LES JURADES DE LA VILLE DE BERGERAC
tirées des Registres de l'Hôtel de Ville
Par
G. Charrier
1895
TOME IV ― 1578-1598
TABLE DES MATIÈRES
Année
1576-1577 1
Notes extraites
d'un manuscrit intitulé: Cahier contenant l'ordre observé pendant les troubles
par les consuls. - Préparatifs de défense. - Ordre de fermer les boutiques au
jour de prêche, sous peine de cent livres d'amende. - De Lacoste envoyé par le
roi de Navarre pour réparer les fortifications. - Ruines des couvents. -
Garnison. - Clocher Saint-Jacques. - On fond des pièces de canon. - Lapalanque.
- Peyrarède. - Ordre de porter en ville tous les vivres qui sont dans les
maisons des forains. - Don du roi de Navrare pour activer le travail des
fortifications. - Taille. - Moulins à bras. - Eyma. - De Saint-Geniès. - Le duc
d'Alençon, gouverneur. - Conférences de Bergerac. - Leur date exacte. -
Extraits de l'ouvrage du docteur Rennes. - Histoire du protestantisme à
Bergerac.- Paix conclue à Bergerac.
Année
1577 24
Dépenses
diverses. - Lettre de M. de Saint-Geniès. - Lettre de J. Duché. - De
Bourdeille, sénéchal. - Lettre de Mme Saint-Geniès.
Année
1578 35
Lettre de
de Vivant. - Lettre de Malaprade. - Lettre de M. de Longa. - Lettres de Lussas.
- Lettre de Catherine de Médicis. - Budget.
Année
1581 44
Lettre du
roi de Navarre. - Lettres adressées par divers aux consuls de Bergerac, après
la prise de Périgueux. - Maréchal de Matignon. - Lettre de madame de Salignac à
madame des Bories. - Lettre de de Fayard. - Lettre du roi de Navarre. - Lettre
des consuls de Sainte-Foy. - Avertissements divers. - Lettres des consuls
d'Issigeac. - Lettre du roi de Navarre.
Année
1582 62
Dépenses
faites par M. de la Rivière et le ministre Bordat, pour aller à Coutras, voir
le roi de Navarre et le prince de Condé. - Lettre de Henri de Bourbon. - Lettre
des consuls de Sainte-Foy, affaire de Monségur. - Lettre du roi de Navarre au
capitaine Guy.
Année
1584 70
Garde de
la ville. - Entrée des vins à Libourne. - Pont de Dordogne. - François Planteau,
receveur de l'hôpital. - Bourreau. - Affermes diverses. - Ordonnances diverses.
- Inventaire des meubles et immeubles de la Maladrerie. - Inventaire des
meubles de l'hôpital.- Lettre des consuls au duc d'Epernon.
Année
1585. 84
Inventaire
des meubles appartenant à la communauté, qui sont chez le principal du collège.
- Jean Eyma, syndic des marchands. - Consuls exempts des divers droits. -
Bourreau. - Belrieu, bailli, ses usurpations. - Gentilshommes présents à la
jurade. - Lettre de M. d'Aubeterre, sénéchal. - Ordonnances diverses. -
Planteau achète des poudres. - Maitre arquebusier d'Eymet. - Inventaire des
munitions. - De Favars député par le roi de Navarre, assiste à la jurade. -
Fortifications. - Lacoste, maréchal-des-logis du roi de Navarre. - Gages du
maître des hautes oeuvres. - Avertissement donné par le roi de Navarre. - Ordre
aux habitants qui sortent de la ville, d'y rentrer le soir. - Taxe du vin. -
Pont de Dordogne. - Garde des clefs de la ville. - Fortifications. - Capitaine
Jaure. - Emprunt de mille livres. - Achats de poudres. - Allen, gouverneur. -
Jurade tenue dans la maison d'un des consuls. - Travail aux fortifications. -
Jurade tenue dans la maison de Peyrarède. - Jurade tenue dans le temple. -
Budget de l'année 1583-1584. - Jurade tenue dans la maison du consul Fonmartin.
Année
1586 128
Lettre de
bourgeoisie du bourreau. - Cent hommes de garnison au Faubourg de la Madelaine.
- Achat de la maison et du jardin du bourreau. - Ordre aux habitants de se
munir de blé pour quatre mois. - Imposition sur le vin. - Affermes. - Demande
de M. de Turenne. - Les consuls se partagent la surveillance des
fortifications. - Planteau chargé de faire porter les fascines aux
fortifications. - Castillon assiégé par le duc de Mayenne. - Baduel, minisire.
- Lambert, ministre. - La ville de Bergerac et celle de Sainte-Foy promettent
de s'aider en cas de siège. - La peste à Limoges. - Défense de trafiquer avec
Bordeaux et Libourne. - Berthol, ingénieur, fait le tracé des fortifications. -
Juges de police. - Du Plessy. - Siège présidial. - Précautions prises contre la
peste.
Année
1587 145
Pestiférés.
- Couvents. - Gages des pasteurs. - Fontaines. - Le roi de Navarre ordonne de
continuer les fortifications. - Taille ordonnée par le roi de Navarre. -
Turenne. - Reitres. - Affermes diverses. - Contrat passé entre les consuls, le
barbier et l'apothicaire, pour le pensement des pestiférés. - Gages payés au
barbier et à l'apothicaire. - Compagnies envoyées à Montflanquin. - De
Puissade. - Château de Naillac et de la Beaume. - Panissaut. - Assemblée des
réformés à Lalinde. - Conservateurs de la santé. - Dispute avec un lépreux. -
Baduel ministre. - Voyage à Montauban. - Turenne devant Sarlat. - Demande de
poudre. - Gages des ministres. - Lettre de Feydeau. - Lettres des consuls de
Montflanquin annonçant que M. de Matignon passe la Garonne avec son armée à
Port-Sainte-Marie. - Lettre de Montflanquin annonçant que le maréchal de Matignon
vient coucher à Cancon, et qu'il a avec lui 120 échelles. - Lettre de Turenne.
- Lettre de Caumont La Force.
Année
1588 172
Subvention
des reitres. - Sourzac. - Peste à la métairie Eyma. - Pierre Potier, fond des
pièces de canon. - De Caumont gouverneur de la ville. - De Charron. - Les
consuls de Sainte-Foy imposent les marchandises passant devant leur ville. -
Réclamation des consuls. - Prieuré Saint-Martin. - Rentes consenties par divers
seigneurs en faveur du collège. - Pêcheries. - Ponts de Caville et de
Pombonne.- De Pierrefite envoyé par le roi de Navarre. - Assemblée des églises
à Bergerac. - Nouvelle demande, subvention des reitres. - Chauveton, ministre.
- Quatre cents livres de liards. - Bourgeoisie. - Dépenses diverses. - Budget.
- Lettre adressée au roi de Navarre. - Lettre du roi de Navarre ordonnant
qu'une chambre de justice souveraine, sera établie à Bergerac. - Lettres de
Cacaud. - Lettre de Feydeau. - Lettre du roi de Navarre. - Sommes payées par
les diverses communes pour les frais faits par les députés aux Etats tenus à la
Rochelle. - Lettre de Turenne. - Lettre de G. Loyseau. - Lettre écrite par les
consuls de Bergerac et de Sainte-Foy à M. de Turenne. - Démolition des églises
de Lembras et de Queyssac. - Lettre de Turenne. - Lettre du roi de Navarre. -
Mémoires dressés par les habitants de Bergerac, pour les présenter aux Etats
tenus à la Rochelle. - Mémoires particuliers devant être présentés au roi de
Navarre. - Recettes et dépenses diverses.
Année
1590 246
Prière
faite avant la jurade. - Construction du clocher Saint-Jacques. - Collège. -
Cènes. - Affermes diverses. - Lambert, ministre de Sainte-Foy, député vers la
cour. - Monbaron ministre. - Pêcherie. - Chauveton principal du collège. -
Refus d'assister au colloque de Sainte-Foy. - Bourgeoisie. - Afferme des
pêcheries. - Vivres et munitions fournis pour le siège de Mussidan. - Reçu
donné par les diacres de l'église de Bergerac, au prieur de Saint-Martin.
Année
1591 261
Régents.
- Horloge. - Demande de ministres au synode du Béarn. - Fort de Minard. -
Charité. - Le maréchal de Matignon à Bergerac. - Recettes et dépenses diverses.
- Aventuriers. - Budget. - Lettre du maréchal de Matignon. - Lettre de Ch. de
Biron. - Nouvelles de France. - 1592. - Recettes et dépenses diverses. -
Budget. - Lettre de Catherine soeur du roi. - Siège de Castillonnès. - Lettres
patentes de Henri IV.- Lettres diverses concernant le siège de Castillonnès. -
Lettre de Turenne. - Lettres de Caumont de La Force. - Lettres du maréchal de
Matignon. - Lettres de Biron. - Siège de Domme. - Prise da
Villefranche-de-Belvès par les ligueurs. - Lettres des consuls de Montpazier. -
Lettre de M. de Boisse. - Lettre du pasteur Antoine Mermet. - Lettre de
Dupeyrou. - Lettre de M. de Rignac. - Sommes dues par le duc de Bouillon au
collège. - Lettre de M. de Beynac (collège). - Lettre du pasteur Bessotie. -
Lettre écrite de Montflanquin. - Lettre de M. de Caumont annonçant la tentative
d'assassinat faite par Jean Chatel. - Lettres de M. de Bourdeilles. - Lettre du
consul de la Rivière. - Lettre de Madame de La Force.
Année
1596 349
Vers
trouvés dans ce livre de jurades. - Jurats. - Gages des ministres. - Revenus
divers. - Synode de Pau. - Pasteur Dyserotte. - Pont de Dordogne. - Ordres aux
bourgeois retirés à la campagne de rentrer en ville. - Cotisation imposée pour
les gages des pasteurs. - Promesse faite au secrétaire du seigneur de La Force.
- Lettre du pasteur Magendier. - Assemblée de Tonneins. - J. Eyma délégué au
synode de Pau. - Pierre Boisson, architecte. - Première pierre du château de La
Force. - Entrée des vins. - De Saint-Houyn. - Les consuls de Sarlat demandent
communication de nos privilèges. - M. de Cazes. - Demande du ministre
Majendier. - Armoiries de la ville (prix fait.)
Année
1597 363
Prétention
de M. Eyma. - Réparation au pont de Dordogne. - Cotisation. - Pasteurs. - Jean
Rolhas, prieur de Saint-Martin. - Cimetière. - Tours de la ville. - Afferme de
l'herbe des fossés de la ville. - Charité. - Gages des régents du collège. -
Demande du duc de Bouillon. - Escodéca de Boisse. - De Cazes. - Demande d'un
pasteur. - Noms de divers jurats. - Etienne Trélier. - Antoine Vernoy, imprimeur.
- Editions diverses des coutumes de Bergerac. - Lettre d'Etienne Trélier. -
Intrigue pour la nomination du maire. - Pineau pasteur. - Bordiers et
mendiants.
Année
1598 382
Mesures prises
contre les mendiants étrangers. - Définiteurs des pauvres. - Pineau, pasteur. -
Impôt levé sur les marchandises passant devant Sainte-Foy. - Demande d'un
étudiant et d'un imprimeur. - Reçus divers. - Collation offerte à M. de
Caumont. - Délibération du Consistoire. - Menu du repas, que s'offrirent les
consuls.
Fin
de la Table du quatrième volume.
p. v
Nous
n'avons pas vu l'utilité de donner une Préface à ce quatrième volume.
Toutefois, nous avons cru devoir mettre sous les yeux des lecteurs de notre
collection, quelques observations sur les trois volumes déjà parus, faites par
M. Dujarric-Descombes, vice-président de la Société historique et archéologique
du Périgord et publiées dans le dernier numéro du Bulletin de cette Société:
Notre
laborieux collègue M. Gustave Charrier, le digne successeur de M. Michel Dupuy
à la conservation des archives municipales de Bergerac, poursuit avec succès le
cours de la publication qu'il a commencée depuis deux ans, des extraits des
livres mémoriaux de cette ville. C'est le troisième volume de cette
inappréciable collection qu'il vient d'offrir à la Société historique et
archéologique du Périgord.
p. vi
A
l'occasion du premier recueil relatif aux événements accomplis à Bergerac
depuis le XIVe siècle jusqu'à la fin du siècle suivant (1), nous
nous sommes livré à quelques critiques de détail que la difficulté de lire les
textes romans pouvait justifier. Mais aujourd'hui, en présence de documents
français, choisis avec un discernement qui lui fait le plus grand honneur, nous
n'avons que des compliments à adresser au sympathique éditeur. Le seul tort
qu'il ait eu à nos yeux, ça été de consacrer la moitié de sa Préface à une
nouvelle discussion au sujet de la lettre écrite devant Mouleydier par Du
Guesclin aux consuls de Bergerac, dont, grâce à M. Durand, nous avons pu donner
le texte complet (2).
(1) Bulletin, tome XIX, p. 441.
(2) Bulletin, tome XX, p. 459.
Nous
savons gré à M. Charrier de ses corrections. Pour que le texte donné par nous
soit définitif, il y a donc lieu d'y rétablir certaines lettres: r à la place
de l dans coussols; a dans la première syllabe de sehurenent; l au lieu de b
dans vibvres; m au lieu de n dans prions; d'ajouter un x à Dieu et de supprimer
l'r dans mercredi,
p. vij
Le
nouveau recueil contient les extraits des jurades comprises entre les années
1533 et 1577.
Avant
cette période, les consuls de Bergerac n'avaient eu d'autres soucis, comme le
fait remarquer M. Charrier, que de conserver dans leur intégrité les
privilèges, les franchises et les libertés de la ville.
De graves
événements viennent maintenant agiter Bergerac. C'est une véritable révolution
qui se produit sous l'influence de la Réforme dans cette riche contrée du
Périgord. A travers les délibérations consulaires de ces temps orageux, l'on
peut suivre le progrès des idées nouvelles, qui se trahissent d'abord par les
plus regrettables excès et font bientôt de si nombreux prosélytes dans
Ces
quelques mots mal orthographiés ne sauraient altérer le sens de cette lettre
historique, qui est rendue inintelligible dans Bergerac sous les Anglais par la
suppression de ces mots importants: pour ce que ceux du dedans avoient rompu
les trêves. Cette rupture des trêves explique seule la présence du connétable
devant Mouleydier. M. Charrier a cru devoir remplacer par des points ce membre
de phrase, que la maculation du papier ne lui avait pas permis de lire.
p. viij
la
bourgeoisie locale, que l'administration de la ville finit par passer dans les
mains des protestants.
Dans ces
pages mouvementées des annales de Bergerac se presse une foule de détails des
plus curieux. Ici, il est question de la réparation des édifices publics, de
l'organisation des écoles, de l'établissement de nouvelles charges, des
cérémonies religieuses, des procès de la ville, du premier livre sorti de la
première presse.
Là, des
dépenses occasionnées par le passage du roi de Navarre, la réception de Charles
IX, auquel Bergerac doit la création de son collège; l'envoi de députés vers de
hauts personnages, comme pour rentrée à Périgueux de l'évêque Jean de Lustrac
(et non de Lestrac); plus loin, les conférences de la paix dite de Bergerac qui
devait arrêter pour un temps une guerre fratricide, etc.
M.
Charrier a été bien inspiré en joignant aux jurades qui se rapportent à ces
événements de la fin du XVIe siècle, la copie de lettres des
principaux personnages amenés par les circonstances à
p. ix
jouer un
rôle, comme François 1er, Charles IX, Catherine de Médicis, Henri de
Navarre et le maréchal de Bouillon.
Il est
inutile de redire ici l'intérêt qui s'attache à de pareils documents, qu'on
peut appeler humains. Il n'en est pas qui donnent plus d'animation à la
chronique du passé; elle leur doit de pouvoir emprunter, pour ainsi dire, aux
choses même la couleur et la vie. Ce sont les actes de la vie publique, les
institutions sociales et les diverses manifestations de l'esprit qui montrent
l'homme et, par conséquent, le peuple, bien mieux que les faits de guerre et
les incidents de la diplomatie. On reprend heureusement cette méthode d'écrire
l'histoire qui est la bonne, parce qu'elle est la vraie.
Aussi
quelle reconnaissance ne doit-on pas aux archivistes qui, comme M. Charrier,
mettent aux mains des travailleurs des instruments aussi précieux. Que de temps
et de labeur il leur épargne en consacrant ses loisirs à nous révéler un passé
qui, sans lui, serait encore enfoui dans les poudreuses armoires
p. x
de
l'Hôtel-de-Ville de Bergerac! Il est rare de rencontrer des hommes aussi sincèrement
pénétrés de l'importance qu'il y a à faire connaître le trésor des archives
provinciales qui sont, en définitive, la base la plus sûre d'une histoire
nationale complète. La Société historique du Périgord ne peut qu'encourager M.
Charrier à persévérer dans sa louable entreprise.
A.
Dujarric Descombes.
p. xi
Ce
quatrième volume est, comme ses précédents, illlustré de quatre dessins dûs au
crayon de M. L. Bordes.
1° Une
vue du Pont de Bergerac et du Faubourg de la Madeleine;
2° Vue de
la place Pélissière telle qu'elle est actuellement;
3° Une
partie de la rue de la Myrpe, telle que de nos jours, et telle aussi qu'elle
devait être très probablement il y a de nombreux siècles.
A droite
de la gravure on voit la porte, aujourd'hui murée, par laquelle le duc
d'Épernon fut introduit en grande pompe dans la maison qu'il devait habiter
pendant son séjour à Bergerac en 1649.
Notre
quatrième gravure représente le perron intérieur de la maison où logea
le même
duc d'Epernon, Ce perron s'est conservé jusqu'ici sans aucun changement. C'est
dans cette maison que fut fondé à Bergerac, en 1845, le premier établissement
des Frères des Ecoles chrétiennes, placé sous la direction du Frère Joennice,
décédé pendant la deuxième quinzaine de décembre 1894.
F.B. La qualité de la copie des
images que nous avons reçues ne nous permet pas de les reproduire ici.
G.
CHARRIER.
Bergerac,
le 10 Janvier 1895.
LES JURADES DE
BERGERAC
Extrait des
Registres de l'hôtel-de-Ville de Bergerac
1352-1789
TOME QUATRIÈME
1576-1577
Notes
extraites d'un livre manuscrit, qui porte à la première page l'inscription
suivante:
(Bte
8. Lse 35. N° 24.)
« Premier
aoust 1576, Cahier contenant l'ordre observé pendant les troubles, par les
consuls de l'année mil cinq cens septante six. »
Ce cahier
se compose de 21 pages écrites au recto et au verso; la première note porte la
date du 1er août 1576, et la dernière celle du 2 juin 1577.
p. 2
Du
premier août 1576
Arresté
que tous les mercredis matins, après le presche, les consuls s'assembleront
pour adviser des affaires de la communaulté de la ville, et qu'il sera faict
registre de leurs délibérations; le greffier de la ville y se trouvera.
La porte
de Bourbarraud ouvrira ung jour, toute seule, et les portes de la Logadoire et
Malbec ensembles ung aultre jour; la porte du pont tous les jours.
Tous les
soirs le sergent de la ville sera tenu aller par devers M. de Fonmartin,
prendre, par roolle, ceulx qui seront, le lendemain, de garde, et les
advertira, dès le soir auparavant, et seront tenus de sy trouver à peine de
vingt cinq sols.
Fault
faire recouvrir les tours de la Logadoire et Cleyrac.
8
Août
Pour
l'advenir se ouvrira deux portes de la ville seulement, scavoir: la porte du pont
et une des aultres portes par rang.
A chacune
porte sera mys, tous les jours, quatre hommes de garde, et ung homme, à la
cloche, en sentinelle.
Qu'on
fera garde la nuict, de deux escoades, toutes les nuictz, qui seront mises en
corps de
p. 3
garde, scavoir:
l'une à Minard et les aultres à Malbec, et, oultre ce, fairont rondes, toute la
nuict, de deux à deux.
Que les
quatre, qui garderont les portes, auront charge d'ouvrir et fermer la porte
qu'ilz garderont, et rendront les clefs aux consuls.
MM. Grahault
et Captal iront devers M. de Gastebois, pour le prier bailler du bois pour la
repparation du pont, que son homme promit.
21
Août
Le XIme
d'aoust 1576, nous sommes assemblés pour déterminer des affaires de la ville,
et avons arresté que l'on paieroit les deux chaines de fer, des deux ponts
levis de la porte Logadoire, lesquelles ont pezées XXVI livres et ont costées 2
sols 6 deniers la livre, III livres V sols.
26
Octobre
A esté
arresté, que les consuls ouvriront eux mesmes les portes, et les fermeront,
comme, Malbec, le consul Fonmartin, le consul Eymier, la Logadoire, M.
Grahault, Monbarraud, et, pour le pont, B. Liton.
Les
piques, qui sont ches Jehan de Languier, le consul Cacaud les faira porter au
parquet.
p. 4
L'artilharie
sera menée à l'hospital par M. Eymier.
24
Octobre
Les
consuls s'assembleront suivant la précédente délibération, les mercredis, yssue
du presche, à peyne de dix sols contre le défailhant, sauf abcence ou malladie,
qui seront payés aux paouvres.
24
Novembre
A esté
remonstré pour le faict des arbres de M. de Gastebois; a esté advisé de ne les
prendre poinct pour ce qu'il n'en bailloict que trois.
Pour le
regard de la maison tenue par M. Brossot, régent, a esté advizé de bailher sept
livres pour six mois; accordé par les consuls Fonmartin et Brugière.
9
Janvier 1577
Que l'on
se trouvera tous les matins, heure de huict, ou après les presches, et aussy
après les prières, pour adviser aux affaires.
Que
description d'hommes et armes se face par les consuls de chasque quartier.
Pour le
regard des poudres, seront visitées par Maleprade et Robert.
p. 5
La
rompure de la murailhe de Nugon sera faicte et bastie, à la dilligence de
Lentilhac et Fornet.
Pour le
regard des marchés, se tiendront à la place des Carmes et Jacoppins, et ne laisseront
entrer.
Sera
faict deffence à tous habitans de ne partir de ceste ville, et aux absens de
retourner dans trois jours, à peyne de cinquante livres.
10
Janvier
A esté
arresté que cent livres seront bailhées au receuveur Eyma, pour les faire tenir
â M. de Chouppes.
12
Janvier
Sera
faict commandement, à tous habitans, de ne serrer, ne retirer personne en leurs
maisons, sans le révéler aux consuls.
Sera
publié que commandements soient faicts, de fermer les bouticques, au jour de
presche, à peine de cent livres, mercredis et vendredis.
21
Janvier
A esté
arresté que les tours seront planchées, le plus dilligemment que faire se
pourra.
p. 6
24
Janvier
Sera
envoié au roy de Navarre, pour l'advertir de nostre estat, et ensemble a MM. de
Sainct Genies et Ségur, personne à pied, envoyée par la ville, et défrayée par
le consul Liton, boursier.
A esté
arresté qu'il sera publié ne dessendre aucun bled par la rivière, ni par terre,
à cheval ni aultrement, geme, rousine, souffre, plomb, ni poudre, fer assier, lard
ni suif, à peine de confiscation de la marchandise, et de l'amande arbitraire.
31
Janvier
Sur la
remonstrance faicte de la venue de l'homme de M. de Turenne, touchant
l'ellection du gouverneur, et la commission pour saisir les deniers des éclesiastiques,
devers le roy de Navarre, a esté advisé escrire à M. Sainct Genies, par homme
exprès, pour le remercier de la charge qu'il luy a pleu accepter, touchant le
gouvernement de ceste ville.
A esté
arresté que, pour mettre à effet la commission expédiée par le roy de Navarre,
pour la saisie des biens ecclésiastiques, ont été depputés MM. Jehan Peyrarède,
advocat au siège, et Ramond Robert, lesquels ont receu la dicte commission.
p. 7
26
Février
Le dict
sieur de Lacoste (1) a dict et déclaré, que, pour le bien de ceste place, il y
fault, oultre ceulx qui sont desja faictz, scavoir est, quatre esperons, l'un à
Cleyrac, sur la rivière de Dordoigne, le second à Malbec, et le troiziesme à
Bourbarraud, et le quatriesme à la Logadoire.
Après,
est besoing travailler à l'esperons de la porte des Carmes, et de la porte
Logadoire, et réaulser les vieilles tenailhes qui sont du costé de Minard,
racoustrer les défences et les mettre en bon estat et en revestir les
fondemens, et eslargir et proffondir les fossés.
Comme
aussi, avec le temps, il faudra faire une esplanade autour des murailhes, afin
de pouvoir manier la picque. Sera advisé aussi, recouvrer des poudres, faire
faire quantité de picques, pales et hostes et aultres utilz pour travailher.
Faudra advisé de recouvrer des arquebuzes.
27
Février
Arresté
que, pour adviser et mettre ordre aux affaires, MM. du conseil s'assembleront
tous les jours à l'heure de la prière du soir.
(1)
Lacoste avait été envoyé par le roy de Navarre, pour tracer et conduire les fortifications.
p. 8
Qu'il
sera arresté, pour avoir en garnison en la présent ville, quarante soldats à
pied et six arquebuziers à cheval, soubz la charge du cappitaine Jaure,
ausquels sera bailhé, à chascung arquebuzier à pied, pour deux moys, cent sols,
et à chascung de ceulx de cheval, sept livres dix sols, que le dict cappitaine
Jaure a promis leur advancer, en ce que, dans huict jours, il sera rambourssé.
Sera heu
quatre trasseurs, pour rompre les ruynes des couvants, à VIII sols chascung
pour jour.
Sera
faict deffense, à peine de la vie, de ne prandre querelle dans la ville, et
mesmes au corps de garde, à peine de la vie.
Bernard
Loubet sera emploié pour aller à la Rochelle, quérir de la poudre.
6
Mars
Sur ce
qui a esté remonstré par les consuls de la présant ville, que les consuls de
Saincte Foy, ceulx d'Issigeac et de la garnison de Grignols, s'enprénent et
usurpent grandes sommes de deniers, sur les aydes que le roy de Navarre a
bailhé à ceste ville de Bergerac, pour l'entretenement de la garnison et pour
les munitions de guerre de la dicte ville de Bergerac. A esté arresté que, M.
Jehan Pétasson, sera envoié devers le roy de Navarre, avec mémoires amples,
p. 9
pour
supplier sa majesté de pourvoir à ce que telles confusions n'adviennent, et que
aucuns n'entreprenent, et imposer ne lever, sur les aides de la dicte ville de
Bergerac, aucune somme de deniers.
7
Mars
Par ordre
de la présant ville, a esté arresté qu'il sera dressé troys compagnies des habitans
de la présant ville, soubz la charge de M. Dupont, sindic de la dicte ville, à
chascune desquelles il y sera estably ung lieutenant.
18
Mars
Pour le
regard des armes des habitants de la ville, M. Dupont sera exorté d'y pourvoir,
et prendre, pour aydes, Doat, Giron Poumeau et Lacombe.
31
Mars
Sur ce
qui a esté remonstré que, à faulte de paier aux soldatz estrangiers qui
estoient en garnison en la présant ville, leur solde, les dicts soldatz s'en
sont allés et ont abandonné la ville, en sorte qu'elle est sans garde, aultre
que celle des habitans; a esté advisé, qu'il sera pris cinquante soldatz, non
suspectz, qui seront soubz la charge de cappitaine.
p. 10
4
Avril
A esté
arresté, qu'il sera dressé une compaignie soubz la charge de cappitaine (1) formée
de vingt cinq soldatz estrangiers, à la paie de X livres par mois, et de
cinquante soldatz pionniers, qui n'ont de quoy s'entretenir, habitans de la
présant ville, à la paie de cent solz chascung pour mois.
25
Avril
Que
l'ardoize et la charpente qui est à présent sur le coing du temple Sainct
Jacques sera abatu.
6
Mai
Fault
advertir les bouchiers de faire provision de beufs, mouthons et veaux.
25
Juin
Sur ce
que a esté remonstré qu'il estoit urgent et nécessaire, avoir ung fondeur, pour
reffaire les pièces de campagne, et mosquetz de la présant ville, que se sont
esclatées, faire des
(1)
Lapalanque fut nommé capitaine de cette compagnie.
p. 11
grenades
et aultres instrumens artificiels, pour la défense de la présent ville, et
qu'il a esté rapporté, par Hugues Pauly, bourgeois de la présant ville, qu'il
estoit arrivé, en la présant ville, ung bon fondeur, nommé Bernard Cautilhac,
natif de Marmande, a esté icelluy Cautilhac mandé venir, et, lui aiant faict
remonstrance de ce que dessus, il a promis de fidellemeut vacquer à fondre les
dictes pièces, et faire aultres instrumens, estant de son art et sience, en luy
fournissant la matière et aultres choses nécessaires, et luy a esté promis, par
provision, pour son entretenement, quinze livres pour mois.
29
Juin
Il est
dit que M. de Longa parlera aux capitaines Jaure, Lapalanque, Pinet, Davoys,
Champs, Guichard et Chaussaigne, et qu'on écrira au capitaine Lagarenne.
M. le
baily escrira au faiseur de piques de venir. Aussi, le dict sieur baily faira venir
Pigeon, faiseur de mosquetairie.
Le consul
Liton faira roolle de la poudre, tant de celle qui est au maguesin, que de
celle que les paroisses pourront avoir.
Et aussi,
faire estat des picques qui sont en ceste ville.
Les
consuls Eymier et Cacaud, pourvoiront
p. 12
à parler
à Frescarode, pour faire des gabions, et de faire porter des branches et paux
(pieux) pour en faire.
Pour le
regard du sel, on assemblera les marchans à une heure après midi, avec les
consuls; se fault informer de la poix, de la rousine, suif.
Fault
parler au fondeur, pour faire des grenades et reffondre les petites pièces, qui
sont esclattées, et s'adresser au consul Brugière, qui le pourvoirra des choses
nécessaires, pour faire des grenades.
M.
Peyraréde a charge d'avoir cent cinquante homme pour travailler à la
fortiffication.
Ont esté
mandé venir les sieurs Jehan Maleprade, Jehan Marteilhe, Helies Pigeon,
Estienne Escot, Ramond Bonnefond, Jacques Ugian, marchans de la présant ville,
ausquels présentement a esté faict commandement, et à aultres marchans de la
dicte ville, de s'assembler et faire estat certain, du nombre du sel qu'ils
tiendront en maguezin, et le rapporteront demain.
4
Juillet
Sur ce
que a esté remonstré que, aucungs habitans de la présant ville, qui avoient
accoustume porter et mettre leurs vivres dans la présant ville, c'esforcent
transporter leurs vivres
p. 13
hors la
dicte ville, a esté arresté qu'il sera faict commandement à tous les dicts
habitans, d'apporter tous leurs vivres dans la dicte ville, et que sy desja en
avoient transporté ailheurs, de les y remettre incontinant, à peine de
confiscation des dicts vivres, et de punition exemplaire; est enjoint à tous
fermiers des domaines des aultres, qui sont habitans ailheurs que en la dicte
ville, de porter dans icelle tous les vivres qu'ilz reculliront es dicts
domaines; aussi est faict inhibition et défense, à tous les dicts habitans,
d'abandonner la dicte ville, sans congé de M. de Sainct Genyes, lieutenant
général du roy de Navarre, en la présant ville et païs de Périgort, à peine de
punition corporelle, et confiscation de leurs biens, que leurs maisons seront
razées en mémoire de leur desloyautée.
Sera
bailhé à Lapalanque, pour l'entretenement de sa compaignie, la contribution de
certaines paroisses, jusques à la concurance du paiement de sa dicte compaignie
pour ung mois; laquelle somme, sera remise entre les mains du receveur, pour,
après, la délivrer au dict Lapalanque.
Fault se
pourvoir de quelques terres pour faire du salpettre.
5
Juillet
Jehan
Deslanes et Junien Dupuy sont esté
p. 14
commis,
pour faire les dilligences de faire tirer et charrier de la terre, où il en
sera trouvé pour faire du salpêtre; leur a esté ordonné à chacun quinze sols
pour jour.
8
Juillet
Sur ce qu'a
esté remonstré, que le roy de Navarre pour continuer la fortiffication de la
présant ville, a faict don de cinquante pipes de bled, prises sur le maguezin,
ordonné estre faict en la présant ville, pour pourvoir de maneuvres à
travailler à la dicte fortiffication, et de bailher une charge de froment à
chascun pour ung mois; sont commis les sieurs Mathurin Peyrarède, et Jehan Guy,
le jeune.
M. le
baily a trouvé homme, pour faire coupper et charrier les arbres pour faire les
picques.
12
Juillet
MM. le baily
et Grahault, avec le controlleur Eyma, sont commis pour faire la poursuite et
dilligance, et faire lever trois miles livres ordonnées par le roy de Navarre,
pour estre emploiées à l'achapt des poudres et aultres munitions nécessaires
pour la défense de la présant ville.
p. 15
19
Juillet
Sur ce
qui a esté remonstré, qu'il est nécessaire faire des molins à bras en la
présant ville, a esté ordonné qu'il en sera faict deux, et que le consul
Licton, en faira les dilligences et frays, desquels il sera remboursé.
A esté
ordonné qu'il sera paié à quatorze molliers, qui sont esté envoyés quérir, pour
démolir les ruynes des couvents, à chascung, pour jour, XII sols.
22
Décembre
Sera
faict porte rigoureuse, ai y aura six hommes de garde avec halebarde, que ne
laisseront entrer personne sans vérifier.
La dicte
garde ne laissera entrer plus de deux chevaux à la fois, sans la présance de
l'ung des consuls.
Dresser
les dizaines et leur ordonner lieux certains pour s'y rendre, advenant une
alarme.
Scavoir
qui a armes et contraindre ceulx qui n'en ont pas, d'en achapter.
Les
pièces, avec poudres et munitions, seront mises au château, à la dilligence de
M. Eyma et de M. Pinet. Fault achapter cent brasses corde d'arquebuses.
p. 16
C'est ce
que le seigneur de Sainct Genies, de Longa et les consuls de Bergerac,
remonstrent au roy de Navarre:
Premièrement.
Que avec la plus grande difficulté que peult estre, ils ont trouvé moien, avec
deux gentilshommes, de faire quelque levée de soldatz, pour mettre dans ceste
ville de Bergerac, dans laquelle, pour le présent, ne y a que soixante douze
soldatz, et leur ont promis les dicts gentilshommes, de faire la dite levée,
pourveu qu'on leur donnast charge de quelques enseignes, ce que, pour la
nécessité, le seigneur de Sainct Genyes leur a promis, en ayant, par deux fois,
supplié très humblement sa majesté.
Aussi,
que avant les sus dicts commencent à faire leur levée, ils pressent le dict
sieur de Sainct Genyes de leurs commissions, disant que à faulte de les avoir,
ils se retireront.
Chose de
très grande conséquence, et pour mettre en toute nécessité ceste dicte place,
estant le camp mené par monsgr frère du roy (1) desja à Sainct
Léonard (2), s'en venant à bien grandes journées, avec résolution d'attaquer
(1)
Le duc d'Alençon.
(2)
Nous ne connaissons que St-Léonard, chef-lieu de canton dans la Haute-Vienne et
à 22 kilomètres de Limoges.
p. 17
ceste
place, comme portent tous les advertissemens que les dicts sieurs ont receu, et
reçoivent tous les jours.
Joinct que
puis troys jours en ça, les sieurs de Lauzun, de Limeilh et aultres, qu'ils ont
peu assemblé, sont entre cy, Eymet et Villeréal, en gros de cent bons chevaux,
et trois cens arquebuziers, et en ont tiré de quelqu'un deux, que c'est pour se
gelter dans le bourg de la Magdalene, à mesure que le camp aprochera, etc.,
etc.
Réception de M. de Longua de
Larmandie gouverneur.
Premièrement.
Que les sieurs consulz et habitans de Bergerac promettent toute fidellité au
seigneur de Longua, et la requèrent de luy.
Que le
dict seigneur de Longua, maintiendra les habitants de la dicte ville en leurs
franchises, privillèges et libertés.
Que
quelque occasion que se puisse présenter, il n'abandonnera les dicts habitans.
Qu'il
conduira toutes choses concernant le règlement et police de ceste ville, par
l'advis des scindic et consulz.
Et la
garnison de la ville, que sera une fois establie, ne s'augmentera poinct sans
estre requis et demandé, par l'advis des consulz, au roy de Navarre.
Que le
sieur gouverneur ne souffrira poinct
p. 18
que
aucunes gens de guerre, ny aultres estrangiers passant, ne logent en ceste
ville, sans païer.
Que en
son absence, le sindic et consuls de la dicte ville tiendront lieu de
gouverneur.
Quant aux
portes et garde des clefs d'icelles, les unes seront entre les mains du dict
sieur gouverneur, et les aultres entre les mains des dicts scindic et consulz.
Que le
mot donné par le dict sieur gouverneur sera porté au scindic ou consulz.
Ainsin
signé : Larmandie, Poyné, R. Dupont, Belriou, Grahault et Licton consulz.
Ici
s'arrêtent les renseignements contenus dans ce livre et que nous avons cru
devoir publier, pour suppléer autant que possible à la perte des jurades de
cette année.
Dans un
article sur les Conférences de Bergerac, publié par M. Dupuy, dans le journal
le Progrès, à la date du samedi 15 mai 1880, on lit:
Le 15 mai
1577, la ville de Bergerac présentait un aspect inaccoutumé d'agitation et de
fête. Depuis le matin, la grande couleuvrine de
p. 19
Turenne (1)
faisait entendre du haut de la tour de Malbec sa voix puissante, à laquelle
venaient se mêler les notes joyeuses des cloches des églises et des couvents
lancées à toute volée.
La porte
Lougadoire décorée en arc de triomphe, étalait au dessus de la grande entrée,
les écussons aux armes de France, accolées à celles de Navarre. La foule
endimanchée des manants, bourgeois et habitants (2) de la bonne ville, se
pressaient sur les remparts de Bellegarde et de Bourbarraud, pour assister à
l'entrée solennelle du roy de Navarre, du prince de Montpensier, des seigneurs
et gentilshommes de leur suite, ainsi qu'à celle des députés qui devaient
ouvrir ce jour là, les Conférences dites de Bergerac.
C'est
pendant ces conférences que devaient être débattus les préliminaires d'un
traité de paix entre les deux partis, qui, depuis si longtemps déchiraient la
France par une guerre
(1)
Nom donné à une des pièces d'artillerie de la ville.
(2)
On désignait sous le nom de manans celui qui était originaire du lieu; sous le
nom d'habitant, celui qui étant venu y demeurer s'y était fait naturaliser;
sous celui de bourgeois, celui qui jouissait des privilèges dont le peuple ne
jouissait pas; sous celui peu usité de aubain, l'individu qui, habitant un
pays, n'y était pas naturalisé.
p. 20
fratricide,
et qui, maintenant, par nécessité, cherchaient, l'un et l'autre, un moyen
honorable d'y mettre fin, et d'assurer une paix durable.
Les
historiens sont loin d'être d'accord sur la date de ces conférences. Les uns
les font tenir au mois d'avril, d'autres au mois de septembre, d'autres enfin
au mois d'octobre.
Pour
nous, nous pouvons leur en assigner une irréfutable, et pour cela, nous n'avons
qu'à donner un extrait du livre de comptes de l'an 1577, tenu par M. Liton
Bernard, alors boursier de la communauté. D'après lui, ces conférences
commencées le 15 mai, prirent fin le 21 du même mois, et là, furent élaborées,
convenues et acceptées par les partis, les conditions qui servirent de base au
cinquième édit de pacification, auquel prirent une part active, outre le roi et
le duc de Montpensier, l'archevêque de Vienne, Biron, Villeroy, Merville,
Richelieu, Lamothe-Fénélon, Turenne et plusieurs autres seigneurs de marque.
Le roi de
Navarre ne quitta Bergerac que le 3 juin, après l'arrivée de M. de La Noue.
Toujours défiant, ne croyant pas plus à la parole des autres, que lui ne tenait
la sienne (1), il prit
(1)
« ...Si la volonté que le roy a montré est suivie, mais je ne vous y puis
encore promettre rien de certain, par ce que sa Majesté est coustumière
d'accorder ce que après il faict volontier refuser par M. le Chancelier ou par
M. de Rosnie. »
Extrait
d'une lettre de M. de Belriou maire, (Archives de Bergerac.)
p. 21
pendant
son séjour dans cette ville, toutes les mesures nécessaires en prévision d'un
siège, il entretint des rapports journaliers avec les seigneurs ses voisins,
activa les travaux des fortifications que dirigeait M. de Lacoste son
maréchal-de-logis, et fit mettre en magasin une quantité considérable de poudre
d'arquebuse que lui avait procuré M. de Saint Genies de Badefol, à raison de 18
sols la livre.
Suit le
détail des frais faits par les consuls pour ces conférences que nous avons
donné dans le 3e vol.
M. le
docteur Rennes, dans son « Histoire du Protestantisme à Bergerac » publiée à
Bergerac en 1868, s'exprime ainsi à propos des mêmes conférences:
Le même
esprit lui (le roi de Navarre) fit poursuivre la réalisation des Conférences,
qui le ramenèrent à Bergerac en mai 1577: Réunions mémorables qui font époque
dans l'histoire du
p. 22
protestantisme.
Une de ses lettres adressée le 17 avril au maréchal de Damville, a pour but de
les préparer. Il lui annonce qu'il a convoqué ses députés (1) pour se rendre à
Bergerac auprès de son oncle de Montpensier, et y négocier la paix, le 25 de ce
mois. Armand de Gontaud, seigneur de St-Géniès, et Michel de Lur, seigneur de
Longa, vicomte de Roussille, y exerçaient le commandement au nom du roi de
Navarre (2).
On ne put
s'y accorder d'abord, d'après une lettre de Henri, aux maire et échevins de La
Rochelle, et la conférence dut être remise au 15 juillet suivant.
L'histoire
de d'Aubigné retrace en détail les assemblées qui se succédèrent pendant
plusieurs jours.
La
convention qui s'en suivit, d'abord signée à Bergerac par les plénipotentiaires
du roi et des princes protestants, ne fut ratifiée, par
(1)
Jean d'Afis, premier président au Parlement de Toulouse, était du nombre. Les
sieurs Bossulas et de Chausonne sont recommandés par le prince comme gens
dignes d'être élus par les églises, afin de ne pas rester au dessous des sieurs
de Biron, de Foix, de Pibrac, de Lamothe-Fénélon, personnages désignés par le
parti opposé. Sully s'y était rendu pour recevoir les députés du roi venant des
Etats de Blois.
(2)
Lettre de Henri de Navarre à M. de St-Géniès, 5 juillet 1577.
p. 23
Henri
III, que le 17 septembre. L'édit de pacification qui la consacra fut publié, à
Poitiers, quelques jours après. Le roi de Navarre était présent à la lecture,
qui en fut faite à Bergerac le 17 octobre suivant.
M.
Georges Bussière dans ses Etudes historiques sur la révolution en Périgord, dit
à la page 70 en parlant de la paix de Bergerac:
La paix
conclue à Bergerac en 1577, comprit cette dernière ville parmi les places de
sûreté concédées aux protestants. Ce fut pour Bergerac le point de départ d'une
fortune rapide, où l'on vit sa population monter jusqu'à cinquante mille
habitants.
D'après
les documents que nous avons entre les nains, nous trouvons ce chiffre bien
exagéré.
1577-1578
D'après
les comptes de cette année, nous voyons que le travail des fortifications fut
activement mené. Le dernier compte des journées payées aux gazoneurs, métiviers
et trassayres, porte la date du 11 octobre, le travail ne s'arrêtât que le
lendemain, c'est-à-dire le jour même de la publication de la paix.
Dépenses diverses
Juillet
24. A
achepté le dict de Supco, d'ung homme de Cours, ung couteau de bouchier pour
pozer le gazon, qui a cousté X sols.
Item. - A
esté payé, tant pour la journée de Jehan Lavigne, que de deux hommes qu'il
avoit avec luy, pour faire les molins à bras, que pour leur despence, XXV sols.
25. Pour
la journée d'ung homme qu'il a loué pour tyrer les quartiers hors du clocher de
Sainct Jacques, VIII sols.
p. 25
27. Baillé
à M. François Cacaud, ayant charge de faire faire les gabions, X livres.
A baillé
au Galérien, messager, pour porter de nuict, une lettre à M. de Panissault, que
M. de Sainct Geniès luy envoyoit, VIII sols.
Pour ung
cent de taches, pour la porte de la cazemathe de Cleyrac, VII sols.
Pour ung
messager, que M. de Sainct Genies avoit envoyé à Saucignac, pour advertyr M. le
gouverneur, VIII sols.
Aulx
faiseurs de piques, pour commencement de paye, X livres.
28. A ung
messager nommé Niauthon, de Peyrefiche de Monfaucon, paroisse de Villamblard,
pour aller à Périgueux, pour porter une lettre à M. de Chouppes, XXXIV sols.
A payé à
ung messager que MM. les consuls avoient envoyé à Faux et Monsac, pour veoir où
estoient les compagnies de M. de Limeil, XV sols.
30. A
payé à Moricaud, pour avoir porté une gabarade de fassines, X sols.
A payé au
consul Peyraréde, pour deux comportes qu'il a achepté de Gagne-Petit, qui ont
servy aux fortifications, XX sols.
31. A
payé à Moricaud, pour une gabarade de fassines, X sols.
Pour
quatre melons, envoyés à M. de Sainct Geniès, IV sols.
p. 26
Pour
autres trois melons, au dict seigr, V sols. Pour ung melon au dict
de Sainct Geniès, III sols.
Août
1er.
A Bontemps pour trèze livres de fer ouvré en crampons, pour les cazemates de
Cleyrac, à raison de quatre sols la livre, LII sols.
3. A payé
à Anthoyne Veyrine, pour avoir acoustrer la coulouvrine de M. de Turenne,
XXXVII sols.
A payé à
M. Jehan Souffron, masson, pour la façon de l'une des piles, la somme de IIC
livres.
Plus douze
poignéres froment, et vingt poignéres seigle.
23. Le
dict jour, pour envoyer ung messager à Montflanquin, par commandement de M. de
Chastilhon, XXXV sols.
Au sire
Giron Pomeau, pour du fer et du bois, XIII livres X sols.
Aux
soldats qui sont allés faire couper les fassines, à la Nauve (1) XII sols.
Au sire
Pierre Pomeau, pour le louage de ses boeufs, le XXXme du dict mois, XX sols.
(1)
Métairie sur la rive droite de la Dordogne, près de Tiregan.
p. 27
A payé à
Guilhaume Frescarrode, Parot Maloubié, Léonard Pineau et Jehan Fort, pour leurs
gaiges du mois, à faire la salpêtre, à raison de douze livres chascun, XLVIII
livres.
Pour
quinze barriques pour faire les doulhs (cuves), à raison de dix sols, VII
livres X sols.
A baillé
à Jehan Delbost, qui travailloit à la fortiffication de ceste ville, pour ce
que la terre luy estoit tumbée dessus; pour le nourrir ches Lhumaude, fust
baillé à sa femme, VI livres.
A M.
Francoys Gouveille, apotiquère, pour les médicamens qui luy furent ordonnés,
III livres IX sols.
Au
chirurgien que le saigna, XV sols.
Septembre
A payé au
sire Pomeau, le second du dict mois, pour LII livres 1/2 de fer, à raison de II
sols, pour les crampons de la pille du pont, V livres V sols.
Aux
gabariers, pour avoir porté deux barils de poudre, de Saincte Foy, III sols.
Pour
abatre l'ardoize de Sainct Jacques, XXI sols.
A ung
messager pour porter une lettre du roy de Navarre, à Beaumont, IX sols.
A payé le
VIIme du dict mois, pour IV grandz sercles pour garnir le bapteau, que
le roy de Navarre emmenoit en bas, XVI sols.
p. 28
Pour le
messager que le roy de Navarre envoya à Saincte Foy, XV sols.
A Jehan
de Mège, pour avoir acoustré l'attalage de deux coulouvrines, le Xme
du dict moys L sols.
Plus, pour
tirer l'eau du fondement du fossé du Mercadil, a esté employé, en cordes, VIII
sols.
Le vingt
troisiesme du dict mois, ay baillé au vallet de Pézul, pour nettoyer la rue et
la clouaque, de devant le logis du roy, V sols.
A payé à
la seur de la Roze, du bourg, pour la despence des boyers (bouviers), qui
avoient porté le bois du Séran (1), pour acoustrer le pont de Dordogne, XX
sols.
A ung
messager, qui est allé conduyre, de nuict, les forriers du roy de Navarre, à
Issigeac, XV sols.
Octobre
1er.
Au roy de Navarre, qu'il me commanda luy bailher (un escu), et, lequel, il
bailha, incontenant, aux maneuvres qui travailloient à Cleyrac, et lequel il
promist de faire rendre à son trésorier, V livres.
Le
douzièsme du dict moys, feust publiée la
(1)
Le Séran, propriété située à côté de la Conne.
p. 29
paix en
la présant ville, et fust achapté ung flambeau, qui cousta, XXX sols (1).
A troys
trompetes, scavoir: celle du roi de Navarre, de M. de Montpancier et M. de
Turenne, à chascun, deux escuz, valant XXX livres (2).
Aulx
canoniers qui chargèrent les pièces, V livres.
Le
treziesme du dict moys, les consulz convièrent M. de Longa, gouverneur en la
présant ville, madamoyselle sa femme, et aultres de sa suitte, avec MM. les
lieutenans, bailly et apparans de la ville, où fust despandu XXXI livres VIII
sols.
Le vingt
sixiesme du dict mois, M. de
(1)
M. Rennes se trompe donc en disant que la paix fut publiée à Bergerac le 17
octobre.
(2)
Aux termes de l'édit de paix publié à la date ci-dessus, les réformés pouvaient
avoir un temple dans le chef-lieu de chaque baillage, et dans chaque
juridiction royale, excepté dans Paris, à dix lieues de la cour. Le roi les
rétablit dans tous leurs privilèges de citoyens, dans le droit aux charges, aux
magistratures et autres dignités; il leur accorda des juges spéciaux dans
chaque parlement, neuf places du sûreté et des troupes, à condition qu'ils
paieront les dimes, chômeront les fêtes extérieures et ne choqueront en rien
les catholiques dans leur culte. (Histoire de France, d'Anquetil.)
p. 30
Turenne
envoya ung sien laquay, avec une lettre, à MM. les consuls de ceste ville,
lequel fust desfrayé, a la Teste Noire, XV sols.
Et, pour
ce que, par sa lettre, il mandoit que on luy envoyast quelques ungs, pour le
aller trouver à Campaignac (1), le consul Alba et de Supco, le furent trouver,
et despandirent, au dict voyage que fust de troys jours, VI livres.
Novembre
Le
treizièsme du dict mois, M. de Turenne envoya, par ung homme à cheval, une
lettre à MM. les consulz, pour les advertir de la prinse de Brive, et qu'ils
eussent à en advertir MM. de Saincte Foy et Castilhon, lequel fust desfrayé à
Sainct Jacques, XXX sols.
Le dix
septiesme du dict mois, monsgr de Sainct Geniès envoya une lettre à
MM. les consulz, pour les advertir de la prinse de Beaumont, pour les despens
duquel, fust payé, IV sols.
Ci-après
la copie de cette lettre: (Bte 7. Lse 32.)
(1)
Campagnac, petit château près de Belvès, appartenant à M. de Savy.
p. 31
« Lundy
XVIIme novembre 1577.
Messieurs,
Je n'ay vollu
faillir de vous advertir qu'à nuict, à l'heure de dix heures, la ville de
Belmon a esté prinze, de quoy je vous en ay bien vollu advertir, et j'en ay heu
l'advertissement tout hasteure qu'est à la pointe du jour, afin que vous
preniès garde et à ce qui vous touche, me recommandant bien humblement à vos
bonnes graces, pryant le créateur, que vous donne messieurs, en bonne sancté,
heureuze et longue vye.
Vostre
entièrement bon voyzin à vous faire service.
Sainct
Génies (1).
De
Badeffou, ce lundy matin, XVIIme novembre 1577. »
Le
quinziesme du dict moys, fust despéché ung messager, par devers monsgr
de Turenne, pour l'advertir de ce qui se passoit, auquel fust payé, pour cinq
journées, III livres XV sols.
Le
seizièsme du dict moys, arriva le seigr de
(1)
Bernard de Gontaut de Saint Geniez, seigneur de Campagnac de Ruffen, chevalier
de l'ordre du roi, mari de Charlotte de Saint-Ours. (Chron. de Tarde)
p. 32
La
Roussie, venant de la part de M. de Turenne, lequel par advis de MM. le
lieutenant et bailly et certains consulz, fust desfrayé à Sainct Jacques, et
fust payé VI livres.
Le
vingtième du dict mois, ung nommé Jehan Duché, disant avoir charge de retirer
la poudre, salpêtre et piques que le roy de Navarre avoit laissé en ceste
ville, envoya ung messager avec une lettre du dict Duché, et une aultre de
Fébure, leur mandant d'envoyer les dictes municions à Saincte Foy; auquel
messager fust baillé à soupper ches la Bouyssoune, et payé VI sols.
Cy
dessous coppie de cette lettre. (Bte 7. Lse 32.)
«
Messieurs les consuls de Bergerac,
Estant
envoier de par le roy de Navarre, pour le recouvrement des pouldres et
sallepestres, qu'il a faict distribuer par les villes de son gouvernement, et
qui ont tenu le partis qu'il a tenu en ses guerres dernières, je suis cargé par
mes mémoires, de retiré de vous, quatre cens cinquante et quatre livres de
pouldre à canon, et ung milier de sallepestre; et, parce que je suis retardé en
ce lieu, de Castillion, pour les affaires de sa majesté, qui ne peuvent estre
faicte que dedant deux ou trois jours, je vous suplies commestre quelqun qui
conduira
p. 33
le tout
jusques à Sainte Foy, où je ne feray faulte me trouver vandredy au soir, ou
samedy matin, pour recevoir le tout, et lui en ballier décharge ou aquit,
suivant la commission que je luy montreré, qui sera l'androit où me
recommandant à vos bonnes graces je pries Dieu vous donner la sienne.
De
Castillion ce 20 novembre 1577.
Vostre
serviable amy,
J. Duché.
»
Le
dixseptièsme jour du dict mois, fust envoyé ung messager par devers M. de
Bourdeilhe, séneschal de Périgord, pour l'advertyr que les sieurs de Chabanes
et des Boryes, pilloient la marchandize de ceux de ceste ville, et que à
Blaignac en faisoient de même aulx bapteaux; lequel messagier, ne le trouvant à
Bourdeilhe, l'alla trouver à Blaniac, où il expoza cinq journées, ausquel fust
payé III livres XV sols.
Le
vingthuictièsme du dict mois, ay payé à M. Jehan Souffron, pour la façon de
l'autre pile, la somme de trois cens livres, et douze poignères froment, et
vingt poignères seigle.
Décembre
Le
quatrièsme du dict moys, fust advizé, que le consul de Supco iroict trouver M.
de Sainct Genies, à Badefou, pour luy communiquer de ce
p. 34
qui
c'estoit passé à Saincte-Foy, où il exposa deux journées, où il despendit, tant
pour luy, que pour ung homme de pied, III livres.
Le vingt
neufiesme du dict mois, arriva en ceste ville M. de Chassincourt, envoyé
exprès, en ceste ville, par le roy de Navarre, accompagné d'ung aultre
gentilhomme, de la part de M. de Byron; fust, advisé par MM. les lieutenant,
bailly et aultres qu'ils seroient desfrayés, où fust payé, à Sainct-Jacques, X
livres.
Le dict
jour M. de Sainct Genies envoya ung sien homme à cheval, nommé Biroun, à MM.
les consulz, avec une lettre de M. de Turenne, et une que le dict seigr
leur escripvoit, et une coppie d'une aultre qu'il avoict receu; lequel fust
desfrayé ches la Manoune, et despendit XXX sols.
Copie de
la lettre envoyée par M. de Sainct Genies. (Bte 7. Lse
32.)
« Messieurs,
Je n'ay
vollu fallir de vous faire tenir une lettre que M. de Turenne vous escript, et
aussy ung double d'une, qui m'en a esté escripte d'une lieue de Périgueulx,
narant l'entreprinze qui a esté faicte, et le succès d'icelle. Je croy que vous
l'aures desjà entendu, que me gardera de vous en faire plus long discours, vous
suppliant en faire vostre proffict,
et en
vouloir advertir ceulx d'Eyssigac (Issigeac) et autres. Je me recommanderay
bien humblement à vos bonnes prières, priant le créateur que vous donne,
Messieurs,
en bonne sancté, heureuze et longue vye.
Vostre
meilleur voisin à vous faire service,
Saint-Genies.
De
Badeffou ce 29 décembre 1577. »
A esté
payé à Venture Planteau, géolier, pour la despence que ung espion et porteur de
lettres avoict faict, durant trois ou quatre mois, XII livres.
Janvier
1578
Le
quinzièsme du dict mois, le sieur de Bourdeilhe envoya ung sien laquay, avec
une lettre à MM. les consulz, et coppie des lettres patantes du roy, lequel séjourna
jusques au dixseptièsme, et fust desfrayé, ches la Bouyssoune, et despendit XXX
sols.
Février
Durant
tous ce mois, il se fait un échange continuel de lettres, entre les consuls et
MM. du Puch, Turenne, Bourdeille, Lambertie, Saint Geniès etc.
p. 36
Lettre de
M. La Lambertie au consul Malaprade. (Bte 7. Lse 32.)
«
Monsieur le consul
J'ay
receu la lettre que m'avez envoyé, de M. de Turenne, et aye receu, avec grand
plaisir, car je estoys en peine d'avoir de ses nouvelles, d'aultant qu'il
m'avoit asseuré, à son parlement de Saincte Foy, qu'il m'en feroit savoir
bientost, et en récompense de ceste courtoysie, sy avez à faire de moy, en
ferez d'aulcy bon ceur, que je me recomande afectueusement, à vos bonnes
graces, priant Dieu
Monsieur
le consul, qu'il vous tienne en sa saincte garde.
De La
Lambertie ce vingt quatriesme febvrier 1578.
Vostre
bon amy à vous servir,
La
Lambertie. »
Mars
Le
quatriesme du dict mois, fust envoyé ung messager de Périgueux, par M. de
Vivant, auquel fust payé, pour sa despence, ou pour son salaire XXX sols.
Lettre de
M. de Vivant aux consuls de Bergerac:
p. 37
«
Messieurs,
Je vous
avise qu'il y a une grande entreprinse sur vous, laquelle se doibt exécuter
seste seupmaine ou au commencement de l'autre; croyez que ce ne sont point
nouvelles de parloirs, car je le sé de fort bon lieu. Prenés y garde. Si je
savoys et cognoisoys les auteurs, je vous le manderays.
Je me
recommande à vos bonnes graces, priant Dieu, Messieurs, vous conserver sous sa
saincte et digne garde.
De Périgueux
ce IVme de mars.
Signé :
Vivant. »
Aussitôt
cet avertissement reçu les consuls en adressent la copie à monsgr de
Longa, avec la lettre suivante:
«
Monseigneur,
Présentement
nous avons resu ung advertissement de la part de M. de Vivans, duquel vous envoyons
une coppie, vous suppliant très humblement que, sy vous en saves quelque chose,
ou que quelque assemblée se face en ces quartiers de par de là, de nous en
advertir, et nous vous demeureront de plus en plus tenus et oubliger, de vous
faire perpétuel service, et, en cet endroit, priant Dieu etc. De Bergerac ce V
mars 1578.
Signé :
Malaprade. »
p. 38
En marge
de cette lettre, le seigr de Longua écrivit:
«
Messieurs
Je suis
celuy qui suis annemy mortel de ceulx qui mesprisent les advertissemens; mais
de ce que je puis scavoir, il n'y a rien d'aprochant à ce que mande M. de
Vivans. Toutes foys, Limeuil a souvent messagers et gens allant et venant vers
ceulx de la noblesse de par de cà, les plus ligués. Nous prandrons garde qu'il
ne s'asanblera rien à Montréal, ne à Mussidan, ne à Soursac que n'en ayes
advis; vous supplie m'excuser de plus long escript.
Vostre
affectionné et assuré voisin à vous servir.
Signé :
Longua. »
Le
onzièsme du dict mois, fust baillé à ung soldat du cappitaine Jaure, de
Griniolz, pour luy porter, L livres.
Lettre de
M. Lussas au consul Maleprade. (Bte 7. Lse 32.)
«
Monsieur
Je vous
prie, bien fort, vous souvenir de ce que me promistes, par vostre dernière
lettre, qui est que vous ferrez toute diligence, à recouvrer les cinquante
livres que vous nous aves promis, et nous les envoyer; le besoing
p. 39
nous
presse grandement, qui nous fait vous en supplier de reschef de nous les
envoyer.
Je croy
que vous aves entendu, que le capitaine Jaure a randu Grignolz, contre la
promesse qu'il vous fist dernièrement en ma présence, par Lacombe qu'il envoya
vers vous; cela vous emporte à ce que vous advisiez au remède; il nous semble
qu'il sera bon que nous tous ensembles, envoyons à M. de La Lambertie de nostre
part, des personnes pour le prier d'aller à Grignolz, d'où il est gendre, pour
y mectre ordre, et s'en fayre le maistre, si est possible, affin que ceste
place ne tombe entre les mains de nos ennemys; et, à tant, je salueray vos
bonnes graces de mes très humbles recommandations, priant Dieu monsieur qu'il
vous donne, en santé, très longue et heureuse vie.
De
Périgueux ce 25 mars 1578.
Signé:
Lussas. »
Lettre du
même, au même consul.
«
Monsieur
Je vous
escripvit avant hier, comme il nous sembloit qu'il seroit bon d'envoyer à M. de
La Lambertie, pour le prier d'aller vers M. de Chales, son beau père, luy
remonstrer qu'il se garde de tomber en pareil inconvénient, qu'il s'est trouvé
d'autrefois, de se laisser déposséder,
p. 40
par les
papistes, de sa maison de Grignolz, et d'autant qu'elle importe et à vous et à
nous, je vous supplye luy envoyer avec nos lettres, quelcuns des vostres, qui
le luy seache bien fayre entendre, et aussi nous envoyer les cinquante livres
que scavez. En cet endroyt, je salue vos bonnes graces de mes très humbles
recommandations, priant Dieu qu'il vous tienne en sa saincte garde.
De
Périgueux ce 27 mars 1578.
Signé :
Lussas. »
Lettre de
M. de Saint Geniès à M. de Supco.
«
Monsieur de Supco
J'ay
receu la lettre que m'avez escripte, et vous mercie de la bonne part que m'avez
faict, de ce qui a esté négotié en vostre voyage de Sainct Astié. Je vous
asseure qu'il est bon besoing de remédier à la foullé que le pauvre peuple
reçoit de ces tailhes; car autrement je crains que cela sera cause de leur
destruction. Je croys que vous entendres l'advis que j'ay donné à celluy qui a
la charge du plat pays en là bas, par la lettre qu'il vous en a escript, qui me
gardera de vous en fayre plus long escript, si ce n'est pour vous dire que
touchant ce que me mandez, comme du scindit qui fauldra eslire, que je
m'accorderay tousjours à celuy que vous aultres nommeres,
p. 41
car vous
cognoisses mieulx ceulx qui doibvent estre capables de ceste charge que moy, me
recommandant bien fort à vos bonnes graces, pryant le créateur que vous donne
M. de Supco ce que désires.
De
Badeffou ce 2 avril 1578,
Signé :
Sainct Geniès. »
Avril
Le
vingtièsme du dict mois, fust envoyé par le roy de Navarre ung laquay à MM. les
consulz, avec une lectre, pour les advertyr de se tenir sur leurs gardes,
lequel fust desfrayé en ceste ville, de XV sols.
A esté
payé au maistre des haultes oeuvres pour ses gaiges XL sols.
Mai
Le
douzièsme du dict moys, fust envoyé ung messager au roy de Navarre, pour
l'advertir d'une entreprinze qui se faisoit sur la ville, auquel fust payé IV
livres.
Juin
Le
vingtième du dict mois M. le mareschal de Byron envoya ung sien gentilhomme,
porter une lettre que le roy de Navarre envoyoit de
p. 42
Nérac, et
une, qu'il en escripvoit aussy à MM. les officiers et consulz, lequel fust
desfrayé à Sainct Jacques, de XLIX sols.
Et, pour
ce que, par sa lettre, il mandoit de l'aller trouver à Byron, fust advizé que
M. Grahault et le consul de Supco, l'iroient trouver et partiroient le XXIIIme
du dict mois, où despendit au dict voyage qu'il fist, quatre jours, XXIV
livres.
Et, pour
ce que, les consulz de Libourne, Castilhon et Sainct Milion estoient allés et
retournés avec les dicts sieurs de Grahault et consul de Supco, fust advizé, à
leur retour, de leur bailler à soupper, ches le dict de Supco et au dict sieur
Grahault et aultres consulz de ceste ville, et fust despendu, III livres.
