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LES JURADES DE LA VILLE DE BERGERAC

tirées des Registres de l'Hôtel de Ville

Par G. Charrier

 

TOME II ― 1487-1530

 

 

 

TABLE DES MATIÈRES

 

Préface                                                              v

Année 1487-1483                                           1

Prieur de Saint Martin et autres religieux refusant de payer les pougèses. - Disette de vin. - Pont de Dordogne. - Plainte des pèlerins se rendant à Cadouin ou à Rocamadour. - Demande des ladres de la maladrerie. - Rocs dans la Dordogne. - Impôt sur le sel. - De Beller veut faire conduire du vin en Bretagne. - Moulin au pont de Lardeau. - Taille ordonnée par le roi. - Mesures de la ville. - Moulin du portail Saint-Jean. - Bruits de guerre, dispositions prises par les consuls. - Jean d'Abzac ordonne de couler tous les bateaux. - Dizeniers. - Ordre de conduire des vivres au siège de Blaye. - Lettre de J. de Viesville. - Audet assiégé dans Blaye. - De Bellegarde. - J. d'Abzac. - Le roi à Bordeaux. - Ordonnances diverses. - Les consuls et les jurats prêtent à la ville. - Messager envoyé au roi. - H. Rambert. - De Candale. - De Lebret. - Demande d'arbalétriers. - Garde de la ville. - Arbalétriers demandés pour la garde du chateau de Montcuq. - Seigneur de Razac. - Ecoles. - Lettre de M. de Candale. - Imposition de tailles. - M. de Candale à Bergerac. - Demande de vivres pour le siège de Nontron. - De Lebret chevauche contre Bergerac. - De Moncam. - Montcuq. - Siège de Nontron. - Prieur de Saint Martin. - Noblesse contestée. - Ordre de conduire des arbalétriers, de l'artillerie et de la poudre à Montpont. - Budget en déficit, Taille. - Gens d'église présents à la jurade; vu les nécessités, les consuls veulent leur faire payer leur part de la taille.

 

Année 1489-1490                                           45

Serment prêté par les consuls. - Inventaire. - Procès soutenus par la ville. - Maréchal de Gié. - Garnisons. - Meunier du moulin Gaudra. - Serment fait par les bouchers et les mazeliers. - Ordonnances diverses. - Exigence des trois Etats du Périgord. - G. Aytz, prieur de Saint-Martin. - Affaire des mariages et de l'extrême-onction. - Excès d'un archer. - Alba jurat. - Taille. - Gens d'église à la jurade. - Le roi veut échanger la ville. - Offre de la ville au roi. - Recteur de Saint-Aulaire. - Général de Bidan. - Don fait au roi. - Monsgr d'Angoulême. - Bourgeoisie. - Bernard Doublet envoyé à la Cour. - Soldats revenant de la guerre de Bretagne. - Prieur de Saint-Martin. - Lettres de Monsgr d'Angoulême. - Gabriel Dumas, évêque de Périgueux, porte le chapeau de cardinal à l'archevêque de Bordeaux. - Francs-archers retour de Bretagne.

 

Année 1490                                                      65

Écoles. - Escodéca. - B. de Clermont, seigneur de Piles. - Bouchers. - Recteur de Saint-Laurent. - Pont. - Ecoles. - Lettre au maître écolier de Périgueux.

 

Année 1497-1498                                           67

Nomination de fonctionnaires. - Marchands non bourgeois. - Prédicateur. - Gens d'église à la jurade. - Noms des prêtres de la ville. - Prédicateur. - Foire Saint-Antoine. - Différend au sujet des sermons. - Sel. - Seigneur de Laforce. - Forêt de Ginestet. - Écoles. - Disette de blé.

 

Année 1498                                                      75

Contrebande. - Mort de Charles VIII. - Garde de la ville. - Artillerie. - J. Gervais, lieutenant du sénéchal. - Éloges du prédicateur. - Achat de poudre. - Salpêtre. - Amende contre les jurats. - Caritat. - Amende contre un consul. - Avènement de Louis XII. - Offre de prêt. - Arnaud Sartral, prieur du couvent des Prêcheurs. - Caudeau. - Prix d'une pièce d'artillerie.

 

Année 1501-1502                                           85

(C'est par erreur que cette année porte le millésime 1502-1503)

Construction d'un moulin. - Saint-Jacques. - Règlement concernant la sonnerie des cloches. - Empêchements sur la Dordogne. - Dispute des bateliers. - Règlement sur le transport du sel. - Archiduc d'Autriche. - Prédicateur. - Foire Saint-Antoine. - Réclamation des bateliers qui passèrent la Dordogne à l'Archiduc d'Autriche et à sa suite. - Porte Lougadoire. Pont. - Bourse commune. - La ville vouée au saint fer de la lance et à saint Antoine. - Prédicateur.

 

Année 1502                                                      96

Pont, projet de construction. - Bourgeoisie. - Caritat. - Peste à Libourne. - Voeu. - Contrat passé pour la construction du pont. -- Port de Cadouin. - Monsgr de Grignols, capitaine de la ville. - Dépenses diverses. - Gages divers. - Budget.

 

Année 1502-1503                                           112

Serment des bouchers. - Clefs de la ville. - Ordonnances diverses. - Peste aux environs. - Chevriers ou bouchers sales. - Défense d'aller à la foire de Bourg. - Retraite. - Fête de Saint-Cloud. - Précautions prises contre la peste. - La ville vouée. - Plainte des habitants du bourg. - Peste à Libourne. - Chantar du seigneur d'Estissac. - Bateliers arrivant de Libourne. - Bourg de la Madelaine. - Sel. - Bourgeoisie. - Dépôt de sel à Lartigue. - Foire Saint Martin. - Granval envoyé à Paris. - Pont. - Taille. - Arrivée du seigneur de Grignols. - Prédicateur. - Frère J. Riquery, gardien des frères mineurs de Montignac fait demander la chaire de Saint-Jacques. - Ecoles. - Gens d'église à la jurade. - Prière aux gens d'église de bien vouloir contribuer aux dépenses de la ville. - Ecoles. - Gens d'église a la jurade. - Leur taxe.

 

Année 1503                                                      134

Demande au chapitre de Périgueux. - Le parquet trop petit. - Monsgr de Grignols. - Sel. - Caritat. - Préséance aux processions. - Dépenses diverses. - Budget.

 

Année 1504-1505                                           141

Afferme du pont, contrat passé. - Règlement imposé aux bouchers. - Caudeau. - Pont. - Colombier sur le portail de Pardite. - Police de la ville. - Prédicateur. - Bourgeoisie. - Première jurade en français. - Noms des gardiens de la ville. - Maison publique. - Apothicaire de Sarlat. - Louis Sorbier sénéchal de Périgord. - Dupuch chirurgien. - Gensac. - Affaire des mariages et enterrements. - Processions ordonnées. - Ecluse de Pombonne. - Premières ordonnances en français. - Dépenses diverses. - Budget.

 

Année 1508-1509                                           157

Afferme du pont. - Vedelles. - Pontonage. - Jurade tenue sur le pont. - Bérart de Ségur. - Bateau sombré. - Bourse commune. - Privilèges. - Pont. - Officialat. - Taille. - Sel. - Officialat. - Ecoles. - Construction d'un navire. - Seigneur de Montréal. - Contribution imposée aux villes de Périgueux, Eymet et Lanquais.

 

Année 1509                                                      169

Taille pour le pont. - Cloches. - Pierre Dulhias entreprend de construire le pont, contrat passé. - Gentilshommes et religieux convoqués à la jurade. - Procession générale. - Visite du pont de Moissac. - Service en l'honneur de Mme de Lauzun. - Moulin Gaudra engagé. - Dépenses diverses. - Nombre d'imposés par quartier. - Budget.

 

Année 1511-1512                                           183

Inventaire. - Nomination de fonctionnaires. - Prétentions des habitants de Libourne. - Bourgeoisie.

 

Année 1512                                                      186

Demande d'artillerie pour le navire construit à Libourne.

 

Année 1512-1513                                           187

Serment des jurats. - Ordonnances diverses. - Gens d'armes à cheval se rendant à Mont-de-Marsan. - Réclamation du fermier du pont et du fermier des impositions. - Taille ordonnée. - Lansquenets se rendant à Mont-de-Marsan. - Deux consuls pour le Faubourg. - Couverture du pont. - Deux mille sept cents lansquenets à Périgueux. - Ecoles. - Maladrerie. - Rues fermées. - Cardinal d'Albret. - Sermon de la passion.

 

Année 1513                                                      198

Bourgeoisie. - Couverture du pont. - Expertise du pont. - Demande d'ouverture. - Réclamation des habitants de la juridiction de Montcuq. - Excès du seigneur de Montréal. - Pontonage. - Soldats empêchant d'emporter le vin acheté. - Dépenses diverses. - Budget.

 

Année 1516-1517                                           211

Pontonage. - Pougèzes. - J. Thibault, maître écolier de Périgueux. - Ecoles. - Demande du seigneur de Ribérac. - Mort de G. Daitz, prieur de Saint-Martin. - Peste. - Les consuls font fermer le pont. - Guy de Castelnau offre un prédicateur à la ville. - Curieuses funérailles. - Bourreau.

 

Année 1517                                                      217

Funérailles de MM. de Biron. - Saint-Jacques. - Ecoles. - Ecluses de Ponbonne. - Dépenses diverses. - Budget.

 

Année 1518-1519                                           224

Fonctionnaires divers. - Revenus divers. - Serment des sacquiers. - Pont. Tour du consulat. - Maladie des boeufs. - Rôtisseur. - Pont de la Mérille. - Peste. - Protonotaire. - Maisons fermées. - Maisons parfumées. - Chataignes. - Pont fermé. - Bac. - Vagabons. - Seigneur de Piles. - Ordre de faire prier les novices des couvents en faveur de la ville. - Fuite de certains consuls. - Sacquiers. - Marchands bretons. - Cordeliers. - Gausen, gardien du pont. - Officialat. - Éperonnier. - Cordeliers voulant bâtir un réfectoire. - Vente du poisson de mer.

 

Année 1519                                                      240

Taille. - Officialat. - Vente de la justice de Bergerac. - Nombre des habitants imposés dans chaque quartier. - Dépenses diverses. - Budget.

 

Année 1520-1521                                           248

Confrères de Saint-Jacques. - Processions générales. - Horloge. - Demande des frères prêcheurs. - Maison publique. - Bourgeoisie. - Peyrarède. - Jeux. - Funérailles du seigneur de Laforce. - Garnisons. - Peste à Angoulême. - Le roi veut emprunter deux cents livres à la ville. - Lépreux.

 

Année 1521                                                      255

Prédicateur. - Ecoles. - Bourgeoisie. - Caritat. - Tour Lougadoire. - Budget de l'année 1519-1520. - Dépenses diverses. - Budget.

 

Année 1522-1523                                           263

Fonctionnaires divers. - Afferme du moulin Gaudra. - Peste. - Service des portes de la ville. - Funérailles du seigneur d'Estissac. - Peste au bourg. - Prières publiques pour la conservation du pont. - Réforme des Cordeliers. - B. Escodéca. - G. du Castaing. - Peste à Bergerac. - Cour du sénéchal à Issigeac. - Dépenses diverses.

 

Année 1524-1525                                           279

Pension du médecin. - Maison publique. - Ecoles, lectures. - Taxe de la viande. - Carmes. - Prédicateurs. - Défaite de Rebec.

 

Année 1525                                                      282

Jean de Plaignes, évêque de Périgueux. - Demande des consuls de Domme.- Injure faite au consul Pinet. - Procession ordonnée pour obtenir la pluie. - Dépenses diverses. - Budget.

 

Année 1525-1526                                           290

J Andrieux, boursier. - Taxe de la viande.- Prédicateur. - Service en l'honneur de Mme de Laforce. - Ecoles.

 

Année 1526                                                      292

Descente des vins. - Nonem. - Marchands bretons. - Dépenses diverses. - Budget.

 

Année 1526-1527                                           302

Fonctionnaires divers. - Serment des bouchers royaux. - Lépreux. - Peste à Ussel, à Tulle et à Brive. - Exigences des consuls de Libourne. - Maison publique. - Exigences des bouchers.

 

Année 1527                                                      306

Peste à Bordeaux - Ecoles de grammaire. - Cabarets extra-muros. - Caritat, 16594 pains distribués. - Proclamations diverses. - Lettre missive de François 1er. - Réponse des consuls. - Serment des consuls. - Dépenses diverses. - Budget.

 

Année 1527-1528                                           317

Bourgeoisie. - Commandeur du Saint-Esprit. - Funérailles de M. de la Beaume. - Maison publique. - Prédicateur. - Chemin occupé par les frères prêcheurs. - J. de Lacrup arrêté à Périgueux. - De Pestiguy.

 

Année 1528                                                      322

Présent fait aux élus du Périgord. - Caritat. - Vivier dans les fossés de la ville. - Offre du consul E. du Castaing. - De Lespinasse, fermier du pont. - Justice. - Office de bailli. - Peste à Bordeaux. - Bouchers sales. - Dépenses diverses. - Recettes de la ville en l'année 1527-1528. - Budget.

 

Année 1528-1529                                           336

Pierre Pinet. - Doladoyre, hache du bourreau. - Peste au Mercadil. - Louage du Moulin Gaudra. - Précautions prises contre la peste. - Gardiens de la ville. - Eyma, dit Frigiguel. - Vendanges. - Permission d'entrer dans la ville - Ecoles. - Foire Saint-Martin. - de Montréal. - Médecin. - Pauvres. - Compagnie du sénéchal. - Don au roi de Navarre. - Caritat.

 

Année 1529                                                      345

Eperonnier. - Taxe de la viande. - Entrée à la maladrerie. - Galene, prévôt de Maurens. - Vicomte de Castillon. - Bourgeoisie. - Noces du lieutenant Doublet. - Bacs établis à Clautres et à Tuilière. - Dépenses diverses. - Coût d'une fustigation. - Budget.

 

Année 1529-1530                                           354

Taille. - Maladie des boeufs. - Hôpital. - Seigneur de Bridoire. - Périgueux, Sarlat et Bergerac veulent se débarrasser de leurs garnisons. - Arnault Alba envoyé à Paris. - Don à Antoine de Lettes de Montpezat, sénéchal. - Retraite sonnée par la cloche du consulat. - Le sénéchal vient à Bergerac. - Peste au faubourg. - Députation vers le sénéchal. - Arrivée de douze lances. - Enfant mort de peste. - Précautions contre la peste. - Perroti Cacault, garde du bourg. - Arrivée du sénéchal. - Excès commis par un gendarme. - Commandeur du Saint-Esprit. - Seigneur d'Estissac. - Les Trois-Etats à Périgueux. - Pont-Roux. - Noblesse contestée à Yssabeau de Peuchary. - Pot de vin. - Ecoles. - Passage du pont. - Maison publique. - Prédicateur. - Serment des sacquiers. - Le roi de Navarre doit venir à Périgueux. - Noms des divers portiers des portes de la ville. - Députation envoyée à Périgueux pour assister à l'entrée du roi de Navarre. - Prédicateur offert par le prieur des Carmes. - Demande des divers fermiers. - Pont fermé à cause de la peste. - Vente de la moitié du moulin Gaudra à Pierre de la Rivière. - Peste à Libourne et à Bordeaux.

 

Année 1530                                                      376

Écoles. - Protestation des habitants contre la cherté du vin. - B. de la Beaume, commandeur du Saint-Esprit. - Réclamation des bouchers. - Caritat. - B. de Cugat, fermier des impositions. - Mauvais, état des murailles de la ville. - Hôpital. - Les habitants du bourg refusent de payer les pougèses - Dépenses diverses. - Dépenses excessives causées par le séjour du sénéchal.

 

Fin de la Table du deuxième volume

 

 

 

p. v

PRÉFACE


Le second volume des Jurades que nous publions aujourd'hui embrasse une période de cinquante ans qui s'étend de 1487 au mois de juillet 1530, de la fin du règne de Charles VIII au milieu du règne de François 1er.

Pendant ce demi-siècle la politique extérieure de la France engagée dans la conquête de Naples avec Charles VIII et la guerre du Milanais, entre les empereurs d'Allemagne et les rois de France, n'ont pas une grande action sur la vie municipale de la ville de Bergerac. L'esprit

 

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de nos Consuls et des membres du Conseil de ville est tout préoccupé des questions d'administration intérieures, et leur effort est concentré sur les moyens de réparer les désastres causés par la guerre de Cent ans et d'assurer la meilleure perception des revenus de la Communauté.

C'est dans cette période que nous voyons s'opérer une modification importante dans la rédaction des procès-verbaux de la jurade. A partir de 1500 la langue française se substitue peu à peu à la langue patoise ou romano-provençale dont on s'était servi jusqu'alors. Le 29 août 1508 une assemblée de la jurade a eu lieu sur le pont de Bergerac dans laquelle on convoque les « maistres perriers » et quelques « honorables et saiges personnes », pour délibérer sur les moyens de rebâtir le pont de la Dordogne qu'une récente crue avait fort endommagé. C'est la première jurade écrite en français.

Dans la publication de ce nouveau texte nous avons suivi la même ligne de conduite que nous avions adoptée jusqu'ici, c'est à dire que nous reproduisons fidèlement la rédaction, si imparfaite soit-elle, que nous avons sous les

 

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yeux, sans essayer même d'en modifier l'orthographe, qui s'est formée de tant d'idiomes variés, et que les scribes ou secrétaires des jurades ont interprétée chacun à leur manière.

Ce procédé, nous le savons, a provoqué quelques critiques, dont nous ne voulons pas contester l'importance, au point de vue des recherches linguistiques, mais les documents du genre de ceux dont nous avons entrepris la publication ne sont pas des sources très sures pour suivre les variations des formes du langage, car les scribes qui étaient chargés de leur rédaction n'en avaient qu'un médiocre souci. C'est dans les oeuvres plus personnelles et dans les compositions de lettrés plus sérieux que les formes de langage et leur variation doivent être étudiées. Nous ne sommes pas d'ailleurs le premier, qui se trouvant en présence des mêmes difficultés, ait cru devoir suivre le procédé que nous avons adopté. Voici comment s'exprime l'éditeur du Registre des délibérations consulaires de la ville de Montpellier, écrites en langue romane et publiées sous le nom de Petit Thalamus ou Talamus, dans la collection des Mémoires de la Société d'archéologie de cette ville:

 

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 « Le Thalamus de la mairie d'où nous avons extrait la presque totalité de la Chronique est écrit contre toutes les règles même les plus vulgaires de l'orthographe; c'est comme un premier jet fait à la hâte avec l'intention de revenir et de corriger; mais cette révision et ces corrections ne sont jamais intervenues. Plusieurs écrivains s'étant même succédés, chacun a apporté ses négligences d'habitude, ses fautes, et vingt fois peut-être il a fallu recommencer ce travail d'observation philologique, que nécessite une seule fois d'ordinaire toute exploration d'anciens manuscrits. Il y a plus, et ces scribes ayant eu eux aussi, comme les savants copistes du moyen-âge, leur coquetterie d'écriture, et s'étant en quelque sorte imposé la loi de ne jamais répéter le même mot de la même manière, on ne saurait croire à combien d'erreurs les a exposés cet usage, dont pour eux l'érudition ne corrigeait pas les abus ». (1)

Comme dans nos registres des Jurades les rédacteurs du Petit Thalamus de

 

(1) V. Introduction du Petit Thalamus de Montpellier publié en 1840 par la Société d'Archéologie de Montpellier, p. xlvii.

 

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Montpellier avaient l'habitude d'intercaler les récits des événements à la suite des noms des officiers du consulat depuis 1204. Les nôtres ne remontent qu'à 1326.

Les noms des consuls annuels ayant déjà été donnés dans le volume des Annales historiques de la ville de Bergerac (1233-1789) publié par M. L. de La Roque en 1891, nous n'avons pas cru devoir les reproduire au début de chaque année consulaire, et nous en avons averti nos lecteurs dans notre Préface p. xiii. Au mois de février 1889 nous avions eu le projet de fondre ces deux publications, encore inédites, en une seule.

A cette occasion nous reçûmes de l'honorable M. Hardy, président de la Société d'Archéologie de la Dordogne, une lettre à la date du 4 février 1889, contenant d'utiles conseils et de précieux encouragements dont on nous permettra de reproduire ces quelques lignes:

 « Je vous félicite de votre ardeur à déchiffrer les anciennes écritures et vous engage à persévérer. Vous trouverez dans cette étude de grandes satisfactions. Je vous engagerai aussi à faire la chasse aux vieux papiers et à ne pas

 

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avoir peur d'en former une collection. Combien de pièces d'archives, d'autographes et de documents intéressants passent journellement par les mains des chiffonniers pour aller se perdre chez les épiciers et petits commerçants, quand ils ne vont pas directement aux pilons? Les sauver de la destruction c'est véritablement faire une oeuvre pie. »

Nous nous félicitons tous les jours d'avoir suivi ces sages conseils, et si nous avons été devancé dans la publication du manuscrit des Annales historiques, nous sommes loin de le regretter puisqu'elles forment comme une introduction sommaire aux Jurades, et qu'elles ont très à propos réveillé parmi nos compatriotes le goût des études de notre histoire locale, ainsi que le prouvent les voeux et les encouragements que nous recevons tous les jours pour le succès de notre entreprise.

 

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Nous donnons dans ce volume quatre gravures lithographiques reproduisant:

1° Château du roi, servant de résidence au gouverneur de Bergerac, page iii.

2° Façade de l'ancien Hôtel-de-Ville, page 89.

3° Porte Logadoire, page 217.

4° Maison Peyrarède, ou Château des Rois de France, page 345.

 

Trois de ces gravures sont extraites d'un ancien plan de la ville de Bergerac, qui nous a été communiqué par notre ami M. Michel Dupuy, archiviste de la ville. Ce plan a été reproduit, il y a quelques années, par M. Charles Durand, conducteur des ponts et chaussées a Périgueux et membre de la Société archéologique du Périgord.

Nous devons à l'obligeance de M. Durand la reproduction par la photographie des deux pages du manuscrit des Jurades dont nous avons publié le fac-simile dans le premier volume.

La quatrième gravure, Maison Peyrarède, désignée aujourd'hui sous le nom de Château des Rois de France, a été dessinée d'après nature, pour notre volume, par M. Grenié, ancien professeur de dessin au collège de

 

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Bergerac, qui veut bien nous prêter son concours pour la reproduction des dessins que nous donnons dans notre publication.

 

F.B. La qualité de la copie des images que nous avons reçues ne nous permet pas de les reproduire ici.

 

La publication des Jurades aura un développement plus grand que nous ne l'avions prévu avec l'impression du premier volume; pour répondre au désir de nos souscripteurs nous nous décidons à en abaisser le prix à 4 fr. le volume au lieu de 6 fr., sans augmenter le chiffre du tirage qui ne dépasse pas deux cents exemplaires.

 

 

 

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LES JURADES DE BERGERAC

Extrait des Registres de l'Hôtel-de-Ville de Bergerac

1352-1789
DEUXIEME VOLUME

 

 

 

 

1487-1488

14 Août

Loqual jour, fu remostrat per messgrs los cossols, que coma a la villa apartenha lo drech del vy de las pogezas et repogezas, subre toutz loz que venden vy a taverna, mes son alcun que no volent point pagar lo dich drech de las pogezas, aux pogezadors que an assensant las dichas pogezas, de la meyzo de cossolat, coma es moss. lo priol de Sainct Marty, et autres gens de glieyssa; et a dich lo dich priol, que no ne payara point. Per so, que es de far, ny quant

 

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remedy si poyra metar, et que ung castun ne diga sa oppinion. - Il fut arrêté que tous ceux qui vendaient du vin, et qui se refuseraient à payer les droits imposés, seraient poursuivis par le syndic.

 

17 Août

Fu remostrat, per los dichs senhors cossols, que lor era estat comandat, per Joham de Abzac, loctenen de monsgr lo seneschal, quilz aguessen a far metre del vy a taverna, que non sen troba point, et ossi ben la gendarma, sen eran rancuratz, ossi ben, per so que ne trobent point a vendre.

 

21 Août

Fu remostrat, per los dich senhors cossols, que lor era estat dich, quilz aguessen a far desenpachar, ung deux pas del pon de Dordonha, car no y es home que y puesca passar an vayssels, et es dangeyros que calque vayssel sy perilhe; per so, que sia de far.

Tochan la remonstrance del pon, fu dich que la vila no pot ges far, coma lo pon sia al rey N.S., mes que hom ho remostre a messgrs los officiers del rey, coma a monsgr lo jutge ordinary de la vila, y a monsr lo loctenen de monsgr lo seneschal de Perigort, que sia lor plazer de y perveyre, que ung pas sia boydat et ubert, que

 

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hom hy puesqua be far, tan en davalan que eu montan.

 

7 Septembre

Plus, hyer el jour, a las assisas del rey, lo procurayre del rey remostret a monsr lo loctenen de monsgr lo seneschal de Perigort, que en la present vila, no se trobava gota (goutte) de vy a vendre a taverna, dont tout lo monde sen plaihye, coma la gendarma que son en garniso, et ossi be los romios, que van a Sainct Sudary, en Cadouh, que a Rocamador; requeria, per lo be public, que fus fach comandament a messgrs los cossols, quilz aguessen a far metre del vy a taverna, sy ny a, ou sy no ny a, que sia donat conget, den y metre de defora; dont lor fu fach comandamen, quilz naguessen a far metre a vendre, a taverna, sy ny a, ou autrament la court y pervesyra; dont lor fu remostrat quilz ne farian lor diligences; per so, que es de far. Tout lo monde dy, que no y aura point de vy en las vinhas, ny ausi paut en la vila no na point; coma, ilz fachan la reserca per los seliers.

 

L'opinion de la majeure partie de la jurade, fut qu'on introduirait dans la ville, du vin pris en dehors de la vinée, jusqu'au terme de Noël.

 

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8 Septembre

Remostrat fu lo dich jour, coma fus estat remostrat per las dich senhors cossols, aux senhors juratz, los comandaments que lor eran estatz fach per los officiers del rey, per lo loctenen de monsgr lo seneschal, instigan lo procurayre del dich senhors, quilz aguessen a far metre del vy a taverna, per so que no sen troba point, et tout lo monde sen rancura, anas et passans, et per la vila, et lo gendarma que son en garniso en esta villa, dont ilz an vistz et resercat per la vila los seliers, que no y a point de vys vielhz, ny ossi be aquest an no hy a gayre; es estatz avisat que hom ny mezes de deforas, vist la dicta failhensa, que y es jusques an ung terme, et que castun sen pervysira, dont lor fu remostrat, a la comuna que nacosseilhaven de far.

Furen de oppinion, la comuna et la mage partida, que hom no ny mete point, vist que aquo lor es prejudiciable; dont fu respondut, que puey que no ho volent, que sy domnatge ny proces en sallis, a la vila, que messgrs los juratz et dautres, ossi be, protesteren de non payar res.

 

19 Septembre

Es estat remostrat, per los senhors cossols, que los malaudes de la malandaria (maladrerie),

 

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lor an remostrat, quilz no avian point daygua an que puescant lavar ny netiar los draps, sy no que los lavessent el gran riou del Caudaou, dont no an volgut far, que no aguessen fach remonstrar supliquamen, que hom los ne pervesysta, quilz nagen en lor motha (trou, réservoir), coma avian davant, ont netiaven lors draps; per so, que es de far.

Tochan la remonstransa deux malaudes, que messgrs los cossols y aregardent, que al myeilh que hom poyra, que hom los aysines daygua.

 

7 Octobre

Fu remostrat, que al drech del castel desta vila, ha dos rocs que son dedins laygua, que son fort dangeyros de far pilhar (périr) calque vayssel, et hom los pot anar rompre, sens demandar conget a messgrs los officiers del rey, vist que son tombatz del castel.

Il fut arrêté qu'on en parlerait au juge ordinaire, et qu'on le prierait de donner des ordres pour faire enlever ces rocs, vu le grand péril que courent les bateaux qui descendent la rivière (que pogen ny davalar per laygua de jour en jour, de trucar encontra los dichs rocs).

Bernard de Belregart, lieutenant du prévôt, donne l'ordre à M. de Bellegarde, de la part du gouverneur de Guienne, de loger à Bergerac les gens d'armes qui sont à Sainte-Foy (de delotgar

 

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la gendarma que son a Senta Fe, et las lotgar en esta vila).

Les consuls supplient M. de Bellegarde, de faire tout son possible pour que ces gens d'armes ne viennent pas loger dans la ville. Il va à Fronsac parler au gouverneur de la province.

 

17 Octobre

Loqual jour fu remostrat, per lo cossol maistre Godiffe de Belriou, que en la semnana prochana darierament passada, el et messgrs los cossols, sos companhos, avian agut de la manobra, per rompre los dos rotz que eran en laygua, al drech de la glieyssa, que solia esser el castel de la present vila, et que quant agen acabat de rompre los dichs rotz, disseren a la dicha manobra, a dos homes, que anessen amassar del cailhau, per lo gravier, al lonc de la riba de laygua, dont, aquilz que demoren el castel, los aneren prendre, et los an mes en priso, per so que dizen, que los an trobatz, que prendrian de la peyra del castel, et los an tengutz, daqui, a la jornada duey, en preyso, que no los an volgutz bailhan an plegas aux dichs senhors cossols, sy no que lor respondessen, sy los avohaven, per so que prendian la peyra coma disian, sy no, en tant que los avohessen, ilz eran contemps de los lor bailhar; dont lo dich maistre Godiffe lor fetz responce, quilz no lor avia point comandat que

 

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presesen de peyra, et que se guardessen be, no anessen point en drech daqui, amassar cailhau; dont, a la jornada duey, los an gitatz, et an bailhat plegas, de pagar touta causa jutgada, dont requeren que la vila aga a prendre la causa; per so, que es de far, si lo scindic prendre la causa ho no, vist que lor fu deffendut que non presesen point daqui, nonobstant que dizen que non preren que doas que avian portadas a la fon Balquina, laqual los dich senhors cossols fasian adobar.

Tochan la remostrance dels homes, que si la vila los ha mes en hobra, sera razo que hom los ne gitez; et gardez de daunatges, vistz que dizen que non prerent syno doas sivayradas (sinon la charge de deux civières), et que hom los lor fezes tornar.

Fu remostrat, per maistre Jehan Vayret, substitut de procurayre de rey, que los mazelliers de la dicha villa, ly avian requestat, coma y aga plusiours mazeliers en la dicha villa, et borcz, et coma sia de costuma de toutz temps, que quant ilz an un a bestia, per ausire al Mazel, ilz la deven presentar touta viva, a messgrs los cossols, et la far montar viva subre lo Mazel, dont ung castun lausir a sa guissa, et a quachat que degus no ve res, si la bestia es merchanda bo no; dont requerit a messgrs los cossols quilz lor agen a devisar ung loc expres, ont ung castun mazellier tude la bestia, que volra vendre, afy

 

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que ung castun la vega viva et morta; ou autrament, en lor deffaulta et reffus, ilz y faran donar pervision a messgrs los officiers del rey, et demandet resposta; dont ly fu respondut que la materia es en proces, et la causa pen a ordenar en la court de monsgr lo jutge ordinary de la present vila.

 

24 Octobre

Loqual jour, fu remostrat per messgrs los cossols, que hom avia a trametra, a Perigueus, coma era estat dich, que hom sy trobez lo jour de Sent Fron, que sera dema, coma hom avian mandat messgrs de Perigueus, et que ossi be, messgrs los cossols de Sarlat, sy lhy devian trobar, coma lor fus estat mandat; per so, demanderen qui volian qui y anes, et aysso, per veyre que sia de far, tochan la comission que es en Bordales, per mectre lo quartage subre la merchandia de la sal.

Ordenat fu, de consentamen de toutz, que hom trameta a Perigues, et que y anen dos homes dentendoment, ung de messgrs los cossols, ham ung autre, et que vegan que sera dich, ny que sera de far, et que lor diguen, que la vila de stamla y furnira, coma una, a so que sia de far ha ou debastre.

Fu remostrat, per los dichs senhors cossols, que monsgr de Belagarda, Johan dAbzac, los

 

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avia adjornatz a compayrestre, en personne, per davant monsgr lo gouvernador de Guieyne, monsgr de Cumenge, en lo castel de Fronsac, al dimars apres Sent Marty, procha venent, et no saben per que; per so, coma sen auran a governar.

Les consuls décidèrent d'en appeller au parlement de Bordeaux.

 

De la molher de Rossinhat lo jone (voir la jurade du 28 août), actendut que es malauda, que hom laga a gitar defora, de la conpanhia dels autres sos, et que hom ne parles a sos amyez, et al respiech que dizen quella non sen failhira point, que no aga so que es estat bailhat a son marit de maridatge, dont requeren que lom ly aga a far bailhar. Fu dich que sos amyez los fassen convenir per justicia, et que hom ly done tout lo conseilh que hom poyra; mes, per que no reste point, que no la ne agen a gitar defora.

Apres tout so dessus, fu remostrat per Bernard de Cavarota, que lo scindic de la villa, lavia mes en prosses, per so que que ly metia sus, quel avia pres de las peyras, que eran estado del pon, ou de la murailha, ou teules, dont dis que jamay no pres una, sino tant sollament ongan (cette année), quant layga era petitat, el avia amassat del cailhau do la riba de laygua, dont sit avia mal fach, el sen somet a la ordenance de la jurada.

 

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8 Novembre

Loqual jour, fu remostrat per maistre Hugues Rambert, que coma ilz sian estatz comis el dich maistre Godiffe de Belriou cossolz, per anar aux Estatz que se devian tener a Liborna, lendema dels mortz, de que, quant son estatz a Liborna, lor fu dich quilz eran remes a Bordeux, losquals se transporteren a Bordeux, et se retireren per davers monsgr Enrit de Feranhas, clerc de Bordeux, per saber coma se devian governar, ny a causa per que los dichs Estatz se volian tener; dont apres los Estat y se son tengutz, et aysso, a causa dels comissaris que eran aribatz a Bordeux, per impausar lo quartacge, sur lo pays de Guieyne, sur la sal, dont lo procurayre de la cyotat de Bordeux, a compegut per davant monsgr lo seneschal de Guieyne, ont avian assignation los dichs comissaris, dont hom tengut deffault a lencontra deulx, dont ossi be se son ajunhz an daquilz de Bordeux, dont ossi be om tengueren ossi be deffault, et ossi be, se eran presentatz, per aquilz de Periguex, et de Sarlat, et ossi be, avian obtengutz deffault; et dissent que era estat appoinctat, que toutz que se volrian ajunhe an dels, que y serian recenbutz; et dissent que quant alcun negocy et affayres venian, que toquen lo pays, que hom devia contractar ensemble per lo be del pays.

Il fut arrêté « que

 

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puey que hom es ajunhtz an daquilz de Bordeux, que hom se governe per eulx ».

 

21 Novembre

Loqual jour, fu remostrat per maistre Hugues Rambert, que Roquet de Beller, ly avia dich que el fasia davalar del vy de Belloc, per aygua, et per lo far conduire en Bretanha, et quant es estat a Carlux (1), ly an dich que monsgr de Pons, et monsgr de Montresor se fasian guerre, et que el era en vias de perdre son vy; et per so, fasia pregar a messgrs cossols et juratz, que fus lor bon plaser de ly layssar enchazar son dich vy en quasque chays en la villa, et volia que ly fus neccessar que lo presesen; ossi volian que lengitez apres que lo bruch sia passat, que el lo gitaria fora de la villa, et que el era contemps que si hom se doptava quel lo vendes, el volia que fus marcat de la merca de la villa; et enquera volia plus far, que si messgrs los cossols avian bezonh, per far de largen, per trametre davers la cort, que el era contemps de prestar dopze pipas de vy, en que fezen de largen, et que puey quant hom auria bezonhat, que puey hom las ly pagnes dins ung an; per so, que ung castun ne digua sa oppinion.

 

(1) Carlux, chef-lieu de canton sur la Dordogne, à 11 k. E. de Sarlat.

 

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Apres laquala remostrance, furen toutz de oppinion, reservatz dos, Guilhem del Caylar et Raymon de la Balma, que no ly metra point.

 

12 Décembre

Fu remontrat, per los dichs senhors cossols, que ung Johan Gouffre, fay ung moly dejus lo pon de Lorador, que porta va ung grant domage al ga del dich pon; dont lo scindic ly a denonciat obra novella.

Il fut arrêté « ...que hom vega sy ny a point agut, lo temps passat, ny si portava prejudici, et que si hom conoys que porte prejudice, que hom no laysse point bastir, et que hom denoncia obra novella, a nom de la villa et que se persegua.

 

4 Janvier

Loqual jour, fu remostrat per mosseu Helies Jone, que el avia estat a Perigues, lo prumier jour de capdan, dont maistre Jouffre Marie, procurayre per lo rey, sur lo fach de las aydas en Perigort, loqual ly avia remostrada una requesta, que el avia bailliada, per davant messgrs los generaulx de la justicia, a Paris, contra las villas absentes (exempte) de Perigort, reservat Perigues, coma lo rey avia ordenat aux Estatz que eran estatz tengutz a Tours, coma el avia ordenat que toutas villas pagarian et serian

 

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contribuables aux tailhas, reservat certanas villas, que lo roy avia reservadas, et ossi be coma al bos de Vinsenas, ho avia plus fort declarat, que toutas villas pagarian; per so, era de necessitat de anar davers lo rey, actendut que noz avian nostres privileges confermatz.

Ordenat fu, do consentiment de tous dessus nompnatz, que messgrs los cossols, fazen diligence de amassar de largen del tailh, et que hom trameta davers lo rey.

Plus, fu remostrat, per messgrs los cossols, que Raymond de Labadia, fay barrar ung tros de revalat, coma hom sen vay vers lo grand port, et ho faray laborar, que es prejudice a la villa; per so, que es de far.

Ordenat fu, que hom se transporte sur lo loc, et que hom ly ronpa tout quant y a fach; que hom ly mostre si deu prendre ny occupar la mota del valat, et que hom ly mostre que el fay mal.

 

25 Janvier

Fu remostrat, que el y a plusieurs que se rancurent de las mesuras, ponhieras, tant del blat del vy, del drap, deux pes et dels saliers deux molis.

Il fut arrêté: que « hom les entretenha coma nostres predessessors an fach, car may val que messgrs cossols nagen la conoyssence, que si

 

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los officiers del rey la ne prendian, et que toutas sian unas, et que messgrs los cossols las visiten.

Que, a Pregon Riou, se perforssen de far saly de sal, dont los que tenen los peatges ne volent bailhar denier, per ho deffendre, mes son be contemps que la villa ho deffende.

Que hom ho deffenda et que hom inpetre una lectra, a la requesta del procurayre del rey, et que sia remostrat al dich procurayre.

Plus, que alcuns fan bastir ung moly dejus lo pon del portal de Sent Joham, coma maistre Hugues Rambert et Jatme France, que portava ung grant prejudice al dich pon, als anans et venens.

Tochan lo moly que se fay de novel, que hom se transporte dessus, et que si porte prejudice, ou a temps a venir, que hom ho deffenda, et que hom no laysse point bastir.

Plus, que los Carmes an romput lo riou del Caudaou, que fay que laygua no po point venir a la vila. Que messgrs los cossols ho anent veyre, et que, si y a re de novel, que hom ho lassa reparar, et que sia remostrat al priol et al payre licenciat.

 

26 Février

Loqual jour fu remostrat lo bruch, que es era de guerra, vista la desunion dels senhors del realme; et fu deliberat que hom mezes ordre, a

 

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gardar et deffendre la villa al rey N.S., en la forma et maniera que sen set.

 

Voici les dispositions prises par les consuls

Prumieyrament: fu ordenat que hom revisite tout lo lom de la villa, et tant sur la murailha que a terra, et toutz los foratz (trous, ouvertures) de la murailha que seryan, que se baren.

Item. - Plus, que sian ordenatz certas personatges, que agen carga, castun de son cartier, et que agen dex homes, que agen obeyr castun al seu, et far so que lor comandara, et que, apres dina, se fassa la visitation, et aquella facha, se fassa lordenanse.

Item. - Que ung castun aga, a far cledas pals, per metre de subre la murailha, per so que hom puesca passar et anar dessus.

Item. - Que sian mes bos portiers, et hom los redoble, et que hom mete bos gachos, subre las tors.

Item. - Que los portiers no agen a layssar intrar home, sens conget daquilz que seran ordenatz, ont los portiers iran, et que aquilz se renden a las portas, per veyre qui sia aquel que volra intrar.

Item. - Que ung castun aga a venir affar lo sacrament al rey N.S. et que ung castun aga menar son vaylet per far lo sacrament, et toutz autres que no han mestre, sur pena de esser

 

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repputatz rebelles al dich senhor, et que hom sapcha quanh arney ha castun, et que ung castun laga a portar, per lo visitar, dimenche procha.

Item. - Apres la visitation facha, sia fach ung rolle de toutz los habitans et, que sian devisas per cartiers, et y sian mes capitanies et dexeniers, et que los dexeniers se agen a rendre aux capitanies, quant y auria bezonh, la ont sia devisat, et que los dexeniers agen a far reparar ung castun, a daquilz de son cartier et que ung castun dezenier, aga son nombre, per rolle, en escript.

 

3 Mars

Fu remostrat, per messgrs los cossols, que monsgr de Theombo, lor avia trameza una lectra, laqual fu mostrada et legida, laqual fasia mencion que om fezes bona garda, car il y avia gens que desian que volian passar en estamla.

Item. - Plus, fu remostrat per los dichs senhors cossols, si venian gens en estamla que demandessen pasatge, si hom los layssara passar.

Item. - Plus, fu remostrat per los dichs senhors cossols, que el y avia beaucops de gens de lentorn de stamla, que volian retirar deulx vioures en esta villa, per aquest bruch, si hom lor ho reculira. Il fut arrêté qu'on pourrait rentrer

 

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toutes espéces de vivres dans la ville, sauf le vin.

Et apres las dichas remostrances, fu ordenat que om fezes far una lectra de part de la villa, a monsgr de Theombo, en lo remerciant de so que ly ha plagut de escrioure, et coma noz aven deliberat de far la meilhor diligence, que lom poyra, per gardar la dicha villa, per lo be et utilitat del rey N.S.

Et apres en seguen, los sobres dichs officiers dessus nompnatz, presenteren a messgrs los cossols et a touta la villa, que tout lo conseilh, confort et ayde, quilz poyran far ny secorre per la garda de la villa, per lo be et utilitat del rey N.S., ilz se offriren de far.

Et a qui metis, lo subre dich Joham dAbzac, au nom que dessus, comandet aux dichs senhors cossols de far una crida, que ung castun de stamla, agar affonsar sos vayssels (ait à couler ses bateaux), et gabarrotz, et los metre en loc que no sia dangeyros; et el ho comandet, a qui present, a daquilz que avian gabarras ou gabarotz, sur pena de confiscation de cors et de bes, et de esser reputatz rebelles en vers lo dich senhor; et que ausi, sia mandat a toutz de la bellega (du baillage) que han vayssels, et a daquilz de Lalinda et de Limoilh, per lo be et utilitat del rey, affy que monsge de Lebret, ny sas gens, no puescan trobar passatge.

Et apres, fu dich et ordenat, que hom no

 

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laysse intrar en la villa, degus que no porte lectre del rey, ou lectres patentes del dich senhor.

Et a qui metis, messgrs los cossols bayleren aux dezeniers, que sen seguent, coma es estat ordenat, los rolles de ung castun, et sa gen en escript per nonbre; bo es assaber: al senhor Raymon de la Balma, et a son payre, moseu de Nailhat, a Peyre Mat et a Bernard Doblet, son conpanho, et a Helies de Lespinassa, et Helias Peschier, son conpanho, et aysso per far reparar la murailha, castun en son cartier, coma es estatz ordenatz.

 

4 Mars

A cette jurade assistaient outre les consuls et les jurats: lo noble home Bernard de Belregart, loctenen de monsgr lo prevost, dez seneschaulx del rey N.S., Bertrand Guillo, loctenen de monsgr de Granges, cappitaine del castel de stamla, Urbain du Resfoul jutge ordinary de la dicha ville.

Loqual jour, remostret lo dich Bernard dAbzac, coma el era vengut en la present ville, per so que el avia comissyon de part lo rey, de far conduyre vioures al houst del rey N.S., a Blaye, coma remostret per certaines lectres mysivas, et per autres lectres patentes, dont ne fu arretengut lo doble, tant de las lectras mysivas et lectras patentes del rey, portant comission de far

 

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affonsar toutz vayssels et gabarras, et prendre vayssels per deffendre los passatges, affy que los aversaris del rey N.S., no puescan passar laygua, et plusieurs autras causas far reparar, dont es necessitat de revisitar los graniers, per prendre deux vioures; dont ly fu respondut, per messgrs los cossols, et autres dessus nompnatz, que tout lo confort, conseilh quilz poyran, ilz son pretz, coma vrays subjectz et obeyssens del dich senhor, et quant ly playra de far la serca, ilz eran pretz de lo aconpanhar, per far lo be et utilitat del dich senhor.

Dont la tenor de la lectra mysiva es aquesta.

Messgrs los cossols de la ville de Brageyrac, de Saincte Foy et de Monravel, et du pays environ.

Le roy me anvoye en la ville de Libourne, pour la sureté de la dicte ville, et du pays environ; et sapches que yer, j'ay heu aucunes nouvelles qui touchent fort à la destruction du réaulme, et pour ce, vous envoyé présentement Bernard d'Abzac, au quel vous mande et commande, de part le roy, que vous le croyez, de cen qu'il vous dira, et le fectes, et en ce, naist faute, sur pene d'estre rebelles et desobeyssans envers le dict seigneur.

Script a Liborne le quart jour de mars. Ainsi signé en marge:

Johen de la Viesville.

baillif de Gisour, et par dessus en la suscrestion,

 

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a messgrs de la ville de Brageyrac, de Saincte Foy, Monravel et tout le pays environ.

 

7 Mars

Loqual jour, fu remostrat que messgrs los comisssaris, maistres del lostel del rey N.S., Reynault du Chesnay escuier, senhor de Ville Oyseau et de Montreson, et Anthoyne du Moet, escuier, losquals eran vengutz en la present ville, de part lo rey N.S., per far conduyre et menar vioures al houst del rey, al sety de Blayhe contra lo capdet Audet, losqualz sen volen anar de stamla, si hom los deffreara de la hostalaria, vist que son comissaris de part lo rey, et que ung castun ne digua sa oppenion.

Apres la qual remostrance, fu ordenat per consentiment de toutz dessus nompnatz, que atendut que aquilz senhors comissaris, dessus nompnatz, sont de part lo rey, et que despuey que lo dich senhor, que es de present, no aven point agut de comissaris de part de luy, per enbayssada, sino aquilz, el affy que fazen bon repport davers lo rey N.S., del bon vouler de la ville, et per so que hom a a trametre davers la court, dont ilz noz poyrian beaucop servir, et endressan aquilz que yran, et hom lor recomande la ville, et aquilz que y seran, per la villa, que los agen per recomandatz; et per so, es ben

 

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razo que sian deffreatz de la hostalaria, ont son locgatz de chaz Giro.

Item. - Que lor sia remostrat, que messgrs de la ville son fort corossatz, per so que es vengut a lor noticia, que alcuns, coma mosseu de Belagarda, Johan dAbzac, lor an repportat paraulas a lencontra de la villa, et que lor sia dich, que hom no vol point que el se entremeta de res, del fach de la villa, car el nos avia sercat beucoptz de fatiguas, et fach far beucoptz de despences aux habitans de la present ville, per monsgr de Cumenge.

 

8 Mars

Loqual jour, fu remostrat per messgrs los cossols, que el es tout nothori, que lo rey N.S., vet passar per estamla; per so, si es cas que venha, comen hom laura a reculhir, la feysso ny la manieyra; et que atendut que el es a Bordeux, si hom y trametra per davers luy, per aver la declaration que es estada ordenada, tochan nostres privileges, en tant que touchan la exemption de las tailhas, ny que hom y trametra, ny ont hom prendra argen.

Apres la dicha declaracion, fu ordenat de consentiment de toutz dessus nompnatz, que hom mande dels principals de la villa, juratz et autres, per lor dire, que ung castun preste de largen, par anar davers lo rey, a Bordeaulx,

 

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atendut que es tant pres, per aver la dicha declaracion, coma plusiors vetz es estat ordenat.

Item. - Que sia facha una crida, de part lo rey N.S., et de messgrs los cossols, a so de tronpo, que ung castun de la present ville, et borcz daquelle, que agen a molre blatz, et metre en farina, per la provisiou del dich senhor, et tota pestoressa aga a molre et cozer pa, per la provisiou de la dicha villa, et aysso, sur pena de esser reputatz rebelles et deobeyssens al dich senhor.

Item. - Que ung castun aga a netiar et curar las carrieras, castun en drech sy, et ostar toutas fustas en enpachaments de las ruas.

Item. - Que ung castun aja a far et complir so que ly sia comandat, per son dezenier, de ung castun cartier.

Item. - Fu ordenat, que hom trameta ung home a Bordeaulx et a Liborna, per senformar coma ilz se governen, ny la feysso comen ilz an recullit lo rey N.S., affy que sy venia en esta villa, que hom fus avisatz de la feysso et maniera, per lo recullir; et fu dich et ordenat, que Jehan Mailhet y ane, per so que el ha son frayre a Liborna, et ly dira la feysso coma ilz an fach, et per saber si vendra passar en estamla, et que hom escriva doas lectras, una a monsgr lo presiden monsgr de Cassanhas, et una autra a monsgr maistre Helias de Feranhas, clerc de la villa de Bordeaulx, per saber an los

 

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dichs senhors, si hom poyra bezonhar envers lo rey, tochan la declaration que es estada ordenada de aver.

 

12 Mars

Loqual jour, fu remostrat per Johan Mailhet, que coma es fus estat trames per deliberacion de cossolat, a Liborna et a Bordeaulx, per se enformar si lo rey N.S., venia passar per estamla, ny se enformar la feysso coma a Liborna et a Bordeaulx lavian recullit, et ossi be per se enformar an monsgr lo presiden monsgr de Cassanhas, et an monsgr maistre Helias de Feranhas, per so que la villa lor avia script si hom poyra bezonhar per davers lo rey, tochan la declaration que covenia a la villa, tochan nostres privilegis, de la exemption de tailhas; de que, lo dich Mailhet a remostra una lectra, que monsgr de Feranhas avia escricha et trameza, a messgrs los cossols, laqual fu legida davant toutz messgrs dessus nompnatz, en la quala fasia mencion, que lo rey no demoraria a Bordeaulx, et que messgrs de la villa, farian be que se tiressen per davers lo rey, la ont et fara residenca.

Apres la qual remostrance, fu demandat per messgrs los cossols, que era de far, vista la remostrance et la lectra que monsgr de Feranhas, ha trameza, si hom trametra davers lo rey N.S., ny la feysso dont ilz trobaran de largen per y

 

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trametre, quar messgrs los cossols no podian pas far de lor mesmes, et que ilz no avian point, per fournir, dont requeriren, a ung castun, que lor plagues de secore an aquesta cocha, per lo be et utilitat de la villa.

Los qualz juratz, ou almoinhz una partida, responderen que messgrs los cossols declaran, prumierament, que poyran furnir, et ilz furniran castun ung escut, et hom segues toutz los autres juratz, et que puey lor sia contat, ho tornat, per los dichs senhors cossols.

 

14 Mars

Les consuls, malgré toute leur activité, ne pouvant trouver l'argent nécessaire pour aller vers le roi, pour faire confirmer leurs privilèges et exemptions de tailles, acceptèrent pour se mettre à l'abri de « las grans molestacions et vexacions que messgrs los esleutz de Perigort et autres comissaris et officiers noz fan toutz los ans », d'accepter l'offre faite par le consul Hugues Rambert, lequel offrait de prêter quatre vingt francs à la ville, à la condition qu'il se rembourserait sur le blé que gagnerait le moulin Gaudra, jusqu'à final paiement.

 

19 Mars

Le consul Hugues Rambert, qui avait prêté quatre vingts francs à la ville, est désigné par

 

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ses collègues, pour aller trouver le roi, et obtenir la confirmation des privilèges de la ville; mais le roi ayant quitté Bordeaux, l'argent qu'il avait fourni ne se trouvant pas suffisant pour entreprendre un plus long voyage, la jurade prit la délibération suivante:

 « Après la qual remostrance, furen toutz de oppinion que puey que no avian trames a Bordeaux, quant lo rey nostre dich senhor y era, que hom trameta la ont sera, et que avissesan ont om porian trobar de largen, per far lo dich viatge, al myeilh que hom poyra, que messgrs los cossols bailessen castun dos esculz, et que la plus grant part dels juratz ne bailharian castun ung, et los autres so que poyrian.

Item. - Que las reparacions que son comensadas, que tout jour se continuent, et que si hom a via foch dayssi en re, que hom fassa maymeilh daussi en avant, et tant ossi be de la garda de las portas, et gach, tout jour en meilhor far; et que hom tramete davers Monsgr lo governador, monsgr de Candala, visas las nouvellas que se dizen, de monsgr de Lebret, que fay sa granda armada.

 

28 Mars

Loqual jour, fu remostrat per messgrs los cossols, que ung comissari era vengut en la present villa, de part monsgr lo governador du

 

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Guieyne, monsgr de Candala, que hom ly agues a bailhar cent ho XIIXX arbalestiers, que no los volia que per dos horas, et aysso per lo be et utilitat del rey N.S.

Apres la qual remostrance, fu ordenat que hom ly bailhe jusques a carante conpanhos, que balestiers que autres, pouveu que venhen a nuech (à la nuit) en la villa, et que hom ne aga memorial.

Item. - Que monsgr de Razat, per so que el a recenbut las mostras (revues) dels gentils homes de Perigort, el los vol layssar en garniso en estamla, combe que monsgr lo governour, monsgr de Candale, nos ha trames una lectra, per laquala noz escrivia, que el, noz laysava los gentils home de la villa et de la ballegua (baillage), et dels balestiers de la dicha ballegua, per la garda de la villa, dont naven asses, et la villa seria trop cargada dels autres, et que la villa avia asses daquilz per lo present.

 

29 Mars

Loqual jour, fu remostrat per messgrs los cossols, que monsgr de Razat lor avia fach comandamen, per vertut de una lectra, que monsgr de Moyssac, coma loctenen de monsgr lo governour, monsgr de Candale, ly avia trameza, que hom ly agues a bailhar XX balestiers, daquilz

 

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de la villa, per los trametre ha Moncuq, per la garda del castel, local el tenc per lo rey.

Fu ordenat, que hom se transporte davers monsgr de Razat, a son logis, et hom ly remostre, coma la villa de stamla es de gran garda, et que la gens que son en la villa, fan be bezonh a gardar la villa, vist lo bruech que es, et que a lentorn de stamla, coma en Maurens, Clarens, Moledier, La Forssa, ha beucops de balestiers, et que ly plasan de los mandar, et que tenha la villa per desencusada, vist so que dessus es dich, et que ossi be que monsgr de Lebret ses vantat quel vendra passar en estamla; et per so, no es de necessitat de despervesir la villa, et si no vol atemperar, que hom ly digua, que atendut que el es loctenen general, per monsgr lo seneschal de Perigort, que el lor aga a far comandament, coma loctenen, aulx personatges que hom ly nompmara, vist que msssgrs los cossols, no agen nulla repulsion de lor far comandament, et que hom ly nompme jusques al nombre de XX ou XXV, et que lor aga a bailhar ung cappitayne que los conduysse.

 

30 Mars

Loqual jour fu remostrat per messgrs los cossols, que el lor era estat fach comandament, per monsgr de Razat, et aysso per vertut de una lectra, que monsgr de Moyssac ly avia trameza,

 

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coma loctenen de monsgr lo gouvernor de Guieyne, monsgr de Candale, que hom ly agues a bailhar XX ou XXV balestiers, per los trametre a Moncuq, loqual el avia pres, de part lo rey, autrament protestava a lencontre de lor; et demandava resposta, que los dichs senhors ly aguessen a far; per so, que es defar. Dont fu dich et ordenat, que hom ly ane far responce, messgrs los cossols an dels messgrs los juratz.

Dont los dichs messgrs los cossols, ly firen la responce que sen set, per la bocha de maistre Aymon de la Balma, coma la ville de stamla era al rey, sans nul moyhan, et que ilz volian servir lo rey N.S., de cors et de bes, coma vrays subjectz et obeyssens, et coma la villa era de grant garda, et que ya petitz gens, et que aquils que eran en la dicha villa, fasian be bezonh, per la garda, vist lo bruch que es de monsgr de Lebret, et que ilz no podian point, bonament, bailhar gens de la villa que no fus a prejudici de la dicha ville; et per so, que ly plagues de soportar la dicha ville, et que, a lentorn de la dicha ville, coma en Maurens, a la Forssa, Cortz, Sent Ayha, navia beucops, et que ly plagues de prendre daquilz, et que ly plagues de no point desfurnir la ville.

Et apres la dicha remostrance, lo dich senhor de Razat, fu contemps, et conoguet be, que la gens de la present villa fasian ben mestier per la garde de la dicba villa, requerit que messgrs

 

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los cossols ly aguessen a bailhar los balestiers de lentorn de la present ville, per rolle, et los nompns; et, a qui metis, ly furen bailhatz, per los dichs senhors cossols, et depputet, lo dich senhor los sergens de la present villa, per los anar mandar, et lor far comandament que, encontinent, se aguessen a rendre en la present ville, sur pena de estre repputaz rebbelles et deobeyssens al rey N.S., an lors balestes.

 

24 Avril

Fu remostrat, per Bertran de la Ribiera, que el y avia dos personatges, que son mestres en ara de Peytiers (de Poitiers), et que ung castun los pot conaysse, car dautras coptz lun ha demorat an luy, et lautre an lo senhor Reynault de Borzes, et son bos clertz, dont volian, per aquest an, regir las escolas de stamla, si plasia a messgrs cossols et autres juratz, dont supplicavent, que lo plazer fus, de toutz messgrs dessus nompnatz, de lor conferir las dichas escolas, en tant que tochan la election de la dicha villa, et que ilz avian aguda aquella del mestre escollier de Perigues, laquala remostret lo dich Ribiera, touta grossada en pargamy, et requerit (que) plagues a ung castun de lor concedir lor bon voler, et lor vox.

Apres la quala remonstrance, fu dich per Guilhem de Malarocha (jurat), que M. Girault

 

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Delpuech, loqual es a Toloza, et estudia, loqual es de stamla, et que ung castun lo conoys, et es bon clert, loqual a trames una lectra, a messgrs los cossols, longtemps ha, que los ha demandada plus leu que aquilz, et que es be meilhor, que aquilz de la ville agen lo profiech, que los estrangiers, et que, de novel, lo dich Malarocha los requirit, et que plagues a ung castun de donar sa vox al dich Delpuech.

Et apres las dichas remostrances, sen seguen las vox de ung castun, dessus nompnatz; maistre Aymon de la Balma, Bertran de Clarmon, Bertran de la Ribiera, Johan Gillet, Johan de Marti, maistre Godiffe de Belriou cossol, Jatme Jorda, furen de oppinion que los prumiers dos, dessus nompnatz, las agen, vist que mosseu G. Delpuech es home de glieyssa, et ha cura darmes (d'âmes), et no poyria vaccar a lexercisse de las dichas escolles, non pas que ilz diguen que no sia bon clert, et que ilz amavian plus lo profiech a luy que no farian als autres, mes, vist so que dessus es dich, se tenen en lor oppinion dels prumiers, actendut quilz no han point de carga.

Senseguen los vox del dich mosseu Girault Delpuech: prumieyrament, Guilhem de Malarocha, Guilhem Aymon, Peyre de Puech Estoni, Stene Bayssalanssa, Johan Tornier, Peyre Martrat, cossol, Peyre del Vinhal, et Peyre Reynier, cossols, furen de oppinion que lo dich mosseu Girault Delpuech, que es de la villa, els aga, et

 

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que el es home que pot ajudar et far service a la ville, de jour en jour, et que el valia plus, que los de la ville aguessen lo profiech, que los autres.

 

28 Avril

Yer monsgr de Theonbo avia mandat messgrs maistres Aymon de la Balma et Bertran de Clarmon, que anessen parlar an luy a la Mongia, et quant son estatz a luy, lor avia comandat, de las pars de monsgr lo governador, monsgr de Candale, coma loctenen per lo rey en Guieyne, et el coma son comissari, que ly aguessen a bailhar sinquanta balestiers per metre dedins lo castel de Moncuq, de part lo rey, de que ilz ly avian remostrat lo fach de la ville, et que ly plagues de aver per recomandada la villa, dont el lor fectz responce, que el era de necessitat, que al moinlh hom ly agues a bailhar X; per so, que es de far, sy hom lor bailhara, ny hont se prendran.

 

M. Etienne Doublet, ami de M. de Theonbo, fut prié d'aller parler à ce seigneur, pour faire en sorte que la ville ne soit pas obligée de lui fournir les arbalétriers qu'il demande.

 

Plus, lo frayre de maistre Pieore, lo selier, a dich et remostrat, que el volia demorar en villa, et que el se ajudava de merchandisse; et, per so que el se doptava que hom no ly laysses tener

 

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hobrador (atelier) ubert, ny vendre, ny comprar, coma no sian borzes, si volian messgrs juratz, que passes borzes.

Toutz furen de oppinion, que sia recenbut, an una balesta, XVIII cayrels, garnida de corda, colondra, tour et traitz; et, si ne poden may aver, que nagen al profiech et utilitat de la ville.

 

7 Mai

Loqual jour, fu remostrat que los senhors cossols, avian estatz parlar an monsgr de la Forssa, a la Forssa, dos dels cossols, maistre Godiffe, et Peyre Pogols, per so que lo dich senhor, lor avia mandatz, que anessen parlar an luy, dont lor ha bailhada una lectra, que monsgr lo governador, monsgr de Candalle, trametia a la villa, laquala los dichs cossols remostrent, et fu legida davant toutz, laquala era talla:

 

Cossols, manants et habitans de Brageyrac.

Pour les grans affaires du roy, il a este avisé metre sur chécune séneschaussée de Guieyne, la somme de dopze cens lioures tornoises, et pour ce faire et octroyer, a esté avisé que les Estats se tiendront à Périgueux, etc.
Apres la qual remostrance, fu ordenat que hom trameta ung home dentendement, si es cas que los dichs Estatz se tenhen, et que aquel

 

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remostret los grans charges, que la villa agut affar, aquest an, tant per las garnisos que la ville agut a sostener, que reparacions, que de viatges davers la cort del rey, et que tant que volrian inpausar subre estamla alcuna soma, que no sy consenta en res, car so seria contra nostres privileges.

 

11 Mai

Loqual jour, fu remostrat per messgrs, los quals eran estatz davers lo rey, maistre Hugues Rambert cossol, et Bernard Doblet an luy, et aysso per deliberacion de jurada, per aver una declaracion tochan la exemption de las tailhas, per las grans molestacions que messgrs los esleuz de Perigort, et autres, et comissaris, et recebedor de Perigort nos fan, per so que dissen que lo rey avia ordenat, al bost de Vinsenas, que no y auria que certanes villes exemptes al royalme, et que estamla no y era point compreza, et, dejus aquela color, se volian perforssar de noz assetiar, et impausar, en la tailha, dont, los dichs dessus, disen aver mostrat nostres cas, a messgrs los generalx de finances, coma a monsgr maistre Dains de Bidan, general et grant thesourier de France, et ensemble nostres privileges; los quals lo rey N.S., noz avia confermatz, et intimatz, per davant messgrs los generalx de finances, loqual lor a dich que al

 

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respiech de nostres privileges, ilz eran ben expeditz, et que ilz no podian esser mielh quilz eran, dont na script a monsgr lo recebedor de Perigort, Raymond Arnal, que, daissi en avant, no noz agues re plus a demandar, ny molestar, et que noz laysse a gauvir de nostres privileges; et ossi be, una autra lectra del rey N.S., que manda a messgrs los officiers de Perigort, que noz agen a layssar a gauvir de nostres privileges.

