Source: Bulletin SHAP, tome XV (1888) pp.
239-273.
ESSAIS TOPOGRAPHIQUES,
canton de
nontron. (Suite.)
VII.
— Commune de Javerlhac.
Cette commune, située,
en entier, sur le terrain calcaire secondaire de première formation, est
composée des anciennes paroisses de Javerlhac et de La Chapelle-Saint-Robert.
Elle confronte : à l'ouest, au département de la Charente, au nord, aux
communes de Teijat et de Varaignes, à l'est et au sud, à celles d'Hautefaye et
de St-Martin-le-Peint.
On y trouve les
bourg, villages, hameaux et lieux ci-après :
Forge de la Chapelle-Saint-Robert, sur le Bandiat. —
La Grande-Métairie. — Les Essards. — Bourg de La Chapelle-Saint-Robert. — Les
Giroux. — Las Badias. — Et dans la paroisse de Javerlhac : La Meynardie. Le Buisson. — Forge-Neuve, sur le Bandiat. —
Le Maine-Janicot — La Fayolle. — Le Maine-Chambard. — La Petite-Forest. —
Chez-Joly. Puymanin. — Bourg de
Javerlhac et moulin sur le Bandiat. — Pis. — Moulin de Pis sur la Doue. — La
Cour. — Chez-Maronnet. — Moulin de Fontjean, sur la Doue. — Tassat. — Les
Brousses. — Frugier. — Puy-Mauger. — Les Chenaux. — Jomelières. — Le
Petit-Jomelières. — Richardières. — Chez-la-Belle. — Ville-de-Bos. —
Chantegreau. — Le Grand-Gilou. — Le Petit-Gilou. — Le tout à travers des
collines, qui vont de plus en plus s'amoindrissant et n'ont plus que 170, 190
et 201 mètres d'altitude.
La population de
la paroisse de La ChapelIe-Saint-Robert, était : en 1365, de 72 habitants pour
12 feux ; de 295 au xviie siècle, et en 1804, de 227 pour 54
maisons. Celle de la paroisse de Javerlhac, de : 594 habitants pour 99 feux, en
1365 ; de 1,126, au xviie siècle ; de 993 pour 213 maisons, en 1804
; depuis la réunion des deux paroisses, de 1,038, en 1852; 1,542, en 1856 ;
1,486, en 1861 ; 1,518, en 1860 ; 1,351. en 1872; 1,464, en 1876; 1,656, en
1881.
La seigneurie de
Javerlhac, dépendant de la baronnie de Nontron, avait pour seigneurs suzerains
les vicomtes de Limoges, qui l'aliénèrent successivement au profit de seigneurs
particuliers, parmi lesquels nous retrouvons les suivants :
1291. — Bernard
Ramnulphi est qualifié de seigneur de Javerlhac, dans son testament, dont
Nadaud donne l'analyse suivante, que nous devons à l'obligeance de M. l'abbé
Lecler :
« Bernard
Ramnulphi, chevalier, seigneur de Javerlhac, où il veut être enterré avec ses
parents, fait son testament à Angoulême, le mercredi après l'octave de la
Purification, 1291. (Arch. des Frères prêcheurs de Limoges). Il lègue à
l'évêque de Limoges dix sols pour faire commémoration pour le salut de son âme
en plein synode, au temple et à l'hôpital ; à chaque couvent de Grosbos,
Peirouse, Boschaud (monastère de Bernardins, diocèse d'Angoulême et de Périgueux),
de Bosco-de-Hu (Le Bourdeix) une réfection de pain et de vin ; au couvent des
Frères mineurs de Nontron, une réfection entière, et à celui des moniales de
Bobon, pleine réfection de pain et de vin en carême et à toujours; aux curés, capellanis, de Javerlhac ; Varaigne, Varanea ; Lussas, Hautefaye, Altafagia; Teyjac, Teyjaco, Saint-Martin-le-Peint
et de Burgo-de-Hu ; veut que la fête de sainte Catherine soit faite chaque
année de ses biens par ses héritiers dans son hôtel, hospitio de Javerlhac, ses funérailles honorablement plane et honorifique, ainsi qu'il
est de coutume entre les chevaliers du château et châtellenie de Nontron, et
encore plus honorablement s'il se peut ; qu'on tienne toujours dans son hôtel
de Javerlhac trois pauvres indigents auxquels on donne du pain et du potage une
fois le jour; qu'on donne à la porte l'aumône une fois le jour à tous pauvres
venants, ainsi qu'il est de coutume. »
Ce testament
fut exhibé à Angoulême le samedi avant sainte Catherine 1301, par l'exécuteur
Gérald de Loberston, chanoine de la cathédrale, en présence de Guilhaume,
évêque, de Jean de Layo, doyen, et de Fulco de La Roche, archidiacre, gardien
des Frères mineurs de Nontron ; de frère Gérald de Chiesa, de l'ordre des
Frères mineurs, de frère Guillaume, prieur de la Chapelle-Saint-Robert, Jean
Iterii, vicaire de Javerlhac, Adhémar de Manhas et Itier de Lussas, damoiseaux,
et Arnaldus Barbari, clerc.
L'inventaire
des Archives des Basses-Pyrénées, dressé par M. Raymond, alors archiviste, mentionne,
à la série E. 850 le même seigneur en ces termes :
« 1276. —
Assignation d'une rente de vingt sous de Limoges, sur les biens de Hélie
Bartholier, habitant de Saint-Front-de-Champniers car Renault Vigier, de
Mareuil, chevalier, au nom de Bernard Renoult, seigneur de Javerlhac, en faveur
de Guilhem de Magnac ».