Lettre de
Catherine de Médicis.
« 22 mars
1579.
A
Messieurs les officiers de la justice, consuls, manans et habitans de la ville
de Bragerac.
Messieurs,
Dieu m'a
faict la grace que j'ai conclud et arresté, conformément à l'édit de
pacification, les responses aux remonstrances et requestes que m'ont faictes
les députés de ceulx de la religion prétendue réformée, et comme mon fils, le
roy de Navarre et moy, et eulx aussi, résolus de toutes choses au bien de la
paix,
p. 43
ainsi que
vous entendrez des seigneurs de Bourdeilhe, et de Lamothe-Fénélon, qui s'en
vont pour faire exécuter le tout, suivant l'instruction particulière que j'en
ay signée, vous priant ne faillir d'obéyr de vostre part au contenu d'icelles,
et le tout bien garder et observer curieusement et soigneusement, tenant la
main à ce qu'ung chascun puisse vivre en paix, repos et union, les ungs avec
les autres, suivant le dict édit de pacification, et la dite résolution de nos
conférences, comme il est porté par la dicte instruction, priant Dieu,
Messieurs
vous avoir en sa sainte et digne garde.
Escript à
Agen le XXIIme jour de mars 1579.
Catherine.
Contre-signée
: Eymart. »
Budget
Recettes:
Trois mille sept cent douze livres, huit sols et un denier.
Dépenses:
Deux mille deux cent quatre-vingt-dix livres, neuf sols et deux deniers.
1581
Copie de
quelques lettres écrites aux consuls.
Lettre du
roi de Navarre
« Henry
par la grace de Dieu roy de Navarre, gouverneur et lieutenant-général pour le
roy Monseigneur, en Guienne.
A nos
chers et bien amez, les scyndics et consuls de la ville de Bragerac, salut.
Ayant esté
advertys comme plusieurs des habitans de la dite ville font difficulté
s'employer, bien et diligement, à la garde de la dite ville, laquelle, par les
éditz de pacification du roy monseigneur, et articles de conférance, faictz et
arrestés pour l'observation d'iceux, et accordés à tous habitans de villes,
pour oster et rompre tous les mauvais desseingts, et plusieurs perturbations du
repos publicq, au préjudice de la paix; Nous, pour ces causes et suyvant la
dite permission et octroy, faict par le roy mon dict seigneur, vous mandons, et
très expressément enjoignons, veiller et prendre garde à la conservation de la
dite ville de Bragerac, et, pour ce
p. 45
faire,
constraindre, ou faire constraindre, par toutes voyes de droict raisonnables,
mesmes par emprisonnement de personnes et amandes, tous les habitans de la dite
ville, refusans ou délayans, à faire la dite garde, selon leur tour et rang. De
ce faire vous avons donné et donnons plain pouvoir, autorité, commission et
mandemens, par ces présentes, car tel est le plaisir du roy, mon dict seigneur
et maistre, en tesmoing de quoy avons signé ces présentes de nostre main.
Donné, à
Bragerac, le IVme jour de may 1581.
Henry.
Par le
roy de Navarre gouverneur et lieutenant général sus dit.
Depedeschaux.
»
26
Juillet 1581
Lettres
adressées, par divers, aux syndic et consuls de Bergerac, après la prise de
Périgueux, par les catholiques.
Lse
M. N° 82.
«
Messieurs les syndic et consuls de la ville de Bergerac,
Messieurs,
je vous remercie très humblement de ce qu'il vous a pleu nous escripre, et
p. 46
du soin
qu'aves de nous. En melheure occasion, ne pourriez vous faire paroistre vostre
amitié, bonté et piété, envers personnes mieux qu'envers une infinité de
fugitifs, lesquels ont quasi miraculeusement eschapé le tranchant du couteau?
De vous descrire la fasson, ce seroit chose trop longue, et qui ne se pourroit
despeindre avec une rame de papier. Nous espérons, aussi, vous envoyer,
bientost, un de nos concitoyens, qui vous instruira de tout. Vous cognoistres,
alhors, clairement, dont provient la faute; car, quoi que l'on veuille
desguiser la vérité, se trouvera que nous sommes perdus par la négligence de
nos chefs, lesquels ont méprisés les advertissemens, et, par ce moyen, réduit
la pauvre esglise de Périgueux, en un très lamentable estat, car la plus part
sont aujourd'hui prisonniers, et fort mal traités, les autres sont massacrés,
comme M. Vigoureux, advocat du roy, les autres, tous an chemise, blessés et
fugitifs par les chemins, où les païsans les poursuivent à la batue. Dieu soit
loué de tout! Je ne saurai vous en représenter davantage, sans les larmes, ni
sans vous supplier de nous estre aydants, d'avertir le roy de Navarre, tant des
innocens, que des misérables traittemens que nous recevons, principalement ceux
qui sont entre leurs mains, afin qu'il plaise à Sa Majesté d'envoyer un
gentilhomme d'honneur et de respect, vers M. le séneschal de Montardit, qui est
celui, qui commande
p. 47
aujourd'hui
à Périgueux, affin de faire taire la voix lamentable des femmes, tant pour la
considération des personnes que des biens. Cela sera bien fait, si vaut-il
myeux, Messieurs, l'entreprendre tôt que pas. L'excuse des exécuteurs nés
autre, si non que de dire, que ce ne sont les habitans, qui sont rentrés dedans
leurs maisons, là où ils ont libre accès, et que, pour cella, nous ne sommes
point à la guerre, et que les remontrances, qui leur seront faittes, serviront
de quelque chose pour le soulagement des pauvres affligés; lesquels, Messieurs,
ont recours à vous, et vous supplions très humblement nous entretenir vos
graces; Dieu vous restribuera ce bienfait et je le supplie de vous tenir,
Messieurs,
en parfaite santé, très longue et très heureuse.
Vostre
très humble serviteur,
Jean.
Messieurs,
nous vous supplions que nostre exemple vous fasse peur.
Juillet
1581. »
Lettre
adressée aux consuls par les réfugiés.
« 1er
août 1581.
Nous vous
avons, ses jours passés, escript et supplier, très humblement, que si
l'occasion se presentoit, d'advertyr le roy de Navarre, des
p. 48
extrêmes
calamités où sont réduitz les pauvres habitans de Périgueux, estant de la
religion, qu'il vous plaise de le faire; car, après leur plus grand malheur,
qui est la dissipation entière de leur esglise, ceux qui sont demeurés enfermés
dans les murailhes, sont prisonniers, mal traittés, pour en extorquer ransson,
après avoir souffert parelhe condition de ravage et pillage de tous leurs
biens, que ceux qui ont reschapé leurs biens, les uns ont esté thués aux
champs, les autres y sont aussi blessés, détenus, prisonniers en divers
endroits, ne plus ne moins qu'au temps de cruele guerre. Brief, Messieurs, ceux
de la religion, en ce quartier, y sont si mal traittés, et en leur personne et
en leurs biens, qu'ils ne savent plus que faire, ne que dire; et, sans la
faveur de trois maisons de gentilshommes de la religion, ils seroient tous
exposés à la rage de nos ennemis, mesmes des païsans qui sont assemblés de
toutes parts. Nous vous supplions que cela vous touche le cueur, pour nous ayder
de vos remonstrances et sollicitations; d'en demander justice, veu la
contrevantion manifeste de l'édict de pacification. Nous vous envoyons aussi la
coppie de l'exécution de la reprinse de Périgueux, laquelle, ung gentilhomme de
ce païs, nous a promis d'envoyer au roy de Navarre, affin que vous cognoissies
avec luy, et tous ceux des esglises de France, avec vous, combien nous sommes
innocents d'une si détestable
p. 49
entreprise
et exécution, qui ne doit être imputée que sur l'insuffisance de ceux qui avait
la ville en garde, lesquels tant qu'ils ont fait l'office de cappitaines, s'en
sont bien acquittés; mais, deslhors qu'ils ont voulu faire le gouverneur, ils
ont tout perdu. Dieu, par sa miséricorde, veuilhe réparer leurs fautes, et vous
veuilhe prandre,
Messieurs,
en sa très sainte et digne garde, et nous maintenir vos bonnes graces.
De La
Faill... ce premier d'aoust 1581.
Vos très
humbles et affectionnés serviteurs,
Les
reffugiés. »
Messieurs,
nous vous supplions de croire ce qui est porté par escrit. »
Lettre du
roi de Navarre
« 2 août
1581.
Messieurs
les consuls,
Voyant
que les cappitaines et soldats, qui estoient establis par le roy, mon seigneur,
et suivant l'édict de paciffication en la ville de Périgueux, à la surprinse de
laquelle ils ont esté contrainctz de se sauver, sont maintenant privés de leur
demeure, et les fault faire tenir en certain lieu, en attendant leur
restablissement, ou qu'aultrement en ayt esté ordonné, par le roy mon seigneur;
je leur ay, pour ceste occasion, permis de s'aller loger à l'entour et aux
p. 50
environs
de Périgueux. A ceste cause, je vous ay bien voullu escripre la présente, pour
vous prier d'adviser le lieu où ils se pourront commodément loger, et y vivre,
avec la moindre foullée, et au plus grand soulagement que faire se pourra,
comme je leur ay ordonné de ce faire, et m'asseurant que vous y employerez, et
ferez, en cella, toute la faveur dont ils auront besoing, ne vous la feray plus
longue, pour prier Dieu,
Messieurs
les consuls, vous avoir en sa saincte garde.
Nérac ce
IIme jour d'aoust 1581.
Vostre
bien bon amy,
Henry. »
Au bas de
cette lettre, il est dit que la ville a fourni à ces soldats, cinquante livres
de poudre, pour leur permettre de tenir les champs.
Lettre adressée
par M. de Mérins, à M. Bordat ministre de la parole de Dieu.
«
Monsieur,
Ce soir,
j'ay esté adverti que l'on a entendu, à Périgueux, qu'on menasse fort vostre
ville. Mesmes l'on disoit que la première entreprise a esté descouverte; mays
il y en a une aultre, qui s'exécutera bientost. Je prie Dieu vouloir rompre
leurs mauvais desseins, et vous assister;
p. 51
je
désirerais bien estre si heureux, que, par mon advertissement, leurs mauvais
desseins soyent rompus. Je suys au service de Messieurs de Bergerac, et vous
particulièrement; par ce, vous feres tout estat de moy, saluant vos bonnes
graces de tous mes plus humbles recommandations, priant Dieu
Messieurs,
vous donner, en sancté, heureuse et longue vie.
De La
Fouilhade ce 6 aoust 1581.
Vostre
obéissant a vous faire service,
De
Mérins. »
Lettre du
roi de Navarre
« 10 août
1531.
Messieurs
les consuls,
J'ay esté
bien aise d'entendre vostre bonne volonté et affection, à la conservation de
vostre ville, et que vous ayez l'oeilh ouvert, à vous garder des trahisons qui
sont aujourd'hui par trop fréquentes parmi les notres. Celle qui a esté commise
à Périgueux, est fort réprouvée et condempnée, par le roy mon seigneur, duquel
j'ay, aujourd'huy, receu lettre, du premier de ce mois, par laquelle il m'asseure,
qu'il en faira fère justice rigoureuse, pour montrer combien il désire fère
exactement observer son édict de pacification, pour lequel il me mande qu'il
p. 52
envoyera,
de par de ça, les sieurs de Matignon et de Bellievre, et les faira partir le
douziesme de ce mois, dont je suis bien ayse, tant je désire voir la paix bien
establye, estant délibéré d'attendre ce bien en toute patience, à laquelle je
vous prie aussy de vous disposer, sans souffrir et consentir qu'il se remeue
rien, de delà, au préjudice d'icelle, espérant que Dieu vous en donnera une
heureuse yssue, comme je le supplye de vous avoir,
Messieurs
les consuls, en sa saincte garde,
De Nérac
ce Xme jour d'aoust 1581.
Vostre
bien affectionné amy,
Henry. »
Lettre de
Madame de Salignac à Madame des Bories. Bte Q. Lse 31.
« Madame
ma cousine,
L'aise
que je voy que recevez, de la prospérité de mes enfans, m'augmente,
merveilleusement, les obligations, que je vous ay, et le désir qu'ay, de vous
fère humble service de quoy, eux et moy, ne nous espargnerons jamais, avec
l'aide de Dieu. Les particularités qu'avons entendu, par M. de Bourzolles, ne
sont autres que ce qu'il nous a escrit, ne sachant les prisonniers, fors qu'il
dit qu'un valet de chambre du roy dit, que Monsieur et les Estats de Flandres,
faisoient
p. 53
estat de
payer la rançon des prisonniers, et que la royne, mère du Roy, se délibéroit
d'employer tout son crédit, pour, bientost, fère sortir M. de Turenne. Mais,
pour vous dire chose plus certaine, nous receusmes, hier, lettres de mon fils
aisné, qui nous mande que M. de Turenne, estant commandé de Monsieur, d'aller
donner dans Cambray, print 70 gentilshommes avec luy, qui rencontrèrent 200
lanciers, qu'ilz ouvrirent et escartèrent, et passant outre, et à 500 pas de
Cambray, en trouvèrent 400 qu'ilz combatirent merveilleusement, et, sans le
cheval de M. de Turenne, qui fut tué, ils faisoient la plus belle chose qu'il
est possible; lors il fut pris et MM. de Neufvic, de Chouppes, de La Villatte
et de Lussas sans qu'il fut blessé grace à Dieu. Le jeune Tursac fut blessé,
et, depuis, mort, en la ville de Cambray; Chaussenegeon y est blessé; mais,
hors de danger; pour les autres qui estoient allés avec M. de Turenne,
reschappez. Mon dit filz se remet au capitaine Maison-Blanche, à nous
particulariser plus amplement. Il mande que M. de Turenne, et ceux qui sont
prisonniers avec luy, sont entre les mains du prince de Parme, qui a asseuré à
M. de Bellieure qu'il feroit, à M. de Turenne, toutes les courtoisies qu'il seroit
possible, et le traiteroit comme son frère, et les mettroit tous à rançon. Sans
ce malheur, l'expédition de son altesse avoit esté avec un tel heur, que ses
ennemis
p. 54
s'estoient
retirés à sa veue, de sorte qu'il est entré dans Cambray, sans coup férir, avec
la plus grand joye du peuple, qu'il se peut penser. Nous n'avons point veu
Maison-Blanche, à cause qu'il est malade, mais il a asseuré M. de Salaignac,
que des lors qu'il pourra monter à cheval, il le viendra voir. Je vous
escriray, un jour de ceste sepmaine, tout ce que j'auray apris, par un de nos
gens qu'envoyons à ma fille de Barbezières, craignant qu'elle aye receu les
premières nouvelles, pour la resjouyr de ce qu'il a pleu à Dieu nous préserver
ces trois; c'est bien miraculeusement à ce qu'il fait entendre. Je supplie le
seigneur qu'il nous face la grace, et à eux, de le scavoir recognoistre à son
honneur et gloire. M. de la Voûte et de La Feuillade, et quatre autres
gentilshommes de sa troupe, sont prisonniers, mais il ne me mande point entre
les mains de qui ilz sont.
Madame ma
cousine, vous me commanderez,
Escript
de Salaignac ce 4 septembre 1581.
V. P. de
Salaignac. »
Lettre de
M. de Fayard, 15 septembre 1581. (Bte Q. Lse 31.)
«
Messieurs, suyvant la charge qu'il vous a pleu me bailler, je présente, au roy
de Navarre, vos lettres, lesquelles ayant esté leues
p. 55
par sa
Majesté, fust dict qu'il falloit fère bonne garde attandant l'arrivée de
nosseigneurs de Matignon et de Bellieure, qu'on spére estre sur l'assurence,
que le roy en baille par ses lettres, dans le vingtiesme du présent moys, pour
estre faict justice de la prinse de Périgueux, au contentement du dit seigneur
roy de Navarre. Les nouvelles de deçà sont que les affaires de Flandres
succèdent au souhait de monseigneur, lequel on tache de marier avec la fille du
roy d'Espaigne, ou avec la fille du duc de Lorraine, et ce, pour le désarmer, à
quoy toutesfoys il ne veult entendre. L'armée de M. le duc du Mayne s'achemine
du cousté de Languedoc, soubz couleur de vouloir attaquer, par ces quartiers
là, l'Espaignol; mais l'on craint que soit à aultres fins; l'on dit que les
sieurs de Lesdiguières et de Blaccon auroient esté gaignés par le dit sieur du
Mayne. Le roy de Navarre despêcha, dés hier, ung courrier, pour faire advancer
MM. de Matignon et de Bellieure, lesquelz, si tiennent une moitié de leurs
promesses, comme j'ay entendu, réparation sera faicte du faict de Périgueux à
future mémoire, pour lequel faict et poursuyte d'icelluy, je demeureré, par
deçà, à mon possible: et, de ce que j'aprendré, vous en escriré, par les
premiers que trouveré, allant par delà; et, tout ce qu'il vous plaira me
commander, vous serviré d'aussi bon coeur que prie Dieu,
p. 56
Messieurs,
en santé, vous donner longue et heureuse vie.
Vostre
très humble et affectionné serviteur,
Fayard.
Le
dernier courrier qui est arrivé en ceste cour, assure la délivrance de M. de
Turenne, et que pour luy et autres deux, monseigneur en a baillé quatorze, et
les autres de sa troupe ont esté aussi délivrés ung pour l'ung.
De Nérac
ce XV septembre 1581. »
Lettre du
roi de Navarre.
«
Messieurs les consuls, s'en retournant de par delà, Fayard présent porteur, il
vous dira les instantes poursuites que j'ay faict, par plusieurs despêches, au
roy mon seigneur, pour Périgueux, et les asseurances que sa Majesté me donne,
d'y pourvoir, par l'ordre de Matignon et de Bellieure; et, pour ce qu'ils se
doibvent rendre, au vingtiesme de ce mois, à Bourdeaulx, il est de besoing de
patienter, jusques à leur venue. Cependant je suis d'advis, tant pour les
apparentes actions, et les desportemens que nos adversaires tesmoignent en
plusieurs et divers endroicts, contre nous, qu'avec les doubtes et deffiances
que vous avez des circonvoysins, et d'aulcuns perfides qu'ils ont parmy vous,
vous preniez soigneusement garde à vostre conservation,
p. 57
pour
éviter le malheur et inconvéniant dont vous estes menacés, sans toutesfoys
attanter aulcune choses qui vous puisse estre imputée, à contrevention de
l'édict, ainsi que j'ay donné charge au dict Fayard, de vous faire plus
emplement entendre; sur lequel me remettant, prieray Dieu MM. les consuls, vous
avoir en sa saincte garde.
Nérac le
16me jour de septembre 1581.
Vostre
bien affectionné amy,
Henry. »
Les
consuls de Sainte-Foy, aux consuls de Bergerac.
«
Messieurs,
Nous
avons receu la vostre, et, veu ce qui est contenu au billet, Nous avons envoyé
ce matin vos lettres à Castilhon, et Qusat. Nous nous employerons, pour vous,
en tout ce qui sera de nostre pouvoir, et pour les advertissements que nous avons,
si fréquents, tous les jours, nous sommes délibérés de mestre, dans nostre
ville, cinquante arquebuziers, de nos amys et voisins, en attendant qu'il
plaize à Dieu nous soulager de ces malheurs, qui tant nous travailhent, où nous
prions Dieu,
Messieurs,
vous avoir en sa saincte garde.
De Ste
Foy ce 21 septembre 1581.
p. 58
Vos
voysins et très affectionnés, à vous servir,
Les
consuls de Ste Foy. »
Outre les
lettres ci-dessus, les consuls reçurent encore les avertissements dont nous
donnons ci-dessous copie. On y voit une promesse de secours des habitants
d'Issigeac.
«
Messieurs, il est tout asuré qu'il hi a plus de sinc sens chevaus d'assemblés,
pour exécuter, avec, une entreprinse; e, se doit fere, sete nuit. Lon se doute
que se est Bragerac. Je vous suplie les avertir, e crénies que sela et trop
sertein, car toutes les forses du cors y sont; vous i penseres, sil vous plet,
e prie Dieu vous tenir en sa garde
Croies
quil se doit exécuter sete nuit.
(sans
date et sans signature.)
« Messieurs,
nous avons veu celle que nous avez escripte par ce porteur, et, pour vous
assurer de ce que vous pouvez faire estat de nous, c'est que M. de Beuvron a
promis quil se rendra, devers vous, au besoin, Dieu aydant, avec huit cuyrasses
et quarante arquebuzes.
Messieurs,
que nous prions le Seigneur Dieu, qu'il vous veuille maintenir en sa garde,
D'Issigeac
ce 20 septembre.
Vos bons,
fidèles et amys, pour vous servir,
Lafon (et
deux signatures illisibles). »
p. 59
«
Messieurs, je vous envoie des avertissemens, que lon ma envoyé; je vous fuse
allé trouver, ne esté que nos voysins de Castilhonès hont leur ville toute
plene destrangés, et nous nous craignons. Je né volu falir à vous avertir. Je
suis tout prest, quant orez à fère de moy. Prenez vous bien garde, car jé peur
que le coup est sur vous.
« Vostre
bon et fidelle amy à vous servir,
A.
Sainct-Martin.
Jé promis
ung teston au porteur, contentés le. »
«
Messieurs,
«
J'envoie ce porteur expressement vers vous, pour vous advertir, que, pour
certain, il y a deulx hommes, dans Bergerac, qui sortent, de deux jours l'ung,
et vont à Montréal; par ainsin, il est besoing de prendre garde à ceulx qui
vont et viennent, et sera bon, aussi, de les cognoistre, l'on me la aseuré,
pour certain. Oultre, j'ay esté adverti, à jour failli... l'on pence emporter
la ville, à nuict. Par ainsin vous aviserez, si les pourrés advertir; surtout,
il faut prendre garde à la Maladrerie (1) et, quant
(1)
La Maladrerie près la route de Pombonne, au lieu dit le Pont de Lapeyre.
p. 60
vous
sortires pour vendanger; et, que l'on ne sorte, tant de gens, qu'on ne sache
bien qui demeure. Dieu soit avec vous, et vous ait tous en sa garde; de vous
aussi, je vouldroit scavoir ung mot, pour mettre au bout de mes craintes. »
Dans les
Chroniques de Tarde, p. 280, on lit: « La ville de Périgueux, qui estoit encore
possédée par les religionnaires, à cause que par l'édict de paix, de l'an 1576,
elle leur avoit esté réservée, est reprinse par les habitans catholiques,
lesquelz en chassent la garnison religionnaire, se remettent dans leur bien et
y restablissent la religion catholique et le siège présidial. »
A son
tour le père Dupuy, dans son Estat de l'église du Périgord, parlant de la prise
de Périgueux par les catholiques, s'exprime ainsi: « Enfin Dieu voulut se
servir de ce personnage (1) Pour promettre aux catholiques la remise de leur
ville, après six ans de bannissement
(1)
F. Bord; avait étudié sous Maldonat; fut chanoine de St-Front en 1576, entra
ensuite dans la compagnie de Jésus et revint prêcher cette année à Périgueux. -
P. Dupuy.
p. 61
et
esclavage tyrannique, car desja les sieurs de Montardy et des Fieux rallient,
dans le chasteau l'Evesque et ailleurs, les habitans dispersez par les
campagne, desseignent la reprinse de leur ville le vingt sixiesme juillet, l'an
1581, espiant l'occasion de l'absence du sieur de Vivans; et que, suivant
l'ordonnance du roy de Navarre, le fort n'estoit gardé que par les habitans de
la prétendue religion etc.
Ainsi le
jour assigné, les catholiques s'estant blottis dans les ruines d'une grange
appartenant à l'hostelerie Saincte Catherine, près des murailles, se saisissent
heureusement de la porte du fort, baillent l'espouvante et la chasse à
l'huguenot; et, forçant la résistance des ennemis, demeurent maistres de la
ville, etc., etc. »
Lettre du
roi de Navarre, 5 Février 1582
«
Messieurs les consulz, dautant qu'à l'occasion des mauvais chemins, je ne puys,
en allant à Coutras, passer par voz quartiers, comme je pensoys, j'ay advisé de
prendre ung aultre meilleur chemin, et vous ay bien voulu escrire la présente,
affin que vous advisiez bien à vostre seureté et conservation sans entreprendre
chose qui puisse altérer le repos publicq, gardant inviolablement la paix et
m'advertissant, à toutes occasions, de ce qui surviendra, en
quoy
m'asseureroit que ferez tout devoir. Je ne vous feray plus longue lettre, sinon
pour prier Dieu,
Messieurs
les consulz, vous tenir en sa garde.
De Nérac
ce Ve février 1581.
Vostre
bien bon amy.
Henry. »
1582
Dépenses
faites par le ministre Bordat et M. de La Rivière, pour aller à Coutras voir le
roi de Navarre et le prince de Condé:
Le
septièsme jour de febvrier 1582, M. de Bordat et moy, sommes partys de ceste
ville, pour aller devers le roy de Navarre et Monsieur le prince de Condé, et
nous avons despendu ce qui sensuit:
Et
premièrement, le mercredy au soir, allasmes
p. 63
coucher
au Bourg de Brey (1) et despendimes pour le soupper XL sols.
Et
baillasmes, au vallet de table, ou à la chambarière, II sols.
Et le
lendemain jeudy, VIIIme du dict moys, au passaige de Lartigue, avons
payé XII deniers.
Plus, le
dict jour mesmes, allames trouver M. de Guogoulsaud desputé de La Rochelle, à
Saincte Foy; là, où nous déjeunames, et baillé deux mesures d'avoyne, en
attendant les desputés de Saincte Foy; ay payé XII sols.
Plus, ay
payé au passaige du pont de Saincte Foy, XII deniers.
Plus,
serions allé à Castillon, et aurions demeuré tout le dict jour, en attendant
nouvelles du roy de Navarre, et auroyent payé, tant pour la disnée, que
souppée, au dict Castillon, III livres X sols.
Et au
vallet de table, XII deniers.
Et le
vendredy matin, neuf du dict moys, partismes du dict lieu et allames à Coutras;
pour passer l'eau, ay payé XII deniers.
Et, pour la
disnée du vendredy, nous payasmes
(1)
Bourg d'Abren, village situé sur la route de Bergerac au Fleix à 9 kil. de
Bergerac. Trois des établissements John Bost, destinés aux enfants idiots ou
épileptiques, se trouvent dans ce village, ce sont: Siloé, Béthel et la
Compassion.
p. 64
rien,
pour ce que les députés de la Rochelle nous invitairent à disner, et nous ont
logés, et nous avons rien despendu, nous, ni nos chevaulx.
Plus,
pour la souppée du vendredy, aurions payé, à Coutras XXII sols.
Plus,
pour le passage de Leyte, aurions payé, XII deniers.
Plus,
pour la souppée du dict jour, ay payé, à Castillon, XLIV sols.
Plus, au
vallet et chambarière, II sols.
Et le
dimanche, onze du dict moys, allasmes disner à Saincte Foy, et despendimes,
XXIV sols.
Et, au garson
de table, XII deniers.
Et au
passaige de Saincte Foy ou Lartigue, ay payé II sols.
Somme
tout, XIII livres VI sols.
J'ay
receu la dicte somme du consul Guy, pour faire ce voyage, et, par ce quest vray
ay signé la présente, à Bergerac les jour, mois et an que dessus.
A la
suite de cette visite, la lettre suivante fut adressée à Messieurs les
officiers et consuls de la ville de Bergerac :
«
Messieurs, je ne peulx assez à mon gré vous remercyer de vostre bonne affection
envers moy, mais je suis résolu d'y rendre tousjours la mienne, en vostre
endroit, si conforme, qu'elle servira pour acquicter l'obligation que je vous
p. 65
en ay
très grande, et de l'honneur que j'ai receu par la Visitation de MM. vos
députés, à la créance desquels je ne veulx faire ce tort, que de rendre
responce aultrement que de bouche, à ce qu'ils m'ont dict de vostre part;
seullement je vous priray de croire, que je ne mantqueray jamais, espérant que
Dieu m'en fera la grace, ne au service, en général, de ses esglises, ne,
particulièrement, au soing de vostre bien et repos, ainsi que vos dicts
dépputés pourront le vous asseurer, en mon nom, sur lesquels m'en remettant, je
n'adjouxteray plus à ma lettre, sinon une prière à Dieu, après mestre
affectionnément recommandé à vos bonnes graces, et sainctes prières, qu'il vous
tienne continuellement,
Messieurs,
en sa très saincte et très digne
Escript à
Coutras ce XIme jour de febvrier 1582.
Vostre
plus affectionné amy,
Henri de
Bourbon. »
(Lettre
du même, 18 mars 1582) Bte Q. Lse 31.
« Messieurs
les consuls; m'estant acheminé en ceste ville de Sainct Méxan, pour avoir ce
bien, de conférer avec la royne, mère du roy mon seigneur, je vous ay voulu
advertir, de la
p. 66
ferme
résolution que j'ay prinse, de ne passer plus oultre, bien qu'elle eust désiré,
à ce qu'elle m'a escrit, que j'eusse donné jusques à Champigny, en la maison de
mon oncle M. de Montpancier. J'ay envoyé vers elle, le seigr de
Lésignan, pour luy fère mes excuses, de ce que je ne puis aller sy avant, ayant
une si belle et grande troupe de noblesse près de moy, avec mon oncle M. de
Rohan, et mon cousin M. le comte de Laroche-Foucault. J'espère que sa majesté
me fera ceste faveur, si sa santé le peult permectre, de venir jusques icy, et
que notre entretien, apportera beaucoup de fruict, à l'entier establissement de
la paix, au préjudice de laquelle je vous prie tenir la main, qu'il ne soit
rien atanté, aux envyrons de vous, avoir soing de vostre conservation, me
donner advis de ce qui pourroit survenir, important le service du roy, mon
seigneur, le bien de ses subjectz, et vostre particulière seurté, et fère
toujours estat de la bonne volonté de celuy qui prye le créateur,
Messieurs
les consuls, vous avoir en sa garde.
De Sainct
Méxan ce XVIIIme mars 1582.
Vostre
bien asseuré amy,
Henry. »
« Fetes
tenyr la lettre que j'écry au Sr Le Campanyac. »
p. 67
A la
suite du refus du roi de Navarre, d'aller trouver la reine Mère, les consuls
reçurent le billet ci-dessous:
«
Messieurs,
De tant
qu'il court bruit soupsoneux, à cause que le roy de Navarre s'est retiré de
Senmesan (St-Maixent), sans vouloir aller parler à la Royne mère, et plusieurs
présupozent, à cause de ce, qu'il i aura quelque remuement, ce que je ne puis
croyre; toutesfois, s'il i avoit quelque chose de mauvés, vous prie m'en
advizer, le plus diligemment que pourrés, affin que je puisse pourvoir aux
afferes; et, si j'entens quelque autre chose, je vous le feré entendre. Je ne
puis croire, de ce prévoyant, que les choses ne tendent à ce point. »
(Sans
date et sans signature.)
(Réponse
du roi de Navarre aux consuls)
« A
Messieurs de la ville de Bergerac,
Messieurs,
j'ay receu vos lettres et advis que me donnez, suyvant lesquels je prendray
soigneusement garde que nos ennemys n'exécutent aulcuns entreprince sur nous,
comme il leur seroyt malaysé, sans grand hazard, estant en lieu et en sy bonne
compaignie, que, moyennant la grace de Dieu, ils y recouvreroyen de la
p. 68
honte. Je
ne méprise aucun advertissement, et me ferez plaisir de continuer ceux que vous
trouverez certains; et, quand à vos articles, je me remettray à la responce que
j'ay faicte sur chacun d'iceulx; pour prier Dieu,
Messieurs
vous avoir en sa garde.
De
St-Méxan le XXIVme jour de mars 1582.
Vostre
bien bon amy,
Henry. »
Lettre des
consuls de Sainte-Foy. - Affaire de Monségur (1).
«
Messieurs, nous avons receu la votre, et suivant icelle, à nous faire à vos
volontés, d'envoyer M. Bordas à Sainct Jehan, pour ce que M. de Campaignac, à
cause de sa maladie, n'a voulu accepter la charge, nous vous ferons, demain,
réponse du dict affaire. Quant à Montségur, il y avoit un traitre, qui avoit
promys de rendre les tours, entre les mains des papistes, qui se promenoient
dedans la ville, et, comme il le pouvoit faire assurément, il y fut temps;
c'est que ceulx de la ville, sachant l'entreprinse, secrètement se myrent dans
la tour, après en avoir fait sortir ceulx qui estoient dedans, hormys ung, qui
y lessarent, pour garder la porte, et comme ils
(1)
Chef-lieu de canton de la Gironde.
p. 69
estaient
au presche, pour ce que c'estoit l'heure assignée, le traitre les invita à
desjuner, ches ung nommé Carrière, et comme ils desjeunoyent, le traitre di: «
Je m'en vais voir à porter à desjeuner, à celuy qui garde; et, en ce faisant,
il en emmène trois ou quatre papistes, avec luy; et lors, ceulx qui estoient
dedans, de ceulx de la ville, les prindrent et leur firent promettre de faire
tout ce qu'ils voudroyent, ce qu'ils promyrent fere, pensant estre tués sur le
champ. Ils commencèrent allors, faisant semblant que c'estoyent les papistes,
qui estoyent les mestres dedans, et tirant arquebuzades contre ceulx de la
ville; et, ceulx qui pensoient que c'estoit contre eux, sans toutefoys qu'il y
eust de... (papistes) dedans, pensant, parce moyen, altyrer l'embusquade qui
estoit un peu loyng de là; mais il n'y vint que dix ou douze soldats, ou
païsans, qui fusrent tués par ceulx qui si trouvoient.
Priant
Dieu Messieurs qu'yl vous ayt en sancté, longue et heureuse vie.
De
Saincte Foy ce 8 juing 1582.
Vos bons
affectionnés amys et voisins,
F.
Bernard,
consul,
au nom de tous. »
Lettre du
roi de Navarre au capitaine Guy,
possesseur
du fief de Lamouline (1) retrouvée par M. Monteil père, et que nous donnons à
titre de curiosité. {Bergerac et son arrondissement. J. du Lac.)
« Mon
cher capitaine,
« J'irai
coucher chez vous vendredi soir, et a vous me ferez manger un ragoût de pois.
Votre
ami,
Henry. »
1584-1585
La
première jurade portant la date du 26 juillet est relative à la nomination du
syndic et du boursier ou receveur.
Pareilhement
ont remonstré, qu'à raison des
(1)
La Mouline est une propriété située à environ 3 kilomètres de Bergerac, tout
près du château de la Beaume.
p. 71
guerres
et dangiers, desquels les habitants de ceste ville ont esté et sont encore
menassés, on a estably une garde, en la dicte ville, soubz l'autorité du roy,
qui a esté continuée jusques à présant; et, pour ce, les chefs ont, aussy,
requis leur estre faict déclaration, s'ilz feront continuer la dicte garde, et
qu'elles peynes payeront ceulx qui défaudront à icelle. Tous ensemble ont esté
d'advis, que les gardes des portes de la ville se continuent, et qu'on exécute,
jusques à vingt sols, ceulx qui défailleront.
Aussi,
ont remonstré, que nos anciens prédécesseurs ont acquis, aux habitans de ceste
ville, droict de pouvoir mectre leurs vins dans la ville de Libourne, duquel
droict les dicts habitans, ont jouy jusques à quelques années, qu'on a cessé, à
raison des guerres, et que les juratz de la ville de Libourne ont prins à tels
advantages, qu'ayant le sire Pierre de Supco, lors scindic des marchans, puys,
troys ans en ça, voulant faire mectre du vin dans la dicte ville, il en fust
empesché; et, pour ce que, par ung tel acte, iceulx habitans de Libourne
pourroient intervertir nostre possession, et la prescripre, ont aussy requis,
leur estre donné advis, s'ils doibvent poursuyvre les dicts habitans de
Libourne, et par devant qui, et les moyens pour ce faire. Que ceulx de Libourne
soyent poursuyvis au grand conseil, touchant les sus dict-droitz de la ville,
et non ailleurs, et que pour
p. 72
subvenir
aux grandz fraitz, qu'il y fauldra faire, il soyt faict ung tail, du premier
jour, sur les habitans de la dicte ville, jusques à mile livres, payables à deux
pactes.
Ont aussy
remonstré, que le grand pont de Dordoigne de ceste ville, est de grand ruyne,
de manière que les passans, qui ont contribué à icelluy, se plaignent de ce que
l'argent, qui se lève du pontonnage, qui debvroit estre employé à la reffection
d'icelluy, est employé aux aultres affaires de la dicte ville; et, sur ce, ont
aussi requis MM. de la jurade, d'adviser, s'il seroit bon, que l'afferme
d'icelluy pont, fust faicte, moys pour moys, ou par quartiers, et si l'argent,
qui en proviendra, sera mis entre les mains d'ung des consuls, aultre que le
bourssier, pour estre employé à la réffection d'icelluy pont. Arrêté: que le
pont de Dordoigne soit affermé pour ung an, icelle afferme payable à quatre
pactes, chascun quartier avancé, et que l'argent d'icelle afferme, soys mis
entre les mains de Anthoyne Pinet, consul, pour estre employé à la réparation
du dict pont, et non à d'aultres affaires.
Aussy a
esté arresté, que pour lever les légatz faitz aux pauvres de l'hospital et de
la maladerye de ceste ville, le sire Francoys Planteau, consul, prendra la
peyne de les recepvoir, et en fera registre, ce qu'il a promis faire.
Aussy,
que les dicts sieurs consuls, manderont
p. 73
venir en
ceste ville ung exécuteur de la haulte justice, pour exécuter ce que luy sera
commandé, et empescher que les pourceaulx ne vaguent par la ville, comme ils
font, et luy bailleront tels gages qu'ils aviseront.
Le droit
de boucle, ou attache des bateaux étrangers, fut affermé pour la somme de 32
livres 10 sols.
Le pont,
affermé à Pierre de Supco, pour la somme de cent quinze écus sol.
Le même
Pierre de Supco afferma la pêche des poissons des fossés du tour de la ville,
pour trois années, pour la somme de dix sept livres.
Le droit
prélevé sur tous ceux qui roulent, sur le pont, toutes espèces de denrées et
marchandises, délivré à Volpillac, pour la somme de quarante sept sols.
L'herbe
des fossés, affermée à Pierre de Supco, pour cent sols.
Le droit
de crier le vin par la ville, affermé trois livres, à la condition que le
fermier aura trois personnes capables, pour faire les dites criées, et qu'il ne
prélèvera qu'un liard, pour chacune.
p. 74
Ordonnances diverses
On faict
inhibitions et défence, à toute manière de gens, qu'ils n'ayent à jurer, ne
blasphémer le nom de Dieu, sur peyne de la prison et de dix livres d'amende.
On faict
aussi inhibition et défense, à tous les manans et habitans de la présant ville,
et aultres, d'entrer, ne donner dommage, avecques personne, ne bestail, dans
les vignes, jardins et aultres possessions des dicts habitans, à peyne de dix
livres, moytié au roy et moytié à la ville.
On faict
commandement aux sus dicts habitans de la dicte ville, et chascung en droict
devant ses possessions, de réparer les chemyns, de les curer et tenir de
largeur selon la forme antiene, sur peyne de l'esmande, aplicable au roy et à
la ville.
On faict
aussi commandement aux susdicts habitans de la dicte ville, qu'ils ayent à
gecter et fère vuider les pourceaulx, estans dans la ville; aultrement, à faulte
de ce faire, suyvant le privilège, est permis à chascun des habitans, iceulx
thuer, les trouvant en la rhue, ou ez-maisons des dicts habitans; et quant aulx
pourceaulx, et aultre bestail des dicts habitans,
p. 75
estans en
leur mestayries, est inhibé aux propriétaires de les fere mener paistre dans
les foussés, arrières foussés et ravelins de la dicte ville, à peyne de cinq
sols pour chascune beste, qui y sera trouvée, et seront tenus, les maistres, de
payer pour leurs mestayers, serviteurs et vachers, s'ils non de quoy payer.
On faict,
aussi, commandement aux dicts habitans de la dicte ville, que, chascun, à
l'endroit de sa maison ayent à tenir la rue nette, et oster promptement les
femiers et aultres immondicités d'icelle, et de ne laver, de nuyt ne de jour,
aulx fontaines publicques de la dicte ville, ny du bourg de la Magdalene,
aulcunes trypes, drappeaux et aultres immondicités, sur peyne de dix livres
applicables moytié au roy et moytié à la ville.
Il est
aussy inhibé et défendu, de ne mectre, ne gecter, les pourceaulx morts de
dangiers, ne aultres bestes, dans les ruisseaulx d'autour de la présant ville;
mais, les enterrer, à mesmes peynes que dessus.
Aussy,
l'on faict inhibition et défense aus dicts habitans, de ne gecter aulcunes eaux
salles, sang de bestail, ne aultres ordures et immondicités, par les fenestres,
ne autrement ez rues publicques de la dicte ville et bourg de la Magdalène, à
mesmes peynes que dessus.
p. 76
On faict,
aussy, inhibition et défense aus dicts habitants, qu'ils n'ayent à combler les
foussés de la dicte ville, ne faulx bourgs d'icelle, ny en prandre la terre, ne
iceulx rompre et déformer; aussy, est enjoinct à iceulx habitans, de hoster,
incontinant, et sans délay, les lins et chanvres qui sont dans les ruisseaulx
du Caudaou, le ruisseau de la Pissesaulme, à peyne de dix livres, et de ny en
mectre pour l'avenir, à peyne de confiscation et perdition des dicts lins et
chanvres, et d'amande arbitraire.
On faict
aussy commandement aus dicts habitans de la dicte ville, d'aller en personne à
la garde des portes de la dicte ville, quand ils seront mandez, ou y envoyer
personnes sufizantes, pour ce faire, sur peyne de vingt sols contre chascun qui
défauldra.
Aussy est
inhibé aulx femmes de la dicte ville, de ne bréger aulcuns chanvres ou lins
dans la dicte ville, ny venter aulcuns bledz, ez rhues et portes d'icelle, à
pene de cent sols d'amande.
Est,
aussy, inhibé et défendu, à tous hosteliers et cabaretiers, de ne retirer en
leurs maisons, aulcuns vagabons, bandoliers, ne gens dissolus et incognuez, sur
pene de dix livres d'amande.
Est,
aussy, faict inhibition et défense, aux
p. 77
bouchiers
de la dicte ville, et bourg de la Magdalène, de ne thuer et vendre aulcune
chair, qu'ils n'ayent prester le serment, comme il apartient, à MM. les
consuls, et de vendre bestes, morbeuses, ne viscieuzes, ne mothons que soyent
bien sains, et qu'ils n'ayent à souffler ne enfler les mothons de vent,
avecques la bouche, pour les escorcher, sur peyne d'amande arbitraire, au roy
et à la ville.
On faict
aussy commandement à toutes les pastouresses et pangossières, de la présent
ville, qu'elles ayent à entretenir la ville fournye de pain, et le faire grand,
selon le pris du bled, et qu'elles en facent d'un liard, sur pene de cinquante
solz d'amande, et de couper le pain pour le donner aux pauvres.
Est,
aussy, faict commandement à tous les habitans de la dicte ville et bourg de la
Magdalène, tenir bon et loyal poix, et mesures de pognère, demy pognère,
picotins, cartières, chopines et aultres mesures; et, icelles mesures et poix,
faire régler et marquer, de la marque de la ville, de jour en jour, sur peyne
de dix livres d'amande, aplicables, moytié au roy, et moytié à la ville.
Est faict
inhibition et défense, ausdicts habitans de la présant ville, de ne vendre vin
en taverne, qu'ils n'ayent passé bourgeois d'icelle,
p. 78
sur peyne
de confiscation du dict vin, et de l'amande, et de la prison.
Est aussy
inhibé à toutes personnes, que nul ne soyt si hardi de faire troter les
chevalx, et jumens, ne passer charrette chargée, sur le pont de Dordoigne, à
peyne de dix livres d'amande, applicables moytié au roy et moytié à la ville.
On faict
commandement, à tous ceulx qui portent vendre bled en ceste ville, qu'ils
l'ayent à porter au lieu de Cartière, pour estre, là, vendu, afin que le droit
du roy soyt gardé, à peyne de dix livres d'amande.
Est,
aussy, faict inhibition et défense, à toutes manière de gens, d'achapter oeufs,
fromages, pommes, poires, chastaignes, bledz, advoine et aultres vitualhes,
pour les revendre, jusques à ce que les habitans en soyent pourveuz, à tout le
moings que dix heures du matin ne soyent passées, à pene d'amande arbitraire.
On faict
inhibition et défense aus dicts habitans et aultres, de n'aller, de nuyt, par
la ville, sans feu, sur peyne de l'amande aplicable moytié au roy, et moytié à
la ville.
Les sus
dicts commandemens et inhibitions, ont esté publiés, à son de trompe, par
Charles
p. 79
Vignal,
sergent et trompete de la présant ville, le premier jour d'aoust mil VC
quatre vingt quatre.
«
Valeton, notaire royal et clerc de la dicte ville. »
Inventaire des meubles et immeubles
et la maladerye de ceste ville
Le
sixièsme du moys d'aoust, l'an mil cinq cens quatre vingtz quatre, Francoys
Planteau, consul de ceste ville de Bergerac, s'est transporté dans la
maladrerye de la dicte ville, où estant, a faict mectre, par inventaire, à moy,
notaire royal, et clerc de la dicte ville, soubsigné, les meubles y estans, et
immeubles apartenans à icelle maladerye, exibés et espéciffiez par Thony
Dascruptz, malade, y présant comme cy-après:
Premièrement,
la grand maison, ont y a cinq chambres, dans lesquelles a esté trouvé une table
à prandre les repas, ung banc tournys, plus ung aultre banc, plus deux chalitz
en menuserye; plus, deux aultres chalitz faitz de tables; plus, quatres coytes
fort usées et quatre cuissins; plus, deux couvertes fort usées; plus,
p. 80
huict
linceulx, cinq thoalles, six serviettes demy usées, une broche de fer, deux
landiers de fer, une pale de fer fort usée, une bassine tenant cinq seliaux
d'eau; plus, deux platz d'estaing, quatre escuelles d'estaing; plus, deux potz
de fer, deux culières de fer, une culière de leton, une grilhe de petite
valeur; cinq coffres de boys tors de menusery, et, les aultres, faitz de
tables, fermant à clef; et, au bas de la dicte maison, a esté trouvé dix
barricques vuydes; plus, ung thonneau escollant cinq barricques; plus, doulh
escollant une barricque; plus, ung jardin joignant la dicte maison, dans lequel
y a une fontaine; plus, une pièce de terre, et pré, joignant ensemble, situés
près la dicte maladerye, confrontant au grand chemyn tyrant de ceste ville à
Pontbonon (1), et à la terre de Pierre Poumeau et à la terre de Giron Poumeau,
et au pré de Jehan Labarde, et à la terre de Jehan Brugière l'aisné, et avec
ses aultres confrontans. Plus, une aultre pièce de terre, contenant deux
pognerées, confrontant avec le sus dict jardin, et avec le chemyn tyrant, de
ceste ville, au dict lieu de Ponbonon, et à ung aultre chemyn, tirant du temple
de la dicte Maladerye, au binage de damoyselle Marguerite de Doublet, et à la
terre de sieur Jehan de Belriou.
(1)
Pombonne, village situé au Nord de Bergerac et à 3 kilomètres environ.
p. 81
Plus, une
pièce de vigne contenant troys meilhades, size au tènement de Rouzetes,
laquelle se confronte au chemyn public, tyrant du dict lieu de Rouzete, à la
maison d'Anfern, et avec la vigne de Johannot de Passier, et à la vigne des
hoirs du sieur Jehan Malhetard.
Plus,
troys journaulx de vigne, situés au ténement de la Cosne, lesquelz se
confrontent aux vignes de Regard et de Pojols; et, a dit le dict Thony
Dascruptz, qu'il ne scait aultres meubles, ne immeubles, que pussent apartenir
à la dicte Maladerye, par serment qu'il a fait,
Signé:
Valeton.
Inventaire des meubles de l'hospital
de ceste ville
Le
douzièsme jour du moys d'août, l'an mil VC quatre vingt quatre,
Francoys Planteau consul de ceste ville de Bergerac, s'est transporté en la
maison de l'hospital de la dicte ville, où estant, a faict mectre, par
inventaire, à moy, notaire royal et clerc, de la dicte ville, soubs signé, les
meubles estans au dict hospital, apartenans aux pauvres, lesquels ont esté
monstrés et exibés, par Jean Fargot hospitalier.
Premièrement,
troys chalitz de tables, garnys chascun d'une coyte de plume, de petite valeur,
et ung cuissin seullement; plus, ung chalit en façon de couchete, sans coyte et
cuissin; plus,
p. 82
une cube
de piarre, pour faire la buhée; plus, deux pyrolz, l'un, tenant douze sceaulx
d'eau, et l'aultre, quatre sceaulx d'eau, gastés et rompus, et de petite
valeur; plus, deux potz de fer, l'un tenant environ ung seau d'eau, et
l'aultre, tenant envyron dix saliers; plus, ung banc tournys; plus, une
padelle; plus, trois saliers d'estaing; une pinte et deux platz d'estaing; une
table, pour tenir les couches; ung poilon de cuyvre; deux culières, ung
chandelier, dix barriquotz, à faire pouldre, restans de dix sept, et le restant
fust bruslé; plus, ung aultre chalit fait de tables; plus, une couverte moyenne
de Tholoin; plus, une aultre couverte de retailhons; plus, ung coffre, fermant
à clef, dans lequel a esté trouvé dix sept linceulx, fort rompus, usés et de
petite valeur; plus, sept linceulx demy usés; plus, sept thoailles (1) fort
usées et de petite valeur; plus sept serviètes fort usées; deux yssuemains de
petite valeur; ung aultre yssuemains, asses bon; une cramalière de fer; ung
vinagrier de terre; deux biarres de boys pour ensepvelir les mortz, l'une
avecques piedz et branqualz, et l'aultre sans piedz; plus deux doladoyres;
plus, une olyvière tenant une livre d'huile; plus, une chaire de menuiserie;
plus, ung molin à fere pouldre, garny de toutes ses
(1)
Nappes.
p. 83
platynes
et pilotins ferrés; et, en la haulte chambre, a esté trouvé troys chalitz,
faitz de tables, avec une coyte seullement, et ung cuissing, chascun ayant sa
couverte, de petite valeur. En la grande chambre, a esté trouvé quatre litz
garnys de coytes et cuissains, et de couvertes, de petite valeur, deux
d'iceulx, garnis de cordela, de cadis bigarré, et deux oreilhiers; plus, deux
tables, pour prandre les repas, avec leurs trateaux; plus, une fenestre. Et
s'est purgé le dict Fargot, ne en y avoir d'aultres, lesquelz sus dicts
meubles, ont esté bailhés au dict Fargot, qui a promis les bien garder.
Signé :
Valeton.
Le 16
août 1584, les consuls désireux de faire confirmer les privilèges de la ville,
écrivent au duc d'Epernon la lettre suivante:
(Bte
7. Lse 32.)
«
Monseigneur,
Nous vous
supplions très humblement, nous excuser, si nous avons prins la hardiesse de
vous escripre, et faire très humble requeste, à ce qu'il vous plaise, de vostre
grace nous vouloir estre aydant, à la confirmation de noz privillèges et
aultres affaires, que nous avons, de pardela, suyvant la prière que le roy de
Navarre vous en a faite, et desmontracion de votre bonne volunté, que nous
avons cogneue, lors de vostre passage en ceste ville, vous demeurant, nous et
les
nostres, très humbles et perpétuelz serviteurs, et priant Dieu,
Monseigneur,
pour vostre prospérité, santé, avecques heureuse et longue vie.
De
Bergerac ce XVIme d'aoust 1584.
Vos très
humbles et très hobéissans subgetz et serviteurs.
Les
scindic et consulz de la ville de Bergerac,
Signé :
Valeton, clerc des consulz. »
1er
Janvier 1585
Et
advenant le premier jour de janvier, an sus dict, mil VC quatre
vingt cinq, Jehanne Castanet, femme de Jehan Fargot, hospitaliers, a receu
vingt quatre aulnes de toile d'estouppes, de sire François Planteau, consul de
la dicte ville, pour faire du linge de main et linceulx, pour les pauvres, et a
dit la dicte Fargot, qu'elle avoit bailhé à MM. Jehan Lange et Jehan Albre,
diacres de l'esglise réformée de ceste ville, scavoir: au dict Albre, deux
linceulx, et au dict Lange, troys, comme a dit aparoir par quitance signée de
leurs mains, qu'elle a dit avoir devers elle.
Et
advenant aussy le XXIme de février, an sus dict, mil VC
quatre vingt quatre, Jehan Baysselance et Jehan Cros, diacres, ont baillé au
dict Jehan Fargot, et à la dicte Jehanne Castanet,
p. 85
hospitalièrs,
huict aulnes de drap blanc, pour faire deux couvertes; plus, sept linceulx,
neufs, d'estouppes, plus troys napes, une neufve, et les aultres usées; plus,
une couverte, de layne bigarrée, de laynes jaulnes, vertes, noir et vert qu'ils
ont prins et receu; ensemble leur ont rendu ung linceul, pour ung, qu'ils
prindrent d'eulx, pour ensepvelir ung nommé Petiton, mary de la Toilhe, qui
mourust à l'hospital; lesquels sus dicts meubles, ils ont prins et receu, et
iceulx ont promis bien garder pour les employer à la nécessité des pauvres.
Et
advenant le dix septiesme de septembre, an sus dict, mil VC quatre
vingt cinq, a esté bailhé au dict Fargot et à la dicte Jehanne Castanet, hospitaliers,
par le dict Planteau, consul, huict serviettes demy usées, une aultre serviette
neufve, et troys yssuie main, demy usés, qu'ils ont prins et receu, et oultre
ce, ont dit avoir receu de Philippe Martin, habitant de ceste ville, diacre,
ung linceul de toiles d'estoupes, neuf, lequel Martin l'avoit auparavant receu
de Jehanne Captal, qui avoit charge de faire la collette des pauvres.
Signé :
Valeton.
Inventaire des meubles appartenans à
la communaulté de ceste ville de Bergerac,
estans dans la maison de M. Jehan
D'Assas,
jadis principal du collège de la
dicte ville.
p. 86
Ce
jourdhuy, second du moys de septembre, l'an mil VC quatre vingt
quatre, après midy, maistre Jehan de Mathieu et Françoys Planteau, consulz de
ceste ville de Bergerac, sont allés au logis de M. Jehan Dassas, ségnieur du
Queylon, jadis principal du collège de ceste ville, pour faire inventaire des
meubles appartenans à la communaulté de la dicte ville, cy-devant baillés au
dict du Queylon, lesquels meubles icelluy du Queylon, présant, a exibez, et
lesquelz sont esté descriptz, comme cy-apres:
Premièrement,
un dressoir faict de menuyserie, ayant des armoires et une tyrète, le tout
fermant en clef.
Plus, une
couchete, faite de menuiserie;
Plus, ung
paire de Landiers, faitz de fonte;
Plus, une
table longue, à prandre les repas, de la longueur de six piedz et demy, de la
largeur de deux grands piedz, avec ses deux tréteaux;
Plus,
deux taboretz, faictz de menuiserye;
Plus, une
chaire de boys de petite valeur;
Plus, ung
banc tournys, ayant ung armoire fermant en clef;
Plus, ung
chalit, faict de tables, garny d'une coyte et d'ung cuissin.
Et s'est,
le dict du Queylon, purgé par serment, n'avoir aultres meubles appartenans à la
communaulté de la dicte ville, et a consenty que les consulz de la dicte ville,
prénent iceulx
p. 87
meubles,
en luy payant dix huict livres que la ville luy doibt comme il dit; et sur ce,
a esté faict acte et procès-verbal, par moy notaire royal et clerc de la dicte
ville soubz signé, pour servir comme il appartiendra.
Signé :
Valeton.
17
Octobre
A esté
remonstré, que par advis de la dernière jurade, il fust arresté et bailler
charge au sire Jehan Eyma, syndic des merchans fréquentans la rivière de
Dordoigne, de faire confirmer nos privilèges, et pour ce faire, le dict Eyma a
fourny cent escuz, lesquels il demande; et, pour n'estre payé, souffre grandz
domages et intérêtz. Il fut arrété, les consuls n'ayant pas d'argent, que, pour
rembourser le dit Eyma, ils emprunteraient pareille somme.
Aussy, ne
sera aulcun des dicts habitans, exempt de faire la garde, chascung à leur rang,
soit catholique, ou de la religion, mais seront contraintz faire la garde, en
personne le jour, et envoyé, la nuyt, homme capable, soubz les peynes
mentionnées aulx précédantes jurades.
A esté
délibéré, par les dicts juratz, que ceulx qui sont consuls à présant et seront
pour l'advenir, ne seront exemptz de payer le droit des pogèses et aultres
subcides de la ville, si ce n'est pendant l'année de leur consulat seullement,
p. 88
qu'est depuis
le jour de la Magdalène, jusques à l'aultre suyvant.
8
Novembre
A esté
remonstré, que à cause de la grand mortalité des beufz, qui a esté ceste année
en la jurisdiction, de ceste ville, comme est encores en plusieurs lieulx,
plusieurs habitans de la dicte ville, n'ont peu faire porter leurs vins en
ceste ville; à raison de quoy, les dicts habitans demandent permission de les
faire entrer après la feste de Sainct Martin, surquoy ont demandé conseil, s'il
leur sera permis. Il fut accordé aux dits réclamants un sursis de dix jours,
moyennant une redevance de douze deniers par barrique.
31
Janvier 1585
Remonstrent
que le maistre des haultes oeuvres est en ceste ville, auquel a esté promis
pour ses gaiges, cent solz, ung jurgot rouge, ung bonnet rouge, unes chausses
rouges, et ung paire de soliers tous les ans; si la jurade ratifie le dict
marché. Accepté par la jurade.
Aujourdhuy,
premier du moys de février, mil cinq cens quatre vingt cinq, envyron l'heure de
troys heures après midy, nous Bertrand Pépin, Jehan Merlan, Ramond Eymier,
Jehan de Mathieu, Anthoine Pinet et Francoys Planteau,
p. 89
scindic
et consuls de la présant ville de Bergerac, suyvant l'advis de la jurade, tenue
le jour de yer, et pour empescher que maistre Jehan de Belriou, bailly de ceste
ville, n'usurpe sur nostre autorité et privilège, comme il sesforce faire, puys
quelques jours en ça, ayant les clef d'icelle porte Malbec, que luy avoient
esté prestées par l'ung de nous, pour faire sortir quelque terre, qu'il tyroit
de sa maison, lesquelles il ne nous a voulu rendre, et les retient devers soy,
contre toute la cousturne ancienne; sommes allés devant la dicte porte de
Malbec, accompagnés de Pierre Merlyn, et Charles Vignal, nos serviteurs et
sergents, et illec estans, avons faict mectre et attacher à la dicte porte, qui
estoit fermée en clef, deux grandes bandes de fer; l'une, sur l'une des
serrures de la petite porte et guischet, et l'aultre, sur les barraux du grand
portail, afin d'empescher que les dictes portes ne soyent ouvertes, si ce n'est
par nostre commandement, ou permission, en attendant que nous ayons fait faire
d'aultres serrures et clefs, pour conserver la possession que nos prédécesseurs
consuls ont observé par temps immémorial, suyvant les privilèges et louables
coustumes de la dicte ville; lesquelles bandes, ont été mises et clouées par
nostre commandement, et en nostre présance, par Guillaume Durand, maistre
serrurier, habitant de la dicte ville, en présance de Jehan Cros et Pierre
Nulharpon, aussy habitans de la
p. 90
dicte
ville; et affin que nos successeurs soyent, à l'avenir, informés de ce que
dessus, nous avons dressé le présent procès verbail, pour servir à la
postérité, lequel nous avons signé de nos mains.
25
Mars
Outre les
consuls et les jurats, les gentilshommes dont les noms suivent assistaient à la
jurade: Armand de Clermont, seigneur de Pilles, Jean d'Escodéca et son frère
Godefroy, Sauliat le Comte, seigneur de Tiregan, et Bertrand de Bérail seigneur
de La Roque. En présance desquels, les dicts sieurs consuls ont remonstré que,
yer, ils reçurent une lettre de M. d'Aubeterre, séneschal de Périgort, qui leur
fust portée par M. des Combes, avec une créance, pour nous tenir sur nos
gardes, et conserver ceste ville en l'obéyssance du roy; et par la dicte créance,
entendre que M. le mareschal de Matignon (1) avoit escript au dict sieur
d'Aubeterre,
(1)
(Jacques, Goyon de) né en 1525, mort en 1597. Se distingua aux sièges de
Montmédy et d'Ivoy; fut fait prisonnier à la bataille de Saint-Quentin, battit
les Anglais devant Falaise, se distingua aux combats de Jarnac et de
Moncontour. Ne fit pas exécuter, dans Alençon et dans Saint-Lô, dont il était
gouverneur, les ordres barbare de Charles IX, lors de la Saint-Barthélémy. Fut
nommé, en 1584, lieutenant général de la Guyenne. Battit à Nérac, en 1588, le
roi de Navarre, qu'il reconnut l'année suivante pour roi de France, à la mort
de Henri III.
p. 91
que le
roy l'avoit adverty qu'il se faisoyt une levée de Malcontans, qui le mectoit en
doubte de sa vye et de son estat, et qu'on dressoyt des compagnies, en ce pays,
mesmes le capitaine Puyférat dressoyt ung régiment, et quelques circonvoisins
en faisoyent de mesmes, et qu'on faisoyt courir ung bruit, que les habitans de
la ville d'Angolesme ne vouloyent poinct recepvoir M. de Bellegarde, et que les
dicts Malcontans debvoient prandre les armes le dernier jour de ce moys; et sur
ce, ont requis leur estre donné conseil pour pourvoir à cest affaire.
Sur quoy,
après lecture faicte de la lettre du dict sieur d'Aubeterre, dattée du XXIIIme
de mars dernier, cy-après incérée, tous les sus nommés, d'une mesme voix, ont
arresté que pour garder et conserves ceste ville, soubz l'obeissance du roy,
comme elle a tousjours esté, il seroit faict cinq corps de garde dans icelle,
et qu'il sera enjoinct aux habitans d'icelle, qui seront commandés la faire (la
garde), de se trouver aux lieulx qui leur seront ordonnés, ou y envoyer homme
capable, qui soyt cogneu et non estrangier, garnys de leurs armes, pour faire
la garde la nuyt, à peine de vingt sols,
p. 92
contre
celluy qui défaudra, et que ceulx qui seront de garde, la nuyt, se trouveront
le matin en personne à l'ouverture des portes, garnys de leurs armes, sans y
envoyer leurs serviteurs, sinon en cas de maladie ou absance; et que ceulx qui ont
boutiques sur la rhue, tiendront leurs armes dans icelles, durant le jour, afin
d'estre pretz au besoin qui se pourroit présenter, pour la conservation de la
ville, et que ceulx qui seront commandés de faire la ronde, la feront en
personne, ou y enverront homme capable et assuré, à peine d'ung escu, contre
celluy qui défaudra, et qu'il sera commandé aux estrangiers, et gens sans
adveu, qui sont en ceste ville, vuyder icelle ville, dans troys jours, à peine
du foyt. Pareilhement, qu'il sera faict visite des armes et pouldres qui sont
en ceste ville, afin d'en faire prandre et achapter à ceulx qui n'en ont
poinct; et suyvant la lettre du dict sieur Séneschal, pour éviter les dangiers
qui pourroient avenir, afin d'ordonner quelque police, consernant la conservation
de la dicte ville, a esté ordonné qu'il sera esleu des personnages de la dicte
ville qui ont esté présentement nommés, scavoir: Symon de Villepontoux, Armand
Vayres, Jehan Lacombe le jeune, Giron Poumeau, Pierre Poumeau, B. de La Rivière
et Mathurin Peyrarède; lesquels avec le conseil des consuls, délibéreront et
arresteront tout ce qu'ils verront estre nécessaire, pour l'effet de la
p. 93
garde de
la dicte ville, soyt pour faire achapter armes aux habitans, pouldres,
alebardes et autres armes, ensemble de ce quils verront estre nécessaire de
édifier ou bastir, à lentour, et ez-environs de la dicte ville, ausquels, avec
les dicts consuls, est donné toute puissance de contraindre les refuzans, par
exécution et vente de leurs biens, meubles, et par prison.
Sensuyt
la lettre du sieur Séneschal.