Plus, fu ordenat, que ung chescun fassa far son pal, et que los valatz se meten en point, et que sia fach ung rolle, ont sia lo pal, que ung chescun deura far, et que sia petit et devesit, lo fort portant lo feble.

 

12 Mai

Loqual jour, fu remostrat, per messgrs los cossols, que era de far, ny qual presen hom donaria, a monsgr lo governour, monsgr de Candalle, per so que es aribat en la ville, ny si hom ly anara sonar, atendut que no fu plus en la ville, que agues la charge quel ha, et que ung chescun ne digua sa oppinion.

Apres la qual remostrance, fu ordenat de consentiment de toutz dessus nompnatz, que puey que monsgr lo governador no a plus estat en villa, que agues lo office quel ha, del rey N.S., et layant, el representa la persona del rey

 

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N.S., et vist, que el es aysso per lo rey, per sa bona venguda, que ly sia donat quatre barricas de vy, quatre pipas de sivada et dopze torchas, doas de vy blanc, et doas de claret, et que messgrs los cossols, ensemble messgrs los juratz, que hom ly ane sonar, et far la reverence, et que monsgr de Piles ly presente lo present, et que ly plassa de perdonar messgrs de la ville, et que ly plassa que laga per recomandada.

 

16 Mai

Loqual jour, fu remostrat, per messgrs los cossols, que a ilhz era estada trameza, una lectra de part monsgr lo governador de Guieyne, monsgr de Candalle, al sety de lontron (Nontron), a lencontra de monsgr de Lebret, laqual lectra era singnada de la ma del dich senhor, en laquala fasia mencion, que messgrs los cossols aguessen a trametre dels vioures, per lo oust del rey N.S., per so, los dichs senhors cossols, demanderen que era de far.
Ordenat fu, de consentiment de toulz dessus nompnatz, que per far lo be, et utilitat del rey N.S., que hom y trameta sies cargas de vioures, doas de pa, doas de sivada, et doas de farina; et que ung personatge y ane per conduyre los dichs vioures, que receba so que se vendran, per recompensar aquilz que furniran, et si no pagavent,

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que la villa ho pague, que om fassa que hom no sis re pres.

 

22 Mai

Loqual jour, fu remostrat, per messgrs los cossols, que coma ung chascun sabia be, coma aquilz de monsgr de Lebret, sa gendarma eran vegnutz corre en lo gravier, per lo grant port destamla, que era dissabde darnier passat davant Ramps (Rameaux); y apres, monsgr de Razat, loctenent general de monsgr lo seneschal de Perigort, et ossi be noble home, Johan de Belagarda, ossibe loctenent per lo dich senhor, losquals eran en la present ville, per so que lo dich de Razat,avia recembut las mostras delz gentils homes de Perigort, fu avisat per los dichs senhors officiers et cossols, et dautres de la dicha villa, que el sia bo de trametre, jusques a Moncuq, ung home dentendament, per veyre et saber (qui) son la gens que y son, ny per qui se avoan, quala ententa es la lor, aquala ententa, ny sy son vengutz en danayssi corre per davant la present ville, ny far sy gran effiey quilz an fach, affy que hom saubez de qui se garda; dont doneren charge aux dichs senhors cossols, que fezesen diligence de trobar ung home, et que lo lor menessen; dont los dichs senhors cossols lor meneren, per davant eulx, Raymon de Labadia, dont ly disseren, que el

 

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anez jusques a Moncuq, et ly disseren coma dessus es dich; dont lo dich de Labadia, lor fetz responce, que el era prest de obeyr aux mandaments del rey N.S., et de la ville, mes que el agues ung autre an luy, que y ane, dont messgrs los cossols, ou alcuns de lor, ho remostreren a mosseu Helies Jone, en la forma et maniera que dessus, dont lo dich mosseu Helies lor ditz, que si non trobaven dauties, que el era contemps de y anar; dont los dichs mosseu H. Jone et Raymon de Labadia y aneren, per saber et se enformar, coma dessus es ditz. Dont es vengut en estamla, ung comissaris, monsgr de Moucam, de las partz de monsgr lo governador, monsgr de Candalle, que a pres et fach prendre los dichs mosseu Helies Jone et Raymon de Labadia, per so que eran estatz a Moncuq, et que ilz han agutz aucuns parlamens an los que son dedins Moncuq, coma apar, per alcunas informacions quilz han; dont es estat dich, que el los vol gitar el menar deforas de stamle; per so, que es de far et que ung chescun ne diga sa oppenion.

Apres la dicha remostrance, maistre Aymon de la Balma, dis que, yer estant, que las assisas de monsgr lo seneschal se tenian, lo dich comissaris, dis et remostret, a monsgr lo loctenen de monsgr lo seneschal de Perigort, Bertran Guillo, et ossi be, a monsgr lo beyly, jutge ordinari de stamle, coma el era en estamle trames, de part

 

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monsgr lo governador, monsgr de Candalle, per comission, laquala lor mostret, et los requerit coma officiers del rey, que ly aguessen a donar conseilhs, confort et aide, et prisons, per lo rey, si mestier est, dont lor remostret certanes informacions, a lencontra des dichs mosseu H. Jone et Raymond de Labadia, losquals el avia pres, et ly aguessen a lo acompanhar, a far et prendre los bes per inventary. Dont apres, messgrs los officers, ly feren et avian fach responce, per la bocha de monsgr maistre Aymon de la Balma, coma ilz eran pretz de obeyr aux comandaments del rey N.S., dont ly offreren de ly donar tout lo confort, conseilh, et ayde, quilz poyrian, dont ly fu remostrat per lo dich maistre Aymond de la Balma, coma los dichs mosseus Helias Jone et Raymon de Labadia, no se pensavent aver meffach, per so que, per comandament de messgrs los officiera del rey, ilz eran estatz trames a Moncuq, en ly declaran, coma dessus es dich et remostrat, et per so, si el avia corage de los gitar et menar deforas de stamla, que ly plagues de los layssar en estamla, ont el avia bonas prisos, ou sy ly plasia de los elargir, quilz bailharian plegas sufficientas, jusques a mille liouras tornoises, ung chescun, ou lors amitz, jusques a tant quilz aguessen trames, ou lors amitz, per davers monsgr lo governador, et, segon la responce, que ly plaira de far, yran pretz de obeyr, la ont sia son bon

 

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vouler; dont lo dich comissari, ly avia respondut que el y pensaria, mes una vetz el faria son inventary de lors bes.

Ordenat fu, que hom tramezes ung home dentendament, per davers monsgr lo governador, et que ly remostret la vertat, coma dessus es estat remostrat, coma per comandement de messgrs los officiers del rey, ilz eran anatz, et que fus son plaser de los ausir, en lors justificacions; et ossi be, touchan la villa, per so que, y a gens que ham volgut cargar la ville, tochan lo passatge del capitaine Audet, quant passet a Pregon-Riou, que la villa no savia res, et que hom fassa far unas justiffications, tochan a quo, a monsgr lo loctenent de monsgr lo seneschal, et que y apelle monsgr lo dich comissari an luy, affy que lo dich senhor ne (soit) mieilh enformat, et que, aquel que yra, y porte tout, et, si es cas, que no y veilhe atemperar. que hom se tire davers lo rey N.S.

 

27 Mai

Loqual jour, fu remostrat per messgrs los cossols, que a ilhz lor eran estada bailhada, et tramezes, dos comissions de part monsgr lo governador, monsgr de Caudale, de que la una sen dressava a maistre Aymon de la Balma, et ha Bertran Guilho, coma comissaris, per far conduire dels vioures a la armada del rey a

 

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Lontron, a lencontra de monsgr de Lebret, et ossi be, una lectra que trametia monsgr de Gorville, comissari del dich senhor, depputat ossi be per lo dich senhor, ossi be per far conduire vioures, lasquals comissions furen mostrados, et legidas, de furnir vioures tant que lo sety demorara, a dex cargas de pa, dex cargos de vi, dex cargas de sivada, et quatre lars; per so, demanderent los dich senhors, coma se aurian a governar, ny ont se prendrian los dichs vioures, ny la feysso de los conduire.

 

15 Juin

Plus los moleniers, lor han remontrat, que alcuns moleniers, que son deforas de la villa, et los servitors de monsgr lo priol de Sent Marti, an renbut laygua del riou del Caudaou, que los molins de la ville no poden moure, que es en grant prejudice de la villa.

Ordenat fu, de consentiment de toutz dessus nompnatz, que hom remostre a mosseu lo priol de Sent Marti, et que no voilha suffrir a sas gens, que agen a rompre laygua del dich riou, ny no venha contra lo appointament que es entra la ville ny sos predecessons.

 

17 Juin

Fu remostrat, que yer, ilz avian remostrat los dichs senhors cossols, a messgrs los juratz ou alcuna partida de quilz que y eran, coma maistre

 

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Bernard Mauran, per so que era recebedor et levador de messgrs los cossols, de la annada passada, dels deniers de la villa, coma tailhz et de autres emoluments de la dicha villa, et per avor solucion et paguamen de largen del tailh que el levava, lo dich Mauran avia mes en proces los heretiers del sieur Delpon, que Diou pardone, et ossi be los tutors, de que ilz an dich, per lor deffence, quilz no devent point, car ilz son nobles et extraits de noble linada; de que lo dich Mauran a requerit lo scindic, per governar, et ly avia fach requesta, que el agues a prendre lo governament, et lo proces ou autrement protestava a lencontra de luy; dont lo dich scendic, maistre Godiffe de Belriou, a demandat jour a deliberar, sy prendre lo governament ou no, et ossi be, los dichs senhors cossols, los avian fach executar, dont la dona sera appausada, et era a dire son cas de opposition; per so, demanderen los dichs senhors cossols, que ung chescun ne digua, sy hom la fara pagar ou no.

Il fut ordonné: que la causa se persegua be per justicia, combe quilz ou lors predecessors, al lo dich senhor Delpon, tout jour a pagat, et que puey que se dizen esser nobles que hom ho sapcha per justicia.

 

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5 Juillet

Loqual jour, fu remostrat per monsgr lo jutge dessus dich (Urbain du Ressol), que ly era estada trameza, una comission, a luy et a messgrs los cossols ensemble, una lectra misiva de part monsgr lo gouvernador, monsgr de Candale, que el, et messgrs los cossols, que ilz aguessen a menar et conduire certana quantitat de arbalestiers, que los aguessen a la jornada duey a Monpoou (à Montpont), de que nolor furen que bailhada asser, tout tart, per Bernard Mosnier, et que ossi be, aguessen a trametre de la podra et artilharia, et aysso, sur pene de estre repputatz rebelles et desobeyssens al rey N.S.; per so, demanderen.

Ordenat fu, de consentement de toutz dessus nompnatz, que vist lo presen, que hom fassa diligence de obeyr aux commandaments del rey N.S., et de ly secorre de cors et de bes, et que hom fassa una lectra de part messgrs de la ville, et monsgr lo beyly, et que hom la trameta a Monpoou, per davers messgrs los comissaires, coma la ville fay diligence, de trobar gens, et que hom se rendra, dema, an no plus gran nombre que hom poyra trobar, et que hom lor bailhe gens que los conduissen; tochan de lartilharia, ny podra, la villa no na point, et que hom lor scriva tout.

 

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16 Juillet

Loqual jour, fu dich per messgrs los cossols, quilz an vistz et arregardatz lors contes daqui a la jornada duey, et que ilz an may mes, que pres, la soma de IVXX liouras et una, VI sols, XI deniers (et) que eran pres (de la fin) de lor annada, que plagues a messgrs juratz, que fu lor plaser de lor ho metre al segur, quilz no perdessan pas lor pessas.

Apres la dicha remontrance, fu ordenat de consentiment de toutz dessus nompnatz, que messgrs de presen, vegan et revisiten los contes, del pres et del mes, et los contes de Mauran, convocatz an los certas juratz, et que sy troben que los cossols vielhz, deven de largen per lors contes, ou Mauran, que se paguen daquo, et sy lor resta res a venir, que ho remostren, et so que restara, lor sia mes al segur, car no es pas razo quilz perden lo lor, si lan despendut per las bezonhas de la villa.

 

18 Juillet

Pour combler le déficit signalé par les consuls, dans la précédente jurade, il fut ordonné de faire sur les habitants, une taille de cent cinquante livres, « et que, actendu que las dichas somas, se son fachas per las reparacions

 

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de la dicha ville, et per sertans dos que son estatz fach, coma a monsgr lo governador, monsgr de Candala, que per autras causas, tochan aquest bruch de guerre, que es estat en aquest pays, per monsgr de Lebret, que touta condition de gens a contribuir al dich tailh, sian tailhatz et inpossatz, et que messgrs de la glieyssa, fussen convocatz en la dicha meyzo, per lo remostrar, et pueys hom sauria lor ententa.

 

20 Juillet

Gens d'église présents à la jurade: Mossgrs lo priol de Croyssa, mosseu Johan Sapiencis, M. Thoumeyrou, M. Peyre la Reula, M. Frances, M. Peyre dels Agulliers, M. Johan de Garbeyro.

Loqual jour, fu remontrat aux dichs senhors de glieyssa dessus dichs, coma la villa a apportar de grans cargas, coma reparacions de murailhas, fossatz, pons, valatz et autres beaucops de negoces, que survenen toutz los jours a la dicha villa, et coma a ung chescun sya permes de pagar, et contribuir, a las charges de la dicha ville, que an bes en la dicha (ville), ny tenent, et combe quilz ny tenguessen, lor fu dich quilz aguessen a pagar de las causas quilz serian tengutz, et que per aquela causa, ilz eran estatz convocatz, et que lor plagues de far responce, et declarar lor ententa.

 

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Losquals feren responce, que toutz la gens de glieyesa no y eran point, coma M. lo priol de Sent Marty, ny messrs dels covents, mes demanderen, quilz lor aguessen a bailhar, per articles, so que hom pretendia a demandatz, et se acordarian ensemble, et farian responce.

 

Ici s'arrêtent les jurades de l'année 1487-1488; les autres feuillets ont été arrachés.

 

1489-1490

 

Etaient présents, a la nomination des consuls faite par le bailli, le 22 juillet: Bertran de Clarmon, maistre John Gervays, loctenent del seneschal, maistre Uguhe Rambert, bachelier en leys, mosseu Johan de Clarmon, rector de Sent Jatme, mosseu Girault Del Puech, rector de Sent Mayme, mosseu Tolmon Del Puech, rector de Monbassalha, mosseu P. Gros, rector del castel, mosseu Bernat Galago, mestre Bernat Mauran, mestre Frades Del Puech, Bernat Dartes.

 

Cy-dessous le serment prêté par les consuls le même jour:

Et avenen lo dich jour, a lora de vespras, o a lenviro, en la dicha glieyssa de Sent Jatme, al dich gran autor, lo libre mesal, la crotz dessus, per davan lo dich bayle, et jutge

 

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ordenari de Bragayrat, an conparegut personalmen, Guilhem de Malarocha et Johan Del Puech, los cals son estatz ressenbut en cossols, et an fach lo sagramen sus lo dich libre et la crotz, esser bos et leals al rey N.S., et esser bos et leals a la vila, lo be et utilitat de la vila gardaran, et observaran, lo be aumentaran, lo mal eschivaran.

Fach en presencia de mestre Uguhes Rambert, bachelier en leys, Alem Chivalier, legidor et mestre dels estudians, maistre Anthony Gervays, Matali Borzes, mosseu Giraut Del Puech, rector de Sent Mayme, pres Moncuq, mosseu John Sapiencis, Antony Goret, Renaut Champs, maistre H. Moynier et plussors autres.

 

Les autres consuls prêtèrent serment le vingt-cinq et le vingt-six du même mois.

 

Dans l'inventaire des biens appartenants à la communauté, on trouve:

Et primo, lostal de cossolat an la tor ont es lo gran semh (cloche) de la vila, que es en relocge, lo cal ostal se te an lo riou del Caudao, et an lo careyro et pon de cossolat, et an lo valat et an la gran carieyra per davan.

Item. - En la dicha tor, a una cramba, ont a ung armary, ont son totz las ensenhamens, papiers, rolles et lectres de la vila et la magor part de lartilharia.

 

A cette époque, la ville possédait dix coulevrines, quatre canons grands ou petits, vingt et une arbalètes, cinq caisses de traits, deux trompettes,

 

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une tente en toile (una tenda de tela), une barrique de poudre à canon, et deux salades en plus de celles dont les francs-archers étaient armés.

Suit le détail des quinze procès soutenus par la ville, soit devant la cour des généraux à Paris (tant a Paris, a la cort dels generals), soit à la cour du parlement de Bordeaux, soit à Périgueux, soit à la cour du sénéchal au siège de Bergerac, où à la cour ordinaire de la même ville. Parmi ces procès je trouve:

 

Item. - Ung proces, en la cort del parlamen a Bordeaulx, entre lo sendic apelan, a lencontra de monsgr de La Forsa, a causa del cot de Masduran, de La Forsa et de Pregonriou, et per tals, a causa de las Alas (Halle), mercatz et fieyras, que sesperforsa de metre sus, dont las pessas son devers maistre Johan Malaret, procurayre per la vila; la causa es a pleydegar.

 

4 Août

Es mostrat, dels alocgis de la gendarma, que volen alocgar esta vila en garnisso, gendarma de monsgr lo mareschal de Fransa monsgr de Gie (1) et cum per comession de monsgr lo

 

 (1) Né en Bretagne vers 1450, mort en 1513. Ayant déplu à la reine Anne de Bretagne, épouse de Louis XII, il fut enfermé pendant cinq ans au chateau de Dreux.

 

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governador de Guieyna, monsgr lo conte dAngolema, et facha lectura de la dicha comession en cossolat, et aven lo vidimus de la dicha comession, contenen de alocgar et ressebre sincquanta lansas a Liborna, a Sent Melion, a Castilho, a Senta Fet et a Bragayrat; et, cum per avan, fu dich de obair a la dicha comession, per ansi que sian be devessitz, els dichs locz, et cum per avan fu dich de metre estamla, XX lansas, et despueys lo folrier ses vantat, segon que lom di, de ni metre plus, et per so que lom es avertit, que a Liborna, a Castilho, ni a Senta Fe, no navia poinct, et per so volen cargar estamla.

Es deliberat que so que es di se fassa, que lom obaista (que l'on obéisse) a la dicha comession, et que estamla, ne aga per sa cota part, segon la comession, et no autramen, sino so que es di, da XX lansas, en so que lom dresset an lo comessari, lo prumier cop et non plus.

 

10 Août

Lo cal jour, es ressenbut Johan Ribieyra per molenier, et moli Gaudra, apartenen a la vila, et a promes et jurat, de be et le .... servir lo dich moli, et de gardar lo drech que ung castun, que vendran molre, al dich moli, lo drech dels cossols gardara, lo mal esquivara, no pendre de blat, sino son drech, que es lo sinque, et, si

 

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avia a far alcunas petitas reparacions, las fara, el dich moli, neccessarias.

 

Serment fait par les bouchers et mazeliers

 

Lo sagramen dels masseliers reals, que son tengutz de far et de tener: primo. Esser bos et leals al rey N.S., et a messgrs los cossols, per nom de la vila, en lo offici et mestier de bochier, o masseliers; se portaran be et lealmen, tota frauda et barataria sesan, no compraran deguna bestia ni la prendran, de loc denpedimia, ni dangeyros, la beatia bona et marchanda mostraran aux senhors cossols, o a ung dels juratz, diran lo pretz que la bestia aura costat, lealmen no conteran los jornals, sino lo pretz et la daspensa justa; cant la bestia sera taxada a pessas, et al pretz que y sera mes, no faran plus pessas, sino so que sera tatxat, ni vendran plus aut pretz que so que lor sera tatxat; bon et leal conte de las enpossecion faran et rendran; no tudaran bestia que non rendan conte; si sabian que autre masselier vendia bestia tarada, ny dangeyrosa, que no sia merchanda, o faran assaber a ung o dos cossols, lo plus secretamen que poyran.

 

Criée faite a son de trompe par la ville

 

De las partz del rey N.S., et de messgrs los cossols de la present vila de Brageyrat, lom fay ynibission et defensa, que degun que habite en

 

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locs sis et limitas del privilege de la present vila, no sia si ardit de meysurar, an degunas meysuras, que no sian leals, et mercadas de la merca de la vila, sus pena de V sols de emenda a la vila.

Item. - Que tota persona, que an teras, pratz, vinhas, ni autras possecions, sobre camis publics, ni autres neccessaris en la present senhoria, castelania et ressort, que los agan a curar, o far curar, castun en drech sa possecion, et tener net et curat, et en poinct, per tal que lom y puesca passar, repassar, a pe et a caval, segut ramen, sus la dicha pena.

Item. - Que tota persona daquesta present vila et senhoria, que volra vendre vi a taverna, que aga a metre lo senhal, et vendre lo vi, an mesuras leals, et mercadas an la merca de la vila, sus la dicha pena.

Item. - Que deguna persona no aga a metre, ni far metre, degun bestial de qualques condession que se sia, als pratz defendutz, teras, vinhas, pratz, ortz, ni en autras possecions, per donar dompnatges, sens la voluntat daquel de cuy es, sus penas de reparar, et del cot.

Item. - Que deguna persona de la present vila no agan a tener, ni far tener, en las ruos ni carieyras publicas, tregas, porcz, ni los y far mingar, sus la dicha pena.

Item. - Que tota persona, que venden pa publicamen, a la plassa, que lo agan a far bo et

 

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merchan, segon lo pretz del blat, sus pena de lo prendre et lo pessigar, et lo donar per amor de Dieu, et de X sols de eymenda, la meytat al rey, et lautra meytat a la vila.

Item. - Que tota persona de la present vila, que an ostals, plassas, ni autras possecions en la dicha vila, sus las dichas carieyras publicas, ni autras necessarias, que las diehas carieyras agan a far pavar, dins Sent Miquel procha, sus la pena de V sols.

Item. - Que tota persona de la present vila, agan a curar, et far curar, las carieyras publicas et autras neccessarias, castun, en drech sos ostals, o plassas, de jorn en jorn, et gitar la fanha, ordura, fenps, et autre enpachamen, deforas, sus la dicha pena.

Item. - Que lom defeu los valatz, rey-valatz de la present vila, de totz bestial; per castun cop que y seran trobatz, pagaran V sols.

Item. - Que tota persona que sera mandat a la manobra de la vila, que y sia en persona, o persona sufficien, an ao que y sera de necessitat, et a las portas an son arneys, et al guach, sus la dicha pena.

Item. - Que deguna persona no layse anar, ni metre las bestials deforas la nuch sens garda, o sens estacar, sus la dicha pena.

Item. - Que deguna fempna, ni autra persona, no aga a bregar, ni far bregar (n'ait à broyer ni faire broyer le chanvre), en las portas de la

 

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vila, ni en las barbacanas, ni en las carieyras publicas, sus la dicha pena.

Item. - Que deguna persona, no aga a metre, ni far metre, degunas bestias mortas, sus las portas de la vila, ni els valatz, ni sus los camis, en torn la viln, mas que o agan a enterar, o metre en la ribieyra, sus la dicha pena.

Item. - Lom defen a tota persona, que no aga a metre, ni far metre, tera, ordura, merdafer, ni autre enpachamen, foras ni dedins las portas de la vila; ni enpachar los portz, que porten prejudici, sus la dicha pena de V sols.

Fach et publiat, a so de trompa, per Johan Chauven, sirven, aux cayrefortz acostumatz de Bragayrat, lo Xme jorn de houst, lan que dessus, present et ausens, noble home Urba du Renfoul, monsgr de Belagarda, mestre John Robbert, John Matiou, Peyre Reyre, mestre P. Pinet, Johan Godi, Girard Bordier, Johan de Vilamentes, Johan Davit, Johan Godart lo velh, et plussors autres.

 

12 Août

Maître Bertolmieu Formier, et Matali Bordas, consuls, qui avaient été envoyés à Périgueux, pour parler au receveur et aux trois Etats, qui y étaient assemblés, disent que le receveur et cette dernière assemblée exigent de la ville une somme de cinq cents livres tournoises, payable

 

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à Notre Dame de Septembre, pour aider le roi dans ses affaires et pour faire la guerre de Bretagne, (.... et an demandat per manieyra de do, gratis et sens prejudici dels privilegis et adzencion, per aquest cop tant solament, eyso, per los grans afars que lo rey a, de present, per la guera de Bretanha et alhors ....)

Il fut arrêté, « que hom no y otempere poinct, que so no es que abus... »

 

18 Août

Es mostrat, que lo prior de Sent Marti, Fray Gm Aytz (1) et maistre Johan de Clarmon, rector de Sent Jatme, an megut (ont eu) proces contra Gm Augier, a causa que lor demandan de nossaris VII sols et mech, et lo predich Gm Augier se defen per lo couselh dels parossias, que disen que no deven poinct, ni jamays no an paguat. Et cum mosseu H. Jone, a volgut que lom se acordes dels nossaris, et de la Sencta Oncion, que demandan III sols; et lom di que lo priol ni rector noyan re, sinn XIII deniers o XIII candelas, et si lo capela furnis las XIII candelas, lo malaus sera tengut dels dichs XIII deniers et non plus.

Fu dich et apostat, que lom no aga poinct de

 

(1) Administra le prieuré de Saint Martin, de 1481 à 1511.

 

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proces, ni debat, am lo dich priol ni rector, et que clerc ne conescan, et que mosseu Helie et mestre Bertolmiou, anen parlar an lo dich prior et rector.

 

27 Août

Es mostrat, quel y a ung archier en garniso esta vila, apelat Gran Johan, alocgat chas Arman, et fay de grans estorcions et mals, en bocbarau (dans le quartier Bourbareau), et pren de plussors, pa, vi, (tortres tourtres, pain), fe, autras causas sens re pagar, et a mes las mas sus ung cossol, Johan de Cabanat, maliciousamen, et menassa castun de batre, frapar. Es deliberat, que lom fassa far enformacion del tot, et o remostrar al capitayne.

Bertolmieu Formier est nommé syndic de la ville, aux gages de douze francs bordelais par an.
Et a qui metis, en cossolat, a resseut Johan Chauveux, sirven de cossolat, que el a dich a Arman Alba, que vengues en cossolat per esser juratz, et far lo sagramen al rey, et a la vila; et lo dich Alba fetz resposta al dich sirven, que el no y podia poinct anar, que garda la meyso, quel es sol (seul), que son meynacge es deforas.

 

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27 Septembre

La jurade arrête qu'on fera une taille de deux ou trois cents livres, pour poursuivre les affaires de la ville.

 

6 Octobre

Lo cal jorn, en cossolat, aus dichs juratz et autres, fus mostrat, quel es estat reportat, que alcun senhor ses fach donar, o per estambi (échange), o autramen, al rey, la vila de Bragayrat; et per so, los senhors cossols, per susvenir al dich report, que no pot ni (et) deu esser, que es de far.

Es dich per totz, que sera bo de trametre a la cort, per saber la vertat, an lo general Borre, sens ne far bruch, et o remostrar a monsgr de Ventedor, que es capitayne del castel desta vila, et al seneschal, et si es necessitat, de beylar letras, a qui ont se apartendra, sageladas del gran sagel de cossolat.

 

Outre les consuls et les jurats, les gens d'Eglise dont les noms suivent assistaient à la jurade:

Mosseu lo priol de Sent Marti, fray Gm Aytz, fray Migo Eymar, priol des Carmes, fray Fort Borzes, licenciat des Carmes, fray Anthony Delom, custodi, fray Gm de Bordaria, gardea, mosseu

 

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Gilibert Gorel, monge, mosseu Johan Sapientis, rector de Sent Laurens, mosseu P. Gros rector del Castel.

 

10 Octobre

M. H. Jone et Bernard Doblet vont à la cour, pour offrir au nom de la ville trois ou quatre cents livres, à la condition que la ville n'aura plus de dépends ni de fatigue (sens aver plus despens ni fatigua) de la part du receveur, ni des élus du Périgord (an lo ressebedor ni elus de Perigort) Bernard Doblet reçut des consuls vingt-quatre livres pour les frais du voyage.

 

11 Novembre

A cette jurade assistaient M. H. Jone, bâchelier en décrets, recteur de Saint Aulaire, (bacchelier en decretz, rector de Sent Aularia), Eymond de la Balme, aussi bachelier en décret, M. Girault Delpuech, recteur de St Mayme, près Montcuq, maître Bertrand de Mondessus, notaire, maître Bernat Mauran, notaire, maître Galhart de Thoumeyrague, bachelier en lois (bachelier en leys).

MM. H. Jone et Bernard Doblet rendent compte de la mission dont la ville les avaient chargés auprès du général de Bidan, pour tâcher

 

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de s'arranger à l'amiable avec le receveur et les élus du Périgord, qui ne cessent de comprendre la ville de Bergerac dans leurs tailles, et cela contre ses privilèges. Ils disent qu'ils ont été devancés de trois ou quatre jours par Johan Arnal, élu et commis receveur (son estatz davan lo dich general; lo elu et comis, Johan Arnal, y es estat plus tost de III o IV jorns). Il fut arrêté et convenu que, pour cette fois seulement, et cela à titre de don, la ville donnerait trois cents livres au roi, et cent livres au receveur, pour l'indemniser de ses dépenses. Le général de Bidan défendit au receveur et aux élus du Périgord, de comprendre dorénavant la ville dans l'assiette des impôts qu'ils auraient à lever.

 

7 Décembre

II fut arrêté que la ville paierait sur les tailles levées, la somme de quatre vingt-dix livres, qui avait été promise au nom de la ville, par ses élus, le premier novembre 1489, pour être donnée en présent à M. d'Angouléme, gouverneur de la province. La commission était signée par J. Tricart, J. Arnal, élus, et par François Bastide.

Item. - Es mays mostrat, quel ya ung home apelat Estene de Volpilhac, que vel esser abitan de stavila, et usser de lufici de bochier real, et a uffert de far lo sagramen, coma ung habitan.

 

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Pu dich de lo ressebre, et, a qui metis, fu sessenbut coma habitan, et a fach lo sagramen eysi que se aparte.

 

14 Décembre

Bernard Doblet est encore envoyé à Paris auprès du général de Bidan, pour défendre les intérêts de la ville. Les consuls décident que, pour se rendre ce seigneur favorable, on lui fera don d'un cheval, dont le prix n'excédera pas trente livres. Es délibérat que, daqui a XXX liouras, li sia donat ung chaval.

 

28 Décembre

Es mostrat, que Pieres Sauta, dich Lenracgat (dit l'enragé), franc archier de Brageyrat, es vengut de la guera de Bretanha, et Johan Godart lo jone, franc archier, et lo dich Pieres, a tornat tot son abilhamen, exceptat la balesta, que li ea estat forsa de la vendre, per viure; et per obviar debat an la vila, ne a comprat una autra del pretz de ung ducat, et es bona, foras lalbrier; et per so, pregava a messgrs los cossols et juratz, de li adjudar, car paubramen son estatz pagatz, et a pregat plus, que per amor de Diu, hom li ajude de blat, car el no a deniers, de que ne aver per donar a vioure a sa molher, ni meynatge et el servira la vila a son honor.

 

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Es dich que lom aga la balesta al dich Pieres Sauta, et li far so que hom poyra, per tal que fassa bon report al capitayne, et que los cossols y agan regart.

 

8 Janvier

Le prieur de Saint Martin, frère Aytz, Matali Bordas, consul, et G. de Belrieu, commissaire, ayant été envoyés vers M. d'Angoulême, gouverneur de Guienne, pour lui remettre les quatre cents livres votées par les élus du Périgord, disent que ce seigneur les a très bien reçus, et leur a remis deux lettres signées de sa main, dont l'une est adressée aux consuls de la ville, et l'autre au receveur du Périgord, et dont la teneur est telle:

 

Très chers et bien amez

Nous avons veu les letres que nous avez escriptes, par lesquelles nous faictes savoir que, quoique la ville de Bregerat soit et ait esté tousx jorns quicte et exempte, de non contribuer aux tailhes et aydes de monsenhor le roy, toutesfoiz au moiens du don que les trois Estatz du pais de Perigort nous ont fait, à cause de nostre nouvel advenement au gouvernement de Guienne, les eslus du dit pais vous ont tauxés, pour vostre part et porcion, a la somme de IVXX X (90) livres tournoises, laquelle vous semble estre trop

 

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excessive, et aussi que doubtez que, par ce moien, pour le temps advenir, voz privilleges en puissent estre dymynuez, quant ainsi seroit qu'il les vous convinct bailler au receveur des aydes, mais par ce porteur nous envoiez la somme de IVXX X livres tournoises, et pour ce que ne vouldrions, vos privileges et franchises dymynuer, mais les acroistre a nostre pouvoir, comme ceulx que savons estre bons et loyaulx subjetz a nostre dit seinor le roy, et vous fait recevoir la dite somme de IVXX X livres tournoises, et escrivons au dit receveur des aides, que sommes contens de vous, et qu'il n'ait à vous demander aucune chose, de ce en quoy avez été tauxéz, pour cause du dit octroy. Au surplus, si vouliez chose que puissons, faictes le nous savoir, et nous y emploierons de bon cuer, priant Dieu, tres chiers et bien amez, qu'il vous ait en sa garde. Escript à Couignac le III jour de janvier.

Le conte d'Angoulême, gouverneur de Guienne.

Charles.
B. Goutart, secrétaire.

 

Et per desus la dicha letra: A nos très chiers et bien amez les consuls de la ville de Bregerat.

 

Sen sen, la tenor de la letra, que monsgr lo governador de Guiayna, a trames al resebedor, de Perigort:

 

Cher et bien amé

Les consuls de la ville de Bergerat ont envoie

 

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devers nous, et par aucun deulx nous ont envoie ce en quoy ils ont été tacxéz, à l'occasion de l'octroy à nous fait par les Estats du pays de Perigort, et ycelle somme avons fait recevoir par nostre trésourier, si ne leur en voillez demander aucune chose, et leur rebatre sur la recepte que en devez faire faire, et nous la vous ferons desduire sur la descharge des généraulx, levée pour toute la somme du dit octroy, priant Dieu qui, chier et bien amé, vous ait en sa garde.

Escript à Couignac le IIIme jour de janvier, l'an de grace mil CCCC IVXX IX (1489.)

 

Ainsi signé en marge.

A nostre cher et bien amé le receveur des aides et tailhes, pour monsgr le roy, en Perigort.

Charles.

B. Goutart, secrétaire.

 

Et al commensemen de la present letra: Le comte d'Angoulème gouverneur de Guienne.

 

Bertrand de Langle, jurat, fut chargé de porter cette dernière lettre au receveur à Périgueux.

Item. - Es mostrat que levesque (1) de Perigort vec de Bordeux, per so que a portat lo capel de cordenal a larcevesque de Bordeux, et vec passar per esta vila; et per so, es mostrat que hom li fara, per so ques noel. Es deliberat

 

(1) Gabriel Dumas, pourvu en 1485 du siège de Périgueux, par Innocent VIII.

 

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que sia reculhit, eysi que se aparte, et li donar II baricas de vi, I de blanc et lautra de claret, I pipa de sivada et XII torchas.

 

15 Février

Lo cal jorn, es mostrat aux dichs juratz, quel y a facha crida publica, que los francz archiers de Perigort, se rendent dimecres procha a Periguhes, an lo abilhamen, cant son vengutz de la guera de Bretanha, et que, ung dels comessaris dels francz archiers, se rendan un los francz archiers, al dich jorn, et los francz archies desta vila, disen que si hom lor vol donar, a castun franc archier, XXV francz, per totas causas et abilhamen de guera, quels faran an lor capitayne, quel sera contemps.

Es deliberat, per totz, que si lo capitayne o vol, ni se pot passar, que los sian beylatz per totas causas los dichs XXV francz, sens re plus.

 

26 Février

Es mostrat, per los comessaris dels francz archiers, que lors mesas et despens que an fach et mes, per abilhar los francz archiers, que se monta enviro LX liouras tornoises. Es deliberat, de talhar la dicha soma, et que Maurenx, Sadilhat, Sen Neysen, Cortz, La Cona, Moledier ne porten enviro la meytat, et que agan a beylar castun lo nombre dels fuechs.

 

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17 Avril 1490

Es mostrat, que el y a ung mestre en ars, que vol venir regir et tener las escolas esta vila, an lo consentimen voler et conget de la vila, que se apela mestre Peyre de Lagarda. Es dich, quel venha esta vila, per la festa de Pantecosta, per saver de sa persona et de sa sciensa.

Es may mostrat, que Johan de Lussat, que demora pres del moli dels Arnols, parossia de Sent Marti, a mes una barica de vi en la vila dessa VII jorns, et es pressa per la vila, et di que no cuidava aver mal fach, et desso que a fach, ses sosmes a la jurada. Es deliberat que el giete la dicha barica del vi, deforas la vila, per amor de son meynatge petit, que no a de que vioure, que no a ni blat ni pa.

 

27 Mai

Es mostrat, que los de la Balma, Ramon de Scodaca, et Bertran de Clarmon, senhor de Pilas, reffussan a venir a la manobra. Es deliberat, per totz, que tocan la manobra, que totz y venhan, et demoran en la vila, et yan los plus grans bes, et que totz nobles et autras, que an bes en la vila, espressamen los qui y demoran, sian conpellitz de far la manobra, a la reparacion de la vila, per execussion, o autramen per justicia.

 

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21 Juin

Es mays mostrat, que Stene Pipi, dich loste de la crespa, quel vol leysa lo offici de crabaria (de chevrier), et no vol plus tuar, ni vendre, ni usar; et, si platz a messgrs los cossols et juratz, el vol ussar de bochier real, et, no ho vol far, sens conget licensa dels cossols et juratz; et a ufert de far lo sagramen que se aparte. Es deliberat que no usse poinct de bochier real, que autramen no sia ordenat.

Es mays mostrat, per mosseu Johan Sapientis (J. Sapientis était recteur de Saint Laurent près Bergerac), que lo mur de la vila, ont sa meyso se te, es destruit et gastat, et es perilh que tombe, et seria gran dopnhatge et costatge a la vila et a del; et per so, a remostrat que si la vila li vol furnir tota matiera, el fara bastir et reparar lo dich mur, et furnira tota la resta, despens et la ma, et no vol poinct de servitut, sino una arguieyra (évier), per defensa de una balesta, o colobrina, si platz a la vila. (En cas de siège, ces ouvertures étaient occupées par des arbalétriers, ou par de petites pièces d'artillerie, et servaient à la défense de la ville). Es dich, que la causa sia regardada et vesitada, et apres, y far, so que sera dich per los juratz.

 

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2 Juillet

Es mostrat, per mestre Aymo de la Balma, bachelier en decretz, que el y a IV homes que volen prendre carga de far far lo pon gran de Dordonha de fasta, per lo pretz de mila francz bordales, per lo cors de la vila, et que la vila se consenta que els poyran, an las ajudas del pays, da qui ont poyran, per los aventuras. Es deliberat per totz, que sian comes sertas personatges, de saven an daquels que volen prendre la carga, com ho volen far, ni la feyso et manieyra, et apres a co fach, o remostrar en cossolat aux juratz.

 

13 Juillet

Aux cals juratz es mostrat, per mestre Aymo de la Balma, bachelier en decretz, que cum el sia dautras vetz mostrat en cossolat, que Bernat de Gramon, Bernat de Sent Chavi, Peyre Delmas, et P. de Bressac, habitans de la present vila, an pres, remostrat et devissat, de far bastir et reparar lo pon de Dordonha, los cals an beylat los aetigles seruitz en franses, la feyso et manieyra cum se fara, ni de que seran tengutz de far, ni de que lor adjudara la vila per totas causas.

Es dich et openiat, per lo predich mestre

 

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Aymo de la Balma, que, de las doas mila liouras tornoises, no es point trop al cor de la vila; et tocan las manobras, que demandan al cor de la vila, XXXX manobras per fuec per IV ans, per castun an, X manobras. Es deliberat, per totz los dichs juratz, que totas las causas dessus dichas, se fassan et se conpliscan, en forma et maniera profechabla et valabla.

Et a qui presens, Bernat de Gramon, et Peyre Delmas, per lo et per los autres, consenten et prometen.

 

15 Juillet

E a qui metis, en cossolat, se son presentatz mestre Peyre Sectoris, et mestre Peyre de Gardia, mestres en ars, mestres de las scolas de la present vila, et an lor letra de cossolat, et an ufert de far la sagramen de be et lealmen regir et tener lascolas, et aprendre los enfans, a lor leal poder, et so que a mestres descolas se aparte de far, per ainsi que la vila los defenda et garda dautres et do proces.

La jurade approuva, et ces maitres d'école prêtèrent serment le même jour.

Ci-dessous la copia de la letra de la presentacion et suplicacion, al mestre escolier de Périgues:

 

A monsieur le maître d'école de Périgueux, personne vénérable et discrète, les consuls de la

 

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ville et de l'université de Bergerac, au même diocèse de Périgueux, salut.

La présentation du candidat à l'école de grammaire de la dite ville nous est dévolue, tandis que la collation et l'institution vous regardent et vous appartiennent. Nous venons donc vous présenter, pour l'année courante, commencée à la fête de la nativité de Saint Jean-Baptiste, Pierre Sectoris, homme distingué, maître es arts, bachelier, soumis à votre juridiction, apte et habile à diriger les dites écoles.

Dans les jurades, cette lettre est écrite en latin.

 

 

1497-1498

 

1er Août

Bertrand de Mondessus est nommé juge du cot.

Lo dich jour mestre Johan de Pomareda, licentia en leyx, es estat creat jutge ordenari, am los gatges acostumatz, et a jurat dester bo et leal.

Lo dich jour, Guilh. de Malarocha a pres lo relotge a gouvernar, per ung an, per lo pres de VIII francz bordales.

 

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13 Octobre

Es demostrat, que el y a belcotz de merchans que venden merchandias, et non son poinct bourzes, et no deven poinct usar de (vendre) merchandia, que no sian bourzes. Oppinion, que se vega, qui sia bourzes, et qui no sia bourzes; que sia facha inhibition, que no venda, ny no use poinct de merchandisa, jusques a tant que sian passat, et ajan fach lo sagramen a la vila.

 

10 Janvier

Frayre Helyes de Putcheron, lector delz frays menors, a remostrat, que lo reverend Marteilla, ly avia trames una letra, fazen mencion que plages a messgrs los cossols de la villa, de de ly donar los sermons del caresme.

Oppinion, que lon age lo dich mestre reverend Marteille, et que sia be fach, que lon agues los tres covents, et que ilz ne bailessent ung, que chascun agues son caresme.

 

12 Janvier

Les religieux dont les noms suivent, assistaient à la jurade: Venerable home fray Helies Arnault, comandayre del Sent Esperit, M. Pey Gros, bachelier en decret, rector de nostra

 

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Dame del castel de Brageyrat, M. Mathaly de Clarmon, bachelier en decret, rector de Sent Jatme de Bragerat, M. Helies Delpuech, rector de Monbazalla, religieux fray Arnaud Sartral, prior del coven dets presicadors, fray Antoni de Clino, gardia del coven dels frays menors, fray Helyes de Putcheron, lector del dich coven, fray Johanisso Bordaria, prior del dich coven, fray Fort Borzes, licenciat en teologie, prior del coven dels Carmes.

Als qualz, per la bocha de mestre Bertholmieu Formier, scindit de la villa de Brageyrat, es estat remostrat, que en esta vila, a tres belz covens, et que y a instrumens, passat entre la villa et los covens, tochan dels sermos ordenaris, et que ilz an las questas, tant de blat, vy, oly et autras causas, et quel sia be fa, de far ordenance, que chasque coven furnis de fray, per far los sermos, lavent et lo caresme, chascun an, per son renc; et per so, chascun en digua son avis.

Lo dich payre, licenciat, a dich, per lo coven dels Carmes, que el, per lo coven, ny el, no se obligaran point a far las dichas causas, ny a furnir de fray, car ilz an instrumen, passat entre la vila, dels sermos ordinaris, quilz deven far a la vila, et quilz farian voluntiers a quo, que es contengut el dich instrumen.

Lo dich fray Arnauld Sartral, prior del dich

 

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coven dels presicadors, a dich coma lo dich payre licenciat.

Lo dich fray Anthony de Clino, gardia del dich coven dels frays menors, a dich coma lo dich payre licenciat.

 

15 Janvier

Als qualz, por la bocha de mestre Bertholmieu Formier, es estada facha requesta, que la fiera de Sent Anthony coregues per la villa, coma las autres, et que la villa leves lo quart denier dels obrador (c'est-à-dire le quart du loyer des boutiques louées par les marchands étrangers).

Oppinion, que per aquest an se tenhe a la fon Peyre, et que la villa leve lo dich quart denier.

 

31 Janvier

Jean de Pomarède, consul, de retour de Bordeaux où la ville l'avait envoyé, pour activer les divers procès, quelle soutenait et pour se procurer un prédicateur pour prêcher le carême, dit: « que el a parlat an lo gardia del coven de lobservance, per far los sermos la caresme, et a parlat de aver ung beau pere, et el a dich quel ne trametia ung, mas que el fu satisfiat, quel no agues poinct de question an los autres religioux, et que si los dichs religioux avian sermos ordinaria, que lo dich payre faria voluntiers, als

 

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dichs covens, los dichs sermos ordinaris, et que lon ly mande toutas novellas.

Oppinion, que lon parle an los frays dels covens, si volian leyssar los dichs sermos ordinaris. »

Plus, es estat remostrat, per la bocha de mestre Bartholmieu Formier, que Arnault Pelo a parlat an messgrs los cossols, touchan del proces que la villa a an lo dich Pelo, a causa de infraction de privillegis, assabes es, que lo dich Pelo a menat et deschargat ung veyssel de sal al bourg de la Mongia, desoutz Moncuq, contra los privilegis et libertatz de la villa, et lo dich Pelo ne vol estar a lordenance de la jurada, et se vol submectre, auzit la razo dung costat et dautre, et esser pugnit segon lo cas et delit. Oppinion, que lom lo recebe, et que sia auzit al prumier jorn.

 

1er  Février

Et lo dich Pelo se es submes, et vol que messgrs los cossols et juratz ne ordonen en Diu et conciensa, et a renonciat a son appel et al proces que el a contra la villa.

Et plus es estat dich expressamen en cossolat, en plena jurada, en la qualla lo dich Pelo era, que negun no fus si ardit de portar sal, per la deschargar, en autre loc que en la villa de Brageyrat, ny prestar lo veyssel a hautre, per ne portar ailhors, que en la dicha villa.

 

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Mas plus es, que el, a gran temps, que un jorn, deschargat ung veyssel de sal al dich loc de la Mongia, et se volguet perforssar de la vendre ou far vendre al dich loc, et ne porte el bourg de la Magdalena, el la menet en la gleysa de Sent Anthony, et la dicha sal fu preza, et lo qui leymenet, se venguet submectre en la maiso de cossolat, et fu retengut en lemende, et la dicha sal confiscada; mas aysso nonobstant, lo dich Arnault Pelo, despuey tres mes en ca, se es esforssat de far deschargar lo dich veyssel de sal, et vendre a Peyro de Ramon, habitan del dich bourg de la Mongia, dejus Moncuq. En venen propriamen contra son sagramen, et los privilegis et costumas de la villa, vis que es jurat de la maiso de cossolat, et es estat cossol de la dicha villa. Et per so, apar claramen quel es colpable, et deu esser retengut en lemende de cent liouras tornoises, et la dicha sal, ou tant coma ne avia el dich veyssel, deu esser confiscada a la reparacion de la villa, et el, et los seux, esser privatz de jamais no intrar en la dicha maiso, et el, a demandar perdo, en camisa, an una torcha de VI liouras de cera en la ma.

Oppinion, que per so que lo dich Pelo, ses esforsat de far menar lo dich veyssel de sal, de Liborna, et deschargnr al dich bourg de la Mongia, que lo prumier veyssel de sal, que lo dich Pelo conduyra de Liborna, jusques a Brageyrat, quant son veyssel sera davant La Monzia,

 

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el lo fara recular et retornar jusques a Gardona, per donar a cognaysser quel a mal fach, et contra lo privilegi, de deschargar sal al dich loc de La Monzia, et sera tengut de appelar et sonar lo procuraire de la villa, et lo clerc de cossolat, per ne far acte; et puis sera condannat a pagar a la villa la soma de XX liouras tornoises desmende et despens de justisse. Et aysso, disen et prononcian, per nostra sentence et apointamen. Ainsi signat: de Pomarede juge.

 

14 Février

Le seigneur de Laforce ayant fait prendre par ses laquais, plusieurs individus, qui ramassaient du bois mort dans la forêt de Ginestet, et cela, pour montrer que la dite forêt appartenait à sa justice, il fut arrêté: « per oppinion de totz, es estat dich, quel faria bo de impetrar lectres, narran lo cas, et que lon ane a Paris, en la chambre de comptes, et que lon se ajunha an lo procurayre del rey, et on lo persegue. »

 

26 Février

Es remostrat, per la bocha de mestre Bonaventure, de tel magister, daquest an, en la villa, et a dich, que sil era lo bon plaser de li donar et autregar las escolas, per lan futur, et quel faria al mielh quel poyria, et tout jorn de mielh

 

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en mielh; et ly es estat fach responce, quilz parlarian ensemble et quilz ly farian responce.

Et aussi be, es estat dich, que mestre Léonard Rip... a trames una letra a messgrs los cossols, que plagues a messgrs los cossols et juratz de la villa, de ly donar las escolas de la villa, per aquest an futur.

Oppinion que lon las bailhes al dich Bonnventure, per la plus granda partida, excepta Maurand, Labadie et Pelo, que disen quel il a delz clercz que no lentenden poinct, et que Leonard Rip... vol demorar a Brageyrat. Loqual Bonaventure les a aceptadas et tendra.

 

21 Mars

Es estat remostrat, per la bocha del dich mestre Bertholmieu, scindic, que coma chescun sap, que en la villa a belcop de monde, Diu lo garde, et que y a grand carrestia de blat, et que, per toutas las vilas de lentour, comme a Perigueux, Saincte Fe, et en las autras, an fach inhibition et deffence, que no fus home si ardit de lo gitar (le blé) de las vilas, ny jurisdictions; et per so, que chescun en digua son avis, et que sia bo que lon fassa inhi[bi]tion et deffence, que no sia si hardit home, de vendre, ny gictar de la jurisdiction, ny de la villa, que, prumieyramen, no sian vengutz dire a messgrs los cossols, sil y

 

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a home que ne velha, que al pres que valra, que lon lui donne an son argen.

 

2 Avril 1498

Als qualz, per la bocha del dich Formier, scindic, es estat remostrat et dich, que, eymati, messgrs los cossols, an appelat et fach sonar lo senh, a causa que la villa a, entre autre privilegi, ung privilege que hom ne sia si ardit de carregar, ny deschargar, sal, ny far granier, de la villa de Brageyrat jusques a Soilhat (Souillac) Mas et nonobstant, ung merchan de Soilhat, a fach et fay carregar et menar, certenas quantitat de sal, al loc de Sent Caprasi (Saint Capraise), et deschargar dos veyssels, et ne fay menar dos; et messgrs los cossols, lor an fach donar larrest, a dos veyssels, que Michel Berard mena al dich loc de Sent Caprasi. Et demanden messgrs los cossols, que plassa a ung chascun de ne dire son avis et oppinion.

Per la oppinion de totz, es dich que messgrs los cossols, an tres be fach de far donar larrest aux dichs veyssels, et que sera be fach de los be pugnitz lo dich merchan, et Berard et saquiers, et que la dicha sal, sia reternada en la villa de Brageyrat, el que ilz sian auzitz en lors justisfications.

 

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12 Avril

Als quals, es estat remostrat, que messgrs los cossols, an auzit nouvelles et lectre, que lo rey N.S. es mort (1), et morit dissabde dernier passat que era VIIme jorn del dich mes, et trespasset a lenviro de X horas de nuch a Amboyse.

A estat dich et oppiniatz, que lon commence a far gardar las portas, et far guach sur la murailha, et que negun no entre en la villa, que lon ne sapche qui sia, et si porta letras, et que la porta del Mercadil se barre, et rompre lo pon de la dicha villa. - Item. - Es estat appointar, que lon face enmurar las portanellas, que son en drech de las maisos, al mur de la villa.

 

17 Avril.

Als quals, es estat remostrat, que per so que il y a bruc de guerre, ilz avian avizat, de far far lo pal, et barrar la villa, et fault far lo guach et quinzeniers, et gens per far far cledas, lobatz, rastelz et autras causas. - Oppinion, que lon face far lo pal, et barrar las portas, e foratz, e metre quinzeniers.

 

Il fut aussi arrêté, qu'on fermerait certaines portes de la ville, et que le

 

(1) Charles VIII.

 

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lundi suivant à midi (dilus proucha a hora de XII horas), les consuls passeraient la revue des habitans, et de leurs armes de guerre.

 

Plus, es astat remostrat, que monsgr lo cossol M. de Pomiers (consul qui par erreur n'est pas porté parmi les consuls de l'année 1498, dans les « Annales de Bergerac »), a fach far una pessa dartilharia et na agut doas de ung mestre artilheur, de sobre lo Fossat de Bordeux, et lo mestre a dich, que si ellas son bonas, quel volria be saver, si la villa la volria ou non. - Oppinion que si es bona, que la villa la aretenguhe et la pague.

 

21 Avril

Als quals, es estat dich et remostrat, per la bouche del dich de Pomarede, que dautres veguades es estat remostrat, touchan de la fortiffication de la villa, et, darnieramen, fu dich et remostrat en jurade, touchan de las portas de Bourbarrau et de Cleyrat, et fust arrestat et dich que quant la porta de Cleyrat saria barrade, ung jorn, la porta de Bourbarrau saria uberta, et quant Bourbarrau saria barrat, Cleyrat saria ubert, ou per sempmanes, ou per jorn; mas nonobstant so que es dich, alcuns de la villa et cartier de Bourbarrau, se perforcent de la far far bastir, et manden los manobriers per far lo cap pont de la dicha porta; et el sen anauve veyre

 

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aquele manobra, et trobet Ramon de Labadie, et ly demandet del blat et del vy, per far la despensa als manobriers, et el fazet responce, quel no avia point de charge daquo, et pey apres mestre Johan Gervaix (lieutenant du sénéchal), loctenen, demandat, quel lor bailhes del sable et de la cautz, et el disset quel no avia point de charge, et pueys apres, devers lo ser, el anet barrar la dicha porta, et monsgr lo cossol, Jatme Jorda, ly fezet resistance; et plus, an agut et impetrat ung mandamen, en cas dappel, et an fach far los expletz, per Johan Godart, et adjournat a las assisas prochenas. - Oppinion que la dicha porta se bastigue, et que messgrs los cossols fussen convocatz, an los maisos, et que los del cartier, paguen largen que costara de far, et que sian reboursat, al prumier tailh de villa.

Plus a dich (J. de Pomarède 1er consul), que lo mestre reveren, que a predicat, sen vol anar, et vol partir dilus, et vol parlar an messgrs los cossols. - Oppinion, que lon lo contente, et no plus hault que de X francz bordales en argen, ou que lon face queste per el.

 

5 Mai

La jurade demande la réparation des fossés et des boulevards (que lom lezes reparar los guatzils et muralhes et bolvartz, et fossatz fussen

 

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curatz). La ville achète un quintal de poudre, à Sarlat, moyennant la somme de dix livres, et fait venir, de Bordeaux, un homme expert pour en fabriquer.

 

11 Mai

Als quals, es estat dich et remostrat, que, hyer, passet ung herault, et ly fu demandat, dont el venya, et el disset que (venya) de court, et disset que monsgr dOrleans (1) et monsgr de Borbo, eran en court, et fazian gran cara, et sara coronat lo XXVme jorn de may.

Plus, es remostrat que ung salpetrayre, a apportat del salpetre, VI ou VII quintalz, et que saria bo de ne aver, per adobar la podra, que es en la villa. Oppinion, que lon velye (que l'on veuille) ne crompar, segon largen de la villa.

Plus, a remostrat lo dich M. de Pomiers, quel a fach far aquela pessa dartilharia, et lo mestre es en la villa, et demande quella sia extimade, et demande IV sols, per liouras de fer obrada (ouvragée); et el na volgut creyre mestres,per la visitar, et y a mes Jacques de Pey et Bernard de Cugat, el acten la responce. Oppinion, que la dicha pessa sia revisitnde, et be a^sagade, et que la villa la relenguha.

Ordenat, quo la villa face pervision dargen,

 

(1) Louis XII, duc d'Orléans, petit-fils du frère de Charles VI.

 

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per anar en cout, per passar et confirmar los privilegis.

 

18 Mai

Toutz los juratz que no y son (à la jurade), et que no auran leyal desencuze, son estatz retengutz chascun en lemende de V sols.

Les consuls n'ayant pas d'argent, pour envoyer quelqu'un à la cour, pour faire confirmer les privilèges de la ville, arrêtent: « Que lon face ung rolle, sobre los covens, et los autres habitans, plus aparens, et que chascun preste so que poyra.

Plus, an remostrat, que oultre lo blat, que es degut a la caritat, el ne fault comprar VII ou VIII pipas de blat, car el y a belcoup de monde, plus que no avia dautras vegades; et per so, que chascun ne diga son avis. Oppinion, que la villa ne crompe tant que ne falra.

 

22 Mai

Dans cette jurade, Mathali Bordas, consul, nommé par erreur Mathelin Bourzes dans les Annales historiques de la ville de Bergerac, est condamné à vingt livres d'amende, pour ne s'être pas rendu à la jurade, quoique ayant été légalement convoqué. Plusieurs jurats, et plusieurs habitants sont frappés d'une amende de dix livres, pour le même fait.

 

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15 Juin

A cette jurade, outre les consuls et les jurats, assistaient quarante-sept des habitants les plus notables.
Als quals, es estat remostrat, per la bouche del dich de Pomareda, que coma chascun sap, lo rey es mort pey que a Diu platz, et aven rey, al qual Diu donne bonne vita et longue; et fault, que lon tramete, en court, per confermar los privileges, et la ville na point dargen, et fault trobar facon de ne aver, et per so, chascun en digua son avis, que es de far, et comme se trobara facon de ne aver; car del prumier jorn, el y fault trametre. Toutz MM. los juratz et habitans, son de consentiinent que lo moly se assense al plus offren, et lo mectre a la candela (aux enchères), apres dinar.

Et, advenen la hora de doas horas, apres dinar, apres que la campana es estade sonade, de born en born, en enseguen lappoinctament dessus dich, an comparegut les que sen seguen.

 (Suivent les noms des consuls et des jurats présents).

En presence delz quals, es estat remostrat, per lo dich mestre P. Frontut, aven cargue del procuraire de la villa, que el era estat appointat al jorn dey, devers mati, que lafferme del moly de la villa seria meza a la candela, a daquetas

 

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hora, et es estat sona lo senh, de born en born, mas degun no a comparegut, per y mectre; per so, a demandat acta de la diligence, et pervision, per aquest affar; et es estat ordenat, que, dema, de bon mati, sia tengude jurade, per far ung tailh, per lo dich negoci, et autrament, coma de razo.

 

16 Juin

Bertrand de La Rivière, Mathaly Bordas, Bertrand Deymier, consuls, et Michel Bérard, offrent de prêter les cent livres nécessaires, pour le voyage projeté. L'affaire est renvoyée au lundi suivant.

 

18 Juin

Alz qualz, es estat remostrat lo dire dessus dich, de furnir las dichas cent liouras tornoises, per los affars de la vila, et se son offertz honorables homes Bertran de la Ribiera, Johan de Cabanat, Michel Berard, et Bertrand Deymier, borzes et habitans, de furnir las dichas cent liouras tornoises, et prendran la pipa (de blé), lun portant lautre, a XLII sols et mech la pipa, et lo tendran (le moulin Gaudra), jusques a fy de pagament del pacte; que si dedins lo jorn de la Magdalena procha, la villa lor torna las dichas

 

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cent liouras tornoises, ilz son contemps de lo prendre.

Item. - Plus, an dich que, toutas et quantes vegades, que la vila lor tornara las dichas cent liouras tornoises, ilz sian tengutz de prendre lor argen, comptat so que ne auran pres, et la vila portara toutes las charges del moly.

Item. - Plus, an dich que messgrs los cossols tendran una clau, et Giro Delpuch tendra lautra per ilz.
Et toutz messgrs los cossols et juratz dessus dichs, son estat daquela oppinion, et que es be fach, et es ordenat, que la villa face una tailhe, jusques a la soma de II cens liouras tornoises, per pagar las dichas cent liouras tornoises et autres affar de la villa.

 

5 Juillet

Frère Arnaud Sartral, prieur du couvent des frères prêcheurs, assiste à la jurade, avec Ramond Pabot sous-prieur du dit couvent.

Los qualz an dich et remostrat, que dimenche darnier passat, qualcun a ubert lo riou, et lor fan anar laygue en lor casal (jardin), et lor porta grand domaige, et, de nuch aussi, lo an ubert autra vegade; et mosseu lo prior, a interogat los religioux, et aussi be messgrs los cossols, an tout los juratz, et no se trobe negun, que on age fach, et qualcun ou a fach (a fait

 

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cela), per metre indignance contra ilz et la vila. Et ilz no saven qui on fach, et sen dezencuzan eyssi, et son contemps de ne far una memoire.

 

14 Juillet

Als quals, es estat remostrat, per la bocha del dich de Pomareda, quel a fach far una pessa dartilharia, laqualla messgrs los cossols et juratz an vista, et es devant la porte de cossolat, et el disset, que si la villa la volia arectener, quel la leyssaria voluntiers; et messgrs los cossols et juratz, disseren quilz eran contemps de la aretener, a so que sia taxade; et per so, el demande que la villa la prengue sur ella, et la tengue per receubuda, et que ella era taxade, per Jacques de Pey, et Bernard de Cugat, a XXXV liouras tornoises, estant en presence de monsgr lo cossol Mathali Bordas, et plusiours autres en la carriers publica, davant la maiso del dich Borda; et a donc, a dich monsgr lo cossol, Johan Bochault, que la villa no avia point dargen, per pagor los qui avian furnit lo blat de la caritat, et que la presa devia a la meza (la recette doit à la dépense), et per so, qui avia turnit prumieramen, devia esser pagat prumier; et a donc, mosseu de Pomiers a dich que rendet los comptes, entre el et los autres sos compaignos, si la villa no avia re davantage, quel era be homme, per actendre, comme ung autre; mas

 

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que la villa, et messgrs los cossols que vendran, ly recognoston la dicha soma. Es ordenat que la villa la prengue, et arretengue, al pres que sera taxade.