Mais à quelle époque et comment ce
Bernard Ramnulphi devint-il seigneur de Javerlhac? C'est ce que nous trouverons
en partie dans un mémoire judiciaire imprimé à Paris en 1734, à l'occasion d'un
procès, pendant au Châtelet le 2 mars 1730, et renvoyé en la Cour par arrêt du
Conseil du 25 août 1732, au sujet de l'hommage de Javerlhac, entre la famille
de Pompadour et François Texier, alors seigneur dudit Javerlhac. Parmi les
pièces produites par ce dernier, pour prouver que cet hommage serait dû au
vicomte de Limoges plutôt qu'au baron de Nontron, le 28 janvier 1734, s'en
trouvait une de 1248, sur laquelle le mémoire se borne à reproduire les
observations suivantes :
« La
première de 1248 est inutile pour deux raisons : l'une parce que Nontron étoit
alors démembré du vicomte de Limoges, de même que la forteresse de Javerlhac
pour Bernard Ramnulphi et les siens, c'est-à-dire pour ses descendants suivant
l'usage qui s'observoit alors, qu'ainsi l'homage que Bernard Ramnulphi rendoit
au vicomte de Limoges, tant pour Nontron que pour Javerlhac, ne pouvoit être
alors rendu à Guy vicomte
de Limoges, qu'à cause de la vicomté de Limoges, puisqu'il paroit par l'acte
même que Nontron en étoit séparé. L'autre raison est que Nontron étant revenu
dans la suite au vicomte de Limoges, soit par défaut de descendans de Bernard
Ramnulphi, soit par confiscation ou autrement, la seigneurie de Javerlhac a
toujours été mouvante de Nontron.... »
Nous avons déjà vu, au sujet de la
seigneurie de Nontron, qu'après avoir, en 1258, passé momentanément aux mains
d'Aymeri, vicomte de Rochechouart, par suite passé entre lui et Guy, vicomte de
Limoges, revint, avant 1265, à Marguerite de Bourgogne, sa veuve, qui, dans
cette même année, rendit hommage à Mgr l'évêque d'Angoulême.
Mais, il n'en fut pas de même pour
celle de Javerlhac, qui resta aux mains des héritiers de Ramnulphi,
c'est-à-dire à la famille Vigier, dont un membre l'avait déjà représenté dans
l'acte de rente de 1276, relaté précédemment. C'est ce qui résulte des autres
documents suivants :
« 1298. — Instrument relatant plusieurs hommages
à Yctier de Maignac, de Nontron, a sçavoir par Aymeric Vigier, valetus de Javerlhac, pour deux borderies dans cette
paroisse nommées de La Peyrerède et de la Purelieyra, chastellenie de Nontron. Die lune in octavas Purificatione Beate Marie, anno Domini millesimo
ducentesimo nonagesimo octavo. » (Doat).
En 1355, dit
Nadaud, Marie Vigier, dame de Javerlhac et de Haute-Corne, épousa noble et
puissant Louis de Rochechouart, auquel elle apporta la dite seigneurie de
Javerlhac.
1376. —
Noble et puissant homme Louis vicomte de Rochechouart, chevalier, fit un accord
au nom de noble dame Marie Vigier de Javerlhac, sa femme, avec Brunet de
Grassac, damoiseau, et Almoïde Grougier, sa femme, auxquels il cède une maison
et jardin, moyennant qu'ils cédèrent à la dame
Marie leurs droits sur une rente de treize septiers de froment et seize
septiers de vin doux, par acte passé le 9 juin 1376. » (Dom Villevielle).
De la maison de
Rochechouart, Javerlhac passe à celle de Maumont:
« 1430, au mois de mai, contrat de mariage de Bernard
de Maumont avec Agnès de Rochechouart, par lequel Geoffroy, vicomte de
Rochechouart, constitue en dot à sa dite fille la terre, seigneurie et
hôtellerie de Javerlhac. » (Idem).
« 1455, 20 novembre, par acte passé in loco et castello de Javerlhaco, reconnaissance de rente sur lentement
des Gaboulards, paroisse d'Hautefaye, en faveur de domicellus Johannes de Maumont, dominus a Javerlhaco. — Signé L. Casati ».
« 1458, 7
janvier, autre reconnaissance consentie à : Discreto viro magistro Johanne de Veterimari (Vieillemard)
habitatore loci de Nontronio prœ nomine
nobili et potenti viri domini Johannis de Malamonte militi domini de Javerlhaco.
»
« En 1464, ledit Jean de Maulmon, seigneur de Tonnay-Boutonne
et de Javerlhac, rendit hommage au roy de Navarre, vicomte de Limoges, pour son
chastel et chastellenie de Javerlhac. »
Mais, à
la fin du xve siècle, la dite seigneurie passe aux mains de Dauphin
Pastoureau qui, peu de temps après, acquiert les droits particuliers du vicomte
de Limoges, ainsi qu'il résulte des titres suivants :
« Du 13 janvier 1499, vente de la seigneurie de
Javerlhac par Jean de Maulmont à Dauphin Pastoureau, seigneur du Breuil,
receveur pour le vicomte des cens et rentes, revenus, droits et devoirs des
ville, château et châtellenie de Nontron ».
« Du 24 septembre 1501, vente par Alain d'Albret, tant
en son nom qu'en celui de Jehan, son fils, roy de Navarre à noble homme Dauphin Pastoureau,
seigneur de Javerlhac et eslu pour le Roy en leslection de Périgueux, habitant
en la ville de Nontron ….. de tous leurs héritages, droits et rentes dans la
paroisse et chastellenie de Javerlhac, sous la réserve de l'hommage »... (Voir
cet acte au chapitre de la commune de Savignac.)
Après le décès
de Dauphin Pastoureau, arrivé en juin 1505, la seigneurie, de Javerlhac passa à
ses quatre filles, indiquées dans son testament du 20 mai précédent[1], et suivant acte de partage du 14
septembre suivant, duquel nous donnons quelques extraits comme spécimen du rang
et des richesses de la bourgeoisie de l'époque, s'alliant à la noblesse à
laquelle elle parvenait elle-même, aussi facilement qu'on acquiert,
aujourd'hui, la chevalerie de la Légion d'Honneur.