Messieurs
les consuls,
J'ay bien
voulu vous fère cest escript, pour vous donner advis, que vous ayez à prandre
soigneusement garde à la conservation de vostre ville, afin quil n'en advienne
inconvéniant, et que vostre repos ne soit troublé, et le service du roy altéré;
monsieur des Combes, présant porteur, que j'envoye devers vous, exprès, vous
fera plus particulièrement entendre l'ocasion de son voyage, sur ce subject,
auquel me remétant, je ne vous feray plus long discours, synon pour me
recommander affectueusement à vos bonnes graces, et prier Dieu,
Messieurs
les consuls, qu'il vous donne sa garde.
D'Aubeterre
ce XXIIIme mars 1585.
Signé:
Aubeterre.
Ordonnances
faites suyvant la précédante jurade:
p. 94
De par le
roy,
Il est
faict commandement aux habitans de ceste ville, qui seront commandés pour estre
de garde, de se trouver au lieu qui leur sera ordonné, incontinant après la
retraite sonnée, chascun avec leurs armes, ou y envoyer homme capable qui soit
cogneu et non estrangier, garny de leurs armes, pour faire la garde la nuyt, à
peyne de vingt solz contre celluy qui défaudra.
Aussy est
enjoint aux dicts habitans, qui seront de garde la nuyt, de se trouver en
personne à l'ouverture des portes, chascun en l'endroit où ils doibvent estre
de garde, garny de leurs armes, sans y envoyer facteurs, serviteurs ni aultres,
sinon en cas de maladie ou absance, et n'abandonner la garde sans estre
congédiés de leur caporal, ou surintendant, commis sur les dictes gardes, et ce
à mesmes peynes que dessus.
Aussy,
est faict commandement à tous les dicts habitants, lorsqu'ils seront commandés
de faire la ronde, d'y aller en personne, ou y envoyer homme capable et assuré,
à peyne d'ung escu, contre celluy qui défauldra.
Est enjoinct
à tous habitans de la dicte ville, qui ont bouticque sur rue, de tenir leurs
armes dans leur boutique, durant le jour, afin d'estre plus près, au besoing
qui se pourront présenter, pour la conservation de la ville.
p. 95
Est,
aussy, inhibé à toute manière de gens, de monter ne passer par les ravelins et
bastions, estans autour de ceste ville, à peine de cinq solz contre celluy qui
contreviendra à ceste inhibition, laquelle somme sera employée pour la
réparation des dicts ravelins.
Aussy,
est inhibé à toute manière de gens, de mener ou faire mener aulcun bestail,
gros ne menu, sur les dicts ravelins ne autour d'iceulx; aultrement, est
permis, à ceulx de la garde, de thuer le dict bestail.
Il est
enjoinct à tous estrangiers et gens sans adveu, et desquels les consuls de
ceste ville n'auront bon tesmoignage et atestation, de vuyder la dicte ville
dans troys jours, à peine du foit.
Faict à
Bergerac le XXVIIme de mars, an sus dict.
Délibérations
faites par MM. les consuls de la présant ville, Symon de Villepontoux, Pierre
Poumeau, Giron Poumeau, B. de La Rivière, Mathurin de la Peyrarède, Jehan
Lacombe le jeune, Arnault Vayres, esleuz et commis avec les dits consuls, par
la jurade tenue le XXVme de mars, pour metre ordre aux gardes de
ceste ville, estans assemblés au parquet royal de la dicte ville, le XXVIIme
mars mil VC quatre vingt cinq.
p. 96
Premièrement,
qu'il sera fait cinq corps de garde en la dicte ville, et pour s'attendre à icelles,
Fortou Queilhe sera mandé, pour scavoir qu'on luy donnera.
Qu'il
sera faict visite des pouldres et armes, qui sont en ceste ville, pour en
achapter et fere prandre à ceulx qui n'en ont poinct.
Que les
pièces d'artilherie, qui sont sur les ravelins, seront mises dans la ville pour
les fere acoustré, si besoing est.
Que les
endroitz des ravelins, où l'on passe aysément, seront escarpés, afin qu'on ne
passe plus; et, sera inhibé aulx habitans de ceste ville, de ny mener le
bestail, à peyne d'estre thué.
Quil sera
cryé, demain, à son de trompe, que ceulx qui seront mandés estre de garde sy
trouveront en personne, le jour, sans y envoyer leurs serviteurs ou aultres,
synon en cas de maladie ou absance, ains estre assiduellement à la dicte garde,
et y prandre leurs repas, durant le dict jour, à peine d'ung escu contre
chascun qui défauldra.
Qu'il
sera achapté des mothes de tant, pour tenir le feu, aux corps de garde,
lesquels corps de garde, les dicts consuls et les aultres commis, sus nommez,
visiteront par ranc.
Qu'il
sera advisé s'il y a des troux aux murailhes de la ville, pour les faire
fermer.
Que tous
les matins, doresnavant, à l'heure de sept heures, les dicts sieurs consuls et
les
p. 97
aultres
sus nommés, s'assembleront au présant lieu, pour pourvoir à la garde et
conservation de la dicte ville.
Que le
portal du ravelin de Malbec, sera fermé d'une porte de boys simple, et qu'au
près de la grand porte de Malbec, sera faict ung pont levys, semblable à celuy
de la porte de Cleyrat.
Que la
bonde de Cleyrac sera acoustrée, en toute diligence, pour faire retenir l'eau
dans icelle.
Que le
bathouard de Malbec, sera haussé de murailhe, pour couvrir seulement les
arcabuziers, et les quatre canonyères, basses et haultes, seront fermées.
Que la
murailhe du pont de Ferreboyssou, du cousté de la porte, sera haussée, et dans
icelle se fera troys canonières; laquelle murailhe Jehan Dijios, masson,
présent, à prins à faire, à pris fait, de la largeur de celle qui est
commencée, à la raison de vingt cinq sols pour brasses.
Que le
conduit de l'eau des prés, qui entre dans le foussé de la bonde de Cleyrat,
sera couvert de pierres, ou de gros boys; et, par dessus, aussy, couvert de
terre et gazon, de la haulteur et expesseur des aultres ravelins, et le tout en
diligence.
Fortou
Queilhe s'engage, le même jour, moyennant serment, prêté aux consuls, à
surveiller les corps de garde et les rondes ordonnées,
p. 98
et à
signaler, à qui de droit, ceux qui n'exécuteront pas les ordres donnés.
3
Avril
A esté
arresté, que le dict Planteau, consul, pour la conservation de la ville sous
l'obéyssance du roy, partira, pour Lymeuil, achapter des pouldres, à la charge
que, si, pour ce faire, luy vient domage ou inconvéniant, que la ville le
rellevera, et s'il avance aulcunes sommes d'argent, la ville le rembourssera,
et quil sera faict une liste pour distribuer les dictes pouldres aux habitans
de ceste ville qui n'en auront, lesquels seront contraints de les prandre, par
exécution et emprisonnement et détention de leurs personnes.
Que le maistre
arcabousier de la ville d'Aymet, sera mandé venir en ceste ville, pour forger
des arcabouzes, et mosqueteroux, en le salarisant, et quil sera avisé, si, par
le moyen de quelques vins, on pourra recouvrer des armes de la ville de
Libourne, ou de Bourdeaux, par le moyen de M. de Magneurs, ou de M. de Boysse,
en les payant.
Et pour
payer les sus dictes pouldres, et aultres munition de guerre qui seront
achaptées, sera emprompté mile escus à l'intérêt, payables dans ung an, à la
charge que, vingt ou trente des habitans de la dicte ville, s'obligeront de les
p. 99
payer, à
celluy ou ceulx, qui les presteront, et la ville les en rellevera.
Que le
pont levys, qui se faict à présant, de nouveau, près de la grand porte de Malbec,
sera de la largeur du petit pont levys de la porte Logadoyre, et que, sur les
murs de la ville, près du reloge, sera faict et basty une garite couverte, pour
mectre, dans icelle, la sentinelle et une cloche, pour descuvrir ceulx qui
peulvent venir, tan du costé de Creysse, que du bourg de la Magdalene.
Et quant
aulx habitans de la dicte ville, qui vont dehors, à leurs mestayries, ou
alheurs, portant leurs armes, il leur sera permis de les porter, en les
raportant en ville, les soirs, quant se retyreront; autrement, à faulte de ce
faire, seront exécutés, promptement, ung chascun d'eux, jusques à la valleur
des armes.
3
Avril
Sensuyt
le dénombrement des pouldres, souffre, salpêtre et aultres munitions de guerre,
apartenans à la communaulté de la présant ville, icelluy dénombrement fait par
maistres Ramond Eymier, Jehan de Mathieu, Anthoyne Pynet et Françoys Planteau,
consuls de la dicte ville, suyvant l'advis de la jurade tenue en la dicte ville
le XXVme de mars dernier, à Bergerac
p. 100
le tiers
jour d'apvril., l'an mil VC quatre vingt cinq:
Premièrement,
ches le consul Pinet, a esté trouvé onze grenades, trente neuf fertz de pique,
dix balles de mosquet, et environ deux livres de souffre, qui sont demeurez en
la maison du dict Pinet.
Ches
Arnauld Pinet, deux piques.
De la
maison du dict Planteau, consul, a esté porté, au poix de Maleprade (1), la
pouldre comme sensuyt:
Premièrement,
ung baril de pouldre, pezant quatre vingt sept livres, boys et tout, qui a esté
envoyé chez Jehan Brugière, l'aisné, lequel il a prins et reçu.
Plus, ung
aultre barriquot de pouldre, pesant ung quintal, vingt cinq livres, boys et
tout, qui a esté envoyé ches Mathurin Peyrarède, lequel il a prins et reçu.
Plus, ung
aultre barriquot de pouldre pesant, boys et tout, ung quintal six livres et
demye, qui a esté envoyé ches Johanot Gros, qui la prins et reçu.
Plus, ung
aultre barriquot pesant, boys et tout, ung quintal, qui a esté envoyé ches
Prépazès, qui la prins et reçu.
(1)
Maleprade était le fermier du poids public de la ville.
p. 101
Plus, ung
aultre barriquot de pouldre, pesant, boys et tout, ung quintal cinq livres, qui
a esté envoyé ches Jehan Gros, qui l'a prins et reçu.
Plus, ung
aultre barril de pouldre, pesant boys et tout, ung quintal qui a esté envoyé
ches B. de La Rivière.
Plus, ung
aultre barriquot de pouldre, pesant, boys et tout, quatre vingt neuf livres,
qui a esté envoyé ches P. Martin.
Plus, ung
aultre barril de pouldre, pesant, boys et tout, quatre vingt dix neuf livres et
demye, qui a esté envoyé à Pierre Poumeau.
Plus, ung
aultre barril de pouldre, pesant, boys et tout, quatre vingt huict livres, qui
a esté envoyé à M. le bailly le vieulx.
Plus, ung
aultre barriquot, dans lequel y a de la pouldre, pesant, boys et tout, trente livres,
qui a esté envoyé à Jehan Lacombe, le jeune.
Plus,
Jehan Guy, le jeune, parlant aux dicts sieurs consuls, a dit avoir devers luy
et dans sa maison, six barrils de salpêtre, pesant huict quintalz, huict
livres, boys et tout, et quatre vingt livres de pouldre, dans ung barril,
appartenant à la communaulté de la dicte ville, qui sont demeurés entre les
mains du dict Jehan Guy.
3
Mai
M. de
Favars, député par le roy de Navarre, assiste à la jurade.
p. 102
Le dict
sieur de Favars a remonstré, que le dict sieur roy de Navarre, veult et entend,
qu'en toute dilligence, les habitans de la dicte ville recouvrent et facent
porter, dans la ville, les cent quintaulx de pouldre, cinquante quintaulx de
salpêtre, vingt quatre quintaulx de souffre, cinquante quintaulx de plomb, et
aultres munitions de guerre, qui sont desja esté cothisées et esgalées, sur les
dicts habitans, par son commandement, le plustost que fere se pourra; et que, à
ces fins, iceulx habitans commectent six hommes, notables, de la dicte ville, qui
les achaptent et facent porter, à icelle fin, que les dictes pouldres et
aultres munitions, qui sont en ceste ville, servent, advenant ung siège, pour
garder la ville soubz l'obéyssance du roy, et que iceulx habitans, pour ocasion
quelconque, n'en puissent vendre, sans permission publicque de la dicte ville.
Et, a, le dict sieur de Favars, interpellé les dicts sieurs consuls et aultres
sus nommés, luy fere déclaration s'ils approuvent le département qui en a esté
fait, et s'ils payeront ce à quoy ils sont cothisés, et s'ils entendent,
entièrement satisfaire à l'intention du dict sieur roy de Navarre. Sur
lesquelles remonstrances, la plus grand partye des sus nommés ont oppiné et
arresté, que, attendu l'extrême dangier de guerre, où nous sommes à présant, plus
que jamais, les sus dicts cent quintaulx de pouldre et aultres munitions de
guerre seront achaptés,
p. 103
et
recouvrés, le plustost que fère se pourra, par les habitans de la dicte ville
pour la conservation d'icelle sous l'obéyssance du roy nostre sire, pour estre
distribuées aux dicts habitans de la dicte ville, et bourg de la Magdalène,
suyvant le rolle qui en a esté fait, soubdain qu'elles seront portées en la
dicte ville, sans que les habitans les puissent vendre, ny s'en desfaire, sans
permission publicque de la ville; et pour fère les dilligences et achapt des
pouldres, ont nommés et commis, le dict sieur de Cessac, lieutenant criminel,
Jehan Marteilhe et Francoys Planteau, consuls, Jehan Brugière l'aisné, Jehan
Eyma et Bertrand Bousquet; et touchant le département de cent manoeuvres, qui a
esté commancé de fère sur les dicts habitants, par le commandement du dict
sieur roy de Navarre, et lesquels, iceulx habitans doibvent nourrir, pour
travailler aux fortifications de la ville, a esté arresté que le dict
despartement sera reveu et reffect, par tout le jour, par Pierre Poumeau, B.
Gillet, et Françoys Gillet, Pierre Vignal, P. Pages.
27
Mai
A esté
remonstré, que suyvant le commandement du roy de Navarre, ceulx qui avoient
charge de recouvrer cent quintaulx de poudre, et aultres munitions de guerre,
pour la conservation de la ville soubz l'obéyssance du roy, en
p. 104
ont
achapté une grand partye, et sont, après, à fère porter le reste, pour estre
esgalé et distribuer aux habitans de la dicte ville, mais la pluspart des dicts
habitans n'en veullent poinct prandre, pour ce, disent ils, qu'ils n'ont poinct
d'argent. Aussy le roy de Navarre, à son partement de ceste ville, commanda,
par exprès, aux dicts sieurs consuls, qu'ils heussent l'oeil aux gardes, et à
fère travailler aux fortifications, à quoy ils s'employent le mieulx qu'ils
peuvent; mais, aussi, la pluspart desdicts habitans, mesmes ceulx qui doibvent
fournir cent manoeuvres pour les dictes fortifications, et les nourrir, comme
ont promis, ne tiennent compte de les y envoyer, et ceulx qui sont mandés
venir, pour porter le gazon et la facine, à la dicte fortification n'obéyssent
poinct, et plusieurs des dicts habitants, se plagnent de ce qu'on prent le
gazon de leurs prés, sans toucher aulx autres, et ont défendu de n'en prandre
plus; pareillement, qu'il a esté faict ung tail sur les habitans de la dicte
ville, jusques à la somme de quatorze cens cinquante et quelques livres, pour
payer certaines debtes de la ville, laquelle somme, s'employe, par le
commandement du dict sieur roy de Navarre, en achapts de chaulx, payement de
manoeuvres, et aultres choses pour la fortification de la dicte ville, et ont
requis, pour leur descharge, les dicts fraix leur estre alloués, ensemble ceulx
qu'il fauldra fere d'icelle somme
p. 105
cothisée,
et leur estre donne conseil pour pourvoir sur le reste.
Sur
lesquelles remonstrances, la plus grande et sayne partye des dicts juratz, sus
nommés, ont oppiné et arresté que les pouldres et aultres munitions de guerre,
achaptées, et qui sont en ceste ville, seront distribuées et bailhées aux
habitans de la dicte ville, par ceulx qui en ont la charge, suyvant la
cothisation qui en a esté faite, et, à faulte de les vouloir prandre, seront
contraints par toutes rigueurs de justice; et que les ordonnances, faites
cy-devant, touchant les gardes de la ville, soyent entièrement gardées et
observées, et les contrevenant exécutés, pour les amandes portées par les
ordonnances; et, ceulx qui doibvent fornir cent hommes, pour travailher à la
dicte fortification, envoyeront le dict nombre d'hommes à la fortification,
avec leurs vivres, pour n'en bouger jusques au soir, à peine de vingt sols
contre ung chascun, qui défaudra; et quand au gazon, MM. les consuls et les six
cy-devant nommés, pour assister avecques eulx, s'assembleront ce jourdhuy,
après disner, au présant lieu, et, doresnavant, tous les lundys, mercredys et
vendredys de chasque sepmaine, pour aviser en quelz lieulz on prandra le dict
gazon, et pourvoir aulx aultres affaires, concernant la dicte fortification.
Et sur la
remonstrance faite par le sieur Jehan Peyrarède, procureur du roy, qu'il y a
p. 106
plusieurs
habitans de ceste ville et aultres, ez-paroisses de Sainct Martin, Prigonrieu,
Creysse, Bourg de la Magdalene, Sainct Cristophe et Sainct Serny de Gabanelle,
qui sont exemps de fournir charrettes et boeufz pour la dicte fortification,
soubz prétexte qu'ils n'en ont poinct, quoique la pluspart d'iceulx ayent en
possession la labeur d'ung paire de boeufz, et, par ce moyen, les enrollés qui
sont en petit nombre, et qui ont travailhé jusques à présant, demeurent
grandement foulés et pressés. A esté arresté que, doresnavant, sera faict rolle
de tous ceulx qui ont moyen d'envoyer charrettes et boeufs, tant des habitans
de ceste ville, que des sus dictes paroisses, pour venir, par ranc, avecques
charrette et boeufz, à la dicte fortification, lors qu'ils seront mandés, à
peine de vingt sols contre celluy qui défauldra; et pour le regard de ceulx qui
sont delà l'eau, et du cousté du bourg, qui ne pourront, leurs charrettes
payeront dix solz chascung, au payement desquelles sommes seront contraintz; et
quant au tail, qui estoit faict, pour payer les debtes de la ville, a esté
aussy arresté que le dict tail sera achevé de lever, et que tout ce qui aura
esté employé d'icelluy, ou qui s'employera à l'avenir, aux dictes
fortifications, par l'advis des dicts sieurs consuls et de ceulx qui leur sont
adjoinctz, pour ayder et conseiller, sera alouhé aux sus dicts sieurs consuls.
p. 107
Même
date 27 mai
Les
consuls, et ceux qui leur avaient été adjoint, pour activer le travail des
fortifications, se réunissent pour prendre et arrêter les mesures nécessaires.
A cette séance assistait Lacoste maréchal-de-logis du roi de Navarre.
Considérant
la fort petite garde, qui se faict en ceste ville, et le peu de dilligence au
travail des fortifications, ont arresté qu'il sera enjoinct aux dizeniers, qui
commandent aux fortifications de la dicte ville, de mener au travail, les jours
qu'ils seront commandés, les nommés en leurs rolles, à l'heure de cinq heures
du mactin pour travailler, jusques à neuf heures, et despuis l'heure de onze
heures, jusques à une heure après midy, et despuis l'heure de deux heures
jusques à quatre, à peine de vingt sols; et, à ceulx qui seront nommez aux
rolles, d'obéyr à leurs dizeniers, à mesme peyne de vingt sols, contre cellui
qui défauldra; et qu'il sera aussi enjoinct et commandé à tous les sus dicts
habitans, qu'incontinant après soupper, ferment leurs boutiques, pour aller travailler
aus dictes fortifications, à peyne d'ung escu contre ceulx qui défauldront; et,
pour ce qu'à l'endroit du corps de garde de Bellegarde, la murailhe de la ville
est tombée, et y a une bresche fort dangereuse, est arresté qu'il y sera faict
ung bastion,
p. 108
entouré
de murailhes, et que les fraictz d'icelluy seront faitz par le bourssier de la
ville; et cepandant, pour la sûreté de la dicte ville, sera faict de long à
long de la dicte broche, une traversse de boys, cousue de tables, telle que le
dict sieur de Lacoste avisera, et le tout, aux despens de la ville, et le
plustost que fère se pourra; et, pour le regard du corps de garde de la ville,
que les rolles d'icelle garde, qui sont faitz de présant, seront veu et mis
devers le capitaine Jaure, et Giron Poumeau, et le dit de La Rivière, dans
demain, pour estre resfaitz si besoing est. Et, ce faict, sera faict
commandement à tous les habitans de ceste ville, le jour qu'ils seront de
garde, de sy trouver en personne, s'ils n'ont excuse de maladye ou absance, et,
où ils seront excuzables, y envoyer homme capable avecques armes; et leur est
inhibé de partyr de leur corps de garde, pendant tout le dict jour, ains y
prandront leur repas, le tout à peine d'ung escu, contre celluy qui défauldra;
et, aussy, qu'il sera faict inhibition et défense, à toute manière de gens, de
sortir, ne fère sortir, hors de la présant ville, directement ou indirectement,
aulcunes armes, pouldres, souffres, plomb, métal, rouzine (résine), ne
mitrailhe et aultres munitions de guerre, à peyne de confiscation de la
marchandise, et de dix escuz d'amande; et, pareilhement, sera enjoinct aux
habitans de ceste ville, qui sont sortys d'icelle, de
p. 109
se
retirer dans icelle, et y coucher tous les soirs, à peyne de dix escutz d'amande,
et donc a esté faict acte, par moy, notaire royal de la dicte ville, soubz
signé, pour servyr comme il apartiendra.
Valeton.
29
Mai
Gaiges du maistre des haultes
oeuvres
A
Bergerac le vingt neufiesme du moys de may, l'an mil cinq cens quatre vingtz cinq,
après midy, régnant Henry, devant moy notaire royal, ont esté présents: Jehan
Merlan, consul et bourssier, M. Jehan Mathieu et Anthoine Pinet, consuls de la
dicte ville, lesquels, tant pour eulx que pour les aultres consuls de la dicte
ville, absans, et au dict nom, ont promis payer, à Jacques Arnauld, maistre des
haultes oeuvres, natif de la ville de Lymoges, à présant habitant de ceste
ville, présant, pour ses gaiges de maistre des haultes oeuvres, la somme de
vingt livres, ung bonet rouge avec une plume, et ung surgot rouge, avecque une
chambre et ung lit pour se retirer payable la susdicte somme par demys
carterons, jusques à fin, et payé, le bonnet rouge, du premier jour, et surgot
rouge, après la première exécution, qu'il fera en ceste ville, et ce, pour ung
an prochain venant, à la charge que le dict maistre sera tenu faire vuyder
p. 110
les
pourceaulx de la ville, et servir les habitans d'icelle, à nétoyer leurs
cloaques, en le salarisant, ce qu'il a promis faire; en desduction de laquelle,
a esté payé et avancé, présentement, au dict Arnauld, par le dict Merlan,
consul, la somme de cinquante sols tournois, qu'il a prins et receue; et, ce
que dessus, les partyes ont promis tenir et garder, sans venir au contraire,
soubz obligations, scavoir: les dicts consuls, des biens de la ville, et le
dict Arnauld, les siens propres, qu'ils ont soubmis aux exécutions de touts
arretz, par serment qu'ils ont faict en présence de M. Jéhan Cholyn, et Jéhan
Augière, habitans de ceste ville, tesmoings signés à l'original avec les dicts
sieurs consulz, et le dict Arnauld a dict ne scavoir signé.
Signé:
Valeton, notaire royal et clerc de la ville.
2
Juin
Les
sieurs consuls ont remonstré qu'ils ont receu une letre du roy du Navarre,
dattée du premier jour du moys de juing, par laquelle il nous escript, qu'il y
a plusieurs compaignies de pied et de cheval, près de la ville de Périgueux,
qui taschent à nous surprandre, et nous advertist de fère bonne garde, et de
fère travailler aux fortifications, en plus grande dilligence que nous n'avons
fait; et pour fère response à la
p. 111
dicte
letre, ont requis leur estre donné advis. Sur quoy, après lecture présentement
faite de la dicte lectre, a esté oppiné et arresté, qu'il sera faict response
au dict sieur roy de Navarre, par laquelle sera contenu, que les habitans de la
ville le remercyent, très humblement, des advertissemens qu'il leur fait, et
que celuy qui a porté la letre, et qui raportera la response, soit desfrayé de
ce qu'il a despendu en ceste ville, et que, oultre ce, luy soit donné quelque
chose pour son vin, et qu'il sera envoyé troys ou quatre personnages, vers
Mussidan, Montflanquin, Mauriac (1) et ailheurs, pour scavoir et entendre des
advertissements, et que M. de la Coste sera gratifié, du premier jour, de la
somme de vingt escuz, pour la peyne qu'il prent à conduyre les fortifications
de la dicte ville.
8
Juin
A esté
oppiné et arresté, que des pouldres et aultres munitions de guerre, qui sont esté
achaptées, par le commandement du roy de Navarre, pour garder la ville soubz
l'obéissance du roy, et sera, pour ce, à présant, bailhé et distribué aux dicts
habitans, à chescun, une quarte partye de ce qu'ils sont cothisez, suivant
(1)
Hameau commune de Douzillac; anc. rep noble.
p. 112
le rolle
qui en a esté fait; et, à faulte de les prandre, ceulx qui ont charge de les
distribuer, contraindront les refuzans par toutes rigueurs de justice.
Et
d'aultant, qu'en la ville de Bordeaux, meurent de peste, a esté arresté que,
personne, quel qu'il soyt, venant de la dicte ville, n'entrera en ceste ville,
à cause du dangier, sans congé et provision des dicts sieurs consuls.
19
Juin
A esté
arresté que ceulx qui s'en sont allés à leurs boriages et mestayries, hors de
ceste ville, pour commancer d'amasser leurs bledz, foins et aultres choses, se
retyreront tous les jours dans icelle, et coucheront en leurs maisons, à seule
fin d'estre pretz, en cas d'alarme ou aultre nécessité, pour soustenir la ville
et la garder soubz l'obéissance du roy, à peyne de vingt solz pour chascune
foys, contre celuy qui défauldront; et, pour continuer les fortifications de
ceste ville, seront levés les restes de la tailhe dernièrement cothisée; et,
pour ce faire, deux de messieurs les consuls, assisteront, par tour, au
bourssier, pour faire la dicte levée.
12
Juillet
Veu le
présent dangier, où nous sommes, à raison du dégast des bledz, que M. le
mareschal
p. 113
de
Mastignon veult faire en ce pays, a esté arresté que le capitaine Jaure, yra et
partira, dez anuyt, pour aller en la ville de Saincte Foy, pour se trouver à
l'assemblée, qui sy doibt faire, qu'il entendra d'eulx, ce qu'il sera
nécessaire de faire pour la conservation de la ville, et de la récolte; et,
qu'à ces fins, luy sera bailhé deux escus sol, pour faire le dict voyage.
14
Juillet
A esté
arresté, qu'il sera donné quelque récompense à Perroty, oultre ses gaiges de
sonneur de cloche aux retraites, presches et prières, parce qu'il sonne la
dicte cloche troys foys le jour pour les rampars.
Quant à
Arnauld Gros, qui faict travailler aux fortifications de ceste ville, a esté,
aussi, arresté que, oultre sa tailhe, luy sera bailhé deux escuz sol, suyvant
l'advis de M. le bailly.
17
Juillet
Ont
remonstré, qu'il a esté plusieurs foys enjoinct, et commandé, aulx habitans de
ceste ville, d'aller faire la garde, lorsqu'ils seront commandés, de se trouver
à l'ouverture des portes, avecques leurs armes, ou y envoyer personnes
capables, en cas de maladye ou de absance; toutesfoys, et plusieurs des dicts
habitans
p. 114
n'en
tiennent compte, ny d'aller travailler aux fortifications, les soirs et matins,
comme a esté ordonné, et cryé à son de trompe, se fondant qu'ils sont ocuppés
aux moissons où nous sommes. A esté oppiné et aresté, par la plus grande et
sayne partie, que, pour le regard des gardes et fortifications de la présant
ville, l'ordre quen a esté desja fait, sera gardé et observé, et que, veu
l'extrême dangier ou nous sommes, tous les habitans de la dicte ville et du
bourg de la Magdalene, yront travailler aux fortifications de la dicte ville,
puys l'heure de six heures du matin, jusques à huict heures; et tous les soirs,
après soupper, jusques à la retraite; et, pendant le dict travail, fermeront
leurs boutiques, et ceulx qui défaillyront seront exécutés.
Dans la
même jurade, le vin rouge fut taxé à « sept livres la barricque, fustes et
ligues. »
p. 115
1585-1586
26
Juillet
Ont
remonstré que le grand pont de Dordoigne, de ceste ville, est prest à tomber, et
s'en va en ruyne, s'il n'est acoustré de bonne heure; par quoy, ausy, ont
demandé, sy le revenu du dict pont sera employé pour le faire rabilher. Il fut
arrêté, « que l'argent de l'afferme du dict pont de Dordoigne, sera mis entre
les mains de François de Nugon, consul, pour estre employé à la réparation du
dict pont, et non à d'aultres affaires ».
Cette
année, l'herbe poussant dans les fossés entourant la ville, ne fut pas affermée
comme on en avait l'habitude, à cause des travaux et réparations qu'on faisait
aux fortifications.
Le même
jour, les consuls, réunis chez Mathurin Peyrarède, scindic et premier consul,
arrêtent que « les clefs de la porte du pont, et du port de Cadouin, en ceste
ville, seront gardées, à ranc, et par moys, par les dicts sieurs Peyrarède,
Gros et Cacaud; et que le dict Gros,
p. 116
commencera
son moy, dès demain, le dict Peyrarède, après, et, après le dict Peyrarède, le
dict Cacaud; et que les clefs de la porte Logadoyre, pont levis et tappecu,
seront, aussy, gardées, à ranc, et par moys, par les dicts Fonmartin, Nugon, La
Rivière et Berth. Gillet, et, le dict Fonmartin commencera son moys, aussy, dès
demain, et chascun des aultres, l'ung après aultre; et que, pour le regard des
corps de garde de la dicte ville, le dict Peyrarède visitera, tous les jours,
et les soirs, le corps de garde du pont; le dict Gros, celluy de la tour de
Cleyrac; le dict Nugon, celluy de Malbec; le dict Fonmartin, celluy de
Bourgbarraud; La Rivière, celluy de Bellegarde; et, Gillet, celluy de Mynard;
et que chascung des dits consuls feront exécuter ceulx qui seront défailhans,
en leur corps de garde; et, pour le regard de la fortification, faire porter
piarres et gazon, et faire venir les maneuvres des paroisses, le dict Gillet y
aura l'oeil, et s'en prandra garde, à la charge que, s'il fault exécuter des
défailhans, les autres consuls luy assisteront. Pour le regard de charrettes et
chevaux, le dict de La Rivière sert tenu de les advertyr. Et afin que, ce que
dessus soyt entretenu, les dicts sieurs consuls s'assembleront les lundy et
jeudy de chasque sepmaine, pour voir si aulcung d'iceulz consuls manqueront en
leurs charges; et, pour les commissions de faire venir charrettes, chevaulx, et
faire couper
p. 117
la
facine, a esté bailhé à M. Francoys Cacaud.
1er
Août
Lesquelz
consuls, pour pourvoir au travail qu'il fault faire aux fortifications de ceste
ville, suyvant le commandement du roy de Navarre, voyant qu'eulx seuls n'y
peultvent satisfaire, sans quelques adjoints, ont arresté que, quatre
personaiges seront comis, chasque sepmaine, pour faire travailher les maneuvres
entrangières, depuis le fort de Bellegarde, jusques au fort de Mynard (1),
scavoir: Hugues Tavers, Anthoine Queyrol, maistre Estienne Bouygue, et Giron
Poumeau, à la charge qu'ils seront exemptz de ramparts, des rondes, de
patrouilhes et de garde, le jour seulement, et durant leur sepmaine; et, pour
faire travailler à la manoeuvre, ceulx qui travaillent au fort de Bellegarde,
est commis Jehan Aufern; à la charge aussy qu'il sera exempt de garde et de
rampart; et, oultre ce, luy sera donné ung escu pour moys; et d'aultant que M.
le gouverneur veult qu'il y aye, en ceste ville, ung sergent majeur, suyvant la
(1)
Le fort Minard se trouvait placé tout à fait sur le bord de la rivière, et
derrière la maison Roland; c'est-à-dire à l'endroit, où, aujourd'hui se trouve
situé l'acqueduc dit le trou du Lutin.
p. 118
volonté
du roy de Navarre, et que le dict sieur roy de Navarre veult que le capitaine
Jaure soyt esleu tel, sur ce, a esté oppiné, par les dicts sieurs consulz,
qu'ils veullent et consentent que le dict capitaine Jaure aye le dict estat de
sergent majeur, à la charge qu'il sera pryé se contenter de cinquante livres de
gaiges pour moys, ou de vingt escus pour le plus, à telle fin, que le surplus
de la somme de cent livres, à luy ordonnée, pour moys, soit employé à payer les
gaiges de Arnauld Gros, serviteur de la ville, et de Forton Guilhem, auquel
Guilhem a esté promit, cy-devant, douze livres pour moys, et à la charge,
aussy, que le dict sergent majeur n'entreprandra de faire aulcune chose, contre
aulcun des habitans de la ville, sans la permission des dicts sieurs consuls;
et, pour faire tirer la piarre aux trasseurs, icelle faire charrier et porter
au fort de Bellegarde, et faire porter le gazon, et aultres choses nécessaires,
aulx fortifications de la ville, a été commis Pierre Maphaud, à la charge qu'il
sera aussi exempt de rampart et de garde, et oultre ce, luy sera donné de
gaiges, pour ses peynes, quatre livres pour moys.
5
Août
A cette
jurade assistaient, outre les consuls, les divers officiers de la ville et les
plus notables des habitants.
p. 119
Lesquels,
sur la remonstrance présentement faite, par les dicts sieurs consuls, a esté oppiné
et arresté, que le dict Peyrarède, scendic, et le capitaine Jaure,
emprompteront, s'il est possible, mile livres à l'intérest, à la charge que
vingt habitans de la dicte ville s'obligeront, envers eulx, de les en aquiter;
et, après, la communaulté de la ville s'obligera, par jurade, qui sera, à ces
fins, assemblée, et les en rellevera; laquelle somme sera employée à l'achapt
des pouldres, sans l'employer à aultre usage; et, sera, la dicte somme, bailhée
à tel personnage qui sera avisé; et. que les habitans de la dicte ville auront
cent maneuvres ordinaires, pour travailher assiduelment à la dicte
fortification; et, qu'il sera enjoint à tous les habitans, qui se sont retirés
en leurs boriages, de retourner en la dicte ville pour envoyer à la dicte fortification,
à peine de sept sols et demy, contre ung chascung, qui défauldra, pour chascung
défault.
12
Août
A esté
arresté que, Bertrand Aubier, clerc de ceste ville, yra, du premier jour, à
Badefol, Trymolat, Lymeil et aultres lieux, où se font des pouldres, pour,
encorre, en achapter, au meilheur compte qu'il pourra, ce que le dict Aubier a
promis faire.
p. 120
15
Août
Sur la
remonstrance, à eulx présentement faite, par le sieur D'Allen, gouverneur pour
le roy, en ceste ville, ont arresté que les corps de garde de ceste ville
seront, aulgmentés, et que les habitans d'icelle, feront la garde, en personne,
la nuyt, si la peulvent faire, sauf de MM. les magistras de la ville, et de
ceulx qui sont malades, ou y envoyeront personnes capables, et bien armées, et
que, pour le présant, ne sera poinct mis de soldatz estrangiers en ceste ville,
pour la garde d'icelle, que ne soit en plus grande nécessité, et que les
caporals des corps de garde, ne seront poinct changés, de moys en moys, comme
ils avoient acoustume, mais qu'ils seront choisis et esleues en chasque corps
de garde, pour commander sans estre changés.
25
Août
Jurade
tenue dans la maison de François de Nugon, l'un des consuls.
Lesquels
(consuls), ont arresté, entre eulx, que pour le regard de l'estat de sergent
majeur du capitaine Jaure, la nomination d'icelluy sursoira, jusques à la venue
du roy de Navarre, ou de monseigr de Turenne (1); que, attendu le
(1)
Henri de la Tour-D'auvergne, vicomte de Turenne, duc de Bouillon, né en 1555,
mort en 1623. Père du fameux maréchal de Turenne.
p. 121
dangier
et infection des beufs, qui est fort grand, ceulx qui sont chargés envoyer
charrettes et beufs, ne les envoyant poinct, chascung d'eulx en seront quites
pour quinze sols, et ceulx qui doibvent fornir chevaux, ne les envoyant poinct,
payeront dix sols; et qu'il sera payé, comme a esté faict marché par les
consuls, pour cent de gazon, rendu au fort de Mynard, prins du Pont de Lapeyre,
la somme de sept sols pour cent; que le consul La Rivière, continuera jusques à
la fin de septembre prochain, de mectre, par rolle, le nombre des charrettes et
chevaux, qui seront mandés, pour le service des fortifications, et se fera
payer à ceulx qui défauldront; et aussy fera estat des massons et maneuvres,
qui seront loués pour servir les dicts massons, trasseurs et gazonneurs qui
sont gaigés de la ville, afin de les bailler, par rolle, tous les soirs, aux
scindic et bourssier, pour les faire payer de leur salaire; que le consul
Fonmartin sera tenu de faire assembler, tous les jours, les dizeniers, avecques
leurs dizaines, pour aller au rampart; et, à chasque quartier de la ville avant
sortir d'icelle, sera bailhé une enseigne, et fera exécuter ceulx qui
défalliront, scavoir: ceulx qui commandent, pour dix sols, et les aultres, pour
cinq sols chascung; que les consuls Cacaud et
p. 122
de Nugon,
feront distribuer les pouldres aux habitans de la ville.
12
Septembre
A esté
remonstré, que M. le gouverneur se plainct de l'ordre, qui a esté estably,
cy-devant, pour travailler aux fortifications de la présant ville, qu'elle
n'est pas entièrement gardée, et protexte d'aultant que, s'il y a quelques
ungs, qui obeyssent, et envoyent leurs maneuvres, aus dictes fortifications,
les aultres ne fornissent rien, et ne veullent poinct obéyr; et que, le dict
sieur gouverneur demande que, oultre les cent maneuvres, qui travaillent aus
dictes fortifications, les dicts habitans en fournissent aultres deux cens, veu
les dangiers extrèmes où nous sommes. Sur laquelle remonstrance, a esté
arresté, que, encore, durant quinze jours prochains, les habitans de ceste
ville continueront de faire travailler leurs maneuvres aux fortifications de
ceste ville.
14
Septembre
Jurade
tenue dans la maison de Mathurin Peyrarède.
Suyvant la
remontrance, à eulx faite, ce jourd'huy, par le sieur D'Allen, gouverneur de la
dicte ville, de s'attandre à faire travailler aux
p. 123
fortifications,
ont arresté, entre eulx, qu'un chascung d'iceulx consuls, assistera, par jour,
les dictes fortifications, et par ranc, pour faire travailler les maneuvres, et
le dict Peyrarède sendic commancera lundy prochain.
23
Septembre (1)
En
présence desquels, le seigr D'Allen, gouverneur pour le roy en ceste
ville, a remonstré à quoy il a tenu que la promesse, qui fust faite
dernièrement, ne soit esté exécuttée; car, à son retour, il a trouvé qu'il n'a
esté rien fait. Sur quoy, a esté respondu que tous les habitans de ceste ville,
qui ont estés advertis d'aller travailler aux fortifications, ont obéy, et que
les défailhants, qui sont par escript, doibvent estre exécutés, et pour faire
les dictes exécutions, le consul Gillet, qui a commencé de les faire, les
continuera; et, de ce qu'il recepvra, en rendra compte, tous les sabmedis,
devant J. Poumeau,
(1)
Il est à remarquer que, dans toutes les jurades de cette année, nous trouvons,
parmi les jurats, J. de Belrieu, Pauly, François Planteau, Eyma, J. Alba, G.
Loyseau, M. Dupuy, J. de La Peyrarède dit Dangounet, P. Pineau, Giron Poumeau,
H. de La Rivière, J. D'Aujeard, J. Marteilhe etc. etc., tous protestants, et
qui, presque tous, ont joué un rôle actif dans notre ville pendant les guerres
de religion,
p. 124
J. Eyma
et J. Lacombe le jeune, et que les sommes, qui proviendront des exécutions,
seront employées à louer des maneuvrea pour faire travailler, ou payer les
massons de la dicte fortification, si faire se peult.
25
Septembre
Sur la
remonstrance à eulx faite, présentement, par le sieur D'Allen, gouverneur en
ceste ville, touchant certains advertissements, à luy envoyés, par monseigneur
le vicomte de Turenne, qui ont esté présentement leus, et sur aultres
remonstrances faites par les dicts sieurs consuls, a esté oppiné et arresté,
que les habitans de ceste ville continueront de travailler aux fortifications
d'icelle, plus qu'ilz n'ont fait cy devant, et qu'à ces fins, la moytié des
habitans de chascune maison, tant de la présant ville que du bourg, yront tous
les jours, au dict travail, depuis l'aprédisné, jusques au soir; et, pour ce
faire, sera fait un règlement par les consuls Fonmartin et de Nugon.
10
Octobre
La jurade
de ce jour commence ainsi: En la ville de Bergerac, le dixiesme jour de
octobre, l'an mil cinq cens quatre vingt cinq, dans le temple de Sainct
Jacquet, yssue du presche, etc. etc.
p. 125
Dans cette
jurade, il fut nommé des auditeurs pour entendre et approuver les comptes de
l'année 1583-1584; d'après la vérification qui en fut faite, il se trouva que
les dépenses s'étaient élevées à la somme de 1770 livres, 13 sols, et les
recettes à la somme de 1727 livres 18 sols et 5 deniers.
14
Octobre
Sur la
remonstrance, à eulx faite, par le sieur D'Allen, gouverneur, pour le roy, en
ceste ville, touchant la continuation du travail de deux cens hommes, aux
fortifications de la présant tille, pour ung moys; a esté oppiné et arresté,
par la plus grande et saine partye des sus nommés, que le tiers de la tailhe,
faite du temps de Jehan Merlan, consul et boursier de ceste ville, l'année
passée, sera levée sur les habitants de la dicte ville, pour estre employé a
louher cent maneuvres, pour travailher aus dictes fortifications, durant ung
moys.
28
Octobre
Sur la
remonstrance, à eulx faite, par le sieur D'Allen, gouverneur pour le roy, en ceste
ville, touchant le continuel travail qu'il fault faire aux fortifications de
ceste ville; a esté oppiné et arresté, par la plus grande et saine partye des
sus
p. 126
nommés,
que oultre les cent maneuvres du moys passé, qui travaillent aux fortifications,
en sera louhé aultre cent, pour travailher à y celles fortifications, durant
ung moys, veu les grands dangiers de guerre où nous sommes.
1er
Novembre
Sur la
remonstrance, à eulx faite, par M. de Sainct Genies, sur la letre, à lui
envoyée, par monseigr de Turenne, léue présentement à l'assemblée, a
esté oppiné et arresté, que pour satisfaire à la letre du dict sieur de
Turenne, que vingt quatre habitans de la dicte ville, entreront cautions envers
le capitaine Laborderie, pour le payement des balles qu'il doibt fornir,
jusques à la somme de douze ou treize cens escuz, et que le corps de la ville
les rellèvera indempnes, au cas qu'ils en soyent molestés, à la charge que les
dicts vingt quatre seront soigneulx de recouvrer argent, pour payer la dicte somme,
le plustost qu'ils pourront; aussi a esté arresté, que, doresnavent, et tant
que la guerre durera, les circonvoysins pourront porter en ceste ville, leurs
bledz et vins, et aultres meubles, sans payer aulcune chose pour l'entrée;
toutesfoys, le vin, qui ne sera de l'entrée, sera marqué.
p. 127
15
Décembre
Cette
jurade fut tenue dans la maison du consul Fonmartin.
Pour
pourvoir aulx affaires de la dicte ville, ont arresté, que le consul Fonmartin
logera, dans son estable, deux chevalx, que monsgr de Turenne a
prestés, pour charrier le gazon, et que ycelluy Fonmartin fraryera pour les
nourir, demy quintal de foen tous les jours, montant six sols, et six mesures
d'advoine aussy, tous les jours, pour les nourir, et qu'il sera loué deux
hommes, pour les toucher et gouverner, et que le tout sera payé par le
boursier. Que le consul, de Nugon, continuera de distribuer les pouldres aux
habitans de la dicte ville, suyvant le rolle qui en a esté fait, le plus
dilligement qu'il pourra. Que chascung des dicts consuls yront, par jour,
s'attandre à faire travailler les maneuvres, aux fortifications de Malbec et
Mynard, scavoir: que le consul Gillet sera assiduel à Malbec, et les aultres
par rang à Mynard, et oultre ce, le dict consul Gillet continuera de fère
coupper la facyne, et que La Rivière continuera de s'attandre à distribuer et
fère aller les charrettes, à charrier la piarre, gazon et facine, où besoing
sera.
15
Janvier 1586
Il est
dit dans cette jurade, que le pont a grandement besoin de réparer, et que les
deniers qu'on y levé ne suffiraient pas à payer les dites réparations. Le
consul de Nugon, est autorisé à prélever l'argent qu'il a avancé, et dont il
peut encore avoir besoin, pour les réparations, les plus urgentes, sur les
sommes provenant de la vente de poudre qui se fait actuellement.
17
Février
Parmi les
lettres de bourgeoisie, nous trouvons la réception de Miquel Barranbon, comme
bourreau; nous en donnons ci-dessous la copie:
« Nous,
Mathurin Peyrarède, scindic et premier consul de ceste ville de Bragerat,
maistre François Cacaud, Jehan Gros, boursier, Bertrand de la Rivière,
Berthoumieu Gillet, Berthoumieu Fonmartin, Francoys de Nugon et Jehan Bourdier,
aussi consuls de la dicte ville, assemblés dans la maison commune d'icelle,
scavoir faisons, que sur la remonstrance, à nous faicte, par Micquel Barranbon,
natif de la jurisdiction de Lymeuil, tandant aux fins qu'il nous pleust le
recepvoir en ceste ville, pour exercer l'estat de maistre des haultes oeuvres.
Après qu'il a heu juré et promis d'exercer, bien et deuement,
p. 129
le dict
estat, de n'aller, hors de ceste ville, faire aulcunes exécutions, sans ung
congé, ou de MM. de la justice, nous avons icelluy Barranbon receu habitant de
ceste ville, pour exercer le dict estat de maistre des haultes oeuvres, aux
gaiges de dix livres, ung jurgot rouge et ung bonnet rouge, payable, tous les
ans, oultre les aultres droictz accoustumés, dont il s'est contenté, et auquel,
ce requérant, avons octroyé ces présentes letres, pour luy servir, comme il
appartiendra. A Brageral le XVIIme jour de février 1586. »
25
Avril
Les dicts
sieurs consuls ont remonstré, que le roy de Navarre a commandé à M. D'Allen,
gouverneur de ceste ville, de mectre cent hommes au bourg de la Magdalène, aulx
fins de résister aulx coursses, que l'ennemy pourra faire, pendant que icelluy
roy de Navarre sera absant de nous; sur quoy, ont requis leur estre donné
conseil, et advis, et moyens, pour entretenir iceulx soldats. Sur laquelle
remonstrance, tous les sus nommés ont oppiné et arresté, que la volonté du
sieur roy de Navarre sera faicte, lesquels soldatz seront mis dans le dict
bourg de la Magdalène, pour empescher que l'ennemy ne s'en empare, et ne vienne
faire des courses près de nous; et que, pour les nourrir et entretenir,
p. 130
ce qui
reste à lever de la cothisation, dernièrement faicte, sur les habitans de ceste
ville, sera achevée de lever, sans que, pour l'avenir, soit plus faict et lever
cothisation, pour iceulx nourrir, d'aultant qu'ils pilhent et desrobent,
encorres qu'ils soient nourris, et emportent, des mestayries des habitans ce
qu'ils peuvent.
6
Mai
(Bte 8.
Grand livre en parchemin côté UN.)
« Achat
de la maison et jardin du maistre des haultes oeuvres de la ville de Bergerac.
Sachent
tous qu'il appartiendra, que ce jourd'huy sixiesme de mai, mil cinq cens quatre
vingt six, après midy, régnant Henry, par la grace de Dieu roy de France, en la
ville de Bergerac, en Périgort, devant moy notaire royal soubz signé, et
tesmoingtz bas nommés, a esté présent, Jehan Gros, bourgeois et marchant de la
dicte ville, lequel a vandu et vend par ces présentes, à perpétuité, à Mathurin
Peyrarède et François de Nugon, marchans, habitans de la dicte ville, présens et
acceptans, scavoir est: une petite maison de la grandeur qu'elle est, couverte
de thuile plat, avec ung petit jardin joignant à icelle, siz et situé en la
dite ville et au quartier de Queyla, confronté avec le jardin de Bertrand
d'Alba, seigneur de Lespinassat, et
p. 131
au jardin
de Bernard Recluz, et au mur de la ville, joignant la rivière de Dordoigne, et
à une petite ruhe, tirant de la dicte maison à celle du cappitaine Jaure, et
avec ses confrontations, entrées, yssues et appartenances quelconques, mouvante
du seigneur qu'il appartiendra, qu'il c'est purgé ignorer, d'autant qu'il n'en
a jamais payé de rente.
La
vendition a esté faicte moyennant la somme de quinze escuz sol, laquelle somme
ils ont promis paier au dict Cros, dans le quatorziesme jour de febvrier
prochain, soubz obligation de leurs biens, qu'ilz ont soubzmis aux cohercitions
de toutes cours, l'un pour l'aultre, et ung seul pour le tout, sans faire
division ne discution, par sérement, qu'ils ont faict, et moienant ce, le dict
vendeur c'est dévestu de la dicte maison et jardin sus confrontés, et en a
investu les dicts achapteurs, par le bailh de ce contract, prométant la leur
garantir et desfendre, et tenir quicte de toutes hipotecques, jusques à
présent, aussy soubz obligation de ses biens, par sérement qu'il a faict en
présence de Arnauld Pinet et Guillem Dupont, habitans de ceste ville,
tesmoingtz signés à l'origine des présentes avec les dictes parties et moy.
12
Mai
Sur les
remonstrances faites présentement
p. 132
par les
dicts sieurs consuls, a esté oppiné et arresté que les troys quartiers de la
ville envoyeront travailher aux fortifications de la dicte ville, les jours
accoustumés, scavoir, chasque quartier deux foys la sepmaine. Sera faict ung
tail sur les habitans de la dicte ville, jusques à la somme de cinq cens
livres, et que les habitans qui n'ont de bledz en prandront pour quatre moys,
oultre leur provision, pour leur nourriture et de leur familhe; aussi, qu'il
sera bailhé l'aulmosne aux estrangiers, aux portes de la ville, sans les
laisser entrer, à cause des dangiers de peste.
28
Mai
Sur les
remonstrances, faictes par les dicts sieurs consuls, ont oppiné et arresté,
qu'il sera bailhé à monsgr de Turenne, pour entretenir ses
gensdarmes, la somme de deux cens escus sol, sans tirer à conséquence, et sans
tirer plus oultre, lesquels seront cothisés sur les habitans de la ville.
24
Juin
Jurade
tenue dans « le temple du presche ». A esté remonstré, que M. de Turenne, veult
et entend mectre, dans le bourg de la Magdalene, quatre cens arcabouziers, pour
y demeurer
p. 133
quelque
temps, aulx fins d'empescher les courses que l'ennemy pourroit faire dans
icelluy bourg; sur quoy, ont demandé leur estre bailhé conseilh, et advis, et
moyen de les entretenir. Sur laquelle remonstrance, a esté oppiné et arresté,
qu'il sera remonstré au dict sieur de Turenne, de modérer le nombre des
soldatz, qu'il demande pour garder le dict bourg, et encorre ne les y mectre
qu'à la nécessité, et pour huict jours seulement; et en tout cas, que l'offre
présentement faite par le capitaine Malbernard, présant, soyt suyvye, qui a
offert mectre cent soldatz, dans le dict bourg, et les payer luy mesme, en luy
bailhant assignation de quelques contributions, pour se rembouraser de ce qu'il
frayera, et que la dicte offre sera remonstrée au sieur de Turenne.
1586-1587
24
Juillet
II est
arrêté « que l'imposition de dix sols, mise sur chascune barricque de vin, qui
se vandra en détailh, en ceste ville, et bourg de la
p. 134
Magdalene,
et aultres dix sols, imposés sur chascune barricque de vin, qui sortira hors
d'icelle, sera continuée de lever, suyvant la volonté de M. de Turenne, et, le
tout, mis par afferme, pour, des sommes qui en proviendront, ramboursser les
habitans de la ville et aultres, qui ont avansé bledz, vins, ou aultres choses,
pour les affaires de la cause; et quant aulx deniers, imposés sur la chair, par
commandement du dict seigneur de Turenne, les dicts sieurs consuls les fairont
lever, et celluy qui les lèvera, en faira registre, pour leur en rendre compte
tous les sabmedys. »
26
juillet
Dans les
affermes des revenus, faites à la date ci-dessus, on trouve: L'attache et
boucle des bapteaulx estrangiers, passans et repassans soubz le pont de
Dordoigne, a esté délivré à Bertrand Aubier, pour la somme de six livres
tournoises. Le droit de pontonage a esté délivré à J. Salmon, pour la somme de
quarante sept escutz sol. La peychière, de soubz le pont de Dordoigne, a esté
délivrée au dict Jehan Guy, scindic, pour la somme de cinquante sept sols etc.,
etc.
p. 135
26
juillet
Doresnavant,
chascun des dicts consuls visiteront, soir et matin, les corps de garde de
ceste ville.
7
Août
Les dicts
sieurs consuls ont remonstré, que M. de Turenne leur a escript une letre,
dattée du sixiesme de ce moys, par laquelle il leur mande de luy envoyer dix
quintaulx de pouldre, pour les employer à une grande ocasion et nécessité; sur
laquelle remonstrance, après lecture faite de la susdicte letre, par la plus
grand voix dessus-nommés, a esté oppiné et arresté, qu'il sera envoyé au dict
seigr de Turenne, cinq quintaulx de pouldre; que si M. de Beauchamps
qui a charge de les recepvoir, ne s'en contente, sera envoyé, au dit seigr
de Turenne, le surplus de la pouldre qu'il mande, par sa letre, s'il s'en
trouve, à la charge que les dicts sieurs consuls prandront, de luy, sy fère se
peult, l'assiète et assignation sur ce qu'il sera avisé, pour nous remborsser
d'icelle. Pendant la guerre, ne seront aulcuns des habitans exemptz de faire la
garde, chascun à leur ranc, soyt catholiques ou de la religion, ains
contrainctz à la fère, soubz les peynes contenues par les précédantes jurades.
p. 136
10
Août
Lesquels
consuls ont arresté entre eulx, que, suyvant le règlement, cy devant fait, pour
le regard des boeufz et charrettes, qui sont mandées d'aller aux
fortifications, et ne les y envoyant poinct, chascun en sera quite pour quinze
sols, et pour chascun cheval, dix sols. Que le consul Xans, sera scindic des
pauvres, et, comme tel, poursuyvra le payement des légatz des dicts pauvres, et
les recepvra, et d'iceulx bailhera quitance, ensemble, poursuyvra ceulx qui
doibvent rente à la charité. Que le scindic Jehan Guy, assistera, tous les
lundy et jeudy de chasque sepmaine, à voir travailher aux fortifications, ceulx
du dict quartier du Terrier; le consul Eyma fera de mesme travailher le
quartier de la Grand Rue; et Barriac, celluy de Monbarraud; le consul Planteau
fera porter la facyne aux fortifications, et le consul Martin fera mectre
gardes tous les jours aux advenues du bourg de la Magdalene, pour empescher
d'entrer, au dict bourg, ceulx qui viennent de Saincte Foy, ou d'aultres lieux
infectés, et fera aller tous les jeudys de chascune sepmaine trente maneuvres
du dict bourg, travailher aux fortifications de la dicte ville.
p. 137
12
Août
Les dicts
sieurs consuls ont remonstré, que M. de Turenne leur a envoyé une letre de
créance, par M. Gruel, son secrétaire, datée du unziesme de ce moys, pour leur
faire entendre ung affaire d'importance, auquel estoit besoin pourvoir promptement;
et, a ce que hont peu entendre, c'est pour prandre certain nombre de vin de
ceste ville.
Surquoy,
après avoir mandé venir le dict sieur de Gruel, en la maison de la dicte ville,
pour entendre, de luy, sa charge, et qu'il a heu récité, en présence de la
jurade, que le dict sieur de Turenne l'a envoyé, en ceste ville, advertir les
dicts sieurs consuls, que, pour secourir ceulx de Castilhon (1) qui sont
assiégés, le dict sieur de Turenne a mandé tous les gentilshommes et les
troupes des envyrons, pour se trouver, à Saincte Foy, dans peu de jours, ce
qu'ils doivent faire, et pour les entretenir, il prie les dicts sieurs consuls,
ensamble les habitans de la ville, luy envoyer cent barriques de vin. Ce faict,
le dict sieur de Gruel s'est retiré, et en son absance, la plus grand voix
dessus nommés ont opiné et arresté, qu'il sera envoyé
(1)
Castillon était assiégé par le duc de Mayenne qui réussit à s'en emparer.
p. 138
au dict
sieur de Turenne, quinze thouneaux de vin seulement, veu le peu de vin qui sont
en la ville, et l'extrémité de l'année où nous sommes, à la charge que le dict
sieur de Turenne sera pryé de nous bailher une charge de froment, par barrique
de vin, ou nous faire l'assiéte du payement, sur les bledz des dixmes, les plus
clers et liquides, et que les dicts sieurs consuls, achapteront les dicts
quinze thouneaux de vin, le plustost qu'ils pourront; et, du payement d'iceulx,
la présante jurade et aultres habitans de la ville les en relleveront.
Pareilhement,
à la présente jurade, ratifié la promesse de quarante escuz, faicte par MM. les
consuls, pour aller quérir la femme et familhe de M. Baduel (1), ensemble le
payement de vingt escuz, auparavant payés, en desduction de l'entretenement de
la dicte femme et familhe du dict sieur de Baduel, à la raison de vingt livres,
pour moys, durant la guerre.
Que les
habitants de la ville, qui vouldront bailher argent, pour n'envoyer poinct
leurs serviteurs travailler aulx fortifications, le pourront faire, moyennant
deux sols, pour chascun jour qu'ils seront de rampart, qui sont seize sols par
moys, ou bien, envoyeront travailher aux fortifications, comme ils avoient
acoustume, le tout au choix des habitans.
(1)
Baduel était un ministre protestant.
p. 139
27
Août
A esté
oppiné et arresté, que les habitans de la ville, par quartier, envoyeront
travailher aux fortifications, les jours qu'ils seront mandés, sur peyne
d'estre exécutez; que les chevaulx des soldatz, qui sont à Castilhon, seront
distribués et nourris, à ranc, par ceulx qui les ont cy-devant nourris. Qu'il
sera faict visite des bledz et pouldres, qui sont en ceste ville, pour en faire
prandre à ceulx qui n'en auront, afin de munyr les dicts habitans, suyvant les
rolles cy-devant faictz; et, que, iceulx habitans, feront provision de farines,
chascun en son endroict, veu les dangiers du siège où nous sommes; et, à ces
fins, les musniers prefferreront iceulx habitans aux estrangiers.
Et sur
les remonstrances, faites par M. de Gruel et M. Lambert, ministre de la parole
de Dieu, monsgr de Turenne, et des habitans de la ville de Saincte
Foy, a esté aussy oppiné et arresté, que sy la dicte ville de Saincte Foy est
assiégée, que les habitans de ceste ville leur assisteront de tout ce qu'ils
pourront, en considération de la promesse que les habitans de la dicte ville de
Saincte Foy nous font, de sortir, mesme, au cas que nous le soyons; et que les
chevaulx du dict sieur de Turenne, et de ses gens, seront retirés et nourris
des foins et advoynes imposés sur les jurisdictions, comme il mande.
p. 140
Et quant
aux marchandises, que les marchans de ceste ville et du bourg font porté de
Lymoges, en ceste ville, la dicte marchandise sera saysye, et bailhée en garde,
à quelque marchan, qui en respondra, et ceulx qui sont allés quérir la dicte
marchandise, en la dite ville de Lymoges, seront jectés hors de la ville, avec
leurs marchandises, d'aultant qu'en la dite ville de Lymoges, meurent de peste;
et, doresnavant, seront mis aux deux portes de la ville, scavoir, celle du pont
et de la Logadoyre, à chascune porte, ung surintendant, homme d'honneur et de
qualité, pour empescher l'entrée des personnes, venans de lieulx infectés, afin
de préserver la dite ville de telle contagion.
10
Septembre
Les dicts
sieurs consuls ont remonstré, qu'ils n'ont, devers eulx, aulcuns deniers
communs de la ville, pour payer ceulx qui travailhent aux fortifications, et
qu'il y a fort peu de pouldre dans la ville. Sur quoy demandent advis, d'où ils
pourront recouvrer argent, tant pour continuer les dictes fortifications, que
pour achapter des pouldres, et s'ils pourront contraindre les habitans de la
ville, de prandre les pouldres qui leur sont esté cy-devant esgalées; qu'il est
aussy besoing, et nécessité, de faire des piques, et achapter des fers pour les
ferures; aussi, ont
p. 141
demandé
s'il sera bon de mectre, dans la ville, une compaignie de soldatz, pour
soulager des gardes les habitans. A esté oppiné et arresté que, pour continuer
les dictes fortifications, achapter pouldres et fère fère des piques, il soict
fait une tailhe, sur les habitans de la ville, jusques à deux cens cinquante
escuz, qui sera levée le plustost que fère se pourra; et que les habitans de la
ville, qui n'ont encores ploms et pouldres, ceulx qui n'en ont, seront
contrainctz prandre celle qui leur a esté cy-devant ordonnée; et qu'envyron
vendanges, sera avisé s'il sera besoing de mectre des soldatz en ville, pour
soulager de garde les dicts habitans, et que, jusques alors, n'en sera poinct
mis, veu les dangiers de peste où nous sommes; et pour fère des piques, seront
prins des arbres propres pour les fère, où il s'en trouvera, et les frais, qui
seront faictz, pour ce faire, seront alloués au bourssier,
23
Octobre
Arresté,
que attandu les troubles qui sont à présant, et les dangies de peste qui sont en
plusieurs villes, et lieux circonvoisins, de ceste ville, il ne se fera aulcun
commerce, ne trafisque, d'aulcunes marchandises, par eau ne par terre, avecques
les marchans de Bordeaux, Libourne, ne aultres, tant que les dicts troubles
p. 142
et
dangiers de peste dureront. Que la despense faite par Jehan Bonnamy, sergent,
pour aller quérir la femme et familhe de M. Baduel, sera payée au dict Bonnamy.
Sera payé
au seigr Berthol, ingénieur, la somme de cinquante escutz, à luy
promis, pour avoir marqué les fortifications de ceste ville; et si MM. les
consuls n'ont d'argent de la ville, qu'il sera fait une cothisation de la somme
de mille francs bourdalais, comme la précédante, pour, icelle somme, estre
employée tant au dict payement, qu'aux fortifications, et aultres affaires de
la ville.
10
Novembre
Sont
nommés pour exercer la police dans la ville « MM. Jehan Peyraréde, P. Le Roy,
Jehan de Barriac, Jehan Eyma, consuls, et Ramond Robert, Girou Poumeau et
Francoys de Nugon. »
Et sur la
remonstrance faite par le dict Planteau, consul, qu'un pas du pont de
Dordoigne, du costé du bourg, s'en va par terre, s'il n'est acoustré de bonne
heure; a esté arresté, que les dicts sieurs consuls, le plustost qu'ils le
pourront, adviseront d'y pourvoir,
22
Novembre
A esté remonstré,
que les principaulx affaires, que les consuls précédans leur ont laissé, ce
p. 143
sont les
privilèges de la ville non confirmés, à raison de quoy, les habitans de ceste
ville sont randuz cotisables à la tailhe ordinaire du roy, chose qui préjudicye
grandement aux habitans; aussy que les dicts sieurs consuls précédants ont
tasché d'obtenir ung siège présidial en ceste ville, ce qu'ils n'ont peu fère,
ayant fait infinis fraix à la poursuyte; pareilhement, que l'estat de bailly,
en ceste ville, et des bastilhes en Périgort, est à présant vaquant, par le
décès de feu M. Pierre de Belriou, le jeune; aussy, ont remonstré, que M. de
Turenne, à son despart de ceste ville, se offrist grandement aus dicts sieurs
consuls, et promist d'estre aydant aulx habitants, en tous les sus dicts
affaires, à ceste conférance de paix, qui se doibt fère: et qu'ils sont
advertis que M. Du Plessy (1) passera dans peu de jours en ceste ville pour
aller devers le roy de Navarre, avecques passeport du roy; parquoy, ont requis la
présante jurade, leur donner conseil et advis de ce qu'ils doibvent fère la
dessus. Sur lesquelles remonstrances, a esté oppiné et arresté, que attandu la
comodité
(1)
Philippe de Mornay, seigr du Plessis-Marly, né en 1549, mort en
1623; rédigea le fameux mémoire que Coligny fit remettre à Catherine de Médicis
et à Charles IX en faveur des calvinistes; sa grande instruction dans les
matières religieuses faisait de lui l'oracle de ses coreligionnaires. On le
surnommait le Pape des Huguenots. (Bouillet.)
p. 144
qui se
présente, les dicts sieurs consuls feront dresser, en toute dilligence, bonnes
et amples mémoires, tant pour le regard du restablissement du dict siège
présidial, en ceste ville, que pour la confirmation des privilèges d'icelle,
lesquelles mémoires seront bailhées au consul Xans, pour partir et s'en aller,
du premier jour, devers le roy de Navarre, et le dict sieur de Turenne, pour
soliciter et obtenir, tant l'establiswment du dict siège présidial, en ceste
ville, que la confirmation des dicts privilèges; et que, si l'estat du dict
bailly, en ceste ville, et bastilbes du Périgort, se peult vendre en tiltre
d'office perpétuel, en faveur de la ville, que la dicte ville l'achaptera.