 

Le contrat par lequel les nommés Bertrand de La Rivière, Bertrand Deymier, J. de Cabanat et Michel Berard, s'engageaient à prêter cent livres à la ville, pour obtenir la continuation de ses privilèges et libertés, fut passé le dix-huit juin 1498. Le contrat commence ainsi:

 

« Sapchent totz presens et a venir, que al jorn duhy, que lon compte mil CCCC IVXX XVIII, et lo XVIIIme jorn de juing, regnan lo tres excellent prince Loys, per la grace de Diu, rey de France, establitz et constituitz personalmen en la maiso de cossolat de la villa de Brageyrat, per davan my notari public, et los tesmoingts dejus escruitz etc. etc. »

 

1502-1503

15 Octobre

Als quals juratz, a estat dit et remostrat, per los dichs cossols, que, coma castun savia, dessay sieys o sept ans davant passatz, los cossols, que eran per aquel temps, avian arrendat dels officiers del rey los fossatz et renfossatz (et arrière-fossés)

 

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de la dicha villa, prosfiech, revenu et esmolumens daquilz; que, plusiours vegadas, avia estat dit et remostrat en la dicha meyso, que lon arrendes la pesqua del dichs fossats, et las bondas (1), per far molys; lo tot, al be et prosfiech de la villa, et causa publicqua; et que, los dichs cossols avian fach diligensa, de bailhar et arrendar la bonda del quartier del prebostal (2), per far ung mouly; et entre los autres, Giro Martrat avia offert de bastir lo dich moly, et rendre preste a molre, a sos propres costages et despens, et, que, daqui en avant, la villa prezes lo ters de la moldura, et esmolumens, en pagan lo ters de las reparacions; ung autre avia offert de ne donar IX ou X cargas de blat du rendas, tous los ans, pourveu que la villa tenha uverta la porta del Prebostal, et far que lo monde y puesca passar coma per las autras portas.

Et lo tot, vist et considerat, et per loppinion dels dichs cossols et juratz, a estat dit et deliberat, que sera be fach, per lo be et utilitat de la dicha villa, causa publicque, que lo dich moly et bondas se arrenden, et bailhen a renda, et

 

(1) On appelait bonde, la chute d'eau produite par une différence de niveau dans les fossés qui entouraient la ville.

(2) La porte dite de Prebostal, se trouvait située entre la porte du fort Bouissou, et la tour de Vérignan, quartier Bellegarde.

 

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non point al ters, et que los cossols, en ayen de renda so que en poyran trobar, et que la dicha porta del Prebostal se obra.

 

Dans ce que l'on pourrait appeler le cahier des charges de cet arrentement, ou trouve:

El tous los dichs cousols et juratz, an offert, coma dessur, de arrendar la dicha bonda, per far moly et puesca (et pêche), et que la villa prendra laygua, coma es acostumat, soys assaber, tous los dissatdes asser, jusques al dilus macty.

Et plus, es estat dit, que si cas era, que la dicha villa retengues la dicha aygua, per curar los valatz et fossatz de la dicha villa, plus que dung mes, la villa sera tenguda, de estat al dich arrendador, et lo desdomagar raisonnablement.

A qui metis, Peyre Mynart molynier, dessus nommat, a offert de en donar de renda, chascun an, de la dicha bonda, per far moly et puesca, detz chargas de blat, ters fromen, et lo residu mesture, et V sols dargen, pouveu que la dicha porta del Prebostal demore uverta, et non aultramen.

Mestre Johan Marty, a offert daquela bonda et de lautra, que es dessus, en donan detz chargas et ung boyssel (boisseau) de semblable blat, pourveu que la dicha porta demore uverta; auquil los dichs cousols ont dit, que per lo presen, no volian arrendar que lune bonda.

 

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L'arrentement fut remis au mardi suivant, et se fit au profit du nommé Pierre Minard.


29 Novembre

Es estat remostrat, per messgrs los dichs cossols, als dichs juratz, que en la presen ville de Brageyrat, et gleysa de Sent Jatme, avia una mauvaise costuma, de sonar lo seing (la cloche), per ung personatge, quant anava de vita a trepas, per detz vegadas, et quant morian dos personatges, per XX vegadas, avant que fussen sebelitz; la cala costuma no era point utila a la dicha villa, car era ung grand bruch per defora, que y avia grand morina.
Et per so, que los dichs juratz en agen a dire cala pollice seria meilhor de y mectre, que lon ne sones point tant de leyssas.

La plus major et sana partida dels dichs juratz, sont estatz de advis, que lon no sone que tres leyssas, per chascun personatge, de lora que sera trespassat jusques a sa sepultura; et majorment, que lon no sone point la nuech, car sonar la nuech, es una causa fort espouventabla. Johan Gilet, Jacquets Jorda et Ramon Nadal, son estatz de contraria oppinion, et que lon sone coma es acostumat.

 

17 décembre

Bertholmieu Formier dit à la jurade, que depuis un mois, lui et Mathaly Borzes, syndic de la

 

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bourse commune, avaient été envoyés, par les jurats, au parlement, siégeant à Saint-Emilion pour plusieurs affaires concernant la ville, et, entre autre chose, pour obtenir la permission de faire enlever les pêcheries, moulins et autres obstacles qui sont sur la rivière de Dordogne, et qui empêchent « los nautoniers et navigant de passar an lors merchandisas », et que le conseil avait répondu, que si la ville pouvait trouver les lettres de l'ordonnance données par le feu roi Louis, ou le vidimus impétré par le procureur du roi, ensemble l'exécution que la cour avait requise, il donnerait la permission d'enlever tous ces obstacles; que, depuis, toutes les pièces demandées avaient été retrouvées, et que, chacun devait donner son avis, pour savoir au nom de qui les poursuites seraient faites, et à qui incomberait la dépense. - Il fut arrêté que la bourse commune (1) poursuivrait seule l'af­faire et à ses dépens.

 

29 décembre

Es estat remostrat, per los dichs cossols, als dichs juratz presens, et aussi aux gabarriers et merchans que sen seguen, en la negoci

 

(1) On appelait bourse commune, les fonds qu'avait en caisse la corporation des marchands fréquentant la rivière de Dordogne.

 

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enseguen (en l'affaire qui suit), convoquatz per aver lor advis et consentiment.

 

(Suivent les noms des gabariers et marchands présents à la jurade).

Que, entre los dichs merchans et gabarriers, avia debat et altercation, sur so que los ungs avian plus grand vayssel et bateu, a portas sal, que los aultres, et per so, portaven alcuns, plus de sal que los aultres, dont los ungs eran grandamen interessatz et grevatz a vendre lor merchandia; et per so, seria be fach, que la ley fus comuna, soys assaber, que los vayssels fussan duna contenensa et grandor, et que y aga ung bon moyan et bona ordonnance, et que chascun en diga son advis.

Es estat advisat, ordenat et arrestat, del consentiment dels dichs juratz, et gabarriers, et merchans, que dayssi en avan, la ley sia egala, que chascun portet tant solament, en sola de vayssel, per chascun viage, dos mueys et XV eyminas (1) de sal, prezas a Liborna; lascalas no se montan pas plus hault que II mueys, et VII eyminas, rendudas à Brageyrat, a cause de lappetissamen de las mesuras fach a Liborna, et que chascun tenya aquela ley, et ordenance,

 

(1) Le muid se composait de dix pipes, c'est-à-dire de soixante sacs, de quatre poignères chacun (la poignère valait vingt-cinq litres), et l'hémine représentait soixante livres (coutumes de Bergerac).

 

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sans la rompre, pourveu que los merchans de la Linda tenyan la presenta ordonence, et no aultramen.

 

30 décembre

Los dichs consuls, an remostrat que M. lo loctenent Fayard, avya trames une letre a M. lo loctenent Guausin, contenent, que monsgr larchiduc (1) fils del duc d'Autricha ensemble dama larchidussa, en son trenc, son van de court en Espaigne, et passen per Perigort, et deven passar al passaige de Castilho, a lor advis; et lo rey, N.S., a trames letras missivas, à monsgr lo seneschal de Perigort, de lo far ben tractar, baillar et delivrar bateaulx, charriotz, chavaulx, vivres, lougis, et totas aultras causas neccessarias, coma apert per las dichas letras del rey N.S., donadas a Bloys, lo XV jorn del presen mes de decembre: et lo dich monsgr lo seneschal, manda que lon acomplisqua lo contengut de la dicha letra; et per so, que es de far.

Es dich, que la villa trameta ung home a Castilho, a monsgr lo loctenent, per avisar la feysso de far, et de y fornir, coma los aultres del pays, et de se deschargar honorablamen, lo meilhor que lon poyra, affy que los aultres

 

(1) Philippe, archiduc d'Autriche, père de Charles-Quint.

 

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del pays y ajuden, coma los de Brageyrat, et de partir lo mardy.

Plus, es remostrat si lon donara re, ny que, al mestre reverend, fray Menault, local a predicat a Brageyrat los presens advens. Es dich et arrestat, que la villa ly done detz liouras tornoises per aver ung habit, car el es ung grand clerc, et a fach grand be, al poble de Brageyrat, per sa bona predication et doctrina.

 

17 Janvier

Es estat remontrat, que los del quartier de Bourgbareau, disen que la present fieyra de Sent Anthony, se deu tener la ont fut lautra fieyra de Sent Anthony, (fût) darnierament tenguda, en la dicha grant carrieyra de Bourgbareau, et, los habitans del chastel, sur la grand rua, pres del cap del pont, disen que se deu tener el dich quartier de la bas, la ont funt la fieyra de Rams darniera; et per so, los merchans estranges, que son vengutz a Brageyrat, volen saber ont desplegaran, et que chascun en diga son advis.

Es estat ordenat, dung consentiment, advis et deliberacion de totz los juratz, en que an agregatz los dichs cossols, que la present fieyra de Sent Anthony, se tendra en la dicha rua publica de Bourgbareau, et comensaran a desplegar los merchans, la ont funt lautra fieyra de Sent Anthony, darniera tenguda, et que la fieyra de

 

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Rams prochana se tendra en la grand rua de la bas del chastel.

Plus, Johan de Cabanat, et aultres quatre merchans et gabarriers de Brageyrat, a remostrat, que los dichs merchans, cinq en nombre, avian fornit per lo comandament de la villa, cinq vayssels et los gabarriers, certans jours, a Castilho, per passar la gens de monsgr larchiduc, et que la villa los avia promes de recompensar, car ilz no avia agut que XII escutz, en tout, per lo dich archiduc; et per so, demanden estre recompensatz, es bo que fu facha deffensa, que nul ly no vende sal, jusques a tant, que la que avian menada fus venduda, et aquo affy que fussan recompensatz.

Los dichs cossols, an dich quilz no podian pas far las dichas inhibitions, de lor metis, si no que aguessen la permission et conget dels officiers del rey, et que parlaran an los dichs officiers del rey, et, dema procha, lor farian responsa.

 

20 Janvier

Lo XXme jorn del dich mes de janvier, son estatz segutz los obradors (boutiques) de la dicha fieyra, et levat lo quart denier, et si es trobat et levat la soma de VII liouras tornoises, lascalas a prezas Peyre Gauchier, cossol et borcier de la dicha villa, en la presensa de Bernard de Belloc, et Helias de Penchescot, cossols.

 

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11 Février

Es estat remostrat, per los dichs cossols, als dichs juratz, comen falhia reparar la barbacana de la porta Logadoyra, et ossi, lo cap del pont de la porta de Malbec, que era tombat dessay ung mes, et per so que chascun diga son advis; si se bastira de la feysso que era per avant, ou aultrement, et a qui lon beylera la besonhia. Es dich, que lon o bayle a gens et mestres peyriers espertz, et que se transporten sur lo luec, et que sia avisatz, per espertz, la feysso melhior de ho bastir, et que lon fassa bon fondament.

Item. - Es estat remostrat, que touchan lo bastiment del pont, y faulra mectre ung home expres ou dos manobriers, per mandar la manobra, et que los dichs juratz avizen loscals y metren, et que ganheran per lor trebal, car el no faulra que fassan aultra causa jusques a Pascas. La major partida ses arestada, et oppinat, que sera be melhior que ung o dos cossols, prenhan aquela charga, et que la villa lor done, per lors penas, una partida de salary, vist que la charga es granda, et no fauldra que fassan aultra besouha.

Plus es estat remostrat, per J. Alba, cossol, que, los de Lalinda, se rancuraven, de so que monsgr Delpont, lor fazia pagar, per veyssel de sal, que achataven, esta villa, dels borzes, per


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menar a Lalinda, VI arditz, so que no era jamays estat acoustumat; si els volian, que la borsa comuna, mezes en proces lo dich Delpont; et per so, que es de far. Es estat ditz et respondut, que actendu que los de Lalinda no volen pagar, en esta villa, lo drech de la borsa comuna, que ilz se seguan lo dich proces, si bon lor sembla, sens que lon lor fornisqua re, sino que payen, en esta villa, lo dich drech de la borsa comuna.

 

2 Mars

Es estat remostrat, que chascun ve (vu) lo grand dangier que es en la present villa, de morina et de peste, et que plusiours gens de bien, dessay petit (depuis peu de temps), y sont mors, los ungs del pols del costat (point de côté), et los aultres dautra maladia inconaguda, et que seria bo, de far vodar (vouer) la vila, et se reclamar a Diou et aux sents de paradis et a nostra Dama, a Sent Anthony, et al sent fer a la Seouba (et au saint fer de la lance qui est à la Sauve) per so que, daultres vegadas, y avian trobat remedi, et que chascun en diga son advis. Fust dit et deliberat, que messgrs los cossols, fassan far lo dich vot, et vodar la vila, per ung home de gleyse, lo plus devot, et se rendre a Diou et al sainct, que veran tnelhor, a la voluntat daquel que fera lo dich vot.

 

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Une procession devant se faire, il fut dit par la jurade « que, touchan la procession, es dit et advisat, que no se fassa point per lo present, per evitar lo dangier de enfessiment de morina, per la dicha congregacion que y poyria estre.

 

29 Mars

Es estat remostrat, per los sus dichs cossols, als dichs juratz, coment lo mestre reverend fray Fronten de Merle, avia be et honorablament predicat touta la caresma, darnierament passada, a Brageyrat, et que avian amassat, de questas, VI francz bordales, et per so, que los dichs juratz digan los advis, de ly donar, que, ny quant, de soma.

Es estat arrestat, per deliberation de totz los dichs juratz, que ly sia beylat la soma de vingt francz bordales, comprezas las questas sus ditas, que se monten VI francz bordales, pourveu que per aquest donacion non venha point a consequence.

 

4 Avril

Es estat dit, que alcuns avian remostrat a messgrs los cossols, de far far lo pont de Bragueyrat, sur Dordonhia, de gros vayssels, en grossas fustas, per dessus et plancar, et los arestat en grossas cadenas de fer, et cables a lavement; et que dels emoluments que en vendria,

 

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lon faria bastir lo dich pont de peyra, car aultrament no era possible de lo far bastir: et plus ont dit, a qui metis, coma Johan del Tauzinar, cossol, que el se po far, que no costara pas, lo tot, VIC liouras tornoises; et per so, que chascun en diga son advis. Totz los dichs juratz, exceptat mongr de Pilas, que a ditz que y avia interest, sont estatz de oppinion que se fassa, et que los dichs cossols, ly baylen a far, a gens expertz, al melhior mercat que poyran.

 

26 Avril

Le nommé Louis Valade, natif de Limoges, est reçu bourgeois de la ville, à la condition « que lo dich Valada no fara granier de sal, per vendre a detalh, foras las murs de Brageyrat, ni en tot lo ressort, castellania et baronia de Brageyrat, si non, dins la villa, et que donara a la villa, doas bonas brigantinas, ung botge, una salada, et una balesta garnida.

 

15 Mai

Lo jour et festa de Pandegoste, que era lo XVme jour de may, per far lo pa de la caritat, era estat quech (il avait été cuit) XV pipas de blat et meja, et y avia environ XII mille pas, et y a agut asses per lamour de Diou.

 

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17 Mai

Es estat, al jour duey, remostrat per messgrs los sus dichs cossols, als dichs juratz, que, a lor notissa, era vengut que, despueys paut de temps en ca, morian grandament a Libourna, de pesta, et si seria ben fach, de y mectra pollissa et remedy. Es dit, que la villa metta gardas a las portas, et que los gabarriers, no agen point a intrar dedins la villa de Liborna.

Plus es estat remostrat, que messgrs los cossols, an enseguen la voluntat dels juratz, longtemps a, avian fach vodar la villa, et rendre a Diou, et a monsgr Sent Anthony, que gardes la villa, et los habitans daquela, de peste, et que restava a portar et rendre lo vot, a la glise et hospital de monsgr Sent Anthony, fundat el bourg de la Magdalene, de Bergeyrat, so es assaber, la villa contrafacha de cera; et per so, que chascun se trobe al present jorn, a lora de sept a huech horas, per acompanhar los dichs cossols, que volian portar an la procession, honestament, lo dich vot, al dich luoc, car ossy ho avian fach dire, a las eglisas Sent Jatme, et del chastel de Brageyrat, et fach trompar, que, chacun cap de meyso si trobes, a la pena de V sols. Los dichs juratz an offert de si trobar, et acompanhar mesrs gens deglize, et los cossols.

Lo dich jorn mesmas, es estat portat lo dich

 

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vot, so es assaber, la dicha villa de Brageyrat contrafacha de cera, ont avia quatre grossas tors an quatre giroutas dessus chasqua torn, et dedins, era cossolat, contrafach, plus lagliza de Sent Jatme, lagliza de nostra Dama del chastel, et lagliza de Senta Cratherina, et y avia XII liouras de cera, el dich bourg de la Magdalena, en lagliza de Monsgr Sent Anthony, ont eren la gens degliza de Brageyrat, revestitz de lors sobre pelitz, honestament, messgrs los cossols, gentilz gens, et juratz, et capt de hostal, apres, en la dicha procession, per rendre gracias a Diou et al dich sent, de so que avia gardat la present villa de peste et empidimie.

 

24 Mai

Es estat remostrat, que lo quart jorn del mes davril, darnier passat, messgrs los juratz avian dich et arrestat, que messgrs los cossols, beylessen a far, lo pont de la ribiera de Dordougne, de Brageyrat, an vayssel de boys, a gens expers, al melhor mercat que trobarian, et que, yer el jorn, se eran offert de lo far, Bernard de Gramon, Giro Martrat et Mathely de Borzes, sur la forme contenguda en certains articles, a qui legitz, per la soma de mille liouras tornoises, et que los dichs cossols no lor avian pas volgut beylar, que no ho aguessan plus amplament remostrat, et los avian remes al jorn duey; et per

 

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so, que chascun en diga son advis, si lo beylaran als dessus nompnatz, dont lo dich Borzes era absent, mas los dich Gramon et Martrat, an promes de far bon per el, ho de y mectre ung aultre suffisent, en son luoc.

Et apres que los dichs articles sont estatz legitz als dichs juratz, toutz los dichs juratz exceptat M. de Pilas, que disia que y avia interest (1) et Michel Berard (tous les deux jurats) que era de contraria oppinion, son estat de oppinion, et an arrestat, que los dichs cossols beylessen lo dich pont a far, als dessus nompnatz, per lo dich pretz et soma, en la forma et maniera contengutz els dichs articles. So que an fach los dichs cossols, a qui metis, de consentiment dels dichs juratz, als dichs Gramon et Martrat, acceptans per els et per lo dich Mathely Borzes, et se sont obligatz dung costal et daultre, coma plus aple (amplement) es contengut a la fy des dichs articles.

Presens: Noble home Bernard dAbzac, et Aymerit Rivière tesmoingtz.

Senseguent los articles que seront passatz entre los dichs consulz de Brageyrat duna part,

 

(1) Quant pour une cause quelconque, il n'y avait pas de pont, devant la ville, le bac appartenait au seigneur de Piles, qui était chargé de l'installer, et qui en prélevait les revenus, suivant la concession faite par les trésoriers de France, à noble Mathurin de Clermont, seigr de Piles, en date du 6 juillet 1470.

 

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et Mathurin de Borzes, et Giro Martrat, et Bernard de Gramon, merchans et habitans de la dicha villa, sur la reffection du pont sur Dordogne.

El prumieramen, lo far en veyssels, lon cals veyssels serait de la feyso de veysel de moly, sauf que seran levatz de dos botz (des deux boûts), et los taulas auran, despes, catre travers detz (auront, d'épaisseur, quatre travers de doigts).

Et segondamen, seran los dichs veysels, de treize, ha XV pes de large, et de longuor suffizenta, lo tout au regart de mestres.

Et tersiamen, seran lyat los dichs veyssels de catre gros platies (poutres traversant le bateau dans le sens de la largeur), per far pon dessus, et sera plancat de gros taulas, espes de catre gros travers detz, et sera lymandat et clavelat, de bos claus gros et sofizens.

Quartamen, seran tengutz de far los caps pons, per intrar et salhir, sobre lo dich pon, tan daygua grosa coma de petita.

Quintamen, seran tengutz de far far catre cadenas de fer, bonas et sofyzentas, per tener lo dich pon, et, sy las dichas catre cadenas no podian tener lo dich pon, los dichs Gramon et Martrat, seran tengutz de lo amarra, an boys hou autramen per tene cadenas, et, sy per cas daventura, ny cal mays cadenas, la villa sera tenguda de los far far aux despens de la villa.

Sestamen, seran tengutz de ly far la salhida et intrada del dich pon, al grand port de Cadouh

 

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de la presen villa de Brageyrat, et al port de la fon, devers lo bort de la Magdalena, per intra et salhy, de bon boys, ben devyzat, a melhor forma.

Lo setieme artycle es, que los dichs que an pres lo dich pon, seran tengutz de far al bot del pon, de cada part, lo pasage per montar et descendre veysels navigant per la dita riviera.

Lo VIIIe artycle, dich de far dos pasages el mech (au moins), et plus nesesary que seran dit, per gens espertz del mestie, a montar et desendre, de la autor dung veysel cargat de busca, que hy posca desendre, ho montar, sy bezonh es.

Lo XXIIIe de may, lan XVC et dos (1502), per far las dictas cauzas desus nomnadas, se son presentat en la meyso de cosolat, Peyre Martrat, et Mathaly Borzes, et Bernat de Gramon, borzes de la presen villa, de far lo dich pon, per la soma de milla liouras tornoises, ses plus, reservat que la villa lor prestara lo monde (per), far far lo carelh (les charrois), et de demandar lo boys, per lo dich pon, en nom de la villa.

Voici le mode de paiement adopté par les deux parties: Cent vingt francs, lorsque les entrepreneurs commenceraient les travaux (per comensamen de far los deligensas sies XX l.) Deux mois après, autre somme de cent vingt livres (dos mes apres, autras sies vins liouras), deux mois après pareille somme de cent vingt

 

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livres, et deux mois après cent quarante livres. A la Saint-Jean-Baptiste, la ville devait leur compter deux cents francs; les autres trois cents francs, devaient être payés, après l'achèvement du pont, sur les droits perçus pour le passage.

 

8 Juin

Es estat remostrat, a messgrs los cossols et juratz precedens, per Richard Bonavila, maistre masso, present, que despueys ung an en ca, la vila avya beylat, al dich Richard, a pris fach, a bastir et far lo port de Cadoung de Bregeyrat, en la forma et maniera contenguda en certans articles, et instrument, et carta, que la villa ly devya fornir tota materia, sur la plassa, et so, per lo pris et soma de XL liouras tornoises; et, era estach dich, per articles expres, que si cas advenia que lo dich mestre perdes, en demoran en la dicha besonha, la villa ly estaria, et lo recompensaria, com a fach appareysse, per lo doble des dichs articles, et coma sya aneyssy, que en caresme darnier passat, la villa no ly aga point pogut fornir de peyra, per so que laygua, el present an, es estada fort bassa, et non poden navigar; et ossi, laygua es estada, apres, si grossa, que no podia massonar, et ossi dit que es estat mal servit de manobra, car sen anaven los ungs a mech jour, los aultres a vespras; dont, en las causas dessus dichas, lo dich mestre

 

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es estat interessat grandament, et y pert del seou propre, sens gagnar re, a sa dampnacion, plus de vingt liouras tornoises; et per so, a suppliquat a messgrs de la dicha villa, que fussa lor plazer de aver regard a sa perda, et, secon Diou et cossinsa, que lo volguessen recompensar.

Faisant droit à sa réclamation, les consuls lui allouèrent quinze livres d'indemnité.

 

20 juillet

Es estat remostrat, que madame de Granhols vet, anech, en villa, coma a mandar, per letra, monsgr de Bellagarda, et, per so que monsgr de Granhols es capiteny del chastel de Brageyrat, que lon dicha, cal presen la villa ly fara. Es estat dich et arrestat, per messgrs los dichs cossols et juratz, que la villa ly fassa ung bel et honorable presen, soes assaber, de ly presentat et donar, meja docgena de torchas de cera, une barricqua de bon vy claret, autant de blant, meja docgena de mothos (moutons) gras, meja docgena de aucatz (oies), et una pipa de sivada.

 

Lire au commencement de cette année 1501-1502 au lieu de 1502-1503.

 

Dépenses diverses relevées dans le budget de l'année 1501-1502

Lo ters jour del dich mes (septembre), fu donat del vy a monsgr lo capitany de Chales,

 

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quant prezet la possessio del chastel, per monsgr de Granhiols, et costet VIII deniers.

Lo Vme del dich mes, fu fach lo mercat de fa far lo portal del grant port de Brageyrat; et begueren lo vy, et costet XV deniers.

Et fu fach mercat, an lo maistre masso Richard de Bonavilla, coma appart per instrument ressembut per De Podio; en deniers XLVII liouras tornoises, III pipas de blat de mestura, tres pipas et meja de vy, una brassa de busquas, et fornir logis.

Et per so que fu fach mercat an Loys Tariau, et Peyre Deuxplas, per trayre VIIIC quartiers de peyra, a cinquante sols per cens, se monta XX liouras tornoises, et II punieras de blat, et aquo per bastir al port; dont lo XXIIme jour de septembre lor fu comensat a pagat XL sols.

Lo dich jour, XXVme del mes, fu trames Aymeryc Ribiera, a Lencays (Lanquais), per aver congiet de monsgr de Lencays, de trayre de la peyra, per lo port, et despendet II sols, IX deniers.

Lo dich jour, XXme del mes de octombre, fu fach mercat an Marty, recapelador, per recapelat la tor de cossolat, en XX sols, et recapelet la dicha tor, et per so, luy fut paguat la soma de XX sols.

Lo dich jour, fu beylat III sols, IX deniers, per tres fuelhes de fer blanc, per mectre à la giroyta (girouette) de la tor de cossolat, III sols, IX deniers.

 

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Lo XXme jour del dich mes, anet de vita a trepas, M. de Belriou, clerc de la dicha villa, et ly furen fachas quatre torchas de cere, et y avia tres liouras et ung quart, que costeren XV sols.

Plus, per la feysso de las dichas torchas, III sols, IV deniers, a Pierre Ruault; et per so eyssy III sols, IV deniers.
Plus, per fa far VIII escussels, ont eran las armas de la villa, per mectre en las dichas torchas, et sur lo corps del dich clerc, en aguet lo pintre, VIII sols.

Lo XIme jour del dich mes (décembre), fu donat al mestre provincial dels Carmes, que predicava ladvent, a Bregeyrat, detz liouras de candela, et una cargua de sivada, que costet lo tot XXV sols.

Lo XXVIme jour del dich mes, fu beylat al clerc de la villa, una ma de papier, per far et escripre les presens comptes, et aussi tres candelas; costet tot XIII deniers.

Lo darnier jour del dich mes, fu beylat a A. Ribiera, sergent, II sols, VI deniers, per portar lectras a Moncuq et Puch-Guilhem, affin que fornissan deux vioures als gens de Monsgr larchiduc (Philippe d'Autriche) que devia passar a Castilho.

Lo jour dels tres reys, VIme del dich mes de javier, E. de La Peyrareda, et Peyre Gauchier, cossols, aneren a Castilho, per far conduyre cinq vaysseaulx, per ajudar a passar la gens de monsgr

 

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larchiduc a Castilho, et porteren X pipas de sivada, una pipa de pa blanc, et demoreren quatre jours, et fu despendut per els dos XX sols IX deniers.

Lo Xme jour del dich mes, en enseguen la deliberacion de cossolat, fo donat a M. lo provincial, mestre Menault, lo cal avia predicat ladvent, a Bregeyrat, VI escutz al soleilh, que valen la soma de X liouras, XVII sols, VI deniers.

Lo XVIIme jour del dich mes, per so que M. Mestre Johan Tricard, juge mage de Perigort, vengut novellament de Parys, avia mandat als cossols, de anar parlar an del a Perigueulx, per lor profech; fu avizat de trametre a Castilhio, ung home per crompar ung salmo, ou de las lampreas, per anar parlar an lo dich juge mage, et ly portar alcun presen; et per so, los dichs cossols y tramezeren ung home, al luct de Castilho, local portet doas lampreas, que costaren XV sols, et dos jornals de lhome, ho los despens, VI sols.

Lo XXme jour del dich mes, es estat beylat a mestre Andriou Roulx, medecy, una barriqua de vy, que la villa ly deu de pension, que costet XXX sols.

Lo XXXme jour del dich mes, fu achaptat ung rodet, de Estienne de la Ribeyria, per mectre el moly de la villa, que costet XX sols.

Per portar lo dich rodet, de la Ribeyria al moly de la villa, costet II sols.

 

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Lo second jour de mars, fu fach vot per la villa, a Diou et a monsgr Sent Anthony, a monsgr Sent Sebastia, al sent fern de la lanas (1), ques a la Solva, affy que la villa fus gardada de pesta, et empedymia, et fu dicha una messa davant Sent Sebastia a Sent Jatme, et donen a disnar, als tres vicarys, et a M. Bertholmieu Del Puech, que chanteren messa, a intencion de la villa, et al mestre reverend, que predicava, et los cossols an dina an lor companhia, et costet lo disnar XXIX sols.

Et per las beatas et messas, fu pagat et donat als dichs presbres, VIII sols, II deniers.

El dich mes de martz, fu contrafacha la villa de Brageyrat, de cera, y avia XII liouras de cera, que costaven LIV sols, et la feysso XXX sols, et XI sols per los despens daquel que fazia la dicha villa de cera, plus VI arditz en materias, per las colors, et V sols per la messa, II sols per los sergens, et IV sols per los passagiers, et fu offrida a Sent Anthony, al bourg de la Magdalena, et se monta lo tot V liouras, X sols, VI deniers.

Ossy, contenya lo dich vot, que la dicha vila seria tenguda de offrir dos ciris (cierges), del pes duna liura et mega de cera, chascun, a Sent

 

(1) La pointe du fer de la Sainte Lance, rapportée des croisades, se conservait à la Sauve (Gironde) et était l'objet d'un culte assez populaire, comme l'indique nos jurades. Ce fer disparut dans les premiers désordres de la réforme vers 1540.

 

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Sebastia, a Sent Jatme, et de far dire una messa en hault (chantée), et ossy, a la Seuba, ung fer de lansa de cera, del pes duna liura de cera, et de y far dire una aultra messa; et per so, per acomplir lo dich vot, el dich mes de mars, an costat los dichas tres liuras de cera, XIII sols, VI deniers.

Plus la feysso, II sols.

Plus las doas messas, VII sols, VI deniers.

Lo XVIme jour del dich mes, es estat pagat a cinq gabariers, per cinq vayssaulx, que la villa avia trames a Castilhio, per passar la gens de monsgr larchiduc, per so que en cossolat, per messgrs los juratz, era estat dich, que la villa los recompensaria, de XXX sols per vayssel, la somma de X francs bordales.

Lo XXIXme jour del mes de mars, enenseguen la voluntat de la jurada, fu donat et beylat a mestre reverend de Merulo, local avia predicat lo caresme a Brageyrat, oltra las questas, la soma de X liures VII sols.

Lo XXIIIme jour del dich mes, fu beylat a ung home, per enterrer ung porc que era mort, el valat de la vila, pres dels Carmes, per evitat empedimia, III deniers.

Et per so que lo pabalio (pavillon, dais) era romput, fu fach ung pabalio, tot neu, per mettre de sobre lo corps de Diou, et fu beylat al meniuzier, lo Boytos, tant per la fusta, despens et feysso, lo dich jour del corps de Diou, que era

 

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lo XXVIme jour del dich mes de may, VII sols, VI deniers.

Lo XXVIIme jour del dich mes, furen trasmes dos cossols a Pombono, a la manobra, per adobar lo chamy, et y demoreren tot lo jour, et doneren XII deniers de vy, a la dicha manobra, et los dichs cossols despenderen II sols; et per so, eyssy, III sols.

Lo VIIIme jour del dich mes, furen trasmes Guillio Chasar, et Sarguo, en Maurens, a Jaure, et a Lembrat, per far comandement a la gens, que venguessan abilhar lo chamy, delay Pombono; et agueren, per lors jornadas et despens, IV sols, IV deniers.

Et, per so que la villa fu assabentada (avertie) que madama de Granhols, venya en la villa de Bregeyrat, lo dich jour, vespra de la Magdalena, fu tengut jurada; et ordenat per la dicha jurada, que lon ly fezes ung prezen honeste; et per so, a sa dicha venguda, ly fut presentat et donat so que sen set.

Et primo: Una barriqua de vy blanc, et una barriqua de vy roge; costeren compres lo fust V liures tornoises.

Plus, VI mothos (moutons), que costeren III liures XII sols.

Plus, quatre aucats (oies), que costeren VI sols.

Plus, demi dozena de polets, costeren III sols, VI deniers.

 

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Plus, VI torchas, ont avia IV livres de cera; et costaren, compreza la feysso et lo fil, la soma de XXIII sols, IX deniers.

Plus, per ung salmo, et aultre peysso, XVI sols, IV deniers.

Plus, en VI merlutz (morues), XII sols.

Plus, tant en una pipa de sivada que en fe, III liures, X sols.

Plus, per lo vayssel, que fu beylat a madama de Granhols, quant sen davalet a Masduran, et per los gabarriers, es estat pagat XX sols.

Lo jour de la Magdalena, a Sent Jatme, a hora de tercia, fu beylada, a monsgr lo tresorier del rey, ho a son comys, la tassa dargen que lon deu, al rey N.S., del pes dung marc dargen; costet XII liures tornoises.

 

Gages divers

Les consuls touchaient chacun cinq livres par an, le syndic dix livres, le juge du cot trois livres, celui qui montait et réglait l'horloge six livres.

Le tiers des loyers des boutiques louées par les marchands, pour la foire Saint Antoine, produisit sept livres; la foire des Rameaux, plus importante, fit rentrer dans la caisse de la communauté, dix livres, six sols et demi.

 

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Budget

Recettes: Neuf cent vingt-trois livres, sept sols, cinq deniers.

Dépenses: Sept cent quarante-trois livres, deux sols, onze deniers.

 

Fait et arresté le présent compte, en la maison de consulat de la présent ville de Bregerac, par honorables hommes mestre Bernard Maurand, Mathely Bordas, Bernard de la Peyrarede, Johan Delpuech, Mathiou del Caudaou, Aymeric de Cabanat et Bernard Deymier, consuls de la dite ville, etc.

Signé : Dessaignes notaire et clerc de la ville.

 

1502-1503

 

30 Juillet

Les bouchers royaux au nombre de treize, prêtent serment entre les mains des consuls.

De las claus, es ordenat entre messgrs los cossols, que lo dich Maurand, aura las claus de la porta de Malbec, Peyrareda et Deymier, la garda de las claus de Cleyrat, Johanisso Delpuech, de la porta del Prebostal, Mathiou del Caudaou, las claus de la porta de Bourgbarrau, et Aymeric de Crabanat de la porta dels predicadors.

 

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1er Août

Parmi les ordonnances publiées à son de trompe, à la date ci-dessus, on trouve:

Lon fay inhibition et deffense, de las partz que dessus, a totz mazeliers publitz et aultres, que no sian si harditz ny sy ausartz de vendre carn, ny far vendre publicament aux Mazels, ny obradors (boutiques) ubertz lo sainct dicmenghe, las festas Nostra Dama, ny los festals annuals, ny dels apostols, a la pena de LX sols.

Item. - Lon fay inhibition et defensa, a tous merchans, de vendre, ni far vendre, ni mesurar sal, ni cargar, ni far cargar sal, aux cotals (rouliers), lo jour de las festas annuals, delz dicmenches, et de Nostra Dama, sur pena de LX al rey, et V sols a la villa.

Item. - Lon deffen a totas manieyras de gens, que no sian si harditz ny sy auzartz, de pescar, ny far pescar, de nuech ny de jorn, els valatz dentorn la villa, et del Mercadil, an filatz, ny autrement, sur pena de emenda arbitraria, et de V sols a la villa.

Item. - Lon fay inhibition et deffensa, a tous los habitans de la present villa, et del bourg de la Magdalena, et aux covens, que no sian si arditz ny sy auzartz, de allogar ny reculhir degunas personas, que venhan de luoc de inpedimia, sur pena de emenda arbitraria.

Item. - Lon deffen de las partz que dessus,

 

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a tota manieyra de gens, que no sian si arditz ny si auzartz, de ubrir, gastar, ho rompre lo mur de la villa, ny de y far fenestras veyrials, lucanas, portas, ho aultres servitutz, sens ho remostrar en cossolat, et aquels que las y an fachas, que o agan a claure et barrar, de jorn en jorn, a la pena de drech, et de aultra pena arbitraria.

Cridadas et publiadas las precedentas inhibitions commandaments et deffensas, en la villa de Bregeyrat, per Jacques Chivalier, sergent royal, et de la villa, lo prumier del mes de oust, lan mil VC et dos.

 

16 Août

Als cals messgrs los cossols, an remostrat que a Bourdeaulx, a Libourne, a Sancta Fe, a Puch-Guilhem, et a Lauzu, moren et son mortz a grant nombre de peste et de bossa, et ossi à Terrasso, et en ung village, pres de Terrasso, et per so, que es de far, sy leyssaran intrar los gabarriers. Es estat arrestat, que lon fassa far inhibition et deffense, a totz los dichs gabariers, merchans, et aultres manans et habitans de la present villa, sur pena de esmenda arbitraria, que no sian si harditz, de anar, ny entrar, a Bourdeaulx, Liborna, Sancta Fe, ny aultres luocz dangeyroulx denpedimia, et si y

 

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van, quilz no sian ni hauzart de intrar dedins la present villa, sur la dicha pena.

Et aussy, que tous los habitans de la present villa, fassen provision de farine, par lors meysos, car messgrs los cossols an deliberat de far virar laygua, per curar lo riou.

Plus, es estat remostrat, qua los chabriers (chevriers) se meslen an los bochiers royals, en venden los carns, so que no es honeste. Es estat avisat, que fassen bastir una bocharia, sur los fossatz, et que los chabriers, sian mys deforo de entre los aultres bochiers.

 

19 Août

Es estat remostrat, que a Liborna, a Bourdeaulx, et a Bourg, moren de peste plus que jamais, et que es de far. Es estat arrestat, per la plus sana et major partida, que a la requesta de messgrs los officiers du roy, et dels cossols, lon fassa far inhibition et deffensa, a tous los habitans de la present villa et aultres, que volriant frequentar la present villa, que per los inconveniens et dangiers de peste, ils no sian si auzart de anar a la fieyra de Bourg, ny a Liborna, durant lo temps de tres sepmanas prochas venent, sur la pena de prison, et de emenda arbitraria, et de confiscation de lors merchandias; et, aquilz que auran partit avant la publication

 

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de la present crida et comandamen, de no se approuchar de la present ville, de mega legua, ni de frequentar aucuns de lors meysos, ny a aultres. Item. Ossi, de deffendre a lors molhers, et enfans, et familiers, et aultres, de no frequentar ny conversar an dels.

Plus, es estat remostrat, si faran sonar la retracha (retraite). Es dich que oy, et de bon hora.

A qui metis, sont estatz ressaubutz, per sergens de la ville, de lan present, Aymeric Ribiere, et Jacques Chevalier, a qui presents, aux gacges acoustumatz, soes assaber: lors raubas, et chausas, et feyso, et an promes et jurat, de ben et lealment servir la villa, coma an acostumat, et melhor, si melhor poden.

 

3 Septembre

Als cals juratz, an remostratz messgrs los cossols, sy lo jour de Sainct Clau (St-Cloud), que sera dimecres, faran barrar las portas de la villa, per lo dangier de peste, de la gen que vendran lo dich jour a Sainct Marty. Es estat arrestat, per tota la jurada, que lo dich jour de Sainct Clau, totas las portas de la villa sian barradas entieramen, exceptat una, et mays lo pont, et que passen a Taulieyras (à Tuilières près Prigourieux), a qui bon semblara, et que

 

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siat prohibit et deffendut, que negun de la present villa, ny del bourg, no sia si hardit, la veilha, ny lo jour de Sainct Clau, no ane a Sainct Marty, et que, si aucuns y van, sian gens de glieysa, ny aultres, no intraran, dung mes, en la villa, et que las reliquas sian portadas lo dich jour, de bon mati, a Saincta Cratherine, et a qui, los habitans de la villa, que auran devocion, yran offrir, de bon maty.

Plus, es remostrat, si leyssaran intrar la sal, que es arribada, a mega legua dayssi, dont los gabarriers avian partit, avan la crida, et que faran daquilz, que avian partit, apres la crida, que se excuzan, que ignoravan la crida. Es dich, que los vayssels, que y son estatz conduitz apres la crida, no intraran, ny vayssels, ny gens, ny sal, et que ledit (l'édit), sia gardat, et que agen a pagar lemenda, que laura frangit. Et, tant que tochan los que avian partit, avant la crida, que lo vayssels sia ben denegat, et pelhat (nettoyés et lavés), et que, per aultres gabarriers, sia menada, et que intre.

Plus, es remostrat, de la feysso de cargar los cotals. Es dich, que lon ne laysse point intrar en la villa, ny cotals, ny chavals, ny farda (fardier, charrette), per evitar lo dangier, que en poyria venir, mas que, en una vela o linsol, a terra, lon lor porte la sal, defora, an satz de la villa, sens tochar lors satz, et que lon prenya largen de lomg.

 

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6 Septembre

Plus, an remostrat, si farian rendre, vodar et reclamar la villa a Diou, et aux saincts et sainctas de paradis, affin que Diou nos preserve de peste et empedimia, veu lo dangier que y es. Es dich, que se deu far, et sera be fach, et al plus tot, et que se reclamen apres Diou et Nostra Dame, al sainct que auran lor devocion, et tal vot que bon lor semblara de far, car no saubrian tant far a Diou, que may nos eran tengutz, veu la peste que es a lentorn de Brageyrat, de lacala. Diou nos a preservatz, per sa saincta gracia, jusques a present.

Plus, an remostrat, si layssaran intrar messgrs los pressidens, et conseillers de parlament, cant vendran per las vaccacions. Es dich, quel y a grant dangier, et que, silz se volian contentar en ung dels covens que seria, et, si no sen volian contentar, que lon los laysse intrar, vist et actendut que la villa ha tout jour a besougnar delz, et que no seria pas bo de tombar en lor indignansa.

Los habitant del bourg de la Magdalena, fan remostrat, per Johan Alba, quilz sont fort gastatz et dompnatges, per gens darma et aultrament, per so que lo dich bourg no es barrat; avian avizat de lo barrar de torcat (torchis), de terra batuda, et aultra mixtion de branda, et que

 

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la present villa y contribuyssa, chescun per cota (cote part), coma ilz fan de part dessay, car lo be del bourg et de la present villa, es tout ung. Es dich, que seria be fach, de lo barrar, de torcas de terra batuda, an mixtion de branda, car daultres plusiours villas en son barradas, et que toutz los habitans de Bregerat, chescun, per quota, y deu ajudar et contribuar.

 

14 Septembre

Es estat arrestat, dit et ordenat, per la major et la plus saga et sana partida, que, vist lo dangier de pesta, estant a la dicha villa de Liborna, lacala no cessa point, et actendut lo perilh et dangier, que en poyria venir a la dicha villa de Bregeyrat, que las dichas prohibitions et deffensas, serian continuadas, per quinze jours, prochen venens, comensans al jour que finissen las aultras tres sepmanas, que sera dimars prochen venen, a la requesta de messgrs los officiers del rey, et dels dichs cossols, sur semblablas penas: et per so, an fach requesta los dichs cossols, al dich senhor de la Balma, coma loctenent de monsgr lo juge ordinari de Bregeyrat, a qui present, de auctorisar la dicha ordenansa, et continuar las dichas inhibitions.

La demande des consuls fut agréée par le lieutenant du juge ordinaire.

 

Ossi, venerable et discrete personne, fray

 

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Pabot, de lordre de Sainct Domenique, del coven dels Predicadors de Bregeyrat, a qui present, a ditz et remostrat, per et el nom del dich coven, que hault et puissant senhor, monsgr Destissat, a acoustumat de fa far ung chantar general, lo jour et festa de monsgr Sainct Michel, (prochen venen), et que lo dich senhor Destissat, lor avia mandat, per lo dangier de peste, si se faria a Monclar, ho a Bregeyrat; dont fu avizat, per lo dich coven, que si lo chantar se mudava (se changeait), del dich coven, que a temps a venir, lor fus domagable, et causa de perdre la bona costuma; et per so, que plassa a la present villa, de en dire lor oppinion et ordenance, car lo dich coven a deliberat, de ensegre lo bon plazer et voler de la dicha villa. Es estat arrestat, ditz et ordenat, que lo ditz chantar se fassa al coven dels predicadors, pourveu que no sian convocatz al dich chantar, que tant solament gens de deglieze de Bregeyrat, et no aultres, et que lo dich coven ho mande eytal, al dich senhor, ho a sos officiers, de bona hora, et que convocque los aultres, ont el veyra melhor, a ly estre a far, et que lo coven baille lo dich jour, ung portier davantage, per gardar la porta de Logadoyra, que avise que gens de glieyze de dehors, ny aultres, de locs dangeyros venent, no intre en la present villa.

 

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29 Septembre

Messgrs los cossols, dessus nompnatz, fan remostrar, que despueys lo penultième jour del mes daoust darnier passat, per acta dels officiers del rey, et a la requesta del procurayre del rey, et de messgrs los cossols, fu facha cryda contenent inhibition et deffensa, a tota maniera de gens, que negun no fos si auzart ny hardit, de anar querir sal a Liborna, sur la pena de prison, de emenda arbitraria, et confiscation de lors merchandisas, durant lo temps de tres sepmanas, lors prochen venen, per lo dangier de peste; et apres lo jour de Sainte Crotz del present mes (le 14), per so que las dichas tres sepmanas tombaven lo dimars apres, fu enquera remostrat ques de far, et fu ditz et ordenat, per la dicha jurada, que los dichas inhibitions serian continuadas, per XV jours, loscals XV jours tomberen yer darnier passat; per so que encore moren a Liborna de la dicha pesta, fan remostrat ques de far, si yrran a Liborna, ho ho no, et la feysso de far. Es estat dit, arrestat et ordenat, que per so que la peste es encore a Liborna, et que la luna es flacque (dans ses derniers quartiers) maintenant, car dissade prochen sera noela, et per lo dangier que en poyria venir a la villa prejudice, que lon cessara de anar a Liborna, querir sal, ny aultras merchandises,

 

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per XV jours prochen venen, et seran fachas inhibitions, semblables a las darrieras, et proclamadas al jour duey, als tres carrefortz acostumatz de la present ville, so que es estat fach.

 

7 Octobre

Los dichs cossols remostren, que los marchans saliniers de la present villa, lor remostreren, yer el jour, que avant la crida darniera facha, dont la continuation dels quinze jours, de las proclamations preceden la dicha darriera crida, era expirada, els avian trames querir de la sal, a Liborna, an lors vayssels, ignorant la dicha darnieyra crida; lacala sal, no avian auzat menar el port de la present villa, mais lavian leyssada al luoc apelat a Lilot (1), et, yer el jour, avian demandat permission, de la metre en la villa, et la vendre, et se eran sobzmes a la jurada; dont los dichs cossols avian dich, que ho remostrarian al jour duey, et que monsgr de la Balma, coma loctenent de monsgr lo juge ordinari de Bregeyrat, avia donat permision de la mectre dedins la present villa, pourveu que no se vende point, sens conget dels officiers du roy, et de messgrs los cossols; et per so, remostraven, al jour duey, ques de far; et ossi,

 

(1) On appelait ainsi, et on appelle encore, la petite île située au-dessous du pont, vis-à-vis le lieu dit la citadelle.

 

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demandaven permission; de anar querir de la sal, a Liborna, et la feysso de far; car los cotaulx prenen chamy aillors, coma a la Motha et a Saincta Fe, la ont tenen saly. Es estat ordenat, dich et arrestat, que len yra querir de la sal, qui vouldra, al dich Liborna, pourveu que los dichs gabarriers, et lo governador (le patron), expressament, avant que parten, et apres, per devant ung ou plusiours cossols, fara sagramen de no intrar point a Liborna, mas contaran et beylaran largen de lomg, et menaran la dicha sal jusques a Lilot, ont aultres gabarriers de la present villa, iran querir la dicha sal, per la mectre dedins la present villa, et no siran si harditz, los dichs gabarriers, de intrar dans los rey-valatz (arrière-fossés) de la present villa, et bourg, de XV jours prochen venen; plus se tendran lomg de la present villa, oltra los rey-valatz, et faucz-bourgs de la present villa, et lor sera donat permission, de se retirar en qualque cabaret, ho meysso, dehors la villa, et a qui, lor portaran vioures, sens seprouchar delz, mas se tener lomg.

 

11 Octobre

Los habitans del bourg, de la Magdalena, fan remostrar, per la boucha de Jonot Alba, que els son subgetz a tals reparacions, et aultres negocis de la villa, coma los habitans dedins la villa,

 

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et que no poden vendre lor vy, causant la quantitat del vy, que y mecten los habitans de la villa, sans pagar merca ny garda; et per so, que plassa a la villa de y mectre pervision. Es dich, que lon garde et observe los privileges de Bregeyrat, et que los vys de dehors, que y seran mes, que sian mercat; et, es estat ordenat, que per chascun tonel de vy de dehors, que y sera mes, payera a la villa, per la garda et privileges concedit a la dicha villa, la soma de V sols, oultra la merca, lacala ordenansa et appointament, messgrs los officiers del rey an auctorisat et auctorisen.

 

Nouvelle criée, défendant d'aller à Bordeaux ou à Libourne, de quinze jours, à cause de la peste, qui sévissait toujours dans ces deux villes.

 

20 Octobre

Es remostrat, per los dichs cossols, als dichs juratz, que es vengut a lor notissa, que los habitans del village de Lartigua, an fach menar ung vayssel de sal, et aquel descarguar al luoc de Lartigua, on fan saly (dépôt de sel), despueys huetz jours en ca, contra lo privilege de Bregeyrat, et contra lo drech del rey N.S., et per so, ques de far. Es dich que la villa trameta al dich luoc, ung home per tot lo jour de huey, per saber si es vertat, et coment la venden, et si en lyra ho no.

 

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Lo dich jour, Periot de Sent Marty, sabatier, a portat en cossolat, unas brigantinas, que devya, per sa intrada de borgesia, dont ly es estat concedida quictansa.

 

25 Octobre

Messgrs los cossols, dessus nompnatz, remostren als precedem juratz, que yer en enseguen la deliberation de la villa, ilz avian trames ung home expres al luoc de Lartigue, per saber sy y avia de sal; local era tornat, et avia fach relation, que el dich luoc, tenyan et avian de la sal, en ung doilh (cuve) et en ung tonel, et non point en boutique; et que el en avia achaptat, et portat doas quartieyras; et per so, ques de far, si lon la anara querir ho no, actendut que no y a point de granier, ny no es pas en terre. Sur lacala remostrance, y a agut diversas oppinions, car lo dich de la Balma disie que, en tenen la dicha sal en dolhs et tonels, quant excedis en grand nombre, en descargant ung vayssel, lo rey N.S., en son drech, y porria estre domacgat, et seria ben fach de y donar pervision. Es estat arrestat, per la major et plus sana partida, que, actendut que la dicha sal nes point en granier, ny botyqua, que lon se tayze per lo present de y anar.

 

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28 Octobre

Es estat remostrat, si la villa fara point descridar la fieyra de Sent Marty, prouchen venen, per causa de la mortalitat. Es estat arrestat que oy, per aquesta vegada, tant solament, causant lo dangier de pesta, et que no sen tenha point.

 

11 Novembre

Es estat remostrat, que lo mestre reverend Martelli, a trames una lectra missiva, adressanta al payre gardea del covent dels frayres Menors de Bregeyrat, fazen mencion, que lo dich payre gardea, agues assaber, an messgrs de la villa presenta, sy ly volrian concedir la chadieyra (chaire), per predicar aquest advent a Bregeyrat. Es dich, que lon diga al payre gardea, que la lectra no se endressa point a la villa, et que en congregacion de gens, y porria aver de dangier de pesta, vist lo temps que es.

 

23 Novembre

Les consuls passent marché avec le nommé Granval, qu'ils désirent envoyer à Paris, pour défendre les procès pendants devant la cour des comptes, et pour obtenir l'attache du pont. Il est convenu, qu'on donnera au nommé Granval, et pour tous dépends, la somme de cinq sols par

 

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jour, pendant tout le temps que durera son voyage, et que la ville lui fournira un cheval (a V sols per chascun jour, que demorara, et tota despensa, et la villa ly fornir chaval).

Granval jura sur les saints évangiles de se comporter loyalement, et de donner tous ses soins aux affaires de la ville.

Los dichs cossols, en beylat ni dich Granval, las lectras del pont, et las enquestas, et aultres pessas, dedins ung sat, et an beylat al dich Granval, la soma de trenta liouras tornoises et lendema que era lo XXIV jour de novembre, partit lo dich Granval de Bregeyrat.

 

5 décembre

Es estat remostrat, coment lannada passada, es estat beylat a far, lo pont de Bregeyrat sur Dordougne, lo cal es ung excellent et grand be del rey et de la causa publica; et que de largent fu prestat, per la villa, aux merchans de la borsa commune; soes assaber, la soma de quatre vingtz et delz escutz, quant M. de Foulx venguetz executar larrest contra M. de Mailhe, et, lannada passada, los dichs merchans en avian paguat et retornat a la villa, XXVIII escutz, et resten LXII escutz et XV sols; et per so que la vila a a pagar, als manobriers del dich pont, et la villa no a point de deniers, per lor beylat, an requesta los dichs merchans de la borsa

 

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communa, que volguessan tornar (a) la dicha villa, ho fi no poden lo tot, una partida de la dicha soma, per la applicquar al dich pont. Los dich merchans dessus nompmatz, an offert de vendre de la sal de la borsa communa, et de ne beylar una partida a la dicha villa.

Plus, es remostrat, que la villa a plusiours subcidis et negocis, en la present annada, et que no y a point asses deniers per fornir als dichs negocis, car el resta grand argen a beylar als manobriers, que an pres de far lo dich pont, et que an trames a Paris, XXX liouras per Granval, et que avian a bastir lo pont de Malbec, et autres plusiours negocis; et per so, ques de far. Es estat avizat, per totz los precedens juratz, et arrestat dune oppinion et consentement, que Messgrs los dichs cossols, fassan ung tailh rasonable, aven regard aux negocis de la villa, et que se fassa del prumier jour, et que y syan convoquatz la plus gens notables de chascun quartier de la present villa, coma es estat acoustumat de far, et que la dicha tailha se leve a tres pactes et termes,

 

16 Janvier

Los dichs cossols an remostrat aux dichs juratz, que hault et puissant senhor, Monsgr de Granholz devya, al jour duey, arribat en la present villa; et per so, si lon yra point a lendevan

 

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lo saludar, et acompanhar, et si lon ly fara point aulcun prezen. Es disch et arrestat, que actendut que, lo dich senhor de Granholz es senhor del present pays, et es cappiteny del chastel del rey de Bregeyrat, que douze personnacges, ou plus, de apparensa, anen lo saludar a lendavan, et que la villa ly done per maniera de prezen gratuit, ung tonel de vyn du meilhor que se trobara, ung tonel de sivada, et una docgena de torchas, meja docgena de motos, et autant de chappos.

Plus an remostrat que fray Peyra Barriac, local a predicat aquest advent darrier passat a Bregeyrat, que lon ly fezes alcune olmoyne, car il a deliberat de anar studiar a Paris. Es dich que la villa ly dones LX sols, per aver ung habit.

 

16 Janvier

An remostrat, que la villa a privilege expres, que lo juge ordinari de Bregeyrat, ou son lieutenent, quant a aulcuns criminos en preyso, a los examinar, et far lors proces, y deu convoquatz dos cossols ou plus, et que mestre Ay. de la Balma, lieutenent del juge ordinari de Bregeyrat, a examinar plusiours criminos, et fach lo proces, al chastel del rey, a Bregeyrat, ses y convoquat aulcun cossol; et aussi se entremect de conoysse, de far curar et reparar las carieyras, et chamys, de Bregeyrat, et per so, ques

 

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de far. Es dich que lon ho remostre al dich de la Balma, affin que, avant que lon lo mecta en proces, que el fassa la razo de se metis, so que es estat fach et remostrat al dich de la Balma. Local de la Balma a dich, que lon ly remostres larticle del dich privilegy, et a offert de far et obeyr, a so que sera contengut, al dich article de privilegy.

Plus remostren, que venerable et religiousa personna, frayre Johan Riquery, maistre en teologia, et gardea del covent delz frayres menors de Montinhat, a trames una lectra missiva, per lacala supplia a la villa, de ly concedir la chadieyra, per la caresma prochen venent. Es dich a qui metis, que lo mestre reverend dels predicadors de Bregeyrat la demanda, et offre de predicar, et non demanda re, et per so, que lon fassa responsa, al dich gardea de Montinhat, que lo mestre reverend delz predicadors la demandada.

 

27 Janvier

Remostren que maistre Pierre Poulhac, maistre es ars de Parys, a bailhat a messgrs los cossols, una supplicacion de luy conferir las escolas, de lan prochen venent, veu et actendu, que lan present y a agut morina a lentorn desta villa, et na point grandement proffitat. Es dich, que ung aultre jour, messgrs los cossols ly faran responsa.

 

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3 Février

Et ossi, sont estatz convocatz, los tres covents de la present villa, et aultres gens deglize, per los sergens de la villa, et per so, sont estatz presents: Frayre Naudy del Verdier, pour et au nom del prior del covent dels predicadors, frayre Johan Gaultier, gardea del covent dels frayres menors de Bregeyrat, frayre Peyrot Brye, soubz priour del covent dels Carmes de Bregeyrat, M. Gerault Del Puech, rector de Sainct Mayme, et M. Johan Saige, rector de sanct Laurens.

Messgrs los cossols dessus nompnatz, an dich et remostrat que, longtemps a, era estat dit que lon fezes ung tailh, sur los habitans de la present villa, tant per la reparacion et faction de pon a boys de Bregeyrat, que per reparar lo cap del pon de la porta de Malbec, et aultras reparacions; et no era point estat dit, jusques a cala soma lon faria lo dich tailh; et per so, requerian que los dichs juratz, en aguessen a ordenar, et deliberar la dicha soma.

Plus que messgrs deglize, dessus nompnatz, agan a beylar lor consentiment de contribuir a la reparacion del dich pon, per maniera de adjuda. Los cals an dit que en convercarion aux aultres frayres et religios de lors covents, et farian responsa a la villa per tot lo jour de dema.

 

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Et MM. los juratz, son estatz de oppinion que lo tailh sia fach, jusques a la soma de cinq cens, a sieys cens liures, et que sia levat a dos pactes et termes.

Plus, es estat remostrat, que maistre Pierre Paulhac, mestre es ars de Paris, demanda responsa de sa supplicacion, de ly conferir las dichas escolas, per lan prochen venent.

Et maistre Johan Robbert a fach requesta, per honorable et discrete personna, maistre Peyre de Furno, maistre es ars a Parys, de ly conferir las dichas escolas, car el avia agut lectra, et era home de bien, per lor regir et governas los clercs. La major partida a dit, que lo dich Poulhac era home de be, et que governava et regissia he sos clercs, et daultres disian lo contrary; et per so, es dit que los cossols se enformaran de la vertat, et si troben et conoyssent que regissa be, que aga ben regist lannada passada, que ly conferissan las dichas escolas.

Lo dich jour, los dichs cossols se son informatz de la vita et regiment del dich Poulhac, et per so que an trobat, que avia ben regit lannada passada, ly an conferit, per lan prochen, las dichas escolas.

 

15 Mars

A cette jurade, outre les huit consuls et trente et quelques jurats, assistaient les gens d'église,

 

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dont les noms suivent: M. B. Rigolena, rector de Sainct Aulalie (Sainte Aulaye), M. J. Sapientis, rector de Sainct Laurens, M. Estene de Chanarlagas, rector de Crueyssa, M. J. de La Crup, rector de la Monzia, M. Tholmeon Del Puech, rector de Monhazalha, fray Amaniou Deschamps, prior del covent dels predicadors, fray Girault de Barriat, procurayre del dich covent, fray Johan Gaultier, gardea del covent dels frayres menors, et fray Jatme Reynier, del dich covent. Et ossi M. lo prior de Sainct Marty, lo comandayre de Sainct Anthony, lo comandayre del Sainct Esperit, et toutz los aultres gens deglize de la dicha villa, mandatz per los dichs sergens, loscalz no son point vengutz.

Alscals gens deglize, messgrs los cossols an ditz, que chascun en dret de se, agues a declarar la soma dargen que lor pleyria de pagar et beylar a la villa, a causa de la faction del pon de Dordoigne, de Bregeyrat, per manieyra de tailh, o de ajuda. Los dichs conventuals, per els et per lo covont dels Carmes, an ditz et fach responsa, que els avian parlat ensemble, et a naquest affar del dich pont, els eran contemps de portar et donar una soma rasonnabla, segon lor possibilitat, aven regard a lors aultras cargas del dich covent, et a quo per maniera de donation gratuit et ajuda, et non point per maniera de tailha; et apres que messgrs los cossols an agut parlat an delhs, secretement, es estat

 

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conclus, que chascuu covent ajudaria, et beylaria, a la dicha obra, la soma de VII liouras X sols.

Et tant que tochan los aultres gens deglize, dessus nompmatz, an consentit de ajudar, segon lor possibilitat, et per so, son estatz cotizat, a part, per maniera de ajuda, et de talh, gratuitement, las somas contengudas al rolle sur so fach.

 

31 Mars 1503

Es estat remostrat, que Fornier (jurat) et Maurans (consul), son estatz a Perigueulx, per remostrar a MM. del chapitre, que ajuden a bastir lo pon. Loscalz an fach responsa, que per Pascas, lung dels vendra, per delivrar so que auran deliberat de donar.

 

Mardi de Pâques 18 Avril

An remostrat los dichs cossols, als juratz, cala soma donarian al reverend payre, que a predicat aquest caresme, esta villa. Es estat dit et arrestat, que la villa ly dona, oltra las questas, X liouras.

 

8 Mai

Los dichs cossols remostren als dichs juratz, que M. lo loctenent de M. lo seneschal de Perigort, al siege de Bregeyrat, vol anar tener la

 

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cort al chastel; si no, que lon ly provizisca daultre luoc competen; car, lo parquet es petit. Es dich que no seria pas bo, que anes tener al chastel (chateau du gouverneur situé où se trouvent les quais actuels de la ville), et que lon avize luoc competen en la villa, por bastir ung parquet, et que lon y convocque MM. los officiers du roy, loscals als despens del rey N.S., lo deven far bastir, et non pas la villa.

Plus remostren, si faran portiers, per gardar las portas de la villa, actendu que y a brutz de morina a lentorn de la villa. Es dich que lon fassa gardar las portas, si y a dangier de morina.

 

10 Mai

Es estat remostrat, que hault et puissant senhor monsgr de Graignoulx, coma cappiteny del chastel del rey de la present ville, a obtengudas certanas lectras royale, per lascallas se intitulava cappiteny de la villa de Bregeyrat, al moyan de lascalas sesforcava prendre la cougnoissensa de las muralhas et fossatz de la villa, et aultras choses en surprenant sur los privilegis. Es estat dit et deliberat, que si monsgr de Graignoulx, parten contra la villa a surprendre contra la tenor dels privilegis, et las costumas ancianas, que lon sen deffendra per justice, an bon conseilh.