« Lot de Marguerite Pastourelle, mariée à
Baltazar Douhet. — Deux des trois portions de la maison noble de
Javerlhac avec leschelle à vis, comprenant les quatre salles et chambres, tant
hautes que basses et jusques au plus haut
dicelles.... partie de la basse-cour commençant au coin jusqu'au guichet du dit
chasteau, du côté de la tour dicelluy …….. Un pré de deux journaux
devant ledit chasteau près le pont de la rivière appelée Bandiat.... Deux bois
et deux forets... Le pré du Grougiet de sept journaux dhommes... La quarte
partie des vignes et garennes... Ensemble les cens et rentes sur... (maisons
dans le bourg et divers villages des paroisses de Javerlhac et Hautefaye, y
désignés et formant ensemble) : argent, 25 livres 4 sols et 2 deniers tournois,
gelines 62, cire une livre, froment 57 sestiers, seigle et mesture 21 sestiers,
advoine 22 sestiers... En la ville et paroisse de Nontron es bourgs et
paroisses de St-Martial de Valette, d'Abjac, d'Augignac et de Savignac, qui
montent en argent douze vingt quinze livres dix-sept sols, cent seize sestiers
et demy de froment, deux cens sestiers seigle, quatre-vingt sept sestiers
advoine, le pré appelé le Colombier en la paroisse de Nontron, de deux
journaux... La métayrie des Pouyaux, paroisse de St-Angeau... Les cens et
rentes acquises du Roy de Navarre et d'Alain d'Albret, es paroisses dAbjac,
Augignac et Savignac, qui montent en deniers vingt-six livres douze sols neuf
deniers, vingt quatre sestiers et demy froment, trente six sestiers seigle,
quatre sestiers et demy advoine, aussy les dismes dues aud seigneur en ladite
paroisse d'Abjat, ensemble les quatre forests et droits dicelluy... »
« Lot de Marie Pastourelle, mariée à Me Jehan de Marcillac. — En sus de la
terre et du chasteau d'Aucors, paroisse de Boussac, constitués en douaire par
le contrat de mariage du vingt huitiesme jour d'apvril mil cinq cens... La tour
haute dudit chasteau de Javerlhac avec les jardins et prés contigus depuis les
murailles dentre la basse-cour du chasteau et le jardin depuis les fossés du
dict chasteau jusques au fleuve du Bandiat... non compris le four banal... Le
pré de l'ecluse contenant six journaux... La quarte partie des vignes et
garennes... La tierce partie de la grande forest du coté de la
Chapelle-Sainct-Robert... Ensemble les biens et rentes ci après... (Suit la
désignation des villages et tènements arrentés dans les paroisses de Javerlhac
et d'Hautefaye). Somme toute, en argent, trente livres treize sols six deniers
tournois, soixante cinq gelines, cinquante six sestiers trois boisseaux
froment, seigle et mesture dix-huict sestiers, advoine vingt cinq sestiers deux
boisseaux et demy... Les cens, rentes et aultres droits, es paroisses, terres,
jurisdictions et seigneuries de Puyagut, de Champniers, de Rochechouart, de
Chasluz, de La Coussière, de Bruzac, de Maravau et de Pansou, de
St-Pardoulx-la-Rivière, de Reillac, deMillac, de Thiviers, de Limoges, de
St-Yrier, de Jumilhac, de St-Angel, de Saint-Front-la Rivière, Quinsac,
Champaignac, Villars et la Chapelle-de-Montmoreau, qui montent en argent deux
cens quatre-vingt et treize livres neuf sols sept deniers tournois, trois cens
trente sestiers froment, quatre cens dix sestiers un boisseau seigle, neuf
vingt sestiers et demy advoine. Et en outre une maison appelée la Grande Maison
Neuve, sittuée dans la ville de Nontron, entre la maison de maître Jean de
Labrousse et la rue publique par laquelle lon va de la grande rue au semitiaire
de St-Mathelin, ensemble les jardins et prés dicelle maison... Et pareillement
les cens et rentes et autres droits et devoirs acquis des Roy de Navarre et du
seigneur d'Albret, en la paroisse de St-Angel, qui montent en deniers quatre
livres seize sols et quatre deniers tournois, dix sestiers froment, trois
sestiers seigle et quatre sestiers advoine. »
« Lot de Jeanne Pastourelle, mineure. — Est advenu
et luy appartiendra ce que s'ensuit assavoir est la grange ou est le
pressoir... La fuye et colombier estant près et devant le moulin du chasteau...
La quarte partie des vignes et garennes... La moytié du grand pré du chasteau
du côté dicelle grange... La tierce partie de la grande forest du coté du
Petit-Gilou, avec les cens et rentes... (Sur dix maisons et jardins au bourg de
Javerlhac et sur villages et tènements dans les paroisses de Javerlhac et
d'Hautefaye) s'élevant à : argent, vingt cinq livres quinze sols cinq deniers
tournois, soixante six sestiers un boisseau froment, dix sestiers seigle et
mesture, quinze sestiers et un boisseau advoine... Plus la vigerie de la ville
de Nontron, les droits et devoirs dus es terres et seigneuries du Bourdeys, de
Javerlhac, de Varaignes, de Charas, de Bordeilles et de La Tourblanche, de
Chadeihl, de Vertillac, de Vertuihl et de Calo es contats de Périgueux,
Bergerac, Monpézat, Miramont; les paroisses de Nontronneau, Bondazeau,
St-Martin, de Feuillade avec le jardin acquis de noble Guichard de St-Laurent ;
de Manzat, St-Méard, St-Martial Dartouze, St-Front et St-Gervais au pays
d'Angoumois et de Xaintonge, qui montent à soixante six gelines, argent neuf
vingt dix livres, sept sols et neuf deniers tournois, cinq cens quatre-vingt
trois sestiers un boisseau froment, onze vingt sestiers et un boisseau seigle,
sept vingt quatorze sestiers et trois boisseaux advoine... Item les cens et
rentes et autres droits et devoirs acquis desd. Roy de Navarre et seigneur
d'Albret es paroisses de St-Martin, Nontronneau, Bondazeau, Feuillade et
St-Front de Champniers, qui montent en argent a vingt huit livres dix sols
quatre deniers tournois, soixante trois sestiers et trois boisseaux froment,
vingt-cinq sestiers seigle, quarante sestiers trois boisseaux advoine. »
« Lot de Marguerite Pastourelle, mineure. — Sont avenus et luy appartiennent
ladite maison ou chasteau du coté de la cour comprenant seulement les hautes et
basses chambres et soulier estant sur icelles... ensemble la basse-cour depuis
le grand portail dudict chasteau... et pour recompense de la moins value aura
la d. Marguerite la place estant au bout de ladicte maison pour y édifier des
autres chambres... Ensemble lestable estant au bout dicelle basse-cour et
pareillement le four banal du dict lieu de Javerlhac par moitié que ses dites
sœurs et les leurs pourront faire cuire leur pain pour leur usage, sans payer
aucun fermage ni trybut, et si bon leur semble faire édiffier autres fours pour
leur usage tant seulement... Pareillement la moytié du grand pré dudict
chasteau devers le moulin appelé des Martins joignant au fleuve du Bandiat...