22
Décembre
Les dicts
sieurs consuls ont remonstré, que la contagion de la peste acroyt et aulgmente,
tous les jours, en ceste ville, et aux environs; qu'il y a une infinité de
pauvres, en la ville, qui mendient par les portes; que M. Baduel, ministre de
la parole de Dieu, en ceste ville, demande luy estre payé, pour ses gaiges,
quatre cens livres tournoises, tous les ans; si la ville fera poser ung reloge
sur la murailhe du temple de Sainct Jacques. Sur lesquelles remonstrances, a
esté oppiné et arresté, que, quant aulx pauvres de ceste ville, et du bourg,
iceulx pauvres
seront
laissés aux maisons de leurs parens, pour estre, là, nourris, par ceulx
auxquels ils seront distribués, sans aller mendier; aux aultres pauvres
estrangiers, qui sont en la ville, leur sera donné la passade, et, après,
seront renvoyés en leurs paroisses. Quant à M. Baduel, ses gaiges seront payés
suyvant le règlement des Estatz, tenus à Nymes; et, à ces fins, sera fait une
cothisation sur les habitans de la ville, bourg de la Magdalene, paroisse de
Sainct Martin et aultres paroisses circonvoisines, qui se servent de ceste
esglise, et, que le reloge sera mis et posé sur le dict temple de Sainct
Jacques, et le prix fait d'icelluy, fait par MM. les consuls, tenu pour bien
faict et ratiffié. Quant au pas du pont de Dordoigne, a esté oppiné et arresté,
que le dict pas sera descouvert et refaict, le plustost que faire se pourra; et
à ces fins, sera advisé de trouver dix hommes de ceste ville, ou plus grand
nombre, pour avancer l'argent qui fera besoing pour ce faire; lesquelz seront
remboursés, des sommes qu'ilz advanceront, ou des intérêts d'icelles, sur
l'afferme du dict pont; et, pour avoir l'oeil à la dicte réparation, et fère la
liste des personnes, ont commis le consul Planteau et Mathurin Peyrarède.
10 Janvier
1587
Remonstrent,
qu'il y a plusieurs pestiférez en
p. 146
ceste
ville et à l'entour d'icelle, qui n'ont moyen de vivres, si on les nourrira, et
les moyens, tant pour ce faire, que pour payer M. Jehan Thobye, barbier, qui
les pence. Que Mathurin Peyrarède a, cy-devant, obtenu ung don de M. de
Turenne, du revenu des troys couvens de la présent ville, pour nous rembourser
de la sommes de six cens livres de pouldres, envoyées à Castilhon, et M. le
gouverneur dit qu'il a obtenu don du couvent des Jacopins, plustost que le dit
Peyrarède, et ne veult poinct permettre qu'il soyt mis par afferme comme les
aultres. Que M. Baduel, ministre de la parole de Dieu, en ceste ville, demande
quatre cens livres de gaiges, tous les ans, et s'il y aura asses de deux cens
vingt escuz, cotisez pour les gaiges de MM. les ministres. A esté arresté et
oppiné, que tous les fruictz et revenus des troys couvents, seront affermés, et
délivrés aux plus offrans et derniers enchérisseurs, pour, l'argent qui en
sortira, estre employé à bastir, de nouveau, le pas du pont de Dordoigne, qui
s'en va par terre; toutesfoys, sera suprocédé, de lever et employer l'argent de
l'afferme du dict couvent des Jacopins, jusques au retour de M. de Turenne, ou
jusques qu'il en sera adverty. Qu'il sera payé à M. Baduel, ministre, pour ses
gaiges, annuellement, la somme de quatre cens livres; qu'il y aura aussy asses
de deux cens vingt escuz, cothisés pour les gaiges de M. les ministres, et
p. 147
laquelle
cothisation sera adjoustée, et ung tiers d'icelle somme, pour nourrir les
infectz, et pestiférez, qui sont de ceste ville, et aux envyrons d'icelle, pour
payer les gaiges de Jehan Thobye, barbier, qui les pence, et pour subvenir aux
nécessités des pauvres de la ville de Castilhon, et aultres estrangiers, qui se
sont retirés en ceste ville.
Jean Eyma
remonstre qu'il y a seulement deux fontaines publicques en la présant ville,
appellées, l'une, la font Balquine, et l'aultre la font Peyre, esquelles
fontaines, mesme en celle de la font Balquine, on y lave ordinairement, et à
toutes heures, buées, draptz salles, et infectes tripes, et une infinité
d'aultres choses salles, et ordurières; et, qu'il a aussi requis, qu'il soyt
inhibé et défendu à toutes personnes, de quelque estat et qualité quelle soyt,
de ne laver, ne fère laver, es dictes fontaines, les dictes buées, draps
salles, tripes, ny aultres immondicités, mais y prandre seullement de l'eau
pour leur commodité, et service, à peyne de l'amande d'ung escu, pour chascune
contravention, et de confiscation des draptz, tripes et toutes aultres choses
qui se trouveront, pour estre distribuées aux pauvres, la moytié, et l'aultre
moytié, au maistre des haultes oeuvres, et pour ce, qu'il soye tenu faire le
guet, et prinse des dicts draps, tripes et aultres choses, qu'on lavera es
dictes fontaynes, et que, à ceste fin, cela soye cryé à
p. 148
son de
trompe, par les cantons de la ville, afin que, aulcun n'en puisse prétendre
cause d'ignorance.
24
Février
Le
seigneur d'Alain, gouverneur en ceste ville, a remonstré letres du roy de
Navarre et de monsgr de Turenne, dattées du quatorziesme jour de ce
moys, par lesquelles ils luy mandent, d'advertir les habitans de la ville, de
continuer leurs fortifications, et d'y travailler en toute dilligence, plus
qu'ils n'ont fait, de quoy il advertist les dicts habitants, pour y pourvoir,
et les a priés d'obéyr aux commandements du dict sieur roy de Navarre; et, pour
y satisfaire, imposer sur eulx une somme, jusques à quinze cens livres, et
qu'ils n'y faillent poinct, afin qu'il en advertisse le dict sieur roy de
Navarre; auquel sieur gouverneur, a esté répondu, par les dicts sieurs consuls,
que les habitans de la ville sont obéissans au dict sieur roy de Navarre, et
que sa remonstrance sera communiquée à la présente assemblée, et aultres
apparens de la ville, qui sont absens, pour luy fère responce. Ce faict, le
dict sieur, gouverneur, estant sorty de la dicte maison commune, les sus nommés
(1) sur la remonstrance sus dicte, ont oppiné et
(1)
Les consuls et les jurats.
p. 149
arresté,
que les habitans de la ville envoyeront travailher aux fortifications de ceste
ville, chascun quartier, deux foys la sepmaine, comme on faisoit l'année
passée; et, à ces fins, pour faire payement, par jour, ce qu'ils seront
cothisés, par MM. les consuls. De ce faire a été donné toute charge, et que les
sommes cothisées seront levées par les dizeniers de chascun quartier, qui les
bailheront, puys après, au consul Lanes, pour les employer aux dictes
fortifications, et que le dict travail sera continué jusques au retour de monsgr
de Turenne, pour le prier qu'il nous donne des moyens plus grandz pour faire
travailher.
1er
Avril
Ont
remonstré (les consuls), que le roy de Navarre leur a escript, pour la seconde
foys, de cothiser sur les habitans de la ville, et jurisdiction d'icelle, la
somme de mile escuz, pour le payement des estrangiers, qui vienent au secours
de ceulx de la religion; à ceste cause, ont requis l'assemblée, d'aviser si la
dicte somme sera cothisée, qui lèvera la recepte d'icelle, et nommer
présentement les cothisateurs. Sur lesquelles remonstrances, a esté oppyné et
arresté, que la dicte somme de mile escus sera cothisée, par six apparens
personages de la ville, deux de chascun quartier, qui sont esté présentement
p. 150
nommés,
scavoir: pour le Terrier, B. Captal et Jehan Lacombe le vieulx, pour Monbarraud
P. Poumeau et B. de La Rivière, et pour la Grand Rue et Queylar, M. Anthoine
Dupuy et Jehan Eyma recepveur.
22
Avril
A esté remonstré,
que M. de Turenne à son partement, leur a commandé lever la tailhe des
reistres, ce qu'ils ne peulvent faire, d'autant que les cothisateurs n'ont
encores clos, ne signer le rolle de la cothisation; qu'ils sont advertis, de
plusieurs lieulx, qu'il se fait des entreprises contre ceste ville. A esté
arresté, que les cothisateurs, qui ont commencé de cothiser la tailhe des dicts
reistres, se rassembleront, ce jourd'huy, ou demain, au présent lieu, pour
achever la dite cothisation, sans fouller personne, et pour signer et clore
icelle cothisation; que MM. les consuls, avecques le conseil du capitaine
Jaure, Mathurin Peyrarède, Giron Poumeau, Arnaud Vayres, Bertrand de Lentilhac,
Jehan Lacombe le jeune, et Jehan de la Peyraréde, dict Dangounet, feront ung
règlement, touschant la garde de la ville, lequel sera gardé et observé, et
qu'il sera faict visite des armes et des pouldres qui sont en la ville; que le
bled de la charité des pauvres habitans de la ville, et aultres, et l'argent
des pauvres, que M.
p. 151
Baduel a,
devers luy, sera employé pour la nourriture des pauvres qui meusrent de faim,
et que l'aulmosne leur sera faite à la porte de la ville, suyvant le règlement
qui en sera faict par les sus nommés.
Cette
jurade fut la dernière de l'année consulaire; sept habitants furent reçus
bourgeois de la ville, à la date du 1er juillet.
1587-1588
24
Juillet
Dans
cette jurade, il est dit, que le boursier pourra dépenser, pour les affaires de
la ville, jusqu'à vingt écus, sans assembler la jurade.
Le pontonage
fut affermé à P. de Supco, pour la somme de 217 livres tournoises; la pêche des
fossés affermé, pour une durée de trois ans, par Giron Poumeau, moyennant la
somme de 31 livres; l'herbe des fossés, entourant la ville, fut allouée à P.
Barriat, pour la somme de 10 livres et demie, à la condition de ne mettre aucun
bétail dans les dits fossés; le
p. 152
droit de
crier le vin, par la ville, fut cédé à Bertrand Gillot, pour la somme de 45
sols, à la condition qu'il aurait trois personnes suffisantes, pour faire les
dites criées; et que, de plus, il ne prendrait qu'un liard, pour chaque criée;
le droit des pougèzes et l'imposition de dix sols, mis sur chaque barrique de
vin, se vendant au détail, tant en la ville qu'au bourg de la Madelaine, furent
délivrés à Arnault Suguila, pour la somme de 53 livres par mois.
27
Juillet
Contract
pour le scindic et consuls de ceste ville, touchant le barbier et appoticaire,
qui pensent les pestifférez:
Sur les
refoussés du bourg de la Magdalène de la ville de Bergerac, le XXVIIme
jour de juillet, mil VC quatre vingt sept, avant midy, régnant
Henry, et par devant moy, notaire royal, et aultres, ont esté présens Thony
Darniges, appoticaire, habitant de ceste ville, et Gaston Former, barbier, natif
du bourg de Lograte, jurisdiction de Castilhonés, lesquelz ont promis penser,
et visiter les infectz et pestiférés, tant pauvres que riches, qui sont et
seront en ceste ville, bourg de la Magdalène, et aux dicts envyrons, tant de
nuyt que de jour, et tant que la contagion durera, moyenant la somme de vingt
escuz sol, à chascung, pour chascun moys;
p. 153
laquelle
somme, honorables hommes Francoys Valeton, scindic et consul, Jehan Brugière,
bourssier, Bertrand Aubier et Jehan Castanet, aussy consuls de la dicte ville
présens, tant pour eulx que pour les aultres consuls de la dicte ville, leur
ont promis payer, au premier jour de chascun moys; et, le premier moys
commencera le premier jour d'aoust prochain; lequel premier moys, montant
quarante escuz sol., le dict Brugière, consul et bourssier, leur a payé,
présentement, en réalles de vingt sols, testons et monaye, qu'ils ont bien
comptés et réallement recuez, quoique soyt; Arnault Pinet, merchan de ceste
ville, présent, a prins les vingt escuz du dict Gaston, par son commandement,
pour les luy randre, quant les demandera, dont se sont contentés; ont aussy
promis les dicts sieurs consuls, fornir aus dicts Darniges et Former, tous
onguans et médicamens nécessaires, pour penser les dicts infectz et pestiférez,
vrayement pauvres, sans que d'iceulx, les dicts Darniges et Former prégnent
aulcun payement; bien, se pourront faire payer aux aultres, qu'ils penseront,
ayans moyens, à l'ordonnance des dicts sieurs consuls, et conservateur (1), ou
l'ung
(1)
Durant les diverses pestes subies par la ville de Bergerac, les consuls, pour
mieux assurer les soins à donner aux pestiférés, s'adjoignaient toujours un
certain nombre de notables qu'ils désignaient sous le nom de « conservateur de
la santé. »
p. 154
d'iceulx,
s'ils ne se peuvent accorder; et la contagion fynye, les dicts Darniges et
Former, seront payés de leurs gaiges, jusques qu'ilz seront désinfectez; seront
tenus aussy, d'avoir avecques eulx, le jeune Person, barbier, qui servira
maistre Jehan Thoby, (autre barbier), et le nourrir en leur compaignie, à leurs
despens, ce que les parties ressortantes ont promis garder et observer, soubz
obligation de leurs biens, par serment qu'ils ont faict. Présens: Jehan de
Sainct Clary et Jehan Dussier. Signé à l'original: Valeton scindic, Darniges,
Sainct Clary et moy.
Valeton,
notaire royal et clerc de la dicte ville.
15
Août
En la
ville de Bergerac, et dans la grande place de devant le chasteau du roy (1), le
quinziesme jour d'aoust, mil cinq cens quatre vingt sept, ayant midy, pour
traiter et délibérer des affaires de la dicte ville, se sont assemblés, au son
de la cloche, à la manière accoustumée, honorables hommes (suivent les noms des
consuls et les noms des divers conseillers assistant à la jurade), en présance desquels,
les dicts sieurs
(1)
Ce château était situé là où se trouvent les quais actuels.
p. 155
consuls
ont remonstré, que Monsieur de Turenne leur a escript et mandé, entre aultre
chose, de lever, en dilligence, les mil escuz cothisés sur les habitans de la
présant ville et jurisdiction d'icelle, pour le payement des reistres (1);
aussy ont remonstré, qu'il y a ung grand nombre des pestiférez, blessés de
peste, tant en ceste ville que à l'entour, tant pauvres que meusrent de faim;
parquoy, ont requis la jurade, d'aviser qui lèvera la dicte somme, et qui la
gardera, et comme on procédera contre ceulx qui refuzeront de payer, et d'où
sera prins argent pour nourrir les dicts pestiférez. Sur lesquelles
remonstrances, a esté oppiné et arresté, sans desroger aulx jurades
précédentes, que le scindic de la ville, lèvera la dicte cothisation de mile
escuz, assisté des aultres consuls et de MM, les officiers du roy; laquelle
somme tailhée, le dict scindic gardera, loyalement, et seurement, sans la
bailher à personne, que ce ne soyt par autorité de jurade; et que, pour nourrir
les pauvres pestiférez qui meusrent de fain, sera prins de l'argent du
vingtiesme, ordonné pour les ministres réfugiés en ceste ville; duquel argent,
la ville rellevera et tiendra quites les recepveurs d'iceuls deniers, au cas
que l'argent leur fust demandé à l'avenir.
(1)
Anciens cavaliers allemands que le roi de Navarre avait à sa solde.
p. 156
5
Septembre
Le
cinquiesme jour de septembre, mil cinq cens quatre vingt sept, avant midy,
régnant Henry, et par devant moy, notaire royal, ont esté présens, Gaston
Former, natif de la jurisdiction de Castilhonnès, et Anthoine d'Arniges,
appoticaire de ceste ville, lesquels et chascung d'eulx, ont receu,
présentement, de sire Jehan Brugière, consul et bourssier de la dicte ville,
présant, la somme de vingt escuz sol., le tout montant quarante escuz, en
réalles de vingt sols, testons et monoye, pour leurs gaiges du présent moys de
septembre, à eulx promis, pour penser et visiter les pestiférez, par contract
receu par moy, notaire royal, daté du XXVIIme juilhet dernier,
desquelles sommes, ont quité le dict Brugière, promectant ne les luy plus
demander, par serment qu'ils ont fait, en présence de Francoys et Bernard de
Nugon, tesmoingtz. Signé à l'original: de Nugon, et les dicts Former et
Darniges n'ont signé pour ce qu'ilz sont infectz et moy.
Valeton,
notaire royal.
18
Septembre
Ont
remonstré, qu'il fust besoing, ces jours passés, envoyer les compagnies du
régiment de
p. 157
M. de
Salignac, à Monflanquin, et falut, pour ce prendre M. de Puissade, pour les
conduire; lequel demanda ung quintal du pouldre, et deux cens pains, qui luy
furent baillés, et fust emprompté une cavale, de Jehan Gauffre, hoste du bourg
de la Magdalene, laquelle fust prinse par les papistes, au retour du dict
Monflanquin, et ont requis la jurade de ratifier ce qu'ilz ont fait, et
d'aviser si la dicte cavale, sera payée au dict Gauffre; qu'il y a plusieurs
habitans de la dicte ville, qui ont retiré leurs bledz, au chasteau de la Baulme,
à Nailhac et ailheurs, pour faire perdre le droict du roy et de la mise; s'il
sera bon, fere bailher aux dicts habitants, les bledz par dénombrement, qu'ils
ont esdicts lieulx. Sur lesquelles remonstrances, a esté oppiné et arresté, que
la présante jurade, alloue et ratifie le bail du quintal de la pouldre et
pains, faict par les dicts sieurs consuls, pour conduyre les dictes troupes, au
dict Monflanquin, et que la cavale du dict Gauffre, qui portait la dicte
pouldre, sera payée au dict Gauffre, à la charge de poursuyvre le
rembourssement du tout, par les dicts sieurs consuls, par devers le roy de
Navarre ou M. de Turenne; d'aultant, que le tout a esté employé, pour les
aultres généraulx, et quant aulx dicts bledz, qu'il sera faict commandement, à
ceulx qui les ont dehors, de les fère porter en ceste ville, dans huict jours,
sur peyne de confiscation, sauf de ceulx qui en font sortir
p. 158
hors de
la ville pour leur provision, s'il advenait qu'ilz fussent frappez de peste;
ausquels habitans de la dicte ville, et aultres, sera inhibé de n'en vendre,
sans payer le droict de la cause, et sera cryé à son de trompe. Touchant
certains advertissemens receuz, des entreprises des ennemys, M. de Panissault
sera pryé d'assembler ses amys, pour se tenir en ceste ville, ou pour batre la
campagne, comme il avisera; aussy, sera cryé à son de trompe, de ne vendanger
de toute la sepmaine, sur peyne de confiscation de la vendange.
28
Octobre
Assistaient
à cette jurade, outre les consuls: Baduel, ministre de la parole de Dieu, de
Belriou, B. de La Rivière, J. Lacombe, B. de Lentilhac, H. Planteau, J. Eyma,
recepveur, autre J. Eyma, marchand, F. Planteau, J. Marteilhe, J. de la
Peyrarède, A. Pinet, B. Tarnaud, G. Duqueyla, J. de Volpilhac, J. Alba, J.
Cheyssac, P. Poumeau, etc., etc.
En
présence desquels, les dicts sieurs consuls ont remonstré, que le roy de
Navarre escript à Messieurs, de la noblesse, consistoires et communaultés, du
party de la religion réformée, qu'il se présente des ocasions pour les
affaires, qui méritent de conférer ensemble; et pour ceste cause, leur mande de
se trouver, sans
p. 159
fallir,
dans la ville de la Linde, lundy prochain, par tout le jour, et d'y aller, ou
envoyer personnes bien informées de l'estat et choses et mouvement, de tout ce
qui peult concerner la paix ou la guerre, tant pour le présant que pour
l'avenir; parquoy, ont requis advis et conseil leur estre donné là dessus. Sur
laquelle remonstrance, après lecture faite de la letre du dict sieur roy de
Navarre, a esté oppiné et arresté, que M. Baduel, ministre de la parole de
Dieu, ung des consuls, et M. de Lussas, feront le dict voyage, en la dicte
ville de la Linde.
Sur ce,
c'est levé le dict maistre François Cacaud, qui a remonstré, qu'il est requis
et nécessaire, de fère cesser l'imposition de dix sols, mise sur chascune
barrique de vin, qui se vent en ceste ville, et bourg de la Magdalene, ensemble
l'imposition d'aultres dix sols, mise sur chascune barrique de vin sortant de
la présant ville, d'aultant que icelle imposition a esté faite pour remborsser
les habitans de la présant ville, qui avoient forny bledz et vins, pour nourrir
les gentilshommes suyvans le roy de Navarre et M. de Turenne, et que, iceulx
habitans ont esté remborssés. Arresté et oppiné, que l'imposition de dix sols
mise sur le dict vin, se lèvera seullement jusques à sabmedy prochain, dernier
jour du moys d'octobre, et de là, en avant, ne se lèvera plus; que les pogèses
du vin qui se vend en détail, seront affermées jusques au premier
p. 160
jour
d'aoust prochain, aux plus offrans et derniers enchérisseurs.
Pareilhement,
le dict Lafontaine a remonstré, que, par jurade, il a esté esleu ung des
conservateurs depputés pour la santé; que, comme tel, ces jours passés, cuydent
voulant remonstré à Hugues Pauly, qui estoit infect, qu'il trouva en la rue, à
cheval, sans gaulle en sa main, qu'il feusoyt mal, d'ainsi se promener, par la
ville, sans gaulle, ne clochette (1), comme luy avoit esté commandé par tous les
conservateurs. Icelluy Pauly se print à luy dire, malicieusement, que s'il
descendoyt de cheval, il le feroit aller commander en son pays, vers Bordeaux,
et non point à luy, si ayant ung pistolet à feu en sa main; luy dist plusieurs
injures dont il a fait fère information, desquelles façons de fère, a requis la
jurade luy en fère fère justice. Arresté, que le dict Lafontaine, informera
amplement de ce que luy a esté faict, par le dict Pauly, et le poursuyvra par
justice, auquel procès, le scindic de la ville prendra la cause,
(1)
Les gens atteints de peste, étaient, comme les lépreux, obligés d'avoir une
sonnette, ou cliquette à la main, pour annoncer leur passage; ils étaient aussi
tenus de porter une grande gaule, pour écarter les imprudents, qui ne tenaient
aucun compte de l'avertissement donné par leur sonnette.
p. 161
pour le
dict Lafontaine, et se joindra avecques luy.
Aussy
arresté, que Jehan Guy, jadis scindic de ceste ville, payera ce que coustera
d'acoustrer la maison des hoirs de feu Francoys Rebeyrol, qui fust rompue, en
montant la cloche sur le temple de Sainct Jacques, sauf de luy en fère raison
en randant ses comptes.
Aussy, a
esté arresté, qu'un pas du pont de Dordogne de ceste ville, qui s'en va par
terre, sera acoustré, le plustost que fère se pourra, selon qu'il sera avisé
par MM. les consuls P. Poumeau, J. Eyma, J. Martheille et J. Tavers, et selon
le proget qu'ilz aviseront, la besogne sera criée à son de trompe, aux moyns
disans, ausquelz sera payé la somme qu'ilz offriront; et, s'il n'y a asses
d'argent, sera fait ung tail, jusques au payement de la somme offerte.
9
Novembre
Les dicts
sieurs consuls ont remonstré, si le vin doibt entrer dans la ville, après la
feste de Sainct Martin prochaine, veu le temps de guerre où nous sommes; si
l'imposition mise par M. de Turenne sur les chairs qui se vendent en ceste
ville, et bourg de la Magdalene, se continueront de lever; que M. Baduel
(ministre), veult envoyer quérir sa femme, si elle sera envoyée quérir; que
plusieurs habitans de ceste ville
p. 162
veullent
recouvrer leurs meubles fornys à feu M. d'Alain gouverneur, si les dicts
meubles leur seront renduz, et si le logis et estables, baillez au dict sieur
gouverneur, seront aussy renduz aux propriétaires; que les habitans de ceste
ville, ont esté cothisés à la somme de vingt cinq escus sol, pour leur part des
frays d'envoyer aux Estatz, à Montauban; si la ville bailhera les dicts vingt
cinq escus sol; aussy, Jehan Brugière, consul et bourssier, demande qu'il luy
soyt donné quelque chose, pour avoir avancer, pour la ville, cinq mile francz,
pour recouvrer le molin de la ville. Sur lesquelles remonstrances, a esté
arresté, que les bourgeois de la présant ville, seullement, pourront fère
entrer leurs vins, qu'ilz auront cully en leurs possessions, dans ceste ville,
jusques à la feste de Noël prochaine, sans payer aulcun tribut à la dicte
ville; toutesfoys, s'ils en achaptent qui ne soyt de leur creu, ilz en payeront
cinq sols par barrique, comme pareilhement feront les estrangiers, jusques à la
feste de Noël; que l'imposition mise sur les chairs, par M. de Turenne, se
continueront de lever, pour le regard des boeufs, vaches, veaux, pourseaulx,
truyes, brebys, boucs et chèvres, et mesme les moutons; qu'il sera envoyé ung
messagier à pied, en la ville d'Argentat, pour entendre, par les habitans
d'icelle, si l'esglise où estoit ministre M. Baduel, vouldra permetre de
laisser venir en
p. 163
ceste
ville, la femme de M. Baduel, et selon les responces, si les chemyns sont
assurés et libres, elle sera envoyée quérir; que les meubles bailhés à feu M.
le gouverneur, par les habitans de la ville, seront rendus aux particuliers
d'icelle, qui les ont fornys, et cest article sera cryé à son de trompe, et les
dicts meubles rendus, les dicts sieurs consuls rendront, pareilhement, les
clefs du logis du dict feu gouverneur; que les dicts sieurs consuls frayeront
et payeront la somme de vingt cinq escus sol, à laquelle ils sont esté
cothisés, pour aller à Montauban (1), et qu'il sera donné à Jehan Brugière,
consul et bourssier, deux pipes de bled, pour avoir forny la sus dicte somme,
de cinq mile francs, pour recovrer le molin de la ville.
30
Novembre
Les dicts
sieurs consuls ont remonstré, que
(1)
Je soussigné, confesse avoir receu de sire Jehan Brugière, à présent consul et
boursier de la présent ville, ceste présente année, la somme de vingt et cinq
escuz, en quoy l'esglise de ceste ville a esté cottisée, pour sa part des frais
qu'il fault faire pour le voyage de Montauban, auquel voyage, estant un des
députés, ay receu la dicte somme, dont en quitte la dicte esglise. Fait à
Bergerac ce 9 de janvier 1588. Signé: Baduel. A. Poumeau tesmoingt. (Lse
32. N° 1. Bte Q.)
p. 164
M. de
Turenne, qui est devant Sarlat, a mandé luy envoyer de la pouldre et des
balles; par quoy, ont pryé la jurade d'aviser si la ville luy en envoyera.
Arresté, qu'il sera envoyé à M. de Turenne, six quintaulx de pouldre, et les
balles qu'il demande aussy, le plustost que fère se pourra, en les faisant
conduyre, par la rivière, pour le dict sieur de Turenne. Aussy, a esté arresté,
que le collège de ceste ville sera fermé de murailhe, à la diligence du consul
Poumeau, Pierre Poumeau, son frère, et de M. Baptiste Tarneau, présents, qui
ont promis le fère, et acepté la charge, ausquelz est promis que les fraiz,
qu'ilz feront, leur seront alloués.
19
Décembre
Ont
remonstré, que, cy-devant, pour continuer les fortifications, les chevaulx et
charrettes des habitans, et aultres de la jurisdiction, estoyent mandés, et à
faulte de les envoyer, les reffuzans estoyent contrainctz payer, pour
charrette, quinze sols, et, pour cheval, dix sols; et ont demandé si le dict
règlement sera suyvi, veu que M. de Turenne escript de haster les fortifications;
aussy, plusieurs habitans de la ville se plagnent qu'ilz sont par trop
cothisez, au rolle de la cothisation des gaiges de MM. les ministres, et ne
veullent payer leur tailhe qu'à leurs ministres, comment on procédera contre
eulx;
p. 165
pareilhement,
plusieurs se plagnent de faire les gardes de la ville, et s'excusent sur leur
pauvreté et minorité; et, la pluspart, envoyent à la garde, des garsons sans
armes; et les habitans du bourg de la Magdalène, ne veullent, aussy, payer leur
part des gaiges de MM. les ministres, sur quoy ont pryé la jurade, leur bailher
advis et conseil.
Sur
lesquelles remonstrances, a esté oppiné et arresté, pour le regard des
fortifications, que l'ordre ancien fait, touchant les charrettes et chevaulx,
sera gardé et suyvy, et que ceulx, qui ne envoyeront, seront exécutiez; que les
habitans de la dicte ville, qui sont cothisés au rolle de MM. les ministres,
payeront les sommes qu'ilz seront cothisez, aultrement seront aussy exécuttez
et doresnavant, les habitans de la dicte ville, mais aussy ceulx du bourg de la
Magdalène, paroisse de Sainct Martin, Lembrat (1) et aultres de la présant
jurisdiction, qui viennent en ceste ville, aux presches, et participent aux
divers services, seront aussy cothisés au rolle des gaiges des dicts ministres;
que les pauvres, vrayement pauvres, seront excusés de faire la garde, comme il
sera avisé par MM. les consuls, et le capitaine Jaure, sergent majeur; et que,
doresnavant, les dicts habitans de la dicte ville, feront la garde, nuyt
(1)
Commune du canton de Bergerac.
p. 166
et jour,
en personne, ou y envoyeront personnes capables, aultrement seront exécutez.
Quelques
lettres écrites aux consuls durant l'année 1587 (Bte Q. Lse
20.)
«
Messieurs,
Monsieur
de Turenne est arrivé ycy, puis deux heures; nous attendons sa maiesté à ce
soir, et croy qu'il sera tard, et semble à Monsieur de Tustal (1) et à moy, que
feres très bien de venir ycy, demain, saluer sa dicte majesté. Je vous prie
doncq y venir, et sur ceste prière, je salueray bien humblement vos bonnes
graces, et prie Dieu,
Messieurs
vous tenir en sa saincte garde.
Vostre
affectionné serviteur.
Feydeau.
»
«
Monsieur de Tustal salue bien affectueusement vos bonnes graces.
A Saincte
Foy ce sabmedy sur les trois heures (22 août 1537).
(1)
Il y avait à Sarlat, au quinzième siècle, une vieille famille bourgeoise de ce
nom.
p. 167
De Mont f
(Montflanquin probablement) ce mercredy XXVI aoust 1587.
Monsieur,
Suyvant
ce que Monsieur de St-... nostre gouverneur, à son partir d'ycy, nous donna charge
de vous tenir adverty, à toute heure et occasion, de ce que nous pourrions
aprandre, du déseain des enemys, affin que de en advertir Monseigneur de
Theurène, nous n'avons volleu fallir à vous escripre, que, despuys deux jours
en ça, nous avons plusieurs advys très certains, et de bonne part; et, que sont
partys de l'armée de Monsieur le mareschal de Mathinion, que est apprès à
passer la rivière de Garonne, au Port-Sainte-Marie (1) avecques son armée, et à
ses fins, a faict assembler et descendre des bapteaux d'Agen, et de là, se vien
randre à Ville-neufve (2); nous ne scavons, plus avant, son déseain; bien est
vray, que, comme estans les plus proches, nous avons à craindre ses
entreprises. A ceste cause, vous supplions de en advertir mon dict seigneur; et
sy, cependant, nous entendons que le dict sieur mareschal, aye déseain
d'atenter quelque chose sur nous, nous
(1)
Chef-lieu de canton, département du Lot-et-Garonne, à 20 kilomètres d'Agen.
(2)
Sous-préfecture du Lot-et-Garonne.
p. 168
aurons
nostre recordz à vous, pour nous fornyr, s'il vous plait, des hommes, que nous
pourrons avoir faulte, à cause de l'absence de nostre gouverneur, que nous
faict supplier, très humblement, d'escripre à Messieurs de Boyesse (1), ou à
ceulz qui comandent, en leurs absence, à leurs compagnies de gens de pied, de
s'approcher de nous, affin de supplir à la nécessité que nous pourroit advenir;
nostre cause est la vostre, et, de tous, en commung; et sy, nous asseurons que
vous estes sy affectionné au service du roy de Navarre, que vous ne nous
expouzeres venir en tel besoing. Ce matin, on nous a envoyé ung paquet de
Montauban, pour fère tenir à Bragerac, inpourtant les affères du roy de
Navarre, lequel nous avons bailhé à ce porteur; on nous a aussy escript de
Quercy, que Monsieur de Sainct Supplyce assemble toute la noblesse de Quercy,
pour s'en aler au della Dourdouye (Dordogne). Sy nous pouvons entandre aultre
chose de plus certain, nous ne fauldrons de vous en advertir, à toute heure;
qu'est fin, après avoir sallué vos bones graces, priant Dieu
Monsieur,
en sancté, vous donner ce que désirés.
Vos très
humbles et obéyssans serviteurs. »
Suivent
les signaturcs illisibles de trois contuls
(1)
Probablement Arnaud d'Escodéca de Boisse.
p. 169
Au dos: «
A Monsieur d'Allen, gouverneur, ou, en son absence, à Messieurs les consuls de
Bragerac. »
«
Montflanquin (1) ce sabmedy IX octobre 1587
Messieurs,
Nous
venons, présentement, d'estre advertys que Monsieur le mareschal de Matignon, vient,
à nuit, coucher à Cancon (2), où l'on luy apreste logis, et fait-on les
cartiers pour les troupes qu'il mène. Nous savons qu'il a six vingtz eschelles,
il se fault prandre garde, que faisant semblant de nous attaquer, il ne passa
plus oultre, vers vous, par quoy, je vous suplye adviser à nos affères, et s'il
vous plet advenir les compaignies qui sont en vos cartiers, de se serrer vers
vous, ou vers Saincte-Foy, à ce qu'ilz ne se perdent; et m'asurant de vostre
bonne volonté et prudence, je vous baiseray humblement les mains, et prieray
Dieu,
Messieurs,
vous tenir en sa saincte garde et protection.
Vostre
humble et plus affectionné voysin et serviteur.
Lagarde.
»
(1)
Chef-lieu de canton du Lot-et-Garonne.
(2)
Id.
p. 170
« De
Montflanquin, ce sapmedy dixièsme octobre 1587.
Messieurs
les consuls,
Présentement,
venons d'estre advertys, d'asseurance, que Monsieur le mareschal de Matignon a
passé la rivière du Lot, et a son rencez-vous, ceste nuit, en ceste terre, et
terre de Cancun, et que le sieur mareschal, doilt coucher au dict Cancon. Yer,
passa troys compagnies de gens de pié, et une de cheval, amenant une charette
chargée d'eschelles, estant couvertes d'un grand linceul, s'en allant ver
Cadoing; ils prétendent surprendre quelque ville. Il est nécessaire que faciez
bonne garde, afin que ne soyez surprins. Il seroit bon que vous advertissiès
messieurs de La Linde; d'asseuranre, c'est sur nous, ou sur La Linde, ou sur
vous. Il est requis, que, tous, vélions, afin que l'ennemy ne nous puisse
surprandre. En tous les endroictz, que nous aurons moyens vous servyr, le
ferons de très bon ceur, vous demeurant,
Messieurs,
vos très humbles et obéissans serviteurs. »
(Suivent
les signatures de trois Contuls.)
p. 171
« A
Barrière (1) ce II novembre au soir 1587.
Messieurs
les consulz,
Je vous
veulx bien advertir, comme Grignols est en la puissance du roy de Navarre, et
espère, aydant Dieu, eslargir si bien vos limites, que vous pourrez,
doresnavant, dormir en sureté. Je m'en vais à Sourzac (2), et mande à M. de
Sainct Pater, d'amener les pièces; je vous prie luy donner des pionniers, des
pics et pelles, et l'accomoder de tout ce que pourrez, et aussi, s'il y a
quelques montagnes malaysées, luy faire donner des beufs, pour ayder au dict
canon; j'écris aussi à M. de la Roque, au capitaine Panisault et au capitaine
Verrouil, de venir avec leurs compagnyes, droit aux Lesches (3); je vous prie
avoir soing de tout cela, et je prie Dieu vous avoir,
Messieurs
les consulz, en sa saincte garde.
Votre
affectionné et meilheur amy,
Turenne.
»
(1)
Ancien fief dans le bourg de Grignols.
(2)
Commune du canton de Mussidan.
(3)
Les Lèches, commune du canton de Laforce.
« De
Bénac ce XXVII novembre 1587.
Messieurs
les syndic et consuls,
Pour ce que,
partant de vostre ville, j'oubliay les balles de metal, que je avoye faict
fondre, je vous prie me les envoyer, le plustost qu'il vous sera possible, et
ayder de vostre faveur, en tout ce que vous pourrez, à ce que celluy qui me les
portera, face diligence; l'assurance que j'ay de vostre affection, en
l'avancement de nos affaires, m'empeschera vous en dire davantage, sinon, pour
prier Dieu, qu'il vous maintienne en sa garde, et vous, de croire que je suis,
Vostre
fidelle amy, à vous servir.
Caumont.
»
8
janvier 1588
Les dicts
sieurs consuls ont remonstré, que le roy de Navarre a escript de lui envoyer
les deniers, imposés sur les habitans de ceste ville et de la jurisdiction,
pour la subvention des Reistres, lesquels ne sont encores tous levés, d'aultant
que la pluspart du peupple ne veult payer, disant que les Reistres s'en sont
retournés; et ont demandé si les dicts deniers seront achevez de lever, et de
qu'elle contrainte on
p. 173
usera
contre les refuzans. Aussy, qu'ilz ont fait dresser des mémoires, pour envoyer
aux Estatz à Montauban, pour les demander au roy en faisant la paix, si les
dicts mémoires seront asses amples, et s'il fault adjouster ou dyminuer. Que
les dicts sieurs consuls ont, suyvant l'advis des jurades précédentes, payé six
vingtz escus, pour les cloches de Sourzac, et toutesfoys, M. de Meilhe ne veult
permectre qu'on descende les dictes cloches, pour les porter en ceste ville;
sur quoy ont aussy pryé la jurade, leur donner advis et conseil là dessus.
Sur
lesquelles remonstrances, après lecture faicte de la letre du dict sieur roy de
Navarre, a esté oppiné et arresté, que le reste de la cothisation des deniers
des dicts reistres, sera achevée de lever, le plustost que fère se pourra, pour
estre gardée par le scindic de la ville, sans les bailher à personne, que par
advis donné en jurade, et, les refuzens à payer iceulx deniers, seront
contrainctz ce fère, par emprisonnement de leurs personnes; quant aux sus
dictes mémoires, après aussy lecture faicte d'icelles, la jurade les a trouvées
bonnes et bien faictes, auxquelles a esté oppiné qu'il y sera adjousté deux
articles, l'ung, que le roy de Navarre sera supplyé ne nous bailher point de
gouverneur, sans le consentement et nomination des habitans, et pour le regard
de la nomination, il luy plaise suyvre les règlements par luy faitz, et
p. 174
l'autre
qu'il luy playse aussy ordonner lestat du payement de la garnison de ceste
ville, sur des paroisses proches de la dicte ville, afin que les contributions
se puissent aysément lever. Quant aux cloches de Sourzac, il sera escript à M.
le comte de Meilhe, de nous délivrer les dictes cloches, bailhées aux habitans
de la dicte ville par M. de Turenne, ou randre à la dicte ville les dicts six
vingtz escuz, ensemble, les fraictz; aultrement, à faulte de ce faire, il sera
escript à M. de Turenne.
Et, sur
la remonstrance faite par Jéhan Eyma, qui a requis luy permectre fère entrer
dans la ville deux thonneaux de vin, qu'il a à son boriage, près la dicte
ville, daultant qu'il n'a peu les fère entrer, à cause de la peste qui estoit à
son boriage, à ceste considération de la misère du temps et de la contagion,
qui a durée longtemps dans ceste ville, sans tyrer à conséquence, et sans
rompre ou desroger aux privilléges de la dicte ville. Oppiné qu'il est permis
au dict Eyma, et aultres habitans, de la dicte ville, et bourg de la Magdalene,
fère entrer dans la dicte ville et bourg, durant ung moys, tel nombre de vin
que bon leur semblera, en payant dix sols à la ville, pour barrique, soyt vin
ou demy vin.
p. 175
19
Janvier
Les
sieurs consulz ont remonstré, que M. de Turenne, dernièrement qu'il fust en
ceste ville, leur commanda de fère fondre ung canon, et une colouvryne, et leur
bailha, par Pierre de Libran, recepveur de la recepte particulière, establye
par le roy de Navarre en ceste ville, la somme de troys cens escuz sol., que,
suyvant le dict commandement, iceulz sieurs consulz ont bailhé à fondre, les
dictes pièces, à M. Pierre Potier, fondeur; ce qu'il a promis faire, moyenant
la somme portée par le contract, receu par le clerc de la ville, le
dix-huictiesme jour de ce moys; et, ont demandé que la ville ratifie le dict
contract; aussy, ont remonstré que le roy de Navarre a escript une letre aux
dicts sieurs consulz, touchant le gouverneur de ceste ville par laquelle il
mande entre aultres choses, qu'il n'a jamais heu intention de mectre aultre
gouverneur en ceste ville, que le seigneur de la Force, et qu'il est très ayse,
que les habitans de ceste ville le tiennent agréable; et, sur ce, ont demandé
advis à la jurade, qu'ilz doibvent fère là dessus; aussy, ont remonstré, qu'il
est besoing cothiser les gaiges de Messieurs les ministres, sur les habitans de
ceste ville, bourg de la Magdalène, et jurisdiction; et que la jurade nomme les
cothisateurs; pareilhement, ont remonstré
p. 176
que
Hugues Tavers, et Héliés Marphaud, commis aulx fortifications de ceste ville,
délibèrent d'abatre et ruyner, par l'eau du ruisseau du Caudou, le vieulx
ravelin de Cleyrac, cy-devant faict par M. de Lacoste, chose qui pourrait nuyre
et préjudicier à la ville, par quoy ont aussy demander advis à la dicte jurade,
si cela se doibt fère.
Sur
lesquelles remonstrances, après que le dict Pierre Polier, fondeur, présant,
sur ce interpellé, par les dicts sieurs consuls, en présance de la jurade, a
heu promis, par serment, fondre à ses despens, les dicts canon et coleuvryne,
pour la somme contenue au dict contract; et, sur chascune pièce, mectre et
engraver les armoiries de la ville; et, icelles deux pièces rendre parfaites et
prestes à tyrer, en luy fournissant, par les dicts sieurs consuls, ce qui est
porté par le dict contract, la jurade a ratiffié et a promis, tenir le dict
contract, et icelluy entretenir de point en point; et, quant au gouverneur de
ceste ville, après lecture faite de la letre du dict sieur roy de Navarre,
rassemblée ayant très agréable pour gouverneur le seigneur de la Force, a
oppiné et arresté, que les dicts sieurs consuls, acompagnez de M. Charon,
lieutenant général, et de M. le bailly, vieulx, iront, ce jourd'huy, ou demain
matin, trouver le dict sieur de la Force, à son chasteau, pour luy fère
entendre la volonté du dict sieur roy de Navarre;
p. 177
et, que
les gaiges de Messieurs les ministres, seront cotisés sur les habitans de ceste
ville, bourg de la Magdalène et jurisdiction, estans de la religion, suyvant
les édictz du roy et précédantes jurades, par les cothisateurs qui seront
nommez par les dicts sieurs consuls; et quant au revelin de Cleyrac, a esté
aussy arresté, que les dicts sieurs Tavers et Marphaud n'entreprendront aulcune
chose sur la ruyne d'icelluy ravelin, sans l'advis des dicts sieurs consulz
Symon de Villepontoux, Arnault Vayres, Jehan Lacombe le jeune, Pierre Poumeau,
Berthoumieu de la Rivière et Mathurin Peyrarède, à ces fins nommez et depputez,
par jurade du vingt troysiesme jour de mars, mil VC quatre vingt
cinq; et que B. Gillet, qui a heu cy-devant charge de lever les gaiges des
dicts sieurs ministres, se trouvera, vendredy prochain, au consistoire, pour
rendre compte de ce qu'il aura prins et receu.
(Du 19
janvier, date de la jurade ci-dessus, transcrite en entier, les consuls et les
jurats ne se réunirent plus que à la date ci-dessous.)
11
Avril
Les
sieurs consuls ont remonstré, que pour fondre le canon et la coulouvryne,
apartenant à la communaulté de la ville, desquelz le prix faict
p. 178
est
bailhé à Pierre Polier, fondeur, par commandement de M. de Turenne, il est
besoing recouvrer de la mitralye, pour les parachever, d'aultant que le dict
fondeur les somme, tous les jours, de satisfaire au contract, fait avecques
luy, et veult protester contre la ville, de tous despens, dommaiges et
intéretz; et d'aultant qu'ils ne peulvent recouvrer, des recepveurs de la
cause, le reste de l'argent, donné par le dict sieur de Turenne, pour fondre
les dictes pièces, montant cinq cens livres; ont demandé leur estre donné advis
et conseil là dessus. Pareilhement, ont remonstré que pour continuer les
fortifications de la ville, il a esté fait une petite tailhe et cothisation,
sur les habitans d'icelle, laquelle iceulx habitans ne veullent payer, comme
disent les colecteurs, qui ont charge de la lever; sur quoy, ont aussy demandé
leur estre donné advis là dessus.
Sur
lesquelles remonstrances, a esté, par la plus grand voix, oppiné et arresté,
que, pour ne laisser la coulouvryne imparfaite, veu le temps de guerre où nous
sommes, sera, par les dicts sieurs consuls, achapté ou emprompté la mitralye
qui sera nécessaire, pour fondre la dicte coulouvryne, de laquelle mitralye,
iceulx consulz s'obligeront, en leurs noms propres, et la ville les en
relevera; et que, cependant, les dicts consuls poursuyvront le payement
d'icelle
p. 179
mitralye,
sur les prisoniers de Sainct Chastier qui sont détenus aux prisons de ceste
ville, ou aultres du dict lieu, si fère se peult, suyvent le mandement du dict
sieur de Turenne, qui est devers les dicts recepveurs, lesquels prisoniers
seront, à ces fins, reserrés extroitement, par le consierge; et que la tailhe,
imposée pour les fortifications, sera levée, et les habitans de la ville
contraintz à la payer, laquelle tailhe, les collecteurs, à ce, députés,
lèveront en toute dilligence; autrement, seront exécutez en leurs noms propres,
pour le payement d'icelle,
23
Avril
Les dicts
sieurs consulz, et le dict Eyma, scindic des marchans, ont remonstré, que, puys
naguères, les gouverneurs et consuls de la ville de Saincte Foy, ont imposé,
sur toutes les marchandises, montant et descendant, par la rivière de Dordogne,
passans au devant leur ville, certaines sommes de deniers, indiférement, soyt
sur ceulx de la religion, ou aultres résidans; par ce moyen, les marchans qui
trafiquent sur la dicte rivière, contribuent comme ilz feroient leurs enemys;
que, sur ce diférant, le conseil du roy de Navarre, passant dernièrement par la
ville de Saincte Foy, ayant ouy seullement le scindic de ceste ville, et les
dicts consulz de
p. 180
Saincte
Foy, auroient renvoyé les parties, par devers le dict sieur roy de Navarre,
pour, les dictes parties, oyr, et mesmes le scindic des dicts marchans, y estre
pourveu comme de raison; que, puys le dict appointement, les dicts consulz et
habitans de Saincte Foy, en toute dilligence, et par surprinse toute apparente,
et sans oyr les habitans de ceste ville et le scindic des dicts marchans, troys
ou quatre jours après, auroient obtenu, comme ilz disent, certaine ordonnance
du dict sieur roy de Navarre, à leur avantage; et, en vertu, d'icelle,
contragnent les dicts marchans, par prinse et saisye de leurs personnes, et
bapteaulx, au payement de la dicte imposition, chose du tout indigne et inique;
à ceste cause, ont requis la jurade, d'adviser s'il sera bon envoyer homme
exprès, devers le dict sieur roy de Navarre, pour luy présenter requeste
narratisve de ce que dessus, pour faire cesser la dicte imposition, et sy Jehan
Bordas de ceste ville, qui entreprend de faire le voyage, est prins prisonnier
de guerre en chemin, sy rençon sera payée, et par qui, et d'où sera prins
argent pour faire le dict voyage.
Sur
lesquelles remonstrances, la plus grand voix des sus nommés, ont oppiné et
arresté, que le dict Bordas sera despéché, pour aller en dilligence, présenter
au roy de Navarre, la requeste qui lui sera bailhée, tant pour cest affère, que
p. 181
pour
aultre affère concernant le bien public; et, que, à ces fins, sera payé et
avancé, par les dicts sieurs consuls, la somme de trente escuz sol., pour faire
le dict voyage, à la charge que les dicts sieurs consuls seront remborssés
d'icelle somme, par le scindic des dicts marchans, ausquels ceste affère touche
particulièrement, sur les premiers deniers que le dict scindic prandra et
levera, appartenans à la boursse commune des dicts marchans; et que, s'il
advenoit que le dict Bordas soyt prins prisonnier de guerre, en chemin, faisant
le dict voyage, sa rençon sera payée par le scindic des dicts marchans, et par
les habitans de ceste ville, chascun par moytié, et qu'il sera escript, par les
dicts sieurs consuls, et par le consistoire de ceste ville, à Monsieur de More,
ministre de la parolle de Dieu, de nous envoyer ung ministre, suyvant ses
letres escriptes aulx habitans de la dicte ville.
4
Mai
Les dicts
sieurs consuls ont remonstré, qu'il se faict annuellement une cothisation sur
les habitans de ceste ville, pour payer les gaiges de Messieurs les ministres;
que, à présant, il se présante ung expédiant, pour fère cesser les dictes
cothisations, c'est que M. de Sainct
p. 182
Julien,
veult vendre le prieuré de Sainct Martin de ceste ville, et le veult laisser pour
mile escuz, et prandre en payement les reyrages des dons faitz au collège,
deubz par plusieurs gentilshommes (1), qui montent à grands sommes de deniers,
ainsi qu'il a mandé à Hugues Tavers par une letre, qu'il luy a escripte; à
ceste cause, ont pryé la
(1)
Le roi de Navarre, nous l'avons déjà vu, par ses lettres patentes du 31 juillet
1576, donna 200 livres de rentes au collège de notre ville; plusieurs
seigneurs, désireux, eux aussi, de contribuer à sa prospérité, suivirent
l'exemple du roi. Parmi ces derniers nous trouvons:
Jean
Foucaud, sr de Lardymalye, gouverneur, pour le roi de Navarre aux
pays de Périgord et Limousin, qui le 30 juillet 1576 fit don et fondation
perpétuelle de dix livres de rente, à prendre, tous les ans, sur les revenus de
sa métairie noble, appelée de St-Pierre.
Le
30 juillet 1576, Geoffroy de Beynac, sr et baron du dict lieu, donne
20 livres de rentes annuelles, à prendre sur les revenus de la paroisse de
Beynac.
Le
même jour, Foucaud de St-Astier, écuyer, sr de La Barde, donne cinq
livres de rente, à prendre sur les revenus de Rastille, paroisse de l'Isle.
Le
15 août 1576, messire Armand de Gontaud, sr de St-Geniès, baron de
Badefol, de Daudens en Béarn, et de Daulmanescher, en Normandie, constitue une
rente de 100 livres, à prendre sur les revenus de la chatellenie de Badefol, à
la charge que, la seconde classe du collège sera appelée classe de Sainct
Geniès.
Le
21 du même mois, Jacques de Caumont, écuyer, sr de la Force, de
Masduran, de Montboyer, de Mangésie, d'Aunay et de la prévoté de Bergerac,
consent une rente de 50 livres, à prendre sur la recette et revenus de sa
maison de la Force, à la charge qu'au dit collège, une fois pour le moins,
chaque année, « il serait faict déclamation à la louange et honneur de sa
maison. »
Quatre
jours après, c'est-à-dire le 25 août, Haut et puissant seigneur, messire Henri
de Latour, chevalier de l'ordre du roi, capitaine de ciquante hommes d'armes,
vicomte de Turenne et comte de Montfort, donne 100 livres de rentes annuelles,
à prendre sur les revenus de la dite comté de Montfort, à la charge que la
première classe sera appelée « classe de Turenne ».
Le
28 août de la même année, Bertrand de Larmandie, écuyer, sr de
Longa, de Grand Castang et de Gardonne, consent, lui aussi, pour le même objet,
une rente de 25 livres, à prendre sur les revenus de sa métairie du Monteil,
appelée de Buffeven.
Il
est bon de rappeller aussi que le 4 mai 1582, maître Hélie Dupuy, régent du
collège, fit deux testaments, portant légat de la somme de 150 écus, pour être
mise en fonds à perpétuité; et, du revenu, être acheté un chapeau et un Nouveau
Testament grec et latin, pour être donné, en prix, à celui des écoliers de la
première classe, dite de Turenne, qui composera le mieux un argument, qui sera
donné par quelcun de MM, les magistrats, chaque année, le dernier jour d'avril,
ainsi que des écritoires, pour prix, à ceux qui le seconderont. (Voir les notes
publiées par M. Michel Dupuy sur notre collège.)
p. 183
jurade
d'adviser, s'il sera bon d'achapter le prieuré, et leur donner conseil là
dessus; aupsi, ont remonstré que certaines personnes de ceste ville,
entreprenent de bastir, à ung des pas du pont, une pescherie, à leurs despens,
sans empescher la navigation, et veulent bailher certain revenu à la ville; ont
aussi demandé si les dictes
p. 184
pescheries
se feront, en bailhant du profit à la ville; aussi, ont remonstré que, cy
devant, M. de Turenne a donné aulx habitans de ceste ville, la somme de cinq
cens escuz sol., prins sur les affermes des biens des catholiques, pour estre
employés aux fortifications de ceste ville, laquelle somme, ou partie d'icelle,
Mathurin Peyrarède et Jehan Guy, jadis scindics et consuls de ceste ville, ont
prinse et receue des fermiers d'iceulx biens, sans prandre quitance de M. d'Aliés,
recepveur général, ou de P. de Belriou, recepveur de la recepte particulière en
ceste ville, comme ilz debvoyent faire; qu'est la cause que, à l'avenir, les
dicts catholiques pourront demander aux habitans de la présant ville, les
sommes receues des affermes de leurs biens, ne monstrant de quitance des dicts
recepveurs; et, par ce moyen, la ville tombera en des grandz
p. 185
fraitz,
par la faulte des dicts Peyrarède et Jéhan Guy; et, sur ce, aussy, ont demandé
leur estre bailhé advis et conseil.
Sur lesquelles
remonstrances, a esté oppiné et arresté, par la plus grand partye, qu'attandu
qu'on ne voit aulcune suretté en l'aquisition du dict Prieuré, ains au
contraire ung aparen dangier de prendre la somme principale, synon que ce fust
par manière d'afferme, qui ne peult estre faite que pour troys ans, il sera
escript au dict seigneur de Sainct Julien, qu'il luy plaise donner, aux
habitans de la présent ville, la suretté de leurs deniers, s'ilz achaptent ou
afferment le dict prieuré; et, ce faict, luy sera faict plus ample response.
Quant aux
pescheries, a esté aussy arresté, que MM. les consuls, Pierre Poumeau et B.
Gillet, parleront à ceulx qui veullent entreprandre de les bastyr, et
arresteront, avec eulx, les conditions et conventions qu'ils aviseront estre au
profit de la ville, ausquelz est donné toute charge de ce fère; et, ce fait,
icelles pescheries seront délivrées, à l'estaing de la chandelle, au présent
lieu, à ceulx qui feront la condition meilheure de la dicte ville.
Que les
dicts Peyrarède et Jéhan Guy, jadis scindicz de ceste ville, retyreront
quitances des dicts cinq cens escuz des recepveurs de la cause, le plustôst que
fère se pourra, afin que la ville
p. 186
ne soyt
poinct reserchée à l'avenir, d'icelle somme, sur peyne de frayer, à la dicte
ville, tous despens, dommages et intérêtz, qu'elle pourroit souffrir, par
faulte de monstrer les dictes quitances.
Que M.
Jéhan Lotrac, régent au collège de ceste ville, sera osté de son estat, à cause
qu'il a sa voix cassée, et personne ne l'entend; et, en son lieu, sera mys le
régent Saubeterre, qui est réfugyé en ceste ville.
Aussy,
que les ponts de Caville et Pontbonon, seront acoustrés; et, pour le présent,
ne sera imposé aulcun tribut sur le poisson fraictz, qui se vend aux Mazeaulz
de la dicte ville.
16
Mai
Les dicts
sieurs consuls ont remonstré, que le roy de Navarre leur a escript une letre de
créance, par le seigneur de Pierrefite, dattée du cinquiesme de ce moys, pour fère
entendre aux habitans de ceste ville, et aux esglises du pays de Poytou et
Languedoc, certains affères importans, ausquels il est besoing pourvoir
promptement; et, à ce qu'ils ont peu entendre, c'est que le dict sieur roy de
Navarre mande, que chascune esglise envoye, devers sa majesté, ung depputé,
pour luy porter les sommes cothisées
p. 187
pour la
subvention des reistres, et s'esforcer encore, de cothiser le double d'icelles
sommes, si fère se peult, pour la dicte subvention. Sur quoy, après avoir mandé
venir le dict sieur de Pierrefite, en la maison de la dicte ville, et qu'il a
heu récité, et fait lyre, en présance de la jurade, toutes ses mémoires et
instructions, a requis l'assemblée y pourvoir promptement; et, après lecture
faite, de la letre du dict sieur roy de Navarre, a esté respondu au dict sieur
de Pierrefite, que les habitans de ceste ville remercient grandement le dict
sieur roy de Navarre, de la souvenance qu'il a des dictes esglises, et que ses
instructions et mémoires seront communiqués à l'assemblée des esglises, qui se
doibt faire, demain, en ceste ville, pour, tous ensemble, luy fère responce. Ce
faict, le dict sieur de Pierrefite s'estant retyré, la plus grand partye des
sus nommés (consuls et jurats), ont oppiné et arresté, que, oultre les mille
escuz sol., cothisés sur les habitans de ceste ville bourg de la Magdalène et
jurisdiction, il sera encores cothisé et levé, sur le corps de la ville et
bourg de la Magdalène, la somme de cinq cens escuz sol., le plustost que fère
se pourra, pour estre employée à la dicte subvention des reistres, et que,
toutes les dictes sommes seront portées et bailhées au dict sieur roy de
Navarre, en tel lieu qu'il sera avisé, en l'assemblée des depputés des dictes
esglises, qui se fera, comme
p. 188
dict est,
demain, en ceste ville, à laquelle assisteront troys des dicts sieurs consuls,
les dicts sieurs Charon, Jehan Eyma, B. de Fonmartin, maistre Estienne Delpeuch
et le dict Jehan Peyrarède, dit Dangounet. Pareilhement, qu'il sera escript à
M. de Nort, de fère venir M. Chaulveton, ministre de la parole de Dieu; auquel
Chaulveton, à ces fins, sera envoyé, à la première commodité, vingt escuz sol.,
pour les fraix de sa conduite.
Aussy,
que les dicts sieurs consuls, envoyeront signifier aux consuls de Saincte Foy,
l'ordonnance du roy de Navarre, touschant l'imposition, par eulx mise, sur les
marchandises, montans et descendans par la rivière de Dordogne, passans devant
leur ville, le plustost que fère se pourra, afin que la dicte imposition cesse
au regard des habitans de ceste ville.
17
Mai
Assemblée des églises
En la
ville de Bergerac, et dans la maison commune d'icelle, le dix septiesme jour de
may, mil cinq cens quatre vingtz huict, se sont assemblés, Messieurs de Sainct
Geniès et de Foydevau, conseliers du roy en la court de parlement de Bourdeaux,
Francoys Valeton, scindic
p. 189
et
premier consul de la dicte ville, M. maistre Bernard Charon, lieutenant général
en la sénéchaulcé de Périgort, au siège de ceste ville, M. de Lagrange, juge de
Saincte Foy, M. Gismont procureur du roy en la dicte ville de Saincte Foy,
Messieurs de Mazet et Pol Baduel, ministre de la parolle de Dieu en ceste
ville, M. Fynet, ministre, de la dicte ville de Saincte Foy, M. Dupuy,
ministre, de la Force, et M. Cazals, ministre, de (en blanc), Pierre Poumeau,
Jéhan Brugière le jeune, et Jéhan Frude, anciens de l'esglise de ceste ville;
pareilhement, Estienne Boissault, pour l'esglise de Saulcihac, maistre
Guillaume du Cluzel, et Estienne Martin, pour l'esglise de Lalinde, Jehan Eschaudemaison,
pour les esglises d'Issigeac et Boysse, maistre Bernard Boyer, pour l'esglise
de Gensac, M. Barraud, pour l'esglise de Duras, Symon Trapaud, pour l'esglise
de Castilhon, Jéhan Rivière, pour les esglises d'Eymet, Myramont et la
Saulvetat, et le sire Paulin, pour l'esglise de Montflanquin, en présance
desquels, le dict sieur de Saint Geniès, surintendant des finances du roy de
Navarre, a remonstré que le dict sieur roy de Navarre, a escript et envoyé
exprès, par deça, le sieur de Pierrefite, pour fère entendre aux esglises de la
religion, du pays et aultres, qu'ils ayent à tenir prests, les deniers offertz
et cothisés, pour la subvention des reistres, et pour advertir les dictes
esglises, de s'esforcer, et
p. 190
cothiser
encore, le double des dictes sommes, le plustost que fère se pourra, si fère se
peult; et faire porter toutes les dictes sommes, par les depputés de chascune
des dictes esglises, en tel lieu qu'il sera avisé par le dict sieur roy de
Navarre; sur quoy, a requis l'assemblée d'aviser et délibérer là dessus.
Sur quoy,
après avoir invoqué le nom de Dieu, a esté oppiné et arresté, que les sus
nommés, présens, pour les sus dictes esglises, assembleront les habitans de
leur sus dictes esglises, et les advertyront de tenyr prestes les sommes
cothisées et levées, pour la dicte subvention des reistres, et de s'esforcer de
cothiser le double d'icelles sommes, ou ce qu'ilz pourront, pour icelle
subvention, suyvant la volonté du dict sieur roy de Navarre, et, de leurs
dilligences, advertiront la présante assemblée, dans dimanche prochain, pour ne
retarder le voyage du dict sieur de Pierrefite, et que toutes les sommes
d'icelle subvention, seront portées, par les depputés des dictes esglises, en
la ville de Saincte Foy, entre les mains des dicts sieurs de Lagrange, Gismont
et Fynet, ministres de la parolle de Dieu, qui les prendront, recepvront, et
icelles sommes mectront, seurement, dans ung coffre, duquel chascun d'eulx aura
une clef, en une maison assurée, qu'ils aviseront, pour, après, bailher icelles
sommes,
p. 191
par les
dicts Lagrange, Gismont et Fynet, à celluy, ou ceulx, que le roy de Navarre
députera, pour les prandre, sans que les depputés des dictes esglises, ailhent
plus loin que en la dicte ville de Saincte Foy, pour éviter fraix.