 

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Et a qui metis, toutz et chascun los dessus nompmatz, en fach et dit, constitution et ordenansa, de lor consentiment, per els et los aultres merchans frequentant lo fluvy de Dordouhia, que dores en avant, a nully (à personne), no sera permys de cargar, ny mectre en son veyssel, et coral, a Liborna, de sal, plus hault et oultra IX quartz de sal, affin que nul no puesca fraudar lautre, et que la consequensa de pagar lo peage de Castilhon, no sia augmentada; et a neysso, se son sobmiz a la pena, de applicar lo surplus de la sal, que apportaran, oultre los dichs IX quartz, a la borce comuna, per ampleyar als negocis et proces de la dicha borsa comuna. Et aneyssi, lan promes, jurat far tener et observat.

 

22 Mai

Es remostrat de amasser lo blat de la caritat, per far laulmoyna acostumada, lo jour et festa de la Pandagosta, et que aulcuns, et entre aultres lo senhor d'Estissat, contredisen de pagar lo blat, que deven a lo dicha caritat; et per so, que es de far. Es dit, que lon acomplisca de far lo dich pa de la caritat, et que chascun pague en son endret.

 

22 Juin

Es estat remostrat, de mectre ordre a los processions, de so que los predicadors no volen

 

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permectre, que los clercs anen davant los paubres. Es dich que lon y convoque los graduatz clercs de la villa, coma Sainct Mayme, Clotas, lo prior de Sainct Marty, et rector et aultres, et ossi los predicadors, et que lon y meta bon ordre; car el es razo que los clers soffizens que volen chantar messa, anen davant los paubres, car aneyssi es estat costumat.

 

Dépenses diverses relevées dans le budget de l'année 1502-1503

 

Prumierament, per so que es de costuma, de far far tres processions generalas, apres la novela creacion dels cossols; lo darrier jour del mes de julhet, lan sus dit, fu facha la prumiera procession, et fu donat a disnard als predicadors, coma es acostumat, et fu despendut en tot XLII sols X deniers, car lo vy era car.

Lo secon jour del dich mes (août), Aymeric Ribiera sergent royal et de la villa, anet a Pregon Riou, inhibar als gabarriers de la present villa et de Lalinda, de no se approchar de la present villa, oltra lo luec limitat, per so que venyan de Liborna; et despendet VIII deniers.

Lo Vme jour dost, venguet en villa M. lo cappiteny de Castilho, loctenent de M. de Ribeyrat, an certans aultres sos servitors, et fu dich que la villa lo desfrayeria de lostalaria de chas Giro,

 

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et costet, oltra lo peysso que Tailhaven avia donat, la soma de XXXIV sols IV deniers.

Lo VIIme jour del dich mes, fu facha la seconda procession, et fu donat a disnar aux frayres menors, et fu despendut per tot XLI sols, II deniers.

Lo XIV jour del dich mes, fu facha la tersa procession, et per lo disnar aux frayres Carmes, et per lo tot, fu despendut XLIII sols IX deniers.

Lo second jour del dich mes (octobre), furen trames dos homes en la perrosia de Pregon Riou, per sabelir ung home, que era mort dessoubz ung perier, et disian que era mort de pesta, et fu fach mercat en XV sols.

Plus, per far una almoyna, a tres paubres que eran al Sainct Esperit, per so que lon se crengna que aguessan la pesta, et morian de fan, XV deniers.

Lo XXVIIIme jour del dich mes (novembre), fu beylat a Sacquo, manda de la villa, una lioura de candela, per veyre a nar sonar la retracha, que costeren XII deniers.

Lo dich jour, per far amenar, et tornar la porta del Porditas, que laygua avia davalada a Teulieyra, et costet XVI deniers.

Lo VIIme jour del dich mes de decembre, furen crompadas IX liouras de cera, per far quatre ciris per pagar lo vot que M. Johan Salvirat avia fach, del consentiment de la jurada, affin

 

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que Diou nous gardes de pesta; et costeren XXXVII sols.

Per far obrar la cera sus dicta, a Pierre Ruault, fu pagat IV sols.

Lo XIX jour del dich mes, fut mes lo dich vot a execution, et furen dichas quatre messas, soes assaber: aux Carmes doas, et a Sainct Jatme aultras doas, coma era ordenat, per lo dich que avia fach lo dich vot, et fu donat a disnar aux dichs capelas, en la companho de dos cossols, et despenderent, tant per las messas que per lo dinar, XIII sols, VI deniers.

Lo XXXme del dich mes (janvier), aribet a Bregeyrat M. de Granhols, et per la deliberacion de la jurada, ly fu presentat et donat, so que sen set: primo, quatre barriquas de vy blanc et claret, fusta et vy, que costeren, compres louliage, VII liouras, XVIII sols.

Plus docge torchas de cere, que costet, cere et feysso, XLIX sols.

Plus, per una docgena de capos, costerent XX sols.

Plus, VI motons, que furnit Aymeric de Cabanat, que valen III liouras, XV sols.

Plus, per doas pipas de sivada, III liouras, XV sols.

Lo XXIIIme jour del dich mes, fu retirat lo chaval de la villa que era fort gastat, per lo reparar, per lo beylar a Granval, per lo trametre a Paris, et fu tengut, XII jours, a lestable, dont

 

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avya quatre picotys de sivada per jour, et despendet, en fe et sivada, et governament, en tot XII sols.

Lo ters jour de mars, fu pagat als sergens que avian fach comandemen, als bohesmys (bohémiens) de voydar la villa, X deniers.

Lo XVIIme jour del dich mes de avril, per los sergens que feren arengar la gens a la procession, que se fassia per la patz, X deniers.

Lo dich jour, fu beylat a la filha del Platyr, per ausmoyna, que avia noyrit una filha, que no savian dont era, II sols.

Lo dich jour (9 mai), anaren dos cossols et ung home, veyre doas tronssas (pièces de bois) a Gratalop, per las applicar als pons de las portas de Bregerat, et feren lo mercat, et despenderent a disnar II sols.

Juillet: Plus, lo dich jour, per una cadena de fert, contenent XVIII brassas, per aplicar a retenir los vayssels del pon, an pagat XIII liouras, X sols.

 

Budget

Dépenses: XIIC VII livres X sols IX deniers; soit, 1207 livres, dix sols, neuf deniers.

Recettes: XIIIC XLVIII livres I sols IX deniers; soit, treize cent quarante-huit livres, un sol, neuf deniers.

 

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1504-1505

 

Afferme du pont

 

« S'ensuivent les articles passés et arrêtés, entre les consuls et jurats de la présent ville, d'une part; Et Pierre Livardie, bourgeois et habitant de la dite ville, d'autre part, a cause du pont à bateaulx de Bregerat.

Et, premièrement, a esté dit que le dit Peyrot Livardie, aura, pour afferme, le dit pont et pontonaige, pour troys ans conséquitifs, et levera le prouffit et utilité dicelluy.

Item. - Sera tenu de garder et faire garder le dit pont des innondacions, et aultrement, durant le dit temps, monter et descendre, et gecter leau du dedans.

Item. - A esté dit, que, quant adviendra aucune grande innondacion de eau, qui porroit porter domage au dit pont, la ville sera tenue de luy ayder, et bailler gens pour la conservacion du dit pont, et ce, aux despens de la ville.

Item. - Et en advenant que la ville reffuze de luy bailler gens pour deffendre le dit pont, es grandes innondacions, comme dessus est dit, le dit Livardie porra louer les gens qu'il verra estre necessaires à la garde du pont, aux dépends de la dite ville.

Item. - Sera tenue la ville de fornir les

 

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chaînes et capbles qu'il appartiendra, pour l'entretenement du dit pont; et, si la ville ne le veult faire, qu'il le puisse fère, aux despens de la ville, et en déduction de la somme de son afferme.

Item. - Et sera tenu le dit Livardie de retirer les capbles après les innondacions, et les accoter et abilher qu'ils ne se porissent.

Item. - Et la ville sera tenue de tenir les vaysseaulx réparés.

Item. - Et ce, pour le prix et somme de VIC (600) livres tournoises pour les dites troys années, dont, pour la réparacion du dit pont qui est tres nécessaire, et pour poyer de la somme qu'est deue à ceulx qui ont fait le dit pont, poyera et avancera aux dits consuls, la somme de six vingt livres (cent vingt francs); et touchant les IVXX (80) livres qui resteront a poyer pour la première année, poyera les XL livres au jour du mardy gras, et les aultres XL livres a Saint Jehan prochain venant; et les IVC (400) livres qui resteront, se poyeront dedans les deux ans, c'est assavoir, chascun an, IIC livres par quarterons (chaque trimestre), c'est assavoir, a chascun quart de an, la quarte partie des dites IIC livres.

Item. - Plus, a esté dit, que si la ville avoyt provision du roy, de accroistre le esmolumen, qui se leve à present du dit pont, affin de bastir et restaurer le pont à pierre, durant les dits troys

 

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ans, que le dit Livardie accroistra la dite somme de afferme, pro rata augmentacionis.

Item. - Et les bourgeois et habitants de la ville, bourg et faulx bourgs, et aultres du dehors, qui ont coustume estre francs et ne poyer point pontonage, ni passage, que iceux demeureront frantz.

Item. - A esté dit, que le dit Livardie bailliera pleges (cautions) sousfisantes.

Item. - Les consuls ont promis et obligé tous et chascuns les biens de la dite ville, de tenir et laisser la dite afferme au dit assensant (fermier).

Item. - Le dit Livardie sera quite de toute manouvre de la ville. »

 

Les bouchers royaux et les bouchers chevriers ou bouchers sales, prêtèrent serment le même jour.

Dans les règlements imposés aux bouchers royaux, on trouve:

 

Et si se troba en tailhant, ung porc ladre, no serah tengutz de lo vendre, mas lo faran vendre al loc de la chabraria, per los chabriers, o ung aultre home, si los chabriers son empachatz de vendre lor carns. Et sera taxat, per ung cossol, quant en deu aver lo chabrier, si no sen poden accordar.

 

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14 Septembre

Es estat remostrat, per MM. los cossols, que entre digos asse et divendre darrier passat, enviro mynuyt, aucuns portant lansas et aultres arneys, an romput laygua del riou del Caudaou, et lan facha dirivar per los fossatz, dont lo moly de la villa a estat de molre tota una nuyt, et ossi los aultres molys de la villa, et es dit que es de far.

Il fut arrêté, que dorénavant on ne prendrait de l'eau du ruisseau, que lorsqu'il y en aurait suffisamment, et que les meuniers de la ville l'auraient permis.

Lo dit jour preceden, estant sur lo pont de Bregerat, sur Dordoigne, les dits Gervaix et Balma, loctenents del juge ordenary de Bregerat, pour ce que leur a apparu que certains pals (pieux), mes en la ribiere de Dordoigne, sous lo dit pont, et viz a viz de la meyso de mestre Helias Mosnier, sont noysibles a la cause publicque, et sont cause de far perir ung vayssel dung nompnat Grezas, avons donnat permission aux gabarriers de tolre (enlever) et ostar daquy.

 

30 Septembre

Plus remostrent, que la tor et portal de Parditas, se laysse tombar, et Bertrand de Ribiére

 

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offre de la reparar, pourveu que lon ly donne permission de y far ung colunbier (colombier) dessus et de en donar certains pichos (pigeons). La major partida a dit, que la ville luy arrente al dit de Ribiere, le dit portal, en remise compétente, pourveu quil le tiendra réparé, et y porra faire ung colunbier, pourveu que en cas de eminent périlh, la ville la porra prandre a sa main.

 

3 Octobre

Remostren de aver des companhos a gaiges aux despens du roy et de la ville, pour administré justice et prandre ceulx qui vont de nuyt en brigantinas et arnez, et font ostrages aux pouvres gens. Es dit que lon aya six companhons à gaiges, et que ayent II livres chascun, et que le roy el la ville les paye, c'est assavoir la ville la moytie, et le roy, laultre.

 

14 Octobre

Remostren que, ung payre reveren del covent dels frayres menors de Perigueulx, a demandar los sermos de ladvent. Es dit et oppinast que lon no lo mande point, et que si vet, que la villa no entencion de ly donar re, si non las aumoynas de las gens.

Le même jour, Livardie le fermier du pont,

 

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et plusieurs autres, sont reçus bourgeois de la ville, et s'engagent par serment, et pour payer leur droit de bourgeoisie, à faire faire pour le pont à bateaux, une chaîne longue de quinze brasses, d'ici a la Saint Martin, et, en tout, semblable a celles qui y sont déjà.

Remonstrent aussi, que ung nommé Jehan Fransolle, dit le Boeymat, ung nommé Bordas de la Baulme, et plusieurs autres en grant nombre, mauvais garssons et bundoliers, armez de brigandines, arbalestes, javellines, dagues et espees, despuis peu de temps en ça, vont de nuyt, aucunes foys, a lheure de my-nuyt, aultres foys de dix heures jusqnes à deux, ou troys heures après my-nuyt, parmy les rues de ceste ville, et batent et frappent les pauvres gens, et tirent les pierres par les fenestres des pouvres gens, tellement que arrivée la nuyt, n'ausent sortir aux fenestres ny à la rue, et aussi rompent les portes de plusieurs pouvres gens, et font de grans exécrables et énormes maulx, crimes et excès, dont beaucoup de pouvres gens en sont tout grandement foullés et molestés; et sur lesquelles excès auroit esté faictes plusieurs informations, tant par arrest de la cour du dit juge ordinaire et du séneschal, et decretz et copies avons plusieurs; mais à cause de ce que les officiers du roy, en la dite ville, n'avaient la main forte, les dits décrets ne pouvaient estre exécutés; et pour ce, que chascun en aye à dire

 

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son advis, oppinion et délibération, et qu'est de faire. Et oyé la dite remonstrance, tous, chascun, consuls et jurés dessus nommés, univocquement, l'ung après l'autre, ont oppiné, avizé et délibéré, et par leur oppinion, advis et univoque délibération, ont conclu pour le bien du roy, de la justice et de la chose publicque, que soyt faicte inhibition et deffense, de par le roy, à toute manière de gens, de quelque estat et condicion quils soyent, qu'ils ne soient si auzés, ni hardis, de aller, de nuyt, par la ville, armés, ni aultrement, sens feu, despuis que huit heures seront sonnées; et ce, à la peyne de prison, et que soyt crié, à son de trompe, aux quarrefortz de la présent ville, et que soyent commys et depputés six compagnons, abillés, de la présent ville, aux despens du roy et de la ville, à gaiges, et ce, pour la garde de la dite ville; lesquels passeront une foys, ou plusieurs, la nuyt, parmy la dite ville, pour voir si trouveront aucuns qui facent contre les dites inhibitions, et ceulx qui trouveront, que soient menés et conduits au chasteau du roy. Le lendemain, ceux dont les noms suivent, furent nommés gardes de la ville: Pierre Mathieu, dit Réquillou, Jean Teyssandier, Jean Flotes, Gerault Teyssandier, Jean Denugat et François Bonhomme; ces gardiens recevaient six livres par mois.

 

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23 Octobre

Remostren, que lo procurayre del rey a requesta, que la villa fassa far una meyso per las famas comunas, vist los mals que se fay per elas en plusiors pars, que demoren en las meysos de famas de bien. Es dit et oppinast, que sera be fach, que la villa la fassa far, si se troba luoc expert, et que en leve subcidis.

Plus, remostren que mestre Johan de Viavelha, appothecaire de Sarlat, se offre de venir demorar en ceste villa, et uzer de son mestier de ypothecaire, et tenir la ville bien fournie, pourveu que la villa lo tenya franc, coma a laultre poticary, que es en villa. Es dit et oppinast, que sia ressembut, et que venya, et que sia tengut franc de tot subssidy de villa, per cinq ans.

Lo marit de Troiy fay remostrar, que si lon ly vol donar permission de far una fenestra estrecha, en maniera de lucarna, en la murailha que la villa fay bastir el Mercadilh, en drech de sa meyso, haulte pres dels craneaulx, que el donara de renda a la caritat, de lannada, III sols; plus vol beylar doas bariquas de vy, et fornira los cartiers. Es dit et oppinat que lon lo receba.

 

17 Novembre

Remostrent, que las lectras que monsgr lo seneschal de Peregort, Loys Sorbier, fezet et

 

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concedit, sobre las limitas del siege de Bregeyrat dont tota la jurisdiction de Mont Ravel y es compresa, et los officiers de Perigueulx loccupen, sont est estadas trobadas, et son singnadas per lo dit seneschal, Baylini, loctenent general et polisse, et de so que no venen esta villa, la causa publica y es enteressada.

Bernard Del Puech, surgien (chirurgien), fay remostrat, que, l'an passat, del commnandament dels cossols, anet visitar ung Guilhaumes, vaylet de motos, que disian que avia la bossa, et demanda estre recompensat. Es dich, que la villa, sil y a affar, lo aura en recomandacion singulière.

Plus, remostren los cossols de Gensac, que el temps que la dama de Brageyrat era en vita, ella fezet portar los privileges ancias de Gensac, et despueys no los an recubratz; et per so, demanden de los far sercar, a lors despens, per lo los baylar et contentaran la villa.

 

21 Janvier

Remostren que yer, la major partida dels prossias de Sainct Marty, et de Sainct Jatme, consentiren de tenir lo appoinctament tractat an los prior et rector de Sainct Marty et de Sainct Jatme, de Bregeyrat, touchan la dema, nopssaris, et mortuaris, soes assaber: a pagar la vraya dismes, sens aultre, et VI blans de nopssaris,

 

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et III sols de mortuaris, et an dona carga als cossols, de ho remostrar. Es dich que lon ane parlar an los dits prior et rector, per saber si volian consentir al dit appoinctament.

Il fut dit aussi que l'évêque de Périgueux (1) étant à Saint-Cyprien (Sainct Cibra), il serait bon de faire en sorte d'obtenir l'officialat.

Plus, remostre Jean Geneste, quel es borzes et a lectra de borgesia, et dy, que ly fan pagar lo passage. Es dit que no sera point franc, sino que fassa fuec et habitation continuella en la present villa.

 

1er Février

M. de Bellegarde dit qu'il a reçu une réponse de monsgr l'Evêque de Périgueux, par laquelle il lui annonce, qu'il sera de retour dans douze ou quatorze jours, et qu'il lui fera plus ample réponse.

Le nommé Pierre Cabrol, apothicaire, demande que la ville le tienne quitte de tout impôt pour dix ans de plus, et qu'à ces conditions il restera dans la ville. La jurade refuse.

 

27 Mars

Es remostrat, del frayre que a predicat lo caresme, si lon luy donara, oulta las quetas,

 

(1) Jean III, Auriens.

 

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que son petitas. Es deliberat que, compresas las quetas, actendut que es vengut de Poytiers, que, tot compres, lon luy done X livres.

 

23 Mai

Es dit que metran los coquis defora, veu et actendut que MM. de Bordeaulx los an gitat defora.

 

15 Juillet

Remostren sy faran vodar la villa, a causa de la morina que es a Bregeyrat, affin que Diou la fassa cessar. Es dit que la villa fassa far, als tres covens, tres processions, entre els, sens assemblar lo poble, et aussi, de far far ung vot, et far dire certanas messas.

Plus, remostren que alcuns moliniers de defora, an rompudas et ressegadas las fustas del riou del Caudaou, que son en lescluse de Pontbono, per far anar laygua a lors molys et la far perdre a la villa.

Il est dit que si la ville peut savoir quels sont ceux qui l'ont fait, de les citer en justice; et qu'en attendant on répare ce qui est rompu avec des bandes de fer.

 

PREMIERES ORDONNANCES EN FRANÇOIS

 

L'on fait inhibition et deffense à tous les manans et habitans de la dite ville, et bourg de la

 

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Magdalene, et de la présente jurisdition, et à tous autres estrangiers, qu'ilz ne soyent si auzés, ni arditz, de achapter les blez qui viendront pour vandre, a la maison de quartières, pour l'entretenement de la chose publicque, qu'il ne soit (sic) en la dite maison de Quartières, que l'heure de onze heures ne soit passée, sur la poene de amende arbitraire, et de V sols a la ville.

Et faict l'enhibition et deffense, que nulle femme de mauvais renon, ne soit si auzée, ny ardie, de tenir pain à vandre, sur poene de rompre et despesser leur pain, et bailler aux pouvres et de l'esmende.

Plus, l'on faict inhibition et deffense aux bocchiers de la dite ville et bourg, qu'ilz n'ayent à vandre bestes morbozes, ne vicieuses, ne a plus grant prix qu'elle n'aura esté tauxée; et qu'ilz n'ayent à souffler, ne anfler de vent, les motons pour les escourger et vandre, et aussi, dores en avant, vandre motons qui ne soyent bien francs, sur poene de amende arbitraire, et V sols à la ville.

Plus, l'on faict inhibition et deffense, sur mesmes poenes, a toutes les femmes de la présent ville, et du dit bourg, qu'elles n'ayent aller laver draps, ne linges, ne trippes de bestailh, ne mectre aulcunes ordures et immondicités aux fons de la présent ville et bourg, qui servent pour le bien publy.

Item. - Que nully hostallier n'aye à rechapter

 

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aucuns larrons, lacays, badolliers, ne hommes dissoluz.

Aussi, l'on faict inhibition et deffense à toute manière de gens, que nully ne soit si auzé, de soy trouver, de nuyt, par la ville, ne sur pont de Dordoigne, sans feu, sur la poene de amende arbitraire au roy, et V sols à la ville.

Et aussi de porter dague, espée, ou lance, ne aucuns arnoiz par la ville, si n'est foren, où à qui est permys, comme sergens et aultres de droict.

Item. - L'on faict commandement à tous coquins, bolistans et gens qui n'ont adveu, ne héritages en la present jurisdiction d'icelle, que, du jour en jour, et de heure en heure, ayent a vuyder la ville, sur la poene du foyt, et de amende arbitraire au roy.

L'on fait commandement à tous les habitans de la present ville, que chacun en droit de soy, que demain, par tout le jour, ayent à curer les rues, qu'elles soyent nectes et honnestes, affin que, quant, jeudi prouchain, la procession ordonnée par le roy N.S., en laquelle procession l'on portera le corpus Deus, que l'on puisse aller honnestement et sans aucune incommodité, et ce à la poene de V sols, la moitié au roy, et l'autre moitié à la ville.

Et aussi, que ayent a parer les rues et maisons, tout ainsi que l'on a acoustume de faire le jour du corps de Dieu, et mettre jonquades

 

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ou aultres verdures, chescun en son endroit, par les carrières.

Ces diverses ordonnances furent publiées à son de trompe, le 24 juin 1505.

 

Dépenses diverses relevées dans le budget de l'année 1504-1505

 

Et, premierament, lo XXVme jour del mes de julhet, jour de Sainct Jatme, apres que las afermas furen fachas, los dits cossols agueren dos pichiers de vy, et une miche, per beure en cossolat, et ossi, fu crompada una chandela de ceou, per gardar lo fuec; et costet tout XVI deniers.

Lo XXII jour del dit mes, venguet en aquesta villa madama de La Forssa, et ly fu donar del vy; costet IX deniers.

Lo dit XXII jour del dit mes, fut paguat à Cothy de Medor, per certana grayssa, per engrayssar los vayssels del pon de Bregeyrat, la soma de XVII deniers.

Lo dit jour (7 septembre), se affonzet ung vayssel del pon, car laygua y era intrada, de ung forat de una cavilha que sen era estada, et fu relevat per plusiours gabarriers; et per lor donar a beure costet II sols.

Lo dit jour (11 septembre), es estat beylat a dos homes, per anar querir dos salz de molssa, per mectre als dits vayssels del pon, XII deniers.

Lo dit jour, es estat beylat a Nyantonet de

 

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Gamiaulx, per una pel de motho, per far los guispos (1) per engemar los dits vayssels, XII deniers.

Lo dit jour (13 septembre), fu donat del vy a monsgr de Sainct Avit, a soppar et a disnar; costet XVI deniers.

Lo dit jour (16 septembre), es estat beylat al faure do Lencays, per una cadena de XVI brasses, a XV sols la brassa, XII livres.

Lo jour de Sainct Mathiou (21 septembre), venguet lo clavelier de Cahuzat, et apportet III mesuras de claus; costeren XXVIII sols VI deniers.

Plus, el dit mes, fu paguat al Monart, per far la crida als malsfaitors, de no anar, de nuch, sens candela, et aultras cridas, VI deniers.

Lo dit jour, per una candela, per veyre intrar chas Johan Nadon, per veyre si los malsfaitors y eren, III deniers.

Lo XXIX jour del mes de octobre, fu pagat à M. de Pomareda, per lo dommaige donat, en gectan una pessa de fusta, que era en sa terra, senmanada de blat, et fu aplicada al pont Rot, VII sols VI deniers.

Lo VIII jour del dit mes, aven beylat lo drap

 

(1) De nos jours encore, nos marins nomment guispoul l'espèce de pinceau emmanché au bout d'un baton, qui leur sert à passer le goudron sur les joints des bateaux.

 

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dunas caussas de turquin de Normandia, a Johan Vinzat, per lo sirven de la villa, XXV sols.

Es estat donat, pour Diou, al frayre menor, que avia predicat ladvent, a Bregeyrat, oltra las questas, XXXVII sols VI deniers.

10 janvier. Lo dit jour, aribet en esta villa M. lo provincial dels predicadors, per mectre concordia al dit covent, et luy fu trames del vy, en plusiours vegadas, et costet, V sols.

13 janvier. Lo dit jour, per lo conseilh de la villa, fu donat a disnar al mestre provencial dels predicadors, que era vengut al comandament de la villa, ensemble a tout lo covent, et costet en pa, vi et pictanssa, XXXV sols III deniers.

Lo XXVII jour del mes de avril, fu facha una procession general, per las bonas novelas que agen del rey (Louis XII), de so que avia recobrat la sanctat, et fu facha als Carmes, et fu donat als sergens que fazian arrengar los gens, et anaquel que sonet lo seing, II sols X deniers.

Lo XI jour del mes, que era lo jour de Pandegoste, fu despendut, per lo soppar en cossolat, ont avian convecatz los officiers du roy et suppotz de la court, et plusiours aultres gens de bien de la ville, et per lo vy que fu donat als sirvens, ho per far coze XIX pipas de blat, ont aguet XXIII mille pas ou plus, et per la busqua (le bois), sal, et per lo vy et despensa dels sucquiers quant amassaven lo blat, et per lo portar al moly, tornar la farina, portar lo pa en cossolat,

 

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 et touta la despensa que fu fucha, la vespra de Pandegosta, costet en tot X livres I sol III deniers.

Lo dit jour (22 mai), que era lo jour del corps de Diou, per donar a beure als cossols que porteren lo pabalhio (dais), despenderen III sols III deniers.

Juin. Lo Vme jour del dit mes, fu beylat a Jacques Chivalier, per far commandamen al motonier, que salis (qu'il sorte) de la villa, car era suspect de morbo, lepre, IV sols.

1er juillet. Lo dit jour fu beylat al mestre de las haultas obras, per enterrar ung home que era mort a la porta de Malbet, VI deniers.

Lo XVI jour del dit mes, fu paguat a Arbault lo sergen, per donar larrest als merigliers, al castel, per so que no avian point sonat de bona hora los seings, lo ser que furen tempestadas las vinhas, X deniers.

 

Budget

Les dépenses s'élevèrent à la somme de 848 livres 3 deniers.

Les recettes furent de 845 livres 3 sols 4 deniers.

 

1508-1509

 

Afferme du pont

Lo dretz del pon et pontonage de Brageyrat, an las chargas acostumadas de gittar laygua, et

 

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lo tener necte, et se prendre garda dels dits veyssels et pont, de netz et de jour, et de lo rendre en lestat que es mantenen, que no se perda point en lo deffault de lassensador (du fermier), sauf lusaige que se fay per los passans et repassans, et que avansara XXV livres del prumier jour, et lo residu a quarteyros.

Anthony Merlio, dit Pelomg, fut déclaré fermier, moyennant la somme de quatre cent vingt-cinq livres.

 

26 Juillet

Lo dit jour, les dits consulz, apres deuz remonstrances par eulx faictes à plusieurs juratz de la dite ville, ont prins et accepté, en service de la ville, pour ung an, Giro Teyssandier, pour aller quérir les juratz et aultres, quant seran mandatz, pour le prix de sept livres X sols, pour avoir une roube; plus luy a esté promis ung paire de soulliers.

 

14 Août

Remostren los moulliniers de la Vedela, quilz sont appelant, de so que lor estat rompu lexclusa, et offren de reparar, al dire de gens de bien, et que son excluse demore ainsi que deu demorar. Es dit, arrestatz, et oppinast, que MM. los officiers, cossols et juratz dels plus apparens, se transportaran sur lo luoc et y mectran bon appoinctamen.

 

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Les habitants de Bazet, du Seran, de Cours, Gueylardie et autres lieux, demandent à être exempts du pontonage, sous prétexte qu'ils ont fourni du bois pour la construction du pont de bateaux. Il leur est répondu par la jurade, que si no son borges et habitans de la villa, quilz non seran point francs.

 

Jurade tenue sur le pont

 

Le XXIX jour du moys d'aoust, l'an mil VC et huit (1508), sur le pont de Bregeyrat, sont estés présens, messieurs les consulz, lesquelz ont convocquez et appellez les maistres perriers qui s'ensuyvent: Et primo: Marcial Joheulx, aigé de L (50) ans Jean Chivalier, aigé de XXXVI ans, Thoulme de Martyn, L. Malever, Tando Boyliou, Estienne Bonamit.

Et aussi, sont estés présens, honnorables et saiges personnes, B. Fournier procureur du roy, MM. de la Balme, Bertrand de la Rivière, Mathely de Borzes, Bertrand de Grammont, Pierre Gauchier, maistre Pierre du Queylar, et plusieurs aultres bourgoys et habitans de la dite ville, en la présence desquels les dits consulz ont dit et remonstré aux dits maistres perriers, que en ensuivant la délibération de la présent ville, et conseilers d'icelle, ilz avoyent estez mandés pour visiter le dit pont rompu, de Bregeyrat, pour et affin de scavoir, comment se bastiroyt et combien

 

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de pilles, et s'il y avoit bon fondement, et si la matière ancienne y serviroit.

Item. - Et de quelle largeur et longueur chaque pille.

 

Il est à remarquer que cette jurade, copiée toute entière est écrite en français.

 

6 Septembre

Plus remostren, touchant de beylar a bastir la prumiera pila del pont de Bregeyrat, devers la villa. Es dit que lon la bayle a la candela, al myns dizen, et melhor mercat que lon porra, vocatis officialis regiis.

Plus remostra lo magister do las escolas de Brageyrat, que lon done permission al quartier del Queylar, de obrir la porta Prebostal, a causa dels enfans, per anar voydar lor ventre. Es dit que lo dit quartier del Prebostal, fara gardar lo portonel overt, et quo nagun estrangier no intrara per la dita porta, si non los de la villa, et los dits clercs.

 

11 Septembre

Remostren, Jehan Jacques Francoys Cacault, Chasteau Vert, et Jano Gravière, que, en la veilha de la Nativitat de Nostra Dama darriere passada, en venen avecques leur bateu, chargé de sel, en ceste ville, au long du fleuve de Dordoigne, quant sont estés leurs gabarriers, en la

 

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paroisse de Saincte Eulalie (Ste-Aulaye du Breuilh), et au dret de la borrie de noble Bérart de Secur, conseiller de Bridoyre, leur vayssel a este perilhie, toute lu dite sel, qui costet bien plus de IVXX ou cent francs bourdales, et ce, pour cause de l'empeschement, qui sy est trouvé, assavoir ung pal planté là, où le dit de Secur actachoit son moulyn, ou le y a actaché, et luy fust enjoinct, par M. le président, de l'oster, en exécutant le dit arrest (1); et pour ce, requerent que la bource et scindic d'icelle, ayent à faire réparer les dits dommaiges, et oster le dit empeschement. A esté arresté dict, oppiné, et appoincté, que le dit scindic de la bourse commune, fera repparar les dits intéressez de la dite sel, et impetrera lectres de la chancellerie, pour faire faire information, et les fera décreter par la court et aultrement, comme de justice et de raison.

 

12 Septembre

Granval arriva de Paris où il avait eté envoyé pour défendre les intérêts de la ville, et faire confirmer ses privilèges. La jurade dit:

Restituitz los privileges et exemptions de

 

(1) Quelque temps avant, le parlement de Bordeaux avait donné l'ordre de débarrasser la Dordogne de tous les obstacles qui gênaient la navigation.

 

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tailhas, que avia portat en court, ensemble las letras royals de justice, obtengudas du grant conseilh, signadas per Robertet, et que la signatura ly avia costat dix escutz dor, loscals avia manlevat del capiteny de Chaley eu court, et que no los avia point fachas sagelar, per faulta dargen, car fallia pagar dix sagels, et avian a costar XXXII livres tornoises, los dit delz sagels. Es dit et oppinast, que lon amasse de largen, et que lon envoye en court, del prumier jour, per las far sagellar.

 

28 Septembre

Remostren si bailleront et délivreront à bastir la première pille, devers le pont a Brageyrat, à Bonamit, de faire le tout a XIIC (1200) livres. Es dit que l'on la baille à M livres, ou, si non, que la ville la face faire, au dit prix de XIIC livres.

 

29 Septembre

Le dit jour les dits, M. le procureur du roy et MM. les consuls, ont narré, et dit, et donné entendre, comment l'on avoit faict crier par la ville, aux quarrefortz costumés, par plusieurs foys, faict assavoir de bailler à bastir la première pille du cousté de la ville, aux moins mectans, et de la délivrer, pourveu que la ville la porra

 

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prandre pour le prix, si bon luy semble; et pour ce que, Pierre Liton et Estienne Bonamit, ont offert de la faire pour XIIC livres, et fut différé jusques à aujourd'huy, pour la délivrer, pour scavoir si l'on an porroit avoir meilleur marché; et pour ce, au toct du seing (au son de la cloche), se sont assemblés lea dessus nommez, et a esté offert à la délivrer aux moins mectans, et ont faict allumer la chandelle, et les dits Liton et Bonamit, ont dit qu'ilz ne la feroyent point, moins de XIC livres le tout. Et pour ce, MM. les consulz l'ont prinse à faire, pour le dit prix au XIC livres, du consentement des juratz de la dite ville. Et y mectront deux maistres ou mannouvriers.

 

3 Octobre

Remonstren MM. les consulz, que M. l'official de Perigueulx, a mandat a mestre Bernard Guy, que nos disses, que lo dit official vol venir ycy, jeudi et vendredy prochains, tenir court, esta ville, et es dangier del luoc ont vet, et de ceulx qui le suyvront; et pour ce, qu'es de faire. Il fut arrêté qu'on laisserait entrer monsgr l'évêque de Périgueux, et qu'on n'ouvrirait que deux portes de la ville, lesquelles seraient bien gardées.

Il fut aussi défendu, de tuer des pourceaux dans l'intérieur de la ville; toutes ces précautions

 

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étaient prises contre la peste qui sévissait aux environs.

 

25 Octobre

Les dits juratz et conseillers ont dit, que, pour ce que MM. les consulz de nostre ville, avoyent prins à bastir une pille du pont de Bregeyrat, qu'ilz l'eussent à faire dedans leur année, et qu'ilz eussent à faire une taille du premier jour, jusques à cinq cens livres, pour l'appliquer, tant à la dite pille, que à aultres réparations de la dite ville, et que y ayent à mectre et depputer ung ou deux personnaiges à la lever, aultres que les consulz, autrement on proteste contre les dits consulz.

 

30 Octobre

Le nommé Jehan Lobot, dit Tastavy, ayant porté, dans son bateau, plus de sel, que ne le permettait le règlement fait par les consuls et les jurats, il fut arrêté et ordonné per MM. los juratz et merchans quil a excedit et troncat le dit édit, et poyera de eymende pour ceste foy, quatre charges de sel à la bource commune. Et a esté renovellé le dit serment et edit, c'est assavoir, que chescun ne sera si auzé, ne sy hardy, dores en avant, de porter plus hault, pour chascun vayssel, de IX quartz de sel, et les eyminas des gabarriers.

 

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4 Décembre

Remonstran MM. les consulz aux dits conseillers et jurez, le contenu en certaines lectres missives, envoyées par M. de Chateau Bouchet, à M. de Plaisance, et aussi le dit M. de Plaisance, a MM. de Bregerat, touchant de avoir officialat a Bregerat: et, en effet et substance, contiennent que monsgr de Périgueulx, veult donner officialat a Bregerat, tant que durera le baylliaige de Bregerat, et que des gens de bien aillent parler en monsgr de Périgueulx, a Chasteau Boucher, pour traiter si pourront point avoir plus ample limite. Es dit, arrestat, et oppinast, que lon envoye ung dos principale consulz, et ung aultre homme de bien, clerc, devers monsgr de Perigueulx, pour aller appoincter, et quilz portent la lectre du bayliaige de Bregerat, et des actes, comment y souloit avoir officialat.

Aussi, remostren que lo magister de lescolle, desta ville, sen vay a Paris, et si volen mandar al frayre del dit mestre de lescolle, qui est maistre masson, que viengne jusques ycy, pour avoir son advis et deliberation du bastiment du pont de ceste ville. Es dit que lon lo mande, et il aura III sols tornois pour jour ouvrier, une pipe de blé, moitié froment et moitié seigle, une pipe de vyn et II escuts pour la pitanse, et ce pour ung an,

 

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Plus, maistre Pierre du Queylar, scindic de Sainct Jatme, fay requesta, que la ville aya a donar, pour Diou, al bastiment de Sainct Jatme, une charge de blé. La jurade fit, veu la necessitat, droit à cette requête.

 

28 Décembre

A esté remonstré, par MM. les consulz, aux juratz, et conseillers dessus nommés, que, yer, devers le soir, arriva en ceste ville, ung eyrault, de par le roy, qui nous a baillez certaines lectres missives du roy, données à Bloy, le IX jour de décembre dernier passé, par lesquelles, en substance, nous mande expressement, que nous ayons a contribuer à faire ung navire, sino nef, avecque ceulx de Libourne, Blaye, Bourg, Sainct Milhon et Saincte Foy; et que, à ce, sera envoyé commissaire, monsgr l'admiral de France, et monsgr de la Trémolhie. Aussi nous en a envoyé lectres missives, par ung chevaucheur du roy, nommé Guillaume Gentilz. Et après plusieurs altercations, a esté arresté et oppiné, que MM. les consulz, au nom de la ville, envoyeront, en court, messaige et personnaige expres, avecques bonnes mémoires, et bonne actestacion des infortunes qui sont estez au presente ville et pays, despuis cinq ans en ça, tant de grelles, gellées, mortalités de peste, et aultres, de la réparation du pont et aultres; et soy adresser,

 

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premièrement, devers le commissaire, pour soy faire exempter du dit tribut, ou, si non, de appoincter en une petite somme, ou de avoir aydes et aultres provision, qu'il porra avoir, et que porte lectres missives de la ville, addressantes aux seigneurs de Grangnoulx, d'Estissat et aultres. Et touchant le chevaucheur, que le clerc luy baillera certiffiance, comment avons receues de luy les dites lectres, et qu'il soy desfrayer.

 

5 Février

Les consuls sont prévenus, que MM. Rostainh et Jean Moreau, commissaires, députés par le roi, pour taxer les diverses villes, qui doivent aider à la construction d'un navire, sont arrivés à Bordeaux, et qu'un ou deux de nos consuls, devront se trouver dans cette ville, le huit du présent mois, pour ouïr ce que ces commissaires auront à leur dire. Es dit, oppinast, et arrestat, que troys personnages, des plus apparans, assavoir est, les dits Fournier, Rivière, et Bouchaud, yront à Bourdeaulx, parler avecques les dits Rostainh et Jean Moreau, commissaires, et pour y faire mectre la moindre somme que pourront.

Et aussi remonstre Arnaud du Castanet, qu'il arriva, yer, d'an court, pour l'affaire que la ville lavoyt envoyé, pour obtenir exemption de ne fournir au dit navire, veues les charges que la

 

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dite ville a, et infortunes, à la ville venuez, de peste, gresle, famine, etc. Et a obtenu seulement permission de avoir pour ayde, les villes de Périgneux, Aymet et Lencays.

Est dit et oppinast comme dessus, et que la dite commission du nostre provision, ne sera point monstrée aux dits commissaires, jusques à ce que la somme sera cotisée au dit Bregeyrat, et, puis après, sera monstrée.

Aussi a esté remonstré, que le seigneur de Mont-Réal, a obtenu certaines lectres du roy, pour tenir et joyr de Maurens, et qu'est de faire. A esté dit que le procureur du roy, au présent siège, en appellera et relevera à la court.

 

13 Février

Les commissaires chargés de la taxe du navire, imposent cinq cents livres sur notre cité. Cette somme devait être versée à la mi-carême.

 

16 Mars

Es estat ressambut Bertrand Bos, a sonar lo seing de cossolat, alx gaiges acostumatz, et a prestat lo serment acostumat.

 

19 Mars

Remonstren, que Queylar (délégué des consuls de Bergerac), arribet de Bourdeaulx,dissacde

 

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dernièrement passé, et que lappointement de M. de Rostaing, est quil a condempné ceulx dAymet et de Lancays en L livres, assavoir est: chascun deulx XXV livres, et ceulx de Perigueulx en IIC livres, dedans XV jours prochains venant, pourveu que bailleront pleges a restituer aux dits de Perigueulx, la dite somme, si est dit en fin de cause. Es dit, oppinast et arrestat, que los cossols, Bochaud et J. de La Crup, yran a Liborne, et portaran al mage de Liborne, lo dit argen de cinq cens livres; et veyran, si poyran aver terme dune partie, et que payen, jusques a ce que lagan agut de la ville de Perigueulx, et si no poden aver terme dune partie, que paguen lo tout en prenen quitance.

 

29 Mars 1509

Il est dit, dans cette jurade, que la taille qui doit se prélever, sur les habitants de la ville, pour la réédification du pont sur Dordogne, sera distincte de celle qui sera levée pour le navire du roy.

 

12 Avril

Et, premièrement, a esté remonstré que Jehan de La Crup consul, et maistre P. du Queylar (jurat), ont esté à Périgueulx, du commandement de la maison de céans, pour aller quérir

 

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les II cens livres tournoises, en quoy les maire et consuls de la dite ville de Périgueulx, estoient tenuz bailler à ceste ville, pour ayder à faire le navire, que le roy a commandé à faire, a ceulx de Liborne, et ont eues les dit II cens livres.

Aussi remostren, de ne sonner tant de laysses, quant ung personnage mort. Es dit, que, pour homme, ne feront que troys petites laysses, et une, quant le porteront sevellir, et, pour fame, deux laysses, et, une, quant la porteront sevellir.

 

22 Avril

A esté remonstré, par MM. les consulz, que ung merchant de Moyssac (1), maistre masson, veult prandre à bastir le pont de Bregerat sur Dordoigne, par la forme et manière contenues es articles cy-dessoubz escriptz, et, pour les sommes, et vivres, contenuez es dits articles; et pour ce, que chascun en dyse son advys et oppinion. Et pour ce, après plusieurs altercacions, a esté oppiné, advisé, et arresté, que les dits consuls baillent le dit bastiment, et prix faict, par la forme et manière, contenuez es dits articles.

Sensuyvent les articles faictz, convenuz et accordez, entre MM. les consulz, manans et

 

(1) Moissac, sous-préfecture du département du Tarn-et-Garonne.

 

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habitans de la ville de Bregerat, nommés en l'acte, précedent le présent (1), du consentement des jurés et conseiliers de la dite ville, d'une part;

Et saige homme Pierre Dulhias, de la cité de Rioms, maistre fustier, aussi présent, d'autre part;

Et, premièrement, a esté dit que le dit maistre bastira le dit pont de Bregerac sur Dordoigne, en la forme que s'ensuit:

Assavoir est, qu'il fera quatre pilles sur les fondemens anciens, commençant devers la ville sus dite de Bregerac, à la seconde pille, car la plus prochaine qu'est devers la ville n'est pas nécessaire ainsi qu'il dit, et, après icelle pille, bastira l'autre et jusques à la pille de Saincte-Catherine (2).

Et aussi bastira la dite pille de Saincte-Catherine, et commencera aux fondemens par antier, pourveu que la dite ville fera desbastir ce que sera nécessaire de desbastir de la dite pille et des aultres.

Item. Et enpeuctera, et sob-braguera la pille du cap-pont, qui est tombée, devers la Magdelaine, en manière que, surement, elle porra porter leddiffice que ce fera dessus.

 

(1) Les consuls et les jurats presents, au passement de cet acte, étaient au nombre de trente-sept.

(2) Sur cette pile était construite la chapelle de Notre-Dame du Pont.

 

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Item. - Et seront les dites quatre pilles, que doit faire le dit maistre, sur les dits fondemens anciens, de longueur de cinq quannes (cinq brasses), et de largeur de deux quannes.

Item. - Et en chascune des dites pilles, le dit maistre fera et laissera bonnes naissances, affin que si à temps à venir l'on vouloyt faire arcs au dit pont, que l'on les y peult faire selon la forme ancienne.

Item. - Et les dites pilles, seront de l'auteur que est à present la dite pille de Saincte Catherine, et aultrement comme souloit estre anciennement.

Item. - Et bastira le dit pont par antier, de l'ung bout jusques à l'aultre, tant sur les dites pilles, que (sur) les aultres anciennes qui y sont, de bon fustaige à gros boys, en la forme et manière, qu'il a basty le pont de Moyssac, ou mieulx s'il peult, et le rendra aussi seur.

Item. - Et rendra le dit pont, large et de balan de troys quannes, laté, et prest à courir par dessus, comme le dit pont de Moyssac, et barradis et cloux de postadi, comme le dit pont de Moyssac.

Item. - Et sera tenu, le dit maistre, faire toute tailhe, toute manouvre à massonner et tailler, et quarrir les dits boys nécessaires, et faire le mortier et le faire porter par sa manouvre,

 

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et fornir les evartements, et virer l'eau, là ou il appartiendra, à ses despens.

Item. - Et faira les chouses sus dites, de la feste de Sainct-Jehan-Baptiste prochain venant, en cinq ans.

Item. - Et seront tenues, la ville et habitans d'icelle, de fournir au dit maistre, les quartiers et pierres, chaulx et sable, sur les lieux, et aussi tout fer et plomg nécessaires au dit pont, et le fere ovrer ainsi que le dit maistre divisera, et sera nécessaire au dit pont.

Item. - Plus, sera tenue, la dite ville, de fornir boys branllan, necessaire à faire le dit fustaige du dit pont, lequel boys le dit maistre abbatra, et quarrera et ovrera, et la dite ville le fera charroyer, et mectre en place, seulement pour le tailler, au plus convenant lieu que fere se porra.

Item. - Et fera le dit maistre, illecques la liève du dit fustaige, et la mectra sur le dit pont, pour faire la dite besoigne, et rendre laté, et la ville fornira les cloux.

Item. - Et fera, la dite ville, curer la rivière, là où il vouldra fere les pilles, et là où il sera nécessaire, et le dit maistre prandra de la pierre des pilles anciennes, pour faire les dites pilles nouvelles, ainsin que sera nécessaire.

Item. - Et pour faire le dit pont et complissement d'icelluy, par la forme et manière sus

 

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dite, donnera et a promis donner, la dite ville, au dit maistre, la somme de deux mille sept cent et cinquante escutz petits, contant pour estre vingt sept soubz, six deniers, à payer comme s'en suit: assavoir est, au commencement, pour les évartamens, lesquelz il doyt faire venir à Bordeaulx, et la ville les doit aller quérir au dit lieu de Bourdeaulx, et menner en ceste ville, de mardi prochain venant en XV, la somme de deux cens petitz escuz de la dite valeur, pourtez, au dit jour ou aultre en suivant, au lieu de Moyssac, auquel lieu, le dit maistre sera tenu au scindic de la dite ville, de bailler pleges souffisantes des choses sus dites, et la ville après baillera pleges, au dit maistre, souffisantes, en la présent ville, des choses sus dites, et aussi de dessoubz escriptes, lesquelles pleges se obligeront en leurs noms propres et privés.

Item. - Et luy sera faict payement de la somme restante, après, en chascun moys, de la somme de quarante escutz petitz, jusques à fin de payement.

Item. - Plus sera tenue la dite ville de bailler au dit maistre, pour sa despense et de ses manouvriers, durant le temps qu'il bastira le dit pont, c'est assavoir: de blé et seigle, trente pipes, et, forment, vingt pipes, et, de vyn, cinquante pipes, de bon vyn et merchant; plus, vingt quintaulx de bon lart et compétant, plus deux quintaulx d'oly d'olive, et quatre pipes de

 

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sel, lesquels viuvres se payeront ainsin que la besoigne se fera et avancera.

Item. - Plus et sera tenue, la dite ville, a bailler audit maistre, une maison conpétante pour habiter, luy, ses serviteurs et manuouvres, durant le dit temps qu'il demeurera à bastir ledit pont.

Item. - Plus aussi luy baillera, la dite ville, cinq litz garniz de couvertes, linsolz et costias, toualles et toute aultre ardilha de maison.

Item. - A esté dit, que la ville envoyera vers le pont de Moyssac, par gens de bien et entendans à la matière, le jour que l'on luy envoyera deux cens petitz escuy, lequel pont veu, si le dit pont de Moyssac n'est agréable à ceulx qui l'iront voir, marché nul, à la option et choys de la dite ville de Bregerac.

Et les dits articles et convenances, les dites parties ont promis et juré de tenir et observer, sur les sainctz Dieu evangilles, et ont requis, les parties, instrument, à moy notaire royal dessoubz signé, ce que leur a esté concédé du consentement des dites parties.

Faict en la maison de consulat de la dite ville de Bregerac, le XXIIme jour du moys d'avril, l'an mil VC et neuf (1509); présens à ce, les consuls et jurez nommés en l'acte du dit consulat, et aussy en présence de Gervaix d'Auverugne, merchant de Moyssac, Jehan Porte, de Rioux, gendre du dit maistre, Guillaume Dandot et

 

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Jehan Paris, Jehan Rotz, Helies Périer François, Mailhet et plusieurs aultres (1).

Defrancque, notaire royal, qui ay receu le dit instrument

 

Le 17 mai, Jean Desaignes et Michel Berard consuls, payèrent a l'entrepreneur, à Moissac, et après avoir visité le pont du dit lieu, les deux cents livres, montant du premier pacte.

 

3 Mai (daté par erreur du 3 Avril)

A esté remonstré le contenu en certains articles, par manière de remonstrance, baillés par M. le prieur de Sainct-Martin, touchant le procès qu'il a, en matière de revision de contrault, de certaine transaction à l'encontre du recteur de Saint-Jatme et la ville, pour raison de certains appointements des nossarys et mortuarys et digme. A esté oppiné que M. le lieutenant et le recteur de Sainct-Jatme, avecque les consuls et aultres, des plus apparans, luy yront faire

 

(1) C'est sans doute à ce pont que fait allusion Rabelais, lorsque, racontant le combat de Pantagruel avec un monstrueux physetère, il dit, parlant de ses dards: « Lesquels proprement ressembloient ès-grosses poultres sur lesquelles sont les ponts de Nantes, Saumur, Bergerac, et A Paris les ponts au change et ès-Muniers soûtenus en longueur, grosseur, pesanteur et ferrure.» Rabelais, livre IV, chap. XXXIV. - Notes sur l'hist. de Bergerac. - Pont de Dord. par M. Ch. Durand. »

 

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response raisonnable, tant sur les dits articles, que sur la réparation de l'église de Sainct-Jatme.

A esté remonstré, de cotizer les gentilshommes qui ont biens à Bregerac, pour les réparations. A esté dit que seront convoquez les dits gentilshommes, comme les seigneurs de la Rocque, la Poncie, Balme, Sainct-Alvère, Nailhat et aultres, pour faire la dite cotisation. Et le dit de la Balme, présent, a offert, de son cousté, payer sa quotité, et que le roulle (rôle) soit faict à part.

Touchant les troys couvents, prestres, et aultres gens d'églize de Bregerac, a esté dit quilz seront convoquez céans et interpellez, si gratis veulent contribuer, et si non, la ville obtiendra licence et permission de monsgr l'évesque de Périgueulx, ou de son official.

 

15 Mai

Remonstrent, si lon fera fere une procession généralle pour l'estat du roy et pour la paix. A esté dit et arresté, que jeudi prochain, la dite procession généralle sera faicte, et les troys couvens seront convoquez comme est de coustume.

 

20 Mai

Les consuls Bérart, Alba, Borzes et Saignes,

 

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ont esté à Moyssac pour revisiter le pont de Moyssac, étont refféré l'avoir visité, dessus et dessoubz, et de tous coustés, et qu'ils ont parlé à plusieurs consuls, bourgoys, et habitans de la dite ville de Moyssac de la dite besoigne, et aussi de la personne du dit maistre, et trouvé que la dite besoigne est bien faicte, bien seure et pour durer longtemps, et que le dit Dulhias est ung très homme de bien, et homme pour conduire la dite besoigne, par la forme qu'il est couchée es dits articles, a cause de quoy, ils luy ont bailhé et poyé les dites deux cens livres, pour le premier pacte, et promis de luy bailler LXXV livres que luy restent, incontinent qu'il sera venu, etc. etc; le dit entrepreneur demandait aussi un verger. Les dits conseillers et jurés ont loué, et en pour agréable, ce que les dessus nommés, Berart, Alba, Borzes et Saignes, avoient faict; et dit et arresté que l'on face tirer avant la dite besoigne, et faire provision de chaulx et de pierres et des dites LXXV livres et aussi d'une maison et des cinq litz que sont estés promis au dit maistre.

 

5 Juillet

Remonstrent les dits consuls, que M. le maistre de Moyssac, qui doit faire le pont de la present ville, vint, arriva arsoir, et les evartemens sont à Bourdeaulx, et les fault aller quérir, et luy louer une maison.

 

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A esté arresté, que la ville yra quérir la fuste des dits evartemens, pour icelle conduire en ceste ville; et que l'on loue la maison de Berdot Pinet, pour ung an, pour le pris et somme de dix francs bourdales.

Plus, remonstrent que le seigr de Lauzun, a faict convier la ville aux honneurs et service de mademoiselle sa femme, que Dieu pardonne, et ce à Lauzun au XVIme de ce present moys. Est dict, oppiné, et arresté, que quatre des plus apparans consuls de la présent ville, yront, au dit jour, au dit service; et si se trouve aucune bische, ou saulmon, que l'on luy face quelque présant honneste, à la discrection de MM. les consuls.

 

14 Juillet

Il est dit, que l'entrepreneur du pont a commencé son travail, et que, comme garantie de paiement, on luy baillera le moulin de la ville, expressément, et luy sera obligé en meilleure forme.

 

Dépenses relevées dans le budget de l'année 1508-1509

 

Le XXVme jour du dit moys de juillet, jour de Sainct Jacques, furent faictes les affermes de la ville, et les dits consuls allarent boere, et despendirent X deniers.

 

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Le dit jour (2 août), fust payé à ceulx qui allarent desfaire et rompre le pon de Pontbonon, pour crainte de la peste, XVIII deniers.

Le XXIX du dit moys, arriva en ceste ville monsgr de Ribeyrat, et sa femme, et leur fut envoyé du vyn; un pichier, III sols IV deniers.

1er septembre. Le dit jour, pour faire dire une messe devant monsieur Sainct Anthoine de Pade (de Padoue), affin qu'il nous donnast bonnes nouvelles de Grantval, II sols. (1)

Le jour de Sainct Clou, VIIme du dit moys, a esté payé à ung homme, qui congnaissoit tous les habitans du Sigoulès, pour garder qu'ils n'entrassent en ville, à cause de la peste qui y estoit, XV deniers.

25 octobre. Le dict jour passa par ceste ville le sieur de Lebret, et luy fust donné à la porte de Malbect, à toute sa compagnie, pain, vyn oultre le vyn blanc et claret, qui estoit de la ville, et aussi douze perdritz; et cousta le tout XXII sols II deniers.

13 novembre. Le mesme jour, pour demi livre chandelle qui fust despensée, ycelle nuyt, pour aller visiter le pont, à cause de l'impétuosité de l'eau, VI deniers.

 

(1) Grandval avait été envoyé à la cour, par les consuls, pour faire confirmer les privilèges de la ville. Il revint à Bergerac le 13 septembre de la même année.

 

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17 novembre. Le dict jour, a esté payé à Maurel de Labadie, pour deux molles fromentalles, pour mectre au moulin Gaudra; VI livres X sols.

Le mesme jour vint en ceste ville M. de Plazence, pour tracter de mectre officialat en ceste ville, avecqs monsgr l'evesque de Perigueulx, et demeura, avecques son homme, deux jours, chez Giro Dupuy, et fust dist que la ville le desfrayast de l'ostellarie, ce qui fust faict, et cousta XXIV sols.

Le second jour du dit mois (décembre), partit, de ceste ville, le dict lieutenant du prébost du mareschal qui avoit faict exécuter six hommes, dont les cinq furent penduz et l'autre yssaurellé (1), et demeura, en ceste ville, plusieurs jours, avecques grant compagnie, avecques luy, et fust dict qu'il seroyt desfrayé de chez J. de Loste, et que le procureur du roy payeroit la moitié, et la ville l'autre; dont pour la part de la ville fust payé V livres.

8 janvier. Le VIIIme jour du dict moys, arriva en ceste ville monsgr l'ercevesque de Bourdeaulx, auquel fust envoyé du vin, et couta, II sols VI deniers.

Le XXIIme jour du dict moys, ont esté envoyés à M. de Rostaing, à Bourdeaulx, deux grans larts à larder, lesquels luy ont esté donnés, affin qu'il nous eust faire bonne justice, contre

 

(1) C'est-à-dire à qui on coupa les deux oreilles.

 

ceulx de Périgueulx, d'Aymet et Lencays, touchant l'ayde de la cotization du dit navire (1), et coustérent les dits lartz, VII livres X sols.

12 mars. Le dict jour fust envoyé à Cours, Giro Teyssandier, pour scavoir si moroyent de peste, et luy fust donne XII deniers.

16 mai. Le dict jour, fust faicte une procession généralle, pour prier Dieu pour l'estat du roy, et fust donné aux sergens, IV sols.

Le XXX du dict moys, fust donné au Monart pour cryer à son de trompe, que chascun eust à curer les rues, à la seconde procession, pour le roy, et à Arbault, pour faire cryer aux petitz enfans, vive le roy, XII deniers.

Le VIII jour du dict moys (juillet), a esté bailhé à certains compagnons, pour chasser quelques lasches, pour faire present au seigr de Lauzun, qui avoyt convié les consuls aux honneurs de sa femme, X sols.

Le XIII jour du dict moys, pour envoyer ung homme devers les chasseurs, pour voir si avoyent prins de la venaizon; et cousta II sols III deniers.

Le XVIme jour du dict moys, quatre consulz et d'aultres gens de bien, allarent aulx honneurs de madamoiselle de Lauzun, et despendirent, tant à aller et venir que au soupper, quant furent arrivez, XVII sols VI deniers.

 

(1) Voir la jurade du 10 mars 1508.

 

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Le XXme jour du dict moys, les ditz consulz ont faict dire une messe au benoyt Sainct-Espérit, affin qu'il les illuminast de faire bonne et utile élection et nomination, II sols, VI deniers.

Ci-dessous et par quartier, le nombre des imposés et les sommes perçues dans chacun d'eux, pour la réparation du pont, et pour parfaire la somme imposée sur la ville, pour la construction du navire imposé par le roi à la ville de Libourne.

 

               

imposés

livres

sols

deniers

La grand'Rue et le Queylar

219

70

13

10

Quartier du Mercadil

157

21

17

11

Bourbarraud

247

108

7

2

Le Terrier

254

97

9

4

Le bourg de la Madelaine

142

21

1

2

 

1019

317

47

20

 

Soit après réduction, 319 livres 9 sols 5 deniers.

 

Budget

Recettes: 1757 livres 4 sols et 5 deniers.

Dépenses: 1565 livres 9 Sols et 4 deniers.

 

 

1511-1512

 

Le livre des jurades de l'année 1511-1512, est à moitié rongé par l'humidité, ce qui en rend la

 

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lecture presque impossible. Ce livre offre ceci de particulier, c'est qu'il est entièrement écrit en patois, alors que celui de l'année précédente est écrit en français.

L'inventaire des biens de la communauté se fit le 23 juillet; on y lit:

Et prumierament, an randu lostal de cossolat, an las reparacions que an fach los dichs cossols viels, soes assaber: ung gran banc tournis (1) ont se assetien los cossols...

Lo libre de las quitansas de la ville, plus ung libre en pargamy, per metre las recognoyssansas de la ville.

Plus un drap de seda (de soie), que se met sur lo corps de Diou.

Plus dedans la dicte mayson, las meysuras de la puniere del blat, et la mieyga (demi) cartiere de la sal, lo tout en coyre;

Plus, la trompeta de fer;

Plus, ung cano de fer, enclaustrat de fusta;

Plus, la garnitura dung retloge romput;

Et plus, an rendut la dicha tor, an lo seng do cossolat, et aussi lo retloge.

 

(1) Banc servant de coffre et fermant à clef et dans lequel on mettait parfois une couchette. (Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, page 370, tome XVIII).

 

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8 Août

Sont nommés syndics de la ville, les consuls Jean Fournier, et Jean Jourdan.

Pierre de Bruzac, consul, et le nommé Girou Teisandier, sont nommés manouvriers, c'est-à-dire chargés de conduire les diverses réparations, ou travaux, entrepris par les consuls. Ils reçoivent de gages: de Bruzac, douze livres, et Teisandier dix livres.

 

28 Août

II est dit dans cette jurade, que les habitants de Bergerac, ont « certan differen an los habitans de la villa de Libourne, a cause et per razo, que los babitans de Libourne, no volian permectre als habitans, et merchans, de la present villa, de passar blat, ny vy, ny aultres merchandisas, sens en levar ung grant tribut.» Les consuls et les jurats protestent, et chargent Jean de Saigne notaire royal de défendre les intérêts des habitants, et des marchands, de la ville.

 

19 Septembre

Plusieurs habitants de Montcuq, Saint-Nexans, Labarde et Cours, demandent à être reçus bourgeois de Bergerac. Es estat dich et arrestat, per la jurado, que degun estrangier no sera

 

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ressaubut, bourges de la present villa, que no aye meysou en la present villa, ou ne saye habitant dicelle.

 

1er Décembre

Messgrs los consulz an remostrat aux ditz juratz, quil y avia plusiours habitants de la present villa, que disen estre mal tailhatz, touchant la tailha del pont de la present vila; et es estat arrestat, que messgrs los cossols retailharan aquilz que son mal tailhatz.

 

13 Juillet 1512

Losquals messgrs los cossols an demostrat a messgrs los juratz, que ung commissary es estat trames en ceste villa, de par lo rey, et monsgr lo grand gouverneur de Guyenne, per loqual comis mandava a messgrs los cossols de la present villa, que aguessen a trametre de lartilharia, coma colobrinas, canons, arbalestas. Apres laquala demostracion facha, es estat ordenat per messgrs los cossols et juratz, que lon trametra à Bourdeaulx per garnir lo navire del rey, lartilharia que senset.

Et prumieyramen, dous passe-volans, avecques les bosties de fer, VI arbalestes de passe, an lors bandaiges, VI brégantines, VI ... de garrochs; lascalla artilharia es estada tramesa a

 

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Bourdeaulx, per Monot Gouffier, merchant de la present villa.

 

1512-1513

 

On commence à remplacer le nom de Saint-Jatmes par celui de Saint-Jacques en parlant de l'église.