Ensemble la tierce partie de la grande forest... La quarte partie des vignes et
garennes du chasteau... Pareillement les cens et rentes... (sur villages et
tènements du bourg et paroisse de Javerlhac et de la paroisse d'Hautefaye)
somme toute, argent vingt-deux livres neuf deniers tournois, soixante et une
gelines, cinquante-six sestiers froment, seigle, baillarge et mesture vingt six
sestiers deux boisseaux, avoine vingt deux sestiers et un boisseau. Et
pareillement... les autres cens et rentes, droits et devoirs... es paroisses
terres et seigneuries de Bernardières, de Arnazat, Bourzac, Daubarède, de
Ste-Allaye, de Chalais, de Luzignac, de St-Martial de Viveroux et de Bartillat,
qui montent argent deux cens onze livres dix sept sols, sept cent quatre vingt
trois sestiers froment, huit vingt quinze sestiers seigle, douze vingt deux
setiers avoine. Et en outre les maisons appartenant au dit feu Dauphin
Pastoureau en la ville de Libourne et cinq livres tournois... Aussy les maisons
nommées de Lestrade et de Mazelaigne avec les dîmes et carts de vin a luy dus
en la ville de Nontron, en la paroisse de St-Martial et a lentour. Plus... en
récompense des paroisses et autres choses acquises desd. Roy de Navarre et
seigneur d'Albret cinquante livres chacun an de rentes dues es lieux et
paroisses, terres et seigneuries de Poursan, Toursan et Chantemerle... »
« Et aussy a
este dit et accordé entre icelles parties que au regard du moulin dicelui
chasteau par entier et au partage dicelle Jeanne ses sœurs et leurs héritiers
et successeurs pourront et leur sera loisible et permis faire moudre leurs
grains et blés au dit moulin sans payer aucun trybut ny moulange. Et auront les
dites sœurs chacune en son propre la justice et droits dicelle, ensemble le
droit de [Pie…lle] et péage demeureront communs entre icelles parties et sera
icelle justice exercée par mesmes officiers jusquà ce quautrement sera advisé
par elles... ».
« Donné et fait au chasteau de Javerlhac, sénéchaucée de
Périgueux, présens à ce honorables hommes maistres Martial Audier, avocat du
Roy en Guyenne, Jean Luquas de St-Genest, curé de la paroisse de Javerlhac,
témoins a ce appelés le vendredy seizième jour du mois de septembre lan mil
cinq cens cinq. — Signé : J. Mautrot... »
Les extraits qui précèdent ont été tirés d'une traduction
de l'acte original en latin et sur une copie d'une écriture du xviie
siècle, dans laquelle il est encore constaté que :
« Au regard des meubles comme or, argent, monnoye
et a monnoyer... Et au regard des autres meubles comme de blés, huyle, fer,
sel, vin, draps et autres choses, reserve lustensile de maison les dits de
Marcillac et sa femme sen sont contenté, comme appert par lettres sur ce reçues
par maistre Vves Pecon, notaire. »
En vertu de cet
acte de partage, les quatre filles de Dauphin Pastoureau, leurs maris et leurs
descendants, ou représentants à la suite de ventes et échanges divers,
devinrent donc coseigneurs de Javerlhac, ainsi qu'il résulte, d'ailleurs, des
autres documents suivants :
D'abord, en ce
qui concerne les dites filles de Dauphin Pastoureau, voici quelle était leur
situation, d'après une instance pendante entr'elles et le roi de Navarre au
sénéchal de Périgord, en 1537 et années suivantes, au sujet du rachat des
paroisses aliénées par Alain d'Albret, et l'extrait suivant d'un mémoire
judiciaire d'alors, conservé aux Archives des Basses-Pyrénées :
« Très hault
et très excellent prince Henry, par la grâce de Dieu Roy de Navarre comte de
Périgord et viscomte de Limoges, baron de la baronnie de Nontron... impétrant
et demandant contre François Texier, escuyer, fils héritier universel de feue
Jehanne Pastorelle, fille naturelle de feu Daulphin Pastoureau et de son vivant
héritière dicelluy pour la quatrième partie, monsieur maistre Geoffroy de La
Chassagne, conseiller du Roy au Parlement de Bordeaux, comme tuteur de
damoiselle Marguerite Douhet, héritière universelle de feue damoiselle
Françoise Pastourelle, fille du dit feu Dauphin pour laultre quarte partie,
damoiselles Jehanne et Françoise de Marsilhac, filles héritières universelles
de Marie Pastourelle, fille en son vivant et héritière universelle du dit feu
Daulphin pour laultre quarte partie, et Pierre de La Place, escuyer, comme père
de maistre Hélies-Pierre de La Place, licencié, Raymond, Jehan et autre Jehan,
Charles et Bertrand de La Place, escuyers, fils et héritiers universels de feue
damoiselle Marguerite Pastoureau, aussi fille en son vivant et héritière
universelle du dit Daulphin pour laultre quarte partie... ».
Voici,
maintenant, les actes antérieurs et postérieurs relatifs à la seigneurie de
Javerlhac et aux modifications survenues de 1505 à 1789 :
«
Le 4 novembre 1507. — Alain sire
d'Albret comte de Dreux de Gare de Penthievre Périgort... vicomte de Tartas et
de Limoges, sçavoir faisons que aujourdhuy... a comparu par devant nous maistre
Barthélémy Tessier, docteur en droicts, conseiller du Roy en sa Cour du
Parlement de Bourdeaulx, lequel estant à genoilx pardevant nous la teste nue et
ses mains joinctes entre les nostres, nous a faict et preste au nom et comme
mary et conjoincte personne de Jehanne Pastourelle, sa femme, fille de Daulphin
Pastoureau, en son vivant seigneur de Javerlhac, les foy et hommaiges et
serment de feaulté que tenu nous est faire et prester au nom que dessus de la
quarte partye des chastel, chastellanie, terre et seigneurie de Javerlhac, en
toute justice, haulte, moyenne et basse, mere, mixte et impere et de ce que en
despend et exercice dicelle, avec la quarte part des dixmes de la paroisse du
dict Javerlhac et aultres deues à cause de la dicte seigneurie et des paroisses
d'Abjac, Auginiac, Savinhac, de la maison noble du Breuil, et des biens tenus
en partie de la maison noble de La Beytour, et générallement de tous et
chascuns des biens advenus et escheux à la dicte
Jehanne Pastourelle, dans la succession de son dict père, scis et situés tant
en nostre viscomté de Limoges que chastellenie, terre, seigneurie et ressort de
Nontron. Auxquels foy et hommaige et serrement de feaulté lavons receu et
recevons sauf nostre droict et laultruy... Payera les aultres droicts et
debvoirs sy aulcuns estoient deus et baillera son dénombrement dedans le temps
accoustumé de droict... Donné en nostre chasteau d'Excideuil le quatriesme jour
de novembre de lan mil cinq cens et sept... ».