Dont a
esté faict acte, par moy notaire royal et clerc de la dicte ville, soubz signé,
pour servir comme il appartiendra.
Signé:
Valeton, notaire royal et clerc de la ville.
18
Mai
Les dicts
sieurs consuls ont remonstré, qu'il fust arresté, par la jurade précédente,
qu'il sera cothisé la somme de cinq cens escuz pour la subvention des reistres,
oultre les mile escuz cothisés, au moyen de quoy, ont requis la jurade,
d'aviser sur qui la dite somme sera cothisée, et nommer les cothisateurs, et
eslire ceulx qui la lèveront. Le dict Pynet, consul, pour les habitans du
bourg, a remonstré que iceulx habitans sont pauvres, et ne peulvent s'esforcer
d'avancer aultres sommes pour la dicte subvention, que celle qu'ils ont cothisé
et levée; toutesfoys, iceulx habitans donnent libéralement à la ville, trente
escuz sol., de la somme de cinquante escuz, que la ville d'Issigeac leur
p. 192
doibt,
pour les causes contenues en ung mandement, qu'ils ont monstré, signé de M. de
Turenne, et consentent, que la dicte ville s'en face payer, aux habitans de la
dicte ville d'Issigeac, en ce que les habitans du dict bourg demeurent
deschargés, pour leur regard, de la présente cothisation.
Sur
lesquelles remonstrances, a esté oppiné et arresté, par la plus grand partye,
que, oultre les sus dicts mile escuz, sera encore cothisé la somme de cinq cens
escuz, pour la dicte subvention des reistres, scavoir: sur les habitans de la
ville, quatre cens quatre vingtz escuz, et sur les habitans du dict bourg,
vingt escuz sol., sauf, que si la ville peult recepvoir les dicts trente escuz,
les habitans du dict bourg ne payeront rien, de la présente augmentation,
auquel cas, la ville sera deschargée de pareilhe somme, et ne payera que quatre
cens cinquante escuz; laquelle somme, de quatre cens quatre vingtz escuz, sera
cothisée et levée, par ceulx que les dicts sieurs consuls aviseront, lesquels
colecteurs seront assistés, chascun jour, d'ung des dicts sieurs consulz, pour
lever iceulx deniers; et, contre les refuzans à payer, procéderont par
exécution et emprisonnement de leurs personnes, en vertu de la commission du sr
de Turenne; et les scindicz des paroisses seront mandés, pour scavoir avecques
eulx, qu'elles sommes
p. 193
ilz
pourront payer et cothizer, sur eulx; et, quant au bled de la charité,
l'aulsmone générale sera faite, suyvant la coustume ancienne, et s'il reste du
bled, en sera bailhé aulx diacres, pour distribuer du pain, et bailher la
passade, aux pauvres estrangiers, qui viennent en ceste ville.
26
Juin
Les dicts
sieurs consuls ont remonstré, que le roy de Navarre leur a escript, d'apporter
en la ville de Saincte Foy, les mile escuz, cothisés, l'année passée, sur les
habitans de la présant ville et jurisdiction, pour la subvention de reistres;
ensemble, les aultres sommes, cothisées, encore, sur les habitans de la dicte
ville et bourg, pour la dicte subvention, laquelle somme, de mile escuz, le
scindic a dit avoir devers luy; parquoy, a prié la jurade d'aviser et nommer ceulx
qui porteront icelles sommes en la ville de Saincte Foy; aussy, ont remonstré
qu'il a esté promis à M. Chauveton, ministre de la parolle de Dieu, quatre cens
livres de gaiges, tous les ans, ensemble lougé et entretenu, comme a esté
promis à M. Baduel; ont aussy requis la jurade, d'allouer et ratifier la dicte
promesse; pareilhement, les dicts sieurs Hugues Planteau, Bernard de Nugon, et
Pierre Palier, collecteurs de la
p. 194
dernière
tailhe de la dicte subvention, ont remonstré qu'ils ont levé la somme contenue
en leur rolle, montant quatre cens quatre vingtz escuz, comprins quatre cens
livres de liardz, qu'ils ont prins à faulte d'aultre monnoye; ont aussy pryé la
jurade, d'aviser à qui ils bailheront la dicte somme, pour la fère tenir au
dict lieu de Saincte Foy; Aussy le dict Jéhan Eyma, a remonstré qu'il luy es
deu, par la communaulté de la dicte ville, la somme de cent dix huict livres
dix sols, pour certains fraix, par luy faitz, pour les affères de la ville, en
l'année mil cinq cens quatre vingtz quatre, suyvant la jurade du XVIIme
octobre, au dict an, comme apert par la closture de l'addition des dicts fraix,
à laquelle cause, a aussy pryé la dicte jurade, luy fère payer la dicte somme.
Sur
lesquelles remonstrances, la plus grand voix des sus nommés, ont oppiné et
arresté, que les sieurs Planteau, Palier et de Nugon, bailheront et
délivreront, au dict scindic, du premier jour, la dicte somme de quatre cens
quatre vingtz escuz, cothisée en leur rolle, pour la dicte dernière subvention,
laquelle somme, ensemble, les mile escuz cothisés sur les habitans de la dicte
ville et jurisdiction, levés par le dict scindic, le consul Poumeau, accompagné
des sieurs Jehan Eyma, et Francoys de Nugon, porteront en la dicte ville de
Saincte Foy, le
p. 195
plustost
que fère se pourra; et, icelles sommes bailheront, à ceulx qui ont charge de
les recepvoir, et prandront acquist deulx.
Quant aux
gaiges promis à M. de Chauveton, ministre de la parolle de Dieu, la jurade
ratifie tout ce qui luy a esté promis; et, d'aultant qu'il n'y a assés de
sommes cothisées, pour payer les gaiges du sieur Chauveton, et de maistre
Baduel, comme a esté proposé par le dict Pierre Fourneau, diacre, a esté
arresté que, pour le présant, pour y satisfaire, il sera prins de l'argent, du
vingtièsme qui est entre les mains des recepveurs de ceste ville; à quoy les
diacres de l'esglise tiendront la main, lesquels diacres ne seront exemptz de
leurs tailhes, cothisées pour les gaiges des dicts ministres, soubz prétexte
qu'ils lèvent les dictes tailhes, mais les payeront entièrement, comme ont fait
tous les diacres auparavent; et que le dict Eyma avisera, s'il trouvera moyen
de recouvrer argent, de quelque lieu, pour se payer.
(Dans le
courant de cette année, treize habitants furent reçus bourgeois; ils payèrent à
la communauté, comme droits d'entrée, la somme de 110 livres. Il est bon de
dire que ces droits étaient taxés par les consuls, suivant la fortune des
candidats à la bourgeoisie.)
Parmi les
dépenses portées au budget, on trouve:
p. 196
Le XVIme
juing, M. Baduel est party, pour aller à Saincte Foy, pour se trouver à
l'assemblée, auquel ay bailhé, par le commandement de M. le scindic, la somme
de quarante et six soubs et demy, qu'il a despendu.
Le XVIIme
juing, j'ay bailhé à Jacques Peyrot, cinq escutz, pour cinq pippes de chaux,
qu'il a porté au fort de Cleyrac, comme apert par mandement et certificat en
dacte du XVII juing 1588.
Item. -
J'ay bailhé à Jehanne de Vézian, pour la disnée de M. de Chauveton (1)
lorsqu'il arriva en ceste ville, que fust le huitièsme de juing, ensemble de
son cheval, la somme de quinze soubs.
Item. -
Le XXVme juing, j'ay bailhé à M. Dumaine, la somme de sept escuz,
que M. le scindic et moy avons fait compte avec luy, tant de l'achat d'un
cheval que despence de M. Chauveton, que six escutz qu'il luy avoit bailhé à la
Rochelle, montant le tout à la somme de vingt et sept escutz, laquelle somme
luy ay bailhé par le commandement de M. le sindic.
Item. -
Fust, en ceste ville, M. de Pédesclau, trésorier général du roy de Navarre, qui
(1)
M. Chauveton venait à Bergerac, comme ministre de la parole de Dieu.
p. 197
aporta
une lettre du dit sieur roy, pour faire tenir l'argent de la contribution, à
Saincte Foy, et de travailler aux fortifications, auquel a esté envoyé ung pot
de vin, par Arnaud Gros, serviteur de la ville, auquel a esté payé la somme de
deux soubs.
Item. -
Ay payé au consul Poumeau, qu'il avoit sy devant fourny, pour faire ung joug à
la cloche du collège, et aultres frays faitz par luy, comme apert par ses
mémoires, et par quitance, signée de sa main, la somme de trente quatre soubs
et neuf deniers.
Item. -
Ay payé à Bertrand Bounilhaud, dix soubs, pour avoys pozé la girouette, à la
guarite du fort de Cleyrac, du cousté de la rivière, et pour avoir garny de
plomb, le fret de la dicte guarite.
Le dict
jour (21 juillet), fust besoin envoyer ung messager au capitaine Malbernat,
pour luy pourter une lettre, de la part de M. le gouverneur, pour le venir
trouver, pour aller à Grignolz, auquel messager ay payé la somme de dix soubs.
Item. - A
esté achapté deux tabouretz, qui furent mys au logis de M. le gouverneur, que
Arnauld les luy aporta, desquels ay payé la somme de quarante soubs.
Je, soubz
signé, ay receu du sieur Jehan
p. 198
Brugiére,
tiers consul, boursier, la somme de quatre vingtz sept livres, qu'il me restoit
des médicamens bailhés pour les pouvres pestiférés, comme il appert, par les
comptes, menus et receus, que le dict Brugière a retiré, ce quy le quicte; et,
en foy de ce, ay signé la présente, le XXVI juillet 1588.
Signé:
Tarneau.
Item. -
Et le XXIIme de novembre 1587, j'ay bailhé à M. de Belrieu, la somme
de mile livres, qu'il avoit prestées, pour estre employées en pouldre, et pour
les despens et intérêtz, la somme de vingt et sept escutz, dix et neuf soubs et
dix deniers; les dix deniers pour le sac, comme apert, par quitance receu par
Valeton.
Item. -
Ay employé, en mitrailhe, comme apert, par menuz escriptz de ma main, au
buletin du poix, la somme de huit cent quinze livres, ung soub et neuf deniers.
Item. -
Ay bailhé au cappitaine Verrouilh, pour l'entretenement de sa compagnye, des
moys aoust, septembre, octobre, novembre et décembre, la somme de mil vingt et
ung escutz, comme apert, par deux quitances.
Item. -
Dit le dit Brugiére, qu'il fust achapté une table, de Francoys Planteau, pour
mettre à la cuisine du logis de M. le gouverneur, de
p. 199
laquelle
a esté payé la somme de quarante soubs.
Budget
Recettes:
Treize mille neuf cent quarante-deux livres.
Dépenses:
Treize mille quatre cent quarante-cinq livres et deux sols.
Durant le
cours de cette année, les syndics et consuls de la ville adressèrent la requête
suivante au roi de Navarre:
« Au roy
de Navarre.
Sire,
Vous
remonstrent très humblement, les scindics, consuls et habitans de la ville de
Bergerac, qu'il a, cy-devant, pleu à vostre majesté, ordonner, une chambre de
justice souveraine, estre establye en la dite ville; lequel establissement n'a
encore esté faict, et néantmoings, vostre majesté a renvoyé plusieurs affaires
et négoces, qui se sont présentés à icelle chambre.
Considérés,
Sire, ce que, par faulte de juges et commissaires, pour juger souverainement et
en dernier ressort, les parties sont grandement fatiguées et molestées. Plage à
vostre majesté, de rechef ordonner, que la dite chambre souveraine sera
establie au dit Bergerac, etc. »
p. 200
Le 23
juin 1588, le roi de Navarre pris l'arrêté suivant:
« Nous
Henry par la grace de Dieu, Roy de Navarre, premier prince du sang et premier
pair de France, gouverneur et lieutenant général, pour le Roy Monseigneur, en
Guienne, après avoir leue la présente requeste, en nostre conseil, avons, de
l'advis d'icelluy, et suivant la réquisition faicte en icelle, par les
suppliants, Ordonné et Ordonnons, que la dite chambre de justice souveraine
sera establye, au plustost, en la dite ville de Bergerac.
Fait, ce
jourd'huy, en conseil, tenu à la Rochelle, le vingtroisièsme jour de juin, l'an
mil VC quatre vingt huict.
Henry.
Par le
roi de Navarre, premier prince du sang, et premier pair de France, gouverneur
et lieutenant général, en son conseil.
Allier. »
(Les
jurades de l'année consulaire 1588-1589 n'existent plus; nous donnons
ci-dessous la copie de quelques lettres, adressées, durant cette époque, aux
consuls de Bergerac.)
(Bte
7. Lse 30, n° 3.)
p. 201
« De
Jonzac (1) ce lundy 7 novembre 1588.
Messieurs,
Dieu nous
ayant conduict en ce lieu de Jonzac, où nous avons séjourné despuys vendredy, à
mydi, attandant nouvelles du roy de Navarre, hier matin, M. de Fontenilhes et
M. de Feydeau (2) ont receu lettres, de sa Maiesté, et mande que, ilz, avec les
depputés, s'achemynent à Sainct Jehan (3), où les Estatz seront tenus; et,
hier, au soir, des gentilzhommes arrivèrent, de sa part, en ce lieu, qui
assurroient, que sa dite Maiesté vient à Pons (4), pour y tenir les dits
Estatz; et, tout présentement, nous partons, pour aller à Pons, et là, attandre
la résolution de sa vollonté, par l'homme que les dits sieurs de Fontenilhes et
de Feydeau y ont envoyé exprès. Je désirerois fort que les dits Estatz se
tinssent au dit Pons, car cela abrégeroit nostre voyage, de plus d'un moys;
estant réunys
(1)
Sous-préfecture de la Charente-Inférieure.
(2)
Feydeau conseiller du roi en la cour du parlement de Bordeaux, et Baduel,
ministre à Bergerac, furent députés, par les églises du Périgord, aux Etats
tenus à La Rochelle en 1588.
(3)
Sous-préfecture de la Charente-Inférieure.
(4)
Chef-lieu de canton Charente-Inférieure.
p. 202
au dit
Pons, tous les depputés s'assembleront et conférerons tous les articles
généraulx, pour les mettre en ung cahyer; et, après, chascun remettra ses
articles particuliers. Nous devons tous prier Dieu, qu'il préside par son
Sainct Esprit, en l'assemblée, afin que tout ce qui y sera délibéré, réussisse
à son honneur, à sa gloire et à l'édiffication de son esglize. Je vous
advertiré de tout ce qui se passera, si plaict à Dieu, que je prie,
Messieurs,
vous donner en santé, bonne, heureuze et longue vie.
Vostre
humble serviteur,
Cacaud. »
(1)
(Bte
Q, Lse 33, n° 19.)
« De
Sainct Jehan d'Angély, ce IXme novembre 1588.
Messieurs,
Suyvant
ce que je vous escripvis, de Jonzac, lundi dernier, et le commandement du roy de
Navarre, nous sommes venus trouver sa Maiesté, en ceste ville de Sainct Jehan,
ce jourd'hui,
(1)
François Cacaud procureur en cour royale, en la ville de Bergerac, fut désigné
par acte du 27 octobre 1588, pour « comparoir, pour la communaulté de la dicte
ville, aux Estatz assemblés par le roy de Navarre ».
p. 203
IXme
du dit moys de novembre, laquelle nous a commandé de le suyvre, à la Roschelle,
demain matin. Voila que cuydant que les Estatz se tinssent à Pons, ou en ceste
ville de Sainct Jehan, il nous fault aller à la Roschelle, dont je suys bien
marry, d'aller si loing, non pas seulement pour le voiaige, mais pour la longue
demeure que je prévoys que nous ferons, à cause que sa dicte Maiesté, ayant
esté à la Roschelle, s'en va avitallier Fontenay (1) et fortiffier la garnison
de cinq cens arcabuziers, pour ce que l'armée conduicte par Monsieur de Norres,
est preste à passer Loire, pour venir faire la guerre en Poitou, et attaquer le
dict Fontenay. La résolution des Estatz de Blois, tand à faire une cruelle
guerre aulx provinces de la religion, mais ils proposent et Dieu disposera. Si
j'eusse penser le dict voaige si long, je n'eusse pas entreprins de le faire;
si quelcun vient de par deçà, qui soit asseuré, je vous prye m'envoyer de
l'argent, car celluy que j'ay porté ne durera pas si longtemps, veu la cherté
qui est en ce pays, comme pourres entendre par M. de la Vigeyrie. Je ne me suis
pas voullu présenter à sa Maiesté pour ce qu'il estoit tard, et attandre
qu'elle soit à la Roschelle, pour luy présenter la vostre, et à M. de Turenne,
celle que luy escripves, qui est
(1)
Fontenay-le-Comte (Vendée) probablement.
p. 204
aussi à
la Roschelle, et vous advertirés, par tous les moyens que je pourois, de tout
ce que se passera, et que j'auré peu faire, de ce dont m'aves donné charge. Je
ne m'espargneré poinct à poursuyvre les expéditions des mémoires que m'aves
bailhé (1), les articles généraulx desquelles j'ay mis en ung cahyer à part,
qu'il fault que je communique aulx depputés, comme j'ay commancé desja de
faire, et avons arresté, qu'estans arrivés à la Roschelle, nous nous
assemblerons tous, et nous communiquerons les cahyers les ung des aultres,
pour, après, les mettre en ung cahyer général; quant aulx articles
particuliers, je les présenteré au roy de Navarre, et son conseil, auquel
assistera M. Feydeau, lequel m'a promis de si employer affectionnement; M.
Baduel et moy, sommes tousjours esté logés avec luy, dond nous en recepvons ung
grand bien, car fussions souvent demeurés sur le pavé, et ne cessés jamais de
luy en rendre grace, et vous supplie, si quelcun
(1)
Un peu plus loin, nous donnons quelques extraits des mémoires qui avaient été
confiés à MM. de Feydeau et Baduel, pour être représentés aux Etats, tenus par le
roi de Navarre, aux noms des consuls et des églises du pays. Nous regrettons
vivement que notre cadre trop restreint nous empêche de les publier en entier.
p. 205
vient de
par deça, luy escripre et le remercier, de la faveur qu'il nous faict.
Messieurs,
je prie Dieu, vous donner en santé, bonne, heureuse et longue vie. Vostre
humble serviteur,
Cacaud. »
« De la
Roschelle, ce lundi au soir XIV novembre 1588.
Messieurs,
Vendredi
dernier, au soir, le roy de Navarre arriva en ceste ville, de la Roschelle, et
M. Feydeau, M. Baduel et moy aussi, et le lendemain, matin, je presenté la
vostre à sa Maiesté, et l'ayant assurée de la dévotion qu'aves à son service,
elle me dit qu'il ne seroit jamais oultré à vostre endroict, qu'il vous avoit
faict démonstration cy devant, et qu'il employeroit tous ses moyens, pour
vostre conservation; et, après, je présenté à M. de Turenne, celle que luy
escripves, lequel vous remercia; et, à l'après disnée, je l'allé trouver à son
logis, et le prié, en vostre nom, de nous ayder de ses faveurs; il me dict
qu'il si employeroit, et que je misse par escript, ce que, particulièrement,
nous avons à demander, ce que j'ay faict; mais, ce matin, le luy ayant pourté,
il m'a remis à demain, pour ce qu'il ne pouvoit laisser sa Maiesté, estant fort
fâché de l'assassinat de M. le viscomte de
p. 206
Meilhe;
et, à l'aprés disnée, sa dicte Majesté, ayant mandé tous les depputés, de se
trouver en la maison de la ville, elle y est allée, à une heure, après mydy;
et, ayant faict son harangue, on a commancé de voir les procurations des
depputés; et, demain, matin, à sept heures, ils se doibvent assembler, pour
arrester l'ordre qui se doibt tenir en la dicte assemblée. Je crains fort, que
nos articles particuliers ne soient poinct veuz, que tous les généraulx ne
soient despéchés, mais j'en sollicitoit M. de Turenne, de me les faire
expédier; et croy, que sa Maiesté me ranvoyera à luy, pour faire raison sur les
dicts articles; lesquels, luy ayant monstrés, je cognoistroi bien, au plus
prés, son intention. Il y a quelcun du pays, ycy, qui nous est contraire, et
nous nuyra de ce qu'il pourra, non pas en ma présence, mais à cachettes;
toutesfoys, si je vois qu'il y aye quelque resfu, j'en parleroi au roy de
Navarre, et croys qu'il accordera, ce que sera de raison. Je prie Dieu, que je
puisse faire quelque chose, qui soit profit de nostre ville, car je ne suis pas
ycy à aultres fins, et vous donne,
Messieurs,
en santé, bonne, heureuze et longue vie.
Vostre
humble serviteur,
Cacaud. »
(Bte
7, Lse 32.)
p. 207
M. Feydeau
qui, comme MM. Cacaud et Baduel, avait été délégué vers le roi de Navarre,
écrit à son tour la lettre qui suit:
« A la
Rochelle ce XXme décembre 1588.
Messieurs,
Je feroy
tort à la fidélité et suffizance de M. Baduel, si je vous faisoy ceste cy plus
longue, sur le discourt de nostre voyage, lequel il vous scaura trop mieux
représenter en toutes ses particularités; seulement vous supplie-je m'excuser,
si je n'ay entièrement fait obtenir toutes vos particulières requestes,
lesquelles M. Cacault a sollicitées fort diligemment; il scai si je m'y suis
espargné, et de quelle dévotion je les ay procurées, vous suppliant l'en
interroger, et vous asseurer que j'affectionneray, toute ma vie, vos affaires
généraux et particuliers, aultant que les miens propres, et qu'en tout ce où il
vous plaira m'enploier, vous me trouverés aussi affectionné que très humblement
je salue vos bonnes graces, et prie Dieu vous donner,
Messieurs,
an sa saincte grace, longue vie.
Vostre
humble serviteur,
Feydeau.
»
Au dos de
cette lettre est écrit:
« A
messieurs, messieurs les consuls, pasteurs et anciens de la ville et églize de
Bergerac. »
p. 208
Deux
jours ayant, le roi de Navarre écrivait aussi aux consuls la lettre suivante:
« A la
Roschelle ce XVIIIme jour de décembre 1588.
Messieurs,
Par ce
que vous entendrez, par le sieur Baduel, ce qui s'est passé en ceste assemblée
généralle des esglizes de ce royaulme, et les résolutions qui ont esté pryse,
et réglemens arrestés unanimement en icelle, et m'en remettray sur sa suffisance
et fidélité, et vous prieray de faire, le plustost que vous pourrez, tenir
l'assemblée provinciale, tant pour l'exécution et observation de ce qui a esté
arresté par deça, pour délibérer sur les particularités qui y ont esté remises,
vous employés diligence et à l'un et à l'aultre, pour m'en donner advis, comme
aussy, pour vous prier de continuer le soing et diligence, qu'avez eu, de la
fortification de vostre ville, et par faire le payement de la somme de mil cinq
cens escus, à laquelle vous avez estés tatxer et cottisés, pour la subvention
des pasteurs, ainsy que vous avez bien commencé, comme m'a asseuré le sieur de
Feydeau, ayant eu grand contentement de l'élection que vous avez faicte de luy,
et du dict sieur Baduel, vos desputés, lesquels se sont fort fidellement et
dignement acquittés de leur charge, et m'ont clairement
p. 209
adverty
de l'estat des affaires de vostre province. J'ay donné charge au dict sieur
Baduel, vous faire entendre de mes nouvelles, et vous asseuré entièrement de ma
bonne volonté, tant en général qu'en particulier, pour vous en faire sentir les
effects, partout où l'occasion se présentera; sur ce, je prieray le créateur
vous tenir,
Messieurs,
en sa saincte et digne garde.
Vostre
meylleur et plus asseuré amy,
Henry. »
Le n° 7
de la liasse 32, boîte Q, nous fournit l'état des sommes payées par les
diverses communes, pour subvenir aux frais, faits par les députés, aux Etats
tenus à La Rochelle, et que nous copions textuellement ci-dessous:
«
Despartement des sommes fornyes par Bergerac et Saincte Foy, pour le voyage
faict par M. de Feydeau et Baduel, à la Rochelle, aulx Estatz tenus en la dicte
ville, par le roy; desquelles sommes en est deu au dict Bergerac, oultre sa
part payée, la somme de cinquante escus sol.
Le
colloque de Périgort
Bragerac XXX
livres.
Laforce V
id.
Eymet V
id.
Saulcignac III
id.
p. 210
Issigeac IV
livres.
Mussidan III
id.
Beynac
et Castelnau IV
id.
Salaignac IV
id.
Montpazier IV id.
Lalinde II
id.
Les
Mirande et Domme VIII
id.
Ciourac V
id.
Pilles II
id.
Sigoulés II
id.
Le
colloque du bas Agenoys
Saincte
Foy XXI
livres.
Montravel IV
id.
Castilhon II
id.
Genssac VI
id.
Duras III
id.
Saint
Aulaye II
id.
Le
colloque du haut Agenoys
Montflanquin XV livres.
Montault II
id.
Puymyrol VI
id.
Thouneins V
id.
Turenne
VIII livres. Miremont et ses annexes III livres.
Les
consuls de Bergerac ne pouvant recouvrer, des diverses églises ci-dessus
nommées,
p. 211
la somme
avancée par la communauté, adressèrent une supplique à M. de Turenne,
lieutenant général en Guienne, pour le roi de Navarre, qui, faisant droit à
leur juste requête, prit l'arrêté suivant:
« Nous,
Henry de la Tour, visconte de Turenne, conte de Montfort, baron de Mongascon,
Oliergues et Fay, gouverneur et lieutenant général, pour le roy de Navarre, en
Guyenne, ayant veu la présente requeste, en notre conseil, Nous avons, sur
icelle, enjoinct au premier sergent, sur ce, requis, à peyne de cent escutz et
suspention de son office, contraindre par corps et saysie de biens, les
redebvables à la dicte cotisation, suyvant le despartement qui en a esté faict
cy-devant, dans quinzaine; toutesfoys, après la sommation qui leur sera faicte,
de payer leur part et portion, à eulx escheue, par le dict despartement.
Faict et
arresté, au conseilh tenu à Cleyrac, le vingtiesme juing, mil cinq cens quatre
vingtz neuf.
Signé :
Turenne. »
Et plus
bas,
« par mon
dict seigneur,
Certon.
Et scellé
du sceau du dict seigneur en cire rouge. »
p. 212
« A
Turenne ce dernier de janvier 1589.
Messieurs,
Ayant
receu celle que m'escrivites, par M. Dupuy, incontinant, je m'enquis à M.
Certon, s'il avoit faict aulcune despèche, touchant l'argent du bateau, lequel
m'asseura, que M. de Turenne vous avoit envoyé ung mandement (1); et quant à
l'argent du collège (2), on est après à sercher pour scavoir combien vous aves
receu, et ce que reste, j'espère en porter le mandement; et, si je puis, je
passeray à Montfort (3), pour prandre le dict argent, pour le vous porter à mon
retour. Si voules scavoir nouvelles de M. de Turenne, il se porte de mieulx en
mieulx, duquel espérons la guerison, dans ung moys ou
(1)
Par un acte de Delpeuch notaire royal, du 19 janvier 1589, il est dit: « qu'il
sera bailhé à Fougeyrou et Pierre Lespinasse, la somme de 266 escutz deux
tiers, pour le payement d'ung bapteau, qui fust prins par le commandement du
dict seigr (Turenne), pour faire brusler et rompre le pont faict par
l'ennemy sur la rivière de Dordoigne, lors du siège de Castilhon. »
(2)
Nous avons déjà vu que le 25 août 1576, M. de Turenne avait constitué une rente
annuelle de 100 livres en faveur du collège.
(3)
Commune de Vitrac, canton de Sarlat, dépendait de la vicomté de Turenne.
p. 213
six
sepmaines, ou peu s'en fauldra, Dieu aydant, lequel je prie,
Messieurs,
vous donner en bonne santé, très heureuse et longue vie, saluant toutes vos
bonnes graces.
Vostre
très humble et affectionné serviteur,
G.
Loysseau. »
Lettre
écrite à M. de Turenne, par les consuls de Bergerac et par ceux de Ste-Foy:
«
Monseigneur,
Nous avons
entendu, par quelque bruict, que Dieu vous a faict tant de bien et à nous,
qu'on vous a tiré la balle qu'aviez en la cuysse; et d'aultant que ce nous est
ung extrême contentement, pour le zelle que nous avons à vostre service, nous
avons volu despécher ce porteur, exprès, pour en estre bien certains, affin que
nous, avec les esglizes qui sont de par deça, en rendions grace à Dieu, le
suppliant accroistre bientost vostre bonté.
Nous
avons aussi avizé, tous ensembles, que les catholicques, ayant ouvert le
commerce de la rivière, on trouve que le subcide du vin est si grand, que
presque ilz desdaignent en achapter, tellement que le pays est fort
nécessiteulx d'argent,
p. 214
et est
contrainct de le laisser à sept escuz ou sept escuz et demy, le thonneau, ce
qui nous faict vous supplier, vouloir mectre l'impozition du dict vin, à ung
escu et demy, qui nous semble encore beaucoup, attandu le peu d'argent qu'il
vault; et, par mesme moyen, nous vous supplions, aussi, vouloir permectre la
descente des bledz, car tout ce que le seigle vault ycy, c'est troys escuz et
demy la pippe, au plus hault; et vouloir imposer quinze solz, pour pippe de
toute nature des bleds; par ce moyen, le pays pourroit faire quelque peu
d'argent, qui ayderoit à subvenir aux nécessités que la misère de ce temps nous
amené. Nous n'avons heu de sel, monté par la rivière, longtemps y a, pour les
grandes impositions que sont dessus, tellement que le commerce, qui debvoit
estre faict en noz villes, est faict par des cotaux catholicques, qui le
portant par terre, nous frustant, par ce moyen, du proffict qui nous est une
grand perte; s'il vous plaizoict, aussi, Monseigneur, vouloir mectre
l'imposition du dict sel, à cinq escuz, pour muy, cella pourroit faire que noz
merchants traficquarroient, le pays soulagé, et la recepte des dicts droictz
augmentée.
Nous vous
avons cogneu tousjours fort zellé à nostre bien et conservation, ce que nous a
faict vous supplier humblement, vouloir intimer ceste nostre requeste, et, par
mesme moyen, vouloir croire que ceste obligation, avec une
p. 215
infinité
d'aultres, que nous vous debvons, nous faict estre,
Monseigneur,
vos très
humbles serviteurs.
De
Mathieu, consul de la ville de Bergerac.
De Vydal,
consul de la ville de Saincte Foy.
Monseigneur,
s'il vous plaizoit volloir escripre à M. de Sainct Thonyns, que, suyvant
l'ordonnance, par vous faicte, à Saincte Foy, le second d'octobre dernier, les
merchans, soubz la clauze portée par la dicte ordonnance, heussent libre acès
de traffiquer, vous obligerés de plus en plus le pays, ce que nous vous
supplions très humblement voulloir faire. »
Démolition
des Églises de lembras et de queyssac
(Bte
Q, Lse 30, n° 26.)
« A
Monseigneur de la Force, gouverneur et lieutenant général, pour le roy de
Navarre, au païs de Périgort, et messieurs du conseil.
Supplie
humblement Bertholmieu Gillet, merchand de ceste ville, disant que, suyvant
vostre commandement, il y a trois mois passés, qu'il fust employé à faire
abatre et charrier, la piarre des temples de Lembras et Queyssac, comme il
faict encores, duquel debvoir, vous, messeigneurs, estes bien certains, et où
il employe tout son temps, sans recevoir aucun sélaire;
p. 216
ce
considéré, il vous plaira luy ordonner tels gaiges que verries estre à faire,
tant du travail faict par le passé, que à l'advenir, et l'exempter des gardes
de la dicte ville, tant qu'il vacquera au dict travail. »
Par une
ordonnance du 24 mars, signée de Caumont, Gillet fut exempté de garde, et il
lui fut assuré deux écus sol., pendant la durée de son travail.
Lettre de
Turenne.
«
Messieurs,
J'ai
receu celle que vous m'avez escripte par ce porteur; je vous prye de croyre que
je désire, aultant que vous, Messieurs, que la chambre de justice soit
establye, au plustost, en vostre ville, sachant assez combien il est
nécessaire, pour arrester le cours de maulx, excès et crimes qui se commettent
tous les jours, et rendre le droict à ung chascung, que la dicte chambre ait
lieu. Mais, ce retardement n'est procédé que à cause de quelques obmissions,
qu'il y auroit aux lettres dérection, et establissement de la dicte chambre, à
l'occasion de quoy, j'ay envoyé, exprès, vers le roy de Navarre, pour le luy
remonstrer, afin que sa Majesté y pourvoye, dont j'attends, d'heure à aultre,
des nouvelles; et aussytost que j'auroy receu, sur ce, son intention, il sera
procédé à l'exécution du
p. 217
dict
establissement; et sur ce, n'estant la présente à aultres fins, je me
recommanderay à vos bonnes graces, et vous priant de faire tousjours estat de
moy, priant Dieu qu'il vous ait,
Messieurs,
en sa très saincte garde.
Vostre
meilleur et plus affectionné amy,
Turenne.
A Turenne
ce VIIme avril 1589. »
Lettre du
roi de Navarre.
«
Messieurs les consuls, par ce que je mande à M. de la Force, de me venir
trouver, et qu'il est nécessaire que quelcun demeure en sa place, pour avoir
l'oeil à la conservation de vostre ville, comme je luy escript, je vous prie de
recevoir celuy qu'il y enverra, de l'obeyr comme à lui même, à ce que rien ne
s'altère pendant son absence; je m'asseure qu'il ny mettra personne qui ne me
soit affectionné, et à bone agréable; mais servira, sellon le soing ordinaire,
que vous avez à vostre conservation; désire-je que vous fassiez en sortes, que
tout y demeure en l'estat qu'il est, jusques à son retour. Rochecombe vous dira
de mes nouvelles, et vous asseurera de mon amytié, mais encore vous veut-il
dire, que je n'ai jamais tant de désir de vous le tesmoigner, par effet, que
j'ay à présent, que Dieu m'a faict la grace d'estre bien remys en celle de
p. 218
mon roy;
cela servira pour vous, et pour mes aultres amys. Aimez moi donc, et croyez,
Messieurs
les consuls, que je serai tousjours vostre bon et plus asseuré amy.
Henry.
A
Montrichar le XVIme may 1589. »
(Bte
Q. Lse 33, n° 19.)
Copie de
quelques-uns des articles des « mémoires de la ville de Bergerac, pour estre
baillées à Messieurs les depputez, pour estre présentées au roy de Navarre en
ses Estatz » tenus à la Rochelle:
«
Ptolomes, roi d'Egipte, ayant receu, en mesme temps, plusieurs ambassadeurs de
divers pays, les festoyant ung jour, volust scavoir avecques eulx, surquoy
leurs nations jugeoient les moyens meilheurs et plus assurez, pour conserver
longuement l'estat d'une reppublicque. L'ambassadeur des Romains, entre
aultres, respondit qu'ils tenoyent les temples en grand respect et réverrance,
obéyssoyent grandement à leurs supérieurs, et punissoyent grandement les
meschans et malvenans.
Monstrant,
par là, que les pilliers plus fermes et colonnes plus solides, pour affermir et
assurer une reppublicque, sont la religion, l'obéyssance aux supérieurs, et la
justice, combien que, les deux observés, qu'est la religion et la
p. 219
justice,
on demeurera tousjours bien apris, et l'on ne fauldra jamais de bien obéyr à
ses suppérieurs.
De la
Religion,
Nous louons
Dieu, de ce que, soubz l'autorité du roy de Navarre, sa prudence, vigillence et
protection, nous vivons en la puretté de la doctrine de Dieu, et le servons et
le louons, selon la vraye religion, estant manifeste, que Dieu l'a choysy, pour
la conduite et restauration de son esglise.
Si, est
ce que toutes les choses éclésiastiques ne sont encores remises à leur droit
usage, ny ramenées à la droite fin, à laquelle elles ont esté destynées, comme
les biens éclésiastiques, lesquelz noz prédécesseurs ont délaissez, aux fins
que party fust employée à la nourriture et entretenement des pasteurs, l'aultre
partye aux hospitaulx, et l'aultre partye à l'instruction de la jeunesse et
entretenement des collèges.
Toutesfoys,
pour la nécessité des affaires ou pour aultre abus, tant s'en fault que nous
voyons que la sus dicte intention soye observée, en partye seullement, qu'au
contraire, les pasteurs, hospitaulx et collèges ne s'en prévallent d'aulcune
chose des dicts biens, mais l'usage d'iceulx, perverty et employé à d'aultres
affaires, du tout contraire.
p. 220
Par
ainsi, sa majesté sera suppliée d'octroyer partye des dixmes et aultres revenus
des biens éclésiastiques pour la sus dicte nourriture et entretenement des
dicts pasteurs, collèges et hospitaulx.
Estant les
dicts revenus, et dixmes, si grandz et immenses, que ce qui sera desparty aus
dicts ministres, hospitaulx et collèges, ne fera presque poinct de diminution,
à ce qu'à esté acoustume d'estre prins et levé par les recepveurs généraulx,
establys, par sa magesté, par les provinces, pourveu que les dicts revenus et
dixmes, soyent fidellement affermés, sans exception d'aulcun éclésiastique, et
les favoriser en façon que ce soyt.
De la
justice,
La
justice est ung aultre assuré lien, pour conserver tout estat ou république.
C'est pourquoy Jétro (1), parlant à Moyse, luy disoyt: Pourvoy tout le peupple
d'homes vertueux, craignans Dieu, vos tables, et hayssans avarice, et les
constitue sur eulx, pour juger le peuple en tout temps.
(1)
Jéthro, prince ou prêtre du pays de Madian, accueillit Moïse qui fuyait après
avoir tué un Egyptien, et lui fit épouser sa fille Séphora. (Bouillet).
p. 221
A la
vérité, s'il ne y avoit de magistratz et juges, pour punyr, par la rigueur de
la loy, les meschans et malvivans, non seulement on verroit la submertion d'ung
estat, mais le service de Dieu anéanty, et la religion mesprisée; c'est
pourquoy Solon disoyt, que la grandeur et conservation de toutes reppublicques,
conciste en deux choses: la rémunération des bons et la punition des maulvais,
lesquelles ostées, toute société humaine est disipée et mise à néant.
Par
expérience, nous avons essayé, depuis le commencement de ses troubles, l'audace
des voleurs, brigans et asasyneurs, s'estans licentiés à toutes sortes de
crimes, pour l'impunité d'iceulx, qu'ils voyaient, pour ne y avoir poinct de
magistratz, entre nous, quy les poussent réprimer et punyr.
......
Sera
donques supplyée sa Magesté, de ériger en chascune province ou généralité,
mesmes en ceste ville de Bergerac, une chambre de justice pour le Périgort,
Lymosin, Aulvergne, Bourdalloys, Agenoys et tout ce qui est deça la Garonne.
Laquelle
chambre soyt composée de gens ayans la pietté et crainte de Dieu, devant leurs
yeulx, gens doctes et de longue expérience, lesquels soyent gagés de gages
honestes et suffisans, afin qu'ayans moyen de s'entretenir, ilz
p. 222
puissent
plus fidellement et plus librement s'aquitter de la justice.
......
Et pour
ce que Messieurs de Tustal, St Genies et Feydeau, conseilliers en sa court de parlement
de Bourdeaux, personnages doués de grandz dons et vertus, consommés par ung
singulier scavoir et expérience, au faict de la justice, sont, à présent, au
milieu de nous, sans exercer leurs estatz, qu'il plaise à sa Magesté de les
colloquer aux pouvoirs, degrés et honneur en la dite chambre, et gages
suffizans, pour leur entretenement.
De la
guerre,
Combien
qu'en apparance la guerre ne porte, avec soy, que malheurs, misères et
calamités, si est ce que, lorsque l'on voit ung Estat troublé par des perturbateurs
du repos public, s'attaquant au service de Dieu, violant les loix, la justice
et la socciété, il est très nécessaire avoir recours aux armes, pour, soubz la
protection d'icelles, comme soubz ung bouclier puissant, mectre l'estat en
suretté.
Toutes
foys, il est bon d'aviser que la guerre qui se fera, ne soyt poinct pour
ruyner, mais pour conserver; pour prandre les biens d'aultruy, mais pour les
restituer s'il luy est prins, non pour oppresser, mais pour solager, lequel
p. 223
mal,
néalmoingtz, nous voyons pratiquer entre les gens de guerre de nostre party,
lesquelz laschent tellement la bride à leur convoytise et insatiable désir,
qu'ilz ne pardonnent à personne de quelque religion qu'ilz soyent, et sexe ny
age qu'ilz ne rançonnent, exercant sur leur corps infinies cruaultés,
descouvrent et rompent les thuiles des maisons, rompent les meubles d'icelles,
bref pilhent et emportent ce qu'ilz trouvent, n'estant si simple soldat qui
n'aye troys ou quatre valetz, au moyen desquelz ravages, les pleurs et
gémissemens du pauvre peuple s'entendent de tous coustés, la désolation de tout
le pays se void, et de là, descend l'impossibilité de pouvoir survenir aux
fraix de la guerre, n'ayant le peupple foullé, moyen de survenir aux
impositions mises sur luy.
Au moyen
de quoy, sa magesté sera, aussy, supplyée, de faire des loix et ordonnances
millitaires, saintes et justes, seurres et rigoreuses, à l'exemple du bon
empereur Marc Aurelhe, lequel escripvant au tribun ou collonel général de son
armée, luy mande, s'il vouloit estre tribun, ou s'il vouloit vaincre, qu'il
contint la main des soldatz, qu'aulcun ne robit la poule d'aultruy, ny touchast
la brebis ny les motons, que les soldatz s'enrichissent de la proye de ses
ennemys, et non des larmes de ses subjectz; lesquelles loix et ordonnances, une
foys par sa
p. 224
Magesté
faites, comme son conseil et sa prudance avisera estre nécessaire, qu'il plaise
à sa Magesté de les faire rédiger, par escript, et icelles faire jurer à tous
seigneurs, gentilshommes, généraulx d'armées, gouverneurs et capitaines, qui
seront près de sa personne, de les garder et observer, inviolablement, et
n'endurer qu'elles soyent enfrinctes, sur l'exécration de leur honneur.
Pareilhement,
qu'elles soyent envoyées par toutes les villes du party, pour y estre publyées,
et icelles faire jurer par tous les capitaines, lieutenans, enseignes, sergens,
caporalz et aultres gens de guerre, entre les mains des sieurs gouverneurs des
villes et pays, sur peyne d'estre punys exemplèrement.
......
Des finances,
Reste à
parler des finances, lesquelles, comme disoyt ung grand orateur, sont les nerfs
des reppublicques, estant très certain que les affaires ne se peulvent
conduyre, sans moyens, mesmement une guerre, laquelle, comme disoyt ung antien
capitaine, ne se peult entretenir par diète.
Or, nous
voyons qu'il y a troys moyens seuls, desquels la cause peult faire fondz aux
finances. Le premier, du domaine du roy, comme des tailhes, tailhons et aultres
subcides, que le
p. 225
peuple a
acoustume de payer, en temps de paix, avec les rentes et aultres revenus du
domaine du roy.
Le
second, sur la traficque et marchans qui apportent ou exportent les
marchandises.
Le
troysiesme, des biens et revenus éclésiastiques.
Quant au
premier, c'est le plus assuré, et qui ne manquera aucunement, si, comme il est
cy-devant dit, la dicipline millitaire est exaptement observée, et que le
pauvre peupple ne soye plus foullé, des gens de guerre, qu'il ne soye rençonné,
baptu, pillé et saccagé, comme il est; qu'il puisse librement vaquer au
labourage de ses terres, et prande garde, soigneusement, au mesnagement de ses
biens; car lors, il ne se lassera jamais de payer les tailhes et impositions,
qu'on mectra sur eulx, pourvue qu'ils les puissent porter, ensemble payer les
rentes et aultres debvoirs deuhz au roy, pour raison de leurs biens.
Le second
est ung aultre moyen pour, amasser ung grand fons à la cause, par le moyen du
commerce et transport des marchandises, qui se fait, tant par terre, que par
les rivières; mais que l'on prenne bien garde, que les impositions, que l'on
mect sur icelles, ne soyent excèssives, comme elles sont sur la rivière de
Dordogne, de laquelle surcharge, tous les marchans
p. 226
se
plégnent; car celluy qui a cent escuz, pour mectre en marchandise, fault qu'il
en aye aultres cent, pour acquiter les divers péages, ou pour la voiture, ou
affret des batteaux.
Et, par
exemple, ne fault mectre en avant que les deux premières, et plus importantes
marchandises, desquelles il se fait traficque sur la dicte rivière, scavoir, le
vin et le sel. Touchant le vin, il se vend, de sept à huict escuz, le thoneau,
et le recepveur général y prend sept livres, sur chascun thoneau; puis, fault
payer ung soub, pour livre, pour le droit du recepveur et contrerolle;
davantage, ung aultre soub, pour livre, pour les villes, plus fault payer les
péages des seigneurs, qui sont de lieu en lieu; finalement, fault payer
l'affret du bapteau, qui est grand, en ce temps de guerre, somme que, tout compté,
les impositions et les fraix excèdent le pris et valeur du vin; ainsi en est-il
faict du sel, sur lequel le recepveur prent une livre pour muy, oultre les
droitz.
De là
vient que, pensant aulgmenter les finances par d'excessives impositions, elles,
au contraire, en sont diminuées; car, le marchant ne peult traficquer qu'en sa
perte; et de là, vient que l'on void les batteaux attachez aux ports et
demeurer inutiles et se consumer.
Davantage,
et qui pis est, voyant, le plat pays, que les bonnes villes sont sans
marchandises,
p. 227
ou
qu'elles y sont chèrement débitées, sont contraintz se pourvoir ailheurs,
mesmes ez lieulx du contraire party, les ungs à Périgueulx, Monpaon, Muyssidan,
et les aultres à Tonens, Marmande et Duras; et, ce qui jamais ne s'est plus
veu, le sel vient, à la ville de Bergerac, à charges, par terre, du cousté de
Thonens et Marmande.
......
L'aultre
troysiesme moyen est grand et ample, si les éclésiastiques ne sont favorisez,
comme ilz ne doibvent; car il est certain qu'il n'en y a nul qui n'aye juré,
avec tout le reste du clergé, nostre ruyne, et qu'il ne contribue aux frais des
armées dressées contre nous.
......
Or, ce
n'est rien d'amasser et faire ung fondz, s'il n'est soigneusement et
fldellement conservé et employé, ainsi que dit le poète, que la vertu n'est
moindre de conserver que d'aquérir; mais, tant s'en fault que le fondz de nos
finances soit bien conservé et employé, qu'il semble que les armes soyent
prises pour enrichir cinq ou six personnes seulement, de la substance du pauvre
peupple.
N'est ce
pas ung abus signalé, qu'il y aye ung général intendant des finances, ung
aultre à Bergerac, ung aultre à Montauban, ung aultre à Nérac, et, en tous les
mesmes lieux, ung
p. 228
recepveur
général, ung particulier et ung contrerolle; plus, en chascune des aultres
villes du party, ung recepveur particulier et ung contrerolle.
Au lieu
qu'anciennement, toutes les finances de la France estoyent gouvernées et
administrées par quatre recepveurs généraulx, qui suffizent, ce que fust remonstré
en l'année mil cinq cens cinquante six, au feu roy Henry, par Martin Durant,
scindic esleu sur les trois Estatz du pays de Languedoc, auquel les
communaultés de laquelle province, fisrent offrir de s'obliger, pour la levée
de tous les deniers, acoustumés d'estre levés, pour le roy, et les rendre, en
la recepte générale, à Paris, s'en en rien prandre.
Laquelle
remonstrance fust escoutée et receu, en bonne part, du roy Henry, et après
avoir entendu que le nombre des officiers des finances, qui sont en nombres
excessifs, emportent presque les deux tiers de ses finances, estoit résolu de
suprimer entièrement tous les offices des recepveurs, dans les provinces, et
bailher la recepte des dictes finances aus dictes communaultés; mais sa
résolution et sainte délibération fust empeschée par le M. des finances, ou
plustost des finesses.
Et
toutesfoys, despuys, en l'année mil cinq cens soixante, aux Estatz qui furent
tenus en la ville de Bloix, généralement toute la France fist
p. 229
mesme
plainte et mesmes remonstrances au feu roy Charles, lequel suprima tous les
offices des généraulx super intendans, contrerolles des deniers communs et
patrimoniaux, et les laissa en la libre administration des comunaultés, lequel
article est demeuré sans éxecution, au grand préjudice du peuple.
......
Sera sa
Majesté suppliée, de suprimer tels estatz de super intendans généraulx,
recepveurs généraulx particuliers, et ordonner que les consulz des villes ou telz
aultres bourgeoys, qu'ils présenteront, feront la recepte de tous les dicts
deniers, de quelque nature qu'ils soyent, offrant la dicte ville de Bergerac,
de s'oblyger, en général, et en particulier, de fère rendre bon et loyal
compte, en lieu, et devant tel qu'il plaira à sa Magesté ordonner, ensemble
n'employer les dicts deniers, que ainsi qu'il sera mandé par ses mandemens et
rescriptions, ou, du général super intendant, et recepveur général, qui sont
près de sa personne, et, en oultre, faire la dicte recepte, soubz le
contrerolle qu'il plaira à sa dicte Majesté bailher, et ce, seulement, pour
deux liardz, pour livre, sans aultres gaiges.
J.
Marteihe, syndic. »
Dans les
mémoires particuliers, qui furent donnés à Cacaud, pour être représentés à sa
p. 230
majesté
le roi de Navarre, au nom de la ville de Bergerac, on trouve:
Que les
impositions, frappant les diverses denrées, sont trop élevées; que les consuls
et membres du consistoire, demandent que la jouissance des revenus des trois
couvents de la ville, leur soit continuée; que la somme de 500 écus, qui, par
don du roi de Navarre, du 10 mai 1586, devait se prélever sur les biens des
catholiques du « contre party », soit continuée de lever, parce que, sur cette
somme, ils n'ont encore touché que 195 écus et 40 sols; qu'il plaise à sa
Majesté leur donner 500 écus, pris sur le vingtième, prélevé sur les bénéfices
et biens eclésiastiques, pour être employés à l'entretien de l'hôpital et du
collège.
Sera
remonstré à sa Magesté, qu'il y a quatre officiers dans la ville de Bergerac,
qui ont la charge des finances de la cause, scaveoir: le surintendant général,
ung recepveur général, ung recepveur particulier et ung contrerolle, et ung
recepveur du maguezin (1), tous lesquelz officiers sont superflus, et plus préjudiciables
que profitables au public, les gages desquels, ou le soub, pour livre, qu'ils
retirent, sans la
(1)
Pour les besoins de la cause, il y avait à Bergerac un magasin ou
s'emmagasinaient toutes les munitions nécessaires au parti.
p. 231
despance
des corvées et journées qu'ils font, absorbe une grande partye des dictes
finances, lesquels gages, ou soub, pour livre, seroient sufizans pour
entretenir une compagnie de gensdarmes, ou pour faire les fortifications de la
ville de Bergerac.
M. Cacaud
sera adverty d'estre soigneulx d'aviser si ceulx de Ste Foy poursuyvent
l'establissemeut de la chambre dans leur ville, et remonstrer que seroit fermée
aux parties poursuyvantes, d'aultant que la ville de Ste Foy est sur les
lymites des villes qui tiennent pour nostre party, joint que la ville de
Bergerac est une ville capitalle du pays de Périgort, en laquelle y a ung siège
de séneschal, et naguères y avoit ung siège présidial, voire le premier stabli
en la Guyenne, qui a esté suprimé en hayne que la dicte ville est de la
religion; et, pour cest effect, y a ung auditoire très beau, garny de sièges,
barreaux pour les advocatz, aussy une chambre de conseil, et à Ste-Foy seroient
en peyne d'en bastir ung.
Aussy,
dans la dicte ville de Bergerac, y a ung bon nombre d'advocatz, scavans et
fameux, qui sont requis en une chambre, pour playder les causes.
Et pour
l'exécution de la dicte chambre, sera suppliée sa Magesté, de commander au
seigneur de Tustal, de Sainct Genies, de Feydeau
p. 232
d'y
exercer leur estatz de consélier, estans obligés à ce faire, tant par leur
serment, que pour le debvoir de leur religion.
Les
consuls demandent, aussy, d'être remboursés de la valeur des boulets, qu'ils
ont fondu, pour les canons et les couleuvrines, « lesquelles balles, ou plus
grande partye d'icelles, furent employées au siège de Sarlat, et, despuys, par
monsgr de la Force, à batre quelques petits fortz, qui estoyent ez
environs de Montflanquin. »
Les
consuls demandent, encore, la supression du grade de sergent major, dont est
investi le capitaine Jaure, et dont les appointements sont de 1200 livres par
an, comme étant complètement inutile, attendu qu'eux, consuls, assistent tous
les jours à l'ouverture et à la fermeture des portes de la ville, et
s'engagent, en outre, à faire tout ce que fait le capitaine Jaure, à la
condition que cette somme de 1200 livres « sera employée en achapt de pouldres,
pour demeurer au maguesin de la dicte ville. »
......
Ces
mémoires sont signés par J. Martelhe, syndic, Tavers, consul et boursier, B.
Gros, consul et Bousquet, consul.
Les
dépenses de l'année 1589-1590, s'élevèrent à la somme de 3522 livres, 17 sols
et 6 deniers.
p. 233
Pendant
cette année, les consuls ne cessèrent de faire travailler aux fortifications
diverses de la ville.
Recettes et dépenses diverses
relevées dans le livre de comptes de l'année 1589-1590
De mesme
a reçu le dict de Fonmartin (1) la somme de sept escuz et demy, paiés et receus
de Jehan Peyrarède, dict Dangounet, faisans pour le curé de Sainct Jacques, et
ce, pour l'entreténement des ministres de la dicte ville, en la dicte année mil
VC IVXX IX (1589).
Aussi
faict estat le dict de Fonmartin, en la présente recepte, de la somme de trante
trois escuz ung tiers, par luy receue, de Arnaud Conseil, par les mains de
Bernard, sergent, son frère, comme fermier du prieuré Sainct Martin, en la
dicte ville, et ce, pour l'entretenement des ministres.
Et,
pareilhement, d'une somme de quinze escuz, par luy receue, de M. Paulin, de
Montflanquin, par les mains de Moyse Martin, pour la part de l'esglize de
Montflanquin, du voiaige qui fut faict par messieurs de Feydeau et Baduel,
(1)
Fonmartin était consul et boursier de la ville.
p. 234
aux
Estatz tenus par le roy à la Rochelle, en l'année mil VC IVXX
IX.
Et, de
mesme, de la somme de trois escuz, ung tiers, six solz, huict deniers,
tournois, par luy receue, de Giron Poumeau, de reste de l'afferme du poisson
des fossés de la présent ville.
Plus, de
la somme de cent trante cinq escuz, ung tiers, par le dict Fontmartin, receue de
M. Pierre de Belriou, receue, suyvant le don, faict par monseigneur de Turenne,
pour l'entretènement de la garnison de la présent ville, pour le moys de
septembre dernier.
Item. -
Et de l'advis et conseil de messieurs les officiers du roy de la présent ville,
et anciens notables et personnaiges d'icelle, messieurs les consuls Conseil et
Vayre, furent depputés pour aller trouver monseigneur de Turenne, à Nérac, et,
de la part de la dicte ville, luy faire révérance, luy baiser bien humblement
les mains, et luy offrir tous les moïens d'icelle, pour son service; à quoy
faire, les dicts consuls, avec ung homme qui leur portait leurs hardes, trois
chevaux en nombre, exposèrent quatre journées, et despendirent XXX livres III
sols III deniers.
Le
quatrièsme jour des dict mois et an, (4 août 1589), le dict Fontmartin paia au
consul Conseil, la somme de trois livres, quinze solz, qu'il avoit fournie, en
l'achapt d'une carppe, qui
p. 235
fut
donnée à M. le marquis de Pizany, anbassade du roy, passant par ceste ville, et
à Forthon Queilhe, cinq sols, qu'il avoit fournis, en l'achapt des melons qui
furent envoiés au dict sieur, et à Arnaud Gros, dix huict sols, pour quatre
potz de vin clairet, et trois de vin blanc, envoiés au dict seigneur, et deux
de clairet, envoiés à M. de Bourdeille, et huict sols, pour quatre potz de vin,
apportés à M. d'Anin de la Roche, chevalier de l'ordre du roy, passant par
ceste ville, et pour ce, V livres, VI sols.
Le dix
huictièsme des dicts mois et an, le dict de Fontmartin a paié à madamoizelle de
la Fourtonnie, pour dix pippes de chaufs, emploiées aux réparations de la dicte
ville, la somme de XXXII livres X sols.
Le
vingtième des dicts mois et an, le dict de Fontmartin a paié au consul Conseil,
vingt sols, qu'il avoit fournis, en l'achapt de deux cens latte feuilles, pour
la dicte ville, quatre sols huict deniers, pour deux potz de vin envoiés à
Madame de Ribeyrac, et aultres quatre sols, huict deniers, pour aultres deux
potz de vin envoiés à M. de la Fillolié, et pour ce, XXIX sols IV deniers.
Plus, à
ung messaiger, qui fust envoié le dict jour (14 septembre) à Longua de
Barrière, pour voir quel chemin tenoient les ligueurs, et nous en advertir,
quatorze sols, six deniers; et à
p. 236
Bernard Lacarde,
pour nostre part d'avoir gardé l'eau du ruisseau à Pontbounon, durant la grand
sécheresse du mois d'aoust dernier, dix sols; et à l'homme de M. de Mazières,
nostre gouverneur, pour avoir apporté une lettre du dict seigneur, et nouvelles
de l'armée du roy, aultres dix sols, et pour ce, XXIV sols VI deniers.
Le dix
neufiesme des dicts mois et an, le dict Fontmartin a paié à Mathurin Peyrarède,
marchant de la présant ville, pour la robbe et chausses de Lespinasse et Gros,
sergents et serviteurs de la ville, la somme de vingt huict livres deux sols
six deniers.
Le vingt
uniesme des dicts mois et an, le dict de Fontmartin a paié, à sire Jehan Eyma,
pour l'enseigne blanche, qui est dans la maison de consulat, la somme de XV
livres.
Le second
jour d'octobre, an sus dict, le dict Fontmartin a paié, au dict Arnaud Gros,
pour quatre potz de vin, apportés au dict sieur de Mazières, estant logés aux
Trois Conils, la somme de XII sols.
Le
cinquiesme jour des dicts mois et an, le dict Fontmartin a paié, à Jéhanne de
Beauregard, hostesse des Trois Conils, la somme de sept livres tournoises, pour
la despence, faicte par le dict sieur de Mazières, au dict logis, avec ses deux
hommes et trois chevaux, durant deux jours, d'autant que, comme dict est, nous
p. 237
l'avions
envoyé quérir, pour raison de la dicte garnison.
Plus, à
Jéhan Rizan, et deux hommes avecques luy, qui descendirent, accoustrairent et
remontèrent le batail de la cloche de Sainct Jacques, XII sols VI deniers,
Le
sixièsme jour des dicts mois et an, le dict de Fontmartin a bailhé, à Forthon
Queilhe et Bertrand Aymond, la somme de cinquante sols, pour faire la despence,
tant à eux que aux soldatz qu'ilz menaient avecques eux, pour fère descendre
les bapteaux de Moledier et Creyse en ceste ville, affin de empescher le
passaige de la rivière aux ligueurs.
Les
dixièsme des dicts mois et an, le dict Fontmartin a paié à M. Baduel, ministre,
la somme de dix escuz, pour tous despens et fraiz, faitz par sa femme, à venir
et se conduire, avec son train, despuis Collonges en ceste ville.
Le vingt
septiesme des dicts mois et an, le dict Fontmartin bailha à M. Jehan Eyma,
receveur du tailhon, ung escu sol., vallant trois livres deux sols, pour
bailher au secrettaire de M. le mareschal de Matignon, pour les expédictions des
assignations, que nous avions donné charge, au dict Eyma, d'obtenir de mon dict
seigr le mareschal, pour l'entretenement de nostre garnison.
Le
huictiesme du dict mois (novembre), le
p. 238
dict de
Fontmartin paia, à MM. Nycollas Montanus, Pierre Brossot et Bernard Maraval,
régents au collège de la présent ville, pour tous arrérages de leurs gaiges, la
somme de cent vingt six livres.
Le vingt
troisiesme des dicts mois et an, le dict de Fontmartin a paié au Tort,
messaiger, pour avoir porté une lettre de M. de Mazières, à monsieur de
Limeuilh, pour faire retirer les bapteaux, aux fins que l'ennemy ne passa de
deça, pour aller secourir ceux d'Aubeterre, vingt sols; et à Forthon Queilhe,
cent sols tournois, par luy fournis, et despendus, à nourir et paier douze
gabarriers, envoiés, avec luy, et deux soldatz, pour fère retirer et descendre
en ceste ville, tous les bapteaux, depuis Sainct Caprazi (1) jusques icy, afin
d'empescher le passaige aux dicts ennemys.
Le
quatorzièsme du dict mois, (décembre), le dict Fontmartin paia, à M. Pierre
Pottier, fondeur, pour dix livres de poudre, qu'il fournit pour fère tirer
l'artilherie, pour la bienvenue de M. de la Force, ou pour deux chevilles et
deux petites chaynes de fer, qu'il falut mettre à l'une des dictes pièces, la
somme de VII livres XVI sols.
(1)
Saint-Capraise-de-la-Linde, commune du canton de la Linde.
p. 239
Janvier
1590. - Le second jour du dict mois de janvier, mil cinq cens quatre vingtz
dix, le dict de Fontmartin a paié, à Arnaud Gros, serviteur de la ville, neuf
sols neuf deniers, pour une livre et demie huille de noix, et trois mains de
grands papiers à garnir les dicts chassis (1).
Le
cinquièsme des dicts mois et an, le dict de Fontmartin a paié, à Arnaud
Conseil, à présent consul, la somme de trante trois escuz, ung tiers, pour le
banquet, faict à M. de la Force, madame, messieurs leurs enfans, et noblesse
qui vint avecques eux, suivant l'advis de Messieurs les officiers du roy,
consuls et anciens, notables, de la présent ville.
Item. - A
le dict de Fontmartin, paié à messieurs Paul Baduel, et Urbain Chauveton,
ministres de la parolle de Dieu en l'esglize de la présent ville, pour leurs
gaiges des quartiers de Juilhet, aoust et septembre, octobre, novembre et
décembre mil VC quatre vingtz neuf; janvier, février et mars, mil VC
quatre vingtz dix, la somme de six cens soixante quinze livres.
Le
quinzièsme des dicts mois (mars) et an, paié à Tavers, Giron Poumeau et aultres
fermiers du poisson des fossés de la ville, la somme de
(1)
Châssis ou fenêtres que les consuls venaient de faire faire, pour la salle
haute de l'hôtel de ville.
p. 240
deux
escuz, pour ung grand plain panier de poisson, carppeaux, brochetz et perches,
donné à M. de la Force, nostre gouverneur, ung peu auparavant son dernier
voiaige en Gascounie, et, trois livres, cinq sols, pour deux grosses carppes,
envoiées à madame de la Force, pendant l'absence du dict seigneur.
Le dix
neufiesme des dicts mois et an, le dict de Fontmartin a paié, à Giraud
Planteau, pour douze barricques de sardines, employées aux envhartemens
(échafaudages) de Sainct Jacques, trois livres.
Le tiers
jour du dict mois d'avril, an sus dict, mil VC IVXX dix, le dict de
Fontmartin a paié, à Giron Poumeau, pour deux quintaux quatre livres, et demye,
bandes de fer, mises au pont levis de la porte Logadoyre, la somme de six escuz
sol., neuf sols tournois, et pour ce, XVIII livres IX sols.
Plus,
pour deux potz de vin envoiés à M. Lambert, ministre de Saincte Foy, VI sols.
Le
sixiesme du dict mois, le dict Fontmartin a paié, à M. de Montbaron, ministre,
pour ses gaiges du quartier d'avril, may et juing, trante sept escuz et demy.
Le dix
neufiesme du dict mois, le dict de Fontmartin a paié, à M. Jéhan de Mathieu,
antien de l'esglize de la présent ville, la somme de cinq livres, six sols, six
deniers, emploiés à la
p. 241
conduite
de M. de Montbaron, et ses hardes, de Boisse en ceste ville.
Plus, au
dict de Mathieu, pour les fraiz faictz par messieurs Baduel, Chauveton, Jéhan Faugiron
et le dict de Mathieu, pour aller au collocque, à Saincte Foy, tenu au dict
mois d'avril, la somme de vingt une livre, douze sols, six deniers.