 

26 Juillet

Les nouveaux consuls élisent quarante cinq jurats, parmi lesquels on trouve, six bacheliers ou licenciés en droit, et un licencié et un bachelier en lois; le même jour ces nouveaux élus prétent le serment suivant: « Lesquels et chascun d'eulx ont juré, sur la croix et livre missel, en la forme acoustumée, de estre bons et loyaulx au roy nostre sire, et à la ville, et que le roy et la ville garderont et deffendront, encontre tous leurs ennemys, de toute leur puissance; et si aulcun mal ou inconvénient devoyent advenir au roy, ou à la ville, que vint a leur notice, qu'ilz le feront assavoir, incontinent, aux officiers du roy, ou aux consuls de la présent ville; et que les secrets, et choses remonstrés secrètement, celeront, et ne les revelleront hors la dite maison, et que toutes les foys qu'ils seront mandés,

 

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par messrs les consuls, ou oyront sonner la cloche, et sem du consulat, pour les négoces de la ville, qu'ilz viendront céans, sauf légitime excusation; et, le mieulx que Dieu leur aura administré, conseilleront messrs les consuls, ez-affaires et négoces de la dicte ville, cessans tous portz et faveurs, et tout autrement, deuement, au dict office de juratz se pourteront, au mieulx quilz pourront, et comme il appartient. »

Cette année, le pontonage fut affermé, moyennant la somme de quatre cent soixante dix livres, au nommé Bélart.

Parmi les ordonnances publiées à l'avènement des nouveaux consuls, on trouve:

Item. -  L'on faict inhibition et deffence, à toute manière de gens, qu'ilz n'ayent à jurer ni blasphémer le nom de Dieu, la vierge Marie, ni les sainctz et sainctes de paradis, ni aultres illicites serments, prohibés de droit, et par les ordonnances du roy, à peine de dix soubz, pour la première foys, et pour la segonde, d'estre mis au couliers, et pour la tierce, d'estre marqués au front, à la discrétion de la justice.

Item. - Aussi l'on faict inhibition et deffence, à toute manière de gens, qu'ilz n'ayent à besoigner euvres terriennes, ni aultres négoces illicites, ez-jours des festes annuelles, les dimanches, festes de Nostre-Dame et des appostres, ni mesurer ou charger sel, ez-festes sus

 

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dictes, et aussi, que en icelles et aultres commandées par saincte mère église, ni jouer aux quilles, cartes ni aultres jeuz de sort, en lieu publy, ni en secret, durant le temps de divin office, ni aultrement tenir les sept quilles, ni cartes, pour ce faire, à peine d'esmende arbitraire.

Item. - Aussi, l'on faict inhibition et deffence, à tous houstalliers, taverniers et aultres, qu'ilz n'ayent à retirer, ni à recapter, en leurs maisons, aulcuns enfans de famille, mineurs, prodigues, pour jouer ni taverner, ni prandre aucune chose d'eulx, prester l'argent ni l'escot, à peine de perdre l'argent, de s'en prandre sur eulx, et de esmende arbitraire au roy.

Item. - Aussi l'on faict inhibition et deffence, à tous, que nul ne soit si hardi de achapter eufz, fromaiges, pomes, poires, chastaignes, blez, avoine, ni aultres victuailles, pour les revendre, jusques à ce que les habitans en seront pourvueuz, et, à tout le moins, que dix heures ne soient passées, à la peine d'esmende arbitraire.

Et que nul n'ait à ravir, ni prendre, filles, ni enfans pupilles, pour les tracter en mariage, ni aultrement, sens le consentement des tuteurs, parens, ni amys d'iceulx, à la peine de la prison, esmende autre arbitraire, telle que de droit.

 

Ces diverses ordonnances furent publiées, le

 

p. 190

dix août, à Bergerac, par Sagreste sergent royal.

 

26 Août

A esté remonstré, que lundi dernier passé, arriva en la présent ville, le fourrier de la compaignie des gensdarmes à cheval du seigr de Boyse, cappitaine des ordonnances, pour le roy nostre sire, pour faire alonger la dicte, compaignie, qui alloit au Mont-de-Marsan contre les Espaigneuls, et Anglais, dans la présent ville, et par vertu de la commission, qu'il avoit du roy, fist vingt-cinq logis, dans la présent ville, et, au dict bourg, neufz; et le demeurant des gensdarmes, qu'estoit une grosse compagnie, louga aux champs, et que les gensdarmes, alougés en la present ville, et bourg d'icelle, demeurarent, ung jour et une nuyt, et firent troys repas, chies ceulx qu'ils estoient lougés, et une grosse despance avecques leurs chevaulx, et fust advisée la meilleur manière de desfrayer, et rambourser, tant ceulx de la ville, que du bourg qui ont heu lougis et gensdarmes chez eulx. La jurade arrêta qu'on ferait le total de la dépense, faite par ces gendarmes, et leurs chevaux, et que cette somme serait prélevée sur tous les habitants, le fort portant le faible, pour rembourser ceux qui avaient eu à fournir les vivres et les logements.

 

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Le fermier du pont, J. de Volpilhat, prie la jurade de bien vouloir lui faire un rabais sur son afferme, car « il avoit grandement esté intéressé et endonmaigé, cause la rivière de Dordoigne, qui devint petite, en esté, et les gens passoient à gua, à Claustres et ailleurs, et laissoient de passer sur le dit pont. » Les consuls lui firent une réduction de cinq livres.

A esté remonstré par Jehan de Mailhet, que son fils, François de Mailhet, l'année passée, avoit affermé de la ville, le droit des impositions de la chair, et en bailloit une grosse somme d'argent, en laquelle afferme, il avoit perdu environ ung carteron, cause la mortalité des beufz, que fust au présent pays, à cause de quoy, les bouchiers de la présent ville, ne thuarent poinct de beufz, d'ung grant espace de temps; par quoy le dict Francoys fust grandement endoumaigé, et intéressé; aussi fust endoumaigé, et a perdu, en sa dicte afferme, pour ce que fust faict commandement aux habitans de Bragerac, et aultres, de par le roy N.S., de avoir, et se pourvoir d'arnoys, que couste aux gens une grosse somme d'argent, et cessarent les bouchiers de thuer, tant de bestailh, comme ilz avoient de coustume, sachant les gens n'avoir poinct d'argent; à cause de quoy comme dict est, a esté grandement endoumaigé, et a requis et demandé, que pleut a MM. les consuls et juratz, y avoir du regard, et déduction de la

 

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somme de son afferme luy estre faicte, d'ung carteron, aux dictes causes. La jurade refuse de faire droit à cette demande.

Aussi a esté remonstré, par Etienne Belart, affermier du droict de pontonnaige de la présent ville, pour la présente année, que le seigr d'Estissac et au nom d'icelluy, viennent plusieurs personnaiges en la présent ville, comme ses serviteurs, solliciteurs de ses procès, tesmoings pour produire en ces causes, et passent sur le pont et ne veulent rien payer de passaige; en quoy a dit, le dit Belart, estre intéressé, et que l'on advisat, la façon et manière de procéder. A esté arresté que le dit Belart ne lèvera poinct, de ceste année, de droict de pontonnaige, des gens du dict seigr d'Estissac, pour ce que le dit seigr donna à la ville pour la faction du pont certaine quantité de fer, et que, la ville desduira ce que de raison, au dit Belart, de son afferme, à cause du passaige sur le dit pont, des gens du dit seigneur.

Aussi a esté remonstré, que la présent ville est chargée de la faction du pont sur Dordoigne, qu'est une très grosse charge, et d'aultres plusieurs réparations ausquelles les deniers ordinaires de la présent ville ne pourroient satisfaire et fauldroit que le dit pont demeurast imperfect, que seroit au préjudice et grief, doumaige de la chose publique, si l'on ne trouvoit manière de avoir de l'argent, pour icelluy pont parachever.

 

p. 193

Il fut ordonné de faire une taille de cinq cents livres.

Jean de Saigne fut nommé syndic, avec Jean de Beaurieu; Jean Bouchault fut nommé boursier, de Beaurieu clerc, et Pierre Liton maneuvrier des travaux du pont en construction.

 

2 Septembre

A esté remonstré, qu'il a esté dit et rappourté en la présent ville, que, en ce pays, viennent pour aller au Mont-de-Marsan, ung grant nombre de Lancequanetz, gens de guerre, pour le roy N.S., et que les dits gens de guerre, viendront passer et alouger en la présent ville, et que fust advisée la meilleure mode et façon de sur ce, quant les dits gens de guerre viendront, au prouffit et honneur de la present ville. A esté arresté, que l'on envoyera devers le capitaine des dits lancequanetz, deux personnaiges, gens de bien, de la présent ville, pour luy démonstrer, que la compagnie des gendarmes des ordonnances du roy, du seigr de Boyse, naguières passa par la présent ville, et y lougea sens rien payer, et aultres plusieurs négoces de la présent ville, et si est possible, de fere destourner ailleurs, en offrant au capitaine d'iceulx, accompaigné de ceulx que bon luy semblera, de lui fere bonne chère dans la présent ville.

Jehan Alba a dict que, par le privilège de la

 

p. 194

présent ville, est dict, que en la maison de céans, aura deulx consuls chescune année du bourg de la Magdalene, et que, l'année presente, n'en y a aulcun, et a sommés les dits consuls, de observer le dit privilège, selon la forme et teneur; aultrement protestoit d'en avoir recours là ont se appartient.

 

9 Septembre

A esté remonstré, que le pont à bateaulx, sur Dordoigne, de la présent ville, est desfaict et rompu, et que les bateaulx coustent beaucoup, de en oster l'eau dedans, et de s'en donner garde, chascun jour, pour la conservation d'iceulx, et que l'on advise que l'on en doibt faire, et façon de les conduire, ensemble les liens de bois et chaînes du dit pont, au prouffit et utillité de la ville. A esté arresté, par la oppinion de la plus saine partie des dessus nommés, que les dits liens de bois seront retirés, pour iceulx mectre aux réparations plus utiles de la ville, et que aussi les dites chaînes de fer seront retirées, et gardées, en la maison de céans; et touchant les ditz bateaulx, que, seront vendus au plus offrant et dernier encharisseur, et délivrés à la chandelle, ou aultrement, et que la somme, qui sera receue de la vendicion des dits bateaulx, sera expousée aux affaires de la ville, et que si tous les dits bateaulx ne se pouvoyent vendre,

 

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que ceulx que resteront, la ville les fera deffaire, et, retirer céans les tables, boys et taches (clous) d'iceulx, pour, après, estre expousés, là, où la ville en aura besoin.

Aussi a esté remonstré, qu'il a, ja, deux ans passez, que le grant pont sur la dite rivière de Dordoigne, est eucoumencé, et que le boys du dit pont se pourroit pourrir, et gaster, si n'estoit couvert, et qu'il fault grant quantité de tible, à icelluy couvrir, et chascun de ce en die son advis, et de qu'elle part l'on aura le tible (1). A esté arresté, qu'il fault, à toute diligence, couvrir, à tible plat, le dit pont, pour la conservation d'icelluy, et que MM. les consuls, ou ung d'eulx, achaptent, de tible bon, et marchant, et au meilleur marché que fere se pourra, pour faire la dite couverture.

 

25 Septembre

Etienne Cros, habitant de la ville, ayant dit des injures contre les consuls, fut mis en prison. Il demande à être élargi, sous caution, et que, touchant l'injure, il s'en remettait à la justice.

 

22 Octobre

Et es estat remostrat, que à Périgueux a grant

 

(1) Dans les dépenses diverses de la même année, nous verrons qu'il fut employé soixante-et-onze mille tuiles plates pour couvrir le pont.

 

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nombre de lasquanetz (lansquenets), bien deux mille et sept cens, et qu'ilz y ont demeuré, par huict ou neuf jours, et ont esté payés, et que, lundy ou mardy viendront en ceste ville, et, pour ce, fault adviser de les louger, et si l'on leur ouvrira les portes. Es estat dit, que l'on envoye devers le cappitaine, pour veoir si l'on les pourra faire passer par ailleurs, et leur donner de l'argent, et, si ne se peult faire, les traiter et louger, le mieulx que l'on pourra, et faire fere provisions nécessaires.

 

5 Novembre

Dulhias, entrepreneur du pont, reçoit, ce jour là, en présence des consuls, et, des mains de J. Bouchault, la somme de trois cent trente deux livres, dix sols, plus pour le reliquat du jardin, que la ville devait lui fournir, quinze livres et dix deniers, le tout en déduction de ce que la ville pouvait lui devoir. Les témoins furent Arnault de la Peyrarède et Jehanot Roch, marchands.

 

24 Décembre

A esté remonstré touchant les scoles, de les bailler à maistre Bertrand de Vallé.

 

9 Janvier

A esté remonstré touchant les gendarmes,

 

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lougés en ceste ville, de y pourvoir, pour ce que les paroisses ne veullent fournir, et, si est besoing, de envoyer devers monsgr le gouverneur, ou monsgr de Lautret, son lieutenant.

 

21 Janvier

Touchant les malades, de n'aller point, par la ville ne à la porte de Sainct Jacques, le chasteau, ne par ville. A esté arresté, que les dicts malades (lépreux) ne viendront poinct lever aux portes des dictes deux églises, et choisiront deux personnaiges sains, pour lever es dictes églises, et que seulement amasseront par la ville, le dimenche et jeudy, et yront à cheval.

A esté aussi remonstré, touchant certaines tables, qui furent prinses par Roussot, l'an de la peste, et ses compaignons, pour faire fermer certaines rues, et que, celluy à qui estoient les dictes tables, avoit eue modcion, et avoit composé en quinze soubz. Seront payés ou desduictz du tailh, que doit à J. de Lavarde.

A esté remonstré, et enjoinct, à Jehan Mailhet, de faire vuyder certain vin, que le dict Mailhet dit estre du seigneur d'Aultefort, dans troys jours proucheins, autrement sera confisqué, et le dit Mailhet a esté retenu en la esmende, sauf la tauxe.

 

3 Février

A esté remonstré que monsgr le cardinal

 

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d'Albret, doibt venir en ceste ville, pour adviser; que seroit de faire. A esté dit que la ville luy donne une pipe de vin, une barricque de vin blanc, et une de claret, et deux potz de ypocras,

 

16 Mars

A estat remoustrat, touchant le maistre Révérend, de prescher la Passion, et le lieu où ce fera le sermon, et en quelle heure. A esté dit par délibéracion, que le sermon se doit faire le vendredy, devers le matin, et aussi après disner, et que l'on envoye en la court, affin de éviter escandalle, qui y pourroit estre.

Les consuls se plaignent de ce que la garnison augmente tous les jours.

 

2 Avril 1513

Furent reçus bourgeois, Jean Tarde, moyennant la somme de six livres, Pierre Codert, Pierre Johavel et François de Cugat.

 

4 Avril

Le dit jour a esté baillé à couvrir, à Marticot teulier, tout ce qui reste à couvrir du pont de Dordoigne, lequel le dit Marticot, a promis rendre couvert de bons tibles et merchants, dans la feste de Sainct Jehan prouchain, et la ville luy

 

p. 199

doibt seullement rendre sur le lieu, le sable et chaulx nécessaire, à faire la dicte couverture, et ce, pour le pris et somme de quatre vings frans bourdalais; laquelle somme, les dits consuls ont promis payer. Pour garantir le paiement de cette somme, les huit consuls et plusieurs notables de la ville, s'engagèrent en leurs propres et privés noms.

 

11 Avril

Les experts, chargés de l'expertise du pont, construit par Dulhias, déclarent le pont défectueux sur plusieurs points. Les observations furent lues à l'entrepreneur, qui consentit à faire un rabais de quatre cents livres tournoises, pour mal façon.

 

12 Avril

M. de la Baulme a remonstré qu'il veult faire une ou deux fenestres, en la muraille et escranaulx, sans rompre la muraille, et sera visité le lieu et muraille par Saignes Liton, consul, et le maistre masson de Sainct Jacques, et feront le report céans pour y adviser. Le même jour la jurade accorda la permission demandée par M. de la Beaume; celui-ci reconnaissant, « et en contemplacion de ce que dessus est dict, le dit de la Balme a donné, cédé et quicté, aux dits

 

p. 200

consuls, en nom de la ville, certaine place estant au bout du pont, devers la ville, pour estre appliquée en lieu et place publicque, pour la utilité de la présent ville, sans la bastir, et en cas quil y eut bastiment, l'esmolument sera réservé au dit de la Baulme. »

Les habitants de la juridiction de Montcuq, ayant réclamé contre les droits perçus sur eux, par le fermier du pont, la jurade leur lit la réponse suivante. A esté faict responce aux dits habitans de Moncuq, que si bon leur sembloit, de payer pour homme à pié, ung denier tournois, et pour homme à cheval, deux deniers tournois, pourvueu que payeront comme font à présent jusques à la feste de la Magdalenne. Les habitants de Moncuq ont dit quilz parleront avecques les autres habitans de la dicte juridiction, et viendront faire responce demain, heure de midy.

 

15 Avril

Remonstrent que monsgr de Mont Réal, tient ung tas de sergens, bélitrailhé, qui viennent de nuyt et de jour, et se mussent pour les buissons, et ainsi que ceuls de ceste ville ont leurs chevaulx à la dicte terre, et les mennent hors la dicte juridiction, et avant que les puissent avoir, les font recouvrer, ainsi que ont faict à Urban de Gualaiou; et que aussi l'on a prins ung prisonnier en Maurens, et l'ont mené à Mont Réal.

 

p. 201

Plus, a esté remonstré, que les cotaulz, qui viennent achapter le vin à Bouhagues, à Compne et ailleurs, qu'ils passent sur le pont, en allant, vuydes, et quant retournent chargés, vont passer a Croysse, et à Priguont-Rieu, à cause de quoy, le roy y est intéressé, et aussi le pontonnaige. A esté oppiné, que les coteaulx, pourtant vin d'ailleurs, pourront passer sur le pont, et par la ville, sans arrester en la ville, et pourter le vin ou bon leur semblera.

 

Fête de Saint-Eutrope 29 avril

A esté remontré, que aujourd'huy, le bastard Vambumis, Anthoine de Thé, et Guilhamin, et Jean, page du dit Guilhamin, archiers, estans en garnison en ceste ville, pource que certains coutaulx (rouliers) estoient venus en ceste ville, pour sarcher du vin et l'achapter, et que la chose publicque et le roy y est intéressé, pour ce (que), les dits gensdarmes ont rompu les cordes, et empesché de ny charger, ni menner vin, car le roy y seroit intéressé. A esté arresté et oppiné, que l'on procède par inquisition, et que l'inquisition faicte, sera moustrée à leur chef, et si ny remedie, y pourvoir par justice, et, les informations faictes, les renvoyer devers M. le gouverneur.

 

p. 202

11 Juin

Remonstrent la despance, que ont faict, à Bragerac, les gensdarmes de M. de Lautrec, et de M. de Bonnaval, qui ont passé, puis dix jours en ça, que se monte, environ, sept vings ou huict vings livres, si l'on fera tailh expres, et y depputer gens à lever, a ung sol pour livre. La jurade accepta la proposition des consuls.

 

Dépenses diverses relevées dans le budget de l'année 1512-1513

 

Le premier jour d'aoust, arriva ung homme d'armes de la maison de M. de Lude, par commandement de M. le gouverneur, pour faire deslouger les gensdarmes que estoient en garnison en este ville et ailleurs, et nous commanda à trametre ung messatgier a Lalinde, et ung autre (a) Eysigat (Issigeac), que coustarent, tant journaulx que despens, V sols X deniers.

Item le dit jour ay baillé à Reveilhes-Vous-Reveilhes (1), pour avoir une livre de chandelles, XII deniers.

Item. - Le XVIIme jour, fut envoyé du vin à

 

(1) On désignait sous le nom de Réveillez-Vous-Reveille, le crieur de nuit, qui parcourait la ville, dans la nuit du dimanche au lundi, en criant l'heure, et en demandant des prières pour les trépassés.

 

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Madame de Laforse et de Gardonne; cousta XII deniers.

Item. - Le XXVIme jour fut envoyé du vin au médecin du M. de Lebret, chies Lillau; VI deniers.

Item. - Le quart jour de septembre, fut envoyé Giron Teyssendier, par le consentement de la jurade, au devant de la compagnie des Alemans, pour les faire passer ailleurs, hors de Bragerac; luy fust payé, pour ses journaux ou despens, IX sols, VI deniers.

Item. - Le cinquiesme jour d'octobre, arriva esta ville M. de Falgueyrolles, pour prendre possession de la capitanerie du chasteau d'esta ville, et aussi Madame de Laforssa, et M. du Longua, et leur fut envoyé du vin; cousta IV sols VI deniers.

Item. - Le sixiesme jour d'octobre, M. de Falgueyroles eut prins la lieutence de la capitanerie du dit chasteau d'esta ville, et aussi en sa compaignie M. de Longua, Madame de Laforsse et plusieurs autres, fut dit, que atendu qu'il estoit nostre voisin, et filz de M. de Granhols, lequel est grant seigneur, que l'on le deffrayes de chies Bourzes, luy et toute sa compagnie, et a esté payé à Bourzes, pour le dessus dit M. de Falgueyroles, IV livres, XII sols et VI deniers.

Item. - Le neufiesme jour du dit moys d'octobre, avons faict compte avec Jehan Dussel, dit Capblanc, lequel estoit allé au camp du roy,

 

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ainsi que pourtoit la commission, que toutes les sepmaines eussent à mener et conduire au dit camp, ung beuf et troys moutons; laquelle chose le dit Dussel a conduict et mener le dit beuf et moutons, et en a pourté quictance valable, et le tout calculé avec luy, et pour les frays et mises de luy et de son home, et ses journées, et faict faire serement, en demeure à payer à la ville, la somme de VI livres, V sols.

Item. - Le neufiesme jour dudit moys d'octobre, fut envoyé au maistre révérend des Carmes, qui a presché, à Sainct-Jacques, à la procession du roy, ung quartier de mouton et deux pichiers de vin; cousta III sols, VI deniers.

Item. - Le diziesme jour du dit moys, arriva, esta ville, M. le maistre d'ostel de M. le premier président de Bourdeaulx, et fust dit par MM. les consuls, et d'aultres, que pour l'amour de M. le président, que l'on le deffraye de son disner de luy et d'aultres deux en sa compagnie, et ay payé chies le Russel VIII sols.

Item. - Le vingt quatriesme jour du dit moys d'octobre, arivarent, esta ville, deux mille cinq cens lansquanetz, pour louger; furent achaptées dix perdrix pour donner à M. le capitaine (M. de Flamares) et fourrier; coustarent XII sols, VI deniers. (Ces lansquenets partirent le lendemain).

Item. - Le dit jour, fust promis au commissaire, que avoit charge de mectre pris aux viuvres,

 

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et affin que se contentast de permectre, à vendre ung liart la pinte du vin, et aussi nous supportast, en les autres choses, luy fust promis ung escu, et aussi fust desfrayé de son lougis; cousta tout II livres XII sols.

Item. - Le XXIe de novembre, ay payé à Martin le recapelleur, et à Petit Jehan, pour recapeller le pont sur Dordoigne, pour troys journées chascun, et aussi Souspiront, qui les servoit par dehors; coustarent, journées et despens, XXII sols VI deniers.

Item. - Le XXIIme jour du dit moys de novembre, fust envoyé du vin à M. le provincial des Prescheurs, cousta XII deniers.

Item. - Plus, par délibération de la jurade, affin que nous supportast, de n'en avoir guère, de gens d'armes, donna à M. de Beangemon ung escu à l'estoille, XXXVII sols.

Item. - Le dixiesme jour du dit moys de décembre, ay baillé a Reveilles-Vous, ung pere de chausses de turquin de Normandie, et la fourrure; ont cousté, sain que luy est coustumé de donner, pour le service qu'il faict à la ville, la somme de XXVII sols, VI deniers.

Item. - Le dit jour, a esté envoyé du vin, par plusieurs foys, à M. l'abbé de Cadoing, et aussi six tourtres (tourterelles), que furent achaptées de mestre Bernat Guy; cousta tout IX sols, VI deniers.

Item. - Le XIIme jour de janvier, a esté envoyé

 

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du vin à M. de La Douze, au prieuré, XII deniers.

Item. - Le douziesme jour du dit moys de février, ariva, esta ville, M. le cardinal de Lebret, et fust dit par la jurade, que l'on lui donnast ung présen; fust dit une barrica de vin blant, et une barrica de vin claret, et deux pichiers de ypocras; et a esté achapté le dit vin de Bourzes, et fust faict marché avecques luy, fust et vin, quatre livres, deux sols, VI deniers, et les deux pichiers d'hypocras coustarent, de mestre Pierre, XXII sols, et une douzeine de yranges, et, pour ung pichier de vin, pour faire le ypocras, le tout cousta, V livres, XI sols.

Item. - Le tiers jour de mars, ay payé à Giron Teyssendier, pour six tables, que achepta pour la chière de Sainct Jacques, et le clau, cousta tout V sols, III deniers.

Item. - Le XXIIme jour du dit moys de mars, fust envoyé du vin à Madame de Toc, filhe de M. de Granhols, cousta XII deniers.

Item. - Le premier jour du moys de avrilh, fust envoyé Giron Teyssendier, du consentement de tous, à Périgueux, scavoir si pourrions avoir Frère Léonard, le Observantin, pour l'année que vient, pour prescher, esta ville, et ne le trouva point, et a cousté pour ses despens et journées X sols.

Item. - Le quart jour du dit moys, a esté baillé au maistre révérend des Carmes, qui a

 

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present c'este année, esta ville, et a esté dit, que, attandu qu'estoit grant homme et bon prescheur, et a faict beaucoup de fruit, esta ville, que luy seroit donné, oultre sans que a esté levé des questes, luy a esté baillé la somme de XXI livres.

Item. - Le quart jour du dit moys de avrilh, messieurs pourteren l'argent au maistre révérend que avoit presché, et souparent ensemble, et aussi d'aultres gens de la ville, et fut despendu, en tout, XXII sols, VI deniers.

Le douziesrne jour de avrilh, M. de Lautré envoya une letre par ung eyrault, que l'on fist crier à son de trompe, les treves entre le roy de France et le roy d'Espagne, laquelle chose fust faicte et criée, et fust envoyé du vin au eyrault; cousta XII deniers.

Item. - Le XXVIIme jour du dit moys de avrilh, ay baillé à Arnauld du Castanet, pour pourter à maistre Gilibert Geneste, pour avoir une letre de chancellarie, pour faire contribuer les circonvoisins, à reffaire les pons et mauvais chemins et passaiges; ay baillé XX sols.

Item. - Le XXVIIIme jour du dit moys de avrilh, M. d'Estissac, pria MM. les consuls, que fust leur bon plaisir de permectre laisser passer certaines carretes chargées de vin, que faisoit apourter M. d'Estissac à (de) Salcinhat, pour conduyre à Moncla, et le vouloit passer sur le pont; dont luy fust faict responce, que sur le

 

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pont ne passaroit pas charretes, pour la conservation du dit pont, mas la Dordoigne est petite et passeront bien à gua; dont luy fust envoyé Giron Teyssendier, pour louer deux hommes, pour leur enseigner le gua; leur fust donné, XVIII deniers.

Item. - Le cinquiesme jour du dit moys de may, a esté payé, pour le drap de la soye, pour mectre sur le paballon, le jour du précieux corps de Dieu, tant le drap, la frange, la feysson ou le filz de la soye, le tout, XVI livres XII sols.

Item. - Le XXIXme jour du dit moys, fust payé à Jehan de la Narde, pour le taulat, que MM. les consulz, l'an de la peste, luy prindrent, pour fermer les rues, et a este dict par la jurade, que seroit contenté, et luy a esté baillé XV sols.

Item. - Le tiers jour du moys de jung, fust payé aux sergens, qui fisrent la exécution du poisson pourri, que fust brûlé devant les Mazeaulx, VIII deniers.

Item. - Le XIme jour, ariva esta ville M. le capitaine Mantoue, pour scavoir coment la garnizon d'esta ville se gouvernoit; luy fust envoyé du vin, à troys repas, que a couste tout, VIII sols.

Item. - Le XIVme jour du dit moys, a esté envoyé du vin, par deux foys, à M. de Montaigne; cousta III sols, IV deniers.

Item. - Le XXVme jour du dit moys, fut envoyé du vin à MM. les Cordeliers, par so que le

 

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Capitol custodial estoit au couvent des dits Cordeliers; cousta V sols, X deniers.

Item. - Le IXme jour du dit moys de juillet, fut baillé à Giron Teyssendier, ung pere de chausses, de blanche de Paris, et doublure, par commandement de toutz messieurs, pour la grant fatigue qu'il a prins par les gens d'armes; valent XXIX sols.

Item. - Le XVIIIme jour, fust baillé à Pain-Miche, pour la feysson de la chiere de Saint Jacques XLV sols, dont M. le lieutenant en bailla quinze sols, et per so, y a eysi, XXX sols.

Item. - Le XXme jour du dit moys de juillet, avons faict dire une belle messe du sainct Espérit, affin que Dieu nous enlumines de faire bonne élection; II sols, VI deniers.

Item. - A esté rebatu, à Estienne Berart assenseur du pontonnaige de ceste année, par la délibération de MM. les consulz, et toute la jurade, à cause de la perte que a faicte le jour de Saint Clou, que le pont à boys tumba, dont le dit Berart fut grandement endomaigé, et par la grant multitut de gens d'armes, et laquays, que passarent et repassarent tout le long de l'année, et que tolloient de passer le monde; et pour ce, fut délibéré par MM. les consulz, que luy seroit rebatu XXX livres tornoises.

D'après le compte des dépenses, faites pour la construction du pont, on voit qu'il fut acheté soixante et onze mille tuiles plates pour le

 

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recouvrir; il fut aussi acheté plusieurs gabarres de latefeuilles.

 

Prix divers payés pour cette construction

 

La pipe de chaux, trois sols;

Les tuiles plates, vingt cinq sols le milier;

Le quintal de fer, non ouvré, vingt neuf sols;

Les quartiers, vingt deniers la pièce, rendus au port de Clairat;

Les grands clous coutèrent trois deniers la pièce.

Le moellon, vingt sept sols et six deniers la gabarre, pris à Saint Cybard, près Mouleydier.

Le prix de transport par eau, de Saint Cybard au port de Bergerac, était de vingt quatre sols la gabarre;

Les couvreurs gagnaient par jour, sept sols onze deniers y compris leur nourriture;

La journée de menuisier, valait quatre sols, deux deniers;

La journée d'un cheval, deux sols, neuf deniers;

La pipe de froment, cinquante quatre sols;

Les consuls donnèrent une charge de sel à M. de la Burie, de Cause de Clérans, pour avoir le droit d'extraire de la pierre dans sa propriété;

Ce sel se paya une livre, six sols, la pipe.

Le 19 juillet, les consuls s'assemblèrent, afin d'examiner les dépenses occasionnées pour

 

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l'entretien et la confection du pont, depuis environ dix sept ans. Maitre Jean Saignes, qui avait été fort longtemps clerc de la ville, fut chargé de faire un rapport, pour établir année par année les dites dépenses. Pour ce, il lui fut donné huit livres, dix sols.

 

Budget

Recettes : Mille sept cent quatre-vingt-seize livres, dix-sept sols,

Dépenses : Mille sept cent quatre-vingt-dix-sept livres trois deniers.

 

 

1516-1517

 

D'après les conventions faites pour l'afferme des revenus de la ville, les gens d'église, les gentilshommes, les pauvres et les bourgeois de la ville, étaient exempts du droit de pontonage, c'est-à-dire qu'ils pouvaient passer librement sur le pont de Dordogne sans aucune espèce de redevance. Le droit de pontonage fut affermé à Pierre Gauchier, bourgeois et marchand de la ville, moyennant le prix de trois cent vingt livres.

Le droit des pougèzes, qui se prélevait sur le vin vendu au détail, fut alloué à Huguet Raoulx,

 

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pour le prix de trois cent soixante et dix livres.

Le droit des impositions sur la chair, fut affermé par Philipot de Lespinasse, pour la somme de cent et une livres.

 

1er Août

Jean Tibault, maitre écolier de Périgueux, prétendait empêcher les consuls, de donner les dites écoles à un autre maître, sans son autorisation. A esté dict que se feront une mémoires, lesquelles se pourteront à Bourdeaulx, et auront conseilh avec deux advocatz, et le clerc pourtera leur advis, pour le remonstrer à la jurade.

 

6 Août

A esté remonstré comment maistre Jehan Tibault, soy disant maistre d'escolle, a faict adjourner MM. les consulz à Périgueux. Il a esté dict à MM. les consuls, que le dit Tibault, se veult contenter de la confirmation des escoles, à la presentacion des consulz; si l'on y doit aller parler à luy. A esté dict que deux personnaiges de la maison de céans, le clerc et ung consul, yront parler au dit maistre d'escolle, et, s'il se veult contenter de la collacion, à la présentation de MM. les consulz, qu'ilz n'ayent poinct de procès.

 

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14 Août

A esté remonstré, comment M. le consul, maistre Michau Baysselance, et le clert, sont allés à Périgueux, parler a maistre Jehan Tibault, maistre d'escolle de Périgueux; lesquelz ont traictê d'appointement, tellement que, doresnavent, MM. les consulz nompmeront ung ou deux maistres d'escolle, dans le jour de Penthecoste, souffisans et ydoymes, et, au cas que les dits consulz n'ayent nompner, dans le dit jour, le dit maistre d'escolle en pourra pourvoir. A esté dit, que le dit appoinctement sera tenu, pourveu que y sera mis que les dits consulz, n'ayent pourveue de magisters souffisans dans le dit terme, le dit maistre d'escolle sera tenu de le remonstrer pour une fois aux dits consulz, que y pourvuoyent d'aultre, et si les dits consulz sont négligens, que le dit maistre d'escolle, pour ceste année seulement, y pourra pourvoir d'ung magister ou deux (1).

Le seigr de Ribérac demande aux consuls, et à titre de don, quatre meules de moulin. A

 

(1) Jusqu'à ce jour, les consuls avaient été obligés de presenter au maitre écolier de Périgueux, le candidat qu'ils avaient choisi, pour diriger les écoles de Bergerac. Après les démarches faites par le consul Baysselance, et le clerc de la ville, les consuls eurent, comme il ressort de la jurade, ci-dessus transcrite, le droit de nommer eux-mêmes leurs instituteurs.

 

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esté dit, que la ville les luy faira conduyre jusques à Mussidan.

Jean Militis, maître d'école à Bergerac, demande à étre relevé de ses fonctions, pour aller à Paris. A esté dit, que attendu qu'il a promis et juré exercer les dites escolles, qu'il les régira ou baillera magister souffisant à ce faire.

 

26 Septembre

Aujourd'huy, vingt sixiesme du moys de septembre, l'an mil cinq cens et seze, Helies Eymo, juré de la maison de céans, c'est comparu par devant MM. les consulz et juratz, sans son de cloche, lequel a dit, que feu frère Guillaume Daitz, au temps qu'il vivoit, prieur de Sainct Martin de Bragerat, est allé de vie à trépas, auquel a succédé révérend père frère Bernard Daitz, abbé des Aluz, lequel est prieur à présent;a requis MM. les consulz et juratz, que leur pleust à prester la clouche de céans, pour sonner la dite clouche, une laysse, par le présent, et quand l'on pourtera le corps à terre (1). Cette demande fut agrée par la jurade.

 

(1) La liste des prieurs du prieuré de Saint Martin relevée par M. Ph. de Bosredon, à la Bibliothèque nationale (fonds Périgord), porte que Bernard d'Aitz fut nommé prieur en 1511, après le décès de Guillaume l'Aitz; c'est donc une erreur, puisque Guillaume d'Aitz ne décéda qu'en 1516, comme le prouve la jurade ci-dessus.

 

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1er Octobre

A esté dit que la fon Sivade sera réparée.

Plus, a esté dit, comment Pierre Rano avoit un filz, lequel, comme l'on dit, estoit touché de peste, lequel avoit esté expelli de sa maison du bourg de la Magdalenne, et mis en une cabanne, laquelle s'est brusllée, et s'en est retourné en sa maison. A esté dit que le dit Rano ne demeurera poinct encores en sa maison, et sera gecté hors sa maison, et que la ville luy donne de quoy puisse vivre.

 

6 Octobre

Des cas de peste étant signalés à Libourne, et dans la ville même, au bourg de la Madelaine, il fut arrêté « que le pont sera fermé pour huict ou quinze jours, et sera interdit aulx habitans du bourg de ne entrer en la ville, et sera interdit à toute manière de gens de ne aller à Libourne ».

 

7 Octobre

Un serviteur de J. Alba, habitant du bourg de la Madelaine, s'étant, malgré la défense, introduit dans la ville, en escaladant les murailles, fut arrêté et mis en prison.

Il fut aussi arrêté, « que sitost que les gabarriers,

 

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qui vont à Libourne, viendront au port, s'en retourneront tout court, eulx et leur drapille (effets d'habillement), avec ung gabarrot ».

 

5 Novembre

A esté dit que le pont sera encores fermé pour huict jours.

 

18 Novembre

A esté dit, que ung nommé Sens, jurat d'ici, levait (l'aumône) pour les pauvres ladres, devant l'église de Saint Jacques, et, par le commandement de la ville, demandait une chosse (chausse, culote). Accordé par la jurade.

Monseigr de Périgueux (1) ayant offert un prédicateur à la ville, pour prêcher l'avent, il lui fut répondu, « que l'on luy envoyerat une lettre graciouse, de acomplir le bon vouloir du dit seigneur, dans laquelle sera faicte mencion, que l'on a voit donné parolle au provincial des prescheurs, maiz sur le tout, sa voloncté sera acomplie »,

La chambrière de la femme Boyer du bourg, étant morte de peste, on pria les consuls de bien vouloir la faire ensevelir. Voici l'étonnant arrêté qui fut pris par eux et qui montre combien la

 

(1) Guy de Castelnau.

 

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population craignait la contagion de cette horrible maladie. « Touchant la Boyère, a esté dit, que l'on faira faire une fosse loing du lieu infect, par quelcun, et que l'on baille ung cap de corde longe (longue), à la dite Boyère, en que estacara la dite morte, et aquel que ara faict la dite fosse, la tirera dedans, et la dite Boyère la cuvrira de terre, après, et que l'on contemple la dite Boyère et celluy qui faira la dite fosse, et que l'on bastisse une autre cabane à la dite Boyère.

 

15 Février

Plus, a esté remonstré, comment le bourreau lève, quant tout justice, deux deniers par boctique, et, par pestoresse (boulangères), ung pem. A esté dit que M. le juge y mectra ordre.

Plus, a esté dit que les foussés seront peschés pour avoir ce que l'on pourra.

 

30 Mars 1517

Le pénultiesme du moys de mars, mil cinq cent et dix sept, furent pourtés les corps de MM. de Biron et Gontault, auxquels par délibération du conseilh de MM. le lieutenant Gervaiz, Fournier, Pomarède, Ripia, et Saint-Avit et plusieurs autres, fust arresté que l'on portaroit douze torches avec les armes de la ville, et la cloche sonnerait, ce que a esté faict.

 

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31 Mars

A esté remonstré, comment le recteur de Saint Jacques, assencé (affermé) la cure du dit Saint Jacques, à MM. Jehan Veyssière, Blayse Barrau et Jehan Dyères prestres, gens de mauvaise vie et vicieulx. A esté dit, que sera remonstré au curé, ou son frère M. de Pilles, qu'il entretienne les vicaires vieulx, ou n'y mecte de telz souffisans, aultrement que l'on y pourvoye par justice.

 

23 Avril

Plusieurs maîtres d'école s'étant presentés, il fut décidé, par la jurade, que la ville prendrait celui de Marmande et celui de Saint-Cyprien.

 

3 Juin

Les meuniers du dehors, ayant rompu l'écluse de Pombonne, la ville vit le Caudpau à sec pendant deux jours; ce que voyant, les consuls et grand nombre de gens, allèrent à Pombonne remettre les choses en état. On arrêta aussi, que ceux qui avaient rompu l'écluse ne seraient pas poursuivis, pour cette fois, et que l'eau serait gardée par sept ou huit hommes, aux dépends de la communauté.

 

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Dépenses diverses relevées dans le budget de l'année 1516-1517

 

Le XXXme jour de juillet, achaptâmes une pipe de vin blanc et claret, de Estienne Cros, pour donner à messeigneurs allans et venans; cousta VIII livres, V sols.

Le premier jour de aoust, la ville donnat à M. le cardinal de Lebret, qu'estoit longé chez Bourzes, dix pichiers du vin de la ville.

Plus, le dit jour (trois août), MM. les consulz fisrent vouer la ville, afin que Dieu nous préservast de peste et d'autres inconvéniens, au prieur des Carmes, à faire dire troys messes à l'onneur de Dieu et de Nostre-Dame et au Sainct Spérit, deux livres de cyre; cousta le tout, XVIII sols.

Le dit jour (dix-sept septembre), fismes faire une cabane à la fame du dit Boyer, et sa nore (bru), et ses enfans, parce que son filz estoit mort de peste, et les fimes sourtir de leur maison, et fismes la dite cabane au Gect-Prion; cousta VII sols.

Le VIIme jour du dit moys d'octobre, pour barrer la rue de devant la maison du Boyer, tirant vers Sainct-Anthoine, près la maison de Jehan Alba (1), demy cent de taches, ou, aulx

 

(1) Actuellement rue Saint Michel.

 

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ouvriers que barroyent la dite rue; costa II sols X deniers.

Le VIIIme jour du dit moys, bailhames à Michel Brachonet, pour aller avecques ledit boyer, pour pourter l'ordilhe (1) de sa maison hors du bourg, à cause du dangier de la dite peste, et pour pourter ceulx qui moriont de la peste, du dit Boyer, deux punhières de mesture, et en argent XX sols.

Le dit jour, fut vouée la ville, par le prieur des Carmes, que Dieu les gardast de peste à honneur de Dieu et de Nostre-Dame, de M. Sainct Roc, de M. Sainct Anthoine; costa le vot en cyre ou en aultres choses, XXXI sols, III deniers.

Le XXme jour, au maistre révérend qui preschoit les advens, deux livres de chandelle, II sols.

Le XXIIme jour, au maistre révérend qui preschoit l'advens, une charrete de boys; coustoit V sols.

Le dit jour (3 janvier), à M. de Montaigne, lequel estoit chiez Maillet, fut envoyé deux potz de vin, XII deniers.

Fust baillé à Michel Brachonet, le dit jour, ung mandilh et unes chausses de toile, et ung sayon, parce que ses ahilhements estoyent dangeneux, parce que estaient enfecy, et avait

 

(1) Le mobilier.

 

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fréquenté en le Boyer, durant la peste, et fut dit que la ville l'abilharoit; le tout calculé, se monte XXXV sols.

Le IVme jour de mars, au maistre révérend qui preschoit le caresme, deux livres de chandelles pour estudier.

Le XIVme jour de mars, arriva M. de Granhols en la dite ville, avecques d'autres gentilzhommes, et sa soeur, avecques beaucoup de damoiselles, qu'estoyent lougés tous ensembles chez Bourzes, et la ville luy donna ung présent, parce qu'il est cappitaine du chasteau de la ville; pour la honneur qui lui appartenoit, luy fust donné, six lamprées (lamproies) que coustarent, de Jehan Dussel, dit Cap-Blanc, XXXVI sols. Plus, luy fust donné, le dit jour, huict pichiers de vin valent V sols, IV deniers.

Le XVIme jour du dit moys, pour faire sonner le sen de consulat, à cause de la procession de la Crosee, que le Sainct père en Dieu avoit ordonné, et le roy (1), XII deniers.

Le XXXme jour du dit moys (mars), M. de Biron, baron, convia MM. les consulz et autres gens d'apparence, pour faire honneur aulx corps que pourtoyent de Biron, pour ensevelir au

 

(1) Cette procession eut lieu au sujet des indulgences accordées par Léon X (1517), en vue d'une croisade contre les Turcs, et de l'achèvement de la basilique de Saint Pierre.

 

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couvent des Prescheurs, et MM. les consulz pourtoyent les corps.

Le XXIXme jour du dit moys (avril), quant MM. les consulz fisrent faire la procession généralle, pour le dangier du temps, et des maladies du poing du cousté, fisrent dire une messe devant Sainct Pierre martyr, au couvent des frères Prescheurs; fut baillé aux frères pour dire la messe, la somme de V sols.

Fust payé à messire Jehan Salmonat, pour faire dire une messe devant Nostre-Dame des Carmes, affin que Dieu nous gardant de maladie, et le bien de la terre, II sols.

Plus, a esté baillé à Michelo Bordario, qui, duran que la peste estoit au bourg, chies Pierre Rano, et que Michelo aydoit à Jehan Aubié, consul, à aller visiter ceulx qui estoyent malades de peste, et pourter leur vitaille, au dit Michelo, ly a esté baillé, duran ung moys, VI sols.

Plus, avons faict vouer la ville, par le prieur des Carmes, au Sainct fer de la lance que persa le cousté à Nostre Seigneur, de pourter ung cyre de une livre de cyre, et faire dire une messe devant le sainct fer à Seubo; cousta le dit vot VII sols.

Le dixièsme jour de jung, arriva le commissaire du roy, M. Johan Sapin conseiller du roy N.S., receveur général de ses finances, pour quérir les cent livres del emprompt, que le roy

 

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avoit imposé sur la ville; et par ainsy, y a mise de cent livres.

Plus, le dit jour, luy fut baillé une pièce d'or au dit commissaire, en poyant les cent livres, que valoit vingt deux livres et demye, et ne la print que pour vingt et deux livres, et fut dit par le syndit, que la ville payeroit la demingue, et par ainsi en fay mise de X sols.

Plus le XIVme jour (juillet), furent mises des chaînes aulx quarrefortz de la ville; coustarent XL sols.

A esté rebatu aux pontoniers, c'est assavoir Guilhem la Pigue et Petit Jehan Plunier, pontoniers, à cause que le pont demeura barré, ung moys, à cause que la peste estoit au bourg de la Magdalenne, en la maison du Boyer, et parce que les pontoniers servoyent bien la ville, et les estrangiers, fut dit par la jurade, que la ville les recompensast, à cause que tenoyent durant le dit moys, trois gabarres à servir le monde, qu'estoyent de grant cost, et leur a esté rebatu, comprins vingt charretes, que ont faict passer sur le pont, que estoyent de M. d'Estissat, et d'autres seigneurs, commensant au moys de février; leur fut promis, par charrete, vingt deniers, et, pour cause, leur a esté rebatu, la somme de XXX livres. Le prix total de l'afferme du pont était de 320 livres pour cette année.

 

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Budget

Recettes: Onze cent dix-huit livres treize sols six deniers.

Dépenses: Onze cent dix-neuf livres quatorze sols et six deniers.

 

1518-1519

 

Pierre du Queyla, fut nommé clerc de la ville pour cette année, Jordan fut nommé greffier, et de Grandval notaire royal, clerc du consulat.

 

26 Juillet

A esté remonstré si seroit bon, pour l'utilité de la chouse publicque de la ville, de ne affermer poinct le droit du pont, impositions, ni pogezes, et le molin de la ville, et que la ville les aye en sa main, et les faire lever, par ung homme de bien, que sera commis et député par la ville, lequel rendra compte tous les samedis. Cette proposition fut acceptée par la jurade, sauf pour le moulin Gaudra qui fut affermé à Pierre Mosnier, moyennant trente huit pipes méture. Hélies Grelier fut chargé de lever, pour la communauté, le droit des pougèzes, et des impositions; on lui donnait vingt livres tournoises, par an. Salmot del Tauzinar, fut choisi pour prélever

 

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les droits de pontonnge en faveur de la communauté; on lui donnait, vingt quatre livres par an.

 

30 Juillet

Les sachiers, ou sacquiers, au nombre de vingt-trois prêtent le serment suivant: Lesquelz ont promis et juré, sur le tergitur et croix, estre bons et loyaulx au roy N.S., et à la ville, et de servir la chouse publicque, comme est dict par l'ordonnance faicte entre les merchans, et seront loyaulx, les uns aux aultres, et ne deschargeront les bapteaulx, sinon comme est contenu en la dite ordonnance.

 

19 Août

A esté remonstré, qu'il est besoing mectre aux piles du pont de Dordoigne, une deffense de poulx (pieux), garnis de tables et pierres au dedans, pour garder, que l'eau du dit fleuve, ne les arrache, et si l'on les bailhera à pris faict, ou à journaulx. Et a esté dict que la première pile soit faicte à journaulx, appelle ung espert, ou deux espers, pour chef de manoeuvre, et avecques manoeuvres.

Plus, a esté remonstré, s'il sera bon de couvrir la tour de consulat, et si l'on la machicolera, et de la manière de la couvrir. Et a esté arresté

 

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qu'elle sera couverte, sans machicol, à la discretion du maistre.

Plus, a esté remonstré que, en la maison de M. de la Rivière, nommée la maison de la Mersarie, joignante au mur de la ville, et au dit mur de la ville, a une porte, par laquelle les clercs entrent et sailhent en icelle ville, et font de grans pilharies aux vergiers, de jour et de nuyt. A esté dit et arresté, que la dite porte soit fermée, à deux serreures, et la ville tiendra une clef, et Rivière l'autre.

Plus, a esté remonstré, que les beufz meurent de maladie contagieuse, et si sera bon de cesser de en tuer. Arresté a esté, que l'on n'en tuera poinct, deça la rivière.

Plus, a esté remostré, que Grunon tient ung petit judas, et tue toutes manières de bestes, et les vend routies, et ne veult poyer le droit des impositions à la ville. II fut arrêté que ce rôtisseur paierait comme les bouchers.

Plus, a esté remostré, que le pont de la Mérilhe, s'en va tumber par terre, et que le masson que la faict, en est coulpe, et si l'on le mectra en justice. Et a esté arresté, que le masson sera fourny de quartiers, et du premier jour, sera mis en besougne.

 

25 Août

A esté remostré, que en la présent ville, et en

 

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la maison de Petit-Jehan Gros, est mort de la bosse, ung nommé maistre Jehan de Fraysse, lequel estoit adjoinct au commissaire, pour faire l'enqueste contre la bource commune, et que plusieurs gens de la ville avoyent fréquenté sa companye, et si l'on les fera vuyder la ville. Arresté a esté, que ceulx qui ont fréquenté la companye du dit feu commissaire, vuideront la ville, et pour ce que maistre Simon Maurand (consul) y a fréquenté, qu'il vuidera la ville.

A esté aussi arresté, qu'il soit cryé à son de trompe, que les merchans que yront à la foire de Bourg (1) ne entreront point en la présent ville de troys sepmaines.

 

29 Août

A esté remostré, que à Bourg et Libourne, se meurent de la peste, et si sera bon de faire portes, et mectre portiers. A esté arresté que soyent mys portiers, gaigés par la ville, à chesque porte, ung, que soit homme d'apparance.

Plus, a esté remostré que le prothonotaire (2) de la Balme, et le commandeur de la Balme, sont estés et ont frecquenté la companye de feu

 

(1) Chef-lieu de canton de l'arrondissement de Blaye (Gironde).

(2) Officier de la cour de Rome chargé de recevoir et d'expédier les actes des consistoires publics.

 

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maistre Jehan de Fraysse, lequel est mort de peste, au temps de sa maladie, et sont entrés en la ville, par force. A esté arresté, qu'il leur sera notifié, par le portier, et par le serviteur de la ville, de vuyder la ville. Et peu après, le portier et serviteur de la ville ont refféré, que les dits prothonotaire et commandeur de la Balme, leur ont faict response, qu'ilz ne sont poinct entrés par force, et que les portiers ne leur a poinct résisté, et qu'ils s'en voloyent aler incontinent.

A esté arresté, en oultre, que actendu la peste qu'a cours à Libourne, que ceulx que viendront du dit Libourne ne entreront poinct en la présent ville.

 

3 Septembre

A esté remostré, que Jehan Brégon vient de Bourdeaulx, ont meurent de peste, lequel porte certaine requeste de parlement, par laquelle est mandé, au premier sergent, de faire commandement aux consulz de la présent ville, et à toutz aultres, de le laysser entrer en la ville. A esté arresté que l'on remostrera au dit Jehan Bégon, qu'il soy depporté, pour troys ou quatre jours, de ne voloir entrer en la présent ville, et, s'il faict faire aulcuns commandements, par vertu de la dite requeste, que le scindic s'oppose, et qu'il se retire, par devers la court, et bailhe requeste, tendent affin de remostrer que à Libourne et à Bourdeaulx se meurent de peste.

 

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14 Septembre

Arresté aussi a esté, qu'il sera procédé, par voye de justice, contre ceulx qui ont tué les bestes, des lieux ont a heu dangier de morine de bestailh, contre les proclamations.

 

9 Octobre

A esté remostré, que en la maison d'ung nommé le Boyer, y est mort une femme, et que l'on se craingt que ce soit peste, et que plusieurs gens y ont frecquenté. A esté arresté, que les maisons des malades seront fermées et fournies de vivres et de genebriers (1) et seront fumées, et les fréquentans le plus, seront mys dehors de la ville.

A esté plus arresté, que la ville aura ung barbier pour visiter et gouverner les malades.

 

10 Octobre

A esié remostré, que Jehan Dumas, dict Nivelle., Bernard de Langlade, dict Calamant, et certains aultres merchans de chastangnes, chargent toutz les jours les chastanhes sur la Dordouhe, et les vont vendre à Bourd, et que, fréquentent

 

(1) Genévrier, arbrisseau odoriférant, toujours vert.

 

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plus les infetz de la peste, que gens que soyent, et puys retournent en la présent ville, qu'est chouse dangereuse. Arresté a esté, que nulz merchans ne chargeront aulcunes chastanhes, plus près d'ung quart de lieu de Bragerat, et n'en mectront pas une en la présent ville, et que leurs gabarriers n'aprocheront de la présent ville, d'une lieu, et de ce, leur sera faict inhibition et deffense, à la penne de cent livres; et, tant que touche les chastanhes, qu'ilz ont à présent, les chargeront de Galas (1) en bas.

 

15 Octobre

A esté remostré, si l'on fermera la grand rue, que tire du lieu de Quartière, vers le chef du pont de Dordouhe, à cause de la peste qui y est. Arresté a esté, qu'elle sera fermée, à l'endroit de la maison de Sardine.

Plus, a été remostré, si le pond, desur Dordouhe, se fermera, à cause de la peste, et comment l'on fera le passaige. Arresté a esté, que le pont sera fermé, et seront levées certaines tables de la sole d'icelluy.

Plus, a esté remostré, que ung nommé Mauran, veult fournir le bapteau, et toute maneuvre pour faire le passaige. Arresté a esté, que le dit

 

(1) Petit village situé à l'ouest de Bergerac, et a environ trois kilomètres de la ville.

 

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passaige sera bailhé au dit Mauran, et qu'il en lèvera le tiers denier, en fournissant veysseau et maneuvre.

Plus, a esté remostré, qu'il fault que les sachiers fréquentent les gabarriers, à cause de leur office, et comment l'on les traictera, sur la manière de leur fréquentement par la ville. Il leur fut défendu de dépasser l'église Saint Jacques.

Plus, a esté remostré, que la ville est pleine de vagabons et de pailhardes, lesquelz vont partout, et est chouse dangereuse, pour raison de la dite peste. Arresté, que les dits vagabons et pailhardes seront mis dehors de la ville, de voye de faict, si aultrement ne se peult faire.

Plus, a esté remostré, comment les batailhiers monteront le sel à la présent ville. Arresté a esté, que les maistres des bapteaulx presteront serment, de faire curer les bateaulx, avant abourder au port, et incontinent faict l'abordement, les batailhiers s'en yront, et empourteront leurs vestemens et fardeaulx, et, ce faict, les sachiers deschargeront les bapteaulx, et les baptailhiers lougeront a la grange de Caudo (1), et n'aprocheront pas plus que de la dite grange.

 

(1) Caoudou, propriété située en dessous du barrage, rive gauche, et sur les bords de la Dordogne. Appartient aujourd'hui à M. J. Viger.

 

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18 Octobre

A esté remostré, que M. de Piles a menassé le batailhier du passaige. A esté arresté, que s'il vient de voye de faic, qu'il soit rapellé.

A esté arresté, que les homes de la garde de la ville, auront chescun, ung escu, pour moys.

A esté aussi arresté, que l'on fera prier Dieu par les novices des couvens, pour le salut de la ville, et affin que Dieu garde la ville de peste.

Plus, a esté remostré, que la femme de Anth. Brunel, a overt la fermeure de la rue, que avoit esté faicte prés de la mayson de Laurens Faye. A esté arresté, que la dite femme et son gendre seront gectés hors de la ville.

 

3 Novembre

A esté remostré que maistre Simon Maurand, et Aymond Doblet, consulz, à cause de la peste que a cours a présent en la ville de Bragerat, et plusieurs aultres gens, se sont absentés d'icelle ville, et que si les aultres consulz s'en vont, la ville sera toute desholée; et pour ce, est besoing pourvoir de gens ydoynes pour le gouvernement d'icelle ville. A esté arresté que les consulz ne abandoneront poinct la ville, si la maladie ne monte plus hault en la ville.

Plus, a esté remostré, qu'il y a certaines gens,

 

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que sont sourtis de la ville, et à présent veulent retourner. Arresté a esté: ceulx que sont sourtis de la ville n'entreront poinct, à tout le moings leurs fardes.

Plus, a esté remostré, que plusieurs cotaulx viennent des lieux infectés, en la présent ville, et si l'on leur prohibera de entrer. Arresté a esté, que les cotaulx que viendront des lieux infectz, n'entreront poinct en la présent ville.

Plus, a esté remostré, que les sacquiers césforcent de croistre le pris du portaige, et les Lindeaux (les habitants de Lalinde), et merchans, se plaignent. Arresté a esté, que les Lindeaux et merchans, se pourvuerront de remède de justice, si bon leur semble.

Plus, a esté remostré, que les sacquiers vont par toute la ville, et si se tiendront à part. A esté arresté que les sacquiers se tiendront coy et à part.

Plus, a esté remostré, que quant l'on mande les habitans pour garder la porte, l'on y envoye les enfans, et Peyrot Lamal et aultres gens de petite valur, à cause de quoy, les portes sont mal gardées. Arresté a esté, que dorénavant, les chefs des maisons mandés, viendront garder les portes.

 

17 Novembre

A esté remostré, qu'ilz sont venus certains Bretons, qui veulent achapter des vins et des

 

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blés, si l'on les leysera entrer. Arresté a esté que les marchans Bretons entreront, en soy purgant qu'ilz n'ont point esté en lieux dangereux de peste.

Plus, a esté remostré, qu'il y a certains merchans de la présent ville, que sont ales à Libourne, pourter des vins, et si l'on les layssera entrer, et si seront creus par leurs sermens. Arresté a esté, que les merchans de la présent ville, desquelz est vraysemblable que diront la vérité, seront receuz par serment, entreront, et, les aultres, non.

Plus, a esté remostré, si les gabarriers entreront, et si seront creuz par leurs sermens. Arresté a esté que les maistres gouverneurs, jureront que ne laysseront poinct entrer les gabarriers, ez lieux et villes pestiférensés, et au retourner aussi, les dits maistres gouverneurs, se purgeront si les gabarriers sont entrés aux dits lieux pestiféreux, et en ce faisant, seront receuz, et entreront en la présent ville.

Plus, a esté remostré, que Pierre de Barriat dict Anibiorle, et Jehan de Cabanat, ont certaines chastanhes en la présent ville, lesquelles se porissent, si les chargeront. Arresté a esté qu'ilz les chargeront par ceste foys.

Plus, a esté remostré, que Jehan Audoyn dict Colhaule, se dict estre hérétier de feu messire .... dict le Pape, lequel est décédé de peste, la present année, et demande permission de entrer

 

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dedans la maison du dict desfunct. A esté arresté qu'il y entrera, appellé le serviteur de la ville, pourvueu qu'il n'entrera en la ville d'ung moys.

 

7 Janvier

A esté remostré que la presente année, les frères Cordeliers ont mys deux barricques de vin dedans le couvent, après la feste Sainct-Martin, dernièrement passée, en venant contre le privilège de la ville, lequel vin a esté prins, et mis en la maison de consulat. A esté arresté que les dicts religieux soyent punis à la rigueur du privilecge.

Plus, a esté remostré, que ung religieux des Cordeliers, nommé Vachier, a demandé la chère, pour prescher en la ville, le caresme prochainement venent. A esté arresté qu'il soit receu, si n'en vient de plus soufisans.

Plus, a esté remostré, que Jehan Alba et Berdot Pinet, ont loué Gaussem dict Vauvry, pour garder le pond de Dordougne, par la peste, et si la ville le poyera ou non, actendu que les dicts Alba et Pinet ne sont consulz. Arresté a esté que le dict Gaussem sera payé par la ville.

Plus, a esté remostré, que aux fossés de la ville y a du poysson, et si la ville le coilhira ou le assensera. Arresté a esté, que les consulz les assenseront à l'istinct de la chandelle.

A esté aussi arresté, que, à cause de la peste,

 

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qu'est aux lieux circonvoysins, ne aura poinct faict de foire pour Sainct Anthoyne,

 

10 Février

A esté remostré, que dernièrement, a esté tenu propos, en la présent ville, de soy retirer devers monsgr l'évesque de Périgueulx, de, et sur la juridiction de l'officialat forant (1), que l'on prétendoit avoir, et que nous a esté concédé par mon dict seigr l'évesque, à la obtention duquel ont esté faictz grans diligences, par plusieurs grans gens de bien, et entre aultres M. de Lausun, lequel a faict très bonne chiere aux commis de la ville, pour faire les diligences, et aussi s'est amployé, de corps et de parolle, très grandement, et tellement, que par son moyen l'on a obtenu l'affaire. Et a esté arresté, que la ville, donnera à mon dict seigr de Lausun, une monture, jusques a vingt cinq ou trente escus, et aussy ung saulmon, et quand l'on aura quelque chouse nouvelle, que la ville en face plaisir à mon dict seigr.

Plus, a esté remonstré, qu'il fault trouver une maison, pour tenir la court de M. l'official. Arresté a esté que le dict parquet sera sur la salle de consulat.

 

(1) C'est-à-dire officialité foraine, établie hors de la ville épiscopale.

 

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16 Février

A esté remostré, si les consulz sont tenuz de payer le droit de la marque, pour rayson des vins qu'ilz descendent par la rivière de Dordouhe, durant le temps de leurs offices. Arresté a esté qu'ilz seront ymunes des vins de leur creu; et, des aultres vins, ilz payeront le dict droit.

Plus, a esté remostré. s'il sera bon de envoyer, par devers monsgr l'arsievesque de Bourdeaulx, pour et affin d'avoir sa voix, et pour obtenir lettre de luy, adressant à monsgr l'évesque de Périgueulx, en faveur de la présent ville, et affin qu'il tieigne bon pour la ville. Arresté a esté, que l'on y envoyera ung homme ou deux d'apparence.

A esté aussi arresté, que la ville envoyera dix escuz à M. de Buzet, maistre de l'houstel de monsgr l'évesque de Périgueulx.

Plus, a esté remostré, que Pierre Rivière est du mestier d'esperonier, et qu'il n'en a plus du dit mestier en la ville, et qu'il est fort nécessaire qu'il y soit, s'il sera ymune de faire porte. Accordé.

Aujourd'huy dessus escript, s'est comparu par devant nous consulz, frère Ramond Sirget, gardien des Cordeliers de Bragerat, lequel nous a remostré, et faict remostrer, par maistre Charles André, leur scindic, qu'ilz velent bastir le réfecteur,

 

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et n'ont poinct de vin, ni aultres victuailles pour le bastir, et que la ville leur a prins une pipe de vin, pour ce qu'ilz l'avoyent mise au dict couvent, despuys la feste Sainct Martin dernière, lequel vin nous volons faire confisquer, nous requérans, que la vouleissions donner au dit couvent, à tout le moings pour Dieu. A quoy faire, nous sommes accordés, et accordons, par la teneur des présentes, pour estre employé au dict affaire, et en tesmoing de ce, avons faict signer le présent acte, par nostre clerc dessoubz escript. Présents: Giron Texendier et Giron de Malaroche tesmoings à ce appellés.

