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Source: Bulletin SHAP, tome XV (1888) pp. 239-273.

 

ESSAIS TOPOGRAPHIQUES, historiques et biographiques sur l'arrondissement de nontron.

 

canton de nontron. (Suite.)

 

VII. — Commune de Javerlhac.

 

Cette commune, située, en entier, sur le terrain calcaire secondaire de première formation, est composée des anciennes paroisses de Javerlhac et de La Chapelle-Saint-Robert. Elle confronte : à l'ouest, au département de la Charente, au nord, aux communes de Teijat et de Varaignes, à l'est et au sud, à celles d'Hautefaye et de St-Martin-le-Peint.

On y trouve les bourg, villages, hameaux et lieux ci-après :

Forge de la Chapelle-Saint-Robert, sur le Bandiat. — La Grande-Métairie. — Les Essards. — Bourg de La Chapelle-Saint-Robert. — Les Giroux. — Las Badias. — Et dans la paroisse de Javerlhac : La Meynardie.  Le Buisson. — Forge-Neuve, sur le Bandiat. — Le Maine-Janicot — La Fayolle. — Le Maine-Chambard. — La Petite-Forest. — Chez-Joly.  Puymanin. — Bourg de Javerlhac et moulin sur le Bandiat. — Pis. — Moulin de Pis sur la Doue. — La Cour. — Chez-Maronnet. — Moulin de Fontjean, sur la Doue. — Tassat. — Les Brousses. — Frugier. — Puy-Mauger. — Les Chenaux. — Jomelières. — Le Petit-Jomelières. — Richardières. — Chez-la-Belle. — Ville-de-Bos. — Chantegreau. — Le Grand-Gilou. — Le Petit-Gilou. — Le tout à travers des collines, qui vont de plus en plus s'amoindrissant et n'ont plus que 170, 190 et 201 mètres d'altitude.

 

La population de la paroisse de La ChapelIe-Saint-Robert, était : en 1365, de 72 habitants pour 12 feux ; de 295 au xviie siècle, et en 1804, de 227 pour 54 maisons. Celle de la paroisse de Javerlhac, de : 594 habitants pour 99 feux, en 1365 ; de 1,126, au xviie siècle ; de 993 pour 213 maisons, en 1804 ; depuis la réunion des deux paroisses, de 1,038, en 1852; 1,542, en 1856 ; 1,486, en 1861 ; 1,518, en 1860 ; 1,351. en 1872; 1,464, en 1876; 1,656, en 1881.

La seigneurie de Javerlhac, dépendant de la baronnie de Nontron, avait pour seigneurs suzerains les vicomtes de Limoges, qui l'aliénèrent successivement au profit de seigneurs particuliers, parmi lesquels nous retrouvons les suivants :

1291. — Bernard Ramnulphi est qualifié de seigneur de Javerlhac, dans son testament, dont Nadaud donne l'analyse suivante, que nous devons à l'obligeance de M. l'abbé Lecler :

 

« Bernard Ramnulphi, chevalier, seigneur de Javerlhac, où il veut être enterré avec ses parents, fait son testament à Angoulême, le mercredi après l'octave de la Purification, 1291. (Arch. des Frères prêcheurs de Limoges). Il lègue à l'évêque de Limoges dix sols pour faire commémoration pour le salut de son âme en plein synode, au temple et à l'hôpital ; à chaque couvent de Grosbos, Peirouse, Boschaud (monastère de Bernardins, diocèse d'Angoulême et de Périgueux), de Bosco-de-Hu (Le Bourdeix) une réfection de pain et de vin ; au couvent des Frères mineurs de Nontron, une réfection entière, et à celui des moniales de Bobon, pleine réfection de pain et de vin en carême et à toujours; aux curés, capellanis, de Javerlhac ; Varaigne, Varanea ; Lussas, Hautefaye, Altafagia; Teyjac, Teyjaco, Saint-Martin-le-Peint et de Burgo-de-Hu ; veut que la fête de sainte Catherine soit faite chaque année de ses biens par ses héritiers dans son hôtel, hospitio de Javerlhac, ses funérailles honorablement plane et honorifique, ainsi qu'il est de coutume entre les chevaliers du château et châtellenie de Nontron, et encore plus honorablement s'il se peut ; qu'on tienne toujours dans son hôtel de Javerlhac trois pauvres indigents auxquels on donne du pain et du potage une fois le jour; qu'on donne à la porte l'aumône une fois le jour à tous pauvres venants, ainsi qu'il est de coutume. »

Ce testament fut exhibé à Angoulême le samedi avant sainte Catherine 1301, par l'exécuteur Gérald de Loberston, chanoine de la cathédrale, en présence de Guilhaume, évêque, de Jean de Layo, doyen, et de Fulco de La Roche, archidiacre, gardien des Frères mineurs de Nontron ; de frère Gérald de Chiesa, de l'ordre des Frères mineurs, de frère Guillaume, prieur de la Chapelle-Saint-Robert, Jean Iterii, vicaire de Javerlhac, Adhémar de Manhas et Itier de Lussas, damoiseaux, et Arnaldus Barbari, clerc.

L'inventaire des Archives des Basses-Pyrénées, dressé par M. Raymond, alors archiviste, mentionne, à la série E. 850 le même seigneur en ces termes :

« 1276. — Assignation d'une rente de vingt sous de Limoges, sur les biens de Hélie Bartholier, habitant de Saint-Front-de-Champniers car Renault Vigier, de Mareuil, chevalier, au nom de Bernard Renoult, seigneur de Javerlhac, en faveur de Guilhem de Magnac ».