Plus, à
M. Pierre d'Entraigues, antien de la dicte esglize, la somme de trois livres
deux sols, pour la despense, par luy faicte, d'aller quérir M. Finet, à Saincte
Foy, et y mener M. Baduel, à la cène de Pasques dernier.
Le vingt
uniesrne du dict mois, le dict de Fontmartin a paié à Samuel Borimo, orphèvre,
la somme de quatre escuz, pour les peynes, journées et vaccations par luy
exposées à peindre dans la maison de consullat, les armoiries de la ville, fère
deux cachetz, l'ung d'argent et l'aultre de fer et aultres besognes pour la
ville.
Le vingt
septiesme du dict mois, le dict de Fontmartin a paié à M. Baduel, la somme de
dix escuz sol., a luy ordonnée, pour le voiaige du retour de ses enfans.
Mai. -
Plus, à Guilhaume Meynot, hoste de la présent ville, la somme de vingt trois
escuz, pour la despense faicte en son logis, par messieurs les ministres et
antiens, des collocques du Périgort et Agenois.
p. 242
Plus, à
M. Bernard Maraval et Pierre Lavergne, advertiseur et lecteur, la somme de deux
escuz sol, pour leurs gaiges, despuis le premier janvier dernier, jusques à la
fin de juing prochain.
Plus, à
Pierre Poumeau, cinquante solz, pour deux grandes tables de noier, emploiées à
fère la couverture du dict grand coffre de consulat.
Plus, à
Cathelin Vadazot, la somme de douze livres, dix sols, pour ung chappeau, ung
nouveau Testament grec et latin, et unze escriptoires, qu'avions achapté de
luy, et bailhé aux escolliers de la première classe, que avoict mieux composé,
suyvant le testament de feu M. Helies Dupuy, régent.
Plus, à
Estienne et Hadouel, faisant pour Guilhaume Meynard, marchant de Bourdeaux, la
somme de quarante neuf escuz, quarante cinq sols, paié par Chemynard, pour
huict milliers et demy d'ardoise, pour le clocher Sainct Jacques.
Plus, à
André Seurin, appoticaire, vingt cinq sols, pour ung flambleau de cire, pour
allumer le feu de joye, de la victoire du roy.
Plus, à
Jéhan Armand, maistre charpentier, pour avoir faict tailher et levé toute la
charpente du dict clocher Sainct Jacques, la somme de huict vingtz livres
tournoises (160 l.), comme
p. 243
appert
par le contract du prix faict de la dicte besoigne.
Le second
du dict mois de juing, au consul Conseil, pour les fraiz par luy faictz, à
aller au collocque, tenu à Saincte Foy, en may dernier, avec M. Chassaing,
depputés de la part de la ville, pour la répétition de M. Chauveton, la somme
de IX livres, XVII sols, II deniers.
Le
dixièsme jour du dict mois de juing, jour de la Pantecoste, y heust si grand
nombre de paovres à la Charité, que quatre mil deux cens pains, que, pour raison
de ce, avoient esté faictz, n'y peurent suffire, de sorte qu'il fallut encores
bailher, en deniers, au défault de pain, la somme de quinze livres, quatorze
sols, qui furent distribués, à deux liards, chascung, en présence de Messieurs
les scindic, et aultres consuls; et fut paié, à Bardot Séguy, Peyrot Bien
Assis, et aultres quatre hommes, tant pour avoir apporté le blé de la dicte
Charité, en la maison de la ville, et rapporté le pain, tenu les barres pour
empescher la foullée du peuple, que aultres service, qu'il convinct, pour ce
fère, la somme de XVII livres, XI sols, VI deniers.
Le
trézièsme jour du dict mois, le dict de Fontmartin, paia, à Jehanne de
Beauregard, hostesse des Trois Conilz, pour le soupper que nous prismes le jour
de la Pantecoste, comme est de coustume et antiennetté, en la maison de la
ville, ou estoient Messieurs Finet, Montbaron
p. 244
et
Chauveton ministres, le cappitaine Jaure, sergent Majour, les clercs,
procureurs et sergens de la ville, et aultres serviteurs ordinaires d'icelle,
estans, en tout, vingt deux, en nombre, la somme de XXII livres.
Plus, à
Moïse Martin, quatre livres pour la despence de M. Finet, ministre de Saincte
Foy, à ceste Cène de la Pantecoste dernière, IV livres.
Le vingt
cinquièsme jour du dict mois, le dict de Fontmartin a paié à Pierre Poumeau,
marchand de ceste ville, trois livres dix huict sols, pour trois douzaines
tables de chastaigner, prinses de luy, pour le clocher Sainct Jacques.
Le
douzièsme jour du dict mois de juilhet, à Arnaud Gros, serviteur de la ville,
la somme de sept livres, six deniers, pour la despense faicte par Messieurs les
consuls, Messieurs Charon, lieutenant général, Belriou, lieutenant particulier,
avec Belriou, baily, et aultres bourgeois de la présent ville, allant à Issigeac,
fère la révérence à Monsieur de Turenne.
Plus, à
M. Pierre Pothier, fondeur, et Pierre Vergnol, le jeune, quarante livres de
poudre, pour fère tirer les pièces, et soldatz de la garnison de la dicte
ville, pour la victoire de la batailhe du roy, gagnée au mois de mars dernier,
et ce, par commandement de Monsieur de la Force.
Le vingt
sixièsme du dict mois, le dict de
p. 245
Fontmartin
a bailhé et délivré, à M. Jacques Lambert, ministre en l'esglize de Saincte
Foy, suivant l'arrest de Monsieur de la Force, ministres et depputtés des
esglizes des collocques de Périgort, Agenois, Bordalois, et Bazadois,
assemblés, le jour précédent, en la présent ville, pour les affaires des dicts
collocques et esglizes, la somme de quatre vingtz escuz sol., pour la part de l'esglize
de la présent ville, du voiaige que le dict Lambert et M. François de la
Noailhe, depputés des dicts collocques, doivent faire au premier jour en court,
par devers le roy, pour les affaires, tant des dictes esglizes, que
politicques, comprins en icelle somme, cent livres tournoises, que le dict de
la Noailhe, comme fermier de sa magesté en la terre de Gensac, doit, du pacte
de la sainct Jéhan dernier, pour l'entreténement de nostre collège, comme
appert par l'arresté du dict seigneur de la Force.
Le
trantiesme jour du dict mois de juilhet, le dict de Fontmartin a paié à M.
Pierre Pothier, fondeur, la somme de deux escuz, cinquante cinq sols, six
deniers, pour le paiement de certain canaux de plomb, mis aux lucarnes du
clocher Sainct Jacques, avec certaines fleurs de lys, cinq canelles de métailh
en façon de meuffles de lions, mises à la Font Piarre, mastic, feuilles de fer
blanc, et aultres fournitures, par le dict Pothier faictes, au dict clocher et
fontaines.
Le total
des recettes et le total des dépenses, ne sont pas indiqués.
1590
24
Juillet
En
présance desquelz (jurats et conseilliers) les dicts sieurs consulz, après la
prière et invocation du nom de Dieu, ont remonstré, que est de coustume, de
toute ancienetté, suyvant les privilhèges de la dicte ville, de eslire ung
sindic et ung bourcier de la dicte ville, pour recepvoir les deniers communs
d'icelle, et, aussy, de nommer ung clerc, pour escrire et recepvoir les
jurades, et aultres actes concernant la communaulté de la dicte ville. A ceste
cause, ont requis la jurade de procéder à la nomination, et d'advizer sy Arnaud
Gros, et Jehan de Lepinasse, sergents et trompettes de la ville, seront
continués en leurs charges aulx gaiges acoustumés.
p. 247
Furent
nommés, Etienne Treilher, pour boursier, Lacombe, pour clerc de la ville, Jean
de Lespinasse pour trompette de la ville, aux gages de quinze écus sol. et ses
habillements, en considération qu'il prend grande peine, pour les affaires de
la ville.
Aussy a
esté arresté, que les dicts sieurs consulz continueront les repparations de la
ville, rebastiment du derrière de la maison commune d'icelle, bastiment du
clocher Sainct Jacques et aultres réparations et commodités, que les consulz
précédans ont commencées, et que, tous pris faitz, achaptz de chaulx, thuyle,
boys, et aultres choses nécessaires, par eulx payées, pour les affaires de la
dicte ville, leur seroient allouées.
Ont aussy
remonstré, que le collège de la ville est en pauvre estat, tant pour n'estre pourveu
de bons régens, que pour n'estre basty comme il fault, et ont demandé advis et
conseil, qu'il fault faire là dessus. Il fut arrêté que « le consul Planteau y
pourvoirra, auquel a esté donné toute charge, et pour ce faire, sera prins des
deniers communs de la ville, comme il sera advizé. »
Il fut
arrêté aussi, « que les estrangiers venant en ceste ville, à la célébration des
Cènes, seront exemptz de pontonnage. »
Que le
droit du revenu du poidz, sera affermé et délivré, aulx plus offrantz, et
derniers
p. 248
encherisseurs,
en quallité que les fermiers seront tenus se fournyr de poidz, balances et
boutiques.
Aussy, a
esté arresté, que l'herbe des foussés et ravellains de la présent ville, ne
seront point affermés, ny pareillement le poisson des foussés.
Le pont
fut affermé à Pierre de Supco, pour la somme de 400 livres.
Le droit
qui se prent sur ceux qui roullent du vin, et aultres espèces de marchandises,
de la pezanteur de barrique, sur le pont de Dordoigne, à quatre deniers, pour
barrique, et douze deniers, pour charrette vuyde, a esté délivré à Anthoine de
Lorthe, pour sept livres quinze solz.
Mardi
7 Août
Après
l'invocation du nom de Dieu, les dicts consulz ont remonstré, que Bertholomé de
Fonmartin, consul et bourcier de ceste ville l'année passée, par advis de
l'assemblée, dernièrement faicte, des églises et communaultés du gouvernement
du seigr de la Force, a baillé quatre vingtz escutz à M. Lambert,
pour aller en court, en ce, comprins cent livres, que le dict La Novailhe
debvoit, pour le collège. L'assemblée a rattifié le bail des quatre vingtz
escutz, bailhés par le consul Fonmartin, à M. Lambert, ministre de l'esglize de
Sainte Foy, pour aller en
p. 249
court,
pour les affaires des esglizes, suyvant l'advis de l'assemblée tenue en ceste
ville par M. de la Force.
Et
bailher advis, sur le payement de M. de Monbaron, ministre, qui demande son
quartier; ensemble bailher advis, sur une requeste de M. Chauveton, qui demande
payement, pour les quatre mois derniers, durant lesquels il a esté retenu. Il
fut arrêté que « quand au payement des gaiges du dict sieur de Monbaron,
ministre, la plus grand voix de l'assemblée, a oppiné et arresté, que le dict
sieur de Monbaron sera payé de ses gaiges, jusques à la fin de ce mois d'aoust.
Et, sur la requeste présantée par le dict sieur de Chauveton, Jehan Brugière,
l'aisné, Mathurin Peyrarède, Jehan Augeard, le vieulx, et Hugues Pauly,
oppinans à leur ranc, ont dict que se n'est point eulx, ny la communaulté de la
ville, qui ont arresté, en icelle, le dict Chauveton; par ainsy, que la ville
ne luy doibt point payer sa demeure; que s'il y a des particuliers, qui l'ayent
faict, qu'ilz le payent, si bon leur semble, et ont protesté et déclairé, aus
dicts sieurs consulz, que, quand à eulx, ilz n'en payeront aulcune chose.
Aussy, M. Pierre d'Entraigues, oppinant en son ranc, a dict qu'il ne donnera
point d'advis, touchant le dict Chauveton, d'aultant qu'à ceste assemblée, sont
receuz quelques ungs qui ne sont point bourgeois de la ville, mais comme
antiens en l'esglize de ceste
p. 250
ville, a
sommé messieurs les consulz et magistratz, de pourvoir de ministres l'esglize
de la dicte ville; aultrement, a protesté contre eulx, de la dissipation
d'icellle, si elle advient. Sur ce, M. l'advocat du roy a demandé, au dict d'Entraigues,
s'il avoit charge du consistoire, pour faire la dicte sommation; le dict
d'Entraigues a respondu, que se faira advouher. Apprès lesquelz dires, des
dicts d'Entraigues et advocat du roy, et après lecture faicte, de la requeste
du dict Chauveton, la plus grand voix de l'assemblée a oppiné et arresté, que
le dict sieur de Chauveton sera payé, du temps qu'il a demeuré en ceste ville,
qu'est puys la suspention jusques à présant, comme les dicts sieurs consulz
advizeront, et que, cepandant, les dicts sieurs consulz fairont dilligence de
recouvrer des ministres, pour prescher en ceste ville, jusques que, par ung
synode, l'appellation des sentences, données contre la ville et le dict
Chauveton, sera vuydée, le jugement de laquelle appellation sera poursuyvie,
par les dicts sieurs consulz, au premier synode national, ou provincial, qui se
tiendra, suyvant les précédantes jurades.
Qu'il y a
tout plain d'habitans, qui ne font point la garde la nuyt ny le jour, s'ilz la
fairont, et sy sera achapté ung reloge, pour estre mis à la cloche du temple de
Sainct Jacques, et sy le pont de la Mérilhe, qui s'en va par terre, sera
acoustré. Il fut arrêté, « qu'il sera achapté ung
p. 251
relloge,
tout neuf, pour mettre à la cloche du temple de Sainct Jacques; que, doresnavant,
tous habitans de la présant ville, fairont la garde jour et nuyt; que les dicts
sieurs consulz fairont acoustrer le pont de la Mérilhe, du premier jour, et
fairont acoustrer la maison de Miquel, maistre des haultes oeuvres.
Pareilhement,
que les dicts sieurs consulz achapteront la maison de M. Guilhaume Maphaud,
s'il la veult vendre, et en faire la raison, pour la faire servir à la comodité
du collège de la dicte ville.
Ce faict,
les dicts Jehan Brugière, l'aisné, Mathurin Peyrarède, Jehan Augeard, le vieux,
et le dict Huguet Pauly, se sont oppozés à l'arrest du dict Chauveton, et ont
dict, comme dessus, qu'ilz, ne payeront aulcune chose à icelluy Chauveton, et
ont protesté de débattre le payement que luy sera faict, à la reddition du
compte du bourcier.
10
Août
Les
consuls seuls se réunissent, et arrêtent, « de bailher à M. de Chauveton, la
somme de quarante escutz, et qu'il demeure en liberté de s'en aller ou
demeurer, sans toutesfois desroger à ce que fust arresté à la dernière jurade, de
faire juger l'appellation intergettée, tant pour
p. 252
son
reguard, que pour le reguard de l'esglize de ceste ville. »
8
Septembre
Les dicts
sieurs consulz ont remonstré, si la ville trouvera bon, que les dicts sieurs
consulz ayent dressé une peschière, au dessus du grand pont de Dordoigne,
suyvant l'advis et consentement de plusieurs bourgeoys et habitans de la dicte
ville, et si la dicte ville prandra la cause, pour les dicts sieurs consulz, en
l'assignation, que les habitans de la ville de la Linde leur ont fait bailher,
en la court de parlement de Bourdeaulx, aulx fins de desmolyr la dicte
peschière, et si on passera oultre, nonobstant les inhibitions.
Pareilhement,
si la principalité du collège de la dicte ville sera bailhée à M. de Chauveton,
à deux cens livres de gaiges, qu'il demande pour an.
Et si la
ville trouvera bon, que les dicts sieurs consulz ayent continués M. de
Monbaron, jusques qu'il aura parachever son quartier, et si les dicts sieurs
consuls envoyeront, à Nérac, pour avoir des pasteurs.
Sur
lesquelles remonstrances, la plus grand voix de l'assemblée a oppiné et
arresté, que les peschiéres, que les dicts sieurs consulz ont commencé de
faire, au dessus du grand pont de
p. 253
Dordoigne,
de la dicte ville, seront parachevées de faire, aux despens de la ville, et que
la ville, pour raison d'icelles, prandra la cause pour les dicts sieurs
consulz, lesquelz sieurs consuls, envoyeront se présenter en la court de
parlement de Bourdeaulx, à l'assignation à eulx bailhée, à la requeste des consulz,
manans et habitans de la Linde, sans approuver aultrement la dicte court, mais
pour demander, seullement, le renvoy de la cause, devant Messieurs du grand
conseil, et les juges, saisys tant de ceste matière que d'aultres causes,
touchant le fait de la navigation, et qu'il sera envoyé homme exprès, au dict
grand conseil, avec amples mémoyres, pour obtenyr letres, pour faire évoquer la
cause, au dict grand conseil, le plustost que faire se pourra; et que,
cepandant, les dicts sieurs consulz passeront oultre, à bastyr les dictes
peschières, d'aultant qu'elles ne porteront empeschement à la navigation. Que
M. de Chauveton sera receu principal au collège de ceste ville, aux gaiges de
deux cens livres, pour an, prinses sur les dons faitz au dict collège si ilz y
sufizent, et s'ils ne y sufizent, la ville payera ce qui défauldra. Et que M.
de Monbaron continuera de prescher, pour ce quartier, qui tombera en octobre
prochain; et que, cepandant, les dicts sieurs consuls feront dilligence de
recouvrer ung ministre de Nérac, la Roschelle ou d'ailheurs, le plustost que
fère ce pourra.
p. 254
17
Novembre
Les dicts
sieurs consulz ont remonstré, si l'afferme des peschères de la présant ville se
doict fère avec les qualités qui s'ensuyvent: Premièrement, que le fermier, ou
fermiers, ne joyront d'icelles, que jusques à la fin de juillet, prochènement
venant, et payeront la moytié de l'afferme, comptant, et l'autre moytié, à la
feste de Pasques prochaine.
Item. -
Que les dicts fermiers seront tenus de fère toutes les réparations nécessaires
es dictes peschères, jusques à la somme de trante escuz sol.; et si, au bout de
l'afferme, se trouve à dire, es dictes peschères, au dessoubz de cinquante
paulx (1), les dicts fermiers seront tenus de les y remetre; prendront les
dicts fermiers, deulx manches neufves, qui y sont à présant, et en randront
aultres deulx, au bout de l'afferme, de pareilhe valeur et estimation; de
mesme, prendront ung gabarrot neuf, qui y est à présant, et en randront ung
aultre, de pareilhe extimation; seront tenuz, les dicts sieurs consulz, fère
jouyr les dicts fermiers, sans aultrement leur estre tenuz d'aulcun cas
(1)
Paulx ou pieus qu'on plantait dans la rivière, pour former le pertuis où se
trouvait placé la manche ou filet, dans lequel se prenait le poisson.
p. 255
fortuyt,
sinon que la peschère, ou partye d'icelle s'en allast, à vaul'eau, par
inondation ou autrement, et bailheront, les dicts fermiers, cautions pour
l'assurance du payement, qui s'en obligeront, comme pour les propres deniers du
roy.
Aussy ont
remonstré, s'il fault envoyer au colloque, qui se tiendra en la ville de
Saincte Foy, le vingtiesme du présent moys, pour requérir que messieurs
Chauveton et Baduel, soyent remys pasteurs en l'esglise de ceste ville, et qui
sera depputé pour y aller.
Sur
lesquelles remonstrances, a esté oppiné et aresté, par la plus grand voix, des
sus nommés, que l'afferme des peschères, apartenans à la dicte ville, se feront
jusques à la fin de juillet prochain, aux qualités que cy après.
Premièrement,
que les fermiers d'icelles joyront, jusques à la fin du dict moys de juillet,
et payeront la dicte afferme, scavoir: la moytié, à Noël prochain, et l'autre
moytyé, à Pasques suyvant.
Que, ce
qui reste à clisser, empierrer et empalés et rasteaulx, le tout se faira à la
diligence du fermier, ou fermiers, et aulx frais de la ville, que le dict
fermier avancera, et luy seront desduictz sur l'afferme.
Que, si
pandant la dicte afferme, il fault faire des réparations, le dict fermier les faira,
jusques à la somme de cent livres, et s'il n'en fault
p. 256
poinct
faire, demeurera quite de la dicte somme de cent livres, sans rien diminuer de
l'afferme.
Si les
peschères ou partye d'icelles s'en vont par inondation d'eau, ou aultrement,
tellement qu'elles ne peulssent pescher, le dict fermier sera quite de la dicte
afferme, en payant, prorata, qu'il aura jouy, et payant la dicte sommme de cent
livres, pour toute réparation; prandra, le dict fermier, deulx manches neufves
qui y sont aprésant et en randra autres deulx, à la fin de l'afferme, de
pareilhe estimation, ensemble le gabarot neuf, qui y est aprésant, lesquelles
manches et bapteau seront estimés, et bailhera, le dict fermier, cautions
solvables, pour l'assurance du payement de la dicte afferme, qui s'en
obligeront, comme pour les propres deniers du roy.
Pareilhement,
a esté oppiné et arresté, par la dicte plus grand voix des sus nommés, que la
ville n'envoyera personne au dict colloque, en la dicte ville de Saincte Foy,
d'autant que la dicte ville a requis le surcoyement du dict colloque, jusques
au retour de M. de la Force, ce que les maistres du dict colloque n'ont voulu
faire, mais ont passé oultre, et qu'il est question, au dict colloque, de
randre compte du voyage des depputez, allés en court, pour les afaires des
esglises, qui ne se poult fère, sans l'autorité et présance du dict sieur de la
Force.
Aussy, a
esté arresté que le dict Francoys de
p. 257
Peyrebrune,
marchand cogneu, homme de bien, de bonne vie et honneste conversation, sera
receu bourgeoys de la présant ville, en payant, par luy, pour sa bourgeoisie,
ce qui sera avisé par les dicts sieurs consulz; et pour l'avenir, ne pourront,
les dicts sieurs consulz, faire ne recepvoir, pour bourgeoys de la ville,
aulcungs estrangiers, sans advis et consentement de jurade, sur peine de
nullité des letres de leur bourgeoysie, et de ne joyr, par les dicts bourgeoys,
ainsi recuz, des imunités, prérogatisves, privillèges, franchises et libertés
de la dicte ville.
Et, sur
ce que le dict Jehan Saturnye, a remonstré que la maison des héritiers de feu
Francoys Rebeyrol, ses nepveux, fust rompue et gastée en plusieurs endroictz,
en montant et levant la charpante du clochier Sainct Jacques, de la dicte
ville, et qu'il a heu pryé la jurade de la fère réparer, a esté aussy oppiné et
arresté, que ce que la dicte charpante aura ronpu en la dicte maison, sera
réparé aulx despens de la ville, du premier jour.
Le nommé
Arnaud Conseil, consul de la ville, prend à l'afferme les pêcheries établies
sous le pont, pour la somme de sept vingtz onze escuz (453 francs), aux
conditions énoncées à la jurade précédente.
p. 258
7
Décembre
Les dicts
sieurs consulz ont remonstré, si le bled qu'est au grenier de la maison de la
ville, doict estre vandu, pour achapter des meules, pour le molin de la dicte
ville; et, s'il y reste de bled, s'il sera vandu, pour payer les régens et
principal du collège de la dicte ville, ausquelz est deu ung quartier, que
monte, cinquante escuz.
Sur
laquelle remonstrance, a esté oppiné et arresté par la plus grand voix de
l'assemblée, qu'il sera vandu du bled de la ville, pour achapter des meules,
pour le molin de la ville, et pour payer le quartier des dicts régens.
25
Décembre
Les dicts
sieurs consuls ont remonstré, que le bourssier a envoyé, au siège de Mossidan,
du pain qu'il trouva faict en ceste ville, lequel il prinst, des pangossières,
et, despuis, a faict faire quatre mile pains, d'ung soub, suyvant deux letres
de M. de la Force, qui a promis de les payer, ou faire payer; aussy, a payé et
avanssé, à quatre charpentiers, qui sont allés au dict siège, troys escuz et
demy, et achapté des tabourés (?), pour cent solz, pour y metre le dict pain,
et a bailhé cinq solz, pour envoyer quérir
p. 259
des
moulliers, à Monbazalla, et ont requis que, cas advenant, que le dict sieur de
Laforce ne les paye, ou face payer, de tout ce que dessus, que la ville en
relève le dict bourssier; ont aussy requis la jurade, les advouher de ce qu'ilz
ont envoyé, au dict siège de Mossidan, deux pièces de campagne, une
coulouvrine, avec des balles de leur calibre, qui estoient dans la maison de la
ville, suyvant le commandement du dict seigneur de la Force.
Sur
lesquelles remonstrances, l'assemblée présante, d'une mesme voix, a oppiné et
arresté, que les fraix, faictz par les dicts sieurs consulz, à l'achapt des
pains des monitions, envoyés au dict sieur de la Force, et autres fraictz sus
dicts, et qu'ilz fairont, par cy après, par son commandement, pour les affaires
du dict siège de Mussidan seront alloués aus dicts sieurs consulz, desquelz
fraix, les dicts sieurs consulz obtiendront commission du dict sieur de la
Force, le plustost qu'ilz pourront, pour s'en fère ramborsser, si fère se peut,
et si le bourssier n'en est ramboursé, la ville l'en relèvera; aussy la jurade
a alloué, aus dicts sieurs consulz, le bail des pièces de campagne, coulovryne
et balles, par eux envoyés au dict sieur de la Force, suyvant ses letres,
lesquelles pièces, les dicts sieurs consulz retireront le plutôt qu'ilz
pourront.
p. 260
Reçu
trouvé dans la Bte 3, Lse 18:
« Nous
soubsignés, anciens et diacres de l'esglize de la présant ville de Bergerac,
confessons avoir prins et receu, de Jéhan Lacombe, consul et boursier de la
dicte ville, la somme de trante troys escutz, ung tiers d'escu sol., que le
prieur de Sainct Martin d'icelle, a accoustume bailler, annuellement, pour
estre employée au paiement des gaiges de Messieurs les ministres et pasteurs de
la dicte esglize, laquelle somme de trante troys escutz, ung tiers d'escu,
avons receu, pour la présente année, mil cinq cens quatre vingtz dix, pour la
bailler et délivrer aux pasteurs et ministres, servant, présentement, en la
dicte esglise, et d'icelle somme de trante troys escutz et tiers, promettons
acquitter le dict Lacombe, envers et contre tous, en foy de quoy avons signé
ces présentes. »
A
Bergerac le XXVIIme de novembre, mil V cens quatre vingt dix.
Signé: « Gros,
ancien de l'esglise et Entraigues, ancien de l'esglise, Fougerou, ancien ».
1591
12
Février
Ont
remonstré que M. Bernard Martial et M. Pierre Lavergne, régens au collège de la
présant ville, demendent augmentation de leurs gaiges; si les dicts gaiges
seront augmentés. Il fut arrêté « que les dicts Marcial et Lavergne seront
priés de se contenter de dix escuz sol., que leur sont esté ordonnés, à
chascung, pour an, en considération des exemptions des gardes et des rondes de
la ville, dont ilz joyssent. »
28
Février
Les dicts
sieurs consulz ont remonstré, s'il sera bon de retrancher les gaiges de
messieurs les ministres, qui sont de quatre cens cinquante livres, et les
réduire à quatre cens livres, pour an.
Plus,
s'il sera bon de faire ung syndic perpétuel des paovres, et bailher la charge à
M. Jéhan de Mathieu, qui offre la prandre, en l'exemptant
p. 262
de garde,
ronde et cloche, sans aultres gages.
Et s'il
sera bon de ramener le petit reloge de la maison de la ville, au clochier du
temple du Chasteau.
Sur
lesquelles remonstrances, a esté arresté et oppiné, quant aulx gages de
messieurs les ministres, leurs dicts gages leur seront payés, suyvant les
jurades précédentes; que la jurade a présentement esleu, pour scindic perpétuel
des paovres, M. Jehan Mathieu, procureur, la charge duquel sera, de poursuyvre
le payement des légatz faictz aus dicts paovres, et tous leurs procès, moyenant
qu'il sera exempt de garde, ronde et cloche, sans prandre aulcuns gaiges de la
ville, ne qu'il fera recepte d'iceulx légatz, mais faire payer iceulx légatz,
au bourssier du consistoire de l'esglise de ceste ville, à la charge, aussy,
que le dict de Mathieu et le dict bourssier du consistoire, rendront compte de
moys en moys, des poursuites et receptes des deniers, qu'ilz auront faictz, par
devant les dicts sieurs consulz, ou devant ceux qui, par eulx, seront depputés;
et la plus grand voix de la jurade, a oppiné et arresté, que le reloge de la
maison de la ville, sera porté et remené à la cloche du temple du Chasteau (1).
(1)
Ancienne église de Notre-Dame-du-Chateau, aujourd'hui temple protestant.
p. 263
17
Mars
Les dicts
sieurs consulz ont remonstré, s'il sera bon d'envoyer sercher des ministres, et
ung régent, au synode de Béar, qui se tiendra au premier jour d'apvril
prochain. L'assemblée a oppiné et arresté que, pour le présant, ne sera poinct
envoyé personne de qualité au dict synode, qui se doibt tenir en Béar, au
premier jour d'avril prochain, pour demander ministres ne regens, attendu les
grandz dangers des chemins, en ce temps de guerre; bien, sera escript aulx
ministres du dict synode, s'il y aura moyen d'en recepvoir.
2
Avril
Ont
remonstré qu'il est tombé auprès du fort de Mynard, douze ou quinze braces de
la murailhe de la ville, de sorte qu'il y apert une grand brèche, qui a besoing
d'estre réparée, en diligence.
Ont aussy
remonstré, que Pierre de Labatut, filz de feu M. Jehan de Labatut, veut estre
receu bourgeois, de la ville, ont prié aussy la jurade d'aviser, sy les dicts sieurs
consulz le recepvront.
Sur
lesquelles remonstrances, a esté oppiné et arresté, que le dict Pierre Labatut
sera receu bourgeoys de la ville, pour ce qu'il est homme de bien, tel tenu et
réputé, aux qualités que s'il
p. 264
demeure
absant de la ville, ung an, sans porter les charges d'icelle, ses letres ne luy
serviront de rien.
28
Mai
Les dicts
sieurs consulz ont remonstré, si le bled, qu'est au grenier de la maison de la
ville, sera vandu, et s'il en sera prins, oultre celluy qui a esté levé, des molins
et des particuliers, qui en doibvent, de rante annuelle, pour faire le pain de
la Charité, et faire en tout jusques à dix pipes.
A este
arresté que, oultre le bled, deu, de rante à la dicte Charité, par les
particuliers de la ville et autres, il en sera prins du grenier de la ville, et
en tout, y sera employé dix pipes, pour faire le pain de la Charité, et que le
surplus du bled de la dicte ville, sera vandu, par le bourcier, à son de
trompe, et délivré aux plus offrans et derniers encharisseurs.
Et sur
une requête, présantée par les régens du colège de la dicte ville, aus dicts
sieurs consulz et à la jurade, naratifve qu'il y a neuf moys qu'ilz n'ont receu
aulcuns deniers de leurs guages, et qu'ilz n'ont nulz moyens de continuer,
s'ilz ne sont payés, la dicte jurade a oppiné et arresté, que les dicts sieurs
consulz payeront, aus dicts régens, leurs gaiges, sur les deniers les plus
liquides, s'il y en a.
p. 265
17
Juin
Les dicts
sieurs consuls ont remonstré, que Monseigneur de Matignon, mareschal de France,
arrivera, ce jourdhuy, en ceste ville, acompagné de plusieurs gentilshommes et
capitaines, qui viennent avecque luy; ont pryé l'assemblée d'aviser qu'est ce
que fauldra faire, à son entrée, et s'il luy sera fait aulcung présen;
pareilhement, ont remonstré, que le dict sieur mareschal leur commande de faire
des traitz, pour conduyre l'artillerie, ce qu'ils ont fait; ont, aussy, pryé la
jurade, de ratifier les dicts commandemens, et de allouer ce qu'ilz payeront,
pour les dicts traitz, au cas que le dict sieur mareschal ne les paye.
Sur
lesquelles remonstrances, a esté arresté que les dicts sieurs consuls, ayant
leurs chaperons, avecques messieurs les magistrats, avocatz et gens de robe
longue, de la présant ville, yront au devant du dict sieur mareschal, jusques
au bout du bourg de la Magdalène, luy fère la révérance, et hoffrir la ville
soubz l'obéyssance du roy; qu'à son arrivée les canons tyreront, et que la
ville luy fera ung honeste présent, ensemble à M. d'Aubeterre, s'il vient
avecques luy, comme il sera avisé par les dicts sieurs consuls; et que, oultre
ce, sera achapté une barrique de vin blanc, et une barrique de vin
p. 266
cléret,
pour donner à Monsieur le président baron de Beynac, baron de St Léger, M. de
Vivans, et aultres seigneurs et capitaines, quy viennent avecques luy, et que
les sus dicts traitz, seront faitz et payés par les dicts sieurs consuls, si le
dict sieur mareschal ne les paye.
Quelques recettes et quelques
dépenses prises dans le livre de compte de l'année 1590-1591:
Recettes
diverses
Faict
estat le dict Lacombe (1) de cinq mil huict cenz quinze livres, dix et sept
soubz et huict deniers, provenant de ung sol, pour cartière de sel, et six
deniers pour livre, de toutes marchandises sourtant de la présant ville et
bourg de la Magdalène, depuis le vingt et quatriesme du dict mois de juilhet,
après midy, l'an mil cinq cens quatre vingtz et dix, jusques au vingt uniesme
juillet, an présant, mil VC quatre vingtz et onze.
Pareilhement,
faict estat, le dict Lacombe, de la somme de cinquante livres, qu'il a receu de
Jehan Gouffre, et Thony Moureau, syndics du bourg de la Magdalène, en quoy ils
estoient cottizés, par le payement des ministres.
Aussy,
faict estat le dict Lacombe, de la
(1)
Lacombe était le boursier de cette année.
p. 267
somme de
vingt et deux livres, dix sols, qu'il a receu, de Jéhan de la Peyrarède, dict
Dangounet, pour l'entretenement des ministres, à la descharge du curé de Sainct
Jacques.
Aussy,
faict estat, le dict Lacombe, de la somme de cent livres, qu'il a receu de la
Nouallec de Gensac, en déduction du don que le roy nous a faict, pour nostre
collège.
Pareliement,
de la somme de huict cents septente deux livres, dix et sept sols, qu'il a
receu du consul Conseilh, de l'argent des balles qui furent vendues à M. le
mareschal de Matignion.
Aussy,
faict estat, le dict Lacombe, d'une cloche qui fut vendue au capithaine
Peyrelevade, pezant ung quintal quarante et sept livres, pour la somme de
vingtz escuz.
Faict
recepte de la somme de deux centz vingtz et cinq livres, que le dict Lacombe a
receu, de ceux qui sont esté nouvellement receus en la bourgeoysie de la
présant ville.
Parelliement,
tiens pour receu, pour l'afferme de l'herbe des revelins, fossés et arrière
fossés, la somme de sept livres dix sols, sauf de me faire droict de ce que
l'herbe, estant preste à faucher, lorsque allarent à Sourzac, le capithaine
Jaure fit mettre, toute la nuict, dans les dicts revelins, dix paires de
boeufz, avec trois ou quatre chevaulx, pour conduyre quelques pièces ou
munitions de guère au dict Sourzac, tellement quils mengèrent, ou mirent soubz
le pied
p. 268
toute la
dicte herbe, que depuis je n'en ay peu faire faucher, qu'est la cause que je
requiers que m'en soit faict rezoun.
Parelliement,
faict recepte le dict contable, de la somme de cent livres, qu'il a receues du
prieur de Sainct Martin de Bergerac, par les mains de Arnauld Conseilh,
fermier, laquelle somme il a acoustume ballier annuellement, pour estre
employée au payement des gaiges de Messieurs les ministres de l'eglize de
Bergerac.
Dépenses
diverses
Le
trentiesme du dict mois (juillet), ay payé, à Verrois, serrurier, la somme de
sept livres, deux soubs, trois deniers, à cause de clous qu'il avoict donné,
par cy-devant, pour clouer l'ardoize de la tour de Sainct Jaques.
Août
Plus, a
esté payé à Lespinasse, pour faire désendre la cloche, du bout du pont et la
pourter au collège, III sols.
Plus, le
dict jour, a esté payé aux adventuriers, qui ont mezuré le blé, dans la maizon
de la ville, IV sols.
Plus, le
IVme du dict mois, a esté payé, à cinq manouvres, ou trasseurs, qui
ont travallié à
p. 269
tirer de
la brique, au Prézicadoux (1), sept soubz à chescun pour jour, montant XXXV
sols.
Plus, a
esté ballié, à priffaict, à Jehan Serre, et Jéhan Valletoun, massons, à faire la
murallie de la maison, où se tient Miquel, maistre de hautes oeuvres, à raison
de vingt et cinq solz, la brasse, que monte le tout XIX livres, VII sols, VI
deniers.
Plus, le
Xme du dict mois, a este payé à deux messagiers, qui sont allés à
Badefou, pour cercher ung homme, pour envoyer à Hortès, pour recouvrer ung
pasteur XXV sols.
Plus, le
XIme du dict mois, a esté payé à François Valletoun, ancien de
l'églize, pour demy quartier des gages de M. de Monbaroun, ministre de l'églize
en la présant ville, LVI livres, V sols.
Plus, le
dict jour, a esté payé, à cinq maneuvres, qui ont travaillé à tirer de la
brique, des ruines du couvent des Jacopins, XXXV sols.
Plus, le
dict jour, a esté payé, à Jéhan et Pierre Tamarelles, frères, en déduction du priffaict,
que lui a esté ballié, pour réparer les murallies de la dicte ville, depuis le
fort de Bellegarde, jusques à la porte Lougadoire, VIIIXX livres,
(160 livres).
Plus, le
XVIme du dict mois, a esté payé, à
(1)
Couvent des Frères Prêcheurs.
270
Siméon
Frescarode, pour trois quintaulx cinquente et deux livres plomp, pour mettre au
clochier de Saint Jacques, la somme de XXIV livres, XIII sols.
Plus, le
XVIIIme jour du dict mois, a esté payé à Jéhan Cheyssac, pour dix
journées de son chariot, qu'il a exposées à charier du sable de Rouzette (1) au
fort de Bellegarde, et thuiles et briques, au collège et à la maison de Miquel,
la somme de XII livres X sols.
Plus, le
XXIIme jour du dict mois, a esté payé à Jehan Doustre, dict Pastre,
bathelier, pour le port de quatre milliers neufz centz de ardoize, qu'il a
pourté, de Bourdeaulx icy, pour achever de recouvrir le cluchier de Sainct
Jacques, et la tour de Cleyrac, la somme de X livres X sols.
Le XXIIIme
du dict moys, a esté payé à Guilliou Ribiére, messager de Badeffou, pour estre
allé pourter des lettres à M. de Sainct Genies, et à M. Daneau, professeur en
théologie à Hortès, pour recouvrer ung ministre, pour ceste ville, ou pour
despens qu'il fist, la somme de XIII livres X sols.
Plus, le
XXIXme du dict mois, a esté payé à Jaques, gendre de Moyse, et à
maistre Jéhan Bouyssavy, pour la dépense qu'ils ont faict, pour aller à Eymet,
pour cercher M. de Baliban,
(1)
Hameau, commune de Bergerac.
p. 271
ministre,
pour ayder à célébrer la Cène, la somme de V livres, IX sols, II deniers.
Septembre
Le
troizièsme du dict moys, a esté baillié à Moyze Martin, pour trois
escriptoires, qui manquaient aux prix que M. Peyrarède dona au collège, XX
sols.
Plus, le
dict jour a esté payé, à dix aventuriers (1) qui ont porté et rappourté les
bancs du consulat à la place de St Jacques, et la chère du collège, VI sols
(2).
Plus, le
dizièsme du dict mois, a esté payé au consul Planteau, pour trois cents clous
de trois oungles, que le consul Conseilh a prins, pour mettre au temple, XXX
sols
Plus, le
dict jour, a esté payé au consul Planteau, pour une barre de fer carrée, pour
tirer la pière des ruines des Jacoupins, XVII sols XI deniers.
Le dix
septiesme jour du dict mois, a esté
(1)
On appelait aventurier, les gens qui allaient par les rues, à l'aventure, pour
chercher du travail. Le montage du bois, le port des fardeaux, et autres gros
travaux, étaient dans leurs attributions; les sacquiers ou porte-faix étaient
recrutés parmi les plus méritant d'entre eux.
(2)
Les prix avaient été cette année, distribués sous la halle St-Jacques.
p. 272
payé à
Miquel, maistre des oeuvres, pour avoir outé une chèvre et ung chien, qui
estoient mortz dans le foussé de la porte Lougadoyre, et menoit grand puenteur,
XVII sols X deniers.
Le vingtiesme
du dict mois, a esté payé à Isac Brachet, pour avoir coppié les lettres du don,
faict par le roy, à la communauté de la présent ville, d'ung sol, pour
quartière de sel, et six deniers, pour livre de toutes marchandises, sortens de
la ville, et pour avoir coppié l'arrest de Messieurs les généraulx, establys à
Bourdeaulx, V sols.
Plus, a
esté baillié, à prisfaict, à Jehan Faurie, dict Pitaud, charpentier, à batir
sur les murailles de la maizon, où souloit demeurer Miquel, maistre des hautes
oeuvres, la charpente d'icelle maizon, et la rendre toute preste à later,
moyenant la somme de vingt et six escuz sol.
Plus, le
dict jour, a esté payé, à Jéhan Mouret, dict Bourdilion, pour estre allé à
Badefou, pourter une lettre à madame, de nostre part, aux fins de savoir
nouvelles de l'armée du roy, et de celle du duc de Parme, et nous avoir porté
responce, la somme de XV sols.
Octobre
Le
premier du dict mois, a esté payé, à Thony Guyon, pour quatre journées de son
mulet, qu'il exposa à pourter de la farine, à Ver,
p. 273
lorsque
l'on menassoit d'assiéger le fort, XX sols.
Plus, le
second du dict mois, a esté payé au consul Planteau, pour deux cents clous,
employés à plencher la tour de la Lougadoyre, et cent, pour achever de
recouvrir le temple, quarente et deux livres de fer, pour mettre entre les deux
bois, qu'on veut mettre les gyrouettes du cluchier de Sainct Jacques, vingt
cinq clous, pour coudre des tables sur le pont de Dourdougnie, la somme de V
livres, VI sols, III deniers.
Plus, le
troiziesme du dict mois, a esté payé à Arnauld Gros, pour payer trois sergens,
qui s'estoient apprétés, ce jourd'huy, à ballier la question à ung prisonnier,
acuzé de trahizon, et pour avoir achepté les courdils destinés à cest uzage, la
somme de XX sols.
Plus, le
dict jour, a esté payé au consul Planteau, pour estre allé au colloque, à
Castilion, pour requérir qu'il fut pourveu à la nécessité de nostre esglize, la
sommt de III livres, VI sols, VII deniers.
Plus, le
XXIIIme du dict mois, a esté payé à Berthomieu de la Rivière,
consul, pour cinq milliers d'ardoize, qu'il nous avoit achepté et payé, à
Bourdeaulx, pour couvrir le cluchier de Sainct Jacques, la somme de IVXX
livres.
Novembre
Le
trézièsme du dict mois, a esté payé à Guillim
p. 274
du
Verdie, pour estre allé à la Force, pourter une anguile à madame, IV soubz.
Le
quatorziesme du dict mois, a esté payé, à six manuvres, qui ont porté les
balles du canoun, dans le bateau de Jouncas, pour les envoyer, à Bourdeaulx, à
Monsieur le mareschal de Matignon, XV soubz.
Plus, le
seziesme du dict mois, a esté payé à maistre Urbain Chauveton, principal du
collège, pour le payement de la closture de la maison où il se tient, LV soubz.
Plus, le
vingt troizièsme du dict mois, a esté payé, à Benjamin Le Compte, fondeur, pour
la facoun d'une cloche, pezent ung quintal quarante et sept livres, montent à
la raizon de vingt livres, le quintal, suyvant le marché faict, la somme de
XXIX livres, VIII soubz.
Plus, le
dict jour, a esté payé à Arnauld Vergniaut, Jamme del Bousquet, et à Thony Venent,
messagiers, qui ont pourté une carpe à madame la mareschale, à Biron, et une
aultre carpe à madame de la Force, et deux anguyles, l'une, à Monsieur Dupont,
à Lenbrat, et l'aultre à madamoizelle de la Scignie, à la Rebeyrie, la somme de
XXX soubz.
Plus, le
vingt cinquièsme du dict moys, a esté payé à damoizelle Anne de la Rivière,
damoizelle de la Scignie, pour trente arbres chatagniers, à employer à faire
paulx pour la peschère, XLV livres.
p. 275
Plus, le vingt
et septiesme du dict mois, ay payé aux anciens et diacres de l'églize de la
présent ville, la somme de cent livres tournoises, pour partye du payement des
gaiges, de messieurs les ministres.
Décembre
Plus, le
cinquièsme du dict mois, a esté payé à Hélies Cathiou, serrurier, pour la
facoun des girouettes du cluchier Sainct Jacques, ou pour avoir fourny du fer,
à parfaire la dicte besougne, la somme de IX livres.
Plus, le
septièsme du dict mois, a esté payé à Jhanot Sargentoun, et Hélies Tilliet,
pour avoir charié avec leurs charettes et boeufs, du boys de la Cone, au port
de Clautres, pour faire boutons de charettes, pour les canons, et aultres boys
pour la ville, V livres, V sols.
Plus, le
quinzièsme du dict mois, a esté payé suyvent les jurades précédentes, à M.
Urbain de Chauveton, principal au collège de la ville, et ce, pour ung cartier
de ses gaiges de principal, qui a commencé le premier jour d'octobre dernier,
la somme de cinquante livres; et paréliement, a esté payé à M. Nicoulas
Moutanus, Pierre Boursat, et Pierre Lavergne et Bernard Marval, régens au dict
collège, la somme de cent livres, pour le cartier de juillet, aoust et novembre
p. 276
dernier,
montent le tout à la somme de cent cinquante livres.
Plus, le
dixhuictièsme du dict moia, a esté payé à Huguet Thavers, merchent, pour le
areloge, qu'il nous a vendu, qui a esté pozé au clucher de Sainct Jacques de
ceste ville, la somme de cinquante et ung escu, trente sols (154 livres 10
sous).
Plus, le
vingt et quatrièsme du dict mois, a esté payé à Miquel Barranbon, exécuteur de
la haute justice, pour le quartier de janvier, febvrier et mars, la somme de
cinquante sols.
Janvier
Le vingt
et sizièsme du dict mois, le consul, Planteau, paya à Esthiène Ladonel,
merchant à Bourdeaulx, pour moy, la somme de dix huict livres tournoises, à
cauze de ung quintal neuf livres de mestailh, achetées de luy, pour faire la
cloche du collège de ceste ville, laquelle somme, depuis, luy a esté rendue par
moy.
Plus, le
dernier du dict mois, a esté payé à Jehan Deslanes, pour quarante livres de
chandeles, qui a esté prinse de luy, pour la garde de la ville, la somme de
douze livres.
Février
Le
huictièsme du dict mois, a esté payé à
p. 277
Anthoine
de Combes, serrurier, pour avoir gouverné le areloge, sonner le prêche et
prières, et la retraite, et ce, pour le quartier de febvrier, mars et avril,,
la somme de V livres.
Plus, le
seziesme du dict mois, a esté payé à M. Pierre Lavergne, lecteur, pour le
cartier de janvier, febvrier et mars, la somme de VII livres X sols.
Mars
Le
huictiesme du dict mois, a esté payé à Jehan Brugière, l'ayné, ancien de
l'églize, la somme de six vingt deux livres (122), dix sols, et ce, pour le
payement des gaiges d'un cartier et huict jours, dheuz à M. de Monbaroun,
ministre.
Le
vingtièsme du dict mois, a esté payé au consul Planteau, la somme de trente et
deux livres, pour pareille somme, qu'il avoit payé à Meynot, pour la despence
que les ministres du colloque avoint faict ches lui, le mardy, cinquiesme du
présent mois, comme il a esté arresté par jurade.
Plus, le
trentiesme du dict mois, a esté payé à Jehan Tamarelle, masson, pour avoir baty
la troizièsme classe du collège, de la dicte ville, à pris faict, et la facoun des
aultres deux classes, du dict collège, qu'il avoit baty auparavant,
p. 278
moyenant
la somme de sept escutz et ung tiers, que le dict Tamarelle a receue, cy XXII
livres.
Avril
Le
seziesme du dict mois, a esté payé à Jehan Estay dict Lhéritier, merchent de
Limeuilh, la somme de vingt et trois escutz cinquante cinq sols, pour payement
d'un quintal et quatre livres de poudre, achetée du dict Estay, et pourtée,
aujourd'huy, dans la maison commune de la dicte ville.
Plus, le
vingt et deuzièsme du dict mois, a esté payé à Arnauld Gros, nostre serviteur,
la somme de six sols, tant pour une demye livre de graisse vieillie, que pour
ung pot de terre, pour oindre les thourilions des ponts levis de la porte
Lougadoire, ou goufs de la dicte porte, ou pour ung demy quart d'huile d'olif,
pour engraisser les serrures des portes de la ville, VI sols.
Plus, le
vingt troizièsme du dict mois, a esté payé à Jehan Daniel, forbisseur, pour dix
et neuf feuilles d'or, qui sont estées employées à paindre les armories de M.
de Sainct Giniés, la somme de LIV sols.
Plus, le
dict jour, a esté payé à Jacques Poieze, maistre orfèvre, la somme de trois
livres, pour avoir trassé les armouryes de Messieurs de Turenne, et de Badefou,
au collège,
p. 279
et
painct, d'or et d'azeur, celles de M. de Badefou.
Plus, le
vingt et cinquièsme du dict mois, a esté payé à Saurin, pour du vermillion, et
serruse, qui a esté prinse de luy, pour estre employée aux armories de M. de
Badefou, au collège, la somme de dix sols.
Plus, le
dernier jour du dict mois, a esté payé au consul Planteau, pour achepter les
prix du collège, qui doivent estre distribuées demain, qui sont: ung nouveau
testement grec et latin, et ung chapeau, et des escriptoires, la somme de X
livres.
Mai
Plus, le
second du dict mois, a esté payé à maistre David Gerauld, dict Maintenon,
régent de la cinquiesme classe, en déduction de ses gaiges, la somme de quinze
livres, deux sols, six deniers.
Plus, le
dict jour, a esté payé à M. Cacaud, pour la moitié d'un lard, qu'il nous a
vendu, et au syndyc de la bourse commune des merchens pour envoyer à
Bourdeaulx, suyvent ce que a esté arresté entre nous, le cinquièsme de ce mois,
la somme de IX livres IV sols. (1)
(1)
A chaque procès, que la ville avait à soutenir, les consuls envoyaient au président,
ou aux juges, du Parlement de Bordeaux, un lard, c'est-à-dire, tout ou partie
d'un cochon gras. L'expression graisser la patte, ne viendrait-elle pas de cet
usage?
280
Le
trezièsme du dict mois, a esté payé à Mathieu Pinot, ancien de l'églize, pour estre
allé cercher M. Lambert, ministre de la parolle de Dieu, à Ste Foy, pour la
despence qui a esté faicte, la somme de IV livres XV sols.
Plus, le
quinzièsme du dict mois, a esté payé au consul Conseilh, pour aller au colloque
à Monravel, pour les despens qu'il a faictz, tant pour luy que messieurs de
Moulin et Penot, ministres de la parolle de Dieu, et Moyse Martin, ancien de
l'églize, la somme de XXIV livres V sols IX deniers.
Juin
Le sizièsme
du dict mois, a esté payé à M. Peynot, ministre, la somme de soixente et quinze
livres, pour avoir servy, deux mois, l'églize d'este ville, avec M. de Molin.
Plus, le
Xme du dict mois, a esté payé à Pierre Poutye, fondeur, à cauze de
dix et sept boullets d'artilerie, pezens quatre quintaulx, soixante livres et
demyes, pour le pris de trente et quatre livres, dix sols, neuf deniers;
lesquels boulets sont estés pourtés à la maison de la ville.
p. 281
Plus, le
dict jour, a esté payé à M. Moulin, ministre de la parolle de Dieu, pour ses
gaiges de deux mois, mars et apvril, qu'il nous a prêché la parolle de Dieu en
ceste ville, la somme de soixente et quinze livres.
Plus, le
dict jour, a esté payé à Gény Breu, pour estre allé en Limouzin, pourter de nos
lettres a M. de Lafaye, ministre de la parolle de Dieu, pour voir si nous le
pourrions retirer à nostre églize, la somme de trois escuz.
Plus, le
douzièsme du dict mois, a esté payé au consul Planteau, la somme de trèze escuz
deux tiers, trèze sols, neuf deniers, à cauze de vendition de huict grosses
balles, et moyenes, d'artilerie, et cinquente, de petites, pezent trois cent
trente et trois livres et demye, lesquelles sont esté pourtées à la maison de
la ville.
Plus, le
trézièsme du dict mois, a esté payé au sire Jéhan Eyma et Duclos, la somme de
cinq livres quinze sols, pour trente et deux livres de métailh, qui sont esté
acheptées, pour faire une petite cloche, pour le collège.
Plus, le
quinzièsme du dict mois, Messieurs de Belrieu, lieutenant particulier, de
Peyrarède, advocat du roy, Trellys, syndyc, Dupuis, consul et Arnauld Gros,
serviteur de la ville, avecques trois laquès, sont partis pour parler à
monseigneur le mareschal (1), à Saincte Foy; auquel
(1)
Maréchal de Matignon.
p. 282
voyage, a
esté despendu la somme de XVII livres, VIII sols, II deniers.
Plus, le
sézièsme du dict mois, a esté payé à Pierre Pastourel, la somme de quinze sols,
pour avoir batu le tambour, pour assembler les souldats, pour aller audevent de
M. le mareschal de Matignon.
Plus, le
dix et septièsme du dict mois, a esté payé à Mounet Loche, pour dix pots de vin
et quatre sols de pain, qu'il bailla, pour la collation de messieurs les
officiers et consuls, ensemble plusieurs notables habitens, qui estoient sortis
pour aller audevent de M. le mareschal, la somme de XXIV sols.
Plus, le
dict jour, suyvent les mendemens de M. le syndyc, a esté ballié à Anthoyne
Delort, et Pierre Vidal, dict Tatau, courdiers, pour faire des traictz, pour
monseigneur le mareschal, pour mener les canons, la somme de vingt escuz, comme
appert par quitance de la F... commissaire de l'artilerie, et que je ne peu
recouvrer les dicts vingt escuz, du dict commissaire, synon douze escuz
seulement, en présence du consul Dupuy.
Plus, le
dix et neufvièsme du dict moys, a esté payé à Françoise Duclau, pour ung panier
de sirizes, qui a esté donné à la collation des souldatz, qui se sont trouvés à
l'arrivée de M. le mareschal, la somme de VI sois.
Plus, le
vingt et unièsme du dict moys, a esté
p. 283
payé au
consul Conseilh, la somme de cinq sols, pour l'achapt de une aune de
passeflour, pour attacher les clefs de la ville, lors qu'elles furent
présentées à M. le mareschal.
Plus, le
vingt et quatrièsme du dict mois, par commandement de M. le mareschal, avons
achepté huict pales de boys, quatre hachescoulx, trois fausets à couper bois,
six bigots, pour ballier aux pioniers, qui alloint audevent du canoun, pour
accomoder les chemins, la somme de VIII livres, XVI sols, VI deniers.
Plus, le
dict jour, a esté payé à Jehan Cheyssac, pour avoir mené du port en la maison
de la ville, six barricques de poudre, de M. le mareschal, la somme de XVI
sols.
Plus, le
vingt et sixiesme du dict mois, a esté payé à Petit Chausidou, Pierre Lenglade,
Hélies Teysendié et Jéhan Vincens, pour avoir monté, par eau, ung canon, pour
le commendement de M. le mareschal, jusques à St Grapazy, (St-Capraise) la
somme de XXIV sols.
Plus, le
vingt et neufvièsme du dict mois, a esté ballié à Fourton Queillie, pour
conduire les martinets de M. le mareschal, jusques à Lalinde, la somme de XII
livres.
Plus, le
dict jour, a esté payé à Jéhan Bouyer, pour demy barricque de vin, qui a esté
balliée aux batelliers, qui ont appourté, dans ung bateau, de l'atelage de
l'artillerie de M. le mareschal,
p. 284
depuis la
présent ville, jusques au lieu de Mauzac, la somme de V livres VIII sols.
Juillet
Plus, le
second du dict mois, a esté payé au consul Dupuy, pour quatre barricques de
vin, qu'il a ballié, la somme de quarente livres, et à Hélies Fonmartin, pour
une barricque de vin clairet, dix livres, et à Jéhan Fourmis, pour une
barricque de vin blanc, dix livres, et à Jéhannot Gros, pour une aultre
barricque de vin blanc, dix livres; tout le dict vin employa pour messieurs le
mareschal de Matignon, séneschal de Périgord, et aultres de leur suyte, montent
le tout à la somme de soixente et dix livres.
Plus, le
huictiesme du dict mois, a esté payé à Berthomieu Lespine, Jéhan Labonne, Jéhan
Simounet, Jéhan Vertalot et Jéhan Lessalloir, bateliers, la somme de dix
livres, pour avoir employé onze journées, à conduyre les martinets de M. le
mareschal de Matignon, jusques au port de Ciurac (1), X livres.
Plus, le
dizièsme du dict mois, a esté payé à M. Lambert, ministre de la parolle de
Dieu,
(1)
Siorac, commune, petit port sur la Dordogne.
p. 285
pour ung
quartier qu'il a servy, en l'églize d'este ville, la somme de CXII livres X
sols.
Budget
Recettes:
Douze mille sept cent quatre livres, six sols et cinq deniers.
Dépenses:
Onze mille six cent dix-sept livres, deux sols et trois deniers.
La
lecture de ce livre de comptes, montre que les consuls activaient, autant
qu'ils le pouvaient, la démolition des couvents de la ville, dont les matériaux
étaient employés à diverses réparations: mur d'enceinte, collège, fort de
Bellegarde, brèche de Minard, fort de Bourbaraud, pont, clocher de
Saint-Jacques, maison du bourreau, etc. Ils achetèrent aussi durant le cours de
cette année une assez forte provision de salpêtre.
Cahier
jaune n° 1, p. 17:
Dans un
article de M. Michel Dupuy, on trouve:
« Les
villes de Périgueux, Bergerac et Sarlat, avaient le privilège d'envoyer,
chacune à leur tour, un syndic, qui, pendant trois ans, présidait et dirigeait
les travaux des trois Etats du Périgord. Ce privilège fut enlevé en 1590 à la
ville de Bergerac, par la ville de Périgueux. Voici ce que nous trouvons dans
nos archives:
p. 286
Aussy
vous remonstrent, que, par la coustume de tout temps observée, par les trois
Estats du pays de Périgord, qui se tiennent de neuf ans en neuf ans, pour les
affaires du dict pays, ils font ung syndicq général pour les trois Estats, dont
l'ung est prins de la ville de Périgueux, l'autre de Sarlat et l'autre de
Bergerac, lesquels, chacun d'eulx, l'ung après l'autre, durant troys ans,
exercent et font la charge et fonctions de syndicq général, pour les trois
Estats, durant les dicts trois ans. Et combien qu'à présent, celluy de
Périgueux et celui de Sarlat, ayant chacun d'eulx exercé et faict leur charge,
durant les dicts trois ans, et que celui de Bergerac soit en son rang,
néantmoings, on ne lui veult permettre de faire la dicte charge, ains au
contraire, en a esté esleu ung nouveau de la ville de Périgueux. »
Périgueux
profita de sa position aux Etats du Périgord pour surcharger d'impôts la ville de
Bergerac; nous trouvons, dans la même remontrance:
«
Semblablement, remonstrent, que le siège de l'élection de tout le pays de
Périgord, est estably en la ville de Périgueux, et en laquelle les esleus font
la résidence, par le moyen de quoy, et par la hayne qu'ils portent à ceux de la
ville de Bargerac, et ressort d'icelle, à cause qu'ils sont de la religion
réformée, les cottizent et
p. 287
imposent
de troys deniers ung, combien que, de toute ancienneté, le ressort d'icelle ne
soulloit porter que de neuf deniers ung. »
Lettre du
maréchal de Matignon (Bte 6. Lse 32, 2me
paquet.)
«
Messieurs,
J'ay
receu vostre lettre, et vous remercye bien fort, de vostre bonne affection.
J'envoye ce porteur exprez, pour recevoir et faire payer comptant, les deux
cens balles (1) que me mandez, lesquelles je vous prie luy faire délivrer
promptement, et l'assister de ce que pourrez, en ce qu'il les puisse seurement
conduyre, jusques à Castillon; et, si vous vouliez tant faire, pour le service
du roy, que d'en fournyr encore une centayne, vous accomoderiez nos affaires,
et ce présent porteur satisfera au tout. Je vous en prie donc, et de croyre,
qu'en ce que j'aurai moyen de m'employer pour vous, ce sera avec aultant
d'affection, que je me recommande à vos bonnes graces, et prie Dieu vous
donner,
Messieurs,
en santé, ce que désirez,
De
Bordeaux ce IX novembre 1590.
Vostre
entièrement bon et affectueux amy,
Matignon.
»
(1)
Boulets de canon, que le maréchal de Matignon avait fait demander aux consuls.
p. 288
« A cause
de la difficulté des chemins, ce présent porteur ne s'est peu charger de
l'argent, mais le sieur Martin vous escript, pour le faire bailler de della,
surquoy je vous prie vous asseurer. »
(Bte
Q. Lse 7.)
Lettre de
madame de la Force, avec les nouvelles qu'elle a receu de M. de la Force estant
à Thiviers, (Sans date.)
«
Messieurs,
Je vous
ay voulu faire part des nouvelles, que j'ay aprins, de Monsieur de la Force,
que ce présant pourteur m'a portées. Il me mande que leurs affaires ne
scauroyent aller mieux, Dieu mercy, pour leurs moyens; qu'ilz ont prins
beaucoup de bons lieux, et fort heureusement. La dernière place a esté la
maison de la Martonnye, et le prieuré de Sainct Jéhan Lescole (1), qui est à
l'évesque de Lymoges, le tout a esté remys en l'obéissance du roy, et, pour
l'entretenement des troupes, bailhiés quatre mille escutz, de quoy ils ont
bailhé de bonnes cautions; que le lieu de Thiviers, où ils sont, est aussy bien
asseuré; monsieur d'Aubeterre
(1)
St-Jean-de-Cole, commune du canton de Thiviers. Prieuré conventuel de l'ordre
de Saint-Augustin.
p. 289
y a
laissé une bonne garnison, il s'en alla devant à Sainct Pardou la Rivière (1),
qui s'est aussy randu. Monsieur de la Force partoit pour s'y acheminer, et ne
me peult résouldre de ce qu'il abviendroit, car ils sont fort pressés de
soliciter, de Messieurs de Lymoges, d'attaquer Chalus (2) avec offre de nous
assister de force moyens. Monsieur de Vauguyon, et Monsieur de Chambret, s'y
employent fort. Voila tout ce que j'apprends. Je vous envoyé, aussy, ung
discours, des nouvelles qu'il a prinses de France; sy vous voules escrire, j'y
renvoye ce messager, demeurant,
Messieurs,
Vostre
plus affectionnée à vous servir,
Ch. de
Biron »
«
Nouvelles de France,
Monsieur
de la Force a aprins, par monsieur de Sainct Mathieu, qui a veu une lettre, que
Monsieur d'Espernon venoit de recepvoir, de l'armée du roy, dactée du
neufviesme may, qui porte que le duc de Palme (3) est malade à la mort; que sa
maiesté le tient comme assiégé
(1)
Chef-lieu de canton, arrondissement de Nontron.
(2)
Ville du département de la Haute-Vienne.