«
Le 13 novembre 1507. — En l'abbaye
de Branthome, hommaige au dict Alain d'Albret par son bien amé maistre Jehan de
Marcilhac, notaire et secretayre du Roy, greffier de sa Cour du Parlement de
Bourdeaulx, au nom et comme mary et conjoincte personne de damoyselle Marie
Pastourelle, sa femme, fille de feu Daulphin Pastoureau[2], en son
vivant escuyer, seigneur de Javerlhac... de la quarte part et portion des chastel,
chastellenie, terre et seigneurie de Javerlhac, en toute justice, haulte,
moyenne et basse, mere mixte impere... et les paroisses de St-Angel et Rilhac,
et des biens cens et rentes et aultres droicts tenus en partie des maisons
nobles de La Beytour et du Brieudet... » (Voir, pour le surplus, l'hommage
précédent)
« Le 15 octobre 1541. - Hommage rendu par Marguerite de
Marcillac. »
«
Le 15 novembre 1541. - Hommages
rendus séparément par : 1° François Texier, fils de Jeanne Pastoureau, seigneur
de Javerlhac et du Breuil ; 2° Pierre de La Place, comme père et administrateur
des enfants nés de son mariage avec feue Marguerite Pastoureau; 3° et par M. le
conseiller de La Chassaigne, pour la tierce partie des paroisses d'Abjac,
Auginhac et aultres distraites de la quarte partie de Javerlhac, comprises dans
le lot de Françoise Pastoureau, épouse Douhet. (Doat). .
« Dans un acte du 10 mars 1567, Me Joseph de La
Chassaigne, président au Parlement de Bourdeaux, est qualifié de seigneur de
Javerlhac, en partie. »
« Le 21 juin
1578, vente à Antoine Vigier de St-Mathieu, d'une partie de la chastellenie,
terre et seigneurie de Javerlhac, par Charles de Brémont et Louise de
Valsergue, sa femme, ayant droit par transport de Jean Payen, petit-fils de
Marie Pastoureau, épouse de Marcillac, dans le lot de laquelle cette partie
avait été comprise, et dont l'acquéreur rendit hommage, en 1579, à Henri III,
roi de Navarre. »
« Le 4 février 1584, François Texier, fils d'autre François
et de Catherine de Lembertie, rendit hommage de la quatrième partie de
Javerlhac. »
« Du 30 juillet 1595, acte judiciaire à la requête de Daniel
Fourres, escuyer, sieur de Beaulyeu, et conseigneur de Javerlhac, comme estant
aux droicts de feu Régné Fourres, escuyer, son père ».
« Le 17 mars 1598, Jehan Vigier de St-Mathieu, sieur
d'Allonis, assigna sur la terre et seigneurie de Javerlhac, la somme de six
mille livres par transaction entre lui et son frère, Charles, avec Anne Vigier,
veuve de Campniac. .
« Le 12 avril 1612, saisie de la tierce partie de Javerlhac,
et adjudication au profit de Michel Bordier, sieur de Beaumont. ».
(…)
Mais revenons au
bourg de Javerlhac et à la demeure féodale du seigneur suzerain, petite
forteresse construite en plaine et à l'abri de laquelle s'élevèrent
successivement l'église, la halle seigneuriale mentionnée dans un acte du 28
février 1710, le four à ban et diverses habitations particulières, ce qui
constitua un bourg, entouré de fossés remplis par les eaux du Bandiat et du
ruisseau dit Merdanson, ainsi que de murailles avec portes, dont l'une est
ainsi indiquée dans le terrier de la famille de La Chassaigne :
« Du 5 juin 1580,
devant Agard, notaire royal, reconnaissance de rente à Geoffroy de La
Chassaigne, seigneur en partie de Javerlhac, sur une maison et un jardin à
Javerlhac, confrontant avec la rue publique appelée du Queyroux et avecq la
maison et jardin de Chapellanie, appartenant à présent à François Texier,
seigneur en partie de Javerlhac et avecq le ruisseau qui descend de la fontaine
dudit Javerlhac, appelée de Lafaye, et avecq le portal du présent bour tenant
au four à ban. Suivant reconnaissance du 22e de juing l'an 1500,
signée Pecon, et autre du 29e octobre 1545, signée C. Labrousse. »
Le corps principal du château, avec tour ronde à mâchicoulis baignés par le Bandiat, existe encore et appartient aux familles Boulouneix et Lompré ; mais le donjon, haute tour carrée, indiquée dans le testament de Dauphin Pastoureau de 1503, et dans l'acte de partage de 1620 qui attribua à François Texier le 1er lot, comprenant la tour de St-Mathieu; cette partie du château n'existe plus. (…)
R. de Laugardière.
[1]
Voici,
comme documents archéologiques et religieux, ainsi qu'au point de vue des mœurs
et usages d'alors, les principaux passages de ce testament :
« Comme au commencement de chacune œuvre pour
luy donner bon commencament, bon moyen et bonne fin surtout, Dieu omnipotent
doibt dignement et humblement estre invoqué et pour obtenir sa grâce sans
laquelle ne povons doner bon ourdre à noz opperacions, Je Dolphin Pastoureau,
seigneur de Javerlhac de La Beytour, et eslu de par le Roy nostre sire en la
élection de Périgort, à présent demeurant en la ville de Nontron, cogitant
qu'il n'est chose en ce monde que la présente vie ne preigne fin ayant intention
délibérée de ourdouner et fere mon darnier testament comme chacun homme sage
doibt fere... et pour ce a mon aide humblement je invoque Dieu omnipotent.
