |
Saint-Méard-de-Drone |
Id. |
Saint-Pardoux-de-Drone |
Id. |
Saint-Pardoux-la-Rivière |
Id. |
Saint-Paul-de-Serre |
Id. |
Saint-Paul-la-Roche |
Id. |
Saint-Privat |
Id. |
Saint-Privat-de-Mayac |
Id. |
Saint-Sénat |
Id. |
Saint-Vincent-d'Exidcuil |
Id. |
Segonzac
|
Id. |
Sendrieux |
Id. |
Servenclies |
Id. |
Sourzac |
Id. |
Thenon |
Une
partie de Thenon et d'Azerat. |
Thiviers |
La paroisse. |
Tocane |
Id. |
Tourtoirac |
Id. |
Trémolac |
Id. |
Trigonan |
Id. |
Varagne |
Id. |
Vern |
La paroisse
et Veyrines, le Salon, Château-Miscier. |
Verteillac |
La
paroisse. |
Villac |
Id. |
Villamblard |
Id. |
Villars |
La
paroisse et Millac, |
Lisle |
La paroisse. |
Longa |
Sainte-Foy
et Grand-Castang. |
Lusignac |
La
paroisse. |
Lussac |
La
paroisse et Fon-Troubadu. |
Marouil |
La
ville et quatre paroisses. |
Marqueyssac |
Saint-Pantaly,
Sainte-Eulalie, Chourgnac, Saint-Pardoux, Brouchaud. |
Marsaneix |
La
paroisse. |
Mas-Valeix |
Id. |
Mauzac |
Id. |
Mayac |
Id. |
Mensignac |
Id. |
Merlande |
Id. |
Mialet |
La paroisse et Lambertie. |
Miremont |
Mauzens,
Savignac, Mortemart. |
Montagrier |
La
paroisse et Saint-Victor. |
Montaut |
Montaignac,
Beleymas, Saint-Julien. |
Monlclar |
La paroisse. |
Montencès |
Montren. |
Montréal |
Issac, Église-Neuve, Saint-Jean-d'Eyraud et la Veyssière. |
Mothe-de-Thenon
(La) |
Partie
de Thenon. |
Mussidan |
La ville, Saint-Front, Saint-Méard, Saint-Martin. |
Naillac |
La paroisse. |
Nantiat |
Id. |
Neuvic |
Id. |
Nontron |
La
ville. |
Périgueux |
La
ville, Saint-Pierre-ès-Liens, Boulazac, Coulounniex, Atur, Trélissac,
Champsevinel. |
Paunac |
La
paroisse et Tremolac. |
Peuch
(Le) |
Le
Moustier. |
Plazac |
La paroisse. |
Pressignac |
Id. |
Pont-Eyraud |
Id. |
Quinsac |
Id. |
Razat |
Id. |
Ribérac |
La paroisse.et les paroisses de la châtellenie. |
Richemont |
Saint-Crépin
et Montmoreau. |
Roche
(La) |
Le
quart de Sorges. |
Roche-Beaucourt
(La). |
La
paroisse. |
Rouffignac |
Id. |
Sainf-Angel |
Id. |
Saint-Apre. |
Id. |
Saint-Astier |
La
ville. |
Saint-Astier
(Le Puy-) |
Un
village dans Saint-Astier. |
Saint-Front-la-Rivière |
La
paroisse. |
Saint-Jean-de-Cole |
La
paroisse et Saint-Pierre. |
Saint-Just |
La
paroisse. |
Saint-Laurent-du-Manoire |
La paroisse. |
Saint-Louis |
Id. |
Saint-Martial-de-Valette |
Id. |
Saint-Martial-de-Viveyrol |
Id. |
Saint-Martin-le-Peint |
Id. |
Saint-Maurice |
La paroisse et Saint-Laurent-des-Bâtons. |
Saint-Mayme-de-Pereyrols |
La
paroisse. |
Saint-Méard-de-Drone |
Id. |
Saint-Pardoux-de-Drone |
Id. |
Saint-Pardoux-la-Rivière |
Id. |
Saint-Paul-de-Serre |
Id. |
Saint-Paul-la-Roche |
Id. |
Saint-Privat |
Id. |
Saint-Privat-de-Mayac |
Id. |
Saint-Sénat |
Id. |
Saint-Vincent-d'Exideuil |
Id. |
Segonzac
|
Id. |
Sendrieux |
Id. |
Servenches |
Id. |
Sourzac |
Id. |
Thenon |
Une
partie de Thenon et d'Azerat. |
Thiviers |
La paroisse. |
Tocane |
Id. |
Tourtoirac |
Id. |
Trémolac |
Id. |
Trigonan |
Id. |
Varagne |
Id. |
Vern |
La paroisse
et Veyrines, le Salon, Château-Miscier. |
Verteillac |
La
paroisse. |
Villac |
Id. |
Villamblard |
Id. |
Villars |
La
paroisse et Millac, |
SÉNÉCHAUSSÉE DE BERGERAC.