 

27 Février

A esté remostré, que les officiers de la court del officialat forant de Bragerat, ont assignation à Périgueulx, en la court de parlement, à la requeste du scindic de la ville de Périgueulx, et pour ce, fault déclarer si la ville frayera, et quelz personnages l'on envoyera en parlement au dict Périgueulx. Arresté a esté, que la ville frayera et envoyera au dit parlement, M. le commandeur de la Balme, M. l'official Doblet, (et) Morand ung des consulz.

Plus, a esté remostré, si seroit bon de envoyer, devers monsgr l'Arciévesque de Bourdeaulx, par devers le cardinal d'Albret, prothonotaire d'Eymet, Estissac, Lausun, Maignanval, M. de

 

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Nazeret. A esté arresté que l'on envoyera par devers mes dicts seigrs, pour et affin de les gaigner, et pour et affin qu'ilz escrivent par devers monsgr l'évesque de Périgueulx, en faveur de la présent ville.

Pour faire face aux besoins de la communauté, la jurade ordonne qu'il sera faict une taille de cinq cents livres tournoises.

Plus, a esté remostré, si seroit bon que la ville envoyast, devers les scindictz des terres du ressort de l'officialat, pour avoir leur consentement, et pour bailher les causes et raisons, comment ilz sont grévés, en alant à l'officialat à Périgueulx. Accepté.

 

17 Mars

A esté remostré, qu'il y a certains merchans de Bourdeaulx, en la présent ville, lesquelz vendent du poisson de mer, à détailh, et comment l'on s'en gouvernera. A esté arresté, que seront faictes inhibitions, à son de trompe, par la ville, que nul merchant estranger, n'aye à vendre à détailh, miliers ni scens, (par mille ou par cent) à peine de confiscation des merchandises, et de l'esmende, et aux habitants de la présent ville, de ne leur administrer ouvertures, chays ni maysons.

 

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18 Avril 1519

Arresté a esté aussi, que la ville sera tailhée de la somme de six cens livres tournoises.

Plus, pour ce que, aultresfoys, l'on a tenu propos, de envoyer, par devers les terres et juridictions, du ressort de l'officialat forain de Bragerat, pour gaigner les scindictz d'icelles terres, a esté arresté, que l'ung des consulz, et maistre Charles, y iront.

 

28 Juin

A esté remostré, si l'on envoyera à Toloze, pour avoir rescript du pape, touchant l'officialat foran de Bragerat. Accepté.

 

8 Juillet

A esté remostré, que le roi veult vendre de son domayne, c'est assavoir, la justice de la présent ville de Brageyrat, et que argent ne se peult trouver, sans vendre de l'esmolument de la ville, et, quest ce que sera bon de vendre. Arresté a esté que l'on achaptera le dict domayne, et que l'on vende de l'esmolument de la ville, avec pacte de remectre.

Plus, a esté remostré, que les habitants d'Issigac sont du ressort du seneschal, ressortant en la présent ville, et que ceux de Sarlat,

 

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cesforcent d'occuper le dict Yssigac, et l'on a délibéré de aler expédier la dicte court au dit Yssigac, et que s'il y avoit aulcun procès, contre les particuliers, si sera bon de prendre les procès au nom de la ville. A esté arresté que l'on y ailhe, et que la ville deffende les particuliers, des procès que se poroyent movoir, à cause de cela, et prendra totallement la cause et les desdomaigera.

Voici, par quartier, le nombre des habitants qui furent imposés, par la taille votée dans la jurade, tenue le dix-huit avril.

 

Mercadil

157

Grand-Rue

228

Bourbarraud

204

Le Terrier

263

La Madelaine

498

Total des imposés

1110

 

Plusieurs habitants des paroisses de Pomport, Colombier, Roufignac, Saint-Nexant, Cours-de-Piles et du village de la Gueyrardie furent aussi imposés.

 

Dépenses relevées dans le budget de cette année

 

Pour mectre l'eau au fossé de la ville, affin que le poysson ne morust, X deniers.

Item. - Le dernier jour de julhet, la clef de

 

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la porte Loguadoyre rompit, et falut desbouter le bout et faire la dicte clef, XX deniers.

Item. - Le neufiesme jour d'aoust, fust bailhé à Huguet, le chandelier, qui fist les coyssinetz de métal, à la cloche de consulat, lequel fournit XXI livres du sien métal, et compté la fayssan, du nostre et du sien, IV livres XV sols.

Item. - Le XXVme jour d'aoust, M. l'esleu Folcault, envoya quérir deux charges de sel, que luy avoyent esté promyses, pour ce qu'il avoit faict quelques plaisirs à la ville, que coustarent XXVII sols VI deniers.

Item. - Le XXVme d'aoust, le frater qui morust ches Petit Jehan Gros, se trouva malade de peste, et pour en scavoir la vérité, promismes à Tout-Blanc pour le visiter, IV livres.

Item. - Le dict jour, quant fust enseveilhi, Monclar Jordan, Pierre de la Rivière, Giron et Coly, alames parler avecques le serviteur du dict desfunct, pour le mectre dehors de la ville, et alames boere ensemble ches Pierre, et despendimes X deniers.

Item. - Le XXVIIIme jour d'aoust, fust dicte une messe, par devant Saint-Roc, pour recommander la ville à Dieu, et cousta XX deniers.

Item. - Le VIme jour de septembre, bailhé au barbier que avoit pencé le commissaire, que morust de peste ches Garmon, pour ce que nous luy fismes promectre, qu'il tourneroit, pour ce

 

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que craignons que nous fist besoing, et luy promismes la somme de III livres.

Item. - Le XIXme jour du dict moys, fust trouvé ung chien mort soubz le pont de la Loguadoyre, lequel Giron fist enseveilhir, par les mains du maistre des aultes euvres, et luy fust poyé X deniers.

Item. - Le segond jour du moys d'octobre, bailhames à M. le consul Mailhet, pour ce qu'il avoit gardé le port de Cleyrat, et le pont, par ung moys, à cause de la peste qu'estoit à Bourdeaulx et Libourne, III livres.

Item. - Le dixiesme jour d'octobre, bailhames à Balaye, pour enseveilhir la filhe de Perrotin, laquelle estoit morte de peste, V sols.

Item. - La ville fust vouée, et pourtames ung sierge de quatre livres de cire, lequel cousta XXIV sols.

Item. - Le XVme jour d'octobre, fust tenue jurade, et les consulz et juratz burent en consulat, et fust despendu en pain, vin, et eufz, V sols V deniers.

Item. - Le XXIIme jour d'octobre, à Jehan Pinet, pour quatre bandes, pour bander les maisons aux infectz de la peste, III sols.

Item. - Le XXIVme jour d'octobre, à Pierre Merlan qui garda à Teulieres, pour faire venir les gens au pont, quant fust overt, XII deniers.

Item. - Le XXVIme jour d'octobre, à Tout-

 

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Blanc le barbier, pour ce qu'il visita l'enfant de Peyrony quant fut mort, II sols.

Item. - Le tiers jour de novembre, fust tenue jurade, et alames veoir la filhe du Rale, que avoit la peste, pour la mectre dehors, et les consuls beureut en consulat, et despendirent XIX deniers.

Item. - Le XVIIme jour de novembre, fismes dire une messe devant Sainct-Anthoine, pour et affin que Dieu nous donnast sancté, II sols.

Item. - Le dict jour, fismes dire une messe devant Sainct Roc, quy cousta, II sols.

Item, - Le dict jour, baylis pour faire tourner les tables, que avyons mallevées, pour fermer les rues ont estoyent les infectz, XII deniers.

Item. - Le dit jour mesmes (sept décembre), M. de Lencays nous envoya une lectre, que nous advertissoit, que à Sainct Aulbin, et à Faulx, se moroyent de la peste, et fust donné au messaigier, III sols, IV deniers.

Item. - M. Jehan Salmonat, voua la ville, et fist dire une messe à Sainct Martin, une aulx prescheurs, une aulx Carmes, une aulx frères Cordeliers, et y fournit douze chandelles; cousta le tout VII sols, VIII deniers.

Item. - Le XXVme jour de janvier, arriva Monsgr l'évesque de Périgueulx, en la ville et, fust ordonné que la ville luy donneroit une barricque de vin claret, que cousta, L sols.

 

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Item. - Luy fust donné une pipe advoene, que valoit II sols VI deniers, chesque pognière; somme, III livres.

Item. - Le tiers jour de février, fust envoyé à Monsgr l'évesque de Périgueulx, à Puyguilhem, ung salmon que cousta, II livres.

Item. - Le Vme jour de février, vint M. l'official de esta ville, et maistre Charles Veugeuron de Périgueulx, pour conseilher si l'évesque povoit bailher l'officialat en la ville, et achaptames troys dernes (1) de salmon, et quatre asseges (2), pour soper, et costarent, VIII sols.

Item. - Le Xme jour de février, achaptames deux salmons pour envoyer, l'un à M. de Lauzun, et l'autre à monsgr l'évesque de Périgueulx, qu'estoit à Beaumont, que coustarent, IV livres V sols.

Item. - Quant monsgr l'évesque bailha l'officialat en la ville, M. le juge Fournier, Mourand, Castanet, Beau Rieu, et maistre Charles, et Jehan de la Crup, alarent à Lausun pour faire passer les lectres, et donnarent ou despendirent, sans comprendre aucunes journées, comme appert par le menu, C IV (104) livres, IX sols, V deniers.

 

(1) D'après les ordonnances consulaires, chaque saumon vendu aux Mazeaux, devait être coupe en seize dernes ou tranches.

(2) Poisson blanc.

 

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Item. - Le quart jour de mars, fust envoyé à M. l'officialat de Bragerat, prieur de Faux, du vin, VIII deniers.

Item. - Le XXme jour d'avril, bailhis à maistre Anthoine Marbot, pour la maison que fust achaptée pour mectre les garces, que coustoit LX livres, et luy baylis LX livres.

Item. - Le XXIIme d'avril, fust baylis à Codot le charpentier, pour ce qu'il faisoit les chambres de la maison des filhes joyeuses, que cousta sans les tables, et taches, ou reilhetes (planches, clous et ferrures), et pour les journaulx et despenses, XXII sols II deniers,

Item. - Le dict jour, maistre Mathieu Dupuy, s'en ala à la Force, à Eyrault, al Fleix et à Gurson, pour avoir le placet des scindictz, si voloyent plus venir à la court de l'official, à Bragerat, que à Périgueulx, et despendit tant en despenses que pour ses journées, XX sols.

Item. - Le XVme jour de juing, pour mectre de l'eaue au fossé, pour ce que le poisson moroit de l'eaue chaude; baylis XII deniers.

Item. - Le VIme jour de juillet, M. le juge mage, et les esleuz, vindrent en ville pour vendre la justice, et leur fut envoyé du vin, lanl que demeurarent en ville, que cousta, V sols IV deniers.

Item. - Le jour que primes possession de la justice, baylis aux sergens que nous acompanharent, III sols.

 

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Item. - Le jour que achaptames la justice, et amprés le passement faict, nous sopames ensembles, et maître Bernard Dupuy, et Galias avecques nous, et despendimes ches Bourges, ensemble le boere que fimes en consulat, le matin, XXI sols.

Item. - La vespre de la Magdaleine, fismes dire une messe au Saint Espérit, à messire Jehan Salmonat, II sols.

Item. - Le dict jour, quant heumes faicte nostre élection, alasmes boere toutz ensembles, et le prestre avec ques nous, et despendimes IX sols, VI deniers.

 

Pour acheter la justice, les consuls engagèrent le droit de pontonage.

Ci-dessous les diverses sommes payées par eux:

Premièrement pour l'achapt de la dicte justice, VIII cens IVXX X livres.

Item. - Plus, furent donnés à M. le juge mage, et aux deux esleux de Périgueulx, XXX escus soleilh.

Item. - Plus, au thésaurier furent donnés, IV escus soleilh.

Plus, à maistre Guyon de Périgueulx, furent donnés, II escus soleilh.

Plus, pour les lectres, III escus soleilh.

Plus, furent donnés à M. le juge de Fourneron, X escus soleilh.

 

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Budget

Recettes : Huit cent quarante-six livres, neuf sols, et trois deniers.

Dépenses : Huit cent quatre livres, treize sols.

 

 

1520-1521

 

Le vingt-cinq juillet, les jurats au nombre de quarante-huit, et les bouchers au nombre de dix-neuf, prêtèrent le serment accoutumé, entre les mains de MM. les consuls.

 

26 Juillet

A esté remostré, pour ce qu'il a esté prohibé de ne tuer des beufz, à cause qu'ilz moroient jornélement de mort subite, et que les confrères de Sainct Jacques, pour leur confreyrie, eu vouloient tuer ung, que n'estoit de lieu infect, et demandoient permission. Touchant le beuf que les confrères de Sainct Jacques veulent tuer, sera visité, et oyz par serment, ceulx qui l'ont achapté, et s'il est trouvé que ne soit de lieu dangereux, que le dict beuf ne soit suspect, leur sera donné permission.

Item. - Aussi a esté dict et arresté, que les processions généralles que se font pour la ville, au nouveau advenement des consuls, après la

 

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feste de la Magdalène, seront continuées comme est de coustume, et commencées dimanche prochain. Plus a esté dict, que oultre ce que l'on avoit accoustume, sera baillé et poyé, à la dernière procession, à chascun prestre, dix huict deniers tournois, affin qu'ilz disent chascun une messe pour l'entreténement de la dite ville.

Aussi illec, les dicts consulz ont baillé à Giron Malaroche, le reloge pour le gouverner, et qu'il fera l'agusaige du moulin de la ville, au prix qu'il avoit et est de coustume (c'est-à-dire sept livres en argent, et trois poignères, moitié froment et moitié seigle). Les consuls, trouvant sans doute que Malaroche n'était pas assez rétribué, lui laissèrent les appointements ci-dessus pour le gouvernement de l'horloge, et donneront l'aiguisage des pics du moulin Gaudra, à Jean Pinet, moyennant six poignères blé et seigle.

 

27 Juillet

A esté remonstré par le prieur du couvent des Prescheurs de la présent ville, que dimanche prochain en huict jour sera Sainct Dominique, qu'est leur patron, et en leur couvent y a grans pardons; requérant que la procession générale de la présent ville, que tumbaroit par ordre au couvent des frères Myneurs, soict faicte au dic couvent des prescheurs, à cause de leur feste et

 

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solempnisté du dict Sainct Dominique, sans préjudice du dict ordre. Accepté par la jurade.

Item. - A esté dict et ordonné, que la ville fera réparer la maison publicque des filhes, et mectra ung homme pour les gouverner, dors en avant, et levera quelque tribut pour sepmaine d'elles.

 

1er Août

Le premier jour de aust, l'an mil cinq cens et vingt, par maistre Charles André, maistre Micheau Bayssalance, Stienne Cros, Anthoine Johanel, et Jéhan Bouchault, et moy Hugues Raoulx, consulz pour eulx et aultres consulz, ont baillé la maison Blanche, gouvernement d'icelle et des filhes, à Huguet Chastre, et Leonarde Marpintrac, abbesse de la dicte maison, pour le pris, pour la présent année, de cent solz, dont bailleront pour tout le jourd'huy, deux escutz soleilh, et le résidu à nostre volonté; laqu'elle abbesse levera toutes les sepmaines, chacun lundi, de chescune des filhes, V deniers tournois, et des pailhardz qui y coucheront, III deniers; et ont promis et juré de bien gouverner la maison, garder d'escandalle, et révéler le mal si aulcun en y est.

 

2 Août

Le nommé Jacques Chassaigny est reçu bourgeois de la ville, moyennant la somme de six

 

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livres. Il est bon de se rappeler, que chaque nouveau bourgeois prenait l'engagement de garder les portes de la ville lorsqu'il y serait convoqué, et de ne pas établir d'entrepôt de sel hors de l'enceinte des fortifications.

 

3 Août

Pierre Peyrarède ayant acheté l'année précédente, les revenus du pont, pendant trois années, et cela pour la somme de douze cents livres, est obligé de se défendre contre les nouveaux consuls, qui, trouvant ce prix trop peu élevé, voudraient faire casser le contrat.

Parmi les ordonnances qui furent criées à son de trompe, on trouve:

L'on faict inhibition et deffense, que nul ne soit hardy de jouer aux cartes, dés, ne aultres jeux de sort publicquement, sur pene d'esmende arbitrère.

Item. - Inhibition à toute manière de gens, de ne mectre femiers (fumier) devant le Térier, et lieu public, du jeu de l'arbaleste, à la somme que dessus, et permission de prandre le femier, à tous ceulx quy en vouldront prandre; et aussi au devant la croix de la porte de Malbec, ni aussi mectre les dicts femiers au devant les portes de la dicte ville.

 

5 Août

Le cinquiesme du moys de aoust, l'an mil cinq cens et vingt, entre MM. les consuls, dans

 

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la maison du consulat, a esté dict que monsgr de la Forsse estoit trespassé, et l'on vouloit faire la sépulture du corps demain, au couvent des frères Myneurs de la présent ville; a esté remostré si l'on feroit poinct de honneur par torches, avec ques les armes de la ville. A esté arresté par MM. les consulz avec les dictz juratz, qu'ils yront faire la honneur à l'endevant du corps, à l'entrée de la ville, et y feront pourter une douzène de torches garnyes des armes de la ville, et feront à l'entrée du corps sonner la cloche de la présent ville, jusques à ce que le dict corps soit dans le dict couvent des frères Myneurs.

 

25 Août

Remonstré que le bruict est, que la garnison vient au présent pays de Périgort, et si seroit bon de envoyer une lectre à monsgr le mage de Bourdeaulx, seigr d'Estissac, qui aultres foys nous a exemptés de garnisons. Cette proposition est acceptée par la jurade.

 

1er Septembre

A esté remostré, que en ensuyant la dernière jurade, la ville avoit envoyé une lectre au seigr d'Estissac, lequel en avoit envoyé une que a esté illec leue, par laquelle il mandoit à MM. les

 

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consulz, que touchant la garnison dont l'on se craignoit, et aultres chouses esquelles il poroit faire plaisir, il auroit la ville pour recommandée, en façon que l'on le cognostroit. A esté oppiné et arresté, que la lectre de monsgr d'Estissac est bonne, dont la jurade c'est contentée, et dict que la ville fera plaisir et service, tel que sera possible au dict seigr d'Estissac, et aussi l'on luy baillera des présens en temps et lieu.

 

15 Octobre

Il est dit de garder les portes de la ville, parce que la peste sévit à Angoulême.

Dict que l'on fera aller Poutiés à la malandarie ou ailleurs s'il est lépreux.

 

20 Décembre

Remonstré par les dicts consulz, le contenu es-lectres patentes et missives du roy, envoyées aujourd'hui à la présent ville, par ung chevaucheur, touchant ung emprompt de deux cens livres, incontinent et sans délay, pour les affaires mentionnées es-dites lectres. A esté dict, et arresté, que ceulx qui restent à devoir de leur tailh impousé pour aultres négoces de la présent ville, qu'ilz payeront sans delay, pour les sommes qui se lèveront, estre appliquées au dict empronct.

 

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Noble Brandelis de Ferrières, était à cette époque capitaine de Montcuq.

 

18 Janvier

A esté remonstré, que le chevaucher du roy, vint yer en ville, avec lectres missives du roy, pour l'emprompt de deux cens livres, comme nous a mandé par les lectres royaulx. A esté arresté, que les dits consulz, en la meilheur forme qu'ilz porront faire, poyeront la dite somme, au dict messager, et le deffrayeront, et auront quictance de luy, et double des dictes lectres.

Plus, a esté dict et commander, de pourvoir la ville d'ung homme de bien, de prescheur, pour le caresme prochain.

Plus, ceulx qui portent les rantes de blé, argent, poilhailles, aux habitans de la ville, ne aultres chouses que apartiendront aux dicts habitans, ne poyeront le pontonaige.

 

1er Février

Après remonstrance faicte, a esté dict et arresté, que Jehan Fauchier, lépreux du lieu de Lausun, sera reçeu a la maladarie de la présent ville, en payant cent francs bourdalais de entraiges, à la dicte maladarie, avec ques sa femme, pourveu qu'il vive et face comme les aultres, et

 

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ne viendront demander les dimenches, à Sainct Jacques, à cause que la rue est estroicte, et seront à cheval quant passeront par la rue, les clicquetes sonantes (1).

 

8 Février

A esté remonstré, que M. le baylif de la présent ville, ou son lieutenant, quant il faict procès des crimineulx, ne appelle poinct aulcun des consulz, en ensuyvant le privilège. Arresté, que l'on en fera requeste en sa court, de appeler ung des consulz, en la conclusion des dicts prisoniers.

 

30 Mars 1521

Arresté que la ville donnera au maistre révérent qui a presché le caresme, quinze livres tournoises, compris les questes.

Plus, arresté que les magisters qui veulent les scolles de la présent ville, feront les disputes, et ce faict, sera receu le plus apparant, comme porte l'ordonnance de céans.

Plus, dict que l'on fera entretenir le poix de la chair, et dans la maison de céans, sera tenu

 

(1) Espèce de crécelle, dont les lépreux enfermés à la maladrerie devaient être munis, pour annoncer leur présence, toutes les fois qu'ils allaient par les rues de la ville.

 

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poix de fer, pour garder la faulceté que l'on porroit faire.

 

3 Avril

Thomas et Helies Fauchier frères, marchands sont reçu bourgeois de la ville; ils ont bailhé une arbaleste d'acier nommée de passe, garnye de tour, et mesmement de bandaige, plus troys escutz soleilh, et on leue leur lectre en forme; presents: maistre Jehan Granval notere et praticien, et Pierre Gauchier merchant.

 

4 Avril

A esté dict, que les mothons que seront de greise, par manière de provision, et jusques à ce que aultrement en soit ordonné, la livre se mectra à XX deniers.

Plus, dict que l'on mectra pour fère la caritat, vingt une pipe, ou vingt deux pipes de blé, comme est de coustume (1).

 

11 Juin

A esté dict et remonstré, que s'il est possible,

 

(1) La pipe se composant de six sacs de quatre poignères, c'était donc cent-vingt-six ou cent trente-deux sacs de blé employés par les consuls, à faire la charité.

 

p. 257

les consulz bailleront à prix faict, pour bastir la tour Logadoyre.

 

13 Juillet

D'après le procès-verbal enregistré à la date ci-dessus, on trouve que le budget de l'année 1519-1520, dont le registre manque à notre collection de jurades, s'élevait à:

 

Budget

Recettes: Quatorze cent quatre-vingt une livres neuf sols un denier.

Dépenses: Quinze cent soixante-cinq livres quatorze sols onze deniers.

 

15 Juillet

Arresté par la plus seine partie de la jurade, que les gaiges que fussent estés deuz à Fornery, s'il eust accepté l'office de consul, l'année passée, se partiront entre les aultres qui portarent la charge de luy (1).

 

Dépenses diverses relevées dans le budget de cette année

 

Premièrement, l'endomain de la Magdalene,

 

(1) Fornerie ou Fournier, avait refusé de prêter le serment exigé des nouveaux consuls.

 

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au commencement de nostre an, qu'estoit XXIII de jullet mil cinq cens vingt, fust délibéré entre nous, fère dire troys messes, affin que Dieu nous donnat bon commancement; pour lesquelles le dict Cros borcier a poyé VII sols.

Item. - A esté dict par la jurade, que l'on feroit mectre à exécution, certaines lectres royaulx, impétrées à la requeste du procureur du roy, contre ceulx de Sarlat, à cause du ressort d'Essigat, pour lesquelles fère exécuter, et fère fère les informations, qu'estoient mandées par ycelles, fust envoyé maistre Bernard Dupuy, avec ques Gaudcher, lesquelx allarent à Eyssigat, à Sarlat, avec ques ung notère, et fisrent les informacions des excès, que ceulx de Sarlat avoient faict à ceulx de Bragerac, au dict lieu d'Eyssigat; aussi pour le dict affère, fust envoyé maistre Helies du Castaing, et après qu'ils furent venus, qu'estoit à la fin du dict moys de jullet, fust compté la despence que avoit esté fornye par le dict Cros, en argent, avant partir, ensemble les journées du dict Gaudcher; le tout calculé dans la dicte maison de consulat, en présence des consulz, se monte IX livres VI sols.

Item. - Le dict jour (cinq août), fust baillé à Estienne Joly, à cause qu'il va tous les lundis, la nuyt, cryer que l'on prie Dieu pour les trèspassés, luy fust baillé treze chandelles, que costarent XIII deniers.

Item. - Pour ce que au commencement de

 

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nostre année, par dévocion, fust faict un veu de mectre une lambe (lampe) devant la custodie de Nostre Seigneur, en l'esglise de Sainct Jacques, en laquelle seroit feu tout le cours de l'an, affin que Dieu préservat la ville de tout dangers, et illuminat de sa grace les dits consulz, fere le bien, utilité, et proufit de la dicte ville; pour ce, le dict jour septiesme du dict moys de aoust, la dicte lambe d'estaing, garnye comme apartient, fust eue, et comprins le tout, costa V livres XVIII sols.

Item. - Le dict jour (onze août), a cause qu'il fust dict, que tous les prestres de la présent ville diroient messe pour icelle, et priaroient Dieu pour l'entretenement de la ville, et auroient beate à la dernière procession (1), ce que fust le dict jour, que monte en tout, IV livres, XIV sols.

 

Cette année, l'écu soleil valait quarante sols.

 

Item. - Fust dict par la jurade, que les consulz yroient fere honneur au corps de feu M. de la Forsse, que l'on devoit porter ensevelyr au couvent des frères myneurs, de la présent ville, avec ques une douzenne de torches, garnyes des armes de la ville, à cause que les dicts consulz fusrent conviés à soy y trouver, et fere honneur

 

(1) A la dernière des trois processions faites par les trois couvents de la ville, à chaque nouvelle nomination de consuls.

 

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au seigneur, qui est à présent, noble Pierre de Beaupoil; pour ce le VIme du dict moys de aoust, fust poyé pour la cire des dictes torches, II livres, VIII sols.

Item. - Pour les bastons des dictes torches, XX deniers.

Item. - Pour les armes de la ville que fusrent mises aux dictes torches, XII sols.

Item. - Pour la façon des dictes torches, comprins le filet, XII sols.

Item. - Fust donné aux enfens qui portoient les dites torches, III sols.

Item. - Le XIXme du dict moys, pour six livres et demye de huyle, pour mectre à la lampe de la ville qu'est à Sainct Jacques, de laquelle a esté faict mencion dessus, VII sols, VII deniers.

Item. - Le XXme du dict moys, a esté achapté deux charges de chaux, pour abiller la maison des filhes, apartenant à la ville, que costarent, XI sols.

Item. - Le XXIIme du dict moys de aoust, l'an susdict mil cinq cens et vingt, ont esté arretenues par les consulz, deux barricques de vin, tant blanc que claret, pour en donner à MM. de parlement et aultres seigneurs, en passant, et repassant; lesquelles de marché faict ont cousté IV livres.

Item. - Le XIIIme d'octobre, fust poyé à Françoys de Cugat, golier, pour son droict de Vaury Gausen, qui avoit esté condamné estre

 

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descapité, par la court ordinaire, et la ville à cause que a achapté la justice, est au lieu du roy, et se montoit le droict du dict golier de deux moys et neuf jours, IV livres, X sols.

Item. - Le dict jour, pour troys cordes à mener le dict Vaury à Bourdeaulx, XII deniers.

Item. - Le tiers jour de février, fust baillé à M. le commandeur de la Baulme, pour don et estrene de son voyage (1), à cause qu'il ne vouloit poinct d'argent de la ville, ung noble a la roze, valant, IV livres, XII sols 1/2.

Item. - Fust donné du vin à M. de Bordeille, le VIme du dict moys, que costa, XVI deniers.

Item. - Le tiers jour de mars, l'an mil cinq cens et vingt, le seigr d'Estissat vint en la présent ville, et y coucha, et luy fust donné en présent, tant le dict jour qu'il arriva que lendomain, c'est assavoir: cinq lemproyes, deux aloses, demy salmon, une carpe et dix potz de vin; et se monte le tout, la somme de VI livres, XVIII sols 1/2.

Item. - Le XVIIIme du dict moys de mars, fust baillé en chandelles, au maistre révérent qui preschoit le caresme, XXVI deniers.

Item. - Au dict maistre révérent, qu'estoit venu enrol, le XIX du dict moys, pour troys

 

(1) Le commandeur de la Balme, avait été envoyé à Bordeaux, par les consuls, pour activer les divers procès soutenus par la ville.

 

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onsses de tauletes, de maistre Pierre Cabrol apothécaire, IV sols.

Item. - A cause du froict, la ville fust vouée, et fust faict dire une messe, pour laquelle, II sols 1/2.

Item. - Le dict jour (vingt-trois mars), fust poyé troys cierges, chescun d'une livre de cire, l'ung pour mectre devant le Corpus Deus, l'aultre devant Nostre Dame, et l'aultre devant Sainct Pierre le martir, à cause du veu faict par M. Jean Salmonat, pour et au nom de la ville, que Dieu nous préservat de gelée; cousta la façon XIX sols VI deniers.

Item. - Le XXV du dict moys de mars, l'an mil cinq cens vingt ung, pour unes chauses, que furent baillées au dict Giron Teyssendier, à cause de ses gaiges, comme l'on a de coustume, XXXV sols.

Item. - Fust payé à six hommes, qui excantirent le feu de la camynade, quant la maison de Pierre Robbert se brusla, et les dicta hommes furent loés par la ville, et c'estoit le dixiesme de avril, l'an sus dict; leur fust payé, VI sols.

Item. - Le tiers jour de mays, l'an sus dict, pour un fromaige de forme (1) que l'on donna au capitaine de la Ribière, et a ses lacays, cousta, IV sols 1/2.

 

(1) Fromage d'Auvergne ayant la forme d'une meule à aiguiser.

 

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Item. - Le IVme du dict moys, fust poyé aux sergens pour fustiguer deux larrons, V sols.

Item, - Au maistre des euvres pour les gans et cordes, II sols.

Item. - Au dict maistre pour son droict, XIV sols.

 

Budget

Dépenses: Mille huict cent soixante deux livres quatre sols et trois deniers.

Recettes: Deux mille cent soixante quatorze livres, quatre sols, onze deniers.

 

1522-1523

 

Et premièrement, le jour monsr Sainct-Jacques du moys de jullet, du dict an, a esté tenue jurade en la maison de consulat de la dicte ville.

A esté loué par les dicts consuls, maistre Hélies Grelier, pour lever les pogèzes et impositions de l'année suyvante, et luy a esté promis vingt quatre livres, franc de taille et pogèzes, et promis et juré estre bon et loyal, et rendre bon compte.

Le dict jour, a esté loué le dict Dupuy, pour estre clerc, céans, et luy a esté promis dix livres de gaiges, franc de taille, portes et maneuvre,

 

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et de pogèzes, touchant le vin du cru de sa maison.

Le dict jour, les dicts Reynier et Jorda consulz, ont accepté l'office et charge d'estre borciers, aux gaiges accoustumés (vingt cinq livres).

Le moulin de la ville fut affermé à Jean Pinet, moyennant trente-cinq pipes 1/2 de blé.

 

28 Juillet

Remostré, que à présent, sont plusieurs malades, tant de peste que aultres maladies, et que la confreyrie de Nostre-Dame des Carmes se doibt fere, où auroit assemblée, et en porroit venir du dangier. A esté dict, que la dicte confreyrie sera remise jusques à Nostre-Dame de septembre, et après l'on verra que sera.

Plus, remostrent si l'on fermera une partie des portes de la présent ville, et si l'on y mectra des gens pour les garder, à cause de la peste. A esté dict, que l'on fermera une partie des portes par sepmaines, et que ceulx qui seront mandés, les chiefz des maisons, viendront pour garder les dictes portes, ou bien homme souffisant.

 

25 Août

Remonstrent que les vandanges se approchent, et fauldra ouvrir toutes les portes, si l'on mectra à chascune porte ung portier qui soit salarizé. A esté dit que oy.

 

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5 Septembre

Arresté, que, l'on ne ouvrera les portes de la présent ville, que ne soit jour, et seront fermées de bonne heure.

 

22 Septembre

A esté remonstré du corps de M. d'Estissac, qui, doibt venir. A esté dict, qu'on luy donnera deux douzaines de torches avec les armes de la ville, et feront sonner toutes les cloches.

 

30 Septembre

A esté retmonstré de plus fere, de ce que le corps de M. d'Estissac se vient inhumer en la présent ville, et des honneurs que l'on luy fera. A esté dict, que, les consulz feront la plus honneur quilz porront et feront porter vingt quatre torches, et feront porter les luminaires des confreyries de la présent ville, et aller au devant du corps; plus a esté dict, que seroit bon donner une pipe de vin vieulx à Messeigneurs.

 

27 Octobre

A esté remostré que, au bourg de la Magdalena, la peste c'est mise ches Plantat, qui, estoit hostalier, et le jour (de) Sainct-Front, y avoit eu

 

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fréquentation, si seroit bon fermer le pont pour ung temps. A esté dict, que les consulz rompront le bout du pont, devers la Magdalena, et ce, pour ung moys prochain venent, et que ceulx qui ont fréquenté la dicte maison, et aultres infectz seront gectés hors la ville.

Et aussi a esté dict que, la foire de Sainct Martin sera désertée, et aussi sera faicte inhibition aux merchans de ne aller à Limoges.

 

3 Novembre

Remonstré que, puisque la peste est au bourg, les gens ne auzeront porter les vins dela l'eau, et, ne porront entrer dans la Sainct Martin. A esté dict que, avecques conseil l'on proroge pour ung moys, après la Sainct Martin, le dict terme, pour fere entrer les vins, qui, sont dela la rivière, seulement pour la dicte cause.

 

7 Novembre

A esté remonstré, que, la disposition du temps a esté desjà en pluye, et, est en disposicion d'estre pis, et que la Dordoigne croict amplement, et est en voye de enmener le pont, qu'est sur la dicte Dordoigne, qu'est le plus beau joyau que ayons, et qu'est de fere. A esté dict, que, les consulz feront dès à present, et incontinent, prier Dieu aux novices des couvens et aultres

 

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religieux et gens d'églize, et que demain, tout le monde se mecte en dévocion, et devers mactin, sans ouvrir les boticques, et que tout le monde prie Dieu; et en oultre, que si le cas venoit, que l'eau montast et vinct près du dict pont, que l'on aye tous expertz que l'on porra trouver, affin que y soit mis tel ordre que se porra fere, et que si y a besoing, que l'on mande tous, grans et petitz, à fere ce que tes dicts expertz diront.

 

10 Décembre

Le dict Formier remonstre, que, ung commissaire vient pour reformer les Cordeliers de la présent ville, et prandre leurs biens, que sera cause de les avoir toutz les jours à la porte, et, demander conseilh et secours. Dict, que l'on remonstrera aux commissaires de laisser les possessions du couvent, et, que soient tenues par aultres mains que des religieux.

Plus remonstrent, que les cotaulx qui viennent de hault, demeurent à la porte, et, est grand dommaige. Arresté, que, encore sera actendu jusques à Noël.

 

17 Décembre

Resmonstrent, que, autour de la présent ville et bourg, la mortalité se eschaufe. A esté, dict, que l'on fasse bonnes portes.

 

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20 Décembre

Le dict d'Escodéca (jurat) (1), a dict qu'il seroit bon soy adresser à Monsgr l'admiral, et, pour y entrer seroit bon en parler à M. de Cugat, ung des gentilhommes du dict seigr, et à M. Carbonnier, aussi gentilhomme de la maison du dict seigr.

Aussi a esté remonstré, tant par le père gardien Reynier, des frères myneurs, que par le dict Vallibus, procureur du roy, substitut en la présent ville, qu'ils se craignent, que les joyaulx du dict couvent sont en voye de perdicion, et ont requis les dicts consulz et juratz leur donner conseilh et confort. A esté dict, que les dicts joyaulx, seront mis par inventaire, pour estre mys en la présent maison.

 

22 Décembre

François Reynier consul, prete à ses collègues la somme de cinquante escutz, pour les convertir aux affaires de la dicte maison; lesquels ont promis rendre au dict Reynier, de jour en jour, à sa volonté, et à ce, se sont obligés en la meilleure forme.

 

(1) Bertrand Escodéca qualifié de noble, défendait la descente des vins.

 

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30 Décembre

P. Gérault du Castaing, consul et receveur de l'année précédente, rend ses comptes en présence des consuls en charge.

 

4 Février

Remonstré, que frère Plantaut, qu'est filz de la présent ville, veult le sermon. A esté remis à fère responce à une aultre foys.

 

14 Février

Remonstré que l'on se crainct qu'il y aye peste en ceste ville, et affin que le tout aille bien, que l'on loue des hommes, pour ensevelir les mortz, et faire visiter, et que soient salarizés, ce que leur a esté promis. A esté dict, que ce que les consulz ont faict au dict affere, sera poyé, et leur a esté donné toute charge.

Plus remonstré si l'on ouvrera le pont, et que au bourg ne se meurent plus. A esté dict que la dicte ouverture demeurera par sept jours durant, durant lequel temps, la lune sera retournée, et s'il n'y a aultres dangiers le dict pont sera ouvert.

Aussi, que despuis XV jours en ça, ceulx de Sarlat demandaient certains prisonniers d'Eyssigac,

 

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et que la court du sénéchal y est allée tenir la court mercredi dernier passé, et l'avoit tenue par deux sièges, et y avoit quelque femme qu'estoit prisonnière et appelante, et pour la mener, l'on avoit envoyé des compaignons, et y avoit des fraictz et mises, et diserent, que, c'estoit pour la conservation du ressort. A esté dict, que, sera bon payer la despence des dicts compagnons.

 

15 Février

Le roi demande par lettres patentes à la ville la somme qu'elle a promis, pour l'entretient des quinze hommes à pied, qu'elle devait lui fournir.

 

(Il manque bien des jurades à ce livre, la dernière étant à la date ci-dessus.)

 

Dépenses relevées dans le budget de l'année 1522-1523

 

Le XXVI de jullet, les habitans de Maurens, vindrent en armes, en faisant les mostres par commandement du roy, dont les dicts seigneurs consulz, avec les officiers du roy, avoient chargé de scavoir la qualité fit nombre, et assistarent aux dictes mostres; et leur fust donné à boire, et à MM. les officiers; que cousta en tout XXXVII sols, VI deniers.

 

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Item.      Le XVIme du dict moys de aoust, l'an sus dict, le maréchal des lougis, le forrier et certains aultres gensdarmes de la compagnie de M. de Castilhon, viendront louger, ches Berdot Pinet, hoste du bourg de la Magdelaine, de la présent ville, pour fere passer la bande par la présent ville et sur le pont de Dordoigne, ausquelz les dicts seigneurs consulz allarent parler, et desvoyèrent la dicte bande, en les desfrayant, et donnant du poison, que cousta tout, V livres XIV sols.

La dicte ville, fist chanter général, le dict jour, (ce jour là, avait eu lieu la dernière des trois processions, qui, se faisaient tous les ans, à la création des consuls), et fist dire, à tous les prestres de la dicte ville, messe, ainsi qu'est de coustume; lesquelz prestres estoient en nombre LXX (70), ausquels fust payer pour les béates, V livres, V sols, (soit dix-huit deniers à chacun).

Item. - Le XXIV du dict moys de aoust, lan sus dict, mil VC XXII (1522), morust de mort subite ung nommé le Nègre de Soleilh, habitant de la dicte ville, et en sa vigne; et craignant qu'il fust mort de peste, fust visité; toutesfoys l'on ne laissa entrer ses frères, femme ou aultres visiteurs, mais furent pourvueuz de vivres, aux despens de la dicte ville, que cousta VI sols, II deniers.

Item. - Le XXIX du dict moys et an, le cappitaine Laclete estoit à Sainct Qastier, et envoya

 

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une lectre aux dictz sieurs consulz, pour scavoir des nouvelles de M. le mareschal des Cabannes, auquel fust envoyé Giron, messagier de la dicte ville, avec ung aultre homme, et du vin, pour ce qu'il n'en avoit poinct au dict Sainct Qastier; et cousta en despence, d'aller ou venir, ou pour le dict vin, XIV sols, X deniers.

Item. - Le XIIIme de septembre, l'an sus dict, fust faict cryée de soy trouver à la procession générale, mandée fere par le roy, et fust poyé au sergent VI deniers.

Item. - Le XXIme des dicts moys et an, fust envoyé ung archier de M. de Laclete, au lieu de Montledier, pour illec fere passer les gensdarmes de la compaignie de M. de Montmoransin, affin que ne passassent poinct à Bregerat, auquel archier, pour son vin, fust poyé X sols.

Item. - Le dict jour (22 septembre), la compaignie de M. de Montmoransin passa en la présent ville, et fust envoyé au maréchal et forrier et à leurs compagnons, qu'estoient lougés chez Berdot Pinet, XII potz de vin, costerent, XII sols.

Item. - Le jour Sainct Michel, passa en la présent ville la compaignie du duc d'Albanie, dont le mareschal, et forrier et aultres qu'estoient lougés ches Francoys Valade furent desfrayés, et cousta, XXXII sols, VIII deniers.

Item. - Le second jour d'octobre, fust payé pour vingt quatre torches, que, furent données

 

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aux honneurs de M. d'Estissac, pour la cire III livres, XII sols.

Item. - Pour la façon des dictes torches, le fillet, comprins les despens et les bastons, cousta en tout XXVI sols.

Item. - Pour vingt quatre armes, que furent mises, de la dicte ville, aux dictes torches, fust payé XXIV sols.

Item. - A vingt quatre enfens, qui, portarent les dictes torches, fust payé VI sols.

Item. - Pour un carteyron d'esplingues grosses à tenir les dictes torches, fust payé III deniers.

Item. - Le dict jour, par advis de la jurade, fust donné une pipe de vin claret vieulx, aux honneurs du dict seigr d'Estissac, que cousta IX livres.

Item. - Le dict jour, fust donné à Monsgr de Mont-Réal ung pot de vin, que, couta XVI deniers.

Item. - Le IVme jour du dict moys d'octobre, fust envoyé ung pot de vin à M. le visconte de Pardaillan, cousta XVI deniers.

Item. - Le XXVIme du dict mois d'octobre, à cause que, au bourg de la Magdalene se moroient, en ensuyvant la délibéracion de la jurade, le pont de Dordoigne de la présent ville fust desplanché, et fermé le devant, et cousta VIII sols, V deniers.

Item. - Le dict jour qu'estoit XXVII du dict

 

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moys d'octobre, par délibéracion, les dicts seigrs consulz, fisrent dire aux Carmes troys messes, à Sainct Sébastien et à Sainct Roc, et fust poyé le veu de la présent ville, des cierges, chascun de troys livres de cire, et cousta le tout, III livres, IV sols, VI deniers.

Item. - Le dict jour (30 octobre), les dicts seigrs consulz, fisrent fermer les deux portes desur la rivière, affin que ceulx du bourg, où la peste régnoit ne vinsent dans la présent ville; et cousta tant jornaulx, despens que taulat, XXXII sols, VI deniers.

Item. - Le dict jour (5 novembre), passa la compaignie de M. de Chastilhon sur le pont, et le falut ouvrir, qu'estoit fermé de tables, et après fust refermé, que cousta, ou le diner des forriers de la dicte bande XVI sols.

Item. - Le VII du dict moys de novembre, pour fere crier, que, les habitants se missent en dévocion, pour la dispousicion du temps, fust payé au clerc et sergent XII deniers.

Item. - Le dict jour, faict dire une messe en hault, aux Carmes, une aultre aux Prescheurs, une aultre aux frères Myneurs et une à Sainct Jacques, à cause que le temps estoit mal dispousé, à grans pleuies, que l'on vid jamais; coustat tout XXIX sols.

Le dict jour (28 novembre), fust donné, aux pouvres infectz du bourg de la Magdalene quatre

 

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pognons (gros pains), que coustarent IV sols, III deniers.

Le dict jour (18 décembre), par déliberacion, fust faict dire deux messes à MM. Jehan Salmonat et Aymeric Gelse, à l'intencion de la ville, et fust payé, IV sols.

Item. - (6 janvier.) Fust baillé, à Cansallade de sonner la trompete par la ville de garder du feu, à cause du grant vent qu'il faisoit le dict jour, XII deniers.

Item. - Le jour Sainct Antoine, pour une messe, affin que Dieu préservast la ville, II sols.

Item. - Le jour M. Sainct Sabbastien, par délibéracion, fust faict dire une messe, affin que Dieu nous préservat de peste, car tout autour se moroient, et fust commandé vouer la ville; et pour la dicte messe II sols.

Item. - Le dict jour (27 janvier), mourust, dans la dicte ville la femme de François Dubreuilh dict de Fustet, de peste, et fust payé tant pour la fere ensevelir, ou chandelle, que donner ordre à une filhe IV sols.

Item. - A cause du dangier, par dévocion, le XXIX du dict moys, fust payé pour une messe devant M. Sainct Sabastien II sols.

Item. - Le IVme du dict moys fust payé, pour expellir le Cotellet et aultres infectz, et à leur donner conduicte II sols.

Item. - Le Xme jour du dict moys, par délibéracion, fust portée la maison de la barbacane

 

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de la Logadoyre, jusques au moulin Couppié, pour retirer et mectre les infectz, et cousta pour porter le boys, la main du charpentier, ou en tibles (tuiles) XL sols.

Item. - Le XXV du dict moys de février, fust payé au médecin, qui gouvernoit les infectz du bourg, qui aussi, revisita la femme de François de Fustet, qui estoit morte de peste XV sols.

Item. - Le XXVII du dict moys de février, la compagnie de M. de Sainct-Meme passa par la présent ville, venant de Fontarabie; le forrier mareschal et certains aultres fusrent desfrayés ches Petit-Jean Gros, que cousta IV livres, II sols.

Item. - Le dernier jour du dict moys, la compagnie de M. de Lude estoit en la présent ville, et pour les gecter hors, leur fust donné une lemproye, une aloze, demye carpe, et IX deniers de podre, et cousta tout XXX sols, VI deniers.

Item. - Le jeudi Sainct, fust payé le veu de la ville en sept cierges, qui fusrent mys es églises et couvens, chascun d'une livre de cire, et coustarent, comprins le fillet et façon XLV sols.

Item. - Le jour de Pasques, fust donné à boire au bourg à quatre cens compaignons qui venoient de Fontarabie, que cousta XVI sols, IX deniers.

Item. - Le XIIme du dict moys, Roubin Ramond

 

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capitaine, passa sa bande par la présent ville, qu'estoient environ deux mille; et au bourg, à larivée, leur fust donné une barricque de vin, et après quant passoient dans la ville, leur fust donné à boire, et cousta tout IV livres, XVII sols.

Item. - Le dict jour (17 avril), fust baillé aux filles de Petit-Bon que fusrent gectées de la ville, comme infectes, en pen, ou en chandelles, XVI deniers.

Item. - Auquel temps (27 mai 1523), la peste regnoit grandement en la dicte ville, et tous estoient sortis, sauf les gens des gardes, que l'on y mist expressément, auxquels fust payé le dict jour XVIII livres.

Item. - Le dict jour (1er juillet), fust payé aux gardes de la dicte ville, qui, vindrent sur le bout du pont veoir les consulz, et dire l'estat de la ville; pour le vin, V sols.

Item. - Durant la peste et au commencement furent loes Micheau, dit maistre Antoine, et ung nommé Pélongié infectz, qui, se habandonarent à ensevelir les morts de peste et panser les malades. Ces deux hommes étaient payés et nourris par la ville.

Cette année, les consuls furent obligés de faire faire du pain (1), pour le distribuer à ceux

 

(1) Les consuls firent cuire vingt-sept poignères de blé, soit six sacs et trois poignères.

 

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qui étaient atteints de peste, et qui étaient mis dans des maisons particulières, ou qui se voyaient fermés dans leurs maisons (1).

Il est à remarquer que la dernière jurade de cette année, est datée du dix-sept février. Les consuls suivis de la majeure partie des habitants, avaient abandonné la ville, ils ne se réunirent plus qu'après la peste. Les consuls avant de quitter la ville choisirent douze habitants qui furent chargés de sa garde. Voici leurs noms : Etienne Bernard, Ruault dit Titus, Jean de Pogols, François de Cugat, Blaise de Cavaroque, Marty dit Pébot, Bartholomé, Pierre dit de Rollan, Héliés Pierre, Ramond Deymier, J. Loubet dit Tastavit et Berdot Boutan leur chef.

M. Doublet, lieutenant civil et criminel avait lui aussi abandonné la ville; on le trouve tantôt à Lamonzie-Montastruc, tantôt à Toutifaut.

Le droit des pougèses produisit deux cent soixante-seize livres deux sols et six deniers; le droit de pontonage, soixante livres, quatre sols et trois deniers; les dépenses excédèrent les recettes de la somme de dix livres. Le chiffre total des recettes et des dépenses n'est pas indiqué.

 

(1) Quand la peste se déclarait dans une maison, les consuls faisaient condamner toutes les ouvertures du rez-de-chaussée et fournissaient des vivres à tous ceux qui s'y trouvaient enfermés; si les cas étaient trop nombreux dans le même quartier, ils faisaient fermer entièrement les rues les plus gravement atteintes.

 

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1524-1525

 

21 Septembre

A esté dict, que ceulx qui pourteront chastanhes vendre à Bourdeaulx, ne entreront d'un moys.

Plus, que les cotautx qui viennent de lieu dangereulx, ne entreront poinct dedans la ville.

Plus, a esté remonstré par maistre Jehan de Vesquemont, docteur en médecine, que luy a esté promis pention, laquelle il demande, et qu'elle luy soit assignée. A esté dict, qu'il aura une barricque de vin et une barricque de blé de pention chescun an.

Ont remonstré les consulz qu'ilz trouvoyent à vandre la maison du b... A esté dict que ne se vandra poinct mais sera réparée, et les filhes communes y seront mises.

 

8 Octobre

A cette jurade assistaient au nombre de vingt-huit, les clercs fréquentant les écoles de la ville. Lesquelz ont dict et déclaré, c'est assavoir, le dict de Langlade (1), et de ceulx ausquelz les

 

(1) M. de Langlade était juge ordinaire de la ville.

 

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escolles de la présent année, pour ce que frère Jehan Blanchir, docteur en téologie, leur avoit promis lire quatre lectures, c'est assavoir: une de Floret le philozophe, et une aultre en artz et Cicéro, et l'avoyent retenu pour lire les dictes lectures; occasion de quoy une grand multitude de clercs estoient venus en la présent ville, et desja n'y a plus de cinq cens, et qu'est un grand proffict aux clercs; et pour ce qu'il est bruict que l'on l'en veult fere aller, tous les clercs s'en veulent aller, ce que sera ung grand dommage aux clercs et à la chouse publicque, et ont requiz que plaise à la justice, et à la ville, et à MM. demeuré et exercer les dictes lectures, autrement que l'escolle seroit perduez. La jurade ne dit pas si la permission fut accordée ou refusée.

 

4 Novembre

La livre de boeuf fut taxée à douze deniers; la livre de porc à quatorze, et le mouton à dix-huit.

 

29 Décembre

Oultre plus, les frères Carmes ont planté en certaine plasse davant les Carmes, appartenant à la ville, certaine quanthité de olmes. A esté dict que les consuls se transporteront sur le

 

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lieu et verront si exedent leurs limites, et si le font, les dictz olmes seront coupés.

La livre de chandelle, fut taxée à quatorze deniers.

Le beau père quy a presché l'advent demande poyement. A esté dict que luy sera bailhé cent soubz tournois.

Plus a esté remonstré, comment ne y a plus de mortailhe de peste par le pays, assavoir si l'on fera plus de porte. Se garderont jusqu'au mardi gras.

 

20 Février

A esté remonstré de avoir ung prescheur pour le caresme. A esté arresté qu'il y aura ung prescheur, souffisant et ydoine, et s'il est observantin, Formier c'est offert luy faire la despance une sepmaine, Bourzes une aultre sepmaine, et si s'en trouve d'aultres que se veilhe fere la despance, que l'on les ays.

 

13 Mars

A esté remonstré le inconveniant est venu de la deffortune que nostre roy a heu delà les mons (1), comment l'on se doibt gouverner. A esté aresté que les consulz envoyeront à Bourdeaulx pour scavoir comment ceulx de Bourdeaulx

 

(1) Défaite de Rebec, où Bayard trouva la mort.

 

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se gouvernent, et que la ville soit renforcée, et les pontz levitz soient faictz, avoir de la poudre, nectoier les foussés, et que l'on aye deux cens hommes d'estoffe bien assurés, que prestent le serment pour secourir les officiers.

 

6 Avril 1525

A esté remonstré le inconveniant du roy, si l'on fera mostres généralles. A esté dict que les mostres généralles se feront le mardy de Pâques, sans contraindre nul de achapter arnoys, si n’ont de quoy.

 

18 Avril

A esté remonstré comment l'évesque de Périgueux (1) veult faire dimanche que vient, que sera le jour de Quasimodo, son entrée, et a mandé MM. les consulz, de y aller. A esté aresté pour ce que l'on n'a rien que luy pourter, que nul ne y yra.

Plus, a esté remonstré comment le maistre révérend a presché le caresme, combien luy fault donner. A esté aresté que luy sera donné vingt quatre livres tournoys, actendu qu'il a bien presché.

 

(1) Jean de Plaignes; fut porté sur son siège épiscopal par les quatre barons du Périgord, Bourdeille Biron, Beynac et Mareuil.

 

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1er Mai

Le beau père qui a presché le caresrne ne veult venir prescher l'advent. A esté aresté qu'il viendra prescher l'advent puys qu'il luy a pleu de promectre venir.

 

10 Mai

Ont faict remonstrer les consulz, manans et habitans de Dosme, que ilz ont certain procès avec les habitans de Sarlat, lequel procès est en indicature en la court de parlement de Bourdeaulx, et veulent une piesse contenent le parteage des bailiages de Sarlat, Périgueux et la présent ville, laquelle piesse, ilz la demandent pour la produire au procès, assavoir si leur sera baillée, nonobstant qu'elle n'est poinct en la présent maison, ne les consulz ne l'ont poinct. A esté dict, que la dicte pièce sera veue, et l'on leur fera responce que elle est au grand conseilh, et l'on fera diligence de la trouver, et puys l'on leur bailliera, mais que l'on l'aye heue.

 

6 Juin

L'évesque de Périgueux doibt venir en la ville. A esté dict que s'il vienct que l'on le reculira honestement, et luy sera faict ung présent à la discrétion des consulz.

 

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26 Juin

A esté remonstré, comment le scindic de la ville a bailhé requeste contre maistre Marcial de Belcier, soy disant bailif de la présent ville, affin qu'il preste le serement à la ville, et tenir la court au nom des consulz; lequel bailif a injurié le consul Pinet, et le appellant bourreau, et que les consulz estoient bourreaux. A esté dict que le dict Belcier sera poursuyvy, tant sur le principal que en la matière des injures.

Plus a esté remonstré comment les magisters à qui l'on avoit donné les escolles, demandent argent pour aller quérir ung bon maistre ez-artz. A esté aresté que le bourcier leur bailhera de l'argent pour avoir ung maistre ez-artz.

Le dixiesme jour du moys de juillet, l'an mil cinq cens vingt cinq, a esté créé bourgoys maistre Mathieu Dupuy, notaire, par Estienne Cros, Jehan Bouchault, Jehan Pinet, et Jehnn Gillet, consulz; présens à ce, Helies Matarot, clerc, et Giron Téxendier.

 

15 Juillet

A esté remonstré comment le temps est dangereux, tant des chaleurs, guérils et autres maladies, se seroit bon de faire une procession demain, généralle. A esté aresté que sera faicte une procession généralle dimanche, affin que

 

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Dieu nous donne paix de la rousée du siel, et nom garde de maladies, et sera à nuyt, sonné à son de trompe, de soy y trouver tout chef de maison.

 

Dépenses relevées dans le budget de l'année 1524-1525

 

Le premier jour de aoust, fust achapté une pipe de vin pour donner à MM. de Périgueux, de Sarlat, et aultres barons ou seigneurs, qu'estoient venus en la ville pour tenir les estatz; cousta le dict vin, VIII livres.

Item. - Le seguond jour du dict moys d'aoust, fust envoyé à monsgr de Mont-Réal, douze torches de cyre pour faire les honneurs de madame, ensemble les armes de la ville, pour ce que monsgr de Mont-Réal convia la ville, et fust dict par jurade, que l'on y yroit. Coustarent les dictes torches et les armes, conté par le menu L sols.

Item. - Fust dict que quatre consulz yroient à les honneurs de madame, et les aultres demeuraroient en la ville, à cause des estatz qui se tiennent ce jour.

Item. - Pour faire pourter les douzes torches à Mont-Réal, fust payé, II sols, VI deniers.

Item. - Le second jour d'aoust, que les estatz se tenoient en la ville, MM. les consulz et d'aultres vacquarent tout le dict jour pour les

 

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affaires de la ville; fut despendu XVI sols, XI deniers.

Item. - Pour donner à douze enfans à porter les torches après le corps à Mont-Réal, fust payé, II sols.

Item. - Le vingt uniesme jour d'aoust, fust payé à cinquante six prestres, comme est de coustume, à la tierce procession que la ville donne béate aux prestres, six ardis à chascun prestres, IV livres, IV sols. (L'ardit valait donc à cette époque, trois deniers).

Item. - Le dict jour (3 septembre), fust envoyé le cheval de Giron Teyssendier quérir une charge de ardoyses à Monbazalha, pour mectre à la tour de la porte Logadoyre; fust payé au dict Teyssendier, VI arditz.

Item. - Le second jour du moys d'octobre, fut donné ung pere de perdrix au ministre des frères mineurs; coustarent, III sols, IV deniers.

Item. - Le quinziesme jour d'octobre, fut foyté pour la ville, ung larron nommé Peyre de la Mongie, que avoit raubé de blé à Jehan Bouchault, consul de la ville; fut payé au bourrel, V sols.

Item. - Fut payé à François de Cujac jaulier, de despance de deux jours, le setziesme jour d'octobre, II sols.

Item. - Le premier jour de janvier, MM. les consulz firent vouer la ville et les habitans, affin que Dieu et Nostre-Dame nous garde de peste,

 

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et d'aultre dangier, pour ce que la peste estoit à Belemos (Beleymas) et à Périgueux.

Item. - A M. Jehan Salmonat, l'on fist le vot à dire troys messes devant Sainct Roc et devant Sainct Sebastien, et à l'honneur de Dieu, du Sainct Spérit, et de Nostre-Dame, et fut faict troys sierges de cyre; cousta le vot et la cyre, XIV sols, VI deniers.

Item. - Le quatriesme jour du dict moys, fut achapté ung porc, de Jehan Treilhe, du bourg, pour donner à M. le procureur général de Bourdeaulx, fut dict par jurade; coste le dict pourceau V livres, V sols, II deniers.

Item. - Plus pour faire conduyre le dict pourceau à Bourdeaulx, pour le bailher an dict procureur général, X sols.

Item. - Le Vme jour de février, fut faicte la cryé de faire faire feux de joye de la paix entre le roy et le pape; fut payé à Vauri (sergent), X deniers.

Item. - Le treziesme jour de février, fut faicte la cryé des salmons (saumons), de ne faire que seize dernes (tranches) du saulmon et non plus, et de ne vandre le saulmon que ne soit bon; fut payé à Périer, sergent, pour faire la cryée, VIII deniers.

Item. - Fut bailhé à la femme de Bernard Lautré, pour ce que la ville l'a gitée dehors de la ville, et à son marit qui estoit allé à Bélémos, que morroient de peste, et fut dict que la ville

 

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luy donneroit vie, tant en pain, vin, et en chair, verriffié par le menu, XXXVIII sols, VI deniers.

Item. - Le quatorzième jour fut donné à Giron Teyssendier, et à Jehan de Posterne, pour faire coupper les olmes et les lates des aubiers, que les Carmes avoient planté au reffossat de la ville; leur fut payé, XII deniers.

Item. - Le trezièsme jour de mars, fut cryé pour la ville, que les habitans heussent chascun ung arnoys, et à réparer les murailhes chascun à l'endroit de soy; fut payé à Vaulri, X deniers.

Item. - Le XXVIme jour de mars, monsgr de la Forsse convia MM. les consulz de la présent ville, à faire honneur à madamoiselle sa mère, et fut dict par jurade, que la ville luy donnast douze torches de cyre, ensemble les armes de la présent ville; et fut enterrée au couvent des frèrea Mineurs, et coustarent les dictes torches, ensemble de faire fere les dictes armes de la présent ville, LVIII sols.

Item. - Le premier jour d'avril, arriva en ville madame de Laultrec; fut dict par jurade que la ville luy donneroit deux barricques de vin, une de blanc et une de claret; coustarent de Hélies Eymond et de M. Ramond Limoges, VI livres, XII deniers.

Item. - Le XIXme du dict moys d'avril, au maistre révérend Sabatier, osservantin qui prescha le caresme, fut dict par jurade, que la ville luy donneroit, XXIV livres.

 

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Item. - Fut payé pour la despance que avoit faict le maistre révérend Sabatier et son serviteur, ches M. Jehan Duchac, durant le caresme; fut despendu, comprins le louaige de deux litz et aultres choses veriffié par le menu, XIV livres, XVIII sols, V deniers.

Item. - Plus fut loué ung cheval pour pourter les livres du dict fraire, et ce que la ville luy donne, et Giron Teyssendier serviteur de la ville le menoit à Marmande; despendit le dict Giron, tant aller que venyr, esta troys jours, XIII sols.

Item. - Le vingt huictiesme jour du mays de avril, fut faicte de la podre en consulat, deux jours; furent loués troys hommes; fut payé de deux jours, X sols.

Item. - Fut payé, le dict jour (7 juin), à Vaulri, sergent, pour faire les commandemens à son de trompe aux habitans, de ne glener (glaner) par les rastoilz, tant que les blés y seront; fut payé, X deniers.

Item. - Le dict moys, fut achapté ung lart de Jehan de Mothon, pour envoyer à Bourdeaux, à nostre advocat M. de la Rivière, pour playdoier les procès de la ville longtemps; cousta IV livres.

Item. - (Juillet). Plus, a esté payé à Huguet le candellier, fondeur, de faire une bostie de métal, et une pesse d'artilherie pour la ville, luy estoit promis cinq livres du tout, et ne en a esté payé que, XXX sols.

 

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Budget

Dépenses: Six cent soixante cinq livres, deux sols, quatre deniers.

Recettes: Six cent quarante livres, douze sols, quatre deniers.

 

 

1525-1526

 

Jean Andrieux, boursier la dite année, avait écrit à la première page de son livre de compte; « mon Dieu ayde moy ».

 

12 Août

A esté arresté et dict, que les consuls pour les menus affaires de la dite ville, ainsi qu'ils verront, pourront expouser jusques à la somme de cent sols, sans le remonstrer à la jurade.

 

21 Septembre

A esté remonstré, de ce que les bouchiers vandent les chairs, qu'est à XIV deniers la livre du beuf, XVIII deniers la livre de mothon, et XVI deniers la livre de porceau, et si lon les réduira à moindre pris, à cause qu'il y a bon marché de chers, et les habitans s'en plaignent. Dict par advis et délibéracion, que l'on réduira les dicts bouchiers à vendre dors en avant et par

 

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le temps jusques à ce que sera avisé, c'est assavoir, le beuf à douze deniers la livre, le porceau à XIII deniers la livre, le mothon à XVI deniers la livre, sauf s'il y a mothon de past, se vendra XVIII deniers.

