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Le testament de Jean de Mellet

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(1)     Document manuscrit

(2)    Transcription

 

 

Jean Mellet de Fayolle est le premier de la lignée des Mellet de Fayolle qui deviendront les seigneurs de Neuvic[1]. Il est le fils d'Isabeau de Fayolle (dont la sœur Catherine épousera Bertrand de Laplace) et de Jaubert II de Mellet, seigneur de Saint Pardoux de Dronne. Jean sera choisi comme héritier. Il épousera en premières noces Jeanne Flamenche, puis à la mort de celle-ci, Hélène de Patouil dame de Saint Méard.

De son premier mariage naîtront sept enfants. Parmi ses fils, deux d'entre eux, l'aîné Jean[2] et Magdelon combattront avec les armées d'Autriche contre Soliman le Magnifique. Magdelon choisira plus tard le parti de la Ligue et sera tué à Coutras aux côtés du duc de Joyeuse, alors que Bertrand, fils d'Hélène de Patouil sera dans le camp des vainqueurs auprès d'Henri de Navarre lors de la même bataille. Il semblerait que l'aîné des fils, Jean, ait épousé lui aussi la foi réformée.

"Spiculo et melle", par l'aiguillon et par le miel, telle était la devise des Mellet de Fayolle. L'hypothèse que Jean de Mellet soit le commanditaire des peintures de Saint Méard peut être étayée par cette inscription partiellement découverte, dans la deuxième travée nord de la nef de l'église de St Méard[3].

Attardons-nous maintenant sur le testament, ou plutôt sur sa copie établie au dix-huitième siècle au vu de l'original par Maître Jean Delabonne, notaire royal.

Le document, rédigé en 1547 au château de St Pardoux aujourd'hui en ruines [4] , est tout imprégné d'une profonde piété, de l'angoisse de la mort, et de la volonté de s'assurer qu'au-delà de cette mort "sertaine", l'héritage du rang et des biens sera transmis, quel que soit le sort réservé à ceux et à celles (la relation d'ordre est importante) qui sont désignés nommément comme bénéficiaires de cet héritage.

Bien que formulée en termes juridiques, cette angoisse mêlée à la volonté de s'assurer (donc de se rassurer par-là même), transparaît, imprègne le texte et suscite l'émotion du lecteur. La mort peut frapper tous les êtres, soi-même bien sûr, mais aussi les plus jeunes, les plus proches, qui sont les héritiers désignés des titres, des charges et des biens.

Prémonition ? Les épidémies de peste[5], les révoltes paysannes[6] et plus encore les guerres civiles viendront justifier ces craintes a posteriori, et les quatre décennies de "troubles de religion" comme les deux siècles à venir verront le sort tragique s'acharner sur les Mellet de Fayolle, jusqu'à la Révolution, et cette malédiction donne à ce texte sa sombre tonalité.

 

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[1] Sur la "saga" des Mellet de Fayolle, on peut consulter le site Internet du chateau de Neuvic :

http://www.amicale-genealogie.org/Neuvic/Chateau_Neuvic1.htm

[2] Il est fait héritier universel par le présent testament.

[3] Nous avons la conviction que les peintures de St Méard ont été commanditées par les Laplace (Bertrand ou son père Pierre), ou par Jean de Mellet.

[4] Appelé aujourd'hui les Thuillières.

[5] Sarlat 1521-1522 : Sarlat perd la moitié de sa population (6.000 habitants). Une nouvelle épidémie frappera la ville en 1563. Toute la Dordogne sera frappée par la peste noire en 1527 et en 1585.

[6] En 1548, la révolte des Pitauds s'étend en Angoumois, Périgord et Saintonge. En 1594, la révolte des Croquants, appelés aussi Tard-avisés, enflammera toute la Dordogne. Les derniers insurgés se rendront en 1595 à Siorac. Voir notamment à ce propos les bulletins de la Société d’Histoire et d’Archéologie du Périgord (SHAP) n°s VIII (1881) P. 352, XI (1884) pp. 487-493, et XXIII (1896) pp. 64-66.