Justice locales |
Paroisses qui en dépendent. |
Bergerac |
Saint-Martin, la Madeleine, la Cône. |
La
Mongie |
Saint-Sernin,
Saint-Laurent-des-Vignes, Saint-Martin. |
Gardone |
La
paroisse. |
Mont-Cuq |
Pomport,
Saint-Mayme, Rouillac, le Monteil. |
Gageac |
La
paroisse. |
Saussignac |
Razac, Monestier,
Sainte-Croix. |
Piles |
Cours. |
Saint-Naixent |
La
paroisse. |
Montbazillac |
Colombier,
Saint-Christophe. |
La
Rardo |
Saint-Sernin,
Cône, Bouniagues, Sainte-Luce, Poujol. |
Issigeac |
Mont-Marvès, Montaut, Montsaguel, Eyrenville. |
Cahusac |
Falgueyrac, Mandacou, Saint-Pcrdoux, Saint-Caprais,
Saint-Aubin-de-Lenquais, Cadelech. |
Bridoire |
Ribagnac,
Singleyrac, Rouffignac. |
Puy-Guilhem |
Couture, Thenac, la Bastide, Cuneges, Lestignac, le Sigoulès,
Mescoulès, Flaugeau, Sainte-Aulaire, Monbos, Font-Roque, Sainte-Innocence,
Saint-Julien. |
Evmet |
Sainte-Marthe,
Serres, la Rouquète. |
Razac |
La
paroisse. |
Sadillac |
Id. |
Lauzun |
Saint-Nazaire,
Saint-Macaire, Queyssel, Saint-Maurice, Queyssaguet. |
La
Force |
Saint-Pierre-d'Eyraud,
Prigonrieu, Limas. |
Maurens |
Sainte-Foy-des-Vignes,
Ginestet, Camp-Segret. |
Queyssac |
La
paroisse. |
Mouleydier |
Creysse
et Saint-Cybard. |
SÉNÉCHAUSSÉE DE SARLAT.