 

Mais à quelle époque et comment ce Bernard Ramnulphi devint-il seigneur de Javerlhac? C'est ce que nous trouverons en partie dans un mémoire judiciaire imprimé à Paris en 1734, à l'occasion d'un procès, pendant au Châtelet le 2 mars 1730, et renvoyé en la Cour par arrêt du Conseil du 25 août 1732, au sujet de l'hommage de Javerlhac, entre la famille de Pompadour et François Texier, alors seigneur dudit Javerlhac. Parmi les pièces produites par ce dernier, pour prouver que cet hommage serait dû au vicomte de Limoges plutôt qu'au baron de Nontron, le 28 janvier 1734, s'en trouvait une de 1248, sur laquelle le mémoire se borne à reproduire les observations suivantes :

« La première de 1248 est inutile pour deux raisons : l'une parce que Nontron étoit alors démembré du vicomte de Limoges, de même que la forteresse de Javerlhac pour Bernard Ramnulphi et les siens, c'est-à-dire pour ses descendants suivant l'usage qui s'observoit alors, qu'ainsi l'homage que Bernard Ramnulphi rendoit au vicomte de Limoges, tant pour Nontron que pour Javerlhac, ne pouvoit être alors rendu à Guy vicomte de Limoges, qu'à cause de la vicomté de Limoges, puisqu'il paroit par l'acte même que Nontron en étoit séparé. L'autre raison est que Nontron étant revenu dans la suite au vicomte de Limoges, soit par défaut de descendans de Bernard Ramnulphi, soit par confiscation ou autrement, la seigneurie de Javerlhac a toujours été mouvante de Nontron.... »

Nous avons déjà vu, au sujet de la seigneurie de Nontron, qu'après avoir, en 1258, passé momentanément aux mains d'Aymeri, vicomte de Rochechouart, par suite passé entre lui et Guy, vicomte de Limoges, revint, avant 1265, à Marguerite de Bourgogne, sa veuve, qui, dans cette même année, rendit hommage à Mgr l'évêque d'Angoulême.

Mais, il n'en fut pas de même pour celle de Javerlhac, qui resta aux mains des héritiers de Ramnulphi, c'est-à-dire à la famille Vigier, dont un membre l'avait déjà représenté dans l'acte de rente de 1276, relaté précédemment. C'est ce qui résulte des autres documents suivants :

« 1298. — Instrument relatant plusieurs hommages à Yctier de Maignac, de Nontron, a sçavoir par Aymeric Vigier, valetus de Javerlhac, pour deux borderies dans cette paroisse nommées de La Peyrerède et de la Purelieyra, chastellenie de Nontron. Die lune in octavas Purificatione Beate Marie, anno Domini millesimo ducentesimo nonagesimo octavo. » (Doat).

En 1355, dit Nadaud, Marie Vigier, dame de Javerlhac et de Haute-Corne, épousa noble et puissant Louis de Rochechouart, auquel elle apporta la dite seigneurie de Javerlhac.

1376. — Noble et puissant homme Louis vicomte de Rochechouart, chevalier, fit un accord au nom de noble dame Marie Vigier de Javerlhac, sa femme, avec Brunet de Grassac, damoiseau, et Almoïde Grougier, sa femme, auxquels il cède une maison et jardin, moyennant qu'ils cédèrent à la dame Marie leurs droits sur une rente de treize septiers de froment et seize septiers de vin doux, par acte passé le 9 juin 1376. » (Dom Villevielle).

 

De la maison de Rochechouart, Javerlhac passe à celle de Maumont:

« 1430, au mois de mai, contrat de mariage de Bernard de Maumont avec Agnès de Rochechouart, par lequel Geoffroy, vicomte de Rochechouart, constitue en dot à sa dite fille la terre, seigneurie et hôtellerie de Javerlhac. » (Idem).

« 1455, 20 novembre, par acte passé in loco et castello de Javerlhaco, reconnaissance de rente sur lentement des Gaboulards, paroisse d'Hautefaye, en faveur de domicellus Johannes de Maumont, dominus a Javerlhaco. — Signé L. Casati ».

« 1458, 7 janvier, autre reconnaissance consentie à : Discreto viro magistro Johanne de Veterimari (Vieillemard) habitatore loci de Nontronio prœ nomine nobili et potenti viri domini Johannis de Malamonte militi domini de Javerlhaco. »

« En 1464, ledit Jean de Maulmon, seigneur de Tonnay-Boutonne et de Javerlhac, rendit hommage au roy de Navarre, vicomte de Limoges, pour son chastel et chastellenie de Javerlhac. »

Mais, à la fin du xve siècle, la dite seigneurie passe aux mains de Dauphin Pastoureau qui, peu de temps après, acquiert les droits particuliers du vicomte de Limoges, ainsi qu'il résulte des titres suivants :

« Du 13 janvier 1499, vente de la seigneurie de Javerlhac par Jean de Maulmont à Dauphin Pastoureau, seigneur du Breuil, receveur pour le vicomte des cens et rentes, revenus, droits et devoirs des ville, château et châtellenie de Nontron ».

« Du 24 septembre 1501, vente par Alain d'Albret, tant en son nom qu'en celui de Jehan, son fils, roy de Navarre            à noble homme Dauphin Pastoureau, seigneur de Javerlhac et eslu pour le Roy en leslection de Périgueux, habitant en la ville de Nontron ….. de tous leurs héritages, droits et rentes dans la paroisse et chastellenie de Javerlhac, sous la réserve de l'hommage »... (Voir cet acte au chapitre de la commune de Savignac.)

 

Après le décès de Dauphin Pastoureau, arrivé en juin 1505, la seigneurie, de Javerlhac passa à ses quatre filles, indiquées dans son testament du 20 mai précédent[1], et suivant acte de partage du 14 septembre suivant, duquel nous donnons quelques extraits comme spécimen du rang et des richesses de la bourgeoisie de l'époque, s'alliant à la noblesse à laquelle elle parvenait elle-même, aussi facilement qu'on acquiert, aujourd'hui, la chevalerie de la Légion d'Honneur.