(3)
Alexandre Farnèze, duc de Parme, blessé mortellement devant Caudebec en 1592.
p. 290
auprès de
Codebec, que le dict duc print par composition; le roy a combattu et desfaict
son avant garde, conduite par messieurs de Vinsi et d'Aumale, où le baron de la
Chatre a esté prins, et troys ou quatre cens de thués, et le huictiesme de ce
moys, sa majesté fit attaquer troys mille Espagnolz, qu'ilz avoient logés dans
Amiens, à la teste de leur armée; ilz furent forcés dans leur retranchemens, et
y en demeura huict cens sur la place. L'armée des ennemys est en très grand
nécessité de vivres, de sorte que le roy a résolu de ne les combattre point, et
a prins ung lieu, fort d'assiette, pour les temporiser, estant fort difficille
qu'ilz puissent eschapper, et font tous leurs effortz, pour faire ung pont à
batteaux, devant Caudebec; mais il leur est impossible. Voyla ce que j'ay
aprins de ceste part là. J'ay veu ung petit livre, imprimé à Tours, en dacte du
huictiesme de ce moys, qui porte mesmes mots; nous attendons, en bonne
dévotion, la nouvelle du gaing de la batailhe, sur le duc de Palme, qui est sy
pressé par le roy, qu'il ne s'en peult desdire; il luy a faict quicter troys
champs de batailhe, et troys logis, et a mis sont avant garde en desroute,
prins le baron de la Chatre et le gouverneur de Dreux, ung cappitaine Espaignol
et plusieurs aultres, ce na pas esté qu'il n'en soit demeuré plusieurs sur la
place; ilz ont fuy demy lien, et jusques au retranchement du gros de leur
armée,
p. 291
qui est
dans ung village et ung boys. Le roy est résolu de le forcer, il est plus fort
que le duc de Palme, et, tous les jours, son armée se renforce. Ce qui a esté
mis sy dessus, a esté escript à Monsieur d'Espernon, et est venu, despuis, mais
l'ung confirme l'autre» »
1591-1592
Les
jurades de cette année n'existent plus; seul le litre de compte s'est conservé;
nous y relevons ce qui suit :
Recettes
diverses
Faict
recette le dict Dupuy, consul et bourcier, sus dict, présant comptable, à la
charge de reprinse cy-après, de la somme de mil trèze livres, ung sol, à
laquelle monte les affermes faites des doumaines et revenus, appartenans à la
communauté de la dicte ville, de Bergerac, à
p. 292
plusieurs
et diverses personnes, ainsi qu'appert, par le procès verbal, fait des dictes
affermes, en dacte du vingt sixiesme jour du dict moys de jullet, mil cinq
centz quatre vingt unze, signé Valeton, notaire royal et clerc de la dicte
ville.
Parmi ces
affermes, nous trouvons, que l'afferme du péage de la Mérilhe, fut affermé 7
livres 5 sols, le droit de la marque du vin, 36 livres; le droit des pougézes,
240 livres; le droit de boucle ou attache des bateaux étrangers, 33 livres; le
droit de pontonage, 396 livres; l'imposition sur les chairs, 93 livres; le
droit prélevé sur ceux qui roulent, sur le pont, le vin ou autres sortes de
marchandises, du poids d'une barrique, 7 livres 11 sols, etc. etc.
Aussi,
faict le dict comptable, recepte de deux centz livres, qu'il a receu du
trézorier d'Albret, ou recepveur de Gensac, en déduction du don, que le roy a
fait au collège de la présant ville.
Aussi,
fait recepte, le dict comptable, de la somme de cent livres, qu'il a receu du
seigr de Badefoul.
Aussi,
fait, le dict comptable, recepte, de quinze escutz deux tiers, qu'il a receuz
de la vendition du cheval que M. Boust, ministre, en ceste esglize, mena
lorsqu'il vint, comme appert par le procès verbal fait par Lespinasse.
Aussy,
fait le dict comptable, recepte de la somme de sept mil cent quarante cinq
livres,
p. 293
huict
solz, unze deniers, qu'il a receu du droit, qu'on leve sur le sel et sur toutes
autres marchandises, qui sortent de la présent ville, durant l'année de son
consulat, qui commença, comme dit est, le vingt deuxiesme jullet, mil cinq
centz quatre vingtz unze, et finit au vingt uniesme jullet, mil cinq centz
quatre vingt douze, comme apert, par le livre journalier, fait à la recepte des
dicts droitz, suyvant les patantes du roy.
Plus,
fait recepte, ce comptable, de la somme de mil six escutz, unze solz, revenant
à troys mil dix huit livres trois solz tournois, qu'il a recue des habitants de
la présent ville de Bragerac, à raison de la tailhe ou imposition, sur eulx
faite, suyvant l'acte de jurade du second de novembre, mil cinq centz quatre
vingtz unze, pour estre employé aulx affaires nécessaires au siège de
Castilhonnès.
Plus,
fait, le dict comptable, recepte de trente troys escutz ung tiers, revenant à
cent livres, qu'il a reçue du prieur de Sainct Martin, de la présent ville de
Bragerac, pour icelle estre employée au payement des pasteurs et ministres de
la dicte ville.
Plus,
fait, le dict comptable, recepte, de vingt deux livres dix sols tournois, qu'il
a aussi reçue du curé de Sainct Jacques de la dicte ville, pour estre employée
à l'entretenement des dicts sieurs ministres.
p. 294
Dépenses
diverses
Plus, le
mesme jour (26 juillet), à Bertrand Eymond et Pierre Nouzilles, pour avoir
porté à M. de Poyane qu'estoit logé à Lamongie de Moncuq, douze pains blancs, deux
levrauds et six potz de vin, ou pour leur despens et salaire, III livres VI
sols.
Et le
vingt huitiesme du dict moys, à Bertrand Bounilhaud, pour avoir couvert le dict
clocher Sainct Jacques, VIII livres.
Et le
second aoust, pour ung trébuchet, pour pezer l'argent de la cause, XV sols.
Et le
cinquièsme du dict moys, à M. Claude de Ville, comme diacre de ceste église,
dix livres deux sols et six deniers, pour la despence que Messieurs Lambert et
Sainct Loubès, ministres, et luy, ont faite pour se trouver au colloque, à
Saincte Foy.
Et le
sixiesme aoust, à Jehan Chassagne, pour avoir conduyt dans ung petit bapteau,
Messieurs les ministres et antiens, au colloque de Saincte Foy, cent sols.
Et le
septiesme du dit moys d'aoust, à M. Bernard Marval, pour ses gages
d'advertisseur du consistoire, et faire les prières publicques du matin, VII
livres X sols.
Et le
quatorziesme du dict moys d'aoust, à Francoys Bourdailhac, et Jéhan Chassaing,
quatre livres, pour avoir monté une gabarre, et
p. 295
passer la
troupe de M. de la Force à Moledier, et pour en avoir descendu une aultre, aux
Matagotz, passer des arquebuziers de Saincte Foy, qui nous venoient assister,
contre les ennemis, qu'avoient entreprinse sur ceste ville, IV livres.
Et le
vingt troysièsme du dict moys, à Estienne Vergnole, maistre maçon, troys centz
troys livres, en déduction du pris fait, de faire le pas de Villac de
Dourdougne, en arceau de piarre, comme apert par contract du dict jour.
Et le vingt
huictièsme du dict moys, seze livres dix sols, à Arnaud Vergnault, messager,
pour porter une lettre à madame, soeur du roy, à Pau, et d'aultres lettres, en
Béarn, à M. Boust, ministre, comme appert par mandement.
Plus, le
mesme jour, septiesme septembre, sept livres dix sols, à M. Pierre Lavergne,
lecteur, pour un cartier de ses gages.
Plus, à
Peyrichon Laurent, cent livres seze sols, pour vingt quatre pipes chaulx,
employé à la réfection de la murailhe, despuis la Lougadoyre, à Bourbarraud.
Et le neufvièsme
septembre, cinquante sols, pour douze potz et demy de vin, envoyés à M.
d'Aubeterre, qui estoit en ceste ville.
Plus,
vingt six sols, neuf deniers, à Jehan Fougeyrou, Bernard Gros, Anthoyne, le
sonneur, et un messager, scavoir: au dict Fougeyrou, neuf sols, pour cinq
picotins avoyne, à
p. 296
Bernard
Gros, huit sols pour deux potz de vin, donnés au baron de Merville; au dict
Lescombes, six sols, pour avoir de l'olif, et pour avoir sonné deux jurades, et
au dict messager, troys sols, neuf deniers, pour avoir esté cercher le
capitaine Barrière, pour conduyre M. Loyseau, à Biron, pour penser M. de la
Force.
Plus, le
mesme jour, dix huictièsme septembre, à David Faulchier, et Jéhan Batifoul,
pour porter une lettre à M. de Panissaud, pour une mesure avoyne, ou pour
foncer deux barriques de pouldre, vingt huit sols, quatre deniers.
Plus, le
mesme jour, vingt quatrièsme septembre, vingt deux livres dix sols, à Guilhem
Cousy, Ferriol de Lespinasse, Jehan Meymé, baptelliers, et à Jehan Batifol,
pour avoir conduyt M. le mareschal, arquebuziers de ses gardes, lansquenetz et
meubles du dict sieur mareschal, et de M. le présidant Nesmont, ou pour deux
grands pains, bailhés aus dicts baptelliers, jusques à Saincte Foy, dans ung
bapteau.
Plus,
quatre livres, quinze sols, neuf deniers, à Jéhan Lacombe, l'ayné, pour douze
potz de vin, bailhés au dict sieur mareschal, ou pour luy dresser une tante,
dans le dict bapteau.
Le second
du mois d'octobre, sept sols six deniers, à Miquel (1) pour avoir nettoyé les
tours et murailhes de ladicte ville.
(1)
Miquel était le bourreau de la ville.
p. 297
Et le
dixièsme du dict mois, à Guilhem Rousy, pour estre allé avec sa gabarre, à
Prigondrieu, passer madame la mareschalle de Biron, XX sols.
Et le dix
huitièsme du dict mois, troys livres troys sols huit deniers, au consul Pauly,
pour avoir frayé aux manouvres et gabarriers, qui passoient le canon de M.
d'Aubeterre.
Et le
vingtièsme du dict moys, cinquante cinq sols, six deniers, aulx consuls
Castanet et Fonmartin, pour la despance, par eulx faite, aux boyers et
manouvres, qui conduyrent le canon de M. d'Aubeterre, despuis le grand port à
la place Sainct Jacques.
Et le
vingt huitièsme du dict mois, soixante quinze livres à M. Lambert (1), pour le
service qu'il fit en ceste église, durant deux moys.
Plus, à
M. de Sainct Loubès, ministre, cent douze livres et demi, pour ung cartier de
ses gages.
Et le
second du dict mois de novembre, unze livres dix sols, à Pierre Bordes, pour
dix sept cents tuylles platz, employés à couvrir le pont de Dordoigne.
Et, le
dixièsme du mesme moys, au dict Queilhe troys livres, pour certains voyages, à
(1)
Lambert était ministre de Ste-Foy.
p. 298
conduyre
la pouldre et pain de munition, à Castilhonès.
Et la quatorzième
du dict moys, vingt cinq escutz, à Jéhan Simon, baptelier, pour l'afferme de
son bapteau, pour conduyre l'attelage, balles et munition du canon, de M. le
mareschal, jusques à Libourne.
Plus,
trente escutz, à Jéhan Couderc, pour conduyre l'artillerie de M. le mareschal,
jusques à Libourne.
Et, le
septièsme du moys de décembre, cent escutz à Jéhan Tamarelle, maistre maçon,
pour avoir réparé la murailhe de la présent ville, de la Lougadoyre jusques à
Bourbarraud, et fait le contenu du contrat de prix fait, receu par Valeton,
notaire, le trentièsme jullet dernier.
Et le
premier de janvier, mil cinq centz quatre vingtz douze, six livres dix sols, à
Jéhan Desplas, pour la despence, faite par M. Lambert, durant sept jours, qu'il
demeura en ceste ville, pour prescher, durant la semaine, avant célébrer la
Cenne.
Et le
sixième du dict moys de février, à Pierre Poumeau, quatre livres quinze sols,
pour quarante sept livres et demi fer, pour faire un cercle à la meule
courante, mestural, du molin, qui s'estoit rompue.
Et le
premier du moys de mars, dix escutz à Imbert Deschamps, pour la despance que M.
de
p. 299
Saint
Loubés, ministre et luy, firent pour aller au synode, à Cleyrac
(Lot-et-Garonne).
Et le
cinquième du dict moys, sept livres dix sols, à M. Bernard Marval, pour ung
cartier de ses gaiges, de dire la prière publicque, du matin, et d'advertisseur
du consistoyre.
Et le
vingt neufièsme de mars, vingt neuf livres à Henry de la Blétonnière, paintre,
pour la painture de la monstre de l'orloge de Saint Jacques.
Et le
vingt troisièsme du dict moys d'avril, à MM. les régens de la présent ville,
pour leurs gaiges de la présent année, troys centz livres.
Plus, le
trézièsme de may, ay distribué aux mosniers, onze pipes mesture, pour les
mouldre, pour faire des pains, et les distribuer aux pauvres le jour de la
Peantecouste, suyvant l'ancienne coustume.
Et, le
sezièsme du dict moys, vingt huit sols, à sept hommes, qui ont travaillé à
porter boys, et faire les pontz, pour faire sortir les pauvres, et porter des
pipes, et aultres boys, à fermer les advenues, et rues, pour faire plus
aysément passer les pauvres à la distribution du blé sus dict.
Et, le
dix septièsme du dict moys de may, vingt six livres, pour le festin, fait,
suyvant la coustume, en la maison de ville, à MM. les magistratz et consulz,
qui ont vacqué, tout le jour, à distribuer les pains de la charité aux pauvres.
p. 300
Plus, le
premier du moys de juin, à Jéhan Eyma, antien en l'esglise de ceste ville, unze
escutz à quoy monthe la cotité d'este ville, pour payer à M. Lambert, pour le
voyage que son fils a fait en court, à poursuyvre l'entretenement des pasteurs
de ceste province.
Et,
l'onzièsme du dict moys de juin, à Jéhan Eyma, antien de l'esglise de la
présent ville, pour la despance faite par MM. les ministres, au colloque de
Saincte Foy.
Et, le
vingtièsme du dict moys, à Meric Morteau, et Andrieu Valete, trente deux sols,
pour deux journées chascun qu'ils ont exposées à tirer de la bricque du
Saint-Esprit, pour la ville (1).
(1)
La commanderie ou hôpital du Saint-Esprit, se trouvait en dehors des murs
d'enceinte, au Nord-Est de la ville, et un peu en arrière de l'angle, formé par
le cours du Caudeau, et la dérivation, qui, actuellement, longe le fond du
Jardin Public.
Le
20 janvier 1416, Peyre Donzel, donna, par contrat, au commandeur du
Saint-Esprit, une maison, sise dans la ville, près la Font-Balquine, pour en
faire un hôpital, pour les pauvres, moyennant qu'il lui ferait dire une messe
tous les vendredis. (Elie de Biran.)
Quelques
années après, l'hôpital du Saint-Esprit fut transféré dans cette maison, et y
resta, jusqu'au jour où le représentant du peuple Lakanal, en mission à
Bergerac, en ordonna le transfert, pour cause d'insalubrité, dans la maison des
Dames de la Foi où il est encore aujourd'hui, rue Neuve d'Argenson.
p. 301
Et, le
vingt quatrième du dict moys de juin, à M. Daix, pour le louage de sa maison
occupée par M. de la Force, dix neuf livres, neuf sols, neuf deniers.
Et, le
septièsme du dict moys de juillet, à Jéhan de Lespinasse, sergent royal et
trompete de la dicte ville, pour ses gages de la présent année, soixante
quatorze livres, scavoir: quinze escutz en argent, et cinq aulnes d'estamet
bleu et rouge, vallant vingt sept livres dix sols, pour la robe et chausses, et
trente sols pour un paire de soliers, le tout revenant à la dicte somme.
Et, le
sezième du dict moys, à Mousqueterou, maistre sarurier de la Linde, qui est
venu, exprès, en ceste ville, pour poser la monstre à l'orloge Sainct Jacques, et
forger la verge de fer qui fait tourner la main, que marque les heures, sept
livres douze deniers.
Budget
Recettes:
Doute mille huit cent soixante-cinq livres, dix-sept sols et quatre deniers.
Dépenses:
Onze mille cinquante et une livres, quatre sols et neuf deniers.
Ce
présent compte a esté ouy, examiné, et,
p. 302
despuis,
cloz et arresté, par Nous Jéhan Eyma, receveur du taillon, pour le roy, en
Périgord et greffier de la ville de Bragerac, et baillage d'icelle, François
Gillet et Jéhan de Mathieu, procureur et sièges royaulx de la dicte ville,
Mathurin Peyrarède, François Valleton, Jéhanot Gros, Bertholmieu de Fonmartin,
Bernard Conseil et Jéhan Augeard, bourgeois de la dicte ville, commissaires, à
ce, depputtez, par Messieurs les maire et consulz d'icelle ville, en vertu du
pouvoir, à eulx, sur ce, donné, par acte de jurade, du vingt cinquiesme juillet
dernier, mil VC quatre vingt douze.
(Suivent
les signatures de ces commissaires.)
Les fonds
promis par le roi de Navarre en faveur du collège se faisaient, quelquefois,
attendre; nos consuls, aussitôt, s'empressaient d'écrire à tous ceux, qui,
d'après eux, pouvaient avoir une certaine influence, sur le Béarnais. Voici la
réponse faite à une de leurs lettres:
« Letre
de madame, seur du roy, touchant la dotation du collège.
(Bte
Q. Lse 29.)
«
Messieurs les consulz,
Encores
que j'aye escript, il ny a guères, aux gens de mon conseil, estably à Nérac, de
vous faire paié les arréraiges dont vous me parlez,
p. 303
par
vostre lettre, et que je sois assurée que ny feront faulte; si est ce, que je
ne laisse à leur faire, encores, une recharge, et leur mande bien, aussy,
qu'ilz vous facent paier, ce qui vous est deu, de l'année courante. Je suis
aultant marrie des peines et traverses qu'on vous y donne, que de chose du
monde, car, non seullement en cela, mais en toute aultre chose, où je pourré,
vous cognoistrez que je suis,
Vostre
bien bonne amye,
Catherine.
De Pau le
6me jour d'octobre 1591. »
Siège de Castillonnès
Nous avons
vu ci-dessus, que Bergerac avait fourni certains subcides, des vivres et des
munitions, au seigneur de la Force, pour faire le siège de Castillonnès; car
les jurats et les habitants de cette ville, avaient, par jurade, tenue le 1er
avril 1591, décidé de soutenir la Ligue.
Voici
comment ce siège est raconté par J. J. Oscar Boussy, dans sa brochure intitulée
« Notice historique sur la ville de Castillonnès », imprimée à
Villeneuve-sur-Lot, en 1875.
« La mort
d'Henri III, assassiné à Saint-Cloud par Jacques Clément, le 1er
août 1589, fut le signal de nouveaux désastres. L'Agenais se partagea en deux
camps, les uns reconnaissant
p. 304
Henri de
Navarre pour leur souverain, tandis que les autres embrassaient le parti de la
Ligue ou union catholique. La ville de Castillonnés fut violemment agitée. Le
peuple et une partie des bourgeois voulaient faire cause commune avec les
villes qui s'étaient déclarées pour la ligue; les magistrats et les notables
penchaient vers le roi légitime. Les consuls convoquèrent une jurade où furent
admis les principaux habitants. C'était le 7 janvier 1590. On ne se prononça
pour aucun parti, et l'on résolut de garder une stricte neutralité; il fut
arrêté, en outre, qu'on ne laisserait entrer dans la ville aucune troupe de
gens d'armes, qu'elle que fut leur bannière, et qu'on attendrait les événements
(1).
Mais le
maréchal de Matignon, gouverneur de la province pour Henri de Navarre, voulut
forcer Castillonnés à se prononcer. Il ordonna à Antoine de la Moissie,
seigneur de Veyries, d'aller en prendre le gouvernement. Les consuls lui
refusèrent l'entrée. Matignon, furieux, lança de Bordeaux (12 mars) une
ordonnance par laquelle il cassait et révoquait les privilèges de la ville,
ordonnant qu'à l'avenir on nommerait, chaque année, trois consuls au lieu de
six, et qu'ils resteraient deux ans en fonctions.
Dès que
la nouvelle en parvint à Castillonnès,
(1)
Papiers de la famille de Carbonnié.
p. 305
les
habitants se soulevèrent. Jaloux de maintenir leurs privilèges, ils résolurent
d'embrasser la cause de la Ligue. Une jurade fut tenue le 1er avril.
On y décida, aux acclamations du peuple, qu'on se joindrait aux autres villes
de l'Agenais qui combattaient pour la cause catholique. Honorat de Savoie,
marquis de Villars, commandant de la province pour l'union, instruit des
dispositions de la ville de Castillonnès, lui envoya, aussitôt, en qualité de
gouverneur, Christophe de Montalembert, seigneur de Roger, avec deux enseignes
d'infanterie, et un cornette de cavalerie, pour conserver à sa cause, cette
forte position militaire.
Mais,
l'étendard catholique ne flotta pas longtemps sur les tours de la ville. Roger,
ligueur fanatique, signala son zèle, pour la cause qu'il soutenait, en jetant
les protestants hors de leurs maisons et affermant leurs biens. Il s'empara des
châteaux de Cahusac et de Montaut, et en chassa les réformés. Ses violences
soulevèrent contre lui, tous les partisans du roi de Navarre, qui appelèrent à
leur secours Nompar de Caumont, marquis de la Force, gouverneur de Bergerac, ami
dévoué d'Henri, et l'un des plus fermes soutiens de sa cause dans le Périgord.
La Force
partit de Bergerac, avec toutes les troupes qu'il put réunir, sous les ordres
des capitaines Vivant et Panissaux et arriva devant
p. 306
le
château de Cahusac, le 20 octobre 1591. Il le reprit et y établit son
quartier-général. Tous les gentilshommes protestants du pays vinrent l'y
rejoindre, avec leurs vassaux, de sorte qu'en très peu de temps, il eut, sous
ses ordres, deux mille hommes d'infanterie, cinq cents chevaux et six pièces de
canon.
A la tête
de ces forces imposantes, il s'approcha de la ville, le 26 du même mois, et,
après avoir reconnu la position de la place, et la force de ses remparts, il se
décida à faire un siège régulier. Le camp fut placé sur le chemin des justices,
à cinq cents pas environ des remparts, au lieu appelé le Roc de Banne. Un
fossé, dont il est encore facile de suivre le tracé, défendait le camp et le
mettait à l'abri des entreprises des assiégés, du seul côté qui fut accessible,
les autres se trouvant défendus par l'escarpement du terrain. L'artillerie,
placée derrière le fossé, ouvrit son feu contre la ligne des remparts du côté
du couchant. M. de Roger se défendit vaillamment; il tira du fort de la Mouthe
deux couleuvrines qu'il établit en batterie en avant de la tour de Reilhac, en
dedans de l'arrière fossé du faubourg, et riposta contre les assiégeants, et
s'empara d'un de leurs canons.
Le feu
durait depuis huit jours, lorsque le fort de la Mouthe tomba au pouvoir des
protestants, qui tournèrent les canons contre le
p. 307
rempart
et réussirent à ouvrir deux larges brèches, l'une au nord du fort, l'autre près
de la tour. Les habitants, menacés d'un assaut, insistèrent auprès du
gouverneur, pour qu'il rendit la place. Celui-ci, voyant bien que la défense ne
pouvait se prolonger, capitula le 10 novembre suivant. La garnison eut la vie
et les bagues sauves. On sortit, les officiers avec leurs épées, les soldats un
bâton blanc à la main, et les protestants occupèrent la ville, qu'ils traitèrent
avec rigueur. La Force, voulant conserver au roi cette conquête, frappa la
ville et la juridiction d'une imposition de trois mille écus, qui devait servir
à réparer, augmenter même les fortifications, et à solder une forte garnison,
qu'il y laissa sous les ordres de M. de Brugnac de la Force.
Par
lettres patentes données à Saint-Denis, le 29 octobre 1592, Henri approuva en
ces termes l'imposition mise sur la ville et chatellenie de Castillonnés.
« Henri,
Roi etc.;
Le sieur de
la Force, etc., a fait remonstrer que la ville de Castillonnès, en Agenois, et
les habitants d'icelle, s'étant distraits de l'obéissance du feu roi, et de
nous, tenant garnison en ladite ville, et fesant la guerre à nos bons et loyaux
sujets, le dit sieur de la Force se serait résolu de la remettre en même
obéissance, et
p. 308
pour ce
faire, aurait mis, sus, une armée, et assemblé les gentilhommes et forces du
pays, laquelle ville il aurait, enfin, après l'avoir battue à coups de canon,
prise et réduite en notre obéissance, le 10 novembre 1591; et, pour
l'entretènement des gens de guerre, qui furent mis en garnison en ladite ville,
réparer la brèche, et icelle fortifier, d'autant qu'elle fait front et villes
de Villeneuve d'Agenois, Agen, Marmande et autres lieux, occupés par nos
ennemis, ligueurs et rebelles, le sieur de la Force n'ayant argent ni moyens,
aurait été contraint de faire imposer, et lever, la somme de trois mille écus,
sur les habitants de la châtellenie, paroisse, et lieux circonvoisins de la
dite ville, et affermé les biens et revenus des ligueurs, imposition que le Roi
approuve, comme si c'était lui-même qui l'eût faite.
Donné à
Saint-Denis le 29 octobre 1592.
Pour le
roi, Potier.
Ainsi
signé et scellé de cire jaune à simple queue. » (1)
Copie de
trois lettres concernant le siège de de Castillonnès, écrites aux consuls de
Bergerac.
«
Messieurs,
Tout
présentement, monsieur de la Force
(1)
Bibliothèque Nationale, Archives de la Force, 1er recueil, page 14.
p. 309
m'a
envoyé, en toute diligence, en ce lieu de Issigeac, pour entendre de vos
nouvelles, et si series arrivé, et m'a commandé, que, si n'esties arrivé, que
de vous faire ceste ci, pour vous prier luy envoyer ce que scaves, parce qu'on
ne peult jouir des lansquenetz, que premièrement on ne leur aye baillé douze
cens escus, qu'on leur a promis, et le dict sieur vous prie fort user de
diligence, et, aussi, d'envoyer des pioniers et du pain; je m'asseure que Dieu
vous bénira, lequel je prie,
Messieurs,
vous donner, en santé, longue et heureuse vie.
Vostre
humble et obéissant serviteur. »
Signature
illisible.
«
Dyssiégac ce 5me novembre. »
Lettre
écrite en entier par Caumont de la Force:
(Même
liasse.)
«
Messieurs,
« La
pluspart de nos soldatz ne font qu'amener boeufs en vos cartiers, qu'ilz
desrobent par deça, si bien qu'au lieu d'estre issy à leur besougne, ilz
s'occupent à cela. Je vous prie y avoyr l'oeuil, pour en faire prandre et que
nous en puissions fayre chatiement; car, autremant, nous nous trouverons seulz
issy. Je vous supplie me fayre tenir, prontemant, l'argent duquel il
p. 310
vous
plaict m'ayder. Nous avons tousiours des traverses en nos affayres, mesmes que
la plus-part des capitenes n'ont point d'afection à ce siège, et ne veulent
s'asujetyr à leur debvoir; cela me donne bien de la peine. Nostre artillerie
doit arriver ceste nuit; j'espère que toute la diligence que ce pourra, y sera
aportée. Je vous prie nous ayder de tout ce que vous pourres, mesme de pain et
maneuvres.
Je suis
tousiours vostre plus affectionné ami à vous servir,
J. de
Caumont.
Du siège
de Castillonnès ce mardy matin. »
Lettre du
même: (Même liasse.)
«
Messieurs,
«
J'envoye vers vous monsieur de Signac, pour vous faire entendre la résolution,
que monsieur d'Aubeterre et moy, avons prinse, pour Castillonnès, sur laquelle
je vous prie de considérer l'importance, et combien nous debvons tascher de ne
perdre une si belle occasion, laquelle, estant escoulée, ne se pourra recouvrer
de longtemps; c'est chose à quoy vous avez, pareillement, intérest; et, outre
ce, je m'assure tant de vostre bonne
volonté et affection, quand au service du roy, que ne manquerez d'apporter
p. 311
tout ce
qui sera en vostre pouvoir; et me remetant au sieur de Signac, je ne vous en
diray davantage, que pour vous assurer, que, de ma part, j'y apporteray, en
cela, et en tout ce qui vous concernera, toute l'affection, que pourrez
espérer, de celuy qui désire vous tesmoigner, en toutes occasions, que je suis
entièrement,
Messieurs,
vostre plus affectionné amy à vous servir.
J. de
Caumont.
A
Essigeac ce Xme novembre. »
Nous
avons déjà vu que Castillonnès capitula le 10 novembre, donc, la lettre qui
précède, fut écrite le jour même du la capitulation.
Copie de
quelques lettres écrites aux consuls de Bergerac par divers.
(Bte
Q, Lse 7.)
Lettre de
Turenne:
«
Messieurs,
En
continuant la bonne et singulière affection que j'ay tousjours porté à vostre
ville, je vous l'ay voullu renouveler et confirmer par la présente, et vous
asseurés que j'ay autant de désir de vous aymer et servir, en tout ce que
despendra de moy, que vous le scauriez désirer vous mesmes, et ne sera jamais
que je ne pourchasse vostre bien et advancement, autant que
p. 312
le mien
propre, faictes en doncques estat certain, je vous prie, et en asseuré vos
concitoyens. Vous me feriez ung singullier plaisir de me mander de vos
nouvelles, et seray très aise, quand je scauray que vos affaires iront bien, sy
je vous y puis servir en quelque chose, estant près de sa maiesté, où j'espère
me rendre bientost, je vous prie croire que je le feray, de toute mon
affection, et, sur ceste asseurance, je prieray Dieu qu'il vous ayt,
Messieurs,
en sa saincte et digne garde,
A Sedan
ce VIIIme novembre 1591.
Vostre
bien bon et asseuré amy,
Turenne.
»
Lettre de
M. de la Force escripte du Vigan, en Quercy, avec la coppie de celle qu'il a
escript à madame sa femme.
«
Messieurs,
Vous
aurez sceu ce qui s'est passé, par deça, qui est de très grands importance,
pour le service du roy, et bien de tout le pays. Je ne vous en escriptz poinct
les particularitez; mais vous en scaurez toutes nouvelles, par celle que
j'escris à ma femme, vous priant me tenir adverty, de tout ce qui se passera en
vos quartiers, et faire tousiours estat de l'affection et bonne volonté, de celuy
qui est,
p. 313
Messieurs,
vostre plus affectionné amy à vous servir,
J.
Caumont,
Au Vigan
ce 2 décembre. »
Copie de
la lettre envoyée par ce seigneur à madame de Caumont:
« Je vous
escrivis, judy au soir, bien particulièrement, ce qui se passoit icy, par
messager exprès, je vous envoyé cestuy-cy, craignant que n'ayez receu mes
lettres. Il n'est pas croyable le grand effect et l'utilité, qui en pouvoit
revenir, si les choses y eussen esté conduicte, comme il failloit; car, sans
doubté, il y avoit à nostre mercy, plus de trois cents chevaulx, parmy lesquelz
y en avoit bien cent cinquante de service. Il a esté faict roolle de plus de
cinquante gentilzhommes, et de trante ou quarante autres portant cuyrasse, et
force valletz et équipages, qui s'estoient retirez, là où il y a un chasteau,
un bourg et une eglize; ilz se sont tous rendus prisonniers de guerre. J'avois
fort incisté, que l'on les obligéatz à ne porter les armes, de certain temps,
que le service du roy allast devant toutes choses, car il y avoit un bon nombre
des principaulx de leur party, qui les heust fort afféblys, mais toutes choses
ont esté fort mal mesnagées.
Il s'est
trouvé, icy, tant de personnes désireux
p. 314
de leur
faire plaisir, contre plusieurs que l'on a faict desrober; tous les principaulx
sont esté demandez par les ungs ou les autres de leurs amys, de sorte qu'ilz
sont exemptz de rançon, et mis en liberté, pour le moingtz dix ou douze des
principaulx. J'en ay dict ce qu'il m'en sembloit, mais je n'a y voallu
beaulcoup oppiniastrés, accause que nous ny estions pas dès le commencement;
ilz ont voullu incister que M. d'Aubeterre et moy, ny pouvons prétendre aulcun
droit, mais enfin ilz y ont acquiessé; toutesfois, nous ny en avont point
voullu, et c'est contenté, M. d'Aubeterre, de son frère M. de Sainct Cybart, et
moy, de M. de Piedeugès et son frère, desquelz M. de Sainct Maurice m'avoit
prié. Tous disent qu'ilz ne se fussent poinct renduz, sans l'appréhention
qu'ilz heurent de M. d'Aubeterre et de moy, nous voyant arrivez. Il y a force
disputes, et force brouilleries, pour ces buttins; enfin on en est sorty, mais
le pis est, que l'on y a perdu quatre ou cinq jours de temps, que je heusse
bien désiré, que l'on heust employé à attaquer Roquemodou (1), car je crains
que, ce pendant, ilz se seront fort préparés. Nous avons arresté, que l'on yra
recognoistre, passe demain, avant que de s'y engager. Tous ces messieurs les
prisonniers,
(1)
Rocamadour, commune de l'arrondissement de Gourdon (Lot).
p. 315
se
plaignent fort le leurs chefz, et en sont fort desgoutéz, jusques à dire que,
si l'on leur eust faict la caurtoisie, entendre qu'ilz n'eussent plus porter
les armes pour eulx, enquorre que la plus part ne payent de rançon, si est ce
que, de longtemps, ilz ne pourront remettre leurs esquippages. Nous avons de
très belles force ensemble, estant plus de cinq cens hommes, armés, et de deux
mille cinq cens harquebuziers. Nous sommes, après, à mettre quatre canons en
campagne, et ne doubte point quand cella, nous n'emportions Roquemadou, pourvu que
l'on y apporte de la dilligence, et surtout de la prévoyance, à faire trouver
des vivres, à ce que les pains de munition ne manquent poinct, car c'est un
pays fort paouvre. Tous ont promis de ne bouger d'ensembles, que ceste
exécution ne fust faicte; quand à moy, j'ay offert de ne me retirer de quatre
nuys s'il est besoing, et ay quatre vingts maistres, avec M. de Sainct Légier,
et neuf cens arquebusiers. Les ennemys menassent fort d'estre, bien tost, sur
pied, pour nous combattre, mais je croy qu'ils ne ny feroient pas, à ceste
heure, leurs affaires. Le marquis de Villardz est à Clairmont, et M. de
Mompezat, à Carlux. Je vous donneray advis de tout ce qui se passera, nous
approchons demain, vers Rocquemadou, en faisant un logis plus avant; l'on m'a
baillé cartier à Sainct Germain, qui est à madame de Boissières. J'ay fort
p. 316
inçisté,
pour n'y aller point, mais ilz ont dit qu'il failloit, donc, qu'une autre
trouppe y allast. J'ay un messager vers vous, et désire scavoir de vos
nouvelles, et l'estact d'Armand. Vous scaurez à toutes occasions des nouvelles.
Sans doubte, si ce qui est icy se maintient ensemble, il y a de quoy faire
teste à toute la Guienne. Baisez les mains de ma part à madame de Peyre. Adieu.
Au Vigean
(1) ce dimanche au soir. »
Lettre du
maréchal de Matignon (Bte Q, Lse 7me).
«
Messieurs,
Il a pleu
au roy, pour subvenir aux frais de la guère, fère ung emprunt, de la somme de
quarante mil escus, sur les villes et plat pays de ceste généralité, plus
riches et commodes que se pourront trouver. Je vous envoye la commission, pour
cotiser, ce qui est advenu à vostre part, et vous prié, ne faillir de le fère
payer, promptement, suyvant icelle, priant Dieu vous avoir,
Messieurs,
en sa saincte garde.
De
Bourdaux ce IVme décembre 1591.
Vostre
entyèrement bon et affectionné amy,
Matignon.
»
(1)
Le Vigan, commune de l'arrondissement de Gourdon (Lot).
p. 317
Lettre de
M. de Biron
(Bte
Q, Lse 7.)
« A
Messieurs les officiers du roy, consuls et habitans de la ville de Bergerac.
Messieurs,
Le désir
que j'ay tousjours eu, de vous fère paroistre avec combien d'affection, je me
voulois emploier pour vous, m'avoit faict fère ouverture au roy, de transférer
le siège présidial de Périgueulx, partie en vostre ville, et partie en celle de
Sarlat, sy les habitans s'en fussent renduz dignes; et, pour c'est effect,
j'avois donné charge, au sieur le Grenier secrétaire de sa majesté, de
communiquer, de cest affère, avec des personnes, propres d'en traitter, et vous
en avois particulièrement escript; mais, à ce que j'ay entendu, le dict de
Grenier a esté tué; et, par ce moien, l'affère retardée. Vous adviserez, sy est
chose, qui vous soit commode, utille et profitable, et vous assurerez que je my
emploieray, à la fère réussir, à vostre contentement, d'aussy bonne volonté que
je prie le créateur,
Messieurs,
vous avoir en sa sainte garde.
Au camp,
devant Rouan, ce II janvier de l'an 1592.
Vostre
bien affectionné à vous servir,
Biron. »
p. 318
Lettre du
même:
(Même
liasse.)
«
Messieurs,
Je vous escripvis,
il y a quelques jours, comme je vous avois, au précédent, fait aultre despèche,
par le sieur le Grenier; et, par icelle, vous donnois advis, de la volonté, que
le roy avoit, de transfférer le siège présidial de Périgueulx, en vostre ville
de Bragerac, mais que ayant sceu, que le dict le Grenier avoit esté tué, et que
les lettres ne vous auroient esté rendues, je vous en donnois encores advis,
comme je fay encores, à présent, affin que l'une ou l'aultre de mes despeches,
vous estant rendue, vous advisiez ce que vous estimerez estre utile, au bien et
augmentation de vostre ville, et que, sy vous estes en volonté, qu'elle soit
décorée du dict siège, vous pourvoies d'envoier quelque personnage entendu, de
par deçà, pour en fère les poursuittes et diligences, et vous serez toujours
assurés que, ce qui deppendra de mon crédit et faveur, ne vous sera espargné,
ne en cest affère, ne en aultre, qui vous concerne, pour vous servir, d'aussy
bonne volonté, que je me recommande bien affectueusement à vostre bonne grace,
et prie le créateur vous donner,
Messieurs,
en santé, bonne et longue vye.
p. 319
Au camp
devant Rouen, ce XIIme de l'an 1592.
Vostre
bien affectionné à vous servir,
Biron. »
Lettre du
maréchal de Matignon:
(Même
liasse.)
«
Messieurs,
J'envoye
ce porteur, exprès, vers vous, pour le recouvrement de ce que est advenu à
vostre part, de l'imposition de XLm escus (40 mille écus); vous ne
fauldres, la présente veue, d'assembler les dicts deniers en toute diligence,
et les remetre ez mains du receveur, ou commis, afin que nous en puissions
estre, promptement, secourus; et, iceulx, fère employer aux affères, survenuz
de nouveau, concernant grandement le service du roy; et, m'assurant, que pour
le bon zèlle et affection, que vous portez à l'avancement des affères de sa
maiesté, et que ne vouldriez estre cause du retardement d'iceulx, ne vous en
diray aultre chose, priant Dieu,
Messieurs,
vous donner, en santé, bonne et longue vye.
A
Bordeaux ce 1er mars 1592.
Vostre
entièrement bon amy,
Matignon.
»
p. 320
Lettre du
même:
(Même
liasse.)
«
Messieurs,
J'envoye
le sergent Bertrand, présent porteur, à Lymeuil, pour retyrer les balles à
canon, que je y fais fère; je vous prie de l'assister, à la conduyte d'ycelles,
en tout ce que sera besoing, priant Dieu vous avoyr,
Messieurs,
en sa saincte garde.
De
Bordeaux ce dernyer jour de may 1592.
Matignon.
»
Lettre du
même
(Même
liasse.)
«
Messieurs,
J'envoye
le sergent Bertrand, pour faire conduire les balles qui sont à Limeil, auquel je
vous prie faire bailler des batteaux, pour la conduitte d'icelles, et faire
tenir en diligence, les lettres qu'il vous baillera, à Messieurs de la Force et
d'Aubeterre, là par où ils seront, priant Dieu vous donner,
Messieurs,
bonne et longue vye.
De Bordeaulx
ce premier de juing 1592.
Vostre
entièrement bon amy,
Matignon.
»
p. 321
Lettre de
Caumont de la Force:
(Même
liasse.)
«
Messieurs,
J'ay esté
fort aize de la nomination, qui a esté faicte, de vous aultres, à la nouvelle
eslection des consulz, et encores que je soye fort certain, du soin et
affection, qu'apporterez au devoir de vostre charge, je ne le ay (lasserai) de
vous prier, par ceste cy, de l'avoir en recommandation, et me tenyr averty,
souvent, de ce qui se passera, par delà. Quand à l'estat de noz affaires, je
vous diray comme monseigr le mareschal est à Domme, et a ses canons
logés, prestz à faire batterye. Mais, sur les aviz qu'il a eu, de l'extrême
nécessité, en laquelle sont ceulx de dedans le château, n'aiant aucuns vivres,
il a différé, pour esparnié autant de munitions; et, aussy, qu'il attant
messieurs d'Aubeterre et de Themines (1), qui sont allés au devant de M. de
Ponpadour (2), qui ce venoit joindre à l'armée des ennemis, espérant de le
combattre; et,
(1)
Pons de Lausières de Thémines de Cardaillac, chevalier des ordres du roi,
sénéchal et gouverneur du Quercy, maréchal de France en 1616, mort en 1627.
(Chroniques de Tarde.)
(2)
Louis, seigneur de Pompadour, après la mort de son frère aîné Jean, tué devant
Mussidan en 1569. (Chroniques de Tarde.)
p. 322
à ce
qu'ilz ont mandé, ilz l'ont contrainct de se retirer dans ung village, où ilz
délibèrent de le forcer; nous saurons, bientost, qu'elle en sera lissue. Ceulx
de Gourdon sont esté vers M. le mareschal, et sont en bons termes d'accord. Je
suis logé en ce lieu de Salviac avec ma compaignie et mes gens de pied, et
d'autant que je suis fort esloigné de Domme, et que la pluspart de nostre armée
est passée de délà la Dordoigne, les ennemis ont résolu de me venir attaquer,
avec trois pièces de canon, et sont logés à une lieu d'icy; je les attans avec
résolution, de nous y bien deffandre, et espère que ny feront leurs affaires.
Quant à la lettre que Valleton (1) m'escript, des ransonnemens que font ceulx
de Beauregard (2) aulx coutaulx (rouliers) qui viennent à vostre ville, j'en
parleray à M. d'Aubeterre, et le prieray de leur escripre, de faire cesser tout
cela, affin que les marchans puissent continuer leur trafiq, et je vous prie me
donner adviz, de tout ce qui surviendra; et, en me continuant vostre bonne
vollonté, vous assurés, tousiours, de la mienne, et de mon entière affection,
en tout ce qui vous concernera, et que je vous pourray tesmoigner combien je
suis,
(1)
Valleton était notaire et clerc de la ville.
(2)
Petite commune de la Dordogne, à quelques lieues de Bergerac.
p. 323
Messieurs,
vostre plus affectionné amy à vous servir,
J.
Caumont. »
M. de
Caumont ajoute, lui-même, les quelques lignes qui suivent:
« Messyeurs,
j'usse bien désiré que nous ussions, un peu plus, dilligentés nos affayres, par
deça; à la vérité, un chaqun ny a pas apporté tout ce qu'il debvoyt. J'espère
que l'on viendra, bientost, à bout de ce siège, issy, et seray fort soigneux,
de solissiter, pour nos quartiers, au partir d'issy, comme monsieur le
mareschal m'a promis divenir. Vous aurez, à toutes occasions, de nos nouvelles,
comme je vous prie que je sache, aussy, des vostres, sur tout ce qui
surviendra. »
Le
secrétaire ajoute encore:
« Despuis
la présente escripte, M. d'Aubeterre est revenu, et n'a rien fait, seulement a
attrapé quelques bagages. Présentement M. le mareschal me vient de mander, que
les principaulx du chateau sont sortis, pour capituler, et qu'ils l'alleye
trouver, n'aiant rien vouleu arrester sans noz avis.
De
Salviac ce XXV julliet. »
p. 324
Lettre du
même:
(Même
liasse.)
«
Messieurs,
« Je ne
vous ferez, pour ceste heure, que ce mot, pour vous faire entendre ce qui c'est
passé, icy, despuis ma dernière. Lundy au soir, l'on avoit capitulé, avec ceulx
du chatenu, qui devoient sortir le lendemain; mais, parce qu'il y entra, ceste
nuyt là, quelques hommes de secours, cela les empescha de tenir ce qui avoit
esté arresté; que fust cause, que Monsieur le mareschal fist tirer le canon, de
sorte qu'aujourd'huy, ilz ont demandé à parler; ce qui leur a esté acordé, et
leur fait on la capitulation beaucoup moindre, que l'aultre, et à leur
désavantage. Ilz doivent sortir présentement. Je ne say, encore, ce que
Monsieur le mareschal décidera, au partir d'icy, mais je le solliciteray fort,
de continuer la roulte de deça, pour faire quelque chose pour nous; Latour qui
s'en va par delà, vous fera entendre plus particulièrement, ce qui ce passe, et
les nouvelles, que j'ay receu de la court, qui me gardera de vous faire ceste
cy plus longue, que, pour prier Dieu,
Messieurs,
vous donner, en santé, longue vye.
De Domme,
ce XXXI juillet.
p. 325
« Je vous
envoye un discours, qui est de grande importance, et lequel je m'assure vous
contentera.
Vostre
plus affectionné amy à vous servir,
J.
Caumont. »
Dans ces
dernières lettres, l'année n'est pas indiquée; mais on peut surement dire,
qu'elles furent écrites en 1591 (vieux style). En effet, le maréchal de
Matignon partit de Bordeaux, au mois de juin de la même année, avec une armée
de quatre mille hommes, et quatre pièces du canon, pour venir en Périgord,
prendre les forts qui tenaient pour la ligue (Tarde). Le 20 du même mois, ainsi
que le prouve le livre de compte de l'année 1590 à 1591, dont nous avons donné,
ci-dessus, quelques extraits, nous dit qu'à cette date, le maréchal de Matignon
étant à Bergerac, il fut acheté une aune de ruban passeflour, pour attacher les
clefs de la ville, qui lui furent présentées.
On y
trouve, aussi, les dépenses, faites, pour diverses fournitures de vivres, et de
matériel, ou, pour le transport par eau, jusques à Mauzac (1), de son
artillerie, qui se rendait au siège de Domme.
(1)
Commune du canton de Lalinde; lieu où commence le canal latéral de la Dordogne,
qui s'étend jusqu'à Tuilière.
p. 326
A la page
317 des Chroniques de Tarde, à l'année 1591, on lit:
Etant de
retour à Dome (1), ses quatre canons sont placés sur le cavailler, faict de
nouveau, et les deux du sieur d'Aubeterre, sont logés entre le couvent des
Augustins, et le chasteau, pour batre une petite tour, qui estoit à la porte du
chasteau, et servoit de flanc à toute la courtine du chasteau, qui regarde la
ville. La canon tire de toutes partz, le siège dure trois sepmaines, au bout
desquelles les assiégés, frustrés du secours par eux expéré, pressés de faim et
faute de munitions de guerre, capitulent et se rendent le dernier de juillet, à
condition qu'ilz laissent toute l'artillerie, munitions, enseignes et tambours,
et sortent avec l'arquebuse, la mesche esteinte. Et ainsi sont conduitz à
Sarlat, par les sieurs de Témines et Aubeterre. »
Nous
voyons que la date indiquée par Tarde, est exactement la même que celle
indiquée par Caumont de la Force, dans la dernière lettre publiée ci-dessus.
En 1593,
la ville de Villefranche (2) fut prise
(1)
Tarde parle ici du maréchal de Matignon, qui pendant que ses troupes
travaillaient aux travaux d'approche de la place, était allé attaquer et
prendre la tour de Lentis, située entre Salviac et la Vercantière.
(2)
Villefranche-de-Belvès, chef-lieu de canton arrondissement de Sarlat; bastide
fondée en 1260 par Alphonse, comte de Poitiers.
p. 327
par les
ligueurs; on lit en effet à la page 320 des Chroniques de Tarde:
« Au mois
de mars 1593, le capitaine Calvayrac, avec quelques companies de la Ligue,
prind Villefranche de Périgord par l'intelligence de quelques habitants. Le
sieur de Liobard (2), qui y commandoit depuys que le mareschal de Matignon l'y
avoit mis gouverneur, voyant la ville prinse, se sauva dans la citadèle avec
quelques habitans. La ville fut pillée et la citadelle vivement assalie. Deux
ou trois jours après, le sieur de Mompezat y arriva avec deux mille hommes et
une pièce d'artillerie. En mesme temps, les royaux s'assemblent à Montpazier
pour venir assister la citadelle, mais ne s'estans pas accordés d'un chef pour
commender, se séparent et mandent au sieur de Liobard de quitter, ce qu'il fit,
s'en allant à la faveur de la nuit, après avoir tenu bon onze jours. »
Nous
possédons dans nos archives deux lettres se rapportant à ce siège et dont nous
donnons la copie ci-dessous.
La
première adressée par les consuls de Montpazier à M. de Boisse, porte la date
du 6 mars 1593; elle ainsi conçue:
(1)
Jacques de Durfort, seigneur de Léobard et de Pestillac.
p. 328
«
Monsieur,
Nous
venons de recepvoir advis tout présentement, que la ville de Villefranche a
esté surprinse ceste nuict par les ennemis; une des citadelles tient encores,
là où le capitaine Clissac est dedans, la où il est requis de le secourir prontement;
de quoy nous vous avons bien vouleu donner advis, pour vous suplier de
n'espargner rien pour la conservation de ceste place; vous çavez de quelle
importance elle est. Nous vous suplions encores ung coup d'advertir tous vos
amys de par delà, et nous obliger de vous en venir tout droict ycy. Nous en
avons donné advis à monsieur de Beynac; nous avons toute notre espérance en
vous, d'autant que c'est du gouvernement de monsieur de la Force, et ce sera
nous obliger particulièrement à nous qui demeurerons,
Monsieur,
vos très humbles serviteurs.
Les
consulz de Montpazier.
A
Montpazier le VIme mars 1593. »
La
seconde est adressée à M. de la Roque, par M. Escodéca de Boisse; en voici la
copie:
«
Monsieur,
Il nous a
fallu quitter la cytadelle de Villefranche, à faulte d'estre secoureus; je
mende à monsieur d'Aubeterre de prendre son chemin
p. 329
droit à
Badeffou. Je vous suplie, au nom de Dieu, de fère tenir ceste lettre à
Mussidan, ou fère bailher un cheval frais au Grand Pierre, car cecy requiert
diligence, car les ennemis sont forts et viennent droit à nous; croyes moy,
Monsieur,
vostre plus assuré amy et serviteur.
Boisse. »
De ce
jour à l'an 1595, nos archives ne possèdent ni livres de jurades, ni livres de
comptes; pour atténuer autant que possible leur perte, nous donnerons diverses
copies des lettres écrites aux consuls durant cette période.
Dans la
répartition des deniers, que le roy accordait pour les pensions des ministres
de la Guyenne, datée du 5 avril 1592, étaient compris les sieurs Feuclas et
Bourgadie, ministres de Bergerac, chacun, pour deux cents livres.
Il y
avait sans doute quatre pasteurs pour cette année; nos archives ne possèdent
pourtant aucun reçu, signé de ces derniers noms.
Désirant
obtenir un nouveau pasteur, messieurs de Charon, lieutenant général et Cacaud,
sindic et consul de Bergerac, adressent une demande au synode de Clérac. M.
Antoine Mermet, modérateur de ce synode, leur répond par la lettre suivante:
«
Messieurs,
La
lettre, qu'il vous a pleu nous écrire, a
p. 330
esté
leue, et diligemment examinée, en ceste assemblée, laquelle désireroit, de tout
son coeur, de pouvoir satisfère à vostre désir, s'il se pouvoit fère, selon
Dieu. Mais, nous espérons que, selon la dextérité d'esprit, que Dieu vous a
donné, que ayant pesé les raisons apposées à nostre jugement, que vous le
prendrez en bonne part; et, comme Dieu vous a constitué en autorité, pour
couper chemin à tout ce qui peut altérer la paix et repos, de vostre ville, que
vous ne voudriez, pour quelque affection particulière, donner occasion à
personne vivante, de penser le contraire, qui nous fait vous prier
affectueusement, juger de nous en charité, et vous joindre à nous, en nostre
jugement, qui n'est procédé d'aucune passion, comme vous pouvez apercevoir, par
ce qu'en ordonne l'église à nostre cher frère, en acquiessant à quoy, pour son
bien, vous pouvez beaucoup à l'induire; ce qu'espérant de vous, nous vous
supplions croire que nous demeurons,
Messieurs,
voz bien humbles frères et serviteurs,
Antoine
Mermet,
Adjoint à
conduire l'action, en ce synode, et au nom d'iceluy.
A Clérac,
en synode, ce 6 mars 1592. »
Ne
pouvant obtenir gain de cause, au synode de Clairac, les consuls s'adressèrent
à M. Dupeyrou,
p. 331
de Bordeaux,
qui répondit la lettre qui suit:
«
Messieurs,
Incontinant
que j'eu receu celle qu'il vous a pleu m'escripre, je commençay à rechercher
tous ceux, que je cognoy estre propres, pour la charge à laquelle les voulez
employer. Je n'ay encore peu tirer promesse de personne. J'ay, d'ailleurs,
employé plusieurs honestes hommes, pour me faire trouver quelqu'un; il est
malaysé d'en trouver de par deça, qui fassent profession de la vraye pitié, et
je say que vous n'en voulez pas d'aultres. Dans peu de jour, je vous feray
scavoir ce que j'auray peu faire; vous suppliant croire que je ne désire rien
plus, que de faire service à vostre république, et à vous; à quoy je seray
toute ma vie prest, en disposer d'aussy bon coeur, que je vous suis,
Messieurs,
vostre très humble et obéissant serviteur.
S.
Dupeyrou,
Bourdeaux
ce 9 avril 1592. »
Lettre de
M. de Caumont: (Bte B. N° 20.)
«
Messieurs,
Encores
que je sois fort assuré de vos fidellités
p. 332
et
affections, et du devoir que désires aporter, en la charge en laquelle estes
maintenant apellés, je ne layray (laisserai), pour vous tesmoigner le soing
que, de ma part, je veulx rendre en celle, qu'il a pleu au roy my donner, d'y
apporter ma recommandation, et vous suplier de tenir la main, à ce que toutes
choses se maintiennent, tousiours, en bon estat. J'ay veu, par celle, que m'ont
escrit ceulx qui sont sortis de charge, ce qui c'est passé, de dela, despuis
mon parlement, et comme ceulx du Tiers Estat, continuent leurs assemblées; vous
pouvez savoyr leur desseing, et m'en donner advis, affin que, s'il se passoyt
chose d'importance, et, où vous jugies ma présence estre nécessaire, vous
facies estat, que je me dispozeray tousiours, à vous tesmoigner le soing et
affection, que j'aporte au bien du païs.
Sy les
affères de deça, m'eussent peu permectre, de me trouver à l'assemblée de
Saincte Foy, je l'eusse fort désiré, estant bien mary, que M. de Longua n'aye
vouleu sy trouver, comme l'on m'a mande; je crains que l'on ny a pas aporté la
procédure, quy estoit nécessaire; et, cela retournera à blasme à tout le païs.
Vous savez la presse que j'ay eu à m'en venir de deça, qui ne me permis vous
assister, comme jeusse désiré, et n'ay esté sitôt arrivé, qu'il m'a falleu
assembler les forces du païs, pour aller en Bigorre d'où je ne fay que venir,
ayant mis
p. 333
Tarbe, et
tous les forts des environs, en l'obéyssance du roy, et suis sur le point de
tenir icy les Estats, pour pourvoyr à beaucoup de chose, qui importent.
J'escrits à M. de La Roque, que le gôllier, que j'avois mis au château, soyt
remis en sa charge, à quoy je vous prie tenir la main, sy vous ne trouves juste
empeschement, pour l'en priver, vous supliant me fère savoir, à toutes
occasions, de vos nouvelles, et de tout ce que vous jugeres le mériter, vous
assurant, que je ne manqueray jamais à l'afection que deves croyre de moy, et,
qu'en tout ce que j'auray moyen, de vous fère paroistre ma bonne volonté, et de
vous servir, vous cognoistrés combien je veulx chérir tout ce qui vous touche,
que j'embrasseray, tousiours, de pareil coeur; que je veulx demeurer,
Messieurs,
vostre plus affectionné amy à vous fayre service.
Caumont.
A Paris
XXV juillet. » (1594.)
Lettre de
M. de Rignac, à propos de la somme, due par M. de Bouillon, pour l'entretien du
collège:
(Bte
B. N° 20.)
«
Messieurs,
J'ay
donné advis à M. Lavergne, qu'il ny
p. 334
avoit
lieu d'aller à Monfort, pour ce qu'il m'a faict entendre, de vostre part, par
ce qu'il ny a fermiers, ny aucung, qui luy peut donner quelque contentement, en
cella; il y a quelque temps que M. Broussot m'en parla, auquel ie dis: J'en
escripré à monseigr de Bouillon et que ie luy ferois tenyr la lettre
et me semble qu'on ny debvoyt avoir tant différé. Vous scavez que c'est une
chose qui dépend de sa seulle volonté, sans laquelle, ie ne scay aucung qui y
puisse satisfaire, veu le long temps que y a, du contract de la fondation, sans
qu'il en aye esté faict, despuis, aucune poursuite, pour avoir paiement de la
somme, qui esté donnée par mon dict seigr, pour l'érection du
collège; cela tesmoigne bien y avoir heu de la négligence; et, si vous trouvez
bon de luy en escripre, m'envoyant les lettres, les luy fera y tenir très
fidellement, et sachant son intention, ne manqueray, de tout mon pouvoir, d'y
satisfaire, comme chose deue et raisonnable, et qui est bien instituée, et sur
cette asseurance, je vous baiseray humblement les mains, avec prière à Dieu,
vous donner,
Messieurs,
très parfaite santé, heureuse et longue vie.
A Lymeuil
ce XI août. » (1594.)
Lettre de
M. de Beynac, auquel les consuls de Bergerac, demandaient le payement de la
rente,
p. 335
consentie,
eu faveur du collège, par feu, son père:
(Bte
B. N° 20.)
«
Monsieur le maire de Bragerac.
Monsieur,
Le sieur
de Lavergne; présent porteur, m'a prié de luy faire ma response, par escript,
sur les propos qu'il m'a tenu, pour monstrer qu'il a parlé à moy, ce que je luy
ay accordé, combien que ie n'aye veu lettre de vostre part. J'ay doncques à
vous dire, que ie ne suys point tenu aulx debtes de feu monsieur de Beynac, mon
père, ce que i'ay, desia, respondu à beaucoup d'aultres, qui prétendoient de
grandes sommes, lesquelles il avoit faict, pour subvenir à ces guerres.
Dailheurs j'ay fait fortiffier cette ville, et taché de la décorer, en tout ce
qu'il m'est possible, et de faire instruire la jeunesse, tellement que je suys
plus tenu de faire pour eulx, que pour aultruy, et seroit plus raisonnable que
messieurs de Bragerac, estans riches et oppulans, et comme le chef des aultres
lieux de la religion, leur aydassent, et encores vous diray-je, que, sans ce
lieu, auquel feu mon père ne faisoit sa demeure, je ne refuseroys d'apporter ce
que je pourroys, du mien, pour faire instruire vostre jeunesse, et lors que
i'en auroys plus
p. 336
de
commodité, que maintenant, vous me trouveres disposé à vous tesmoigner que je
suys,
Monsieur,
vostre bien humble, pour vous servyr.
Beynac. »
(Août
1594.)
Lettre de
M. de Caumont:
(Bte
B. N° 20.)
«
Messieurs,
J'avois,
avans mon partement de voz quartiers, parlé à quelques ungs des chefs du Tiers
Estat, qui m'avoient donné assurance, qu'ilz ne requéreroient de vous, aucune
chose, contre vostre gré; estant bien mary d'estre si souvent esloigné de vous;
je suis présentement occupé, pour la tenue des Estatz de ce pays, mais
j'espère, dans la fin du mois prochain, estre devers vous. Pour le regard de
Castillonneys, vous me proposez ung expédient de le faire razer; vous jugez
bien que c'est une chose que je ne puis, sans l'autorisation du roy; quant à la
conservation, je trouve tout le monde de bonne volonté; mais l'on se contente
de cela. Vous scavez que je ny ay intérest, que celuy du pays, auquel il
importe tant, que cela méritoit que j'en feusse secouru. Cependant, je n'en ay
sceu retirer nul moien, bien que je me sois tousiours voulu obliger,
p. 337
de satisfaire
à ce que l'on m'advanceroit, et en ay baillé obligation, pour cinq cens escus,
à M. de Panyssault, despuis mon partement; mais nonobstant tout, il me mande,
qu'il ne peult plus demeurer chargé de la dite place, de sorte que j'y envoyé
le capitaine Lentillac, pour en avoir la garde, et la conserver jusques à mon
arrivée, par dela. Cependant, je vous supplie luy départir vostre assistance,
en tout ce qu'il en aura besoing, et me donner advis, de tout ce qui
surviendra, et comme j'espère le mériter, prenant tousiours assurance de la
parfaite volonté de celuy qui est entièrement,
Messieurs,
vostre plus affectionné amy à vous fayre service.
Caumont.
A Pau le
XX aoust. » (1594.)
Autre
lettre du même (Bte B. N° 20.)
«
Messieurs,
Vostre
lettre m'a trouvé sur mon partement, pour m'en aller en Navarre, tenir les
Estatz, mais j'espère que ce ne sera que pour douze ou quinze jours, pour,
estant de retour, m'achemine, bien tost après, en vos quartiers, et vous
apporter toute, l'assistance qu'il me sera possible. Je suis bien d'opinion,
que n'aiez nullement
p. 338
occasion,
de craindre ce que me mandez de monsieur le Mareschal; au reste, vous jugez
bien que c'est ung desseing, qui ne s'entreprendra, qu'avec ung exprès
commandement du Roy, lequel je scay bien n'estre point tel; car mon dict sieur
le Mareschal, n'a poinct veu le Roy depuis moy; et, d'ailleurs, il fault croire
que l'on n'entreprendra pas de remuer ceste pierre, que bien à propos. Quant au
faict de Castillonneys, vous avez veu, par ma dernière, comme j'y ay pourveu,
et suis fort ayse, qu'en ayez contentement. Je vous prie de croyre, que j'ay en
telle affection, tout ce qui vous touche, et importe au bien de vos affaires,
que j'en ay plus de jalousie, que vous mesmes, et debvez vous assurer, que je n'ay
rien de plus cher, que de le vous pouvoir tesmoigner, en toutes occasions. Pour
le regard de M. de Bourdeille, que me mandez debvoir venir en vostre ville,
vous vous y estes si bien conduitz, jusques icy, que je m'assure, que vous
disposerez toutes choses, sy bien, qu'il ne sy passera rien, que bien à propos;
et, sur ce, je prie Dieu,
Messieurs,
vous avoyr en sa saincte garde.
A Pau le
premier jour de septembre 1594.
Vostre
plus affectionné amy à vous fayre service,
Caumont.
»
p. 339
Lettre
écrite de Montaut par M. Bessoti:
(Bte
B. N° 20.)
«
Messieurs,
Suivant
l'élection, faicte à nostre dernier colloque, je me rendis à Clérac le XIIIme
de ce mois avec beaucoup de difficultés, pensant y trouver Messieurs de Longua
et Frégiguel, mais au lieu d'eux, j'ai trouvé des letres d'excuse, qui n'ont
esté receues, et à leur défaut il m'a falu fère pour toutes les églises de
Périgort. Plusieurs autres y ont manqué, de divers lieux, qu'est cause que nous
sommes trouvés fort petite compagnie, ayant esgard à ce que nous pensions
estre. Toutesfoys, par la grace de Dieu, nous avons remédié aux affaires plus
nécessaires, et avons remis les autres, en autre temps et occasion, et
assemblée plus grande. Nous avons trouvé fort estrange, quand nous avons sceu
que nos députés, en court, ne sont encores partis, pour faire entendre nos
plainctes à Sa Magesté. C'est cause que quelques uns de la compaignie,
prendront charge de leur escrire, pour les faire haster, daultant que le
retardement en ces choses est préjudiciable. Et pour ce qu'on a fait peu de
devoir, à lever les deniers, cotisés pour ce voyage, qui est volontiers la
cause de ce retardement, on a escrit aux églises les lever,
p. 340
en toute
diligence, comme j'ay escri à messieurs du consistoire de vostre église.
L'assemblée vous prie d'approuver l'union des églises, telle que Messieurs les
pasteurs de vostre église ont, et la faire approuver et jurer en maison de
ville, si desia ne l'aves fait. Nous avons aprins là, par M. de Cazes, qui
vient de Béarn, que les Béarnois, principalement la noblesse, les deux tiers
papiste, ont présenté requeste au roy, pour y establir la messe partout. Sa
Majesté les a envoyés à Monseigneur de la Force, son lieutenant; Dieu a si
heureusement conduit cest affaire, par son moyen, que plusieurs de ceux qui
avoient signé la requeste, s'en sont destournés, les autres n'ont voulu signer,
et ceste matière ayant passé par les Estats, a esté résolu que les affaires
demeureraient comme ils sont à présent, qu'est comme la feu reyne de Navarre
les laissa, ce que a esté approuvé de tous. Je vous ay escrit ceste nouvelle,
pour ce que ie m'asseure qu'elle vous sera agréable. N'ayant autre chose à vous
escrire, pour ceste heure, je vous prie fère estat de moy, comme de celuy qui,
après vous avoir saluer très humblement, désire demeurer à jamais,
Messieurs,
vostre bien humble et obéissant serviteur.