Justices royales. |
Paroisses qui en dépendent. |
Cenac |
La paroisse. |
Molières |
Id. |
Montpnzier |
La
paroisse, Marsalès, Capdrot, Gaujac et la Valade. |
Villefranche-de-Belvez |
La paroisse, la Trape, Prats, Saint-Sernin, Mazeyrolles et
Saint-Caprais. |
Justices locales. |
Paroisses qui en dépendent. |
Alas-de-Berbiguières |
Alas et Cladech. |
Auberoche |
Fanlac. |
Badefol |
Saint-Vincent-de-Badefol,
Aies, Calés, Cussac, Cadouin. |
Banes |
La
paroisse. |
Bardou.. |
Bardou,
Nojal, Naussanes et le Pic. |
Beaumont |
Beaumont,
Saint-Sernin, Bayac et Gleyzedal. |
Belvez |
Les
paroisses de la châtellenie. |
Berbiguières |
Marnac. |
Bosse |
La
paroisse. |
Beynac |
Les
paroisses de la châtellenie. |
Bigaroque |
Saint-Jean-de-Bigaroque,
Cabans, le Coux, Mouzens. |
Biron |
Biron, Saint-Michel, Soulaures, Aygucs-Parsos, Vert et Bortis,
Saint-Sernin. |
Boisse |
Roquepine, Faurilles, le Bel, Saint-Léon, Saint-Amand et
Born-de-Champs. |
Bouzic |
La paroisse. |
Bramejat |
Le
village de ce nom, qui est dans Marquay. |
Campagnac
du Ruffenc |
Bouillac
et la Salvetat. |
Campagnac-lez-Quercy |
La
paroisse. |
Campagne |
Id. |
Carlux |
Les paroisses de la châtellenie. |
Carves |
La
paroisse. |
Castelnau |
La
paroisse, Feyrac, Veyrines, Saint-Cybranet, la Chapelle, Saint-Laurent,
Saint-Julien et Daglan. |
Chabans |
Quelques
villages dans Peyzac et Saint-Léon. |
Chavagnac |
La paroisse. |
Comarque |
La
paroisse, Tanniès, Sireuil et Marquay. |
Condat |
La
paroisse. |
Coulonges |
Quelques.villages
dans Montignac, Fanlac, Auriac, Aubas et la Bachellerie. |
Couze |
La paroisse. |
Doissac |
La
paroisse et Grives. |
Dôme |
La ville. |
Faux |
La
paroisse. |
Fénelon |
Saint-Julien,
Sainte-Mundane. |
Florimont |
La
paroisse. |
Font-Gauffier |
Quelques
villages dans Sagelat. |
Galina |
Deux
villages dans Tanniès. |
Gaubert |
Quelques
villages dans Terrasson. |
Gaulegeac |
La
paroisse. |
Gâumier |
Id. |
Goudou |
Quelques
maisons dans Alas. |
Jayac |
La paroisse et Archignac. |
Labatut |
Quelques
villages dans Saint-Chamassy et Audrix. |
La
Cassagne |
La
paroisse. |
La
Chapelle-au-Bareil |
Id. |
La Faye |
Auriac en
partie. |
La
Filolie |
Quelques
villages dans Saint-Amand-de-Coly. |
La
Flaunie |
Deux
villages dans Condat. |
Lanquais |
La
paroisse, Varennes, Saint-Aubin et Montmadalès. |
Larche |
Pazayac,
Grèzes, la Feuillade, Nadaillac, Ladornac. |
La Roque |
Castel et Meyral. |
La
Roque-Gajac |
La
paroisse. |
La
Salvagie |
Quelques
villages dans Archignac et Paulin. |
Lavaur |
La paroisse et Fontenilles. |
Le
Claud |
Quatre
villages dans Eyvignes. |
Le
Peuch |
Peyzac,
le Moustier, la Roque-Saint-Christophe. |
Le Repaire |
Saint-Aubin et Nabirat. |
Limeuil |
Audrix
etSaint-Chamassy. |
Losse |
Thonac. |
Lusier |
Moncany. |
Mons |
La
paroisse. |
Monsac |
Id. |
Montcalou |
Quelques
villages dans Gaumier. |
Montferrant |
La
paroisse, Sainte-Croix, Lolme, Saint-Marcory, Saint-Avit-Rivière et
Saint-Romain |
Montfort |
Vitrac,
Carsac, la Canada, Aillac et Saint-Vincent. |
Montignac |
La
paroisse, Brenac, Bars et Valojonx. |
Montmége |
Quelques
villages dans Terrasson. |
Montmirail |
Quelques
maisons dans Cenac. |
Palayrac |
La
paroisse. |
Palomières |
Un
village dans Saint-Quentin. |
Pauliac |
Trois
villages dans Daglan. |
Paulin |
La
paroisse. |
Pelevezy |
Quelques
villages dans Saint-Geniez et la Chapelle. |
Peyraux
(Les) |