 

« Lot de Marguerite Pastourelle, mariée à Baltazar Douhet. — Deux des trois portions de la maison noble de Javerlhac avec leschelle à vis, comprenant les quatre salles et chambres, tant hautes que basses et jusques au plus haut dicelles.... partie de la basse-cour commençant au coin jusqu'au guichet du dit chasteau, du côté de la tour dicelluy …….. Un pré de deux journaux devant ledit chasteau près le pont de la rivière appelée Bandiat.... Deux bois et deux forets... Le pré du Grougiet de sept journaux dhommes... La quarte partie des vignes et garennes... Ensemble les cens et rentes sur... (maisons dans le bourg et divers villages des paroisses de Javerlhac et Hautefaye, y désignés et formant ensemble) : argent, 25 livres 4 sols et 2 deniers tournois, gelines 62, cire une livre, froment 57 sestiers, seigle et mesture 21 sestiers, advoine 22 sestiers... En la ville et paroisse de Nontron es bourgs et paroisses de St-Martial de Valette, d'Abjac, d'Augignac et de Savignac, qui montent en argent douze vingt quinze livres dix-sept sols, cent seize sestiers et demy de froment, deux cens sestiers seigle, quatre-vingt sept sestiers advoine, le pré appelé le Colombier en la paroisse de Nontron, de deux journaux... La métayrie des Pouyaux, paroisse de St-Angeau... Les cens et rentes acquises du Roy de Navarre et d'Alain d'Albret, es paroisses dAbjac, Augignac et Savignac, qui montent en deniers vingt-six livres douze sols neuf deniers, vingt quatre sestiers et demy froment, trente six sestiers seigle, quatre sestiers et demy advoine, aussy les dismes dues aud seigneur en ladite paroisse d'Abjat, ensemble les quatre forests et droits dicelluy... »

 

« Lot de Marie Pastourelle, mariée à Me Jehan de Marcillac. — En sus de la terre et du chasteau d'Aucors, paroisse de Boussac, constitués en douaire par le contrat de mariage du vingt huitiesme jour d'apvril mil cinq cens... La tour haute dudit chasteau de Javerlhac avec les jardins et prés contigus depuis les murailles dentre la basse-cour du chasteau et le jardin depuis les fossés du dict chasteau jusques au fleuve du Bandiat... non compris le four banal... Le pré de l'ecluse contenant six journaux... La quarte partie des vignes et garennes... La tierce partie de la grande forest du coté de la Chapelle-Sainct-Robert... Ensemble les biens et rentes ci après... (Suit la désignation des villages et tènements arrentés dans les paroisses de Javerlhac et d'Hautefaye). Somme toute, en argent, trente livres treize sols six deniers tournois, soixante cinq gelines, cinquante six sestiers trois boisseaux froment, seigle et mesture dix-huict sestiers, advoine vingt cinq sestiers deux boisseaux et demy... Les cens, rentes et aultres droits, es paroisses, terres, jurisdictions et seigneuries de Puyagut, de Champniers, de Rochechouart, de Chasluz, de La Coussière, de Bruzac, de Maravau et de Pansou, de St-Pardoulx-la-Rivière, de Reillac, deMillac, de Thiviers, de Limoges, de St-Yrier, de Jumilhac, de St-Angel, de Saint-Front-la Rivière, Quinsac, Champaignac, Villars et la Chapelle-de-Montmoreau, qui montent en argent deux cens quatre-vingt et treize livres neuf sols sept deniers tournois, trois cens trente sestiers froment, quatre cens dix sestiers un boisseau seigle, neuf vingt sestiers et demy advoine. Et en outre une maison appelée la Grande Maison Neuve, sittuée dans la ville de Nontron, entre la maison de maître Jean de Labrousse et la rue publique par laquelle lon va de la grande rue au semitiaire de St-Mathelin, ensemble les jardins et prés dicelle maison... Et pareillement les cens et rentes et autres droits et devoirs acquis des Roy de Navarre et du seigneur d'Albret, en la paroisse de St-Angel, qui montent en deniers quatre livres seize sols et quatre deniers tournois, dix sestiers froment, trois sestiers seigle et quatre sestiers advoine. »

« Lot de Jeanne Pastourelle, mineure. — Est advenu et luy appartiendra ce que s'ensuit assavoir est la grange ou est le pressoir... La fuye et colombier estant près et devant le moulin du chasteau... La quarte partie des vignes et garennes... La moytié du grand pré du chasteau du côté dicelle grange... La tierce partie de la grande forest du coté du Petit-Gilou, avec les cens et rentes... (Sur dix maisons et jardins au bourg de Javerlhac et sur villages et tènements dans les paroisses de Javerlhac et d'Hautefaye) s'élevant à : argent, vingt cinq livres quinze sols cinq deniers tournois, soixante six sestiers un boisseau froment, dix sestiers seigle et mesture, quinze sestiers et un boisseau advoine... Plus la vigerie de la ville de Nontron, les droits et devoirs dus es terres et seigneuries du Bourdeys, de Javerlhac, de Varaignes, de Charas, de Bordeilles et de La Tourblanche, de Chadeihl, de Vertillac, de Vertuihl et de Calo es contats de Périgueux, Bergerac, Monpézat, Miramont; les paroisses de Nontronneau, Bondazeau, St-Martin, de Feuillade avec le jardin acquis de noble Guichard de St-Laurent ; de Manzat, St-Méard, St-Martial Dartouze, St-Front et St-Gervais au pays d'Angoumois et de Xaintonge, qui montent à soixante six gelines, argent neuf vingt dix livres, sept sols et neuf deniers tournois, cinq cens quatre-vingt trois sestiers un boisseau froment, onze vingt sestiers et un boisseau seigle, sept vingt quatorze sestiers et trois boisseaux advoine... Item les cens et rentes et autres droits et devoirs acquis desd. Roy de Navarre et seigneur d'Albret es paroisses de St-Martin, Nontronneau, Bondazeau, Feuillade et St-Front de Champniers, qui montent en argent a vingt huit livres dix sols quatre deniers tournois, soixante trois sestiers et trois boisseaux froment, vingt-cinq sestiers seigle, quarante sestiers trois boisseaux advoine. »