Bessoti.
A Montaut
le 15 septembre 1594. »
p. 341
Le 31
octobre, les consuls reçoivent une lettre des consuls de Montflanquin, les
avertissant qu'une entreprise doit être tentée sur Bergerac, et qu'ils aient à
se tenir sur leur garde. Les consuls de Castillonnès, à leur tour, font
parvenir le même avis, et disent que l'entreprise doit être faite par MM. de
Calveyrac et de Giversac et autres de nos voisins, qui doivent se déguiser en
paysans et en coutaux (rouliers, trafiquants), et par des gentilshommes, qui
doivent entrer dans la ville, sous prétexte d'acheter des étoffes.
Lettre de
M. de Caumont, annonçant aux consuls la tentative d'assassinat faite par Jean
Chatel, contre le roi:
(Bte
B. N° 20.)
«
Messieurs,
J'ai esté
fort aize de trouver ceste commodité, sy à propos, pour vous fère entendre le
malheureux accident, qui cuida arriver hier au soyr, à six heures, à la
personne du roy, affin que sy le bruit couroit au contraire, vous n'en soies
point en alarme. Sa Majesté, arrivant de Picardie, et s'en allant au Louvre,
passa chez Madame de Liencourt, et estant dans sa chambre, avec, tous les
princes et seigneurs de la court advint que voulant recepvoir M. de Montigny,
gouverneur de Blois, qui luy vint fère la
p. 342
révérence,
ung jeune Jésuite, de l'aage de dix neuf ans, luy vouleust donner d'un couteau
dans le corps; mais, Dieu permis, qu'en rellevant le bras, il détourna le coup,
et ne le toucha qu'à la lèvre de dessus, et luy offansa ung peu une dan;
toutesfois ce ne sera rien, et ne reste, pour cela, à se lever et monter à
cheval, de quoy je vous puis asurer. Le galan feust saysy sur le champ, auquel
on travaille à fere son procès, et à descouvrir ses complices. Sa majesté ayant
fait les chevaliers du Sainct Sprit, fait estat de fère son voiage de Lion. Je
seray, de là, retenu en ceste ville, pour la poursuitte de mon procès, duquel
j'espére avoir yssue entière à Pasques, Dieu aydant, à présent que ma cousine
sollicite de son costé. S'il se passe quelque chose par delà, je vous prie de
m'en donner advis, et vous assurer tousiours que je suis,
Messieurs,
vostre plus affectionné amy à vous fayre servyce.
Caumont.
De Paris
ce XXVIII décembre. »
Lettre de
M. de Bourdeilles:
«
Messieurs,
A la
vérité, on m'avoit faict plusieurs rapportz de vous autres; toutesfoy, c'est
chose que je n'ay jamais peu croire. J'ay esté fort aize d'avoir entendu, par
le sieur Pérarède, et par
p. 343
escript,
le contrère de ce qu'on m'avoit vollu persuader, et que me continues vos bonnes
vollontés et affection; estimés que la myenne ne vous manquera pas, à toutes
occasions de vous servir, et me seauray sy dignement acquitter de la charge
qu'il a pleu au roy m'onorer que vous en ressentirez tout contentement, comme
j'ay prié le dict sieur Pérarède, vous fère entendre plus particulièrement mon
intention, et comme je désire, faire au plutôt, mon entrée dans les villes de
mon gouvernement, et la tenue des Estatz, à cette fin, quy ayant mys l'ordre
nécessère, je m'en ailhe trouver le roy, comme il a pleu a sa majesté me
commander; je donneray lieu à la suffizance du dict sieur Pérarède, et vous
prieray, pour fin, de me croire,
Messieurs,
vostre plus obéyssant et affectioné à vous fère service.
Bourdeille.
A
Bourdeilhe. »
Le samedi
suivant, M. de Bourdeilles, écrit de Limeuil, qu'il arrivera à Bergerac le
lendemain:
«
Messieurs,
Pour
asseurer le peuple soubz l'obéyssance du roy. de quoy je me veux acquitter
avant l'aller trouver, suivant sa vollonté, je commenceray dimanche prochain,
huictiesme du présent moys
p. 344
à fère
mes entrées ez villes cappitalles de mon gouvernement, affin d'y fère prester
le serment de fidéllité. En celle de vostre ville de Bergerac, sera dans cinq
ou six jours, aprés le dict dimanche, pour y fère prester le mesme serment;
dequoy je vous ay bien vollu advertir, pour ne vous prandre au despourveu, et
vous prie de vous préparer, tant pour cest estat, que pour envoyer, de vostre
part, aux Estatz du païs, que j'iray tenir au partir de vostre ville, vous
supplyant de me croire tousiours,
Messieurs,
vostre plus obéissant et affectioné, à vous fère service.
Bourdeille.
De
Bourdeilhe ce premier de janvier. » (1595.)
«
Messieurs,
Ayant
receu pouvoir de Sa magesté, de convoquer et assembler les Estatz de ce pays,
je les ay assignés, au quinzièsme du mois de febvrier prochain, et vous prie
vous y trouver, afin de pourvoir aux afaires du dict pays, avec vostre bon
advis et conseilh, desquels estes dheuement informé, par mes letres d'attache,
qu'ay délivré en vertu des letres patentes du roy, au scindic des Estatz;
cependant, prie Dieu,
Messieurs,
vous maintenyr en sancté, longue et heureuze vie.
p. 345
« De
Périgueux ce XXIme janvier 1595.
Vostre
affectionné pour vous servir,
Bourdeille.
»
Lettre du
consul de la Rivière, envoyé à Bordeaux, par ses collègues, pour activer divers
procès, soutenus par la ville, devant la cour du parlement:
«
Messieurs,
J'ay
receu la vostre, ensemble celle qu'avés envoyée à Monsieur le mareschal (1),
laquelle M. de Belriou et moy, avons présentée, et l'ayant veue, nous a dict,
que, dès le onzièsme du mois passé, il avoict envoyé le sieur de Vissonze,
devers le roy, pour luy fère entendre, ce que le dict sieur mareschal doibt
fère, de par deça, et a dict, qu'il n'avoict oublié, dans ses mémoyres, la
ville de Bergerac, pour estre rembourcée de la somme de deux mil escutz (2), et
qu'il fault attendre la venue du dict sieur de Vissonze, qu'il attant, de jour
à autre; et estant arrivé, fauldra solliciter le dict sieur mareschal; le
bruict est, qu'il s'en va assiéger, Montpezat et doict partir dans demain ou
pardemain. Il y
(1)
Le maréchal de Matignon.
(2)
Pareille somme avait été avancée, par la communauté, pour soutenir le parti du
roi de Navarre, et les consuls en poursuivaient activement le remboursement
intégral.
p. 346
a quatre
canons chargés, despuys vendredy, qui sont encores sur la rivière, etc., etc. »
Le reste
de la lettre ne parle que de divers procès, que le consul de la Rivière était
chargé de poursuivre. Cette lettre est datée de Bordeaux, 23 janvier 1595.
En 1594
et 1595, eut lieu en Périgord et en Agenais, le soulèvement des Croquants ou Tard-Avisés,
sur lesquels le sieur Porquery (de Pourquery), député de Montpazier, eut une
grande influence. La ville et le château de Montpezat, appartenant aux deux
frères Villars, Honorat et Emmanuel de Savoie, résistaient à la monarchie, en
soutenant le parti des révoltés. Dans les premiers jours de mars 1595,
Balthasar de Thieuras, sieur de Cauzac, capitaine du château de Montpezat et
l'un des plus ardents ligueurs, au service du marquis de Villars obtint une
très honorable capitulation; elle fut signée à Agen par le maréchal de
Matignon. Voir le Bulletin de la Société historique et archéologique du
Périgord, tome III, page 388.
Lettre de
M. Caumont de La Force:
«
Messieurs,
Despuis
mes dernières, il ne cest rien passé de nouveau, M. de Guize est, à présent,
avec le roy, qui est à Fontainebleau, despuis sept ou huit jours, et doit estre
icy, de retour, ceste
p. 347
sepmaine,
et fait estat de partir, pour son voiage de Lion, dans le dix ou douziesme du
mois prochain. Les députés des esglises sont tousiours icy; la court de
parlement travaille à la vérification des ecditz, lesquels on espère qui seront
receuz. Je suis tousiours après mon procès, duquel j'espère avoy yssue en bref,
et vous aller voir bientôt après. Cependant je renvoye le capitaine Balthazar,
présent porteur, par delà, par lequel je vous ay vouleu faire ceste sy, pour
vous assurer tousiours de mon affection et bonne vollonté, et que je veulx
demeurer,
Messieurs,
vostre plus affectionné amy à vous fayre servyce.
Caumont.
»
Lettre de
Madame de la Force:
«
Messieurs, ie vous mertie humblement des letres qu'il vous a pleu m'envoyer;
vous aves aprins par le sire Fonmartin (1), les nouvelles générales; pour les
particuliers de Monsyeur de la Force, ses affaires prennent plus de longueur
qu'il ne pensoit; ils sont en quelque traité d'accort; si les offres sont
résonnables, il se pourra faire. Je vous supplie de me croire tousiours,
Messieurs,
vostre plus affectionnée à vous faire service.
C. de
Biron.
De
Brégerac ce dimanche. » (1595.)
(1)
Fontmartin était consul en 1595.
Lettre de
Henri de la Tour:
«
Messieurs,
Je vous
fay ce mot, pour vous confirmer les asseurances de mon amitié et affection, et
vous prier de me continuer vos bienveillances, comme je feray toute ma vie; mon
désir à vous servir et chose où j'estimeray vous pouvoir estre utile. Le roy
envoye quelques cappitaines, faire des levées de gens de pied, en Guyenne,
lesquels Sa majesté a destinés pour servir auprès de moy, en l'armée
estrangère, que je commande pour son service; qui me faict vous prier, de tout
mon coeur, vouloir assister, en ma considération, ceux des dicts cappitaines
qui lèveront es environs de vostre ville, afin qu'ils puissent, avecq autant
plus de facilité, advancer les dictes levées; et me voulant promectre que vous
apporterez ce qui sera requis, de vostre part, je ne vous feray plus longue
lettre, me recommandant à vos bonnes graces, je priray Dieu,
Messieurs,
qu'il vous aye en sa saincte garde.
A Paris
ce XXIII apvril 1595.
Vostre
plus affectionné et meilleur amy à vous servir,
Henri de
la Tour. »
D'après
les comptes remis le 20 août 1596, par le receveur Fonmartin, les recettes de
l'année
1595-1596,
s'élevèrent à 6679 livres, 11 sols, et les dépenses à 6479 livres, 15 sols et
10 deniers.
1596
Vers
trouvés à la première page du livre de jurades, et que nous reproduisons à
titre de curiosité:
Ung moyne
ung jour ala ches ung libraire,
Pour
demander la véritée cachée,
On luy
refuse, et mon asne de brayre:
« Sus
sus, dit-il, qu'elle me soit serchée
Incontinant.
» La femme fust fâchée
Car le
cagot parloit en conestable.
Elle vous
prent au froq ce vénéré abbé
Et le bat
tant qu'il avoit mérité,
En luy
disant: « Va, va, meschant abominable,
C'est ton
habit qui cache vérité. »
p. 350
24
Juillet
A esté
arresté par le plus grand voix de l'assemblée, que, dorénavant, aux jurades qui
se tiendront en la maison commune de la dicte ville, ne seront appelés que les quarante
juratz, présentement esleus et nommés, à la charge, toutesfois, que, si les
dicts quarante ne se peulvent assembler, les dicts sieurs maire et consuls en
pourront appeller du dehors, pour faire, en tout, le nombre de quarante, auquel
nombre de quarante, la jurade présente a donné plain pouvoir et puissance de
décider, et donner advis aus dicts sieurs maire et consuls, sur les affaires
qu'ils proposeront.
Aussy a
esté arresté, qu'il sera payé à Messieurs les ministres, principal et régents
du collège de la présent ville, mesmes gaiges qui leur sont esté payés l'année
passée, de l'argent et revenu de la communaulté de la présent ville, à la
charge que les dicts sieurs maire et consuls feront dilligence de recouvrer les
sommes, qui sont esté données au dict collège, par les gentilhomes qui restent
à payer.
26
Juillet
Le droit
du pontonage fut affermé à Etienne Régnier, pour la somme de sep vingtz escus
sols
p. 351
(720
livres), sous la réserve « que les estrangiers, qui viendront en ceste ville, à
la cellébration des Cènes, et à l'aulmosne de la charité, le jour de la
Pentecouste, seront exemptz du dict pontonage. »
Le louage
des tables, appartenant à la communaulté de la présent ville, au joignant du
palais, délivré à Pierre Bornazel, pour quatre livres dix sols (1).
Ont
arresté, que monsieur Dyserotes sera pryé faire ung voyage en Béarn, pour se
trouver au synode, quy doibt estre convoqué le vingt unièsme jour d'aoust
prochain, en la ville de Pau, acompagné de sire Jéhan Eyma, dit Frigiguel, et
d'un aultre home à cheval, ausquelz sera donné charge expresse, pour supplier,
très humblement, le dict synode, de nous donner absolument le dict sieur
Dyserottes, et de nous pourvoir d'ung aultre pasteur; et, au cas que le dict
sieur Dyserottes ne nous soit accordé, de recouvrer deulx aultres pasteurs,
s'il est possible; et que les fraix, qu'ils feront au dict voyage, seront
alloués aus dicts sieurs maire et consuls.
2
Août
En
présence desquels, les dicts sieurs ont
(1)
Ces tables furent installées en 1592; on y vendait du pain.
p. 352
remonstré,
que monsieur Dyserottes, ministre de la parolle de Dieu, a, de gages, de son
esglize d'Oloron, en Béarn, la somme de quatre cens cinquante livres; demandent
advis, si la jurade trouvera bon de luy payer ses gages pour le temps qu'il a
servy en ceste ville, à la raison de cinq cens livres, et sy, pour l'advenyr,
il sera besoin de luy augmenter ses dicts gages, et, jusques à qu'elle somme,
attendu qu'il a sa femme et six enfans. Sur lesquelles remonstrances,
l'assemblée présente a oppiné et arresté, qu'il sera payé à M. de Lyseroles
(1), ministre de la parole de Dieu, ses gages, du temps qu'il a servy, en ceste
ville, à la raison de cinq cens livres tournoises; et, pour l'avenir, si le
dict sieur Lyserottes nous est accordé pour pasteur, en ceste esglize, luy sera
payé deux cens escuz, de gages, tous les ans, attendu le nombre des enfans
qu'il a, et sans tirer à conséquence.
Quant à
la réparation du pont de Dordoigne de ceste ville, a esté aussy arresté, que
six des habitants de ceste ville, tels que Messieurs les maire et consuls
adviseront, visiteront le dict pont, le plustost que faire se pourra, pour, la
visite faicte et leur raport ouy, suyvant l'avis de ceulx qui l'auront visité,
le dict pont estre
(1)
Il est à remarquer que le nom de ce pasteur est tantôt écrit Dyserottes et
tantôt Lyserotes ou Lyserottes.
p. 353
réparé,
aulx despens de la communaulté de la ville.
Que les
bourgeoys de ceste ville, qui sont absans, se retyreront en la dicte ville, et porteront,
doresnavant, les charges d'icelle, aultrement seront privez de leur
bourgeoysie. Pareilhement, a esté arresté, que tous les habitans de la dicte
ville, indiferament, et sans exemption de personnes, feront les gardes de la
dicte ville, les jours qu'ils en seront, aultrement les défaillans seront
exécutez, jusques à trante sols.
17
Août
A esté
oppiné et arresté, qu'il sera cothisé sur les dicts habitans, pour les gages de
Messieurs les ministres, la somme de cinq cens escutz.
Aussy, a
esté arresté, que les deniers du revenu du grand pont de Dordoigne, de ceste
ville, ensemble les deniers de l'otroy de Sa magesté, donnés à la communaulté
de ceste ville, seront emploiés à faire l'arceau de pierre, du premier pas du
pont, du cousté du bourg de la Magdalene, et que les habitans dudict bourg de
la Magdalene, qui achapteront, doresnavant, marchandises, en ceste ville, pour
les revendre, au dict bourg, ou ailheurs, payeront les droits donnés à la
communaulté de la dicte ville.
p. 354
Aussy, a
esté remonstré que sera donné par la communaulté de ceste ville cinquante
escutz à sieur Guilhaume Geneste, secretaire du seigneur de la Force, s'il
obtient letres et mandement du roy, au nom de la communaulté, pour estre
remboursés de la somme de deux mil escutz, sur le recepveur du domaine du roy,
en Périgort, icelle somme de deux mil escutz, employée à bastyr la murailhe du
chasteau du roy, en ceste ville.
20
Août
Après la
demande faite par les députés, que la jurade envoyait au synode de Pau pour
réclamer M. Disserotte comme pasteur de l'église de Bergerac, les ministres et
anciens de notre église reçurent la lettre qui suit:
«
Messieurs, et très honorés frères, nous louons Dieu du zèle qu'il lui à pleu
vous donner, pour advancer sa gloire et l'édification de son église, et
eussions bien désiré de satifaire à vostre désir, et vous ottroier du tout M.
de Diserottes; mais il s'y est présenté de telles difficultés, que nous n'avons
peu les surmonter, tant pour le regard de son église, que aussy, dautant que
nous avons les mains liées, ne pouvans donner, mais seulement prester les
ministres qui ont étudié aux despens du païs. Cependant,
p. 355
nous vous
envoions pour deux ans M. Majendier, ministre qualifié et doué de grandes
graces, propre pour enseigner et édifier l'église de Dieu, lequel nous vous
prions recevoir comme tel, et luy faire le traittement et recueil, comme vous
aves acoustume de faire aux serviteurs de Dieu qui vous annoncent l'évangile;
et n'estant la présente à autres fins, nous prions le seigneur qu'il vous
bénisse, et demeurons,
Messieurs,
vos bien humbles frères et obéissans serviteurs, les ministres et anciens des
Eglises de Béarn, et en leur nom.
J.
Martel,
conduisant
l'action.
De Pau,
au synode, ce XX d'aoust 1596. »
1er
Septembre
Lettre
écrite par le pasteur Majendier, désigné par le synode de Pau, pour venir
servir l'église de Bergerac:
«
Messieurs,
J'ay
receu vostre lettre, et veu par icelle, le désir qu'aves que ie me transporte
devers vous, ce que je feray au plustost qu'il me sera possible, puisque tel a
esté l'arrest du synode. Il est vray qu'il faut que je soy encore icy quelque
jour, comme j'avoy fait entendre à monsieur
p. 356
d'Eyma,
vostre député, par ce qu'ayant esté à trois églises, qui sont un peu esloignées
l'une de l'autre, je ne puis m'en partir que ie n'aye honnestement prins congé
d'icelles. Ayant fait cela, ie ne delayeray plus, et vous supplie, très
humblement, ne vous donner point de peyne de mon voyage, d'autant que ie
trouveray quelque moyen et expédient, pour le parachever, sans autres
incommodités, avec l'ayde de Dieu, lequel ie prie et prieray tousiours,
Messieurs,
vous donner très longue et heureuse vie. Vostre très humble et très affectionné
serviteur,
Majendier.
Au Mont
de Marsan, le premier de septembre 1596. »
26
Septembre
Ont
arresté, qu'il sera envoyé ung ou deux habitans, du corps de ceste ville, tels
que seront avisés par les dicts sieurs maire et consuls, en la ville de
Thonains, avec amples memoyres, charge et pouvoir, pour résouldre, arrester et
jurer, si besoing est, ce qui sera arresté en l'assemblée qui se doibt tenyr
bientost en la ville de Thonains, pour le bien des esglises; et plus, nommer
ung depputé, pour estre joinct avec les aultres depputtés des esglises de
France,
p. 357
en
l'assemblée qui se tient en la ville de Loudun, et convenablement négotier, aus
dictes affaires, comme ils verront estre à faire, pour le bien des dictes
esglises.
12
Octobre
Remonstrent
que Jehan Eyma, dict Frigiguel, est allé au synode de Béarn, mener M.
Disérottes, et pour demander M. de Magendier, pour ministre en l'esglise de
ceste ville, et au dict voyage a fait aussi des fraix; demandent iceulx fraix
leur estre alloués. Accordé.
Remonstrent
aussy, que suyvant la jurade précédante, ils ont bailhé à faire à prix fait,
l'arceau de pierre du pont de Dordoigne de ceste ville, du costé du bourg de la
Magdalene, à maistre Pierre Boisson (1), architecte, moyennant
(1)
Huit ans plus tard, ce même architecte fut chargé d'édifier le château de la
Force, ainsi que le constate l'inscription suivante, gravée sur une pierre,
qui, pendant de longues années, resta dans un des coins de la cour de l'un des
établissements John Bost, dit la Famille Evangélique.
Cette
pierre fut transportée au Musée de Périgueux, en 1887, en même temps qu'une
pierre tombale d'un des seigneurs de Caumont la Force, trouvée dans les
démolitions, faites pour la construction d'une gendarmerie. Cette inscription
dont nous respectons la forme, est ainsi libellée:
CETTE
MAISON FVT ÉDIFIÉE
L'AN
1604, PAR MESSIRE JAQVES
NONPAR
DE CAVMONT SEIG
NEVR
ET BARON DE LAFORCE
CONSEILLER
DV ROY EN SES
CONSEILS
D'ESTAT ET PRIVÉS
CAPITAINE
DES GARDES DV
CORPS
DE SA MAIESTÉ. GOV
VERNEVR
ET SON LIEVTEN
ANT
GÉNÉRAL EN SON ROY
AVME
DE NAVARRE ET PAYS
SOVVERAIN
DE BEARN.
F.
BOISSON architecte.
p. 358
la somme
de troys cens escuz, et aux mesmes pactes et conditions, portées par le pris
fait, de l'autre arceau du dict pont, le plus près de la ville. Plaira à la jurade
d'allouer et ratifier le dict prix fait. Approuvé.
Pareilhement,
la plus grand voix de l'assemblée a oppiné et arresté, que les bourgeoys de
ceste ville, pourront fère entrer, en icelle ville, leurs vins de leur cru
seulement, et sans fraulde et non dailheurs, et sans pouvoir achapter le droit
de leurs mestayers, sur peyne de confiscation et d'expédition d'iceulx vins;
et, à seulle fin, qu'à l'avenir on puisse empescher les frauldes qui se font
aus dicts vins, a esté arresté, que les dicts sieurs maire et consuls,
commectront tels personnages qu'ils aviseront, pour se prendre garde qu'il
n'entre dans la dicte ville et fauls bourgs d'icelle, aulcuns vins que ceulx de
l'entrée ou du cru des dicts bourgeois, et
p. 359
qu'il
sera donné aux dénonciateurs, le tiers du vin, le tiers à l'ospital et l'aultre
tiers à la ville. Pareilhement, a esté arresté que le consul Aubier, comme
syndic des marchans fréquentant la rivière de Dordoigne, et le consul Tenant,
se trouveront lundy prochain en la ville de Ste Foy, avec pouvoir de résouldre
ce qui sera avisé, pour empescher la rétention des bapteaux, que le sieur de
Sainct Houyn, prétend arrester devant la ville de Castillon; et, pour procéder
au département de ce qui sera avisé, pour le payement de la garnison de la
dicte ville, pendant deux moys, et de la somme qui eschéra à la communaulté de
la dicte ville, en prometre le payement, sans tyrer à conséquence.
19
Novembre
A esté
arresté par la plus grand voix de l'assemblée, que Messieurs les ministres de
ceste ville, seront payés de leurs gaiges, des deniers communs de la ville,
s'il y en a ez mains du recepveur; et, à faulte, en sera fait cotisation, sur
les manans et habitans de ceste ville et faulx bourgs d'icelle; et que, pour en
faire lever les inhibitions sur ce intervenues, tant à la court de la
sénéchaulcée au siège de ceste ville, qu'en la court de parlement de
Bourdeaulx, les dicts sieurs maire et consuls se dresseront
p. 360
au roy,
pour obtenir la permission de cothiser.
Remonstrent
aussy, qu'ils ont receu une letre de créance, des consuls de la ville de
Sarlat, laquelle créance contient, entre aultres choses, que les dicts consuls
de Sarlat, prient les maire et consuls de ceste ville, de leur bailher ung
double de certains articles des privilèges de ceste ville; prient aussy la
jurade, leur donner avis qu'elle responce ils doibvent fère là dessus.
L'assemblée a oppiné et arresté, que les dicts sieurs maire et consuls ne leur
bailheront aulcun article des privilèges de ceste ville.
Pareilhement,
la dicte assemblée a oppiné et arresté, que la descente des bledz de ceste
ville, tant par la rivière de Dordoigne, que par terre, ne sera point
empeschée, ains permise aulx bourgeois et marchans de ceste ville.
22
Novembre
La jurade
de ce jour commence ainsi: En la ville de Bergerac, et dans le temple de Sainct
Jacques, le vingt deuxiesme du moys de novembre, mil cinq cens quatre vingt
seze, et à l'yssue du presche du matin etc., etc.
Les dicts
sieurs consuls ont remonstré que, suyvant la jurade dernière, ils ont envoyé,
au sieur de Cazes, les sommes, payées par aulcuns habitans de certaines
esglises des colloques,
p. 361
cothisées
sur eulx, ensemble la somme eschéue à l'esglise de ceste ville, ainsi qu'il apert
par quitance signée de la main du dict sieur de Cazes; et, d'autant que le dict
sieur de Cazes, escript aus dicts sieurs consuls, et aux pasteurs, et antiens
de l'esglise de ceste ville, qu'il attant les restes des sommes eschuees à la
part des aultres esglises, que montent à la somme de vingt troys escus
seulement, et nous prye d'avancer icelle somme de vingt troys escus, aultrement
qu'il protexte contre nous, du retardement de son voyage, que luy a esté mandé
de fère en poste, et de tous despens dommages et intérêtz. Sur quoy ont pryé
l'assemblée, leur donner advis de ce qu'ils doibvent respondre là dessus. A
esté arresté, que les sieurs consuls advanceront la dicte somme de vingt troys
escus pour les esglises de ce colloque, comme nous prye, et les envoyeront au
dict sieur de Cazes, sauf de reporter icelle somme sur icelles esglises qui
n'ont payé.
30
Novembre
Le dict
sieur maire a remonstré, que M. de Magendier, ministre de la parole de Dieu en
ceste ville, ne se contente point de la somme de quatre cens cinquante livres,
qui luy sont esté promises, pour ses gaiges, annuellement, par la
p. 362
dernière
jurade, parce que Jehan Eyma, dit Frégiguel, luy promist, estant en Béarn, la
somme de cinq cens livres. Plaira à la jurade, leur donner advis si elle
trouvera bon de luy payer la dicte somme de cinq cens livres, pour le retenyr.
Oppiné et arresté, qu'il sera payé à M. de Magendier, pour ses gaiges,
annuellement, la somme de cinq cens livres tournoises, et que si les habitans
de la jurisdiction de Cours, veullent donner, annuellement, cinquante escus,
pour l'entreténement des ministres de ceste ville, suyvant les offres et
conditions, par eulx, cy devant, faites, l'un des pasteurs de ceste ville, sera
pryé d'aller prescher au dit lieu de Cours toutes les sepmaines une foys. (Les
habitants de Cours offraient cinquante écus.)
(Bte
3. Lse 18.)
« 30 mars
1596. Quittance de Benjamin Lecompte, de 18 livres à luy payées, par les maire
et consuls, pour les armoiries de cuivre, qui sont à la cheminée de la maison
de ville.
Dans cet
acte, le travail nécessaire pour la reproduction de nos armoiries, est décrit
de la manière qui suit:
« Les
armoiries du roy, et de la ville, en cuyvre, en ung tableau de cuyvre, enlevées
en bosse, de la longueur de troys pieds, et de la largeur de deux pieds,
suyvant portrait, qui en
a esté
faic, en crayon, par le dict Lecompte, et au pied d'icelles, escripre les noms
qui luy seront bailhés, et la millésimo, en luy fornissant le cuyvre, par les
dict sieurs maire et consuls, ce qu'ils ont promis faire; lequel cuyvre, le
dict Lecompte prendra au poix, et le rendra aussi au poix sauf du deschept,
duquel en sera fait rabaix à la raison de dix livres pour quintal, et pour la
façon d'icelles armoiries, les dicts sieurs maire et consuls, ont promis payer
au dict Benjamin Lecompte, la somme de six sols, pour livre, etc., etc. »
D'après
le prix payé, ce tableau pesait juste soixante livres. Ce même B. Lecompte
fondit une cloche pour la communauté en 1590.
1597
20
Janvier
Les dicts
sieurs consuls ont remonstré, qu'ils ont reçu letre de Bourdeaux, par laquelle
leur est mandé, que M. Eyma, advocat du roy au
p. 364
siège de
ceste ville, a présenté requeste, en la court du parlement, contre les dicts
maire et consuls, tandante aux fins qu'il leur soit inhibé d'assembler,
doresnavant, aulcune jurade, sans appeller icelluy Eyma, comme advocat du roy,
à peine de nullité des dictes jurades; et, pour ce que cela semble desroger aux
privilèges de la ville, et qu'il pourroit avenir, par succession de temps, que
tel qui auroit l'estat du dict Eyma, après luy, pourroit estre ennemy du corps
de la ville, demandent avis à la jurade, s'ils envoyeront, à M. Chambauld,
advocat et conseil de la ville, en la dicte court, mémoires et instrument pour
empescher la teneur de la dicte requeste. Oppiné et arresté, qu'il sera envoyé
mémoires à M. Chambauld, advocat et conseil de la ville, en la dicte court,
pour scavoir comme il fauldra se gouverner en ceste affaire.
24
Janvier
Les dicts
sieurs consuls ont remonstré que pour faire l'arceau du pont de Dordoigne du
cousté du bourg de la Magdalène, suyvant les jurades précédentes, ils ont
visité, ce matin, les deux pilles du premier pas, du pont de Dordoigne, du
cousté du bourg de la Magdalène, avec les fondemens d'icelles, acompagnés de M.
Jéhan Dupuy, contrerolle pour le roy, Francoys
p. 365
Valeton,
Mathurin Peyrarède, Arnauld Pynet, et aultre Pynet, et aultres notables
habitans de ceste ville, lesquelz avec M. Pierre Boysson, architecte, ont
trouvé qu'ils craignoient que le pilon le plus près du dict bourg, auquel il
fault joindre le dict arceau, fust foible; et à la dicte cause, ont avisé qu'il
falloit commencer le fondement du dict arceau, au pied du dict pillon, du
cousté du dict bourg, et y fère une murailhe de deux pieds d'épesseur, pour y
planter le dict arceau, ce que le dict Boisson a promis fère, pourveu, que s'il
falloit fondre plus bas, icelle murailhe, que le pied du dict pillon, que les
maire et consuls, faisant pour la communaulté de la ville, seront tenus luy
payer le surplus, au dire dexperts. Prière à la jurade d'aviser, s'ils
passeront le contract du prix fait du dict arceau, en la dicte condition. Cette
proposition fut acceptée et approuvée par la jurade.
10
Mars
Les dicts
sieurs consuls ont remonstré, que l'an mil cinq cens quatre vingt quinze, M. de
la Force obtint des pattantes du roy, pour fère cothiser sur les lieulx
contribuables de son gouvernement, certaines sommes. Lors du despartement
desquelles, et lors qu'on voulust cothiser ceste ville, il y eust opposition,
ce qui empescha
p. 366
que les
habitans de la dicte ville, ne furent cothisés, et que, en l'an mil cinq cens
quatre vingt seze, procédant à mesme despartement, nul ne se trouvant au dict
despartement, et ne sy opposant, les habitans de ceste ville furent cothisez, à
la somme de trente escuz, comme le sieur de Fourchevent a raporté, en demandant
la dicte somme, combien que les dicts sieurs maire et consuls n'ayent veu
aulcun commissaires; et, en ceste année, mil VC quatre vingt dix
sept, messieurs les esleuz de la ville de Périgueulx, nous y ont comprins comme
contribuables, et nous ont cothisé à la somme de six escus.
Et en
ceste mesme année, mil cinq cens quatre vingt dix sept, les dicts sieurs esleus,
procédant au despartement des deniers, nous ont cothisé, pour les pertes et
siège de la ville de Sarlat, pour l'an mil cinq cens quatre vingt neuf, quatre
vingt dix et quatre vingt unze, pour chascune des dictes années, à la somme de
quarante escus.
Et,
despuis le despartement, fait par les dicts sieurs esleus, Messieurs les
généraulx et trésoriers de France, leur ont envoyé coppie des pattantes du roy,
par lesquelles leur est mandé comprendre et cothiser, au despartement des
tailhes, pour certain temps, les villes franches, sauf les grandes; ausquelz
sieurs généraulx, les dicts sieurs esleuz ont fait responce, qu'ils ont procédé
entièrement au despartement, et envoyé
p. 367
desja les
commissaires, et attendant, sur ce, ordonnance de Messieurs les trésoriers.
Oppiné et arresté, qu'il sera intergecté appellations, des cothisations, qui
sont esté faites cy devant; et que, les dicts sieurs maire et consuls,
releveront icelles appellations, et à ces fins, obtiendront letres de la
chancellarie de la cour de parlement de Bourdeaulx, pour éviter fraix, et
feront bailher assignation à Messieurs les esleuz de Périgort, et à aultres y
prétandant intérest, au privé conseilh du roy; d'aultant qu'il s'agist, en
ceste cause, de la conservation des privillèges de ceste ville.
Remonstrent
aussy, que pour avoir recouvrement d'ung pasteur, ils ont envoyé à la Rochelle,
pour avoir M. Renauld, ministre de la parole de Dieu, en l'esglise francoyse
d'Allemagne, lequel, suyvant la letre envoyée aus dicts sieurs maire et consuls,
par M. de Laplace, ministre de la Rochelle, ceulx de Nérac l'ont obtenu, en la
place de M. Chascolde; toutesfoys, mande qu'il y a ung beau frère du dict sieur
Renauld, nommé M. Carron, qui est vaccant à Francfort, pour des occasions
portées par la letre du dict sieur Laplace, signée Mazures. Il fut arrétté: que
les dicts sieurs consuls envoyeront, devers M. de Recolie, ministre de la
parole de Dieu, à Clérac, pour s'enquérir de la suffizance de M. Carron, et que
de mesme, il sera enquis, de la suffizance de celluy que M. le duc de Bouilhon
p. 368
a offert
à la communaulté de ceste ville, et que, au cas qu'on aye attestation
suffizante, de leur capassité, tous deux seront poursuyvis, et les frais, que
sy feront, seront alloués ausdicts sieurs maire et consuls.
Remonstrent
aussy, qu'en l'absance du sieur Marc, principal du collège de ceste ville, il
s'est présenté ung Escoussoys, qui se proposa, mercredy dernier; demandent
advis s'il doibt estre receu, et sy l'aultre Escoussoys, qu'il y a en ceste
ville, sera mys en la place d'ung aultre régent. La jurade arrêta: que les
régens, qui se présentent, seront oys par Messieurs les officiers du roy, et
Messieurs les maire et consuls et advocatz, pour voir qui doibt estre retenu,
et que cependant, celluy qui a esté envoyé quérir en Béar, sera desfrayé de son
voyage, s'il n'est retenu.
Remonstrent,
aussy, que M. Jéhan Rolhas (1), soy disant prieur de ceste ville, a arranté à
Bertrand Eymond, certaine partye de la maison du prieuré, et de l'esglise, de
Saincte Catherine, lequel Eymond en a tyré grand quantité de pierre, et en tyre
encore tous les jours, mesmes sur le grand chemin, tyrant de la porte Logadoyre
de ceste ville, au pont de pierre des Carmes.
(1)
Jean de Rollas ou Roulhas, prieur de Saint Martin, de Bergerac, de 1596 à 1597.
p. 369
A esté
arresté, qu'on laissera fère la poursuyte au procureur du roy, aus fins que le
dict cymetière et place de l'esglise soit réservé, pour servir à ensepvelir les
morts, et que, neanlmoings, où le dict Eymond, en tyrant la piarre des
fondemens de la dicte esglise, incommoderoit le grand chemin, il en sera
poursuyvi au nom de la communaulté de la dicte ville, pour le remettre en bon
estat,
Remonstrent
aussy, qu'ils ont fait couvrir la tour du bout du pont, de ceste ville, et que
les fraix montent dix huict escus ou environ, et ont pryé la jurade d'allouer
les dicts fraix. Accordé.
Remonstrent,
aussy, que la tour de la porte de Bourbarraud, a aussi besoing d'estre couverte,
s'ils la feront couvrir. Arresté, que la tour de la porte de Bourbarraud sera
couverte, aux moindres fraix que fère se pourra.
Remonstrent,
aussi, qu'il fault envoyer quérir, du premier jour, la femme et familhe de M.
Magendier, ministre de la parole de Dieu, en ceste ville, sy les fraix qui se
feront au dict voyage seront alloués aus dicts sieurs maire et consuls.
Accordé.
Acte
passé entre les consuls et le nommé Thobye:
En la
maison de consulat le XXVIme de febvrier, mil V cens quatre vingt
dix sept, Messieurs les maire et consuls ont promis à Samuel Thobye,
p. 370
pour
avoir l'oeil sur les pauvres mandians estrangiers qui sont et seront en ceste
ville et pour les mectre hors icelle, la somme de troys livres pour moys,
lequel Thobye a promis fère son debvoir. Dont a esté fait acte par moy notaire
royal soubz signé; présents Jehan Beysselance et P. Leycheyrie tesmoings.
Valeton,
notaire royal.
5
Mai
Afferme
de l'herbe des foussés et ravelins de ceste ville:
En la
ville de Bergerac, et dans la maison commune de consulat, le cinquièsme jour de
may, mil cinq cens quatre vingt et dix sept, se sont assemblés honorables
hommes Jéhan de Barriac, consul et receveur des deniers communs de la dite
ville, Gabriel de Cabanac, et M. Pierre de Barriac, aussi consuls: lesquels ont
dit, que les maire et consuls d'icelle avoient fait crier, à son de trompe, par
les quantons et carrefours de la dicte ville, et par divers jours, qui
vouldroit affermer l'herbe des foussés et ravelins de la dicte ville, jusques à
Noël prochain; elles se délivreraient ce jourd'huy, heure de midy, en la dite
maison de consulat, aulx conditions que cy après; scavoir est: que les fermiers
ny aultres ne mettent dans iceulx foussés,
p. 371
ou
ravelins, aulcung bestail sur poyne de payer ung sol, pour chascun moton ou
brebis, deux sols pour chevres ou chevreaux, troys sols pour chascun porceau,
truye, cheval, asne, anesse, boeuf ou vache, desquelles peynes la ville aura la
moytié, et les fermiers l'aultre moytié, laquelle moytié les dicts fermiers
seront tenus fère payer au recepvuur des deniers communs de la dicte ville;
l'herbe desquelz foussés et ravelins les dicts fermiers pourront fère faucher,
si bon leur semble, et seront tenus, iceulx fermiers, payer icelle afferme dans
la fin du moys de may. Mathurin Peyrarède, marchand de la ville, fut déclaré
adjudicataire, moyennant la somme de dix livres et demi.
15
Mai
Remonstrent
aussi qu'il a esté levé quatre pipes, quatorze poignères et demy de bled, deues
à la Charité, qui est fort peu, pour les aulmosnes générales, attendu que,
l'année dernière, il en fut donné dix pipes; demandent s'ils en prendront du
grenier de la ville et combien. Arresté que l'aulmosne de la Charité, qui se
fait en ceste ville le jour de la Pentecoste, se fera du blé deu par les
particuliers, habitans de la dicte ville seullement, et que icelle aulmosne
sera distribuée par Messieurs les maire et consuls, hors
p. 372
de la
ville, à divers jours, pour éviter les dangiers et inconvénians, qui s'en
peulvent ensuyvre.
Aussi, a
esté arresté, que les régens du collège de ceste ville, seront payés de leurs
gaiges, et que, à ces fins, s'il ny a d'argent ez mains du bourssier, le bled
du molin de la ville sera vendu, à son de trompe, pour l'employer au dict
payement et aux aultres affaires de la dicte ville, à la charge qu'il sera fait
dilligence de recouvrer les reyrages des dons et sommes, promises par les
gentilshommes, au dict collège, aussy par toutes voyes de justice, et les
fraix, qui seront faitz, aus dictes poursuytes, seront alloués aus dicts sieurs
maire et consuls.
19
Mai
En la
ville de Bergerac, dans la maison commune de consulat de la dicte ville, le dix
neufièsme de may, mil cinq cens quatre vingt dix sept, pour traiter et délibéré
des affaires de la dicte ville, se sont assemblés honorables hommes, Jéhan de
Barriac, consul et recepveur des deniers communs de la dicte ville, Gabriel de
Cabanac et maistre Pierre de Barriac, aussy consuls, monsieur Jéhan de Belriou,
lieutenant particulier au siège de ceste ville, M. Jacques de Belriou, bailly,
M. Pierre Mathieu, avocat,
p. 373
Mathurin
Peyrarède, Hugue Planteau, Symond Frescarode, Francoys de Nugon, Jéhan Lacombe,
fils de Hélie Lacombe, Hélie Lacombe, B. de Fonmartin, Arnaud Pynet, Jéhan Brugière
l'ainé, Hélie de Fonmartin, Estienne Boygue, Jéhan Pinet, fils de Anthoine
Pynet, Giron Poumeau, Jacques Planteau, Etienne Reynier et Pierre Marteilhe,
tous bourgeois et habitans de ceste ville, lesquels, après lecture faite d'une
letre escripte aus dicts sieurs consuls, par monseigneur le mareschal de
Bouilhon (1) dattée du dix huictiesme de ce moys, ont oppiné et donné avis aus
dicts consuls, que, suyvant la dicte letre, il sera fait response verbale au
seigr de Boysse (2) que les habitans de la présent ville, sont
prestz d'assister de tout leur pouvoir, soyt d'hommes ou de canons, en ce qui
concerne le service du roy, et particulier à M. le duc de Bouilhon; toutesfoys,
pour la délivrance des dicts canons, le dict sieur de Boysse sera pryé
(1)
Henri de la Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne, duc de Bouillon, né en 1555,
mort en 1623, embrassa le Calvinisme, s'attacha au roi de Navarre, contribua au
gain de la bataille de Coutras, fut créé maréchal en 1592 par Henri IV.
(2)
Pierre d'Escodéca de Boisse, et par son mariage avec Marie de Ségur, baron de
Pardaillan, d'Allemans et autres lieux, fut un des plus illustres compagnons
d'armes d'Henri IV; fut assassiné en 1621 à Gensac. Gouverneur de Sainte-Foy et
de Monheurt.
p. 374
de
bailher cautions suffisantes, de ramener et rendre, en ceste ville, les dicts
canons, suyvant les offres par luy faites, et qu'il sera escript à Monsieur le
Maire (1) qui est en la ville de Saincte Foy, de supplier le dict sieur
mareschal de Bouilhon, de passer en ceste ville, à son retour de la dicte ville
de Saincte Foy, et lui offrir le disner en la maison commune de ceste ville.
Le même
jour, les consuls firent vendre le blé appartenant à la communauté; les prix
furent les suivants: La pipe, ou six sacs de quatre poignères, méture, se
vendit 31 livres 13 sols; la pipe froment, 41 livres 10 sols.
Le 22
mai, les consuls prêtent leurs canons et couleuvrines à Pierre Escodéca de
Boisse, écuyer, maître de camp du roi de Navarre; ce seigneur les fit remettre
le 26 du même moys; il ne les gardât donc que quatre jours. D'après la jurade
du 20 mai, ces canons étaient destinés à « remectre la prévosté de Trémolat,
entre les mains du seigr de Boysse, suyvant le commandement du roy.
» Le seigr de Panissaut, Mathurin Peyrarède, Jehan de la Peyrarède
dit Dangounet et Jacques Hugues, marchands de la ville de Bergerac, servirent
de cautions au seigr de Boisse.
(1)
Pierre de Belrieu.
p. 375
Le même
jour, la jurade arrête « qu'il sera fait entrée au dict, sieur mareschal de
Bouilhon, la plus honorable que fère se pourra, et que le disner luy sera
présenté, en la maison commune de la ville, s'il le veult acepter. Pareilhement
a esté arresté, que les fraix, qui se feront pour les dictes afferes, seront
alloués aus dicts sieurs consuls. Le maréchal de Bouilhon ne vint sans doute
pas à Bergerac, puisque nous ne trouvons nulle trace de son passage.
Du 20 mai
au 2 juillet il n'y eut pas de jurade.
20
Mai
Remonstrent
que par l'assemblée, tenue à Saincte Foy, il fut arresté que chacun des quatre
colloques de Guyenne, doivent cinquante escuz pour l'entreténement du seigr
de Cazes, depputté, pour se trouver en la ville de Chastelleraud, de laquelle
somme de cinquante escuz, est escheu à la part de ceste ville, douze escuz;
demandent avis à la jurade, si les dicts douze escuz seront envoyés au dict
sieur de Cazes. A esté arresté qu'il sera envoyé au seigr de Cazes
pour son entretènement, les douze escuz escheus à la part de la communauté de
ceste ville.
2
Juillet
Aussi a
esté arresté, qu'il sera escript du premier jour a M. Tenant, ministre de la
parolle de Dieu, et à M. D'Alies, qui sont à présent en la ville de Paris, pour
voir s'il y auroit moyen de fère venir le dict Tenant en la présant ville, et
que si le dict Tenant est en ceste volonté, les dicts sieurs maire et consuls
feront les fraix nécessaires pour l'envoyer chercher.
1597-1598
Parmi les
quarante jurats de cette année, nous trouvons: Jean Eyma, avocat du roi, autre
Jean Eyma, Mathurin Peyrarède, avocat, Etienne Trelier, qui le premier traduisit
nos coutumes du latin en français, durant le cours de l'année 1598, et dont
nous donnons ci-aprés la lettre de dédicace, Giron Poumeau, Jean de Lespinasse,
André Pinet etc, etc.
p. 377
Puisque
le nom d'Etienne Trelier se trouve sous notre plume, nous croyons devoir
rappeler qu'à l'heure actuelle, nous connaissons trois éditions de sa
traduction. La première porte la date de 1598; elle vient d'être offerte à nos
archives municipales par l'honorable M. Dussumier, ancien banquier de notre
ville, qui avec un louable désintéressement, n'a pas hésité, de se dessaisir,
en notre faveur, d'une édition aussi précieuse; elle fut imprimée à Bergerac
par de Courtaneuve.
La
seconde édition fut celle que nous donna Antoine Vernoy, imprimeur Bergeracois,
en 1627; nos archives en possèdent un magnifique exemplaire, imprimé sur
parchemin, et dont la reliure est un véritable objet d'art (1).
La
troisième s'imprima en 1779 chez J.B. Puynesge, imprimeur-libraire, Grand'Rue,
près la fontaine des Cinq Canelles; elle fait aussi partie de nos archives;
Cette édition est commentée par MM. de Lamothe, (2) avocats au parlement de
Bordeaux.
Enfin M.
Reclus, contrôleur d'armes, trouva à Lille, chez un brocanteur, les coutumes de
(1)
Dans un rapport fait au conseil municipal le 6 janvier 1860, par M. Richard,
avocat, il est dit que l'édition de 1627, fut la première; il est facile de
voir que l'honorable M. Richard ne connaissait pas celle de 1598.
(2)
Natifs des Goulards, près Sainte-Foy.
p. 378
Bergerac
réunies à celles de Toulouse et s'empressa d'en faire don à nos archives. Elles
faisaient partie d'un volume d'une certaine importance dont le titre a disparu.
Voici la
lettre adressée par Etienne Trelier, syndic de la ville de Bergerac, à MM. les
maire et consuls en 1598.
« Messieurs,
Il y a
plus de trente ans, ie mis en françois nos statuts et privilèges, qui ont esté
composez en latin rude et grossier, selon le temps auquel ils furent faicts,
qui estoit plongé en une fondrière d'ignorance. Il y auroit moyen de les
réduire en autre latin mieux poly, comme a faict Monsieur Ferron, ceux de
Bordeaux, Pyrrus ceux d'Orléans et de nostre sage Pierre Nannius, docte
professeur de bonnes lettres à Louvain, ceux de Malines en Braban. Mais il n'en
est besoin, veu que, par l'ordonnance du roy François premier, tous actes
doivent estre mis en langage françois. Néanmois, on a trouvé bon, que ces
statuts ayent esté adjoustés à la fin des confirmations de nos roys, afin que
nul ne doute de la validité d'iceux.
Cest
Edouard, qui parle icy, fust fils d'autre Edouard roy d'Angleterre, qui fit
mourir Aimon prince de Galles, et bailla la
p. 379
principauté
à cestuy-ci. Charles roy de France et de Navarre, fust le roy Charles-le-Bel,
quatrième de ce nom, auquel succéda Philippe de Valois. La paix de laquelle
parle Edouard, fust faicte à Brétigny, prés Chartres, le huitiesme jour de may,
mil trois cent soixante. Il n'y a pas autre chose icy qui mérite aucun
advertissement. Cependant Messieurs, je prieray Dieu qu'il vous tienne en sa
garde.
De
Bragerac ce jour d'août, mil cinq cens quatre vingts dix huict.
Vostre
très humble et affectionné serviteur.
E.
Trelier. »
25
Juillet
Maistre
Françoys Gauchier, consul, a bailhé ung dire, escript et signé de sa main, qu'il
a requis estre leu présentement, ayant oppiné sur les sus dicts articles
(nomination du maire), ce qui a esté fait par le clerc de la dicte ville, en
présence de toute l'assemblée; icelluy dire de ceste teneur: Maistre Françoys
Gaulchier vous remonstre, qu'il a sceu et entendu, comme plusieurs de ceste
ville, par brigues, se sont assemblés pour le nommer maire de ceste ville; à
ceste cause, il déclare à la présente assemblée,
p. 380
qu'il est
incapable d'exercer la dicte charge, et que, quant il seroit nommé tel, il
n'exercera jamais telle charge, pour les raisons sus dictes, d'aultant qu'il
est pauvre, et n'a aulcung moyen pour vivre, en sorte qu'il travailhe pour
gagner vye, pour sa femme et enfans. Et ou il seroit procédé au contraire,
qu'il vuydera la ville, et de son dire a requis acte.
Les
consuls et les jurats tinrent compte de la requête, faite par François
Gauchier, est après bien des discussions nommèrent Arnaud Vayres, l'un de leurs
collègues, pour exercer les fonctions de maire, pendant un an.
Aussi a
esté arresté, qu'il sera payé à Monsieur de Magendier, ministre de la parolle
de Dieu, principal, et régent du collège de ceste ville, mesmes gaiges que leur
sont esté payez, l'année passée, de l'argent et revenu de la communaulté de la
dicte ville, à la charge que les dicts sieurs maire et consuls, feront
dilligence de recouvrer les sommes qui sont esté données au dict collège, par
le roy et seigneurs, qui restent à payer.
9
Septembre
Remonstrent
qu'ils ont envoyé quérir ung pasteur à la Rochelle, et qu'ils ont obtenu
Monsieur Pyneau, qui est à présent en ceste ville. Demandent avis à la jurade,
s'il sera reçu et
p. 381
arresté
pasteur en ceste ville, à mesmes gaiges que Monsieur Magendier, et que les
fraix, faitz pour l'envoyer quérir, leur soient alloués. - Accordé.
13
Novembre
Remonstrent
que puys certain temps, en ça, il s'est retiré en la présent ville plusieurs
bordiers estrangiers, de lieux suspectz; si la jurade trouvera bon qu'il en
soyt fait reserche, et qu'ils soyent mis hors de la dicte ville, et que si les
habitans qui tienent des bordiers, qui mandient, seront contraintz de les
nourir avec leurs familhes, ou les envoyer. Arresté, que les dicts sieurs
consuls feront reserché les bordiers estrangiers et suspects, qui se sont retirés
en ceste ville, pour leur fère vyder la ville, et que les habitans de la dicte
ville et faulxbourgs d'icelle, qui tiennent bordiers estrangiers, en ceste
ville, paroisse et juridiction, ayans enfens qui mandient, seront contraintz de
les nourrir, avecques leur familhes, si mieulz ils n'ayment les expellir de
leurs maisons.
Le droit
de bourgeoisie sera bailhé à M. Brossot, jadis régent du collège, sans argent,
à cause de sa vieilhesse, et des services qu'il a faits à la ville.
Aussi
arresté, que les dicts sieurs consuls
continueront
la réparation du pont de Dordoigne de ceste ville, et le feront mectre en
estat, que les charettes chargées, y puissent passer; et, à ces fins, feront
recherche des habitans de la présent ville, qui vouldront prester argent à la
communaulté de la dicte ville, à la charge de se remborseser sur l'esmolument
et revenu du dict pont, lorsqu'il sera en estat.
1598
2
Janvier
Les dicts
sieurs consuls ont remonstré, que la ville est toute plaine de pauvres, tant de
la dicte ville, que estrangiers, qui meusrent de fain; sur quoy ont demandé
avis à l'assemblée, qu'est ce qu'il fault fère là dessus. Sur laquelle
remonstrance, la plus grand voix de l'assemblée a
p. 383
oppiné et
arresté, qu'il sera esleu sept définiteurs, pour pourvoir aulx affères et
nécessité des pauvres, lesquelz feront reserche de tous ceulx qui se trouveront
vrayiement pauvres, en ceste ville, desquelz ils feront une description, pour
iceulx pauvres estre nouris des revenus, à ce, destynés; et, où les revenus ne
se trouveront suffizans, il sera imposé sur les habitans de ceste ville, tous
les moys, telles sommes que les dicts définiteurs estimeront estre nécessaires,
suyvant le nombre des dicts pauvres qu'on debvra nourir; et, pour le regard des
pauvres estrangiers, ils seront empeschés d'entrer en la présant ville, par des
personnes qu'on tiendra exprès aux portes de la ville, payées aux despens des
habitans d'icelle; toutesfoys, sera donné aux dicts pauvres étrangiers, la
passade, des dicts revenus et deniers qui seront imposés, et seront contraints,
les habitans de la ville, par exécution, partant que besoing sera, à payer ce à
quoy ils seront cottisez, et que, où il surviendra quelque chose de nouveau, il
y sera pourveu par les dicts définiteurs, comme ils verront estre à faire.
Furent
nommés définiteurs des pauvres: MM. Charon, lieutenant général en la
sénéchaussée de Périgord, au siège de cette ville, Arnaud Vayres et François
Cabrol, consuls, Mathurin Peyrarède et Pierre Poumeau, diacres du consistoire,
Jean Eyma, dit Frigiguel, et
p. 384
Gabriel
de Cabanat, bourgeois de la ville. Ces définiteurs devaient se changer tous les
trois mois.
26
Février
Remonstrent,
s'il sera imposé sur les habitans de ceste ville et bourg de la Magdalene,
certaine somme de deniers, pour donner et distribuer aulx pauvres estrangiers,
paysans, et pour nourir les malades valétudinaires, qui seront à l'hopital de
la dicte ville. Il fut arrêté qu'on prélèverait, tous les mois, sur les
habitants, la somme de cinquante écus, et que les définiteurs des pauvres
auraient le droit d'augmenter, ou de diminuer, cette imposition, suivant les
besoins des pauvres.
28
Mars
Remontrent
aussy, que M. Pineau, ministre de la parole de Dieu, a esté bailhé, pour
pasteur en l'esglise de ceste ville, pour deux ans seulement, et que, pour
l'arrester en ceste ville, Baillechon, orphevre, de la dicte ville, a promis
aux dicts sieurs consuls, d'apporter, par escript, promesse du père du dict
sieur Pyneau, qu'il consentiroit que le dict sieur Pineau, son fils, soyt et
demeure perpétuellement ministre, en
p. 385
ceste
ville; auquel Baillechon, à ses fins, les dicts sieurs consuls ont avancé vingt
escuz sol, ex qualité; toutes foys, que s'il n'obtient la dicte promesse
absolue, il rendra les dicts vingt escuz aux dicts sieurs consuls; qu'il plaise
à la jurade allouer les dicts vingt escuz. Accordé.
Remonstrent
aussy que les habitans de Saincte Foy ont obtenu letres du roy, pour prendre et
lever vingt sols, pour chacun thouneau de vin, et de toutes autres
marchandises, passans par la rivière de Dordoigne, devant leur ville. Demandent
avis à la jurade, s'ils se doibvent opposer à la dicte levée, ou sommer le
syndic des marchans de prandre la cause en main. Il fut arrêté que le sindic
des marchands, d'accord avec les consuls, s'opposerait à la dicte levée, et que
requête serait présentée à la cour du parlement de Bordeaux.
Remonstrent
aussy, qu'un fils de feu maistre Pierre Xans, s'en est allé, puis naguères,
estudier au ministère au pays de Béar, et, par ce qu'il a peu de moyens, pour
s'entretenir aux estudes, supplie la jurade luy assister de quelque chose, pour
poursuivre ses estudes, et fait offre que, où il sera quelque jour promu au
ministère, qu'il servira ceste esglise. A esté avisé, qu'il sera enquis de sa
capacité au ministère, par des gens doctes, et l'ayant trouvé tel, par
attestation faite sur les lieux, par Monsieur Magendier, ou aultre, il sera
secouru. (La jurade
p. 386
du 30 mai
lui alloua annuellement la somme de dix écus.) pour « l'ayder à parachever ses
estudes. »
Et, quant
à l'imprimeur, qui demande estre receu en ceste ville, et que les dicts sieurs
consuls luy bailhent une maison meublée, avec honeste gaiges; a esté arresté
qu'il luy sera baillé une maison et une boutique, et, ce qui se pourra lever
des volontaires, sans s'abstraindre aucunement à aultre chose, que de
l'exempter des charges de la ville.
30
Mai
Remonstrent,
que Jehan Deslanes, demande douze escus du louage de sa maison, louhée à l'imprimeur,
qui se tient en ceste ville, et veult argent comptant. La jurade arrêta: qu'il
seroit donné vingt escus à l'imprimeur (1) pour luy donner moyen de pouvoir
imprimer les privilèges de ceste ville, en latin et en francoys, une foys
payés; comme aussy le louage de la maison et boutique, où il se tient, sera
payé par demyes années, et au commencement de chascunes d'icelles, au
propriétaire de la dicte maison et boutique, par les dicts sieurs maire et
consuls.
(1)
Cet imprimeur se nommait de Courtaneuve.
p. 387
Aussy, a
esté arresté que la paix (1) sera publyée solempnellement en la présant ville,
les dicts sieurs officiers et consuls en corps, ensemble les principaulx
habitans, avecques feu de joye.
Copie de
quelques reçus:
« Consul Pinet,
receveur des deniers communs de la présant ville, payes à M. Pierre Lavergne,
lecteur, la somme de cinq escus et demy, pour les deux premiers quartiers de
ses gages, pour lire, tous les jours, la bible, aux prêches et prières; qui
sera, pour la demie année, et pour les mois d'aoust, septembre, octobre,
novembre, décembre et janvier; et en apportant certificat, vous sera aloué en
la reddition de vos comptes. Fait ce 2 octobre 1597.
Cabrol,
consul. »
« Je
soubsigné, pasteur de l'église de Bergerac, confesse avoir receu des mains de
Monsieur Pinet, consul et boursier de la présent ville, la somme de cent vingt
cinq livres; et ce, pour le payemement de mes gages, pour le quartier
d'octobre, novembre et décembre; de laquelle sus dicte somme, me tien bien content
et satisfait. En foy de quoy, ay fait et
(1)
Cette paix dite de Vervins, fut signée le 2 mai 1598 entre Henri IV et Philippe
II.
p. 388
signé la
présent quittance, au dict Bergarac, le dix septiesme novembre 1597.
Magendier.
»
« Je
soussigné, confesse avoir receu de Monsieur Pinet, receveur des deniers communs
en la présent ville, la somme de cinquante escuz sol, savoir: cent vingt et
cinq livres pour le premier quartier de mes gages, commençant, le dict
quartier, le 17 d'aoust et finissant le 17 novembre, et les vingt et cinq, tant
pour ma despence, depuis la Rochelle jusques en ceste ville, que pour celle
d'un cheval, en ce lieu. En foy de quoy, j'ay ainsi signé la présente.
A
Bergerac ce XIme de septembre 1597.
Pineau.
Ministre
de la parolle de Dieu en la dicte église. »
« Consul
Pinet, recepveur des deniers communs de la présent ville, paies à Thony Berbos,
recouvreur, la somme de six soubz, pour a avoir recouvert, au temple, par
dessus le ban de messieurs les consulz de la présent ville.
Le XXIIIme
de février 1597.
J.
Augeard, Consul. »
Frais
faits en la maison commune de la présente ville, pour bailhier la colassion à
M. de Caumont:
p. 389
Premièrement,
en confytures, à maistre Baptiste Tarneau, comme apert par estat et quytance du
dict Tarneau, du XXIIme Avril 1598 (1) V
livres XV sols
Plus,
en pain blanc XXIV
sols
Plus,
en vin, neuf potz, à raison de cinq souhz le pot, monte. XLV sols
Plus,
en bois et chastaines IV
sols, IX deniers
Plus,
en tourtheau de heuf ou farine pour faire des gaufres et
crespagoulz XII
sols
Plus,
à Pierre Mosnier, Coussinier pour avoir apresté la coulasion,
et
avoir fourni an heuf et en gresse fine, la somme de XV sols
Total
10 livres 15 sols 9 deniers.
Au
dessous de ce compte, on trouve:
« Consul
Pinet, recepveur des deniers communs de la présente ville, paies aux sus nommés
escritz, la somme de dix livres et quinze soubz, neuf deniers, pour les
fournytures sy-dessus escriptes, que nous avontz amplouiés pour donner la
coulassion à M. de Caumont, au vouiage qu'il a faict à ceste ville, pour les
(1)
Le détail des confitures fournies par Tarneau, apothicaire se trouve tout au
long aux archives.
p. 390
reconssiliations
de messieurs de Charon et Belrieu, et M. le baylif (1).
Augeard,
consul. »
Délibération
du consistoire.
« Le
consistoire, délibérant sur la réquisition faicte par M. Bernard Maraval,
advertisseur d'icelluy, de luy acister, veu la misère du temps, et son notoire
besoing; ayant esgard à ce dessus, et au service qu'il faict journellement, à
ceste églize, supplient Messieurs les maire et consuls de la présent ville,
d'acister le dict Maraval, de la somme de deux escutz, affin qu'il ait moyen de
continuer le dict service, et qu'il puisse sortir de la présente calamité.
Faict à
Bergerac le Vme juing 1598.
Majendier,
pasteur, Pineau, pasteur, Augeard, ancien. »
Voici
maintenant le menu du dîner que s'offrirent MM. les consuls, à la fin de leur
année consulaire, le jour où ils dressèrent la liste sur laquelle on devait
choisir leurs successeurs:
(1)
Ces messieurs avaient ou quelques démêlés à propos de l'élection du maire.
p. 391
Premièrement,
en pain XXX
sols
Plus,
en vin, X potz et choupine, savoir:
3
potz 3 choupines à 1 sols le pot, et le reste à 5 sols monte XLVI sols, III deniers
Plus,
en mouthon XXIV
sols, VI deniers
Plus,
en lart XI
sols, VIII deniers
Plus,
en gresse II
sols
Plus,
ung levreau XIV
sols, VI deniers
Quatre
pères pigontz XX
sols
Quatre
pères poulles XX
sols
Plus,
2 paires fois III
sols
Plus,
en heuf IX
deniers
Plus,
en (illisible) VII
sols
Plus,
en tourlhel retourtillionné II
sols
Plus,
eu brisquot (biscuits) XIV
deniers
Plus,
en paumes de Datil. XII
deniers
Plus,
eu nouzilles (noisettes) XIV
deniers
Plus,
en huille d'olif, demycart XV
deniers
Plus,
en poyres XII
deniers
Plus,
en bassely (basilic) VI
deniers
Plus,
en pépolle (pourpier) III
deniers
Plus,
en rafes (radis) III
deniers
Plus,
en houniontz (oignons) III
deniers
Plus,
en concombres XII
deniers
p. 392
Plus,
en sucre XII
deniers
Plus
en espisse II
deniers
Plus,
en safra (safran) II
deniers
Demy choupine sel II
sols, III deniers
Deux
ventres de mouton VI
sols
Plus,
pour le pastissier VIII
sols
Plus
en verjeu IX
deniers
Somme
totale de ce festin, onze livres, onze sols et sept deniers.
Budget
Dépenses:
Cinq mille quatre cent soixante-six livres, six sols, onze deniers.
Recettes:
Cinq mille neuf cent quatre-vingt-dix-huit livres, sept sols, huit deniers.
FIN
DU QUATRIÈME VOLUME