Premièrement je me garnis du sainct et vénérable signe de la sainte croix ou
nostre rédempteur et saulveur Jhesus en quant que home print mort et passion
pour moy rachapter et tout humain linyage du servage ou estions par le peche
originel, mis et desgetez de la justice originelle que je faict sur tout mon
corps, disant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, amen, requérant
humblement a nostre dict Seigneur et rédempteur que luy plaise me donner grâce
que en tous mes actes et afferes jay toujours mémoire et recordance de sa
benoiste passion qui est nostre rédemption. Et pour ce, je recommande humblement
a Nostre-Dame, sa benoiste mère, et aux mérites et intercessions de monsieur
sainct Estienne le premier martyr du nouveau testament, mon père et patron, à
monsieur sainct Jehan-Baptiste, à monsieur sainct Michel et à tous aultres
angelx et archangelx de Paradiz, à monsieur sainct Jehan évangeliste, à
monsieur sainct Pierre, prince des appostres, et a tous les aultres appostres,
evangelistes et disciples de nostre dict Seigneur, à tous les martyrs, vierges
et confesseurs et saincts et sainctes de la Cour sélestiel de Paradiz. Et quand
sera le plaisir de Dieu que mon ame sera séparée de mon corps, je requiers que
mon corps soet ensevely au couvent des Frères mineurs de Nontron es tumbes de
mes pere et mere, devant lostiel de monsieur sainct Jehan, avec lhabit de monsieur sainct François et que soiet enterré honorablement et selon mon
estat, et que sur ma tumbe
soiet mis ung tahu couvert dung drap boneste, tout ainsi que les nobles et
gentilshommes ont acostumé de fere. Item veulx et ourdonne que au jour de ma
sépulture soyent deux cens presbtres, autant à la septenne et autant au chief
de lan, a conter du jour de mon trespas et a chascun veulx que soet donné trois
soulx. Item veulx et ourdonne que au jour de ma dicte sépulture soet ovres vingt livres cire et vingt et
quatre torches et autant à la septenne et autant à lannée, et veulx aussy et ourdonne que le
jour de ma dicte sépulture soet ovrée une engoulle de cire poysant huict
livres. Item veulx et onrdonne que a chascun que porteront les dictes torches soet
donné une alne de gros morequin pour leur fere chacun une robe de dol, et leur disner. Item veulx et ourdonne que au jour de ma dicte sépulture soyent donnés vingt sestiers de froment pour aulmosne, autant à
la septenne et autant au chief de lan. Item donne et lègue à lesglize de monsieur sainct Estienne une chappe et ung
courparaulx de camelot noer. Item plus un calice de xxx livres. Item une chappe processionelle de
camelot blanc à la grant confrérie de Nostre-Dame. Item donne plus et lègue au
curé de la dicte esglize de monsieur sainct Estienne de Nontron quinze soulx de
rente affin quil soye tenu toutz les dimanches prier Dieu et Nostre-Dame et
fere commémoration et remembrance pour moy et ma femme et nos parens et amys.
Item donne et lègue au couvent des Cordeliers de Nontron pour la réparation du
corps de leur esglize cinquante livres tournez une foys payées, une chappe, ung
corabeau de camelot et ung ensessier dargent de la valeur de xxx livres, par en
ce les Frères du dict couvent seront tenus toux les jours de lan. durant ung an
après mon deceps, dire ung me recordere sur ma tombe et mon corps, fere la procession en tour le clostre, et
après le dict tems les lundis solement. Item plus donne et lègue à laumosnarie
de cette ville de Nontron, a la reparacion dicelle dix livres tournez une foys
payées, lesquelles seront distribuez par mon beaufrère Jehan Pastoureau.
Item donne et
lègue à la réparation du Moustier de monsieur Sainct-Saulveur de Nontron dix
livres tournez une foys payées. Item donne et lègue au monastère des
religieuses de Sainct-Pardoulx-la-Revière,
uue charge de vin de rente à moy dhue par François Boche, à cause d'une vigne, et vingt soulx de rente à moy dhus par Pierre Pontet à cause de certaines vignes assises au dict
Sainct-Pardoulx, et en ce les religieuses du dict monastère seront tenues moy
dire nng me recordere toutes les sepmaines a quel jour que decederé. Item donne et lègue à la
confreyrie de monsieur sainct Mathurin de Nontron six livres de cire une fois payées.
Item donne et lègue à l'esglise de monsieur sainct Estienne de Javerlhat une
chappe et ung cortibaulx noers esquels seront mes armes. Item donne et lègue a
lesglisse d'Althefaye une chappe de camelot noer. Item donne et lègue à
lesglisse parriochialle d'Auginhac une chappe de camelot noer une foys payée.
Item donne et lègue à François Pastoureau, fils de Jehan Pastoureau, mon
beau-frère, affin qu'il soet tenu moy dire ou fere dire, cependant quil
demeurera estre presbtre, deulx messes la sepmaine, ce est assavoir le lundi et
le vendredi, lesquelles seront dictes au dict couvent des Cordeliers à lostiel
des dictes tumbes, assavoir, est mon pré et clos nommé des Champs, confronte
avecques le chemin que va de Nontron aux Isles et avecques le fleuve du Bandiat
et avecques le pré des hoirs d'Emery de Labrousse et aussy trente cinq soulx a
moy dhus de rente perpétuelle par Jehan de Nozirac, a cause du pré joignant au
dict reclos, et quarante souls et six deniers renduaulx a moy dhus par Heliot
Mercier à cause de son pré des Isles. Item plus une myenne maison assise en la
ville de Nontron, confronte en la rue publique et avecques la maison de maistre
François de Puysillon. Et veulx et ourdonne que au cas que le dict François
cessera dire ou faire dire les dictes messes que mes hoirs puissent de leur
autorité privée prendre les dictes choses et fere dire les dictes messes à un
antre. Item................... (Suivent
quatre legs portant remises de parties de sommes dues au testateur pour arrérages
de rentes, ventes de vin à raison de « douze escus la pipe double, réduits à
neuf escus)..................................................................................... »
Item, je dis plus et déclare que je doys à messire Pierre Pinguet, presbtre et
cure de Sainct-Martin, cent escus. Item doys à messire Hélie de Villechaslane, presbtre,
ung escu. Item je veulx et ourdonne que ma bien aimée Marion Pastourelle, ma
femme, soit dame et maîtresse de tous et chascuns mes biens tant quelle vivra
en viduyté, sans rendre compte et sans quelle soet tenue de faire aucun
inventaire de mes dictz biens, ains prohibe et défens a tout juge de le fere.