« Lot de Marguerite Pastourelle, mineure. Sont avenus et luy appartiennent ladite maison ou chasteau du coté de la cour comprenant seulement les hautes et basses chambres et soulier estant sur icelles... ensemble la basse-cour depuis le grand portail dudict chasteau... et pour recompense de la moins value aura la d. Marguerite la place estant au bout de ladicte maison pour y édifier des autres chambres... Ensemble lestable estant au bout dicelle basse-cour et pareillement le four banal du dict lieu de Javerlhac par moitié que ses dites sœurs et les leurs pourront faire cuire leur pain pour leur usage, sans payer aucun fermage ni trybut, et si bon leur semble faire édiffier autres fours pour leur usage tant seulement... Pareillement la moytié du grand pré dudict chasteau devers le moulin appelé des Martins joignant au fleuve du Bandiat... Ensemble la tierce partie de la grande forest... La quarte partie des vignes et garennes du chasteau... Pareillement les cens et rentes... (sur villages et tènements du bourg et paroisse de Javerlhac et de la paroisse d'Hautefaye) somme toute, argent vingt-deux livres neuf deniers tournois, soixante et une gelines, cinquante-six sestiers froment, seigle, baillarge et mesture vingt six sestiers deux boisseaux, avoine vingt deux sestiers et un boisseau. Et pareillement... les autres cens et rentes, droits et devoirs... es paroisses terres et seigneuries de Bernardières, de Arnazat, Bourzac, Daubarède, de Ste-Allaye, de Chalais, de Luzignac, de St-Martial de Viveroux et de Bartillat, qui montent argent deux cens onze livres dix sept sols, sept cent quatre vingt trois sestiers froment, huit vingt quinze sestiers seigle, douze vingt deux setiers avoine. Et en outre les maisons appartenant au dit feu Dauphin Pastoureau en la ville de Libourne et cinq livres tournois... Aussy les maisons nommées de Lestrade et de Mazelaigne avec les dîmes et carts de vin a luy dus en la ville de Nontron, en la paroisse de St-Martial et a lentour. Plus... en récompense des paroisses et autres choses acquises desd. Roy de Navarre et seigneur d'Albret cinquante livres chacun an de rentes dues es lieux et paroisses, terres et seigneuries de Poursan, Toursan et Chantemerle... »

« Et aussy a este dit et accordé entre icelles parties que au regard du moulin dicelui chasteau par entier et au partage dicelle Jeanne ses sœurs et leurs héritiers et successeurs pourront et leur sera loisible et permis faire moudre leurs grains et blés au dit moulin sans payer aucun trybut ny moulange. Et auront les dites sœurs chacune en son propre la justice et droits dicelle, ensemble le droit de [Pie…lle] et péage demeureront communs entre icelles parties et sera icelle justice exercée par mesmes officiers jusquà ce quautrement sera advisé par elles... ».

« Donné et fait au chasteau de Javerlhac, sénéchaucée de Périgueux, présens à ce honorables hommes maistres Martial Audier, avocat du Roy en Guyenne, Jean Luquas de St-Genest, curé de la paroisse de Javerlhac, témoins a ce appelés le vendredy seizième jour du mois de septembre lan mil cinq cens cinq. — Signé : J. Mautrot... »

 

Les extraits qui précèdent ont été tirés d'une traduction de l'acte original en latin et sur une copie d'une écriture du xviie siècle, dans laquelle il est encore constaté que :

« Au regard des meubles comme or, argent, monnoye et a monnoyer... Et au regard des autres meubles comme de blés, huyle, fer, sel, vin, draps et autres choses, reserve lustensile de maison les dits de Marcillac et sa femme sen sont contenté, comme appert par lettres sur ce reçues par maistre Vves Pecon, notaire. »

 

En vertu de cet acte de partage, les quatre filles de Dauphin Pastoureau, leurs maris et leurs descendants, ou représentants à la suite de ventes et échanges divers, devinrent donc coseigneurs de Javerlhac, ainsi qu'il résulte, d'ailleurs, des autres documents suivants :

D'abord, en ce qui concerne les dites filles de Dauphin Pastoureau, voici quelle était leur situation, d'après une instance pendante entr'elles et le roi de Navarre au sénéchal de Périgord, en 1537 et années suivantes, au sujet du rachat des paroisses aliénées par Alain d'Albret, et l'extrait suivant d'un mémoire judiciaire d'alors, conservé aux Archives des Basses-Pyrénées :

« Très hault et très excellent prince Henry, par la grâce de Dieu Roy de Navarre comte de Périgord et viscomte de Limoges, baron de la baronnie de Nontron... impétrant et demandant contre François Texier, escuyer, fils héritier universel de feue Jehanne Pastorelle, fille naturelle de feu Daulphin Pastoureau et de son vivant héritière dicelluy pour la quatrième partie, monsieur maistre Geoffroy de La Chassagne, conseiller du Roy au Parlement de Bordeaux, comme tuteur de damoiselle Marguerite Douhet, héritière universelle de feue damoiselle Françoise Pastourelle, fille du dit feu Dauphin pour laultre quarte partie, damoiselles Jehanne et Françoise de Marsilhac, filles héritières universelles de Marie Pastourelle, fille en son vivant et héritière universelle du dit feu Daulphin pour laultre quarte partie, et Pierre de La Place, escuyer, comme père de maistre Hélies-Pierre de La Place, licencié, Raymond, Jehan et autre Jehan, Charles et Bertrand de La Place, escuyers, fils et héritiers universels de feue damoiselle Marguerite Pastoureau, aussi fille en son vivant et héritière universelle du dit Daulphin pour laultre quarte partie... ».

Voici, maintenant, les actes antérieurs et postérieurs relatifs à la seigneurie de Javerlhac et aux modifications survenues de 1505 à 1789 :

« Le 4 novembre 1507. — Alain sire d'Albret comte de Dreux de Gare de Penthievre Périgort... vicomte de Tartas et de Limoges, sçavoir faisons que aujourdhuy... a comparu par devant nous maistre Barthélémy Tessier, docteur en droicts, conseiller du Roy en sa Cour du Parlement de Bourdeaulx, lequel estant à genoilx pardevant nous la teste nue et ses mains joinctes entre les nostres, nous a faict et preste au nom et comme mary et conjoincte personne de Jehanne Pastourelle, sa femme, fille de Daulphin Pastoureau, en son vivant seigneur de Javerlhac, les foy et hommaiges et serment de feaulté que tenu nous est faire et prester au nom que dessus de la quarte partye des chastel, chastellanie, terre et seigneurie de Javerlhac, en toute justice, haulte, moyenne et basse, mere, mixte et impere et de ce que en despend et exercice dicelle, avec la quarte part des dixmes de la paroisse du dict Javerlhac et aultres deues à cause de la dicte seigneurie et des paroisses d'Abjac, Auginiac, Savinhac, de la maison noble du Breuil, et des biens tenus en partie de la maison noble de La Beytour, et générallement de tous et chascuns des biens advenus et escheux à la dicte Jehanne Pastourelle, dans la succession de son dict père, scis et situés tant en nostre viscomté de Limoges que chastellenie, terre, seigneurie et ressort de Nontron. Auxquels foy et hommaige et serrement de feaulté lavons receu et recevons sauf nostre droict et laultruy... Payera les aultres droicts et debvoirs sy aulcuns estoient deus et baillera son dénombrement dedans le temps accoustumé de droict... Donné en nostre chasteau d'Excideuil le quatriesme jour de novembre de lan mil cinq cens et sept... ».