 

24 Décembre

A esté délibéré, que le maistre révérent aura dix ou douze livres tournoises, à ordonnances de MM. les consulz.

Aussi délibéré que les dicts consulz auront ung maistre d'escolle.

 

22 Janvier

Remonstré que le seigr de la Forsse avoit faict convier MM. les consuls, à jeudy prochain qu'il faict les honneurs du cap de l'an, de feu madomoiselle sa mère, aux couvent des Cordeliers, de la présent ville, et si les dicts consuls yront. A esté arresté par advis et délibéracion des dicts juratz, que les dicts consuls yront aux dicts honneurs, et que feront pourter une douzenne de torches garnies des armes de la ville.

 

26 Janvier

A esté remonstré d'avoir un beau père pour prescher le caresme prochain, et demonstré, que les frères myneurs de la présent ville avoient

 

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baillé parolle d'en bailler ung, et à présent disent qu'il est allé ailleurs. A esté dict et délibéré, que MM. les consulz auroient ung homme de bien de prescheur, et mesmement Plantat de l'ordre de Sainct Francoys.

Item. - Remonstré de la maison des femmes, appartenant à la ville, de la bailler à Giron qui en veult bailler troys sols de rante, et quant bon semblera à la ville, la porra recouvrer.

Arresté que l'on aura ung magister d'escolle souffisant, et que ceulx qui veullent les scolles viendront mectre conclusions d'icy en caresme prochain, pour arrester le plus scavant.

 

28 Mars 1526

A esté remonstré de ce que le roy vient à Bourdeaulx à les pasques prochaines, et ceulx de Bourdeaux prétendent avoir déclaration du roy pour empescher la descente des vins, et si sera bon envoyer quelcun pour demeurer à l'escout et en advertir la ville. Il fut arrêté qu'un des consuls partirait pour Bordeaux, au premier jour, pour savoir ce qui pourrait s'y passer.

Aussi remontré que la nonem faict requérir l'aulmoyne à la ville et ung lougis. Arresté que la ville loera une maison à la nonem, et poyera le lougis, ensemble luy feront quelques aulmosnes, au regard des dictz seigrs consulz.

Dict aussi sur ce remonstré, que Jehan Satronié,

 

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dict Pitron, merchant, à cause qu'il a conduict et mené plusieurs merchans de Bretaigne et d'aultres lieux, qui ont empourté des vyns par la mer, au grant bien du pays et de la présent ville, que la ville donera au dict Satronié le droict de la merca (le droit de marque prélevé sur les vins) qu'il doibt du vin qu'il en a mené, et jusques à trente ou trente cinq sols, et la dicte somme sera desduicte au fermier de la merca.

 

2 Juillet

Et de la nonem qui demande faire ung couvent dans la ville, de son ordre, et demande le plasset de la dicte ville. Dict, que la ville ne luy baillera poinct pour le présent de plasset.

 

Dépenses relevées dans le budget de l'année 1525-1526

 

Le quart jour du dict moys (juillet), fut condemné Berlin Drosse, prisonier au chasteau, estre fustigué pour la ville, pour santance du jucge ordinaire, et confirmée par M. le lieutenant; a esté payé à M. le lieutenant pour la santance XI sols.

Le jour sus-dict, fust bailhé au greffier pour le procès du dict Berlin, IX sols.

Item. - Fust bailhé au maistre d'aultes ouvres pour le fustiguer, VII sols.

 

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Item. - Fuat poyé pour les guans ou cordes XVIII deniers,

Item. - Pour ce que le dict Berlin avoit demeuré deux moys au chasteau, fust bailhé au consierge pour ces despens L sols.

Le Xme du dict moys, fust envoyé ung clerc pour sercher quelque bon magister, pour régir les escoles en la présent ville, lequel en amena ung, et luy fust poyé pour sa poine XII sols.

Item. - Le XXme jour de aoust, furent pavés LVIII (58) prestres, ainsin qu'est de coustume auxquels furent poyés XVIII deniers pour messe, ensemble les sergens et les enfans qui pourtoyent la croix et banières, et Rabot pour sonner la cloche, IV livres, VIII sols. (Ce jour-là, les Carmes firent leur procession annuelle, en l'honneur des consuls.)

Le semedy XIXme du dict moys, pour commandement de MM. les consuls, et par délibéracion, fust retenue une barrique de vin vieulx, de Bernart Mathieu, pour la provision de la ville, pour donner du vin aulx gens de bien, passans et repassans, laquele barrique cousta IV livres.

Item. - Fust poyé à Chatre sergent, pour sonner la trompete, pour faire curer les rues, pour ce que le roy avoit mandé faire procession, XII deniers.

Le premier jour de septembre, fust aresté que l'on faroit la proucession pour la paix du roy, et du royaulme, ainsin que M. de Périgueux avoit

 

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mandé, et fust faicte la dicte procession le dict jour, comme le jour du corps de Dieu, et le pavilhon fust pourté ainsin qu'est de coustume le pourter, le dict jour du corps de Dieu, et fust mys sur le dict pavilhon et sur la croix une feilhe blanche et verte, que cousta VIII deniers.

Le dict jour, l'on fist tirer l'artilharie de la présent ville, et en fust rompue une pièce de métal, laquelle fust refaicte, et fust bailhé à ceulx que fasoient tirer la dicte artilharie, ou à Giron pour acoutrer le pavilhon, pour leur boire XII deniers.

Le Xme du dit moys, vint este ville, madame de la Villate, nyèce de M. de Mont-Réal; luy fust envoyé deux potz de vin, II sols.

Le XIme d'outonbre, le maistre d'aultes ouvres fust fort malade, et fust poy pour lefaire pourter à l'ospital XII deniers.

Le dict jour, fust achacté du métal pour refaire la pièce de l'artilharie, qui esto, rompue; cousta XVIII sols.

Le XVIme du dict moys, fust bailh à Huguet le fondeur, à cause d'une pièce d'artilharie, et d'une boyte qu'il a faict à la ville, ay poyé III livres.

Item. - Le jour que l'on fondoit la dicte pièce, pour donner à boire à ceulx que soufloyent manches, ou aultres maneuvre pour y aider, au dict maistre ou à ceux qui avoyent prestés

 

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les souflés; comprins le tout, fut despendu IX sols, VIII deniers.

Le second jour de novembre, Arnaut du Guaric morut subitement et humes peur que fust de peste, et y fust envoyé Titus et Giron Teysendier, pour le revisiter, et leur fust poyé II sols.

Le XV du dict moys, ay bailhé une charge de sel, pour ce que M. le jucge-mere de Périgueulx l'envoya quérir, et manda à MM. les consuls, par lectre, que leur pleust luy envoyer deux charges; luy en fust envoyé une, cousta XVI sols.

Le XXVIme du dict moys, fust dict une messe devant Noustre-Dame des Carmes, affin que Dieu nous préserva de peste; fust poyé II sols.

Fust bailhé à Réveilhes-Vous, une lanterne, à cause qu'il ne povoit aller la nuit sans feu; en fust poyé, IV sols.

Item. - Fust poyé pour acoutrer la planche du Pas de Bourdier, XII deniers. (1)

Le Xme jour du dict moys, mourut le meytaer de M. le lieutenant, ensemble ung aultre de la dicte maison, et leur maladie ne dura que deux jours que ne mourussent, et fusmes avertis par le dict lieutenant que l'on s'en print garde, cuydant que fust peste, et aors y fust envoyé

 

(1) Le Pas de Bourdier se trouvait sur le chemin qui va de la route de Mussidan à la route de Laforce, en passant derrière le mur du cimetière protestant.

 

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Titus et Giron Meysendier à cheval toutz deux et pour ce que à Mouleydier tenoyent la court le dict jour, pour mieulx les avertir, alarent au dict Moledier, et leur fust bailhé, tant pour leurs journées, que pour leurs despens V sols.

La vespre de Noël, commença Cailhon Pinet à randre son compte; fust dicte une messe dans consulat; fust payé pour la dicte messe II sols.

Item. - Pour ce que Brégon avoit bailhé une barrique de vin de la Maladrerie, que les ladres avoyent foulé, furent faictes infourmations, et aler quérir les tesmoings à la Maladrerie, fust poyé VI deniers.

Le XXVIme jour de janvier, Giron Teysendier, serviteur de la ville, fust envoyé par commandement de la jurade, rompre ung valat (fossé) qu'avoit faict faire Pétrot, là où estoient les infectz de peste, qu'est de la ville, et fust bailhé à toutz plen de gens pour le rompre et esguailher, pour leur journée aux dépens III sols.

Au service qui fut célébré le 21 janvier aux frères Mineurs, à la mémoire de la mère du seigneur de Laforce, les consuls avaient fourni douze torches de cire, ornées des armes de la ville, lesquelles avaient coûté III livres, IV deniers. Après la cérémonie les consuls réclamèrent les dites torches, et furent obligés de donner cinq sols au couvent pour les avoir.

Le IXe du dict moys de février, M. de Bourdeille

 

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ariva este ville, et sa fame, et leur fust envoyé troys potz de vin; cousta XVIIII deniers.

Le XIIme du dict moys, la Dourdonhe vinct fort grosse tant que quasy touchet aulx tables du pont; et affin de guarder le dict pont, le serviteur de la ville et d'aultres gens veilharent toute la nuit pour ouster les tables des coustés sy besoing fust esté, et fust retenue la pourte du grant port avecques cordes, affin que l'eau ne l'enmenast; fust payé tant pour les cordes, que pour la chandele que garderent toute la nuit, que pour les gens ou despens VIII sols.

Le XIVme du dict moys, M. de Beau-Rieu, et Guilhon de la Rivière, firent dire une messe à Sainct Jacques, affin que Dieu guardast nostre pont; en fust poyé II sols.

Quant M. de Bourdeilhe revint de Lausun, retorna passer par este ville, luy fust envoyé quatre potz de vin; coustarent II sols.

Le IXme d'avril, ay baillé à la monge qu'aprenoit les filhes, par commandement de la jurade, par ce qu'elle fist requeste en consulat, que pleust à MM. luy donner quelque chouse, pour l'amour de Dieu; fust arresté que la ville luy poyeroit sa chambre, de quoy ay poyé XX sols.

Le XVIme du dict moys, fust mandé la paroisse du Chasteau, toutz les chevaulx, pour acoutrer le chemin et pourter grave au sainct-Spérit; fust bailhé à Giron qui conduisoit les gens XII deniers.

 

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Le jour sainct George, fust dict le sermon au sainct Spérit des pouvres de l'ouspital, pour ce que le jour Nostre-Dame de Mars, se trouva le jour de Pasques Flouries, et fust remys le dict sermon le jour sainct George, et fust poyé pour sonner la cloche de consulat, au meriglier, pour son boire VIII deniers.

Item. - Fust bailhé à ung sergent pour sonner la trompete, affin que l'on se trouvast au dict sermon, le dict jour, XII deniers.

Le XXVIme jour d'avril, fust bailhé à Plantaguardien des frères minours qui prescha le caresme, ainsin qu'il fust aresté par jurade, XVIII livres.

Le XXVIIme du dict moys, M. le jucge fit mestre en prison Piélengier, pour ce qu'il disoit, que pleut à Dieu, que la peste fust aulx quatre cantons de la ville; lequel demeura au dict chasteau onze jours, et fust payé au consierge pour ses despens, XIII sols, IX deniers.

Le XIIme de may, vint este ville, ung lieutenant de capiteine, pour prandre les lasrons et gens de mauvaise vie, pour les mener en gualère, ainsin que sa commission pourtoit, et en print plusieurs, et M. le lieutenant nous fist commandement, luy instiguant à grousses poines, de par le roy, de bailher des companhons pour guarder au chasteau, la nuit, les prisonniers; furent loués six ou sept compahons que

 

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les guardarent troy ou bien quatre nuitz, et leur fut tauxé par M. le lieutenant XX sols.

Le jour de la Panthecouste, ainsin qu'est de coustume convier plusieurs gens de bien par MM. les consuls, ont convié le dict jour, M. des Alus prieur de Sainct Martin, M. le lieutenant, son frère, M, de Beau-Reguart et aultres noustables personnages juratz, jusques au nombre de LVI (56) ou plus; auquel jour fust despendu ou lendemain, ainsin qu'il apert par le menu X livres, XVI sols, III deniers.

Le jour du corps de Dieu, MM. les consuls beurent ensemble ainsin qui est de coustume, devers matin, ensemble des juratz, ainsin qui est de costume; despendirent comme apert par le menu XI sols, III deniers.

Le dernier jour de may, Giron fust envoyé à Montclar pourter deux grosses carpes à MM. d'Estissat et de Mailhezes, et fust poyé pour les dictes carpes XXII sols.

Item. - Quant Giron fust revenu de Monclar de pourter les dictes carpes, ne trouva point M. qu'estoit à Puy-Guilhem, lequel serviteur y alla et trouva M. d'Estissat à Lausun, et leur fist son présent, lesquels seinheurs remerciarent fort la ville, et fust poyé au dict serviteur pour ses despens, ou de son cheval, IV sols, V deniers.

Le premier jour de juing, fust poyé, pour

 

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ung panier de petites anguilles, pour mettre aulx foussés de la ville, VI deniers.

Le Xme du dict moys, fust crié à son de trompe que l'on curatz les rues, à cause que le roy avoit mandé que l'on fist proucession générale, à l'onneur de Dieu, et pour la délivrance, de nostre prince (1) pour la paix, fust bailhé au sergent pour crier, XII deniers.

Lendemain qui estoit dimanche, fust faicte la dicte proucession à l'onneur de Dieu, et pour la délivrance de nostre roy, et pour la paix, et fust bailhé aux sergens pour arimer les gens, ou à ceulx que sonoyent la cloche de consulat, et aulx enfens que portoyent bannières et croix, III sols, IX deniers.

Le XXVIIIme de juing, M. le bailhi fist ses nosses, et MM. les consuls le conviarent en consulat, et fust despendu, ainsin qu'il apert par le menu, XXXV sols.

Item. - Après que l'artilharie fust faite, la falut monter en boys, et Guylhou de la Rivière, consul, fist faire deux bandes de fer, et la culasse, et deux clavettes, pesant le tout, VII livres, vault, XIII sols, VII deniers.

Cette année, le foin valait quinze centimes le quintal.

 

(1) On sait que François 1er fut fait prisonnier à la bataille de Pavie en 1525, et qu'il ne recouvra sa liberté qu'en 1526, après avoir signé le traité onéreux de Madrid.

 

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Budget

Recettes: Six cent trente quatre livres, onze sols et six déniers.

Dépenses: cinq cent quatre vingt dix huit livres, quinze sols et onze deniers.

 

 

1526-1527

 

26 Juillet

A esté remonstré par les consuls, aux dicts juratz et conseillers, que la coustume observée en la maison de céans, est que les consuls modernes, au commencement de leur année, doyvent receveoir des consuls vieulx, l'inventaire des biens de la ville, ce qu'ils ont faict mardy dernier passé, et après, doyvent traiter de leurs offices; et ont dit et accordé, entre eulx, de mectre sindit de la présent année, maistre Jehan Fournier, licentié en loix, premier consul nommé en leur nomination, et après luy, maistre Jehan de Vaulx son coadjuteur, aulx gaiges acoustumés, et aussi le dict Vaulx, juge de la juridiction et court du cot appartenant à la ville.

 

2 Août

Vingt-six bouchers royaux prêtent serment de

 

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fidélité au roi et aux consuls, et prennent les engagement qui suivent:

« Ont promis et juré de vendre les beufz, vaches, moutons, pourceaulx, en ceste ville, au poix et à la livre, en ensuyant l'ordonnance, et au prix tauxé et ordonné, et que les saigneront comme se appartient.

Et que vendront chenrs, bonnes et merchandes et non point morbozes, infectes, milhargozes, ni tarées.

Lesquels cherns seront primitivement veuez et visitées par les consulz, ou ung jurat.

Item. - Et si trouvent aulcun porceau milharguer, seront tenuz de l'oster du mazeau royal, et le bailleront à vendre à ung chabrier.

Item. - Ont promis de tenir poix bons et loyaux, et bonnes et droiturières balances.

Item. - Ont promis de poyer à la ville le droit acoustumé de poyer, et que cherns de laict, comme veaulx et chevraulx, seront venduz sans pezer, si bon leur semble.

Item. - Et seront tenuz de dire et déclarer le vray prix, combien leur couste le dict bestailh.

Item. - Et ne seront tenuz de souffler et uffler les moutons. »

 

3 Août

A esté remoustré, que Berjon lépreux de la

 

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leprozerie de ceste ville, est très mauvais meynagier et bat et frappe les aultres malades, de la dicte maladerie, et qu'est de faire. Tous les dessus nommez ont esté d'advis et d'oppinion, qu'on le mecte en justice, par devant M. le baylif royal et juge ordinaire de Bregerac.

Dans les affermes des revenus de la ville, faites cette année, on trouve:

« Le foussé et bonde du torn du Mercadil, à y tenir du poysson à prandre, qu'est acoustumé, despuis les Carmes jusques a la bonde appelée du Verdon, pour troys années, à Bernard de Beynac, pour la somme de XXII livres et X sols, à poyer à la fin de chascune année, la tierce partie de la dicte somme. »

 

16 Septembre

A esté remonstré aux dicts juratz et conseillers par les dicts sieurs consulz, qu'il y a grosse peste à Hussel, à Tulle, à Brive et ailleurs à l'ault pays, et si fauldra fere porte. A esté dit, comandé et oppiné, que l'on face faire porte, et garder de entrer gens venans de lieu de peste.

 

8 Novembre

Il est dit que les consuls de Libourne viennent de faire proclamer une ordonnance, par laquelle il est interdit à toute manière de gens, « de ne aller quérir les merchans de Bretaigne, d'Angleterre

 

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ny d'Espaigne, qui veulent achapter du vin, pour les mener à Bragerat ». Il fut arrêté, qu'un marchand de la ville se procurerait les dites ihibitions et s'opposerait au nom de tous les autres marchands, aux prétentions des consuls de Libourne, et qu'après la ville poursuivrait l'affaire en son nom.

Aussi, a esté arresté et oppiné, que la chadière de prescher cest advent à Bregerat, sera baillée et octroyée au père révérend de l'ordre de sainct Dominique, frère Goynelly (ou Gammely), qu'est au couvent de Prédicateurs de Bregerat, pour l'advent prochain venant, et l'on le luy yra dire.

 

21 Janvier

Il est arrêté que la maison publique, située au Mercadil et appartenant à la ville, sera mise à l'enchère et laissée au plus offrant et dernier enchérisseur.

Plus, ont remonstré de envoyer ung lart à M. le procureur général du roy à Bordeaulx, pour les affaires et négoces qu'il a faict pour la ville. A esté dit que luy soyt envoyé et du premier jour.

 

26 Janvier

Ausquels conseillers et juratz de la dite ville, a esté remonstré par les dits consuls, que combien

 

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que les bouchiers de la présent ville ayent, jusques ycy, à coustume de tenir la ville fournye de chairs bonnes et souffisantes, au priz et somme de XII deniers la livre, ce neanltmoins, ils se sont mutinés et ont délibéré, et de ce, se sont jactés et vantés qu'ilz y perdent et qu'ils ne la peuvent donner au dit prix, requérant leur donner permission de la monter à XIV ou XVI deniers la livre, autrement n'en tueront point, ny n'en tiendront point la ville garnye, disant que les beufs sont chers. A esté arresté, dict et oppiné, par la plus saine partie que l'on ne leur donne point de permission de la haulsser ni monter, oultre la somme de coustume, de XII deniers la livre, ainsi que font à Périgueulx, à Ville-Royal (Villeréal) et aultres lieux circonvoisins, et, s'ilz n'en veulent tuher, que l'on y mecte d'aultres bouchiers royaux, à certain nombre, que tiendront la ville pourveue de chair, et que les officiers du roy les mectront en justice.

 

26 Mars 1527

Ont remonstré qu'il y a bruit, comme despuis VIII jours en ça, que en la cité et ville de Bordeaulx, y a grant dangier de peste, et si l'on fera inhiber aulx habitans de ceste ville, de ne laysser entrer les habitans de Bordeaulx. A esté dit que durant que la court sera et se tiendra à

 

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Bordeaulx, que non, sinon mauvais gens et coquins.

 

31 Mai

Les dits consuls ont remonstré aux dits jurés et conseillers, si les dits consuls donneront et baillerent la nomination des escolles de gramaire, et aultres, de la présent ville, pour l'année qui vient, à maistre Bernard Langlade, maistre ez-ars, natif de la présent ville. Es estat dit oppinast et arrestat que ouy, pourvueu que ave ung aultre homme de bien de maistre ez-ars, avecques luy, et endoctrine les enfans comme se appartient les les tiegne court.

Plus, remostrent que Berjo le malade, injuriat la ville et habitans d'icelle, en plusieurs lieux, qu'il vosdrait que tous ceux de la présent ville, et les plus gros, fussent ladres et pleins de melhaguas. Es estat dit, que à la requeste du procureur du roy, et du scindic de la présent ville, soyent faictes informacions, et décrété, par M. le juge ordinaire de la présent ville, estre mys en justice.

Et touchant la remonstrance des cabaretz, que sont à l'entourn de la présent ville, et que sont occasion de faire plusieurs larressins de blez en herbe, en les dailhant (fauchant) de nuyt, et les faisoient manger aulx chevaulx, et juments, et autres bestailh, que soient faistes inhibition, et

 

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que l'on fasse abatre ces cabaretz par justice, s'il est possible.

 

8 Juin

Le VIIIme jour du moys de juing, l'an sus dit, mil VC et XXVII, vigille de la feste de Penthegouste, a esté porté en la maison de consulat de la dite ville, le nombre de XVI mille VC IVXX et XIV (16594) pas (pains), estant de la valeur chascun pain de III deniers, que les dits consuls avoyent faict cuyre, pour le donner, pour l'amour de Dieu, l'endemain jour de Penthegouste, ainsi que a esté faict, à la mode acoustumée.

 

Proclamations faites le même jour

 

« L'on faict inhibition et deffenses à toute manière de gens, de ne passer, ne repasser, demain, jour de la feste de Pentecouste, par la rivière de Dordoigne, avec bapteaulx et guabarrotz, et entrer par la dite rivière de Dordoigne dedans la dite ville, ou par aultres lieux, ou pertuis des murailles de la dite ville, après mesmement que les portes de la dite ville seront fermées, au temps de la donne du pain de la charité, sur poene du foyt et d'esmande de dix livres et V sols tournois, à la dite ville.

Item. - L'on faict commandement aussi, à toute manière de gens, de curer les rues et

 

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quantons de la dite ville, chascun en droit de sa maison, dedans le présent jour, sur poene de cinq sols d'amande, à la dite ville. Faict, le samedy, huictiesrne jour de juing, l'an mil VC et XXVII (1527). » Ainsi signé au dessoubz: J. Frontut (1).

 

Aultres inhibitions,

 

« De par le roy, N.S., et MM. les consuls de la présent ville, contre les bouchiers royaulx.

L'on faict comandement à tous les bouchiers royaulx de la dite ville, de tenir la dite ville fournie de bonnes chiers de beufz, vaches, mouthons chastrés, et aultres chiers acoustumées à vandre, et laisser la livre du beuf à XII deniers la livre, et, du mouthon, à XVI deniers la livre, s'il n'est mouthon de past, lequel sera tauxé a part, et, du porceau, à XIV deniers la livre, le tout à la poene de cinquante livres tournoises, par manière de provision, jusques a ce que aultrement en soyt ordonné.

Aussi avons faict inhibition et deffense à toute manière de gens, de entrer ne sortir ez-possessions l'ung de l'aultre, ne donner dommaige, ne glener durant que les blez et gerbes seront dans les dites terres et possessions, et ce, à la poene d'esmande arbitraire et de la prison, et cinq sols à la ville.

 

(1) Frontut était le bailli de la ville.

 

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Et ce, publié à son de trompe, aulx quarrefortz et lieux acostumés à Bregerat, et aussi au bourg de la Magdelaine lez-Bregerat, par Jacques Gaucen, dit Vaury, sergent, les jours moys et ans que dessus. »

« Signé : De Saignes, clerc de la ville. »

 

2 Juillet

A esté remonstré, que honorable homme maistre Noel Bouchier, leur avoit bailhé et présenté certaines lectres missives du roy, desquelles la teneur s'ensuit. Au dos d'icelles avoit, à nos chers et bien amez les maire et eschevins, bourgeois, manans et habitans de nostre ville de Bregerat. Et au dedans:

 

« De par le roy

Chers et bien amez, vous avez clerement veu et cougneu les très grans, urgens et insupportables affaires que avons, jusques ycy, euz, et avons encores, à supporter, pour la deffense et conservation de nostre royaulme, lequel nos ennemys menassent inonder, assalir, butiner et destruire; à laquelle chose, moyennant l'ayde de Dieu, et les secours de nos bons et loyaulx subgetz, somme délibéré y remédier, et pourveoir; et, combien que, pour ce taire, et résister à

 

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leurs entreprinses, nous avons fait tout ce que possible, nous a esté impossible d'amasser argent, sans grandement fouller nostre pouvre peuble, et jusques à leur oster la plus grant part des pensions, restraindre la despense de nostre hostel, et faire toutes aultres choses, que avons cougneues estre nécessaires au bien du la deffense de nos dits royaulme et subgetz. Toutes foys, il n'est possible que puissions encores mectre et donner bon ordre à nos dites affaires, sans recourir à l'ayde de nos dits bons et loyaulx subgetz, manans et habitans es-bonnes villes et, lieulx de nostre royaume, ayans octroiz et aydes de nous, desquels nous sommes contrainctz, pour ceste foy et sans tirer la chose à conséquence, prandre, pour une année tant seulement, la moitié des aydes et octroyz à eulx donnés, concédés et continués par nos prédécesseurs roys et nous, qui est, actendu l'importance de nos dites affaires, et mesmement qu'il est question de la deffense de nos dit royaume et subgectz, la moindre chose que leur puissions demander et requérir. Si, vous prions à ceste cause, et néantmoings mandons et enjoignons très expressément, qu'ayant regard à l'urgente nécessité de nos dites affaires, vous ayez à envoyer, de quartier en quartier, ez-mains de nostre amé et féal conseiller maistre Pierre de Pestiguy (ou Pestigny), receuveur général de nos finances extraordinaires, et, parties casuelles,

 

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la moitié des dits aydes et octroiz, que avez en vostre ville, durant une année tant seulement, vous asseuraut que c'est chose qui ne tirera plus avant que la dite année, ny ne portera, à l'advenir, aucun préjudice ne dommaige; parquoy vous ny faires faulte, et ce, de tant que désirez, les dits octroiz et aydes vous est continuez et entretenuz; car tel est nostre plaisir. »

Donné à Sainct Germain en Laye, le dernier jour de mars mil VC XXVI avant Pasques.

« Ainsi signé au dessoubz,

François. »

Robertot.

 

Lequel avoit demandé que l'on luy fist responce, parquoy les consuls requèrent que les dits conseillers leur dye (disent) et oppine quelle response les consuls luy fairont. A esté arresté, que fault voir le double des lectres du commissaire, s'il en a, et après, faire le commandement du roy, sellon que les aultres villes feront. Et le dit jour, après ce que le dit maistre Noel Bouchier a eu redict aux dits consuls, n'avoir aucunes lectres, sinon les dites lectres missives du roy, les consuls ont baillé leur response par escript au dit Noel.

Ci-dessous la copie de la réponse des consuls:

 

« Aujourd'huy, second jour du moys de juillet, l'an mil VC et XXVII, environ l'heure de

 

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midy, honnorable homme maistre Noël Bouchier, a présenté aux consuls de la ville de Bregerat les lectres missives du roy N.S., touchant les aydes de la moitié des dons et octroiz de la dite ville, qui ont reçu les dites lectres, avecques tout honneur et révérence, et prié le dit Bouchier, actendre jusques à demain mactin, à luy faire responce, pour, ce pendant, communiquer au conseilh de la dite ville; et le soir mesmes, sur le tard, les dits consuls ont faict responce, avoir veu les dites lectres, et estre tousjours pretz, de obeyr entièrement au bon plaisir et vouloir du roy nostre souverain seigneur, et faire le contenu des dites lectres, selon la faculté de la dite ville, en laquelle n'a pas grans deniers communs, mais bien petits, et les nécessités sont grandes, mesmement que leurs murailles sont vieilles et ruyneuses, et la ville située en pays de frontière, et de présent les habitans sont constitués en nécessité de les réparer, en quoy sera le bon plaisir du dit seigneur, et de son bon conseilh, avoir regard, car tout ce qu'ils ont en ce monde, corps et biens, est à son bon plaisir et commandement, auquel sont délibérés de obeyr, comme ses très humbles, et vrays très obeissans subgects. »

« Faict du commandement des dits consuls, les an, jour et moy que dessus.

« Signé: De Saignes, clerc de la ville et du consulat. »

 

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La lettre du roy, et la réponse des consuls, furent portées à la cour, par le syndic de la ville, maitre Elie du Castaing, qui quitta Bergerac le 15 août suivant.

 

22 Juillet

Ce jour-là, les nouveaux consuls élus par le bailli, M. Frontut, prêtent serment dans l'église Saint-Jacques, et entre autres choses promettent « d'estre bons et loyaulx aux roy et à la dite ville, négocié les biens d'icelle, comme bon père de famille est tenu de faire, et de prefférer le bien public à leurs biens particuliers, etc. etc. »

Etaient présents les prêtres dont les noms suivent: Blaise Barrau, Jehan Salmonat et Bernard Ruault.

 

Dépenses diverses relevées dans le budget de l'année 1526-1527

 

Le XXVIme jour du moys de juillet, arriva à Bregerat, M. le viscomte de Turenne, et luy fust envoyé deux pichiers de vyn, que coustarent XVI deniers.

Le XIVme jour du moys de aoust, arriva en ceste ville M. de la Rivière, nostre advocat, et luy fust envoyé ung pot de vin, et ung pere de perdrigactz, et tout cousta II sols, VIII deniers.

Le XXIIme jour du dit moys, arriva M. le visconte de Lauzun, ches Bourzoys, et luy

 

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trémys deux potz de vin, et coustarent XVI deniers.

(30 décembre). Pour la despense faicte en boys, chandelles et aultres chouses, au père révérend Gammely des Prescheurs qui avoit presché l'advent, comme appert par le menu, LIII sols, IX deniers.

Le IIIme jour du dit moys (janvier), arrivarent à Bregerat MM. de Pompador, de Gramon et plusieurs dames chez les Ruiscaulx, et leur fust envoyé XII pichiers de vin, que coustarent VIII sols.

Lo XXVIme jour du dit moys, fust envoyé à M. le procureur général du roy, de la court de Bourdeaux, ung porc sur lart, pesant VIIIXX VIII (173) livres; et ce, pour le commandement de la jurade, et cousta VIII livres, X sols.

Le dit jour (8 mars), arriva en ceste ville, M. de Sainct Sernin, et plusieurs dommyselles, que aloyent à lendavant de madame d'Estissat; et leur fust envoyé trois poctz de vin que coustarent II sols.

Le dit jour, XII mars, a esté envoyé à M. de Sainct Sernin et de la Grèze, ung pot de vin que cousta VIII deniers.

Le XXIIme du dit moys de avril, fust poyé au maistre révérend qui avoict presché le caresme en ceste ville, qu'estoit frère mineur, compris quatre livres, douze soubz que l'on avoyct amassé de questes, vingt livres; reste que la ville a fournit

 

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quinze livres, huict soubz, et, pour ce, ycy ay mise XV livres, VIII sols.

Le dit jour a esté poyé pour le boys, chandelle, huille d'oulive que l'on avoit fourny au dit prescheur toute la caresme, LI sols, I denier.

Le XIXme jour du moys de may, arriva M. de Bruzac, ches Bourzes, et luy furent envoyés II potz de vin, que coustarent XX deniers.

Le XXIIIme jour du dit moys de may, a esté poyé à Boyjoly, pour desfaire la campane de consulat pour la ressarer, car branloit, et pour trente taches (clous) de veysel, et pour ung coing de fer à mectre à la dite campane; a cousté le tout XV sols, VI deniers.

Le VIme jour du dit moys, arrivarent en ceste ville deux escuyers du roy de Navarre, et leur fust envoyé deux pichiers de vyn, et coustarent XX deniers.

Le XIIIme jour de juing, arriva en ceste ville faire son entrée, Monsgr l'évesque de Périgueulx, nommé Deplanis (Jean de Plaigne), et luy furent donnez une barrique de vin, une pipe avouene, et deux douzennes de torches, et demy douzenne de coulatz (aloses) et IV brochets, que cousta tout XII livres, VII sols.

Le XXVIIIme jour du dit moys, arriva le père mynistre des frères Myneurs, que precha à Sainct Jehamme, et luy fust envoyé quatre potz de vyn que coustarent III sols, VIII deniers.

Le jour de la Pentecote, les consuls ou les

 

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invités qui les aidaient à l'aire la charité, burent une barrique de vin qui coûta cinquante deux sols et six deniers, et mangèrent deux jambons salés qui coutèrent six sols.

 

Budget

Recettes: Six cent soixante-treize livres, dix-neuf sols et trois deniers.

Dépenses: Cinq cent quarante-trois livres, dix-neuf sols et un denier.

 

 

1527-1528

 

20 Juillet

Maistre Ramond de Parpouchier, bachelier en droit, a esté reçeu en bourgeoys et habitant de la présent ville, par MM. les consuls, quy a presté le serment en tel cas reques, et joyra des privilleges et coustumes de la dite ville, comme ung des aultres habitans, et a promis donner et bailler à la ville une bonne arbaleste de passe d'acier, et une allabarde.

 

2 Septembre

Remonstrent que M. le commandeur de la commandarie du Sainct-Espérit de Bregerat, faict bastir et restaurer l'ospital de la dite

 

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commanderie du dit Bregerat, et a desja commencé, et dit que la ville est tenue de y contribuer chascun an que durera, et en veult aller bailler requeste à la court, pour nous y faire contribuer. A esté dit et oppiné, que pour ceste année, la ville lui donne X livres par manière d'aumoyne, mais que ne vienne à conséquence, car il a beaucoup plus levé des indulgences et pardons du pape, que ne y a exposé encores.

Plus, es estat dit par la oppinion des dits conseillers, que l'on face sonner de born en born la campanne de consulat, quant l'on yra acompagner le corps de M. de la Balme, avecques les torches que l'on luy a faict fere, et l'on luy face honneur, actendu qu'il a faict d'aultres foys service à la ville.

 

27 Décembre

Il est dit que les consuls s'entendront avec les paveurs pour faire paver les rues de la ville.

 

2 Janvier

Remonstrent si les consuls vendront ou arenteront, avec salaire compétant, la maison du bourdeau que la ville a au Mercadilh, car les pailhardes la destruyent toute, et si n'est réparée tombera par terre. La plus grande et saine partie a dit et oppiné, de la vendre ou arrenter à perpétuité, avecques intraiges compétans, et

 

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applicquer le dit argent à achapter en ceste ville, en lieu competant, une maison pour tenir les escoulles en ceste ville, et applicquer là le dit argent de intraiges et davantage si est besoing.

 

15 Janvier

Remonstrent, que les dits consuls retiendront pour avoir la chière pour prescher pour le caresme prouchain venant, le maistre révérend des Carmes, qui a donné deux ou troys sermonds dernièrement ez ésglises de Sainct Jacques et de Nostre-Dame-du-Chasteau, et entend que ce que luy sera donné pour son preschement ou poenne, le redonner et appliquer à la réparation de l'esglise du dit couvent des Carmes. A esté dit, arresté et oppiné par les dits juratz et du consentement des dits consuls, que la chadière de Bregerat, à prescher ce caresme proschain, luy soit donnée, concédée et octroyée, actendu ce que dict est, car blesme (blame) fort les vices et péchés, et faira de bon fruict, Dieu aydant, au populere.

Plus, remonstrent que les bochiers de ceste ville ne trouvent point de beufz à vendre à bon marché, et veulent croistre l'argent de la livre de la chair, aultrement tueront pas. A esté dict, que la chair du mouthon leur a esté augmenté, quant est de past et gras, à XVIII deniers la livre;

 

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et touchant du beuf, ne se augmentera point de priz que est à présent encores.

 

20 Janvier

Les dits consuls remonstrent aux dits juratz, que les Prescheurs de Bregerat, ont occupé et occupent le chemin qu'est par devant le dit couvent, pour tirer vers Bordeaulx et ailleurs, en y plantant grant quantité de aubars (aubiers), et qu'est de faire. A esté dit et arresté, que de plaine voye la ville garde sa possession, et de arazer ce qu'ils ont faict de nouveau, et de abatre le dit foussé.

 

4 Février

Jehan de Lacrup a fait remonstrer par maistre Jehan de Lacrup, son filz, qu'il estoit allé en la ville de Périgueulx pour ses afferes, et le procureur des aydes luy a faict donner l'arrest, pour la somme de XXI livres, darnierement impousées indeuement sur les habitans de Bregerat, et que l'on l'en descharge, car il ne le doibt pas; aussi la ville ne doibt la dite somme, car est exempte et a ce privilège, et sommes en procès à Paris, en la court des généraux, et ils ont innouvé, et fault envoyé au conseilh à Bordeaulx, pour scavoir comment l'on s'en doibt gouverner, pour y besougner surement, et toutz sont estés de cest advis.

 

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13 Mars

A esté remonstré, que, Jehan Lacrup, fut prins à Périgueulx, pour raison des deniers de la tailhe du roy, mise de nouveau indeuement sur la présent ville, et y dépendit certaine somme d'argent, et en demande estre ramborcé. A esté dit que le dit Lacrup en sera ramborcé par la dite ville.

 

20 Mars

Ausquelz conseiliers et juratz a esté remonstré par les dits consuls et scindic, qu'il a pleu au roy envoyer ses lectres missives, données à Sainct Germain en Laye, le XXVIIIme jour de janvier, mil VC vingt et sept, par lesquelles estoit mandé, que la ville luy baillast et mist entre les mains de M. le trésorier de Pestiguy, la moytié des deniers de la dite ville, à nous donnés par les feuz roys et le roy moderne, et au dit Borzes controrolle des dits deniers communs, de luy envoyer le rolle pour le dénombrement des dits deniers communs; le tout de l'an mil VC XXVI finissant XXVII. A esté dit, que l'on envoyera lectre à Arnault du Castanet (1), pour voir et soy informer, si la ville pourra débatre avec mémoires, des grans et urgens affaires qu'elle a,

 

(1) Ce dernier avait été envoyé à Paris pour activer les divers procès que la ville soutenait.

 

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et la pouvreté, stérillité de vivres que l'on a en la présent ville, tellement que la pluspart mort de faim.

Plus a esté remonstré, que les fateurs de Bourdeaulx sont venus en ceste ville pour vendre du poyson salé, tent arenc que porsilhé (1), et qu'ils vendoyent à demis cens, miliers et quarterons, de porsilhé à quintaulx et demi quintaulx, par quoy, le dit sindic les a mis en procès, et Ramonnet Goffre, a déclaré que les dits poysons estoient à luy. A esté dict et arresté, que la ville les porsuivra par procès.

 

27 Mars 1528

A esté dict et arresté, que la ville bailleroit à ung chescun des eslus et à M. le procureur, une charge de sel, que sont en nombre quatre charges sel.

Aussi a esté dict et arresté, que pour faire les dites diligences, et pour frayer aux dites affaires, le droit de pontonnage sera affermé pour troys ans, au plus offrant et dernier encharisseur.

 

21 Avril

Ausquelz consuls et jurez, a esté remonstré si la ville donnera le blé du moulin, qu'est à

 

(1) Morue.

 

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donner le jour de Pantecouste aulx pouvres, et combien en donnera chescun jour, et en quel lieu se donnera. A esté aresté, que veue la famine que y est, le dit blé sera donné le plus secretement et au meilheur ordre que fere se pourra, à la discrétion des consuls.

Plus, a esté remonstré s'il seroit bon fere fermer aulcunes portes de la ville, pour cause de la peste qu'est autour. A esté dict et oppiné, que aulcunes portes seront fermées, par ordre et par temps.

Plus, a esté remonstré que le fossé qu'est prés de la porte de Cleyrat, si se trouve homme qui en veult bailler dix sols de rente, pour en fere ung péchier. A esté dict et arresté, que le dit foussé sera affermé pour neuf ou dix ans, pour le dit pris, pourvueu qu'il ne soict bougé aultrement qu'il est, et que ne soit préjudice de la ville.

 

12 Mai

A esté arresté, que seront aliénés des biens et deniers communs de la ville, à pacte de rachapt, au terme plus long que se porra faire, et si ne se trouve personne qui en veuilhe achapter au dit pacte, ou prester, sera faicte tailhe sur les habitans de la ville.

 

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3 Juin

Le consul Elie du Castaing, offre de prêter dix livres à la ville.

 

6 Juin

A esté remonstré, que le pont sur Dordoigne, de la ville, fut mys à la chandelle dernièrement, et Jaraman de Lespinasse y myst VIIIXX XV (175) livres, et encore se consent que se remette à la chandelle.

La ville ayant à payer ceux qui avaient fait l'enquête contre les habitants de Lalinde, qui prétendaient faire passer leurs bateaux chargés sous le pont de Bergerac, sans payer aucun droit, ayant en outre de nombreuses affaires nécessitant une prompte solution, les consuls ne trouvant pas d'argent à emprunter, décident « que le pont sera remys à la chandelle et délivré au plus offrant et dernier encharisseur, lequel sera tenu poyer content, ce que y mectra, avant joyr, pour frayer à payer ce que la ville doibt, et subvenir aulx affaires d'icelle. »

 

8 Juin

A esté remonstré, que M. le baylif maistre Jehan Frontut, estoit décédé, et que aulcuns faisoyent coursse pour avoir et impétrer l'office, et

 

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qu'il appartenoit à le donner à la ville, actendu que la ville a achapté la justice et exercice d'icelle, et sy l'on procédera par les consuls à une élection de juge, et cependant prendra la possession. Le dit maistre Mailhet (1) en oppinant a dit, qu'il appartenoit à la ville mectre ung juge, pour l'exercice de la justice ordinaire de la présent ville, touchant la présent ville et jurisdiction d'icelle, et seroit bon de en prendre la possession ainsi qu'est requis; et lequel Mailhet, a offert en le eslizant et le faisant juge de la justice ordinaire de la dite ville, au lieu de feu M. le baylif, poursuivre le tout à ses despens, et quant il sera paisible possesseur, donner et bailler cent escutz d'or à la ville. Par la plus saine oppinion, a esté dict, oppiné et arresté comme dessus, et que l'offre du dict Mailhet sera acceptée.

 

11 Juin

A esté remonstré de Bourdeaulx, parce qu'ils meurent de peste, si l'on fera fere portes et garder de entrer ceulx qui viendront de Bourdeaulx. A esté dit et arresté, que l'on fera portes, et que l'on gardera de entrer ceulx qui viennent de lieux dangereux de peste, et de Bourdeaulx s'il y a peste.

 

(1) Jean Mailhet était licencié en lois et faisait partie des jurats.

 

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Item. - Aussi a esté remonstré des orres bochiers (1) qui ne payent aulcuns subsides à la ville, et cesforcent tuer les motons et aigneaulx, à cause de quoy les bouchiers réaulx (royaulx) sont dommagés. A esté arresté, que l'on leur fera fere inhibition et deffense, aux dits orres bochiers, à grosse poennes, de n'en vendre poinct de chers nectes.

Item. - Aussi remonstrent, de tout plain de larrons et coquyns qui glannent et pilhent les blés, pendant que le blé n'est encore levé. A esté arresté, que l'on fera inhiber de ne glanner pendant les fruitz, à poene de l'esmande.

 

Dépenses diverses relevées dans le budget de l'année 1527-1528

 

A esté payé à Anthoine Gausen, sergent royal, pour avoir crier par deux fois les assenses (affermes) de la dite ville, par les carrefors d'icelle, et bourg de la Magdalene, à soy y trouver quant la cloche sonneroit.

Item. - (3 août). A cause que le dit jour, en revisitant l'ospital par MM. les consuls, auquel hospital fisrent conduire ung nommé Millau, et le confesser, aussi ung petit enfent expousé au dit hospital, luy fust achapté du laict et de la

 

(1) Orres bouchers ou bouchers sales; on appelait ainsi ceux qui ne vendaient que des viandes de qualité inférieure comme porcs ladres, etc.

 

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farine, et fust poyé par commandement des consuls, en tout II sols, VI deniers.

Item. - Le dit jour (19 août), a esté poyé au maistre des haultes euvres, pour ung pere de gans, qui fustiga ung nommé Mathelin de Capdepère, condamné par l'ordinaire, XII deniers.

Item. - Au dit maistre pour son salaire VII sols.

Item. - Le IXme du dit moys, a esté poyé an filz de Pierre Peyrarède, pour une aulne de toille, servant à enroller le privilège que l'on vouloit porter à la court, VI sols.

Item. - Le XXme du dit moys, maistre Helies de Castaing et Giron de la Rivière, consuls, suyvaut la volonté de la jurade, et par advis des aultres consuls et conseillers, partirent de la dite ville, pour aller à la court, à cause de débatre la taille et imposition, mise en la dite ville par les esleus, et pour avoir la déclaration du roy, comme a esté advisé par le conseilh; auxquels a esté baillé comme porte leur récépissé, et dont ils ont despuis rendu compte, IVXX livres, XV sols.

Item. - Le segond jour du moys de septembre, à cause que le seigneur de la Baulme estoit décédé, et ensevely le dit jour au couvent des Cordeliers de la dite ville, aux honneurs des dites sepelliendes (funérailles), par advis et délibéracion des consuls et juratz, fust donné et porté aux dites honneurs, de par la ville, XII

 

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torches garnyes d'escussons de la dite ville, pour lesquelles fust poyé, comprins cire, bastons, fillet et fason de les fère, XLVI sols.

Item. - Landesoir du dit jour, arriva M. le juge-mère, avec M. l'esleu Testaud, et remoustrarent qu'ils estoieut venus pour contraindre à poyer la taille, ordonnée par le roy sur la dite ville, pour raison de quoy la dite ville avoit envoyé à la court, dont l'on n'avoit eu responce, et fust besoing tenir jurade et soy assembler de grant mactin, ce que fust faict, et en chandelle le dit matin, IV deniers.

Item. - Le tiers jour du dit moys, pour faire porter ung pouvre nommé M. Delort, à l'ospital, cousta XII deniers.

Item. - Le dit jour, pour deux hommes loés à porter de la grave à repparer le chemin de Pombonou et du pont de la Peyre; pour leurs journées sans fère despens, IV sols.

Item. - Le dit jour, fust donné aux maneuvriers besoignant à la dite réparation du chemin, afin qu'ils avansassent, deux potz de vin que coustarent II sols.

Item. - Le dit jour (14 septembre), fust dit par MM. les consuls et juratz, que MM. les juge-mage, esleu et aultres de leur compagnie, seroient desfrayés à cause des plésirs qu'ils peuvent fere à la ville, et mesmement touchant la taille mise de nouveau à la dite ville, ce que fust faict, et fust poyé pour le dit desfrayement, par

 

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compte, ainsi que porte la quictance de M. de Bourgeoys, VII livres, VII sols.

Item. - Auquel temps et le dit jour (10 septembre), à cause des seigneurs de parlement passans et repassans par la dite ville, aussi y ont demeuré, en la dite ville, comme M. le quart président Boyer, M. de Capmaing, conseiler, M. le premier huissier, M. de la Rivière, M. de Bordes, M. de Maillet, le huissier Guyrard, M. de Bars, procureur et aultres seigneurs et gentilshommes, pour lesquelz à leur donner du vin ordinerement, fust arresté une pipe de vin blanc et claret, qui se expousa au dit temps à ce que dict est, et aux consuls qui journellement estoient à fère réparer les chemins; pour lequel vin fust poyé VIII livres, X sols.

Item. - Le XVIIIme du dit moys, fust poyé à Pre de la Peyrarèda et Aymond Despignac, consuls, de ce qu'ils avoient expousé en despence des hommes loés expressement, et du vin que l'on poyoit, affin de fère avanser la maneuvre à réparer le chemin de la Mérille, XI sols, VI deniers.

Item. - Le dit jour (20 septembre), que fust parachevé de habiller le chemin et pont de Mussidan, fust poyé à Anthoine Johanel, consul, de ce qu'il avoit forny à la dite réparation VII sols, IX deniers.

Item. - Le dit jour (21 septembre), a esté poyé pour une meulle fromentale, rendue quicte,

 

p. 330

devant le moulin de la dite ville, et pour la mectre à icelluy moulin IV livres, V sols.

Item. - Le XXIIIme du dit moys, à cause que par la jurade, fust dit que certain foussé faict de nouveau par les frères Prescheurs de la présent ville, environ la recluse du dit couvent, seroit desmolli, comme faict en lieu public, ce qui fust faict, et pour fers desmollir le dit foussé, a esté poyé III sols.

 

Cette année, l'écu d'or soleil valait deux livres.

 

Item. - Le XXVII du mois de octobre, a esté envoyé Giron Teissendier à Prégon-Rieu, pour veoir si se moraient de peste, comme l'on disoit, et luy a esté poyé pour son diner, et le cheval que fust lors pris expressement II sols, I denier.

Item. - Le XXX du dit moys, fust poyé pour le diner de deux religieux de la observance, passans par ceste ville, qui, voulaient prescher l'advent, ou pour leur fere porter certains livres jusques à Perigueux, en tout V sols.

Item. - Pour fere retorner l'eschelle de Saincte-Catherine, qui, avoit esté empromptée à fere les evartements (1) de la tor de la Logadoyre, a este poyé VI deniers.

Item. - Le septiesme du mois de novembre,

 

(1) Charpentes.

 

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arriva le mareschal des lougis, avec les forriers de la bande du roy de Navarre, où avoit cent lances, que passerent par ceste ville, auxquels fust tracter de fere tirer à l'avant la dite bande, bans louger dans la dite ville, ce que fust faict; et les dits maréchal et forriers et leur compaignie, fusrent desfrayer chez Bourgeoys, tant du diner, souper, que du diner du lendomain, et cousta en tout, comme apert par la quictance du dit Bourgeoys V livres, V sols.

Item. - Le dit jour, fust porté au capitaine du roy de Navarre, estant lougé en Maurens, où MM. les consuls avec le sieur Dupont et aultres, allarent fere la révérence, et aux genstilshommes de sa compaignie, et leur fust donné en tout quinze perdris ou bécasses, que coustarent XXIII sols, VI deniers.

Item. - Fust poyé à maistre Meric apothicaire, de certaines confictures qu'il bailla au dit capitaine X sols.

Item. - Le XIVme du dit moys, fust changée la veyselle d'estaing de la ville, qu'estoit cassée et rompue, et en eurent de neufve, et cousta le tout III livres, XV sols.

Item. - Le XXIX du dit moys, fust envoyé Hugues Chaptre sergent royal, par commandement de MM. pour fere commandement à M. de Pilles de rendra les prisonniers de Cussac, qu'il vouloit mener à Sarlat, et, fust poyé au dit sergent VII sols.

 

p. 332

Item. - Le XIXme du dit moys, à cause que le seigneur de Pilles vouloit prandre les lactes de certains aubiés, estans au foussé de la ville, au devant la maison du dit seigneur, les dits aubiés par auctorité de la dite ville fusrent pitquetz et emporté, le tout en la maison de la dite ville, et cousta le dit picquement XVIII déniers.

Item. - Le dit jour (28 décembre) a esté poyé à Grimon Eulirtin, cappitaine du guect, ordonné par la jurade, de la nuict, a cause des larrons et par commandement du scindic X sols.

Item. - Le dit jour, a esté poyé au maistre révérend Travelle, qui avoit presché l'advent, suyvant la délibéracion de la jurade, VII livres, X sols.

Item. - Le second jour de janvier, a esté poyé la despence, faicte en prison, par Peyrichon de Bitrac et Jehan Delern qui fusrent fustigués par auctorité de l'ordinaire XVII sols.

Plus au maistre des euvres III sols.

Item. - A Marcial Lafaye sergent, qui fustiga ung des dits prisoniers, XII deniers.

Item. - Fust donné aux dits fustigués, pour avoir du pem, VI deniers.

Item. - Le dit jour (9 janvier), fust baillé à Mathurin du Caudou, pour aller quérir avec la charrette ung pauvre ladre, qui, estoit mort à la borie de Corbiac, III sols.

Item. - Le XXIme du dit moys, pour fere rompre ung foussé que les Jacopins avoint faict

 

p. 333

au chemin public, et par commandement de la jurade, fust poyé à ceulx qui rompirent le dit foussé III sols, IX deniers.

Item. - A cause que les consuls fusrent conviés aux honneurs de feu M. de la Baulme, que se font lundy prochain, second de mars, l'an sus dit, et par délibération, a esté donné aux dits honneurs, une douzene de torches, avec les scussons de la ville, et ont cousté comprins tout LIII sols, VI deniers.

Item. - Le XXV du moys de avril, fust poyé à Vaury (sergent), qui alla exécuter le mestayer de M. de Pilles, pour le blé de la Carita, X deniers.

Item. - Le dit jour pour faire dire une messe au consulat, et béniter le pem (de la charité), fust poyé II sols, VI deniers.

Item. - Le segond jour de may, fust poyé au maistre révérend, qui avoit presché le caresme dernier, XIV livres.

Item. - Le XXI de may, fust envoyé à deux auservantins, qui prescharent le dit jour, ung pot de vin, XVI deniers.

Item. - Le XXVIII du dit moys, fust envoyé ung pot de vin au provincial des Carmes, que cousta XVI deniers.

Item. - Le XIme du moys de jung, fust donné à Titus pour garnir le pavillon à porter le corpus Deus, II sols.

 

p. 334

Item. - Le dit jour, fust baillé à Jehan Teyssendier et à ung sarurier, pour le service qu'ils fisrent, de fere tirer l'artilharie le jour de la Feste-Dieu, ainsi que la procession passoit, II sols, VI deniers.

Item. - Le premier jour du moys de jullet, décéda Anthoine Johanel, consul de la présent année, auquel suyvant la coustume, à ses funérailles a été donné une dozene de torches garnyes, de scussons et armes de la dite ville, qui ont cousté X livres, II sols, VI deniers.

Item. - Le IXme du dit moys, fut poyé pour une messe dite, à la intencion de la ville, qui a esté vouée, pour nous préserver de la maladie qui cort, et de la peste, II sols, VI deniers.

Item. - Le VIme du dit moys, fust dict une messe en l'église du chasteau, à l'intencion de vouer la ville, que cousta II sols, VI deniers.

Item. - Lendomain, pour une aultre messe, devant Nostre-Dame de Recouvrance, II sols, VI deniers.

Item. - Le XXIme du dit moys, fust faict ung cierge de cire, du poix de IV livres 1/2 de cire, pour poyer le veu de la ville, lequel cierge cousta, comprins la fasson XXII sols, VI deniers.

Item. - Lequel cierge, fust porté à Saint Cibart par le dit consul Beynac, avec M. S. Xans, qui, alla dire messe, au dit Sainct Cibart, et randre le dit veu, et fust poyé au dit Xans, V sols.

 

p. 335

Item. - Au vicaire, du dit Sainct Cibart, pour une aultre messe qu'il dict, II sols, VI deniers.

 

Voici qu'elles furent les recettes de la ville en l'an 1527-1528.

 

 

livres

sols

deniers

1° Les Cots de St-Martin, St-Christophe, Prigonrieux, Maurens, Mouleydier et Creysse, pro­duisirent

45

7

3

2° Le péage du pont de la Mérille

 

55

 

3° Le greffe de la ville

 

24

 

4° La marque du vin

10

 

 

5° La Correterie de la ville

3

10

 

6° Les poissons des divers fos­sés entourant la ville

7

10

 

7° Droits prélevés pour le pas­sage du pont

240

17

1

8° Les pougèzes (impôt prélevé sur le vin vendu à taverne)

328

1

7

9° Impôt prélevé sur les bou­tiques pendant les foires

12

3

 

10° Ceux qui furent reçus bourgeois payèrent

37

 

 

11° Amendes prélevées par la ville

13

9

9

12° Rentes payées à la ville

12

2

6

13° Droit des grandes amen­des

40

 

 

 

 

p. 336

 

14° Droit des amendes de la cour du cot

4

15

 

15° Les amendes de Maurens

9

5

 

16° Le droit des amendes de Mouleydier

 

35

 

 

Les recettes extraordinaires fournirent le reste des recettes.

 

Budget

Recettes: Mille six cent vingt-une livres, quatorze sols, huit deniers.

Dépenses: Mille cinq cent quatre-vingt-dix-sept livres, un sol, deux deniers.

 

 

1528-1529

 

Pierre Pinet licencié en lois, était lieutenant de la cour ordinaire de la ville.

Dans l'inventaire des biens de la ville, fait le vingt-cinq juillet, il est fait mention de la hache dont se servait le bourreau pour décapiter les condamnés, et qu'on appelait la doladoyre.

 

16 Août

Remonstré que au Mercadilh, y a aucuns qui ont la peste, et, ne veulent sortir hors leurs maisons, et si l'on fermera le Mercadilh du

 

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cousté de la ville, ainsi que l'on a faict d'aultres foys en pareilh cas. Arresté et délibéré, que les consuls manderont céans quatre ou cinq des principaulx du Mercadilh, pour leur remonstrer l'affere, et quant verront le temps et lieu fermeront le dit Mercadilh, ou aultrement les portes infectées, en leur donnant maison hors la ville, et y donneront le myeulx ordre que leur sera possible, avec l'aide de la justice qu'ils appelleront.

Item. - Remonstré que la femme de Titus et aultres infectz de peste, sont encorres dans la ville, et ne veullent sortir, et qu'est de fere. Dict et arresté, comme dessus, que les consulz y pourvuoiront et en feront diligence de les expellir hors la ville, ou, les enfermer en leurs maisons, et leur a esté donné charge de y fere le myeulx qu'ils porront.

Le XVIIIme de aoust, l'an sus dit, les consulz ont baillé le moulin de la dite ville à Jehan Lafage, habitant de la paroisse de Campsegret, du villaige de Lafage, au sixiesme; c'est assavoir: que la ville prendra cinq poignères de tous chescuns les blés, qui viendront audit moulin, et le dit mosnier, la sixiesme poignère; lequel mosnier a promis et juré d'estre bon et loyal.

 

25 Août

Et par advis et délibéracion desquels (des consuls

 

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et des jurats), sur la remontrance sur ce faicte, a esté dict et arresté que tant que touchant le dangier de la peste, qu'est en la présent ville, que l'on fera vuyder tous les habitans de la dite ville et Mercadilh, et leur sera faict commandement sur grosses poines de vuyder; et s'il en y a de rebelles, que l'on les multera de grosses esmandes, ensemble, de fermer bien les maisons infectes, avec grosses bandes de fer, et l'on mectra bonnes gardes et gens de bien, jusques à une ou deux douzennes, et que l'on fermera la pluspart des portes de la dite ville, et des autres sera ouvert le petit portanel seullement, et sera crié à son de trompe. Et tant que touchant des portz et passaiges pour passer la rivière de Dordoigne, a esté dict, que l'on mectra passagiers aux portz de Clautres et Teulières.

 

28 Août

Par advis desquels, a esté arresté que tous vagabons, que n'ont adveu, vuyderont toute la jurisdiction.

Item. - Touchant des portes, a esté dict qu'il en y aura asses de deux, scavoir est, Cleyrat et la Logadoyre, et que MM. les consulz y avisent et aux gaiges, car la jurade s'en est remise à eulx.

 

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29 Août

Remonstré, que ceulx du bourg de la Magdalene, demandent secours, pour fere vuyder les bordiers, que sont au dit bourg. Délibéré que la ville leur baillera secours pour les fere vuyder.

Item. - Et tant que touchant du pont de Dordoigne, n'est besoing quant à présent qu'il soit fermé, si aultrement ne vient aultre dangiers, mais que l'on y mectra bons portiers, pour garder que personne n'entre par ycelluy.

Le même jour, les consuls désignèrent vingt-six habitants, qui, devaient rester dans la ville, pour garder les biens et les propriétés abandonnées par leurs concitoyens, obligés à cause de la peste, et par ordre des consuls, de quitter la cité. Parmi ces gardiens, dont la jurade a conservé les noms, on trouve: de Lentilhat, de Lespinasse, Arnault Ayma, Pierre Poumeau, Guilhem Delteilh dit Lou Sanat, etc., etc.

 

6 Septembre

Les consuls n'avaient pas abandonné la ville, puisque à la date ci-dessus, six d'entre eux tiennent la jurade, avec dix sept jurats.

A esté dict par la jurade, que vingt sols seront donnés à Bernard Ayma dict Frigiguel, touchant certaine esmande qu'il avoit esté arretenu, pour avoir prins de la terre du foussé de la dite ville.

 

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12 Septembre

Seront expellis tous ceulx qui ne seront de la garde de la dite ville, et ceulx qui seront contradisans que l'on les fera multer de grosses esmandes, et si se appellent seront poursuyvis.

Item. - Touchant les vendanges, l'on fera demain dire aux esglises, et à son de trompe, que les vandanges ne se feront dedans la présent ville, et que ceulx qui ont leur veysselle hors la dite ville, ne la mectront aucunement dans la dite ville, mais ceulx qui sont dedans la dite ville, pour ycelle garder, feront leurs vandanges en la dite ville, fors que saumatier (celui qui conduira l'âne ou l'anesse qui porte la vendange), que entrera tout seul.

 

17 Octobre

A esté remonstré, qu'est de fere de ceulx, qui sont dehors, et veulent entrer. A esté arresté qu'ilz n'entreront poinct encorres, jusques à ce que aultrement en soit ordonné, après la tous-sainctz.

Item. - A esté arresté, touchant de ouvrir le Mercadilh, qu'il ne se ouvrira jusques à ce que ceulx que sont dehors entrent.

Item. - A esté arresté, que MM. les consulz auront en levant la tailhe, VI deniers pour livre.

 

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Item. - A esté arresté que aucun chastaignez ne passera par la ville, ne aussi aucunes chastaignes ne se chargeront, par les merchans, aux portz de la dite ville, pour les porter vandre à Bordeaulx, actendu la nécessité que font bien besoin yci.

Item. - Plus, arresté que l'on fera sortir tous ceulx qui sont entrés au dedans la dite ville, sauf les gardes d'icelle.

 

31 Octobre

Remonstré que le mestayer des Prescheurs est décédé de peste, et avoit fréquenté avecques eulx, et Perigueux (nom du métayer) la nuyt passée est décédé, et ses sepelliences (funérailles) sont au dict couvent, et si l'on permectra les habitans aller au dict couvent. A esté dict, que l'on deffendra d'entrer dans le dict couvent aux habitans, pour ung temps encorre.

A esté remonstré que les habitans, qui sont sortis de la présent ville, à cause de la peste, veulent entrer, et est impossible les garder de entrer. Dict et délibéré, que les consulz laisseront entrer dans la ville les habitans, qui ne seront suspectz de dangers de peste, et que soient apparens, des le premier jour, et le plus honestement que fere se porra, et de ce ont donné charge aux consulz.

Remonstré du magister de l'escolle, qui veult

 

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maison et le salaire antier, et veult fere université. Dict et arresté que les escolles luy soient baillées et aura le salaire antier, et du lougis qu'il s'en pourchasse ainsi qu'est de coustume.