Item donne et lègue à la ville de Nontron cens livres tournez pour faire venir
une fontaine, lesquels veulx que soyent mis entre les mains de Janot
Pastoureau, mon beau-frère, pour les faire distribuer à icelle fin faire venir.... (Suivent cinq paragraphes relatifs à
des intérêts de famille, le partage de la fortune du testateur en quatre parts
égales, nomination de tuteur, et d'exécuteur testamentaire). Item veulx aussy
que se y a aucunes gens qui me pourront adevoer aucuns arreyrage daucun profit
ou rente, quils ne payent les dicts arreyrages, ains les leur aye donnez et
donne. Et ce est mon dernier testament, etc. »
Ce testament, dicté par le testateur, en présence de neuf témoins y dénommés : Janot Pastoureau, Jehan Le Reclus, dict Le Moyne, François Mailhard, dict Vilhaboys, Jehan Camaing, dict Massiot, marchans de la ville de Noutron ; Jehan Magadon, barbier, et Jehan de Nozirac, sergent, de la dicte ville; Benoist de Serveliere, Martial Dohet et Martial Martin, de Limoges; il fut écrit et scellé par maistre Pierre de Doumallhat, notere commissere et jure de la court du scel de la vicomte de Limoge, le vingtiesme jour de may de l'an mil cinq cens et cinq.
[2]
Pastoureau. — D'après
une tradition conservée dans cette famille, un cadet de maison noble du Poitou,
fourvoyé dans l'une des bandes de Pastoureaux de 1251, fut blessé dons une
rencontre et laissé à Nontron, où il se fixa en prenant et gardant le nom de
Pastoureau. Si, à l'appui de cette tradition, nous consultons les documents
écrits, nous y trouvons que deux Pastoureau étaient propriétaires à Nontron en
1357, d'après les titres suivants, mentionnés par Doat, vol. 241 :
« 1357 . . . Instrument mentionnant que
certaine maison assise au bourc de Nontron, entre le four d'Aixe et la maison
de Jacques Peytoureau, est de la fondalité du vicomte die dominica post festum
beati Marcialis anno Domini M° CCC° quinquagesimo septimo. — 1857 . . . Acte de la rente due au vicomte
sur certain solar portal et autres biens sis à Nontron et appartenant à Jehan
Pestorele et Pierre Savenya. Die lune post hiemale festum beati Martini anno
Domini millesimo trecemtesimo quinquagesimo septimo. »
Ce Jehan Pastoureau (Pastorelli) serait-il
fils ou frère de Jacques, et celui mentionné dans le Dictionnaire de
jurisprudence de Guyot, v° ministère public, en ces termes :
« Il n'y eut pas
au Parlement d'avocats ou de procureurs du roi avant 1300, Jean Le Bossu et Jean
Pastoureau sont cités dans toutes nos annales comme les premiers officiers qui
furent appelés avocats du roi. »
Après eux, dans
le cours des xive et xve siècles, apparaissent Eymeric,
Pierre et Jehan Pastoureau qui descendent probablement du Jacques ou du Jehan
Pastoureau de 1357. Il est question des trois frères dans des titres de rente
de 1430, 1438, 1439, déjà cités, de Pierre et de Jehan dans une autre du 26 mai
1472 et de Pierre, seul dans deux autres des 24 août 1474 et 3 juin 1476, dans
lesquelles ledit Pierre est qualifié de: Prudente et honesto viro
petro Pastourelli mercatore et burgeni ville de Nontronii.
Les descendants
de Jehan et de Pierre Pastoureau formèrent deux branches : 1° Jehan, qui dut
avoir pour fils Dauphin Pastoureau, marié avec sa cousine, Marion Pastourelle,
qui ne lui donna que quatre filles et laissa tomber cette branche en
quenouille, ainsi que nous l'avons suffisamment démontré plus haut. Jehan
Pastoureau eut aussi une fille, Marguerite. 2° De Pierre Pastoureau provinrent
Jehan, dit le Vieux, et une fille, Marion, unie à Dauphin. Jehan dit le Vieux
se maria avec sa cousine, Marguerite Pastourelle, ainsi qu'il appert du
testament dudit Dauphin et de divers titres de rente, notamment d'un acte du 15
avril 1495 consenti par lui et Marguerite Pastourelle, sa femme, Prudente viro Johannes
Pastourelli senore mercatore et proba muliere Margarite Pastourelle sua uxore, et portant cession de six sous de rente sur
un jardin joignant les prés de Janot, de maître Gérald et de maître Pierre
Pastoureau frères, prati Janoti, magistri Geraldi et magistri Petri
Pastourelli fratribus.
Ce dernier acte nous révèle l'existence dune
troisième branche qui doit provenir d'Eymeric Pastoureau, de 1430, qui dut
avoir aussi pour fils Daniel marchand, qui, le 6 août 1480, consentit au
seigneur de Nontron une reconnaissance de rente sur une maison dans la ville
vieille de Nontron. Nous Irouvons encore sur cette branche les renseignements
suivants :
« Le 20 avril
1486, noble Pierre de Beaulieu vendit à Jeannot et Gérald Pastoureau diverses
rentes sur le tènement de Lascouts, paroisse de la Chapelle-Pommier. Par
testament du 33 juin 1503, reçu Blois, notaire, maistre Gérald Pastoureau,
licencié ès-lois de la ville de Nontron, fonda dans l'église du monastère de
St-Pardoux-la-Riviere quatre anniversaires à célébrer après quatre festes de
Noël, Toussaints, Pasques et la Pentecoste, pour un sestier froment, huit sols
argent et une poule sur le mainement de Cossevigne, paroisse d'Abjat, plus
quatorze boisseaux froment, quinze seigle, dix advoine et dix sols argent sur
le village de Lascouts, paroisse de la Chapelle-Pommier. Avant sa mort, et le 2
octobre 1505, ledit Gérald fonda à Nontron une vicairie dite
Nostre-Dame-de-Pitié, à laquelle ses descendants nommèrent le titulaire en
1514. Jeannot dut se marier avec Louise Pastoureau qui, dit Nadaud dans ses
mémoires manuscrits I, p. 114, fut femme de Jean, marchand de Nontron, testa le
22 mars 1523 et veut trois cents prêtres à son enterrement, autant à la septaine et autant au bout de l'an. Ils durent
avoir pour fille Jeanne, veuve de Mathurin Poisson, avocat au présidial de
Périgueux, d'après deux reconnaissances de rentes à elle consenties le 9
décembre 1535 et où elle est ainsi dénommée : Nobilia Johanna Pastoureau vidua
honorabili et seneschali viri magistri Pissis cum vivebat advocati in curia
presidiali et seneschali petrocorensis. Quant à Pierre Pastoureau, licencié ès-lois, nous ne trouvons sur lui
aucun document écrit, à moins de supposer qu'il devint le chef de la branche
des Pastoureau, seigneurs d'Ordière en Poitou et à lui rattacher, ou à ses
descendants, les alliances suivantes, indiquées par Nadaud : Louise Pastoureau
éponsa N. Paulte, dont la fille, Antoinette, épousa François de Bousiers,
écuyer, le 29 novembre 1579. Le 27 mai 1515, Françoise ou
Antoinette Pastoureau épousa Martial Audier, conseiller au parlement de
Bordeaux, seigneur de Montcheuil. Le 1er août 1594,
Josias de Livron, écuyer, épousa Esther Pastoureau, fille de Jean Pastoureau,
escuyer, seigneur d'Ordières, et de Jeanne Travers. Le 5 décembre 1512, Hélie
Couradin, sr du Vignaud, épousa Anne Pastoureau. Le 14 mai 1623,
Jeanne Pastoureau épousa Jean des Hoches, fils de Jonathan, sr de
Douzat, et de Marguerite du Sault. Le 23 avril 1628, Pierre de Moneys,
chevalier, épousa Esther Pastoureau. En 1650, Jean de Montfrebœuf, sr
de La Nadalie, épousa Marie Pastoureau.