« Le 13 novembre 1507. — En l'abbaye de Branthome, hommaige au dict Alain d'Albret par son bien amé maistre Jehan de Marcilhac, notaire et secretayre du Roy, greffier de sa Cour du Parlement de Bourdeaulx, au nom et comme mary et conjoincte personne de damoyselle Marie Pastourelle, sa femme, fille de feu Daulphin Pastoureau[2], en son vivant escuyer, seigneur de Javerlhac... de la quarte part et portion des chastel, chastellenie, terre et seigneurie de Javerlhac, en toute justice, haulte, moyenne et basse, mere mixte impere... et les paroisses de St-Angel et Rilhac, et des biens cens et rentes et aultres droicts tenus en partie des maisons nobles de La Beytour et du Brieudet... » (Voir, pour le surplus, l'hommage précédent)

«  Le 15 octobre 1541. - Hommage rendu par Marguerite de Marcillac. »

« Le 15 novembre 1541. - Hommages rendus séparément par : 1° François Texier, fils de Jeanne Pastoureau, seigneur de Javerlhac et du Breuil ; 2° Pierre de La Place, comme père et administrateur des enfants nés de son mariage avec feue Marguerite Pastoureau; 3° et par M. le conseiller de La Chassaigne, pour la tierce partie des paroisses d'Abjac, Auginhac et aultres distraites de la quarte partie de Javerlhac, comprises dans le lot de Françoise Pastoureau, épouse Douhet. (Doat). .

«  Dans un acte du 10 mars 1567, Me Joseph de La Chassaigne, président au Parlement de Bourdeaux, est qualifié de seigneur de Javerlhac, en partie. »

«  Le 21 juin 1578, vente à Antoine Vigier de St-Mathieu, d'une partie de la chastellenie, terre et seigneurie de Javerlhac, par Charles de Brémont et Louise de Valsergue, sa femme, ayant droit par transport de Jean Payen, petit-fils de Marie Pastoureau, épouse de Marcillac, dans le lot de laquelle cette partie avait été comprise, et dont l'acquéreur rendit hommage, en 1579, à Henri III, roi de Navarre. »

« Le 4 février 1584, François Texier, fils d'autre François et de Catherine de Lembertie, rendit hommage de la quatrième partie de Javerlhac. »

« Du 30 juillet 1595, acte judiciaire à la requête de Daniel Fourres, escuyer, sieur de Beaulyeu, et conseigneur de Javerlhac, comme estant aux droicts de feu Régné Fourres, escuyer, son père ».

« Le 17 mars 1598, Jehan Vigier de St-Mathieu, sieur d'Allonis, assigna sur la terre et seigneurie de Javerlhac, la somme de six mille livres par transaction entre lui et son frère, Charles, avec Anne Vigier, veuve de Campniac. .

« Le 12 avril 1612, saisie de la tierce partie de Javerlhac, et adjudication au profit de Michel Bordier, sieur de Beaumont. ».

(…)

Mais revenons au bourg de Javerlhac et à la demeure féodale du seigneur suzerain, petite forteresse construite en plaine et à l'abri de laquelle s'élevèrent successivement l'église, la halle seigneuriale mentionnée dans un acte du 28 février 1710, le four à ban et diverses habitations particulières, ce qui constitua un bourg, entouré de fossés remplis par les eaux du Bandiat et du ruisseau dit Merdanson, ainsi que de murailles avec portes, dont l'une est ainsi indiquée dans le terrier de la famille de La Chassaigne :

 « Du 5 juin 1580, devant Agard, notaire royal, reconnaissance de rente à Geoffroy de La Chassaigne, seigneur en partie de Javerlhac, sur une maison et un jardin à Javerlhac, confrontant avec la rue publique appelée du Queyroux et avecq la maison et jardin de Chapellanie, appartenant à présent à François Texier, seigneur en partie de Javerlhac et avecq le ruisseau qui descend de la fontaine dudit Javerlhac, appelée de Lafaye, et avecq le portal du présent bour tenant au four à ban. Suivant reconnaissance du 22e de juing l'an 1500, signée Pecon, et autre du 29e octobre 1545, signée C. Labrousse. »

Le corps principal du château, avec tour ronde à mâchicoulis baignés par le Bandiat, existe encore et appartient aux familles Boulouneix et Lompré ; mais le donjon, haute tour carrée, indiquée dans le testament de Dauphin Pastoureau de 1503, et dans l'acte de partage de 1620 qui attribua à François Texier le 1er lot, comprenant la tour de St-Mathieu; cette partie du château n'existe plus. (…)

R. de Laugardière.



[1] Voici, comme documents archéologiques et religieux, ainsi qu'au point de vue des mœurs et usages d'alors, les principaux passages de ce testament :