Remonstré d'une fille du bourg, infecte, venue de Sainct Laurens, pour demeurer près le bourg de la Magdalene, et les hahitans du dict bourg ont enduré d'aultres infectz et la veuillent expellir. Délibéré que l'on fera oster la dicte filhe infecte et retorner à Sainct Laurens,

 

6 Novembre

A esté remonstré de la foere de Sainct Martin prochaine, si sera desmandée, à cause des dangiers de peste, qu'est tout autour. Avisé et délibéré que la dicte foere sera démandée et ne sera poinct tenue en la présent ville.

 

11 Novembre

A esté remonstré que l'année dernière passée, l'on avoit affermé le pont de Dordoigne, et pour ce que la peste est survenue en la dite ville, occasion de quoy, les fermiers rendirent les clés du dict pont, et à présent, demandent les dictes clés, ou bien estre ramborcé de leur argent. A esté appoincté, que la ville leur fornira leur argent, et ne leur rendront poinct les clés.

Item. - Touchant les gensdarmes, l'on envoyera parler à M. de Montréal, pour fere passer

 

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les lansquanetz ailleurs que par la présent jurisdiction.

 

28 Décembre

A esté arresté que la ville donera gaiges à ung médecin, pour et affin de demeurer en la dicte ville.

Aussi, a esté arresté que Balaye et aultres infectz n'entreront de ceste lune, dans la présent ville, mais les consulz bailleront, au dict Balaye, quelque chouse pour vivre, à leur discrétion.

 

3 Janvier

A esté arresté, que l'on entretiendra les pouvres de la présent ville, et seront expellis les aultres, qui, sont du dehors, et dors en avant, l'on ne laissera entrer aulcun pouvres.

 

29 Janvier

A esté arresté que les pouvres, qui ne sont habitans de la présent ville, s'en yront, et l'on leur donera à ceulx qui ne sont comme dict est de la présent ville et jurisdiction, quelque peu d'argent, pour s'en aller; et touchant les attitrés, seront norris par ceulx la qui sera arrêté, et chascun des habitans de la présent ville frayera.

 

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7 Février

A esté remonstré les lectres missives envoyées de Périgueux, touchant la garnison de la compaignie de M. le sénéchal de Périgort, qui, vient de nouveau. Dict et délibéré, que M. le bailif, ou le scindic, ou aultre, yront à Périgueux pour veoir la situacion de la dicte garnison, et la débatre au myeulx que fere se porra.

 

11 Février

A esté remonstré, que touchant de bailler les scolles à ung maistre, qui est venu d'Aymet, ou à maistre Arnauld. Délibéré que soict délivrées au dict maistre Arnauld, ce que a esté faict illec, aux condictions qu'il aura ung aultre maistre régent, ce qu'il a promis et juré.

 

15 Février

Remonstré que, au dict Périgueux, a esté délibéré, de fere ung don au roy de Navarre, qui est gouverneur en Guyenne, à son nouvel advénement, et aussi à M. le Séneschal de Périgort; et tous les du pays y avoient consanti. Délibéré que l'on se assemble avecques ceulx de Sarlat, pour acconvoquer de l'affere, et selon que sera avisé, comme les aultres, fère promesse des dicts dons,

 

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Touchant les scolles, délibéré que demeureront encorres jusques à Pasques, et cependant, les prétendens feront la dispute.

 

24 Février

Touchant les pouvres, baillés à la ville, a esté délibéré que seront norris du blé, que l'on faict la Caritat, et la dicte Caritat, sera appliquée au dict norrissaige des pouvres, et donne charge de ce fere aux dicts consulz.

 

3 Mars

A esté remonstré, de ce que ung clerc de M. de Pestaguy, est venu quérir les deux cens livres de la moytié des dons et octroys, que le roy a ordonné estre prins sur chescune ville de son royaulme, et demeure le dict clerc yci, aux despens de la ville, et dont viendra argent. Délibéré et arresté, que les consulz payeront, et auront argent de la taille, ou aultres esmolumens de la ville.

 

31 Mars 1529

A esté arresté que l'espéronier sera exempt de taille, actendu la qualité d'icelluy.

 

1er Avril

A esté dict que le beuf de haulte gresse, la

 

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livre se vandra XIII deniers, et de l'aultre beuf XII deniers, et le mothon de haulte greysse XVIII deniers la livre, et l'aultre mothon à XVI deniers la livre. Faict en la dicte maison par maistre Ramond Parpouchier, Stienne Cros, Jehan Garrige, maistre Pierre Pigard, Giron Malaroche, Jehan Aubié, Pierre Johanel et Guilhaumot Martrat, consulz de la dicte ville.

Et le dict jour, Micheau Thaman et Jéhanno Bonnetaulde de la paroisse de Mascolle de Puyguilhem, sont estés receuz à la maladrerie de la présent ville, en poyant vingt livres, dont en poyeront dix, dedans la Sainct Jehan prouchaine, et les aultres dix, dedans Noël prouchain; et ont preste le serment au cas requis.

Et là mesmes, Marcial Bougon, de Saincte-Foy-la-Grant, a esté receu, et poyera cent sols à Sainct Jehan prouchain, et aultres cent sols à la Magdalène prouchaine, et ainsi la juré comme dessus.

 

7 Avril

A esté dict, que si MM. les consulz ne trouvent d'argent de ceulx de la présent ville, qu'ilz trouvent quelcun autre, au myeulx fere qu'il leur sera possible, et les juratz leur ont baillé toute puissance de vandre ou assenser les biens de la ville, et promis de auctoriser et alloer tout ce que sera faict par les dicts consulz.

 

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1er Mai

A esté remonstré, que ung Galene, prevost de Maurens, a prins juridiction de la court du cot, que apartient à la ville, et faict prison de bestailh, quant donnent dommaige, et après, les faict rançonner en préjudice de la justice du cot, dont le scindic de la ville a mis desja en procès le dict Galene, et s'il sera poinct suyvi. Arresté que le procès du dict Galene sera poursuyvi, aux despens de la dicte ville.

A esté remonstré, que l'on ne peut trouver argent sur aulcun bien de la ville, pour subvenir à faire l'enqueste de la exemption des tailles. Délibéré sur ce, que les consulz, par emprompt des plus aparans des habitans, auront de l'argent, et en cas de contredict, imploreront les gens de justice, et aultrement, par vendicion ou assense des biens de la dicte ville; et de ce en a esté donné charge aux dicts scindic et consuls.

 

10 Mai

A esté remonstré, comment l'on se gouvernera des gensdarmes qui sont en grant nombre, et en vient tout jours davantaige, et se font bailler sans poyer, et en oultre, que M. le viscomte de Castillon, vient en la présent ville avec grant nombre, pour fere desplaisir aux habitans de la

 

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dicte ville, à cause de certaine hayne, qu'il a conceue, contre les merchans. A esté arresté, par advis et délibéracion de la plus saine partie des juratz dessus nommés, que MM. les consulz, avec des plus apparans, comme M. le lieutenant, M. de la Rocque, M. le commandeur yront parler à M. le capitaine, et luy remonstrer les nécessités de la dicte ville, et comment la dicte ville n'est tenue de fornir vivres, sinon en poyant, sauf ceulx, qui, sont des garnisons de la dicte ville, et que les consulz, fassent la munition des vivres, quant ceulx qui viendront et sont venus de dehors, fault qu'ilz payent, et que, cependant, que les hahitans soient avertis et soy tenir en leur garde, s'ilz vouloient fere aucun excès aux habitans de la dicte ville, affin d'estre pretz, pour soy deffendre, si le cas advenoit, et que l'on se fasse poyer de ce qu'ilz ont despandu, et en cas de contredit, que l'on ferme les portes de la ville affin d'estre payer.

 

14 Mai

A esté remonstré des gensdarmes, estant aprésent dans la présent ville, qui ne veullent rien payer, et maltractent les habitans. Arresté, que l'on les quicte par la moytié, au pris que les vivres valent aprésent, et que dors en avant, l'on ne leur baille rien, s'ilz ny veullent entendre, et que l'on se garde de mutinement et de fere excès, que procède devers nous.

 

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24 Juin

A esté arresté, que MM. les consulz, receuvront bourgeoys: Ramonet Boysse et Guilhem Chanceaulme son gendre, et que, les dicts consulz en fassent, ainsi qu'ilz verront à fere, car la dicte jurade leur a donné la charge, et prendront pour faict tout ce que par eulx ou aucuns d'eulx sera faict.

 

18 Juillet

Plus, remonstré que, la peste est tout au tour de la ville, et si l'on mectra portiers, comme l'on fesoit par avant.

Plus, remonstré que M. le lieuctenant faict nopces, dimanche prochain, si la ville luy fera aucun don. Arresté que MM. les consulz fassent quelque présent à M. le lieuctenant, comme ilz verront fere, ou bien donneront à boire aux nopces, en la maison de céans, et les reculliront avec l'artilharie comme est de coustume.

Durant la peste qui cette année désola la ville, les consuls avaient fait établir deux bacs sur la Dordogne, l'un à Clautre, en amont de Bergerac, qui, rapporta huit sols à la ville, et l'autre, à Tuillière, en aval, qui, rapporta vingt sols. Ces bacs furent établis, parce que le pont de Bergerac avait été coupé, à cause de la peste, qui sévissait au bourg de la Madeleine.

 

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Dépenses diverses relevées dans le budget de l'année 1528-1529

 

Pour ung aultre potz de vin, envoyé au maistre révérend qui prescha et fit faire les processions générales, affin de préserver la ville de maladie quy couroy et tant lors fust poyé XVI deniers.

Item. - Le dict jour (31 juillet), a esté poyé aux sergens, de fere la recherche des infectz qu'estayent de Lauzun et c'estoient mys dans la ville; pour les expellir, II sols.

Item. - A esté poyé le dict jour (8 août) au maistre des haultes euvres, pour expellir certains infectz qui c'estoient mis prés l'église Sainct Martin, XVIII deniers.

Item. - Le dict IXme du dict moys de aoust, par délibéracion des consulz et juratz, fusrent dictes cinq messes à intencion de la dicte ville, et à cause du dangier de peste, pour lesquelles fust poyé X sols.

Item. - Le XXVIIme du dict moys de aoust, a esté poyé à Bertrand de Clarmont, à cause de certayne cabane qui fust baillée à Titus, infect de peste, en laquelle infection le dict Titus c'estoit mys par commandement des consulz, pour vissiter ceulx quy estoyent descedé, et fist la dicte cabane XXX sols.

Item. - Le dict jour précédent (27 août),

 

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pour faire faire deulx cabanes à mectre les filhes de Francoys, infectes et mallades de peste, au long de la rivyère de Dordoigne, et en suyvant l'advis des consulz et juratz a esté poyé X sols.

Item. - Plus, a esté bailhé le dict jour (1er septembre), pour aller quérir le Limosin qui se nya au lieu de Pombonne, et le pourter ensevelir au cymetière de Sainct Martin V sols.

Item. - Le VIme du dict moys (novembre), fust poyé à la garde commisse de par la ville, qui allaient toutes les nuitz faire le guectz, XXXII sols, VI deniers.

Item. - Lo XVIIIme du dict moys (février), fust envoyé au dict maistre révérend, ung merlus, une piesse de salmon, quatre arens, quatre potz de vin, et le tout cousta XII sols, VI deniers.

Item. - Le dict jour de Pasques (27 mars), pour une livre de chier donée aulx pouvres, a esté poyé XII deniers.

Item. - A esté poyé au maistre des euvres pour gecter une vache qui estoit morte, en Dordoigne, III sols.

Item. - Le IVme du dict moys, a esté poyé au maistre révérend d'avoyr presché le caresme, et ainsy que a esté ordonné par la jurade XIV livres.

Item. - Le XIIme du dict moys, pour deux archiers que la ville leur doict fournir les vivres, comme du blé, vin, advoyne, foem, pailhe et

 

p. 352

boys, a esté poyé aux dicts archiers nommés Ramond de Lafon et Jehan Deymier, sieur du Garit, comme appert par leur quittance, XXVII livres.

Item. - Le dict jour, fust achapté huict livres de poudre d'artilharie pour servir la ville, et mesmement le jour de la feste Dieu, qui ont cousté XXXII sols.

Item. - Le XVme du dict moys (mai), a esté poyé aulx sergens pour mener ung homme au collier où il avoyt esté condampné, XII deniers.

Item. - Le XIXme du dict moys, les pourtiers de Cleyrat, du ponct et de Malbec, avoient rendus les clés en la maison de consulat, et ne voullaient servir pour ce que ne estoient poyés des deniers ordonnés; leur fust poyé par commandement des consulz XII sols.

Item. - Le dict jour, a esté poyé à Jehan Deymier, archier de la compagnie de M. de Monpezac, pour ung moys, à cause de ses vivres, ainsy que appert par sa quictance, VII livres, X sols.

Item. - Le XXI du dict moys, a esté poyé à Ramonet de Fransolle, geollier, pour Jehan Delmas qui avoit demeuré en prison, et fust condampné par l'ordinaire à estre mys au collier, et demeura en prison XX jours, XXIX sols.

 

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Ce qu'il en coutait pour faire fustiger

 

 

sols

deniers

Item. - Le dict jour (2 juin), a esté poyé au maistre des euvres pour fustiguer le dict Thomas Hully, et Jehan de la Lande, ou aux sergens quy ont assisté

XXV

 

Item. - A esté poyé au greffier du prévost

XX

 

Item. - Au serviteur du dict prévost

V

 

Item. - Au lacays du dict prévost

V

 

Item. - Aulx sergens oultre ce que dessus

III

 

Item. - En cordes

II

 

Item. - Aulx fustigués affin de s'en aller

 

XII

Item. - A Vaury qui sounoit de la trompecte

 

XII

Item. - Pour une paire de gants au dict maistre

 

XII

Total

3 liv., 3 s

 

 

Item. - (8 juin). Par commandement du scindic et consulz, fust aux nopces du filz de M. de Montréal, envoyé une barrique de vin blanc et une barrique de vin claret, et ont cousté IX livres.

 

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Item. - Pour ce que, le Biarnes et Jehanisson de Gourgue vendirent ung beuf à XII deniers la livre, par commandement du scindic, le jour de Pasques, et fust dict qu'ilz seraient récompensés s'ilz y perdoient, ce qu'ilz fisrent, comme de ce en fisrent serment, et pour récompense leur fust poyé XL sols.

Item. - Le XIVme du dict moys, fust poyé à la femme de Vallade, pour la despance de XI chevaulx de la compagnie de M. de Monpezac, nostre séneschal, et pour les desfrayer, par commandement du scindic XIV sols.

 

Budget

Recettes: Deux mille cent quatre-vingt-deux livres, six sols, neuf deniers.

Dépenses: Deux mille trois cent vingt livres, douze sols, un denier.

 

 

1529-1530

 

31 Juillet

A esté arresté, que MM. les consulz facent ung tail pour subvenir aulx affaires de la dicte ville, jusques à doutze cens livres, et qu'ilz le lèvent à toute diligence, couste qu'il couste, ce qu'ilz en pourront lever pour subvenir aux dictes affaires.

 

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21 Août

A esté remonstré, si l'on fera inhiber aulx bouchiers de ne tuer de beufz, car ilz meurent à Ville-Réal et plusieurs aultres lieux. A esté arresté, que l'on face inhiber aulx bouchiers de ne achapter des beufz qui sont par dela la rivière de Dordoigne et des lieux dangereulx.

Plus, a esté remonstré que en la présent ville y a grand quantité de pouvres, et couchent par les rues par ce qu'il ne y a de hospital. A esté arresté, que MM. les consulz parleront à M. le commandeur (du saint Esprit), et luy remonstreront qu'il face réparer le dict hospital, ou si non que l'on le face convenir pour ce faire.

Plus, a esté remonstré que M. de Bridoyre fait payer le péacge aulx merchans et aultres habitans de la ville. A esté arresté que le scindic des merchans suyve le dict seigneur de Bridoyre, car c'est son intéretz et non de la dicte ville.

Plus, a esté arresté que MM. les consulz mectent bons portiers, affin de éviter les larrecins et dangiers de peste, et tout ce qu'ilz trouveront estre porté par gens qui n'ont de quoy ny de aveu, qu'ilz le fassent laisser aulx portes de la ville, et puys les dicts consulz en dispergent à l'hospital, et que ceulx qui yront à la foere de Bourg, ou aultres lieux dangereux de peste, qu'ilz les gardent, qu'ilz n'entrent d'ung moys en la présent ville.

 

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28 Août

A esté remonstré, que maistre Jehan de la Crup, scindic et consul, a esté à Périgueux pour les afferes et négoces de la dicte ville, et MM. les juge-maire et consulz du dict Périgueux, estoient délibérés avec ceulx de Sarlat, lesquelz avoient mandé d'alher devers le roy ou aultre ayant charge des gensdarmes, pour monstrer les nécessités du pays, pour et affin de expellir les gensdarmes du présent pays, et quil seroit bon que ung homme de la présent ville y allast avec eulx, pour remonstrer les affaires de la dicte ville; quelle responce l'on leur fera, et si est question de y aller, qui y yra. A esté arresté, que MM. les consulz parleront et convocqueront avec ceulx de Puyguilhem, Aymet et aultres lieux circonvoysins, et leur remonstreront le vouloir de ceulx de Périgueux, et puys se trouveront au jour assigné au dict Périgueux ung des consulz, ou toutz ensamble y envoyeront ung homme de bien pour ce faire; et de ce, en donnent charge les dicts juratz, de ce faire, aux dicts consulz.

Plus, a esté remonstré, que ceulx du bourg de la Magdalene, dient qu'ilz ne payeront pogèses, emposicions ny aultres devoirs à la dicte ville, que au préalable la dicte ville leur aye réparé ou fait réparer les fontaines du dict bourg, disant ycelles en avoir nécessité. A esté arresté que

 

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MM. les consulz facent visiter les dictes fontaines, et y réparent ce qu'il y fauldra réparer.

 

1er Septembre

Et advenant le premier jour du moys de septembre, an sus dict, les consulz ont envoyé Arnault Alba, consul, à Paris, pour porter argent à Arnault del Castanet, solliciteur pour l'exemption des tailhes, et pour avoir argent ont vendu à Pierre Raynes, consul, quatre pipes de blé ainsi que viendra au moulin de la dicte ville, lesquelles a illec réalment payées, ez-présence de discrète personne maistre Jehan de Beau Rieu, licencié, bailif, et de Giron Teyssandier.

 

8 Septembre

A esté remonstré, que maistre Jehan de la Crup, consul et scindic, a esté à Périgueux, pour trouver moyen avec ceulx de Périgueux et Sarlat de fere abatre les garnisons que sont au présent pays de Périgort, et pour ce, que ceulx de Sarlat ne se estoient trouvés au dict Périgueux n'en avoit esté rien arresté; mais a esté dict et advisé, que M. le séneschal de Périgort (1) vient au présent pays, et seroit bon luy faire ung don, et luy remonstré les affaires du pays,

 

(1) Antoine de Lettes de Montpezat.

 

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et que l'on advisat toutz ensemble quel don l'on luy pourroit donner, ou si non, ceulx de Périgueux ont délibéré de luy en faire ung pour eulx seullement. A esté arresté, que l'on se prenhe garde avec ceulx de Périgneux quant M. le séneschal sera au dict pays, et que l'on face comme eulx, et qu'ilz mectent le meilheur ordre que fere se pourra à expellir les dictes garnisons du dict pays, couste que couste.

Plus, a esté remonstré que Pierre Reynier, dict le Vert-Galant, tient boucherie en sa maison et ne veult payer aulcun traictaige ni devoir à la ville, questque l'on en fera. A esté arresté que MM. les consulz le mectent en procès et soit bien poursuyvi, et qu'ilz le facent payer.

Plus, a esté remonstré et arresté, que l'on sonnera la retraite avec la cloche de la dicte maison, et que l'on garde bien les portes de la dicte ville, que aulcuns gens de guerre ne entrent à foulle, que ne saichent quelz gens ilz sont, et que l'on ferme les portes de bonne heure, et ne soyent ouvertes que le soleilh ne soit levé, affin que MM. les consulz saichent qui entrera ne sortira.

 

16 Septembre

A esté remonstré, que M. le séneschal de Périgort doibt ariver ce jour en la présent ville, à souper avec toute sa companhie; si l'on le yra

 

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acompanher, et que l'on luy donnera, et si l'on laissera entrer ceulx qui viendront avec luy, et comment l'on s'en gouvernera. A esté arresté, que l'on ira reculir M. le séneschal, et le saluyiront avec l'artilharie, et que la ville le deffraye luy et sa companhie, et que MM. le tractent ainsi qu'il luy appartient, au mieulx qu'ilz pourront, pour ce que la ville a afferre de luy, affin de expellir les gensdarmes du présent pays.

Depuis longtemps déjà, Bergerac, les villes voisines et les plus petits bourgs, avaient des garnisons que les habitants étaient obligés de loger et de nourrir. Les consuls remboursaient, parfois, aux habitants, les dépenses occasionnées par ces gens de guerre; mais, le plus souvent, le peu de ressources, dont ils disposaient, les en empêchaient. Les consuls de Bergerac, depuis longtemps d'accord avec les consuls de Périgueux et de Sarlat, faisaient tout ce qu'ils pouvaient, pour faire cesser cet état de choses, mais n'avaient encore pu aboutir. On comprend alors que les consuls de la ville fassent, à M. le sénéchal, une brillante réception. Les consuls avaient encore la crainte de voir faire, dans leur ville, ce que l'on appelait les monstres, c'est-à-dire la revue des gens d'arme en garnison dans un certain rayon; et ils avaient bien raison de craindre ces rassemblements, puisqu'ils étaient toujours obligés de nourrir toutes ces troupes pendant leur séjour dans leur ville.

 

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17 Septembre

A esté remonstré, que la peste est sortie, au bourg de la Magdalene, en troys maisons; comment est se que l'on y remédiera, ny si l'on fermera le pont de Dordoigne; chescun en dyse son advis. A esté arresté, que MM. les consulz mectent de bons portiers au dict pont et portes de la dicte ville, et soit inhibé, à toutz ceulx du dict bourg, de ne fréquenter ensamble, ny ceulx de la dicte ville fréquenter avec eulx, et les suspectz, et aultres du dict bourg, ayent à vuyder, et, à ce fere, soient compellis à grosses multes, et les multes, que seront multéee, tant par le juge ordinaire, que M. le lieutenant, soyent applicquées à la dicte ville, et ainsi a esté déclaré, par les dicts juge et séneschal, et concédé a esté aux dicts consulz.

Plus, a esté arresté que MM. le lieutenant du séneschal et aultres des plus apparans de la dicte ville, yront parler à M. le séneschal de Périgort, et luy remonstreront les grans afferres et négoces de la dicte ville, et qu'il luy plaise avoir pitié de la dicte ville. Le seigneur de Piles faisait partie de cette députation.

 

22 Septembre

A esté remonstré, que les gensdarmes viennent

 

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en la présent ville, et sont douze lances complectes; comment l'on les lousgera, car M. le mareschal a dit aulx consulz qu'ilz les prenhent toutz, ou qu'ilz en baillent en une aultre ville, et là les pourvoyent de vivres; qu'est ce que l'on doit fere, et chescun en die son advis. A esté arresté, que MM. les consulz mandent aux seigneurs d'Aymet, Puyguilhem, et aultres affin qu'ilz viennent en la présent ville, pour leur remonstrer le dit affere, et qu'ilz, tous ensamble, préparent les lougis aux dits gensdarmes, affin que quant ily seront arrivés, qu'ilz trouvent leurs lougis prestz, affin de éviter despens à la dicte ville.

 

30 Septembre

A esté remonstré, par la bouche de maistre Jehan Fornet, bachelier et clerc de la dicte ville, que il y a ung enfant mort de peste, ainsi qu'il a esté dit aulx consuls, en une maison près du moulin de M. d'Estissac, et ne se trouve personne pour icelluy ensevelir. A esté arresté que MM. les consulz fassent ensevelir, le plustot qu'ilz pourront, le dict enfant mort comme dit est, et toutz ceulx qui ont persévéré avec luy sortiront hors la dicte ville, et qu'il soit faict couste quil couste; car, de ce, la dicte jurade a donné et donne charge et aultres charges, conseillant la polliticque de la dicte ville, de fere

 

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aux dicts consulz, promectant iceulx relever indempnes et donc acte.

Plus, a esté remonstré, que ceulx du bourg de la Magdalene, portent au gravier vendre blé et seel, et aussi tiennent passaige au dessus du pont de Dordoigne, combien que MM. les consulz leur ayent fait passaige à Taulières, sans rien payer; qu'est de fere. A esté arresté, que MM. les consulz ayent deux hommes de bien, l'ung de la dicte ville et l'autre du bourg, lesquelz prendront le dict blé et seel, et bailharont aulx pangocières et aultres, sans fréquenter les ung entre les aultres, et qu'ilz fassent deux passaiges, l'ung à Taulières et l'autre à Claustres, et leur fassent inhiber ne faire passaige que aux dicts lieux.

Plus, a esté remonstré comment l'on se gouvernera des infectz, qui sont jornellernent aulx portes de la dicte ville. A esté arresté que chesque chief de maison fasse la porte, quant sera mandé, et de ce faire seront contraintz, à la poene de dix livres tournoises, et seront multés ceulx qui fraulderont.

Plus, a esté remonstré, que Marome Peloux va jornellernent au moulin de Sainct Martin, où demeurent ses gendres, qui sont infectz, et fréquente avec eulx, comment l'on s'en gouvernera. A esté arresté que la dicte Marome soit expellie de la dicte ville, et que, aussi, les pouvres et

 

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femmes dissoleues, soient expellis hors la dicte ville.

 

11 Octobre

A esté remonstré quil y a grand dangier de peste au bourg de la Magdalene, et demandent que l'on y mecte gardes, si la ville les y mectra ou non, ou qui les y mectra. A este arresté, que MM. les consulz y mectent gardes et bailhent la charge à Perroti Cacault, et qu'ilz luy fassent prester le serment d'estre bon et loyal au roy et à la ville, auquel MM. le lieutenant Doublet et balif ont donné toute charge, aucthorité et puyssance, de expellir les infectz, et aultres, du bourg, ainsi que le dict Cacault verra à ferre, et commander à tous de luy obéyr.

Plus, a esté arresté que la porte du Prébostal sera fermée, et ne se ovrira jusques à ce que le dangiers de peste soit passé, et que aussi les portes de Malbect et Bourgbarraud, se fermeront parfoys l'une après l'aultre, durant le dict dangier.

Et advenant le XIIme du dict moys, MM. le lieutenant Doublet et Pinet au bourg de la Magdalene, ont fait prester le serment à Pierre Cacault, lequel a juré d'estre bon et loyal, et garder le dict bourg; presents: Ramonnet Boysson et Quoquilhem Bordes tesmoingtz.

 

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17 Octobre

A esté remonstré, que M. le séneschal de Périgort, vient lousger, se soir, en la présent ville, et a mandé que l'on luy préparast les lousgis, si l'on le desfrayera de tout ou non. A esté arresté, que l'on luy fasse bonne chière, et la ville le desfraye du tout et ses gens.

Plus, a esté remonstré quil y a plusieurs habitans de la dicte ville et bourg, que la nuyt, avec les gabarotz, passent la rivière de Dordoigne, et s'en vont par le bourg, et puys s'en reviennent coucher en la dicte ville, nonobstant que le dict bourg soit infect de peste. A esté arresté que MM. les consulz, de deux en deux, pour sepmaine, garderont la dicte ville et passaiges d'icelle et prendront toutz les bateaulx de ceulx qui passent ainsi la nuyt, et qu'ilz fassent, par forsse, sortir tous les infectz, et suspectz de peste, ou aultrement, et qu'ilz commectent Jullia Bussières, qui est là prés, à fère le guect, toutes les nuytz, et qu'il prenhe toutz les dictz bateaulx, ce que a esté là mesme fait, lequel Jullia a promis d'estre bon et loyal, au roy et à la dicte ville.

Plus, a esté remonstré, que en la présent ville et bourg, se arrivent tout plein de bordiers et aultres gens adveuz (sans aveu), et s'en arriveront davantaige, quant ilz scauront la dicte ville estre exante de tailhes; quest ce que l'on

 

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doibt fere (1). A esté arresté, que l'on face commandement, à toutz bordiers et gens qui n'ont d'aveu, qu'ilz ayent a vuyder la présent ville et bourg, à grosses poenes.

 

27 Octobre

A esté remonstré, que les consulz n'ont pas ung denier, pour poyer les gensdarmes qui demandent journellement argent, et les plus grandz des dicts habitans ne veullent pas payer le tailh; qu'est de fere. A esté arresté, que MM. les consulz levent le tailh à toute diligence, couste qu'il couste, en supportant les pouvres, jusques qu'ilz ayent de quoy, et puys, se fait, l'on mectra ordre au résidu.

A esté remonstré, que, yer, ung gendarme batit maistre Bertholomé la Réale, qui estoit portier à la porte de Malbec, et en gardant la dicte porte; si l'on le fera couvenir ou non. A esté arresté, que l'on face fere informacions de ce, et puys l'on les monstre à son capitaine, pour en fere justice, et si le dict capitaine n'en veult fere justice, que l'on la face fere à MM. le bailif et lieutenant.

Plus, a esté remontré, que M. le lieutenant

 

(1) Dans la jurade du onze du même mois, il est dit que Arnault de Castanet vient d'arriver de la cour, porteur de l'arrêt du roi, touchant l'exemption des tailles.

 

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(M. Doublet) tient jornellement sa court, et fait entrer les gens de toutz cartiers, nonobstant les dangiers qui sont. A esté arresté, que M. le commandeur de la Baulme, yra remonstré le dict affere au dit lieutenant, lequel en a prins la charge, et que, s'il ne veult cesser, que l'on luy dye qu'il garde les portes luy seul, car MM. les consulz les habandonneront.

Plus, a esté remonstré, si l'on descriera la foere causant les dangiers. A esté arresté que MM. les consulz fassent descrier la dicte foere, à cause des dicts dangiers, et que ne se tenhe poinct.

 

12 Novembre

A esté remonstré, par la bouche de maistre Jehan Fornet, bachelier en droitz, et clerc de la dicte ville, que M. le commandeur du Sainct-Spérit de la présent ville, tient en procès MM. les consulz, par devant M. le juge ordinaire de la présent ville, et demande certain blé, qui luy fust promis, par les consulz de l'année dernièrement passée, pour nourrir les pouvres, et davantaige, que MM. les consulz fussent condempnés à bastir l'hospital, de leur cousté, et que, du sien, il offroit et offre fournir toute matière, et que les consulz fournissent la main du maistre masson, seulement pour ceste foys, sans tirer à conséquence, vu la estérillité du

 

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temps. A esté arresté, que MM, les consulz aydent à M. le commandeur, à bastir le dict hospital, de la main du maistre seullement, et pour ceste foys, veu la stérillité du temps, et sans tirer à conséquence.

Plus, a esté remonstré, si l'on aura le beau père, pour prescher l'advent, ou non. A esté arresté que MM. les consulz ayent ung beau père, qui soit homme de bien.

 

13 Novembre

A esté remonstré, que M. d'Estissac doibt venir, se soir, lousger et souper en la présent ville; si l'on le yra recullir, et que l'on luy donera. A esté arresté que l'on aille au devant, et soit desfrayer et saluyé avec l'artilharie de la présent ville, et que MM. les consulz luy fassent bonne chière, car est homme qui est pour ayder et secourir jornellement à la dicte ville.

 

20 Novembre

A esté remonstré, que MM. les consulz ont assignation à Périgueux, pour comparoir aux troys Estatz, si l'on y yra, et qui.

A esté arresté, que le scindic ira au dict Périgueux comparoir, et demandera ung terme pour respondre à ce qu'ilz diront.

Plus a esté remonstré, que Ramonet Boysse,

 

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dit Mathacgit, veult habiller la levade de son moulin, et hausser la dicte levade, comme estoit auparavant, dont est cause que le passaige du pont Rout est maulvez, tellement qu'il n'est possible y passer; si l'on luy laissera fere ou non. A esté arresté que MM. les consulz aillent au dict moulin, pour voir la dicte levade, si elle porte domaige à la chose publicque, quilz la fassent cesser, et qu'ils la mectent en forme, qu'elle ne porte aulcun domaige.

Plus, a esté remonstré, que Bonheure gabarrier est demeuré longtemps dehors, causant que l'on disoit ung enfant lui estre mort de peste, et demande, à présent, que l'on le laisse entrer. A esté arresté que MM. les consulz le laissent entrer.

A esté arresté, que MM. les consulz ne laisseront habiter en la dicte ville et bourg, aulcun bordiers, gens qui n'ont de quoy, ou bon mestier, pour subvenir aulx affaires de la dicte ville.

Plus, a esté remonstré, que Yssabeau de Peuchary, femme de feu maistre Charles Andrieu, se fait intituler, au regard de la court de M. le séneschal, noble Yssabeau, dont maistre Jehan Fornet, comme clerc de la dicte ville, et substitut du scindic, la tient en procès par devant le lieutenant, affin de fere raser se mot, noble, si l'on poursuyvra le procès ou non. A esté arresté, que MM. les consulz poursuyvent bien la dicte

 

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Ysabeau, et qu'ils ne permettent qu'elle se intitule noble en aulcun régistre.

 

25 Novembre

A esté remonstré, que les habitans du bourg de la Magdalene, ne se veullent aucunement séparer du dict bourg, dont jornellement la peste se augmente, comment l'on l'en gouvernera, affin que le dict dangier cesse. A esté arresté, que MM. aillent fere fere commandement, à toulz les habitans du dict bourg, qu'ilz ayent à vuyder, par grosses esmandes, ou sinon par force et à grandz coups.

Plus, a esté remonstré, que le scindic remonstra à MM. les esluz, quil leur pleust laisser le bourg, qu'ilz ne le tailhassent point, et qu'il leur feroit bailher ung bon pot de vin, et leur doibt rendre responce; qu'est de fere. A esté arresté, que MM. les consulz bailhent à ung chescun des dictz eslutz, quatre ou cinq escuz, et qu'ilz laissent à tailher le dict bourg, pour ceste année, et que MM. du dict bourg y aydent à contribuer.

Plus, a esté remonstré, que en la présent ville n'a aulcun maistre pour enseigner les enffans, et que Jehan Massault, qui est filz de la dicte ville, dissoit que l'on les luy bailhist, et qu'il feroit au mieulx fere, et auroit ung companhon, s'il le trouvoit, pour apprendre les enffans; si l'on les

 

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luy bailhera ou non. A esté arresté, que l'on les luy bailhe, ce que a esté fait tout incontinent, après la dicte jurade, et permission de régir les dictes escolles.

Plus, a esté remonstré, que les habitans de Courtz, Montbasailla, et plusieurs aultres, se disent bourgois de la dicte ville, et ne veullent payer aulcun tribut à la dicte ville; qu'est de fere. A esté arresté que MM. les consulz les suyvent par procès, et leur fassent payer le passaige.

 

27 Novembre

A esté remonstré, que les marchans se plagnent de ce que l'on ne laisse entrer les coutaulx (1); qu'est de fere. A esté arresté, que MM. les consulz les laissent entrer des lieux non suspectz.

Plus, a esté remonsté que la maison que la ville a au Mercadilh, où se tenoit le b...., se laisse tomber par terre, et y a des gens que la veullent achapter, si l'on la vendra ou non. A esté arresté que MM. les consulz vendent la dicte maison, au plus ouffrant.

 

(1) Routiers venant des diverses villes voisines pour s'approvisionner de marchandises diverses, mais surtout de sel.

 

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25 Décembre

A esté remonstré, quil y a certaine quantité de bordiers et aultres, qui n'ont aulcune chouse, et charrient jornellernent lates et barrières, pailhe et aultres chouses; qu'est de fere. A esté arresté, que MM. les consulz leur fassent laisser, à la porte de la dicte ville, tout ce qu'ilz porteront, et puys, si ne se trouve à qui sont, qu'ilz ou fassent porter en la maison de consulat.

 

27 Décembre

A esté remonstré, que le beau père, qui a presché l'advent, s'en veult aller, et demande estre contenté. A esté arresté, que l'on luy donne ainsi qu'il est de coustume de donner aulx autres prescheurs, et non plus.

Le vingt-huit décembre, les sacquiers au nombre de vingt-huit, prêtent serment aux consuls.

 

4 Janvier

A esté remonstré, que M. le Juge-Mage de Périgueux, avoit rescript à MM. les consulz, que le roy de Navarre devoit venir ung de ses jours à Périgueux, et ne actendent que la venue, et seroit bon que ung de MM. les consulz y allassent, pour le remercier, et luy présenter quelque

 

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don; qu'est de fere. A esté arresté que ung de MM. les consulz aille à Périgueux, pour scavoir que c'est, sans arrester aulcune chouse.

 

6 Janvier

Et advenant le sixiesme jour des dicta moys et an sus dicts, pour ce que par plusieurs jurades avoit esté arresté, que MM. les consulz missent des portiers, pour garder les portes de la dicte ville, pour ce faire, ilz ont fait venir en la dicte maison Jehan Colau, portier de Malbec, Arnauld Cherment, portier de Cleyrac, et Jehan de Pogols, portier de la Logadoyre, lesquels, l'ung après l'autre, ont juré sur le tergitur et livre missal de la dicte maison, d'estre bons et loyaulx à la ville, et de bien garder les portes d'icelle, ne laisseront entrer aulcun personage de lieu suspect, larrons, quoquis (coquins), ny ceulx qui portent boys ou aultre chouses, qu'ils ne prestent le serment, et deulx consulz de la dicte ville y allant, et en oultre, le dict Cherment a promis et juré, rendre bon compte du levaige du pont de Dordoigne.

 

9 Janvier

A été remonstré, que M. le jucge-Mage de Périgueux, dit au scindic de la présent ville, qu'il serait bon que des principaulx de la dicte ville, fussent à Périgueux, quant le roy feroit

 

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son entrée au dict Périgueux, pour le remercier et estre prestz à luy faire ung don; qu'est de fere. A esté arresté que le scindic, avec ung aultre consul, yront à Périgueux, et qu'ilz fassen, ainsi qu'ils verront a fere, par conseilh.

A esté remonstré, que MM. les consulz ont fait sonner par deux foys, pour voir si aulcun vouldront mectre aulx biens de la dicte ville, et ne se trouve personne qui y veuille mectre; si l'on fera ung emprompt ou non, affin de sortir des négoces de la dicte ville. A esté arresté qu'ilz fassent ung emprompt sur les plus apparens, et puys seront payés sur le bien de la ville.

 

18 janvier

A esté remonstré, quil y a certains habitans, tant de la dicte ville que du bourg, que ne font que courir par le dict bourg et aultres lieux infectz, a cause de quoy, le dict dangier ne peult cesser. A esté arresté que MM. les consulz en fassent fere informations, et qu'ilz soiyent suyvis par justice.

 

25 Janvier

A esté remonstré, que le prieur des Carmes de la présent ville, a dit que si la ville veult de prescheur pour le caresme, quil en y a ung de

 

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leur ordre à Bourdeaulx, qui est docteur, et il le fera venir, si l'on le veult. A esté arresté, que il le fasse venir, et la ville le verra, et puys sera délibéré, si demeurera on non.

Plus, a esté remontré, que il y a si grand nombre de pouvres en la dicte ville, que MM. les consulz ny peuvent mectre ordre. A esté arresté, que MM. suyvent les dicts pouvres, pour scavoir d'où ilz sont, et, ceulx qui auront de quoy, soit fait commandement aulx pères et parens de les nourrir, et ceulx qui seront de dehors, quilz soyent expellis de la dicte ville.

Plus, a esté arresté, que durant le dict dangier de peste, les clés du pont de Dordoigne demeureront en la maison de céans, affin de éviter toute contagion.

 

5 Février

Premièrement, a esté remonstré que ceulx qui ont affermé les biens de la ville, demandent que MM. les consulz leur fassent rebays de leurs affermes, pour ce que, causant la peste qui a régné en la dicte ville, ilz n'ont peu joyr de leurs affermes. A esté arresté, que MM. les consulz leur rebatent, ainsi qu'ilz verront affere; car vault plus que la dicte ville le porte que les pouvres affermeurs.

Plus, a esté remonstré, que les habitans du bourg de la Magdalene, crient contre MM. les

 

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consulz, de ce que l'on leur tient le pont de Dordoigne fermé. A esté arresté, que, causant quilz se meurent, en plusieurs partz, autourn de la dicte ville, de peste, qu'il ne souvre point, que la lune, où nous sommes, ne soit passée.

Plus, a esté remonstré, que MM. les consulz en ensuyvant l'advis et délibéracion de la jurade, ilz ont vendu à maistre Pierre de la Rivière, licencié, la moytié du moulin de la ville, pour le pris de six cens livres tournoises, et veult, avant bailher argent, que la dicte vendicion soit authorisée par la jurade. A esté arresté, que la dicte vendicion tiendra, et a esté authorisée par la dicte jurade, le décret mys et interpousé par MM. le bailif et Pinet, comme plus anciens au siège de la présent ville.

 

22 Février

A esté remonstré, que M. le prévost du mareschal, doibt se soir, arriver en la dicte ville, si l'on luy bailhera les prisonniers, qui sont au chasteau de la dicte ville. A esté arresté que MM. les consulz luy bailhent toutz les dicts prisonniers.

Plus, a esté remonstré, que les consulz, pour la peste, fisrent mectre le feu à certain forn, qui estoit de Anthoyne Chassany, au bourg, pour ce que les infectz se retiroient dedans, et l'on leur demande et les tient en procès. A esté arresté,

 

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que MM. les consulz fassent extimer le dict forn, et se qu'il voldra qu'il soit poyé.

 

23 Mars

A esté remonstré, que à Bordeaulx, Liborne et plusieurs aultres lieux, autourn de la dicte ville, y a grand dangiers de peste; si l'on laissera entrer les gabarriers, ny si l'on fera descrier la foere de Ramps (des Rameaux), ou non. A esté arresté, que MM. les consulz fassent descrier la dicte foere, et que nulz gabarriers, ny aultres, venans de lieu où il y a suspition de peste, ou aultre, ne entrent dedans la dicte ville, et que MM. les consuls ferment deux portes de la dicte ville, et les aultres se ouvrent parfoys.

 

6 Avril 1530

A esté remonstré, que combien que MM. les consulz ayent fait descrier la foere, M. le lieutenant Doublet les fait desplier, au despit des consulz, A esté arresté, par la pluspart des juratz, que puysqu'ilz les ont laissé entrer, qu'ils les laissent desployer, et, de ce que M. le lieutenant a fait, que l'on le suyve par justice, selon conseilh.

 

20 Avril

A esté remonstré, que en la présent ville, a

 

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deux maistres qui veullent les scolles; mais MM. les consulz les ont promises au maistre, qui estoit yci avant la peste, pour ce qu'il ne volut jamais habandonner la dicte ville, que les consulz ne luy donassent congé. A esté arresté, que MM. les consulz mandent au dict maistre, et s'il veult venir, que l'on luy baille les dictes scolles, pourveu qu'il aye ung bon maistre avec luy, ou si non, que l'on les bailhe à quelque homme de bien.

Plus, a esté remonstré, qu'il y a plusieurs habitans de la dicte ville, qui se rancurent de ce que le vin est si cher, et quil ny a poinct de vins, ainsi qu'ilz dizent, et demandent que la ville aye l'ordre mectre vin de toutz coustés. A esté arresté, que MM. les consulz visitent les selliers de la présent ville, pour scavoir s'il est ainsi qu'ilz disent, et la première jurade en fassent, céans, le report, et puys l'on y mectra ordre comme il appartiendra.

Plus, illec c'est presenté noble F. Bertrand de la Baulme, lequel, comme commandeur du Sainct-Spérit de la présent ville, a dit que, d'aultresfoy, il avoit esté dit et arresté, par la jurade de la dicte ville, que la ville forniroit la main du maistre masson, pour bastir le dict hospital, et que le dict commandeur forniroit la matière; et, de ce faire, il suivoit les dicts consuls et scindic, et que, de son cousté, il

 

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estoit tout prest y obéyr, et a requis acte de son dire.

 

30 Avril

A este remonstré, que les bouchiers de la présent ville, ont mené des beufz de Limosin, et ne les veullent tuer, sinon l'on leur mecte la livre à XIV deniers. A esté arresté, que le pris ne sera pas hausser, mais les fassent contraindre, à thuer de la cher bonne, et qu'ilz soyent bien suyvis.

 

2 Mai

A esté remonstré, si l'on fera la Caritat, actendu que la ville a tant d'afferes, et de grands dangiers de peste tout au tourn. A esté arresté que MM. les consulz fassent payer le blé des rantes, et Caritat, pour subvenir aulx afferes de la dicte ville, et que, cependant, fassent cuyre deux ou troys pipes de blé, pour donner aulx pouvres, et puys, l'on ordonnera ce que sera de fere.

 

7 Mai

A esté remonstré, par maistre Jehan Fornet bachelier et clerc de la dicte ville, que MM. les consulz ne trouvent personne qui veullent mectre au bien de la dicte ville, sauf que Bertrand de Cugat, qui veult bailher des impositions,

 

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pour un an, soixante livres tournoises, si l'on les luy laissera ou non. A esté arresté que MM. les consulz bailhent les dictes impositions au dict de Cugat, pour la dicte somme.

 

27 Mai

A esté remonstré, que ceulx qui doibvent le blé de la Caritat, ne le veullent payer, pour ce que l'on ne fait point de Caritat. A esté arresté, que l'on fasse la Caritat, à ceulx de la ville seullement, et qu'ilz ayent du blé, d'où ilz pourront, au mieulx fere, si au moulin de la dicte ville n'en a.

Plus, a esté remonstré, qu'il y a tout plain de gens qui déroubent les blés, en disant que sont glénes. A esté arresté, que l'on fera crier, par la ville, que personne n'aye à gléner que toutz les blés ne soyent amassés.

Il n'y eut pas de jurade de tout le mois de juin.

 

2 Juillet

A esté remonstré, que les murailhes de la présent ville, se laissent tomber par terre, ensembles celles du Mercadilh; si l'on fera convenir les jougnans à icelles (l), pour icelles réparer ou non. A esté arresté, qu'ilz soient convenuz pour ce fere, et que la ville leur ayde de ce que pourra.

 

(1) C'est-à-dire ceux dont les maisons touchent les murailles de la ville.

 

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Plus, a esté remonstré, que MM. les consulz ont parlé au maistre masson, de bastir l'ospital, et ne le veult fere, qu'il n'aye, de la main, quarante livres tournoises: si l'on arrestera le dict marché ou non. A esté arresté, que le dict marché tiendra, et que MM. les consulz le payent, des dictes quarante livres tournoises, ainsi qu'ils pourront.

Plus, a esté remonstré, que ceulx du bourg ne veullent payer aulcunes pogèses, ny aultres devoirs à la dicte ville, ny laisser lever maistre Hélies Grelier, serviteur de la dicte ville, mais tiennent la dicte ville en plusieurs procès; qu'est de fere. A esté arresté, que MM. les consulz les fassent convenir pour soy purger, et payer les devoirs à la dicte ville, et qu'ils soyent bien poursuyvis.

 

Dépenses diverses relevées dans le budget de l'année 1529-1530

 

Le XXIIme jour du moys de jullet, pour ung pot de vin envoyé à M. de Montaigne, lougé chez Bourgois, a esté payé XX deniers.

Item. - Le XXVIme du dict moys, qu'estoit Madame Saincte Anne, que M. le lieutenant Doublet, que avoit fait ses nopces, le jour avant, et, pour le reculir et sa compaigne, fust tiré de l'artilharie de la ville, et fust payé à maistre Hugues l'artilheur, pour sa pouene, II sols, VI deniers,

 

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Item. - Le premier jour de aoust, à cause que Jehannot de Mourens, archier de la compaignie de M. le séneschal, avec ung aultre archier, nommé M. de Montaignac, eurent débat avec le héritier de feu maistre Charles, dont plusieurs habitans de la présent ville s'en estoient entremeylés, et y eust quelque bapterie, et tellement, que ung cheval du dict Montaignac fust gasté à cause de quoy, le dict de Montaignac, toutz les jours qu'il trouvoit des dicts habitans, les arrestoit, et les dicts habitans en estoient fatigués; dont, par jurade, fust dit que le dict cheval seroit payé par les deniers de la ville; et, le dict jour précédent, fust envoyé, par Giron Teyssandier, au dict de Montaignac, à Castilhonnès, pour le dict cheval, X livres, V sols.

Item. - Le XIme du dict moys de aoust, fust envoyé à M. de la Chapelle, conseilhier, venu en la présent ville, lougé au daulfin, ung pot de vin, que cousta XX deniers.

Item. - Le dict jour (22 août), a esté payé, en béates, aulx prestres séculiers, qui avoient suyvy les précédentes processions, ainsi qu'est de coustume, IV livres, XIX sols. (Processions faites par les couvents en l'honneur des consuls.)

Item. - Le XXVme du dict moys, fust payé à Jehan de Cugat, orfevre, d'avoir habilhé la trompète de la ville, qui estoit cassée, III sols, VI deniers.

Item. - Le dict jour, par délibéracion de la

 

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ville, fust envoyé M. de Vaulx, pour conduire le seigneur de Pilles, devers M. Dexserment, affin de obvier les garnisons et monstres des gensdarmes; au dict voyacge, le dict de Vaulx, despendit, pour luy et le dict seigneur de Pilles, et ses serviteurs, ainsi que appert par son menu, VI livres, IV sols, IX deniers.

Ci-dessous, les gages payés aux divers portiers de la ville, pour avoir gardé les portes pendant un mois:

A Jéhan de Pogols, portier de la Logadoyre: XXX sols.

A Jéhan Gontier, portier de Malbec: XXX sols.

A Romonet Costilhe, portier de Bourgbarrau: XXX sols.

A Arnauld Cherment, portier de Cleyrat: XL sols.

A Pierre Deymier, portier du pont de Dordoigne : XL sols.

Item. - Le premier jour du moys de septembre, fust envoyé au maréchal des lougis des gensdarmes, au lieu de Lalinde, deux aulnes de drap vert, qu'il avoit demandé, que furent achaptées de Hélix Gauchier, pour conquester grace avec le dict mareschal, et fust poyé, pour le dict drap, XXV sols.

Item. - Le dict jour (7 septembre), pour deux potz de vin envoyés à M. de Bordeilhe, venu en la dicte ville, lougé ches Bourgois, que ont cousté, III sols, IV deniers.

 

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Item. - Le dict jour (14 septembre), a esté payé à Jehan de Gourn, et Jehan de Codot, carpentiers, pour fere les potances, de ceulx qui furent penduz par authorité du prévost; a esté payé, comprins ceulx qui portarent le bois X sols.

Item. - Le dict jour (15 septembre), pour une aultre potance, faite à la Croix des frères Mineurs, comprins la fasson, le boys et portement du dict boys, a cousté XII sols, VI deniers.

Item. - Le dict jour, a esté payé à M. le prévost, en déduction de ses jornées, et de la justice qu'il fist en ceste ville, et, pour ce que la ville fraye, à fere pugnir les crimineulx, X livres.

Item. - Le dict jour (16 septembre), fust envoyé une lectre à M. de Montréal, où M. le Séneschal devoit passer, affin de luy recommander la ville, et fust poyé, au dict messaige, III sols.

Item. - Le dict jour, pour une aultre potance, faite par deça la rivière, fust payé, aulx carpentiers, et à ung homme, qui porta le corps du décollé, pour le mectre à la dicte potance, et pour le tout, XV sols, VI deniers.

Item. - Le dict jour, fust poyé à Anthoine Guassen, sergent, pour avoir sonné la trompete en faisant la dicte justice, luy fust payé, VI deniers.

Item. - Le dict jour, pour avoir, fait habiller

 

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la doladoyre (la hache du bourreau), X deniers.

Item. - Le dict jour (16 septembre) et du soir, arriva M. le séneschal, et louga au prieuré, et pour le recullir, les consulz firent tirer l'artilharie, et pour la fere tirer, et porter, cousta VIII sols, VI deniers.

Item. - A cause du dict seigneur séneschal, ou de sa companhie, et des seigneurs et gensdarmes qui veindrent en ceste ville, pour raison de luy, le tout fust desfrayé a grosse despence, par la ville, et encore à grand rigeur, et fust fait la despence que sensuit:

Premièrement, le secrétaire et cuysinier du dict seigneur veindrent avant luy, et estoit le jeudi, et aprestarent à souper, et eulx mesmes fisrent de la despance avant que le dict seigneur vint, et pour le dict souper, le dict soir, où avoit trenc ouvert aux genstilshommes, et gensdarmes, en avoiene, boys, chandelle, fagotz, beuf, mouthon, perdrix, pollailles, chapons, fromaiges et aultres chouses, ou par l'aultre despence des serviteurs qui veindrent premiers, et sans comprendre le pen ni le vin, se monte comme apert par le menu, VII livres, VIII sols.

Item. - Le lendemain, que estoit vandredi, et le samedi, jusques au dimanche matin, que le dict seigneur s'en alla, et durant les dicts vandredi et samedi, le dict seigneur, en sa companhie, gensdarmes et seigneurs qui le venoient voir à table ouverte, aux despens de la ville, et

 

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encores, à grosses menasses des serviteurs du dict seigneur, quand l'on ne leur vouloit bailler ce qu'ilz demandoient, et durant les dicts deux jours, fut despendu et frayé par la Rivière et Raynes, consuls, en fouen, avoene, boy, fagotz, poison que l'on envoyoit quérir de toutz coustés, tant fraix que sallé, burre, beufz, huille, tant de noix que de olif, couingtz, melons, vinaigre, verguz, noix, fromaige de forme, que aultres spisaries de toute condicion, sucre, seel, tant prunes que aultre, le tout en grand habondance, se monte, des dicts deux jours, sans comprendre le pain ni le vin, qu'est ailleurs, par mise, et, comprins yci, toutz verres rompuz, qui ont esté payez, et aussi, les serviteurs à aller quérir les viandes, se monte tout, L livres, VIII sols, X deniers.

Item. - Le dimanche, XIXme du dict moys, le dict seigneur séneschal partist de la présent ville, pour aller à Lalinde, et, pour sa provision, en fist porter ce que sensuit, le tout aux despens de la ville.

Premièrement: ung mouthon que fust achapté du Biarnes, et cousta XVII sols, VI deniers.

Item. - Un veau, pour présent au dict seigneur, qui cousta XLV sols.

Item. - Pour quatre chapons et ung gall (coq), que le dict seigneur en fist porter; coustarent XXXVII sols, VI deniers.

Item. - Fust fait compte du vin, prins ches

 

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la Jordane, et aussi de ches les Garmous, durant la dicte mise, comprins le vin que le dict seigneur en fist porter, le dimanche en se allant, en deux barilhs, et les barilhs que perdirent, se monte tout, XVII livres, X sols.

Item. - Pour avoir fait nectoyer le lougis du dict prieuré, avant que le dict seigneur vint, et après qu'il se fust allé, cousta XV sols.

Item. - Pour le service fait par frère Ramond, religieux du dict prieuré, durant le dict temps que le dict seigneur demeura en icelluy, fut payé XL sols.

Item. - Le dict jour, fust fait compte du pen, prins de la Mouthone, et de la famme de la Reule, lequel pen n'a esté compté en la mise de dessus, et leur a esté poyé du dict pem, X livres.

Item. - Le dict jour, pour le vin, fust donné au maistre d'ostel du dict seigneur, unes chauses noires avec la doublure, et ung debas de unes aultres chauses, et cousta tout, IV livres, XI sols.

Item. - Pour ung flacon, que les gens du dict seigneur avoient perdu, leur en fust achapté ung aultre, que cousta XXXVII sols, VI deniers.

Item. - Le XXVIIme du dict moys de octobre, retorna le dict seigneur séneschal, avec sa fame, en la présent ville, et louga au prieuré, et luy fust donné, en lepareaulx, polailles, perdris, et aultre venason, et en vin, que cousta, tout ainsi que appert du menu, IX livres, X sols.

 

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Item. - Le XIIme du dict moys de novembre, pour fere habiller l'artilharie de la ville, et la charger, pour la venue de MM, de Maihazais et Estissac, à les reculir, fust payé, IV sols, VI deniers.

Item. - Les dicts seigneurs, avec grosse companhie, fisrent grand chière, par certains jours, chez le dict Bourgeois; et fust ordonné, par les consulz et juratz, qu'ilz seraient desfrayés, à cause que la ville n'a d'aultres seigneurs amys plus prochains que eulz; et cousta le dict desfray, comme appert par compte, fait avec le dict bourgeois hoste, et quitance de luy la somme de XXVII livres, X sols.

Item. - En s'en allant, les dicts seigneurs passarent par le pont de Dordoigne, et au bourg de la Magdalene, où se mouroient de peste, et fust poyé à quatre hommes, qui leur moustroient le chamin, IV sols.

Item. - Le dict jour (21 novembre), à cause que certains merchans de Périgueux, voulloient vendre des toelles à détailh, combien que l'on ne fust en temps de foere, dont y eust procès, que fust levé des greffiers du sénéchal, qui cousta, XII sols, VI deniers.

Item. - Le dict jour (30 novembre), à Thomeyragues et à Bordon, sergens, d'aller fere la criée au bourg de la Magdalene, de fere retirer les infectz de peste, à la poene de la hard; leur fust baillé II sols, VI deniers.

 

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Item. - Le dict jour (17 décembre), pour fere fermer les foussés du Mercadilh, d'espines, ou pour avoir espines, II sols.

Item. - Le XXIIme du dict moys, à cause que pour gecter la garnison de ce pays, et la envoyer en Sainctonge, fut promis à M. de la Roumagnière, une grosse somme d'argent, à payer par ceulx de Périgueulx, Sarlat et la présent ville, et c'estoient obligés; pour ce, le dict jour, fust envoyé le dict scindic, avec Guilhem de la Rivière, consul, au dict Périgueux, et demourarent cinq jours, à fere les comptes, et, de ce qu'ilz despandirent, ou frayarent, ou de ce qu'ils payarent, en déduction de leur part, au dict seigneur de la Roumagnière, se monte ainsi que appert par le menu, XL livres, XVI sols, X deniers.

Item. - Le XXIVme du dict moys, pour fere habilher la montade de Taulières (Tuilières), où le port et passaige de la rivière y estoit lors, à cause du dangiers de peste, qu'estoit au bourg, et mectre de la grave au dict port, pour ce que des chevaulx c'estoient cuydes nyer, (avaient failli se noyer), cousta la dicte réparacion, XXII sols, IX deniers.

Item. - Le dict jour (7 janvier), à Pierre Bordou, sergent, pour aller adjorner les scindictz de Salsihac, Gardonne, Razac, Moncuq, Sainct Naixent, Labarde, la Conne et Courtz, et ce, pour venir payer leur quote-part, des dicts frays des gensdarmes, a esté poyé XXXVII sols, VI deniers.

 

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Item. - A cause que les consulz furent mandés aultresfoys à Périgueux, pour oyr le roy de Navarre ce qu'il vouloit moustrer au pays, le XIme dudit moys, y furent envoyés Perpouchier, procureur du roy, et Gueyrard, consul, et despandirent, comme appert par son menu, III livres, XVII sols, VI deniers.

Item. - Le XVIme du dict moys, le dict Crup, scindic, fist nopces, lesquelles furent bancquetées en la maison de la ville, et cousta le dict banquet, XXXII sols, VI deniers.

Item. - Le dict jour (9 février), pour avoir envoyé quérir M. le prévost, affin de faire justicier certains larrons, estans es-prisons, et, après ce qu'il fust venu, M. le bailif ne les luy volsist bailler, et fust baillé au dict serviteur, III sols.

Item. - Le dict prévost venu, l'on se accorda avecques luy, du restant de ses vaccations, qu'il avoit fait, dont dessus est faite mention, car en avait fait pandre troys, descapiter ung et foyter troys, et, par le dict compte, luy fust payé X livres, XV sols.

Item. - Le XVIIIe du dict moys, fust donné, en pem, aux pouvres qui furent gectés hors la ville, V sols, VI deniers.

Item. - Le XXVme du dict moys, à Arnauld Alba, des fornitures qu'il avoit fait, durand la peste, au bourg de la Magdalene, à poyer les gardes, et nourrir les pouvres infects, et aultres

 

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chouses, ainsi que porte son menu, se monte XIV livres, XVIII sols, VI deniers.

Item. - Le dict jour (25 mars), pour deux potz de vin envoyés à M. de Montréal, a esté poyé III sols, IV deniers.

Item. - Le XXIXe, fust baillé à Parpouchier, procureur du roi, pour bailher au capitaine d'Aymet, qui, avec certain nombre de gens avoit mené prisonier, le capdet de Bridoyre, renvoyé en ceste ville, à cause que avoit délinqué, de la jurisdiction d'icelle, V livres, IV sols.

Item. - Le dict jour (7 avril) du dict moys, fust baillé à Giron Teyssandier, pour fere suyvre les larrons, qui, sur le chemin, avoient violé une chambarière de mademoiselle de la Veruhe, pour donner à boire à ceux qui avoient faict la dicte suite, XX deniers.

Item. - Le XXIVe du dict moys de may, M. de Bellegarde et M. de Pilles, avec les consulz, allarent visiter la lévade du rieu du Caudeau, pour la fere habiller, et monstrer aux expers, à cause du moulin de la ville et aultres moulins, et souparent le soir, et fust despendu XVI sols.

Item. - Le dict jour (5 juin), pour ce quil ne y eust asses pem pour parachever la Caritat, en fust achapté, que cousta V livres, X sols.

Item. - Lendemain, à cause que le dict jour par avant, à cause de la afluance du peuple et pouvres, la Caritat ne fust parachevée, et lendemain fust faicte aulx portes de la ville, et firent

 

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porter le pem, et en despence des consulz, ou ceulx la qui aydairent VII sols, VI deniers.

Item. - Le dict jour (8 juillet), à cause que, par jurade, a esté dit que la ville ayderoit à poyer, du bastiment que se fait, a présent, à l'ospital, de quarante livres; a esté poyé, au maistre masson, en déduction de la dicte, somme X livres, V sols.

Item. - Le dict jour (10 juillet), pour deux potz de vin envoyés au roy de Navarre, ou à son maistre d'ostel, III sols, IV deniers.

Cette année, la ville paya deux cents livres aux consuls de Libourne, pour les aider dans la construction d'un navire pour le roi.

Les trois archers entretenus par la ville, par ordre du roi, coûtèrent cent cinquante et une livres, dix-sept sols et quatre déniers.

Jean Pinet, maréchal, touchait, par an, six poignères de blé, pour aiguiser les outils nécessaires au moulin Gaudra.

La maison publique, que la ville possédait au Mercadilh, fut vendue à Bertrand Gast, pour la somme de quarante-trois livres, dix sols.

La quête faite, le jour des Rameaux, dans l'église Saint Jacques, en faveur du prédicateur, s'éleva à la somme de vingt-cinq sols.

Le total de la taille, levée, cette année, sur les habitants, fut de neuf cent trente-huit livres, dix-neuf sols et six deniers.

Les passages établis, a Clautre et à Tuilières,

 

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donnèrent a la ville vingt-neuf livres, onze sols et quatre deniers.

Le livre des jurades de cette année, ne dit pas a quelles sommes s'élevèrent les dépenses et les recettes générales, une page de ce livre étant disparue; mais il y est dit que les dépenses excédèrent les recettes, de trois cent soixante et onze livres, dix sols et quatre deniers. Cela n'a rien d'étonnant, vu les charges diverses qui, cette année, accablèrent la ville, et la peste, qui dura presque toute l'année, et qui fut cause, que les divers fermiers des revenus de la cité, ne purent jouir de leurs affermes, ce qui força les consuls à faire, à ces fermiers, des rabais considérables, qui diminuèrent d'autant les recettes annuelles.

 

Les livres de jurades des années 1531 et 1532 manquent à la collection.

 

FIN DU DEUXIÈME VOLUME

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