Mais revenons aux Pastoureau de Nontron et à la branche de Jehan dit le Vieux, qui, de son mariage avec Marguerite Pastourelle, eut : l° Jean, qui suit; 2°
François, d'après le testament, en 1505, de son oncle Dauphin Pastoureau.
Dauphin, dit le Jeune, Prudente viro Pastourelli junior burgeni et mercator ville Nontronii, d'après des titres de rentes de 1487 et de
1508. De son mariage avec Marguerite Régis ou Roy, il eut trois enfants, ainsi qu'il appert d'une reconnaissance du 9 janvier 1514 consentie en faveur de sa veuve, honesta muliere Regina vidua
Pastourelli junior, comme légitime administratrice de François, Jean et Estienne, leurs fils
François, entré dans les ordres, devint abbé de Blanzac, et Etienne paraît être
décédé sans postérité, car ses deux frères figurent seuls dans divers titres de
rente des années 1519, 29, 30, 31, 32 et 1535 en ces termes : « Au profit de
saige homme Jehan Pastoureau, marchan, fils de Jehan Pastoureau, dict Capduc,
par le temps qu'il vivoit, marchand de Nontron, tant pour luy que pour
vénérable personne mestre François Pastoureau, prestre, abbé de Blanzac. »
Jehan Pastoureau est aussi qualifié de Toutbon dans une reconnaissance du 4 janvier 1524,
consentie au seigneur de Nontron par lui et François Pastoureau, son frère.
Jehan
Pastoureau, dit Toutbon, se maria avec N..., dont il eut Thibeaud et,
probablement : 1° Louise, à laquelle fut consentie le 10 janvier 1542, par Anne
Goulard, veuve de maistre Jehan de Puisillon, seigneur de La Faye, une
reconnaissance mentionnée dans le terrier de la famille Pastoureau. Elle se
maria, d'après Nadaud, avec N... Paulte et en eut Marguerite, qui épousa, le
29 novembre 1579, François de Hougier, écuyer; 2° et Charlotte, qui se maria,
vers 1564, avec noble Martial Guyot.
Thibeau Pastoureau, seigneur de La Grange,
qualifié de lieutenant des Roy et Reyne de Navarre dans leur ville et baronnie
de Nontron, dans divers actes de rentes de 1550, 77, 82, 84, 86. 88 et 1597. Il
se maria avec Marguerite de Labrousse, de laquelle il eut : 1° Florence, mariée
le 4 janvier 1617 avec Annet de Pindray, écuyer, sr de La Neulhie,
dont 1° Pierre, marié le 28 août 1647 à Charlotte de Saint-Laurent, de laquelle
Jacquette, mariée le 3 juin 1692 à Claude de Conan, dans les archives duquel
nous avons recueilli une partie des terriers et des titres de la famille
Pastoureau; 2° François de Pindray, décédé sans enfants, et 3° Isabeau, mariée
à Hereuillais de Massougnes, escuyer, seigneur du lieu noble de Chamfaron,
suivant contrat de mariage du 20 janvier 1649 par lequel le père de la future
lui constitue :
« Tant dans la
succession de deffuncte damoiselle Florence Pastoureau, sa mère, que de deffunct
Pierre Pastoureau, escuyer, sr de La Grange, son oncle maternel, de
demoiselle Marguerite de Labrousse, son ayeule maternelle, que de feu François
de Pindray, escuyer, son frère germain, la moityé de certaine maison noble
sittuée en la place appelée de La Cayo, en la ville de Nontron, commune et
indivise avec Pierre de Pindray. escuyer, sr de Lacau, son frère
germain, avecq la moityé de toutes les rentes aussy indivises par moityé entre
sondit frère... et tout ainsi que lesdites maisons et rentes leur sera escheus
par la succession dudit Pierre Pastoureau... par le contrat de transaction
partage du 26 mars 1630, devant Amblard et Lenoble, notaires royaux ».
III° Ledit
Pierre Pastoureau, décédé au repaire noble de La Grange, paroisse de Nontron le
27 août 1627 et sans enfants de son mariage du 25 septembre 1623 avec Jehanne
Védrenne fille de Léonard Védrenne, jnge des juridictions d'Augignac et
Savignac.
IV° Autre Pierre Pastoureau, marié avant 1596
avec Florence de Lacroix, d'après l'acte de baptême d'Honorette, leur premier
enfant, du 20 octobre 1596, et décédé avant 1603, suivant acte du 14 avril de
cette année, portant vente de certains fonds à M. Pierre Maillard, seigneur de
Lafaye, par Florence de Lacroix, veuve de Pierre Pastoureau. De ce mariage : 1°
Honorette, baptisée en 1596, ayant pour parrain Thibeaud Pastoureau, son
grand-père, se maria le 17 janvier 1617 avec François Texier, docteur en
médecine; 2° et François, marié avec Marguerite de Labrousse, dont Helie,
baptisé le 30 novembre 1636.
(…)
Telles ont été les principales branches de cette famille Pastoureau, dont le nom se retrouve à chacune des époques et des phases de notre histoire locale, ainsi que de la majeure partie du Nontronnais.
<<Retour