« Comme au commencement de chacune œuvre pour luy donner bon commencament, bon moyen et bonne fin surtout, Dieu omnipotent doibt dignement et humblement estre invoqué et pour obtenir sa grâce sans laquelle ne povons doner bon ourdre à noz opperacions, Je Dolphin Pastoureau, seigneur de Javerlhac de La Beytour, et eslu de par le Roy nostre sire en la élection de Périgort, à présent demeurant en la ville de Nontron, cogitant qu'il n'est chose en ce monde que la présente vie ne preigne fin ayant intention délibérée de ourdouner et fere mon darnier testament comme chacun homme sage doibt fere... et pour ce a mon aide humblement je invoque Dieu omnipotent. Premièrement je me garnis du sainct et vénérable signe de la sainte croix ou nostre rédempteur et saulveur Jhesus en quant que home print mort et passion pour moy rachapter et tout humain linyage du servage ou estions par le peche originel, mis et desgetez de la justice originelle que je faict sur tout mon corps, disant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, amen, requérant humblement a nostre dict Seigneur et rédempteur que luy plaise me donner grâce que en tous mes actes et afferes jay toujours mémoire et recordance de sa benoiste passion qui est nostre rédemption. Et pour ce, je recommande humblement a Nostre-Dame, sa benoiste mère, et aux mérites et intercessions de monsieur sainct Estienne le premier martyr du nouveau testament, mon père et patron, à monsieur sainct Jehan-Baptiste, à monsieur sainct Michel et à tous aultres angelx et archangelx de Paradiz, à monsieur sainct Jehan évangeliste, à monsieur sainct Pierre, prince des appostres, et a tous les aultres appostres, evangelistes et disciples de nostre dict Seigneur, à tous les martyrs, vierges et confesseurs et saincts et sainctes de la Cour sélestiel de Paradiz. Et quand sera le plaisir de Dieu que mon ame sera séparée de mon corps, je requiers que mon corps soet ensevely au couvent des Frères mineurs de Nontron es tumbes de mes pere et mere, devant lostiel de monsieur sainct Jehan, avec lhabit de monsieur sainct François et que soiet enterré honorablement et selon mon estat, et que sur ma tumbe soiet mis ung tahu couvert dung drap boneste, tout ainsi que les nobles et gentilshommes ont acostumé de fere. Item veulx et ourdonne que au jour de ma sépulture soyent deux cens presbtres, autant à la septenne et autant au chief de lan, a conter du jour de mon trespas et a chascun veulx que soet donné trois soulx. Item veulx et ourdonne que au jour de ma dicte sépulture soet ovres vingt livres cire et vingt et quatre torches et autant à la septenne et autant à lannée, et veulx aussy et ourdonne que le jour de ma dicte sépulture soet ovrée une engoulle de cire poysant huict livres. Item veulx et onrdonne que a chascun que porteront les dictes torches soet donné une alne de gros morequin pour leur fere chacun une robe de dol, et leur disner. Item veulx et ourdonne que au jour de ma dicte sépulture soyent  donnés vingt sestiers de froment pour aulmosne, autant à la septenne et autant au chief de lan. Item donne et lègue à lesglize de monsieur sainct Estienne une chappe et ung courparaulx de camelot noer. Item plus un calice de xxx livres. Item une chappe processionelle de camelot blanc à la grant confrérie de Nostre-Dame. Item donne plus et lègue au curé de la dicte esglize de monsieur sainct Estienne de Nontron quinze soulx de rente affin quil soye tenu toutz les dimanches prier Dieu et Nostre-Dame et fere commémoration et remembrance pour moy et ma femme et nos parens et amys. Item donne et lègue au couvent des Cordeliers de Nontron pour la réparation du corps de leur esglize cinquante livres tournez une foys payées, une chappe, ung corabeau de camelot et ung ensessier dargent de la valeur de xxx livres, par en ce les Frères du dict couvent seront tenus toux les jours de lan. durant ung an après mon deceps, dire ung me recordere sur ma tombe et mon corps, fere la procession en tour le clostre, et après le dict tems les lundis solement. Item plus donne et lègue à laumosnarie de cette ville de Nontron, a la reparacion dicelle dix livres tournez une foys payées, lesquelles seront distribuez par mon beaufrère Jehan Pastoureau.

Item donne et lègue à la réparation du Moustier de monsieur Sainct-Saulveur de Nontron dix livres tournez une foys payées. Item donne et lègue au monastère des religieuses de Sainct-Pardoulx-la-Revière, uue charge de vin de rente à moy dhue par François Boche, à cause d'une vigne, et vingt soulx de rente à moy dhus par Pierre Pontet à cause de certaines vignes assises au dict Sainct-Pardoulx, et en ce les religieuses du dict monastère seront tenues moy dire nng me recordere toutes les sepmaines a quel jour que decederé. Item donne et lègue à la confreyrie de monsieur sainct Mathurin de Nontron six livres de cire une fois payées. Item donne et lègue à l'esglise de monsieur sainct Estienne de Javerlhat une chappe et ung cortibaulx noers esquels seront mes armes. Item donne et lègue a lesglisse d'Althefaye une chappe de camelot noer. Item donne et lègue à lesglisse parriochialle d'Auginhac une chappe de camelot noer une foys payée. Item donne et lègue à François Pastoureau, fils de Jehan Pastoureau, mon beau-frère, affin qu'il soet tenu moy dire ou fere dire, cependant quil demeurera estre presbtre, deulx messes la sepmaine, ce est assavoir le lundi et le vendredi, lesquelles seront dictes au dict couvent des Cordeliers à lostiel des dictes tumbes, assavoir, est mon pré et clos nommé des Champs, confronte avecques le chemin que va de Nontron aux Isles et avecques le fleuve du Bandiat et avecques le pré des hoirs d'Emery de Labrousse et aussy trente cinq soulx a moy dhus de rente perpétuelle par Jehan de Nozirac, a cause du pré joignant au dict reclos, et quarante souls et six deniers renduaulx a moy dhus par Heliot Mercier à cause de son pré des Isles. Item plus une myenne maison assise en la ville de Nontron, confronte en la rue publique et avecques la maison de maistre François de Puysillon. Et veulx et ourdonne que au cas que le dict François cessera dire ou faire dire les dictes messes que mes hoirs puissent de leur autorité privée prendre les dictes choses et fere dire les dictes messes à un antre. Item................... (Suivent quatre legs portant remises de parties de sommes dues au testateur pour arrérages de rentes, ventes de vin à raison de « douze escus la pipe double, réduits à neuf escus)..................................................................................... » Item, je dis plus et déclare que je doys à messire Pierre Pinguet, presbtre et cure de Sainct-Martin, cent escus. Item doys à messire Hélie de Villechaslane, presbtre, ung escu. Item je veulx et ourdonne que ma bien aimée Marion Pastourelle, ma femme, soit dame et maîtresse de tous et chascuns mes biens tant quelle vivra en viduyté, sans rendre compte et sans quelle soet tenue de faire aucun inventaire de mes dictz biens, ains prohibe et défens a tout juge de le fere. Item donne et lègue à la ville de Nontron cens livres tournez pour faire venir une fontaine, lesquels veulx que soyent mis entre les mains de Janot Pastoureau, mon beau-frère, pour les faire distribuer à icelle fin faire venir.... (Suivent cinq paragraphes relatifs à des intérêts de famille, le partage de la fortune du testateur en quatre parts égales, nomination de tuteur, et d'exécuteur testamentaire). Item veulx aussy que se y a aucunes gens qui me pourront adevoer aucuns arreyrage daucun profit ou rente, quils ne payent les dicts arreyrages, ains les leur aye donnez et donne. Et ce est mon dernier testament, etc. »

Ce testament, dicté par le testateur, en présence de neuf témoins y dénommés : Janot Pastoureau, Jehan Le Reclus, dict Le Moyne, François Mailhard, dict Vilhaboys, Jehan Camaing, dict Massiot, marchans de la ville de Noutron ; Jehan Magadon, barbier, et Jehan de Nozirac, sergent, de la dicte ville; Benoist de Serveliere, Martial Dohet et Martial Martin, de Limoges; il fut écrit et scellé par maistre Pierre de Doumallhat, notere commissere et jure de la court du scel de la vicomte de Limoge, le vingtiesme jour de may de l'an mil cinq cens et cinq.

[2] Pastoureau. D'après une tradition conservée dans cette famille, un cadet de maison noble du Poitou, fourvoyé dans l'une des bandes de Pastoureaux de 1251, fut blessé dons une rencontre et laissé à Nontron, où il se fixa en prenant et gardant le nom de Pastoureau. Si, à l'appui de cette tradition, nous consultons les documents écrits, nous y trouvons que deux Pastoureau étaient propriétaires à Nontron en 1357, d'après les titres suivants, mentionnés par Doat, vol. 241 :

« 1357 . . . Instrument mentionnant que certaine maison assise au bourc de Nontron, entre le four d'Aixe et la maison de Jacques Peytoureau, est de la fondalité du vicomte die dominica post festum beati Marcialis anno Domini CCC° quinquagesimo septimo. 1857 . . . Acte de la rente due au vicomte sur certain solar portal et autres biens sis à Nontron et appartenant à Jehan Pestorele et Pierre Savenya. Die lune post hiemale festum beati Martini anno Domini millesimo trecemtesimo quinquagesimo septimo. »

Ce Jehan Pastoureau (Pastorelli) serait-il fils ou frère de Jacques, et celui mentionné dans le Dictionnaire de jurisprudence de Guyot, v° ministère public, en ces termes :

« Il n'y eut pas au Parlement d'avocats ou de procureurs du roi avant 1300, Jean Le Bossu et Jean Pastoureau sont cités dans toutes nos annales comme les premiers officiers qui furent appelés avocats du roi. »

Après eux, dans le cours des xive et xve siècles, apparaissent Eymeric, Pierre et Jehan Pastoureau qui descendent probablement du Jacques ou du Jehan Pastoureau de 1357. Il est question des trois frères dans des titres de rente de 1430, 1438, 1439, déjà cités, de Pierre et de Jehan dans une autre du 26 mai 1472 et de Pierre, seul dans deux autres des 24 août 1474 et 3 juin 1476, dans lesquelles ledit Pierre est qualifié de: Prudente et honesto viro petro Pastourelli mercatore et burgeni ville de Nontronii.

Les descendants de Jehan et de Pierre Pastoureau formèrent deux branches : 1° Jehan, qui dut avoir pour fils Dauphin Pastoureau, marié avec sa cousine, Marion Pastourelle, qui ne lui donna que quatre filles et laissa tomber cette branche en quenouille, ainsi que nous l'avons suffisamment démontré plus haut. Jehan Pastoureau eut aussi une fille, Marguerite. 2° De Pierre Pastoureau provinrent Jehan, dit le Vieux, et une fille, Marion, unie à Dauphin. Jehan dit le Vieux se maria avec sa cousine, Marguerite Pastourelle, ainsi qu'il appert du testament dudit Dauphin et de divers titres de rente, notamment d'un acte du 15 avril 1495 consenti par lui et Marguerite Pastourelle, sa femme, Prudente viro Johannes Pastourelli senore mercatore et proba muliere Margarite Pastourelle sua uxore, et portant cession de six sous de rente sur un jardin joignant les prés de Janot, de maître Gérald et de maître Pierre Pastoureau frères, prati Janoti, magistri Geraldi et magistri Petri Pastourelli fratribus.

Ce dernier acte nous révèle l'existence dune troisième branche qui doit provenir d'Eymeric Pastoureau, de 1430, qui dut avoir aussi pour fils Daniel marchand, qui, le 6 août 1480, consentit au seigneur de Nontron une reconnaissance de rente sur une maison dans la ville vieille de Nontron. Nous Irouvons encore sur cette branche les renseignements suivants :

« Le 20 avril 1486, noble Pierre de Beaulieu vendit à Jeannot et Gérald Pastoureau diverses rentes sur le tènement de Lascouts, paroisse de la Chapelle-Pommier. Par testament du 33 juin 1503, reçu Blois, notaire, maistre Gérald Pastoureau, licencié ès-lois de la ville de Nontron, fonda dans l'église du monastère de St-Pardoux-la-Riviere quatre anniversaires à célébrer après quatre festes de Noël, Toussaints, Pasques et la Pentecoste, pour un sestier froment, huit sols argent et une poule sur le mainement de Cossevigne, paroisse d'Abjat, plus quatorze boisseaux froment, quinze seigle, dix advoine et dix sols argent sur le village de Lascouts, paroisse de la Chapelle-Pommier. Avant sa mort, et le 2 octobre 1505, ledit Gérald fonda à Nontron une vicairie dite Nostre-Dame-de-Pitié, à laquelle ses descendants nommèrent le titulaire en 1514. Jeannot dut se marier avec Louise Pastoureau qui, dit Nadaud dans ses mémoires manuscrits I, p. 114, fut femme de Jean, marchand de Nontron, testa le 22 mars 1523 et veut trois cents prêtres à son enterrement, autant à la septaine et autant au bout de l'an. Ils durent avoir pour fille Jeanne, veuve de Mathurin Poisson, avocat au présidial de Périgueux, d'après deux reconnaissances de rentes à elle consenties le 9 décembre 1535 et où elle est ainsi dénommée : Nobilia Johanna Pastoureau vidua honorabili et seneschali viri magistri Pissis cum vivebat advocati in curia presidiali et seneschali petrocorensis. Quant à Pierre Pastoureau, licencié ès-lois, nous ne trouvons sur lui aucun document écrit, à moins de supposer qu'il devint le chef de la branche des Pastoureau, seigneurs d'Ordière en Poitou et à lui rattacher, ou à ses descendants, les alliances suivantes, indiquées par Nadaud : Louise Pastoureau éponsa N. Paulte, dont la fille, Antoinette, épousa François de Bousiers, écuyer, le 29 novembre 1579. Le 27 mai 1515, Françoise ou Antoinette Pastoureau épousa Martial Audier, conseiller au parlement de Bordeaux, seigneur de Montcheuil. Le 1er août 1594, Josias de Livron, écuyer, épousa Esther Pastoureau, fille de Jean Pastoureau, escuyer, seigneur d'Ordières, et de Jeanne Travers. Le 5 décembre 1512, Hélie Couradin, sr du Vignaud, épousa Anne Pastoureau. Le 14 mai 1623, Jeanne Pastoureau épousa Jean des Hoches, fils de Jonathan, sr de Douzat, et de Marguerite du Sault. Le 23 avril 1628, Pierre de Moneys, chevalier, épousa Esther Pastoureau. En 1650, Jean de Montfrebœuf, sr de La Nadalie, épousa Marie Pastoureau.

Mais revenons aux Pastoureau de Nontron et à la branche de Jehan dit le Vieux, qui, de son mariage avec Marguerite Pastourelle, eut : l° Jean, qui suit; 2° François, d'après le testament, en 1505, de son oncle Dauphin Pastoureau.

Dauphin, dit le Jeune, Prudente viro Pastourelli junior burgeni et mercator ville Nontronii, d'après des titres de rentes de 1487 et de 1508. De son mariage avec Marguerite Régis ou Roy, il eut trois enfants, ainsi qu'il appert d'une reconnaissance du 9 janvier 1514 consentie en faveur de sa veuve, honesta muliere Regina vidua Pastourelli junior, comme légitime administratrice de François, Jean et Estienne, leurs fils François, entré dans les ordres, devint abbé de Blanzac, et Etienne paraît être décédé sans postérité, car ses deux frères figurent seuls dans divers titres de rente des années 1519, 29, 30, 31, 32 et 1535 en ces termes : « Au profit de saige homme Jehan Pastoureau, marchan, fils de Jehan Pastoureau, dict Capduc, par le temps qu'il vivoit, marchand de Nontron, tant pour luy que pour vénérable personne mestre François Pastoureau, prestre, abbé de Blanzac. »

Jehan Pastoureau est aussi qualifié de Toutbon dans une reconnaissance du 4 janvier 1524, consentie au seigneur de Nontron par lui et François Pastoureau, son frère.

Jehan Pastoureau, dit Toutbon, se maria avec N..., dont il eut Thibeaud et, probablement : 1° Louise, à laquelle fut consentie le 10 janvier 1542, par Anne Goulard, veuve de maistre Jehan de Puisillon, seigneur de La Faye, une reconnaissance mentionnée dans le terrier de la famille Pastoureau. Elle se maria, d'après Nadaud, avec N... Paulte et en eut Marguerite, qui épousa, le 29 novembre 1579, François de Hougier, écuyer; 2° et Charlotte, qui se maria, vers 1564, avec noble Martial Guyot.

Thibeau Pastoureau, seigneur de La Grange, qualifié de lieutenant des Roy et Reyne de Navarre dans leur ville et baronnie de Nontron, dans divers actes de rentes de 1550, 77, 82, 84, 86. 88 et 1597. Il se maria avec Marguerite de Labrousse, de laquelle il eut : 1° Florence, mariée le 4 janvier 1617 avec Annet de Pindray, écuyer, sr de La Neulhie, dont 1° Pierre, marié le 28 août 1647 à Charlotte de Saint-Laurent, de laquelle Jacquette, mariée le 3 juin 1692 à Claude de Conan, dans les archives duquel nous avons recueilli une partie des terriers et des titres de la famille Pastoureau; 2° François de Pindray, décédé sans enfants, et 3° Isabeau, mariée à Hereuillais de Massougnes, escuyer, seigneur du lieu noble de Chamfaron, suivant contrat de mariage du 20 janvier 1649 par lequel le père de la future lui constitue :

« Tant dans la succession de deffuncte damoiselle Florence Pastoureau, sa mère, que de deffunct Pierre Pastoureau, escuyer, sr de La Grange, son oncle maternel, de demoiselle Marguerite de Labrousse, son ayeule maternelle, que de feu François de Pindray, escuyer, son frère germain, la moityé de certaine maison noble sittuée en la place appelée de La Cayo, en la ville de Nontron, commune et indivise avec Pierre de Pindray. escuyer, sr de Lacau, son frère germain, avecq la moityé de toutes les rentes aussy indivises par moityé entre sondit frère... et tout ainsi que lesdites maisons et rentes leur sera escheus par la succession dudit Pierre Pastoureau... par le contrat de transaction partage du 26 mars 1630, devant Amblard et Lenoble, notaires royaux ».

III° Ledit Pierre Pastoureau, décédé au repaire noble de La Grange, paroisse de Nontron le 27 août 1627 et sans enfants de son mariage du 25 septembre 1623 avec Jehanne Védrenne fille de Léonard Védrenne, jnge des juridictions d'Augignac et Savignac.

IV° Autre Pierre Pastoureau, marié avant 1596 avec Florence de Lacroix, d'après l'acte de baptême d'Honorette, leur premier enfant, du 20 octobre 1596, et décédé avant 1603, suivant acte du 14 avril de cette année, portant vente de certains fonds à M. Pierre Maillard, seigneur de Lafaye, par Florence de Lacroix, veuve de Pierre Pastoureau. De ce mariage : 1° Honorette, baptisée en 1596, ayant pour parrain Thibeaud Pastoureau, son grand-père, se maria le 17 janvier 1617 avec François Texier, docteur en médecine; 2° et François, marié avec Marguerite de Labrousse, dont Helie, baptisé le 30 novembre 1636.

(…)

Telles ont été les principales branches de cette famille Pastoureau, dont le nom se retrouve à chacune des époques et des phases de notre histoire locale, ainsi que de la majeure partie du Nontronnais.

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